samedi 31 mai 2008

BD - Le monde impitoyable de l'entreprise

James, avant de signer ce premier album de BD dans la collection Poisson Pilote, a passé une bonne dizaine d'année dans une entreprise. On ne sait pas exactement à quel poste. Informatique, marketing, finances, commercial ? Mais ces 10 années n'ont pas été totalement inutiles puisqu'il y a puisé l'essentiel des gags de ce recueil qui brosse un portrait au vitriol et très réaliste des relations dans ces immenses bureaux où stagiaires et pré-retraités au placard se côtoient en s'ignorant. 

Hubert est anxieux. C'est son premier jour. James va lui présenter les quelques personnes avec qui il devra travailler. Exactement les gens qui comptent et qui ont le droit de lui commander un café. Hubert n'est que stagiaire. Et pour longtemps... Le patron se veut humain, il est ignoble, la directrice du marketing n'a plus d'idées depuis longtemps mais sait utiliser ses subalternes, l'informaticien est dans son monde, ne cherchant pas forcément à résoudre les problèmes... à quoi servirait-il ensuite ? 

Les gags ont parfois un petit air de « Caméra Café », mais sans quitter la thématique de l'entreprise et des relations humaines dans une société. Bien vu, dessiné d'un trait nerveux et très expressif, c'est cependant assez gentil. James, avant d'être publié, a animé un blog où il avait la dent beaucoup plus dure. Il faisait notamment un sort au monde de l'édition, de la BD en particulier. Aurait-il rejoint ses ennemis d'antan ?

« Dans mon open space » (tome1), James, Dargaud, 10,40 €

 

vendredi 30 mai 2008

Roman - Quand le pouvoir inspire...

Marc Lambron, écrivain éclairé, livre sa vision de la première année de Nicolas Sarkozy à l'Elysée dans "Eh bien, dansez maintenant..."


Quand Marc Lambron a décidé d'écrire un roman sur la première année de présidence de Nicolas Sarkozy, il aurait voulu en faire un livre sur les grands problèmes de notre société, "parler des taux directeurs de la Banque européenne, évoquer la querelle sur les OGM, disserter sur les mécanismes compensateurs impliquant les fonds souverains en cas de crise financière mondiale." Mais en "menu chroniqueur des très riches heures de la sarkozye", il a revu sa copie pour ne prendre en compte que le visible : le bling bling, les affres de Neuilly, le mystère Cécilia, l'envoûteuse Carla... Ce sont ses propres modèles qui le mettent totalement hors-sujet.

Le lecteur ne devrait pas s'en plaindre. L'éditeur non plus. Sarkozy fait vendre. Pas la politique du président, mais ses frasques, pirouettes, changements de style et autres attitudes si peu habituelles pour celui qui reste le plus haut personnage de l'Etat.

Repas d'intellectuels

Marc Lambron, pour parler de ce président d'un nouveau genre, est allé rechercher dans ses souvenirs un repas d'avril 2004, au ministère des Finances. Ce jour-là, Jacques Chirac recevait en grandes pompes la reine d'Angleterre. Nicolas Sarkozy avait décliné l'invitation et convié à sa table un parterre d'intellectuels français, de Philippe Sollers à André Glucksmann en passant par Jorge Semprun, sans oublier le narrateur, Marc Lambron. Il y a découvert un homme politique très affûté : "Une chose me frappa chez Nicolas Sarkozy, entouré par les cariatides de ce temple à méninges : c'est qu'il ne leur dorait pas la pilule. Il écoutait les questions puis y répondait selon sa ligne. Avec courtoisie, certes, mais se montrant plus intraitable qu'enjôleur." Discrète, Cécilia, n'a pas ouvert la bouche de la soirée paraissant "intimidée, et peut-être contrariée." De tout le déjeuner, "le ministre cherchait à accrocher son regard entre deux tirades, paraissant communiquer avec elle par infrasons." Et Marc Lambron de conclure, "cet homme que l'on devinait complexe avait installé sa femme dans le rôle d'une mère télépathique."

Deuxième divorce, troisième mariage

Ce premier chapitre est le seul ne se déroulant pas durant le règne de Sarkozy. Marc Lambron ensuite tente de comprendre le fonctionnement de cette bête politique, fort en gueule, déterminé, mais si fragile avec les femmes. Car que l'on ne s'y trompe pas, ce récit des 12 premiers mois de la présidence fait grand cas des histoires de cœur. 12 mois de pouvoir et un président qui divorce en plein mandat, pour se remarier quelques semaines plus tard avec l'archétype d'une "bobo", à l'Elysée. Son troisième mariage... Avec un œil parfois neuf, Marc Lambron récrit ce qui n'est au final qu'une simple histoire d'amour. Avec cependant un regard critique, n'en déplaisent à ceux qui le considèrent comme un sarkophile. Pour preuve les titres de certains chapitres, "Les impasses de l'andouillette", "Neuilly sur scène", Une énigme en Prada" ou "Joconde à la guitare". Et de revenir sur les "erreurs d'appréciation" de Sarkozy l'ayant conduit à la vertigineuse descente dans les sondages. Rien de politique, juste cette manie qu'ont les gens de sanctionner ceux qui affichent trop ostensiblement leur bonheur.

Après le très décapant "Chronique du règne de Nicolas 1er" de Patrick Rambaud, les éditions Grasset et Marc Lambron rétablissent un peu la balance en faveur d'un président moins machiavélique et autocrate qu'il n'y paraît.

"Eh bien, dansez maintenant...", Marc Lambron, 15,90 € 

jeudi 29 mai 2008

BD - Prisonnier de la coutume

Créée par Crisse, prolongé par Mitric, Kookaburra s'est révélée en quelques années comme une des meilleures séries de SF en bande dessinée. Le premier cycle a été bouclé en cinq albums (trois dessinés par Crisse, les deux derniers par Nicolas Mitric) et ce sixième tome marque le début d'un nouveau cycle, uniquement du au talent de Mitric. 

On retrouve dans les premières pages le désormais célèbre Dragan Preko (il aura même une série propre dans quelques temps) qui cauchemarde sur son passé. Il a changé d'identité, a pris la fuite et est devenu le patron d'un bar. Mais l'essentiel de l'album se déroule parmi le peuple des Thankars argentés. Ils vivent en paix dans un territoire exigu, mais sûr. Ils vénèrent leurs dieux, Thankorat et Thanikara. A travers les yeux du jeune Loyeen, le lecteur découvre les mœurs de cette civilisation figée et pleine d'interdits. Tant et si bien que Loyeen se sent comme prisonnier de ces coutumes ancestrales. 

Une atmosphère oppressante allant crescendo jusqu'à la révélation finale relançant une série qui a encore de beaux jours devant elle.

"Kookaburra" (tome 6), Soleil, 12,90 €

mercredi 28 mai 2008

BD - Jazz Maynard connaît la musique

La bande dessinée espagnole (catalane exactement dans ce cas précis), amène régulièrement son lot de belles découvertes. Raule (scénariste) et Roger (dessinateur) ont fait sensation avec le premier tome des aventures de Jazz Maynard. Ils ont raflé quantité de prix et le second tome était très attendu par les lecteurs. Ils ne seront pas déçus, retrouvant dans ces 48 pages la même ambiance et virtuosité dans le récit, couplé à un dessin précis et efficace, aux couleurs sombres et expressives. 

Jazz Maynard, ancien voleur sévissant à Barcelone, a quitté la métropole catalane pour New York. Il a essayé de se faire oublier durant dix ans. Mais dès son retour en Europe, il est "réquisitionné" par son ancien meilleur ami, Judas, devenu le grand patron de la mafia locale. Avec pour mission de dérober à un caïd roumain, gardé par une armée d'armoires à glace, la pièce "Double eagle" de 1933. Une pièce de collection valant pas moins de 10 millions de dollars. 

En parallèle à l'action principale (et il y en beaucoup, de l'action...), le lecteur découvre une seconde intrigue, tournant autour de la dénonciation de la corruption dans la ville.

"Jazz Maynard" (tome 2), Dargaud, 13 € 

mardi 27 mai 2008

BD - La vie de château pour Aldo Rémy

Tibet, légende vivante de la bande dessinée franco-belge (il est d'origine marseillaise mais vit en Belgique), est increvable. Menant de front deux séries au rythme de parution très élevé (Ric Hochet, 74 titres, Chick Bill, 69 titres), il décide à plus de 70 ans de lancer un nouveau héros. Aldo Rémy n'a rien du gars politiquement correct. Contrairement à Ric Hochet, il dit des gros mots, est assez colérique et n'a pas un sou (il ne roule donc pas en Porsche comme le reporter de la Rafale). 

Aldo, beau gosse au menton carré, est un homme à louer. Il se donne au plus offrant. Dans les premières pages de ce second album, il est embauché par un beau-père n'osant pas contredire l'enfant de son épouse. C'est en revenant de cette mission qu'il est victime d'un accident de la circulation. Fautif, le fils du châtelain du coin, plutôt que de le secourir, le jette dans une rivière. Mais notre héros a la peau dure et est repêché le lendemain par les ouvriers du domaine agricole du châtelain. Ce dernier lui offre gîte et couvert au grand désespoir du fils qui va tenter de finir un travail inachevé. 

Action, romantisme, un peu de sexe : Tibet prend son lectorat à contre-pied. Enfin serait-on tenté de dire...

"Aldo Rémy" (tome 2), Glénat, 9,40 € 

lundi 26 mai 2008

BD - Complots et sacrifices

Dans le premier tome de cette série se déroulant dans le Paris du début du XIXe siècle, Noirhomme, créature maléfique, digne de Fantomas, a poussé au suicide quelques hommes ayant de trop lourds secrets. Dans le second tome, Noirhomme quitte la pages des journaux où ses aventures font frémir la France pour écumer les rues de la capitale. La nuit venue, il assassine sauvagement les solitaires qui traînent dans les bas-fonds de la ville. Une série de crimes qui permet à un ambitieux politicien, Eugène Monceaux, de briguer le poste de ministre de la police.

 Il profite de l'ambiance de peur pour assouvir ses envies de pouvoir. Un véritable complot car le Noirhomme qui terrorise Paris est un de ses hommes, tuant des innocentes pour protéger la femme de sa vie menacée par un dossier de Monceaux, l'ancien magistrat. 

Le problème, c'est que le véritable Noirhomme va intervenir dans cette partie d'échec et mettre mat le pauvre Monceaux. Une série en hommage à l'esprit feuilletonnesque, écrite par Antoine Maurel et dessinée par Hamo, jeune illustrateur belge recréant à merveille cette ambiance XIXe, avec une mention spéciale au masque réellement terrifiant du héros.

"Noirhomme" (tome 2), Casterman, 9,80 € 

dimanche 25 mai 2008

Roman - Le long chemin d'une renaissance

Emmanuelle Cosso-Merad touche nos cordes les plus sensibles sur les doutes et les souffrances d'un peintre jamais satisfait.


Depuis qu'elle sait tenir un crayon et un pinceau, la petite Emma dessine, peint, croque tout ce qui tombe sous les yeux. A l'adolescence, elle prend des cours de dessin et de peinture avec Pedro qui ne lui ménage pas ses encouragements et avec lequel se noue une amitié indéfectible. « Du point de vue de Pedro, le résultat était admirable. Emma a regardé son professeur avec reconnaissance et l'avenir avec espoir. Qui aurait pu lui faire croire qu'avec cet exercice, Pedro venait de signer son arrêt de mort ? » Malgré tout et son jeune âge, elle doute, se remet sans cesse en question et reçoit le coup de grâce quand elle apprend qu'elle a raté le concours des Beaux-Arts. Pour elle, c'est tout ou rien. Au point qu'arrivée à l'âge adulte, elle range oeuvres et pinceaux dans le grenier de la maison familiale et trouve un travail de graphiste dans une agence de pub. Métier dans lequel elle excelle, certes, mais qui lui laisse toujours un petit goût amer au fond de son coeur, elle qui voulait vivre pour et par la peinture. Elle tire cependant des satisfactions dans son nouveau job. « A l'Agence, pour la première fois, quelqu'un flattait Emma sans retenue (NDLR Alice, la patronne) pour la première fois, elle était payée pour ses créations, pour la première fois, elle répondait parfaitement aux critères. Personne ne lui disait qu'elle était hors sujet. Personne ne lui disait qu'elle pouvait mieux faire et certainement pas qu'elle était prétentieuse ».

Grand virage sur route

Un jour, elle part visiter un chantier de rénovation de route avec la commerciale de la boîte. Et c'est là, sur le bitume, qu'elle rencontre Yvan, génial dans son domaine et foisonnant d'idées. Il invite Emma à dîner et au fur et à mesure de leurs rencontres, elle n'ignore plus rien des différents revêtements des chaussées. Il font l'amour pour la première fois sur l'asphalte d'un chantier et ne perdront jamais cette habitude, peu romantique à première vue. Mais les étoiles sont si belles quand on est étendu, repu, sur une petite route de campagne... L'amour est tellement bien ancré qu'ils décident de vivre ensemble et de faire très vite des bébés. Quelques années de pur bonheur familial passent mais dans un petit coin de son cerveau, Emma continue à ressentir le besoin impérieux de peintre. Elle finit par ressortir couleurs et pinceaux, en souffrant pour autant de ce que les écrivains appellent la panne de la page blanche. « Moment blanc. Dans sa tête, il y avait une foule d'idées, c'est-à-dire qu'il n'y en avait pas ».

Elle persévère, encore et toujours, se met aux pinceaux dès que les enfants sont couchés et chine dans les brocantes pour acheter des toiles pas chères sur lesquelles elle retravaille.

Yvan, grâce à son génie, prend très vite du galon et part de plus en plus souvent en mission pour présenter ses idées révolutionnaires en matière de revêtement de routes. Un jour, dans une de ses chères brocantes, elle tombe sous le charme d'un tableau qui représente une femme en rouge. Et là, coup en plein cœur, son mari, pensant qu'il était d'elle, lui déclare que c'est la meilleure oeuvre qu'elle aie produite. Commence la grande descente aux enfers, doute, remise en question et surtout désespoir par lequel elle se laisse submerger.

Les petites parenthèses de l'auteur

Le livre est émaillé de commentaires et de citations tellement profondes et qui sonnent si vrai qu'on ne peut s'empêcher de penser qu'Emmanuelle Cosso-Merad, y a livré une grande partie de ses souffrances. « Si on est heureux, il n'y a aucune raison de s'infliger cette souffrance qu'est la peinture ». La vraie citation de Charles Juliet porte sur l'écriture... ce qui revient au même puisque tout travail artistique passe par d'immenses interrogations.

Je ne vous raconterai pas le reste du roman mais personnellement, ce livre m'a atteint au fond des tripes et je n'ai pas honte d'avouer que la fin m'a fait pleurer. La grande prouesse d'Emmanuelle Cosso-Merad a été de réussir un livre criant de vérité, de chaleur humaine, triste et drôle à la fois. Assorti d'une plume excellente. Un vrai petit bijou, qu'on finit avec regret. On en aurait bien dégusté un peu plus...

« Mon avion, mon roman, mon amour », Emmanuelle Cosso-Merad, Flammarion, 17 euros. 

samedi 24 mai 2008

BD - Mains vertes en action


La sympathique série « Les fondus du... », après la pêche, le bricolage ou la cuisine, se penche sur le jardinage. Ces recueils de gags, sans prétention autre que de nous faire sourire, permet à divers dessinateurs d'animer les quelques personnages récurrents imaginés par les deux scénaristes en titre : Richez et Cazenove. 

Cette fois c'est Richard Di Martino qui passe la tondeuse. Ce dessinateur, au trait franco-belge très classique, a sévit dans un tout autre genre, le gore-comique, sur la série « Outre-Tombe » avec Léturgie. Vous trouverez dans ces planches des radis géants (l'engrais ukrainien est très efficace), des tondeuses en folie, des conseillers peu crédibles et des vendeurs très efficaces. Thierry, barbu fainéant au gros nez, se taille la part du lion, mais les interventions de Tiang, le moins futé de la bande, sont souvent irrésistibles. 

Et au détour d'une case vous pourrez apprendre une véritable astuce de jardinier comme de mettre des feuilles mortes au fond d'un trou avant de repiquer une plante. Mais si vous voulez améliorer la rentabilité de votre potager ou la verdeur de votre pelouse, ce n'est pas ce livre qu'il vous faut... Celui là n'agira que sur vos zygomatiques.

« Les fondus du jardinage », Bamboo, 9,45 € 

vendredi 23 mai 2008

BD - El Nino et "Le vent des 120 jours" ?


En Afghanistan, le vent des 120 jours est un bijou très symbolique. Quand un homme l'offre à une femme, c'est pour lui dire qu'elle a fait autant de ravages dans son cœur que le vent de sable dans les cultures. Après que Véra, l'héroïne de la série « El Nino », ait soigné un chef de guerre moudjahidin au coeur des montagnes afghanes, ce dernier lui a offert cette pierre.

 Mais il ne semble pas y avoir de place pour la moindre histoire d'amour dans ce pays, en guerre depuis 25 ans. Après cinq tomes formant le premier cycle de cette série, les deux auteurs, Perrissin au scénario et Pavlovic au dessin, ont décidé de prolonger les aventures de Véra. Durement marquée par les événements qui lui ont enlevé son frère et sa fille adoptive, elle rebondit en intégrant une organisation humanitaire. 

Affectée dans un hôpital à Jalalabad, ville située entre Kaboul et le Pakistan, elle tente de faire fonctionner cette structure sans budget. Elle oublie ses malheurs en se consacrant à 100 % à ces femmes tuberculeuses. Mais au cours d'un déplacement, elle est capturée par les rebelles. C'est là qu'elle va rencontrer Tahir Navoï et peut-être reprendre espoir en la vie, sa vie.

« El Nino » (tome 6), Les Humanoïdes Associés, 12,90 € 

jeudi 22 mai 2008

BD - Secousses à Barcelone


Barcelone est le théâtre de cette histoire complète, beaucoup plus psychologique qu'il n'y paraît. Car au premier abord, on pourrait penser qu'il ne s'agit qu'une banale histoire d'amour qui tourne mal, après quelques scènes chaudes et dénudées sous le pinceau de Sergio Malia. Mais le scénario d'Antoine Ozanam est beaucoup plus subtil que ça. Robin est un jeune romancier à succès. Vivant avec Alicia depuis quelques mois, leur relation est en train de se déliter. Et un soir, la belle fait ses valises et claque la porte. 

Pour Robin, c'est comme si Barcelone était secouée par un tremblement de terre. Après un phase de dépression, Robin décide de réagir. Il imagine un plan lui donnant une seconde chance. Il utilise un prête-nom pour faire croire qu'il a quitté Barcelone et va changer de tête dans une clinique en Suisse. Ensuite, sous une autre identité, il va tenter de séduire une seconde fois Alicia. Il y parvient sans trop de mal car il a retenu les leçons du passé et a aussi modifié son tempérament. L'égocentrique et aujourd'hui beaucoup plus à l'écoute de son amoureuse. 

Voyage dans les âmes, voyage également dans les rues de Barcelone et son ambiance unique, très bien rendue par les dessins de Malia qui aime lui aussi cette ville.

« Apocalypstick », Glénat, collection Caravelle Urbaine, 12,50 € 

mercredi 21 mai 2008

BD - Beast débute avec "Yunze, le dieu gardien"


Amateurs de grosses bêtes cette nouvelle série est pour vous. Un énorme chien poilu, un serpent géant, une panthère et un aigle : voilà un petit échantillon des créatures sorties de l'imagination de Guerrero, le dessinateur, que vous pourrez croiser au fil des pages. La série a connu une genèse un peu différente. Cet artiste espagnol est arrivé avec ces personnages et ce n'est qu'après que Cheilan, le scénariste a imaginé une histoire dans laquelle elles pouvaient s'intégrer. 

Sur une une planète qui pourrait être la terre dans quelques siècles, une armée de droïdes attaque une ville peuplée d'humains. Le chef décide de faire exploser le coeur nucléaire pour enrayer l'invasion. Mais cela tuerai toute vie. Sa femme l'en empêche et expédie sa petite fille, Nay, dans une autre région. 

Quelques années plus tard, la jeune Nay, vendue comme esclave à un horticulteur, est recherchée par plusieurs duos. Notamment Eji, un tueur de droïde chevauchant la campagne sur Yunge, son chien mutant haut de plus de deux mètres. Une très bonne série avec un soupçon de fantastique, de combats et de créatures merveilleuses, le tout dessiné avec brio, derrière une couverture qui ne peut qu'interpeller le lecteur potentiel.

« Beast » (tome 1), Le Lombard, 13 € 

mardi 20 mai 2008

BD - Sœur chantante et déjantée


Le Commando Torquemada est un peu le descendant des Innommables : un humour sans tabou brocardant plus spécialement la religion. Il y a quelques siècles, Lemmens et Nihoul, les auteurs, auraient été brûlés vifs en place publique. Aujourd'hui il font rire tous ceux qui savent faire la part des choses. Le pape est inquiet de la dérive de Sœur Dominique, star de la chanson religieuse. Cette dernière veut se mettre au hard rock et changer de sexe. 

Le Commando Torquemada est appelé à la rescousse. Mission : désintoxiquer la chanteuse et la persuader de faire un dernier gala de solidarité. Dessin nerveux, gags à foison : le commando frappe fort.

« Commando Torquemada » (tome 2), Fluide Glacial, 11,95 euros 

lundi 19 mai 2008

BD - Dérive au féminin avec « La femme accident » de Lapière et Grenson


Cet album de Lapière (scénario) et Grenson (dessin) raconte la vie d'une femme et de sa région. Julie, belle et sauvage. La région de Charleroi, pauvre et sale. Cette femme est en prison. Elle attend le verdict de son procès. Accusée de meurtre. Une attente que le auteurs transforment en long retour dans le passé. 

On découvre une fillette effrontée, une jeune adolescente torturée, une femme amoureuse et entière. Elle vit ses premiers émois dans ce décor industriel et triste qui donne cette ambiance lourde et poisseuse à un album marquant les débuts de Grenson (Niklos Koda au Lombard) dans le difficile exercice de la couleur directe. Une édition spéciale avec un cahier supplémentaire permet de mieux apprécier son travail.

« La femme accident » (tome 1), Dupuis, 14 euros 

dimanche 18 mai 2008

BD - "Les dieux noirs", second tome de la série Le grand jeu


Et si la France et l'Angleterre avaient gagné la guerre dès 1941 ? Ce postulat de départ, Pécau, le scénariste du « Grand jeu », l'utilise à merveille dans cette série fantastico-historique. L'Allemagne nazie, moins menaçante, ne sert plus qu'à faire barrage à l'hégémonie soviétique. 

C'est dans ce contexte que le journaliste Nestor Serge se rend au dessus de l'Arctique tenter de retrouver des survivants au crash du dirigeable Charles-de-Gaulle. Sur place, en compagnie de l'armée anglaise, il sera mis dans le secret le mieux gardé : des extraterrestres sont cantonnés dans cette partie du monde. 

Pilipovic et son dessin réaliste donne toute sa crédibilité à ce récit débridé étonnant.

« Le grand jeu » (tome 2), Delcourt, 12,90 euros 

samedi 17 mai 2008

BD - Sorcière volante


Dessinée par Christophe Dubois, cette série imaginée par Nicolas Pona est un étrange mélange de fantastique (dragon), de révolution (le pays est à feu et à sang), d'amazones (les héroïnes sont de redoutables guerrières) et de récit à la Jules Verne (le plus gros de ce second album se passe dans un ballon dirigeable). 

Sur les immensités gelées de ce qui ressemble à la Sibérie, Ajjer, la guerrière rouge qui vient de tuer le roi-dragon et lui dérober son dernier œuf est capturée par Frimas, guerrier chamane à la tête d'une bande de révolutionnaires. Elle est emmenée dans un vaisseau des airs baptisé Héria. 

Ce dirigeable est le véritable héros de cet album. Héroïne exactement puisque c'est sa figure de proue en bois, dotée de conscience, qui lui permet de s'élever dans les airs. Héria qui convoie malgré elle ces révolutionnaires, alors qu'elle vient de dérober un trésor avec l'aide de son capitaine. Son rêve c'est de se retirer sur une île chaude et y édifier un temple pour la vénérer. 

Ce vaisseau sorcière a en effet la fâcheuse tendance à se prendre pour une déesse. Une multiplication des personnages pour une série qui, en s'éloignant de son propos initial, gagne en originalité. Il reste quand même en fond les querelles de pouvoir, mais l'épopée d'Héria permet une parenthèse étonnante dans le cycle principal.

« Le cycle d'Ostruce » (tome 2), Le Lombard, 13 €

vendredi 16 mai 2008

BD - Les malheurs d'un croquemitaine


Chaque nuit, Humphrey Dumbar le croquemitaine, quitte son pays magique pour aller faire peur aux petits enfants. Alors qu'ils dorment, il les tourmente, leur tirant les cheveux, provoquant cauchemars et terreurs avec son ombre ou en les mordillant. 

Il prend un réel plaisir à effrayer ces petits innocents. Mais un soir, dans un dortoir, un enfant ne dort pas. Jimmy parvient à se cacher, observe le manège d'Humphrey et, décidant de l'empêcher de nuire, saute dans son sac et repart avec lui dans la nuit glacée. Après une longue halte dans un bar, Humphrey rejoint son pays magique. 

Jimmy se retrouve alors prisonnier de ce lieu où les petits enfants n'ont pas le droit de pénétrer. Cela ne l'empêchera pas de tenter de mener son plan à bien. Caché, il se fait passer pour la conscience du croquemitaine et lui promet mille tourments s'il ne cesse de tyranniser les enfants. 

Ce petit conte imaginé par Manu Civiello lui permet de mettre en images tout ce qu'il aime : les monstres et farfadets, les ambiances nocturnes des villes sombres du 19e siècle et les enfants. Une histoire à raconter aux plus jeunes avant de s'endormir. Mais à condition d'aller jusqu'à la fin au risque de provoquer cauchemar sur cauchemar.

« Humphrey Dumbar, le croquemitaine », Delcourt, 9,80 € 

jeudi 15 mai 2008

BD - A propos d'immunité présidentielle


Débutée en mars 2007, cette série plonge le lecteur dans les arcanes de la politique française. Rémy Le Gall, le scénariste, a utilisé toute son expérience d'homme de l'ombre des hommes politiques chargé de les préparer à affronter les médias. Il décrit ainsi les tentatives de prise de pouvoir au sein d'un parti politique d'opposition. 

Lancée en pleine campagne des présidentielles, cette série revient pour un second tome une année après l'élection de Nicolas Sarkozy. Et dans le scénario on trouvera quelques références à la réalité avec un président en perte de vitesse dans les sondages, en prise avec une forte contestation dans la rue et qui pour reprendre la main envisage d'être à nouveau omniprésent dans les médias et traiter tous les problèmes à l'affectif. 

Mais ce n'est que la toile de fond de cette BD qui raconte les aventures de Constant Kérel, opposant, bien décidé à faire tomber ce président qui en plus a du sang sur les mains. Mais comment traduire devant la justice un homme qui bénéficie d'une immunité présidentielle à toute épreuve, même en prouvant qu'il est un assassin ? Frisco, le dessinateur, illustre sans fioritures cette série sérieuse et réaliste.

« Elysée République » (tome 2), Casterman, 9,80 € 

mercredi 14 mai 2008

BD - Guerre de religieux


En Allemagne, en 1933, alors que Hitler commence à dévoiler ses plans et que la propagande antijuive prend de plus en plus d'essor, d'autres combats se déroulent en coulisse. Eva, jeune étudiante se retrouve malgré elle au centre d'une guerre secrète qui dure depuis des millénaires. Tout commence pour elle quand un chercheur est abattu dans sa rue. Banal meurtre contre un intellectuel juif ou élimination déguisée ? 

Eva retrouve dans sa boite aux lettres une enveloppe lui donnant quelques clés, virtuelles et réelles. La réelle serait la clé du paradis. Un paradis en opposition à l'enfer qui serait le refuge et l'inspiration de la politique nazie. Dans ce paradis dont elle trouvera le chemin après bien des embûches, une lance divine va lui donner une arme lui permettant de se battre avec des forces occultes très puissantes. 

Jean-Luc Istin, dans la collection « Secrets du Vatican » mélange avec bonheur deux influences majeures. D'un côté la description de cette Allemagne de plus en plus fanatique, acculant les Juifs à la fuite et de l'autre une intrigue fantastico-religieuse subtile et originale. Denis Rodier, au dessin, à côté d'une reconstitution historique rigoureuse, se lâche dans les décors grandioses du monde caché.

« L'ordre des dragons », Soleil, 12,90 € 

mardi 13 mai 2008

Roman - Couples et déchirures

Roman intense et fusionnel, "Indésirable" de Valerie Martin nous plonge dans l'intimité de couples anciens et nouveaux.


Réflexion sur la vie à deux, l'amour, l'habitude et la famille, ce roman de Valerie Martin débute comme une comédie bourgeoise contemporaine, dans les milieux aisés et intellectuels de New York et sa région, pour se prolonger dans une ambiance plus lourde des séquelles de la guerre des Balkans. Brendan et Chloé sont le prototype de ces Américains de gauche, intellectuels, aisés mais un peu trop conformistes. Brendan, professeur à l'université, se consacre actuellement à la rédaction d'un livre sur les croisades. Dans son bureau, loin de l'agitation du monde actuel, il essaie de comprendre les motivations réelles de la croisade de "Frédéric de Hohenstaufen, l'empereur du XIIIe siècle dont la puissance et la ruse ont surpris ses contemporains au point de lui valoir le surnom de Stupor Mondi, la merveille du monde". Chloé, illustratrice de livres pour enfants, travaille dans son atelier installé dans un bois à quelques dizaines de mètres de leur résidence. Leur fils, Toby, est étudiant en sciences politiques. Il vient de rencontrer Salomé, étudiante elle aussi. Un coup de foudre immédiat et réciproque.

Réfugiée croate

La première scène raconte, dans un grand restaurant, la première rencontre des parents de Toby avec la nouvelle petite amie de leur fils. Après une blonde évaporé et une Japonaise hypocondriaque, le choix de Toby est radicalement différent. Salomé est une réfugiée de guerre croate arrivée en Louisiane à 10 ans. Son père est pêcheur, sa mère est morte dans le conflit. Brillante, secrète, très belle, elle n'est pas du goût de Chloé. Pour la simple et bonne raison qu'elle est étrangère et que son fils semble beaucoup plus amoureux que les fois précédentes.

Un couple installé, avec des habitudes, des certitudes et bon nombre de renoncement, se retrouve face à un jeune couple, en pleine période de découverte et de folle passion. Brendan, en observant Toby, retrouve ses jeunes années, Chloé ne voit dans cette belle histoire d'amour que la perte de son fils, victime d'une femme qu'elle suspecte de tous les maux (intérêts financier et administratif).

Toby admet qu'il connaît peu de choses de Salomé et quand il va passer les fêtes de Thanksgiving chez son père, il découvre un monde qu'il ne soupçonnait pas. Salomé est épanouie, plus joviale et nature, dansant de longues heures avec des cajuns. Le père, malgré les tracas que lui cause son bateau de pêche, croque la vie par les deux bouts.

Une nouvelle famille

Quelques semaines plus tard, alors que Toby et Salomé vont emménager ensemble, le jeune Américain apprend que sa petite amie croate (et fervente catholique) est enceinte. Une remise en cause complète de leur vie d'étudiants insouciants. Succombant à la paranoïa de sa mère, Toby se sent piégé. Mais l'amour est le plus fort. Ils décident de se marier. En quelques jours. Une formalité administrative réglée rapidement, sans avertir leurs parents respectifs. Le lendemain, en rentrant des cours, Toby trouve l'appartement vide. Salomé est partie. Il découvre un message sur sa boite email : "Chéri, pardonne-moi. Il faut que je fasse ce voyage. Je ne peux pas te dire où je vais ni pourquoi, et mieux vaut que tu n'en saches rien. Je vais revenir. Je t'aime mon chéri."

Après avoir longuement observé la routine de la vie de ses personnages, Valerie Martin bouscule l'intrigue, la conduisant sur d'autres rives, celles de la Méditerranée, encore blessée de cette guerre qui a vu la Yougoslavie se disloquer au gré des guerres civiles. Toby tentera de retrouver sa femme. Brendan le suivra. Chloé, restée à la maison, devra affronter ses peurs, notamment ce braconnier qui chasse si près de sa maison. Et au fil des chapitres un nouveau personnage, grâce à des flashbacks, s'imposera : la mère de Salomé, absente et obsédante.

« Indésirable », Valerie Martin, Albin Michel, 20 € 

lundi 12 mai 2008

BD - Trio d'aventuriers


Jean-Charles Gaudin, avec Arleston, mais dans un registre plus sérieux, fait partie des scénaristes vedettes des éditions Soleil. Après le succès de Marlysa (déjà 8 tomes) et du Feul (seulement 2 tomes...), il se lance dans une nouvelle histoire de fantasy initiatique. Avec au dessin un jeune (25 ans) débutant, Dimitri Armand, affichant une aisance et une virtuosité que nombre de « vieux de la vieille » espèrent toujours atteindre malgré leurs piles d'albums. 

Reste à connaître le rythme de production d'Armand, car être talentueux ne suffit pas si on est trop lent. Paradoxe d'un système demandant toujours plus à des auteurs en plein apprentissage. Gaudin a imaginé une histoire de double personnalité. Talkinn et Evrane, deux jeunes adultes, et Lorky, encore adolescent, rêvent d'une vie trépidante, les armes à la main et la liberté comme seule récompense. Ils vont devoir batailler pour échapper à leur destin de paysan ou de femme au foyer. En découvrant une amulette magique, ils vont changer leur destin. Et leur âge puisqu'ils pourront par magie passer de leur âge réel à un autre, un peu plus mature.

« Angor » (tome 1), Soleil, 12,90 €

dimanche 11 mai 2008

BD - Saint à travers les âges


Dans la thématique des mensonges de l'Eglise, je demande le Saint immortel. Au sein de la collection Loge Noire, Laurent Bidot signe un très prometteur premier tome de « L'éternel ». Dans la lignée de sa précédente série, « Le Linceul », il surfe sur la mode des secrets du catholicisme. Thomas Landon est un historien peu banal. Il travaille pour le Vatican, chargé d'enquêter sur la réalité de certains miracles imputés à des religieux en voie de canonisation. Sur une route de montagne, en rejoignant un chalet en compagnie de son amie, il recueille un homme, muet, sale, barbu et épuisé. 

Après une nuit de repos, l'inconnu s'enfuit de nouveau. Thomas ne sait pas encore qu'il vient de croiser la route de Saint Scutaire dont on dit qu'il serait immortel. Quelques jours plus tard, Thomas est contacté par un riche écrivain de best sellers pour tenter de percer le mystère de ce saint « oublié » dans les riches heures de l'Eglise. L'histoire se déroule sur deux plans. 

D'un côté Thomas, sceptique, peu enclin à croire à ces sornettes, de l'autre l'errance de l'homme barbu, poursuivi par des tueurs sans pitié mais qui y laissent quelques plumes. Une mise en bouche parfaite avant l'apothéose finale, la série ne devant compter que deux tomes.

« L'éternel » (tome 1), Glénat, 12,50 € 

samedi 10 mai 2008

BD - Mercenaire du Christ


Les histoires de quête de reliques sont à la mode. D'une façon générale toute réécriture de l'histoire du Christ semble avoir la côte depuis quelques années. Regain de mysticisme ou suivisme après le succès du Da Vinci Code, il n'y a pas d'explication rationnelle. 

Simplement une mine pour les scénaristes qui semblent tous jouer la surenchère. Cailleteau, repreneur des aventures de Wayne Shelton, héros aux tempes grisonnantes imaginé par Van Hamme, s'engouffre dans la brèche. Il imagine des pouvoirs surnaturels à la lance du soldat romain ayant achevé le Christ. La pointe se retrouve de fait l'enjeu d'une course poursuite entre des nazis nostalgiques et des religieux chargés de maintenir une certaine histoire officielle. Wayne Shelton arrive dans ce pataquès pour secourir un ancien ami, noceur invétérée, devenu moine après une illumination. 

Fusillade dans le Massif Central, reprise des hostilités à Rome pour un combat final à Istambul, cette septième aventure de Wayne Shelton donne l'occasion à Denayer de multiplier les décors et les courses poursuite en voiture, son péché mignon qui faisait tout l'intérêt de sa précédente série, « Al et Brock, les casseurs ».

« Wayne Shelton » (tome 7), Dargaud, 10,40 € 

vendredi 9 mai 2008

BD - Réveil mouvementé pour Carmen


Plongée dans le coma depuis deux ans, Carmen McCallum est pourtant encore très précieuse mais également très dangereuse. Pour preuve le gouvernement britannique l'a plongée dans un cuve expérimentale de produit amniotique pour qu'elle conserve toutes ses facultés physiques. Quand elle se réveille, la jeune femme retrouve vite ses facultés et parvient à s'enfuir de sa prison secrète dans une scène d'action très spectaculaire dans ce Londres des années 40, 2040 plus précisément. Fred Duval, pour cette série racontant les débuts de la belle héroïne, s'est adjoint les services de Didier Cassegrain. 

Ce dessinateur, oeuvrant essentiellement dans le dessin animé, n'a pas son pareil pour dessiner les femmes sous des angles toujours avantageux. La couverture, montrant Carmen, en tenue légère, sur un ponton de Saint-Tropez (ville où de déplace l'action) en est l'exemple même. Jambes sans fin, galbe avantageux, courbes parfaites, regard mystérieux, tout lecteur mâle normalement constitué tombe amoureux de Carmen. Dommage qu'elle soit folle et totalement incontrôlable. 

Moderne et délurée, cette série donne une dimension supplémentaire à cet univers de plus en plus complet.

« Code McCallum » (tome 3), Delcourt, 12,90 € 

jeudi 8 mai 2008

Polar - La famille Combes prise pour cible

Joseph Combes et sa petite famille sont l'objet d'une vengeance. Danger maximum pour l'ancien gendarme de Villefranche-de-Rouergue.


Mais qui peut en vouloir à Joseph Combes au point de tenter d'écraser avec une voiture sa fille, Clairette ? Si les forces de l'ordre de Villefranche-de-Rouergue, dans leurs premières constatations penchent pour un chauffard, Joseph Combes est persuadé lui qu'il s'agit bien d'une tentative d'assassinat. Pour preuve, il reçoit un coup de fil d'un mystérieux interlocuteur lui affirmant que la prochaine fois sera la bonne. Branle-bas de combat dans la famille qui n'entend pas se laisser faire. Clairette est mise au vert chez sa grand-mère à Bergerac et Joseph remonte la piste jusqu'à Figeac. Ce serait là qu'un groupe de comploteurs aurait mis au point un plan pour discréditer l'ancien gendarme devenu détective privé et redresseur de tort.

Alain Gandy a créé le personnage de Joseph Combes en 1997 et « Le piège se referme » est le 12e titre de la série avec ce héros récurrent qui ne cesse d'évoluer au fil des années.

Ancien militaire

Adjudant-chef en mission dans l'Aveyron au début, il s'est finalement installé dans la région, a quitté l'uniforme et s'est mis à son compte pour créer l'agence Combes et cie, officine de détective privé dans laquelle sa femme, la belle et impétueuse Claire, joue un rôle de plus en plus important. Joseph Combes est le prototype de l'ancien militaire, droit dans ses bottes, ayant le sens de l'honneur et une sainte horreur des injustices. Un peu le portrait d'Alain Gandy qui a été militaire dans une précédente vie. Avant de se lancer dans le roman policier rural et de terroir, il a signé quelques romans de guerre et des documents sur la Légion étrangère et même une biographie du général Salan. Mais depuis une dizaine d'années il se consacre exclusivement à Joseph Combes qu'il prend un malin plaisir à plonger dans des intrigues alambiquées où souvent de sombres personnages aux âmes torturées imaginent le pire.

Toute la tribu

Dans ce nouveau roman, c'est toute la famille qui est menacée. Quelques meurtres plus tard (des comparses du méchant sur le point de le trahir), Joseph Combes parvient à identifier l'instigateur du complot. Une vieille connaissance qui a déjà fait du mal à Claire Combes. Une découverte en pleine nuit qui jette un froid. « Le silence revenu avait l'air plus profond qu'avant ce réveil en fanfare. Il était chargé de drames, habité de personnages figés dans les souvenirs, agressifs, violents, cruels, qui avaient partagé avec Claire et Joseph, onze ans plus tôt, un jeu de passions et de morts subites. Dans le doux éclairage de la lampe de chevet, le ménage Combes de cette nuit se sentait revivre les péripéties les plus tragiques de son histoire commune. »

L'action se déroule à Figeac, Villefranche bien entendu mais également à Bergerac. L'ancien militaire devra aller demander de l'aide à un de ses anciens soldats (un montagnard vietnamien) pour contrer le machiavélique plan visant à détruire sa famille.

On appréciera dans cette série de romans, autonomes mais aux ramifications croisées dignes des meilleurs feuilletons, outre le cadre aveyronnais (et lotois) toujours plaisant, les caractères entiers et malgré tout très humains des différents membres de la tribu Combes. Joseph, le héros, laissant parfois la vedette à la fougueuse Claire, à l'effrontée et insouciante Clairette et au petit dernier, Robert, jeune bachelier à l'enthousiasme contagieux.

« Le piège se referme », Alain Gandy, Presses de la Cité/Balland, 18,50 € 

mercredi 7 mai 2008

BD - Indiens du Sud


Au début du XXe siècle, à l'extrême bout sud de la Patagonie, des colons blancs chassent les indiens. Ils les exterminent, méthodiquement, pour assurer leur sécurité, par plaisir aussi... Ce western dans le vent et le froid permet à Hugues Micol, le dessinateur, de planter des scènes grandioses de batailles d'icebergs ou d'hommes avides de sang.

 L'histoire de David B. cache au gré des pages des personnages mystérieux comme ce romancier, parti loin de chez lui pour le simple plaisir d'avoir envie d'y revenir, ou ces jeunes femmes spirites, qui ne croient plus aux esprits mais à la vengeances des colts dans une lutte des classes naissante. Étonnante, envoûtante, cette BD séduira tous les amateurs de grands espaces et de rêves fous.

« Terre de feu » (tome 1), Futuropolis, 16 euros 

mardi 6 mai 2008

BD - Redoutable lion de cirque


César, lion né en captivité à Vincennes, se verrait bien en fauve féroce, terrorisant les enfants dans le numéro vedette du cirque Astropof. Mais César n'est pas crédible. Sa crinière est peu développée, ses dents pas si affûtées que cela et surtout son regard n'a rien de celui d'un animal sauvage prêt à tuer pour se nourrir. César préfère, et de loin, la purée de carotte. 

Ce héros, imaginé par Daniel Blancou marquera pourtant l'histoire du cirque, mais pour d'autres raison. Un album de 120 pages qui débute sur les obsèques de César, un véritable artiste à la fin de sa vie pleuré par tous ses amis. Une histoire entre humour et tristesse.

« Le roi de la savane », Delcourt, 11,50 euros 

lundi 5 mai 2008

BD - Spirou adolescent par Emile Bravo


En confiant Spirou à divers dessinateurs pour des aventures hors collection, les éditions Dupuis ont pris un gros risque. De dénaturer le héros, lui faire perdre son mystère, son charme. Mais pour l'instant c'est un sans faute qui donne un second souffle à un héros un peu fatigué. 

Et dans la série, la vision d'Emile Bravo de cet univers fera date. Il a imaginé les débuts de Spirou au Moustic Hôtel, sa rencontre avec Fantasio, apprenti journaliste, sa découverte du monde et de la politique. 

En est en 1939 et les Nazis menacent d'envahir la Pologne. Mais comment un héros adolescent pourrait-il empêcher le déclenchement d'une guerre mondiale ?

« Spirou, le journal d'un ingénu", Dupuis, 13 euros 

dimanche 4 mai 2008

BD - A quatre, c'est mieux


Catel, dessinatrice pour la jeunesse, a changé de registre en dessinant l'histoire de Kiki de Montparnasse sur un scénario de Jean-Luc Fromental. Elle reprend un peu cette veine en proposant « Quatuor », recueil de quatre récits mettant des femmes en vedette. Des nouvelles d'auteurs venant de divers horizons. J

acques Gamblin explore la danse, la valse exactement et sa communion entre les deux partenaires, José-Louis Bocquet nous entraîne a 100 à l'heure sur des routes sinueuses au volant de bolides, objets sexuels de plaisir ultime, Thierry Bellefroid raconte de façon détournée comment il est tombé amoureux du dos de la princesse Mathilde, future reine des belges et Pascal Quignard nous emmène dans une vieille histoire d'amour entre un tailleur et une belle brodeuse. Chaque histoire est en bichromie, rouge pour la danse, bleu pour les voitures, verte pour la princesse et jaune pour la brodeuse. L'ensemble, malgré l'impression de disparité est très cohérent. 

J'avoue avoir un faible pour l'histoire de Thierry Bellefroid. Ce journaliste à la RTBF a parfaitement rendu la fascination que l'on a parfois pour des personnages publics et totalement inaccessibles. Une histoire douce amère sur la passion, la fatalité et la résignation. Les illustrations de Catel se mettent au service de ces histoires que la dessinatrice a adapté elle même.

Catel et Jean-Luc Fromental (qui signe la préface) préparent une nouvelle biographie dessinée consacrée à Marie-Olympe de Gouges, l’une des figures marquantes du dix-huitième siècle, intellectuelle ayant beaucoup fait pour l'émancipation des femmes.

« Quatuor », Casterman, 17,95 €



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samedi 3 mai 2008

Roman jeunesse - Dans les coulisses avec Molière

« L’homme qui a séduit le Soleil » de Jean-Côme Noguès plonge les jeunes lecteurs dans le monde du théâtre, le devant de la scène comme les coulisses obscures.


« Si certaines scènes de ce roman semblent si vivantes, c’est qu’il y a beaucoup de vécu dedans.
» Jean-Côme Noguès, l'auteur de « L'homme qui a séduit le Soleil », n’a pas été dans la troupe de Molière. Par contre durant les années 50, il faisait partie de la compagnie Renaud-Barrault. « Le théâtre était une vraie vocation pour moi, se souvient-il. J’ai débuté à Carcassonne avec Henri Gougaud puis j’ai suivi les cours d’Andrée Bauer-Thérond à Paris. Après une expérience avec la troupe du théâtre du Peuple, j’ai rejoint la célèbre compagnie. Mais je n’y ai jamais que porté des hallebardes… » Il a également participé à des tournées à l’étranger, mais à 30 ans, ayant charge de famille et peu d’espoir de faire une réelle carrière, il a préféré retourner dans l’enseignement et s’est mis à écrire pour la jeunesse. Avec le succès que l’on sait, son « Faucon déniché » étant un best-seller depuis plus de 20 ans.

Souvenirs sur les planches

Ce nouveau roman, raconte, en 1661, la découverte par un jeune homme impétueux du milieu du théâtre. La boucle est bouclée. Il aura, avec près d’un demi-siècle d’attente, mis un peu de ses souvenirs dans ce texte, hommage au théâtre, à Molière et aux saltimbanques osant prendre la route pour présenter, de village en village, leurs comédies sources de rires et de détente.

Gabriel, le jeune héros du roman, subsiste dans Paris en donnant la réplique à un comédien dans des improvisations qui font rire les passants sur le Pont-Neuf. Dans la foule, un certain Molière repère ce sacripant si leste de la langue et aux mimiques expressives. Il lui propose de le prendre dans sa troupe. Gabriel se voit déjà, donnant la réplique aux célèbres actrices que sont Armande ou Madeleine Béjart. Mais il sera finalement moucheur de chandelles. Un rôle aussi ingrat que celui de porteur de hallebardes…

Devant le Roi Soleil

Mais en intégrant la compagnie du Palais-Royal, Gabriel va vivre avec cette communauté, bouillonnante, joyeuse et novatrice. Il y apprendra beaucoup et pourra enfin s’extraire de la vie de misère qui lui semblait promise. Il aura ainsi l’occasion de jouer les figurants, devant le roi Soleil en personne, dans une pièce créée par Molière spécialement pour l’inauguration du château de Vaux-le-Vicomte, petite folie de Fouquet, surintendant de Louis XIV, ce dernier y trouvant l’inspiration pour imaginer Versailles.

Ce roman, en plus de faire découvrir les coulisses du théâtre de Molière, apprend beaucoup au lecteur sur quelques épisodes de l’Histoire de France comme l’arrestation de Nicolas Fouquet et la mise en place, par le roi Soleil, d’une monarchie totale de droit divin. Un volet historique encore plus développé à l'avenir car le roman sera réédité, dès cette rentrée, en format livre de poche avec un cahier pédagogique supplémentaire de 40 pages.

« L’homme qui a séduit le Soleil » de Jean-Côme Noguès, Pocket Jeunesse, 16 euros 

vendredi 2 mai 2008

BD - Le cœur battant de New York


Impossible de dissocier l'œuvre de Will Eisner de la ville de New York. Nouvelle preuve avec la réédition dans la collection Contrebande de chez Delcourt de la première partie de cette trilogie newyorkaise parue une première fois en 1985. Ce recueil d'histoires courtes, parfois muettes, sont classées par grand thèmes comme les perrons, postes d'observations privilégiés, les transports en communs, idéaux pour s'imaginer des rencontres follement romantiques, ou la musique des rues, qui va du marteau piqueur aux chanteurs amateurs faisant la manche dans les grandes artères. 

Mais avant tout, il y a les habitants, leurs petits bonheurs ou gros désespoirs. Des hommes et des femmes tentant de survivre dans cette ville qui tout en étant très peuplée, est une fabrique continue de solitude. Des histoires humaines, superbement dessinées, en noir et blanc mais avec des dizaines de nuances de gris, par ce géant de la BD américaine, presque l'inventeur du roman graphique. 

Le second volet paraîtra en juillet prochain et la dernière partie avant la fin de l'année.

« New York trilogie » (tome 1), Delcourt, 14,95 € 

jeudi 1 mai 2008

BD - La France déchirée


« Guerres civiles » est le prototype de la série d'autofiction poussée à son paroxysme. Les trois auteurs de ce projet original, Jean-David Morvan et Sylvain Ricard, scénaristes, et Christophe Gaultier, dessinateur, se mettent en scène dans des conditions extrêmes en tentant de trouver la réponse la plus honnête possible à cette question ; « Quel genre d'homme serions-nous en temps de guerre ? » 

La France est devenue le théâtre de plusieurs guerres civiles entre factions régionalistes. Morvan et Ricard, fuient Paris, aux prises avec des bandes de pillards, pour rejoindre Gaultier, plus au calme dans un petit village de la Drome. Problème, sa maison est dans un secteur où les centrales nucléaires prolifèrent. Une zone ultra sensible où l'armée est particulièrement vigilante et sur les dents. 

Après quelques frayeurs sur l'autoroute, ils arriveront à bon port pour constater que les militaires doivent composer avec un milice locale très vindicative. Intervient alors un fan de BD, connaissant toute l'oeuvre de Morvan, qui pourrait être sympathique s'il n'était pas complètement ignare et surtout armé d'un fusil. Mieux vaut ne pas rater sa dédicace...

« Guerres civiles » (tome 2), Futuropolis, 18 €