mercredi 30 novembre 2011

De choses et d'autres - Les préservatifs Durex mis à l'index pour des tweets trop politiquement incorrects

« Pourquoi Dieu a-t-il donné un pénis aux hommes ? Pour avoir au moins un moyen de faire taire leurs femmes » Cette plaisanterie d'un goût plus que douteux est en fait une publicité. Durex, la marque de préservatifs, a lancé une campagne sur Twitter en Afrique du Sud. Sous le mot-clé #durexjoke, les publicitaires ont tenté de faire rire les internautes avec des histoires salaces.

En pleine campagne contre les violences faites aux femmes, ce tweet (et d'autres du même acabit) a fait bondir les féministes. Et de dénoncer une incitation à la violence alors même qu'un récent sondage révèle qu'un Sud-africain sur quatre a violé une femme dans son existence. Conséquence, les #durexjoke se sont transformées en catastrophe pour la marque. Avec excuses officielles et retrait des tweets.

Les associations féministes sont également montées au créneau au Kansas récemment. Coupes budgétaires au niveau fédéral oblige, la ville de Topekadevait récupérer le financement du tribunal. Trop cher pour les élus. Et le conseil municipal, pour alléger la facture et avoir un moyen de pression sur l'Etat, décidait de dépénaliser le principal délit pourvoyeur de procès : les violences domestiques. Durant plus d'un mois, les maris violents étaient relâchés par la police, faute de loi... Le bras de fer financier est terminé, les maris violents sont à nouveau poursuivis, mais une dizaine de femmes en garderont la trace, dans leur chair, jusqu'au plus profond d'elles-mêmes. 

mardi 29 novembre 2011

De choses et d'autres - Les amish ont la barbe susceptible

Couper une barbe peut vous conduire en prison. Et y rester à vie.

Aux USA, dans une communauté Amish, les divergences de vues se règlent avec une paire de ciseau. Sept hommes viennent d'être arrêtés car ils avaient coupés, sous la contrainte, barbe et cheveux à des coreligionnaires, nous apprend un reportage de CNN repris partout sur internet.

Les Amish, communauté protestante connue pour son rejet de la vie moderne (pas d'électricité ni de voitures, mêmes habits qu'au 17e siècle) sont également non violents. Beaucoup ont rejoint le Nouveau monde après la révolution française, à l'instauration du service militaire obligatoire. Cette non violence n'empêche pas les dissensions. Samuel Bullet, un patriarche régnant sur une communauté de 200 âmes à Bergholz dans l'Ohio, a été excommunié récemment pour des soupçons d'attouchements sexuels. Pour se venger, il a mis en place des expéditions punitives avec quelques-uns de ses fidèles. Ils coupaient les barbes des hommes et les cheveux des femmes. La tradition Amish veut qu'une fois mariés, les hommes se laissent pousser la barbe (tout en se rasant la moustache) et les femmes ne se coupent plus les cheveux (tout en les dissimulant sous une coiffe).

Mais en s'attaquant à ces symboles de leur appartenance à une communauté, Samuel Bullet se rend coupable de discrimination religieuse. Et aux États-Unis, on ne plaisante pas avec ça. Il risque, lui et ses six complices, une peine de prison à vie. Ce serait cher payé pour quelques coups de ciseau. 

lundi 28 novembre 2011

De choses et d'autres - Tiré par les cheveux...

Khalel a 10 ans. Il est allé chez le coiffeur. Depuis, Khalel a envie de mourir...

Fan de Ronaldo, il a demandé la même coupe que son footballeur préféré. Il arbore une « petite crête sur le dessus et le long de la tête, ce qu’il décrit comme un dégradé à l’espagnol » explique un article sur le site du Parisien, édition du Val d'Oise.

Dans un premier temps, Khalel est très fier de son nouveau look. C'est sans compter sur le jugement de sa maîtresse. « On dirait un Iroquois ! » s'est-elle exclamée. Et de convoquer Khalel et ses parents chez le directeur pour « coiffure extravagante ». Le gamin a ressenti ces remarques comme une humiliation, un véritable traumatisme. Depuis, « il me dit qu'il a envie de mourir » raconte sa mère très remontée contre l'enseignante. La coiffure ? elle la qualifie simplement « d'originale ». Plutôt que de chercher des noises à la maîtresse, la famille devrait s'en prendre aux footballeurs. De tous temps ils ont été épinglés pour leurs coupes étranges pour ne pas dire ratées, hideuses, ridicules...

Certes Khalel est malheureux aujourd'hui. Mais dans dix ans, quand il se reverra en photo, sa honte sera décuplée. C'est la loi de la mode capillaire : « Plus le temps passe, plus on trouve ses goûts d'antan à vomir. » De la raie sur le côté aux cheveux longs en passant par la coupe au bol, toutes les générations sont passées par là.

Et que Khalel se console : les cheveux ça repousse. 

dimanche 27 novembre 2011

BD - Au coin de l'épicerie, il s'en passe de belles d'après Ducoudray et Singelin


Le père d'Elliot vient d'acheter l'épicerie de ce quartier de Baltimore. The Grocery est un lieu de passage, de rencontre, de convivialité. Elliot, surdoué un peu timoré, aura quelques difficultés à se faire des amis dans un premier temps. Mais sa rencontre avec Sixteen va débloquer la situation. Sixteen est le chef de la bande des Cornerboys. Ils vendent toute sorte de drogues dans le secteur. 

Cette BD écrite par Ducoudray (La faute aux Chinois) et dessinée par Singelin est une critique au vitriol de l'Amérique contemporaine. Autour de l'épicerie vous croiserez également Wash, un ancien marine complètement paumé depuis son séjour à Bagdad, des familles se retrouvant à la rue après la saisie de leur maison par les banques ou Ellis One, le caïd de retour sur ses terres après avoir survécu à la chaise électrique. Le monde très gentillet d'Elliot est en total décalage avec la loi de la rue imposée par Ellis One ou les banques. 

C'est hyper réaliste, même si les personnages ont des anatomies de lézards, d'ours ou de têtards.

« The Grocery » (tome 1), Ankama, 19,90 € 

samedi 26 novembre 2011

BD - Malheur, deux sœurs ! Des sisters irrésistibles chez Bamboo


Wendy serait heureuse s'il n'y avait pas Marine, sa petite sœur, pour s'intéresser à tout ce qu'elle fait. Par contre, Marine serait très malheureuse s'il n'y avait pas Wendy, sa grande sœur, déjà adolescente et même assez âgée au point de faire "des kiss avec la langue à son namoureux" , Maxence. Wendy et Marine, le nouveau duo comique de la BD qui cartonne chez les plus jeunes. 

Cazenove (scénario) et William (dessin), en se lançant dans le récit des relations pour le moins heurtées de ces sœurs, ne se doutaient certainement pas du succès considérable de cette série inspirée de la vie de famille du dessinateur. La nouveauté bénéficie d'une mise en place de 100 000 exemplaires, un des plus gros tirages de cette rentrée. Wendy, l'aînée, flirte de plus en plus. Marine est particulièrement intéressée par cette pratique qui la fascine tout en la répugnant. 

Un regard amusé sur les premiers émois sentimentaux qui permet à toute lectrice entre 7 et 15 ans de se reconnaître sans peine. Car il faut préciser que ces gags s'adressent plus spécialement à la gent féminine.

« Les Sisters » (tome 6), Bamboo, 10,40 € 

vendredi 25 novembre 2011

BD - Amour et flingues dans "Le temps de vivre" de Piatzszek et Séra

Impossible de faire plus sombre que la nouvelle BD écrite par Stéphane Piatzszek. Après « Fête des morts », déjà assez gratinée côté pessimisme, voici « Le temps de vivre ». On pourrait d'ailleurs prolonger le titre pour qu'il soit plus explicite : « Le temps de vivre... est court avant de mourir. » 

Séva vit de petits boulots pas toujours très honnêtes, jamais bien payés. La discipline dans laquelle il excelle ne lui sert plus : tireur d'élite. Séva aime Mona, la patronne d'un café de cette banlieue sans âme. Mais Mona est toujours sous la coupe de Mario, le père de sa fille, Agathe. Mario est un voyou de la vieille époque. Il est sur le point de passer la main. Les bandes de jeunes des cités se sentent de plus en plus à l'étroit. Ils veulent « acheter » le secteur de Mario. Un marché de dupes. Mario sait qu'il a toutes les chances d'être abattu une fois la transaction effectuée. 

Il demande donc à Séva de le protéger, lui promettant à la clé un pactole pour qu'il puisse aller s'installer au Sud avec Mona et Agathe. 

Cette intrigue, complexe, aux nombreux rebondissements, est illustrée par Séra. Fonds noirs, grandes cases, dessins pleine page, il rend l'ambiance encore plus trouble. Plus qu'une simple BD, un roman graphique, mais noir, très noir.

« Le temps de vivre », Futuropolis, 20 € 

jeudi 24 novembre 2011

Polar - Deux voyous et la nature

Ce roman policier signé Bruno Gallet se déroule en grande partie sur le Causse. Deux jeunes voyous vont y rencontrer une nature rédemptrice.

Bien plus qu'un simple roman policier, « Des voyous magnifiques » de Bruno Gallet est aussi un formidable voyage dans la nature rude du Causse en hiver. Elle va s'imposer comme le véritable personnage central d'un roman virant au final à la quête rédemptrice.

Tout débute dans une petite ville du Sud des Alpes. Tuscan et Abel ont décidé de braquer une banque. Les deux amis, un peu voyous, surtout marginaux, n'ont pas préparé grand chose. Abel attend dans la voiture, Tuscan se dirige vers les guichets. Il croise le directeur, lui explique qu'il doit ouvrir le coffre, tout en le menaçant d'un fusil de chasse. Manque de chance, le rond-de-cuir veut jouer aux héros. « La déflagration retentit alors, faisant exploser sa tête comme les melons pourris qu'Abel jetait autrefois du pont de Plan-d'Orgon sur le pare-brise des voitures qui, en dessous, filaient sur l'autoroute. »

Sous la neige

Un braquage calamiteux qui continue à tourner vinaigre quand Abel ne parvient plus à démarrer la voiture volée quelques heures plus tôt. C'est à pied que les deux apprentis gangsters prennent la fuite, sous les regards de plusieurs témoins. A un feu rouge, ils montent d'autorité dans une camionnette frigorifique et poursuivent leur cavale vers les montagnes. C'est une idée de Tuscan, le leader, le cerveau du binôme.

La neige commence à tomber et partir vers les hauteurs est très risqué. Un plan qui paye, ils ne croisent pas une seule voiture de gendarmerie. Après un grand détour, ils reprennent la direction de leur planque, la maison de la sœur de Tuscan, sur le Causse.

Tout se passe bien au début et à nouveau la malchance. Pris en chasse par des gendarmes, sur une route de montagne rendue glissante par la neige, ils chutent dans un ravin. Cela leur permet d'échapper aux forces de l'ordre, mais les oblige à poursuivre leur route à pied. Et accompagné car ils font une étonnante découverte à l'arrière du véhicule volé.

Nature grandiose... et hostile

Le roman prend alors son envol humaniste et naturaliste. Humaniste car Abel et Tuscan, dont on apprend l'enfance par brides distillées par l'auteur, se révèlent plus gamins perdus que grands bandits. Certes ils sont malhonnêtes, mais c'est pour survivre. Et ils ont plus de compassion pour leur prochain que des notables bien sous tous rapports. C'est en débutant leur cavale à pied que la nature entre en force dans le roman. Cela donne des passages d'une grande beauté comme cette découverte, par Abel, du Causse : « Bientôt le sol se couche sous leurs pas et aux effluves gras des terres d'en bas succède progressivement le parfum âpre et poivré du Causse. Le talus qui leur masquait la vue bascule alors devant eux pour dévoiler d'un coup un plateau fluorescent raboté par les vents et filant sous une lune platine jusqu'à un horizon impeccablement rectiligne. Au-dessus, le ciel a des airs de planétarium tant la lumière des étoiles qui le tapissent paraît artificielle. » La nature ne se montrera pas très généreuse pour les fuyards. Ils parviendront cependant à se cacher des forces de l'ordre, découvrant les entrailles de la région avec leur petit fardeau mais si encombrant.

Un road movie sans route ni voiture, mais au cœur d'une région merveilleusement décrite par Bruno Gallet.

« Des voyous magnifiques », Bruno Gallet, Anne Carrière, 18,50 € 

mercredi 23 novembre 2011

BD - Poésie champêtre avec l'intégrale de Sibylline de Macherot


Chlorophylle, Chaminou, Sibylline... la bande dessinée animalière était très à la mode à une certaine époque. Et le pape du genre était Raymond Macherot. Ses petits personnages étaient des vedettes des hebdos pour jeunes durant les années 50 à 70. 

Ce dessinateur poète, récemment disparu (en 2008), sort de l'oubli avec le premier tome d'une superbe intégrale des histoires de Sibylline. Une petite souris vivant dans un monde champêtre dont le calme est sans cesse remis en cause par les manigances du méchant de service, le rat Anathème. Dans ces 200 pages vous relirez les récits complets publiés entre 1965 et 1969, avec de très nombreux inédits en albums. Une bouffée de poésie champêtre.

« Sibylline, l'intégrale » (tome 1), Casterman, 25 euros 

mardi 22 novembre 2011

BD - Humour familial avec la réédition de César de Tillieux chez Dupuis


Maurice Tillieux, auteur complet des éditions Dupuis, a marqué deux décennies de lecteurs. Par ses séries d'action (Gil Jourdan, Félix, Tif et Tondu) mais également ses productions humoristiques. César, personnage principal de 299 gags, a débuté sa carrière en 1959. Cette ultime édition intégrale reprend toutes les planches et les couvertures de Spirou. 

C'était de l'autofiction avant la lettre puisque le créateur belge s'inspirait de sa vie pour se moquer de ce dessinateur de cartoon. César avait toutes les difficultés à se concentrer sur son travail quand sa petite fille, l'espiègle Ernestine, était dans les parages. 

On redécouvrira avec ravissement le ton moderne et novateur typique des BD de Tillieux.

« César, l'intégrale », Dupuis, 39 euros 

dimanche 20 novembre 2011

BD - Ange blond en Palestine pour la venue de Jésus : un pavé en couleurs signé Michel Faure


200 pages toutes en couleurs directes, cet album de Michel Faure en impose d'abord par sa densité graphique. Et puis on plonge dans l'histoire et on est entraîné en Galilée, sur les traces de la vérité sur la naissance de Jésus Christ. 

Un ange est apparu à la vierge Marie et lui a annoncé la naissance de Jésus. Ce que cette BD révèle, c'est qu'un autre ange est envoyé sur terre pour trouver celui qui sera digne d'être le père de l'enfant. 

Un ange qui a les formes alléchantes d'une jeune femme blonde. Sa quête est parsemée de difficultés. Esclave, prisonnière, battue, violée, elle découvre toute la violence du monde des humains. Pourtant elle accomplira sa mission et fera même un peu plus.

« Jésus Marie Joseph », Glénat, 30 euros 

samedi 19 novembre 2011

Billet - Le second scandale DSK

Les blagues de potaches sont rarement de bon goût. Celle-là fait de plus en plus parler d'elle. Des associations d'étudiants organisent à Nantes, le 24 novembre, une soirée dans une boîte de nuit. Intitulée Tonus DSK, l'affiche montre une charmante jeune femme en tenue de soubrette, l'œil aguicheur, demandant « Ben dis donc on te voit plus à l'hôtel... ? »

Pourquoi avoir associé DSK à cette soirée ? Simple, ce sont les étudiants de Droit, Santé et Kiné qui l'organisent. DSK en abrégé. Une séance de brainstorming plus tard, cela donne cette affiche qui circule à toute vitesse sur les forums du net. Certains syndicats étudiants se sont offusqués, d'autres saluent cette trouvaille qui ne fait que rebondir sur une actualité s'enrichissant chaque jour de détails croustillants. La boîte de nuit, elle, se frotte les mains : les réservations explosent.

Enfin, dernier détail qui tue, les transports en commun nantais proposent une navette de nuit. Le départ, cela ne s'invente pas, est prévu... Hangar aux bananes. 

vendredi 18 novembre 2011

Billet - Allumer le feu

Être fan de Johnny Hallyday n'empêche pas d'être suicidaire. Un homme de 52 ans a failli mourir lundi dernier en mettant le feu à son canapé. Peut-être chantait-il à tue-tête « Allumer le feu ! » (1998) au moment de l'intervention des pompiers, prévenus par les voisins.

L'article de l'Est Républicain relatant ce fait divers précise que le suicidaire, « alcoolique notoire était surnommé Johnny dans le quartier en raison de sa propension à entonner à toute heure les tubes de son idole », n'en est pas à son coup d'essai. En juin dernier il avait déjà essayé de mettre fin à ses jours au gaz. Au son de « C'est du vent », chanson interprétée par son idole en 1989 ? Les voisins ne le savent pas, mais ils ont été soulagé d'apprendre que finalement Johnny se retrouve derrière « Les portes du pénitencier » (1964) pour trois mois après avoir été jugé en comparution immédiate. Son explication, « Je crois qu'il me rend fou » (1967) n'a pas convaincu les juges...

La surveillance sur le net se révèle de plus en plus efficace dans la prévention des suicides. Des résultats chiffrés par la police judiciaire : en 2010 il y a eu 181 interventions liées à de possibles tentatives.

Par contre le taux de suicide chez les adolescentes américaines risque de monter en flèche après le piratage massif de comptes Facebook. A quoi vivre après la découverte sur son mur d'une photo pornographique gay (un montage) de son chanteur préféré : Justin Bieber... pas Johnny Hallyday. 

jeudi 17 novembre 2011

BD - "Marivaudevilles" : une comédie humaine multiple par Martin Veyron


Le nouvel album de Martin Veyron est un petit bijou. Le type d'album qui vous étonne dans les premières pages puis vous scotche littéralement au récit. L'auteur de « L'amour propre » semblait avoir tiré un trait sur la BD. Il revient pourtant avec une idée simple et enthousiasmante. Les 48 pages de « Marivaudevilles de jour » forment un unique plan séquence dans lequel quantité de personnages vont entrer puis sortir. 

Cela débute au lit. Une jeune femme se réveille dans une chambre qu'elle ne reconnaît pas. Dans la pièce d'à côté un homme dort dans le canapé. Elle panique et lui demande : « Est-ce qu'on a fait l'amour ? ». La scène se déroule sous les yeux d'une autre femme, à sa fenêtre en petite tenue. Elle annonce à son ami qu'elle va le quitter. Lui part travailler et au passage pour piétons, il croise un aveugle qui va draguer ouvertement une passante qui « sent bon ». 

Plus loin, l'action se poursuit en terrasse, un gros gars timide aborde une gentille fille à lunettes... Sans cesse les couples vont se faire, se défaire, et parler de ce qui fait le sel de la vie selon Martin Veyron : l'amour, le sexe, l'amour et encore le sexe. L'exercice de haute volée est l'œuvre d'un virtuose du dialogue. La plus belle surprise BD de cette fin d'année.

« Marivaudevilles de jour », Dargaud, 13,95 € 

mercredi 16 novembre 2011

BD - Mort, terre inconnue explorée par les Thanatonautes de Bernard Werber


La mort, et après ? Cette question est à la base du roman « Les Thanatonautes » de Bernard Werber paru en 1994 chez Albin Michel. Aujourd'hui c'est une adaptation en bande dessinée qui est proposée par Drugstore. Corbeyran a assuré l'adaptation, Taranzano le dessin. Michael Pinson et Raoul Razorbak se connaissent depuis l'enfance. Ils se sont rencontré dans un cimetière et sont tous les deux passionnés par la mort. 

Après leurs études, ils se retrouvent pour collaborer à un projet gouvernemental top secret. Le président actuel, après un attentat qui l'a laissé pour mort quelques minutes, a eu l'impression de sortir de son corps et de s'élever. Intrigué, il veut savoir ce que cette expérience veut dire et il charge les deux jeunes scientifiques de trouver un moyen de maîtriser cet état. Pinson va longuement hésiter car les cobayes sont humains. 

Des condamnés à la prison à vie, tous volontaires. Les échecs se multiplieront. Mais Razorbak, le plus passionné, va sans cesse chercher le bon sujet, celui qui lui donnera la clé des cette nouvelle « terra incognita ». La BD est aussi passionnante que le roman et donne immédiatement l'envie de se plonger dans ce roman de Werber, pas le plus connu mais souvent le plus apprécié de ses lecteurs réguliers.

« Les Thanatonautes » (tome 1), Drugstore, 13,90 € 

mardi 15 novembre 2011

BD - Enquête méditerranéenne en 205 avant JC par Isabelle Dethan


Leptis Magna a longtemps été une grande cité impériale d'Afrique du Nord. Aujourd'hui il n'en reste que des ruines près de la ville de Homs en Libye. En 205, la ville est en émoi. Pour la troisième fois, le corps d'un enfant vient d'être retrouvé. Violé, assassiné et momifié à la façon des prêtres égyptiens. Si ce n'était que de simples esclaves, la communauté romaine n'en aurait pas fait grand cas, mais ce sont des fils de notables qui sont enlevés puis assassinés. 

L'affaire est suffisamment sérieuse pour que l'empereur Septime Sévère envoie de l'autre côté de la Méditerranée son meilleur enquêteur, Marcus Seïus Dento. Cet homme de bons sens, fin psychologue et enquêteur scientifique avant la lettre va tenter de débusquer le tueur en série. Il devra pour cela affronter la fronde des colons, persuadés que ce sont les religieux de la communauté égyptienne les responsables. Marcus devra mettre en balance toute son autorité impériale pour empêcher un massacre aveugle. 

Cette nouvelle série (prévue en trois tomes) est la dernière création d'Isabelle Déthan. Elle quitte l'Égypte pour l'empire romain. Mais sa reconstitution de la cité et des mœurs de l'époque sont toujours impeccables. Le suspense en plus.

« Les ombres du Styx » (tome 1), Delcourt, 13,50 € 

lundi 14 novembre 2011

Billet - Twitte avec les stars

Après la réalité augmentée, internet nous offre la télé commentée. Quand on regarde une émission, on ne peut s'empêcher de la commenter, critiques, louanges, voire moqueries. Jusqu'il y a peu, ces remarques se limitaient au cercle familial. Maintenant tout le monde peut en profiter grâce aux réseaux sociaux, Twitter notamment.

Samedi soir se déroulait en direct sur TF1 la demi-finale de « Danse avec les stars ». Et que ça twitte à tire-larigot. Deux mondes s'opposent radicalement. Les premiers degrés : « Baptiste il est trop beau » « Il faut sauver Sheila », et ceux qui mettent l'émission en perspective. Grâce à cette traduction simultanée, le show prend une tout autre saveur.

Ce samedi, le décolleté (plus que profond, abyssal...) de Sandrine Quétier, la présentatrice, fait beaucoup d'impression à Guy Birenbaum : « La dame qui présente est globalement à poil ». Pierre Courade redoute (avec le désir secret que cela arrive ?) « Faut qu'elle fasse attention Sandrine Quétier... On n'est pas loin d'un incident à la Sophie Marceau sur les marches de Cannes. »

Beaucoup se demandent aussi qui sont ces fameuses stars : « Les stars on les connais tellement pas qu'on prend les danseurs pour les vedettes. »

Et si la variété et la danse ne sont pas votre tasse de thé, rassurez-vous, selon @somebaudy, « Arte préparerait "Pense avec les stars" : BHL pensera avec Sophie Marceau, Michel Onfray avec Daniela Lumbroso, etc. » Alléchant ! 

Roman - Vous êtes licorne ou zombie ?

Un match littéraire oppose deux équipes de six auteurs. Les histoires de Zombies vont-elles terrasser les récits de licornes ? Un recueil de nouvelles original.

Holly Black, amoureuse des licornes, et Justine Larbalestier, fan de zombies, se sont lancé un formidable défi : convaincre le plus de lecteurs possible de rejoindre leur camp ! Deux équipes de six auteurs célèbres ont choisi leur créature préférée...

Ce recueil de nouvelles peut se lire de plusieurs façons. De façon linéaire, vous alternerez récits de zombies et histoires de licornes. Mais si vous avez une préférence déjà marquée, contentez-vous des six nouvelles concernant les morts-vivants ou les créatures de légende. Dernière possibilité, se contenter des dialogues de liaison entre Holly et Justine. Dans un style alerte et parfois moqueur, elles vantent leur équipe et dénigrent l'adversaire. Holly Black trouvant dans la nouvelle « Bougainvillées » de Carrie Ryan « l'une des caractéristiques des zombies les plus énervantes à mes yeux : ils ne s'arrêtent jamais, ils ne ralentissent jamais et ils finissent toujours par gagner. Je déteste ça ». Justine Larbalestier n'est pas en reste quand elle remarque, en préambule de la nouvelle « La troisième vierge » de Kathleen Duey, « Qui aurait cru que les licornes étaient des grosses pleurnichardes comme ça ? Les zombies, eux, ne perdent pas vraiment leur temps à gémir sur le prix à payer pour dévorer des cerveaux. » Ces dialogues de liaison apportent un intérêt supplémentaire à ce livre, qui pourtant n'en avait pas réellement besoin tant les auteurs sélectionnés signent des textes passionnants.

Côté licornes on passe du très classique « La plus haute justice » de Garth Nix au totalement déjanté « Princesse Petite-Culotte » de Meg Cabot. Dans le camp des zombies l'éclectisme aussi est de mise. Scott Westerfield par exemple imagine dans « Inoculata » un monde coupé en deux. D'un côté les humains, sains, de l'autre les Zèdes, malades, affamés de cervelles. Mais tout à coup apparaissent des porteurs sains. Plus tout à fait humains, pas complètement zombies. L'avenir de l'Humanité peut-être ?

L'amour Z

S'il est question de zombies pirates, partant à l'assaut de l'île de Curaçao dans le très pessimiste « Bougainvillées », ne manquez surtout pas la première nouvelle zombie, « Love will tear us apart » d'Alaya Dawn Johnson. Une splendide histoire d'amour. Grayson est un zombie qui peut passer inaperçu. Mais pas se priver de manger. Donc, régulièrement, l'adolescent s'inscrit dans des universités américaines et puise dans ce vivier inépuisable de cervelles. Et puis un jour il croise la route de Jack, jeune rebelle sous l'influence de son père, violent, ancien de la CIA. Le coup de foudre peut-il changer Grayson ? Et lui, peut-il séduire Jack ? Presque une histoire à l'eau de rose, virant au rouge vif.

Enfin, si ces deux genres littéraires vous sont inconnus, les liaisons entre les nouvelles sont un excellent mémo. Holly Black et Justine Larbalestier répondent à diverses questions, sur les couleurs des licornes, leurs pouvoirs et faiblesses, les origines des zombies, leur alimentation et autres caractéristiques médicales. Plus prosaïquement ce recueil répond à des interrogations terre à terre comme : Savez-vous comment élever un bébé licorne ? Certains people seraient-ils des zombies ? Une licorne peut-elle vous débarrasser de votre ex ?

« Zombies contre licornes », Fleuve Noir collection Territoires, 16,90 € 

dimanche 13 novembre 2011

Billet - Vendre, acheter... rire avec les petites annonces les plus délirantes du net

L'arrivée des sites de petites annonces gratuites est une véritable mine pour les pourfendeurs de fautes. La mise en ligne directe, sans aucune relecture, transforme certaines annonces en poèmes surréalistes. Depuis quelques semaines, le site « LOL annonces » les compile. Allez-y, le fou rire est assuré.

Vous cherchez des marque-pages de collection ? Une annonce en propose 25 pour 4 euros. Mais pour y arriver, vous devrez préciser que ce sont des « marco page colecsion ». Chance pour vous ils n'ont jamais servi car « ce ke de neuv ». A l'inverse, si vous cherchez « 3 mousquetaires violés » (on ne vous demandera pas pourquoi), vous serez déçu en découvrant la photo de trois moustiquaires violettes...

Parfois une simple faute de frappe change le sens de l'annonce. Non, à Aix-en-Provence, ce vendeur ne fait pas dans le proxénétisme en vous proposant une « cagole très chaude ». Il a simplement oublié le U de sa cagoule.

On vend de tout sur internet, même un cercueil. Le texte explicatif est digne d'entrer au panthéon de l'humour noir : « Suite à guérison maladie grave je vends mon cercueil tout neuf, jamais servi. » Pour le prix, « j'étudie toutes les propositions car je suis complètement fauché. Comme je devais mourir, j'ai dépensé tout mon fric. »

Tout aussi étonnant ce « A vendre femme ou moto » : « Ma femme m'a demandé de choisir entre elle ou la moto... Je commence donc par proposer ma femme... » Mais là c'est volontairement humoristique, car en photo il n'y a que la moto. 

samedi 12 novembre 2011

BD - Le billet énigmatique de Caroline Baldwin


La quinzième aventure de Caroline Baldwin, la privée imaginée par André Taymans, s'intitule « L'ombre de la chouette ». Problème, de chouette, je n'en ai pas vu la moindre plume dans les 45 planches de l'album. Mais en dehors de ce titre énigmatique, l'album se laisse lire. Il est même assez rapidement passionnant, Taymans sachant parfaitement structurer ses histoires pour faire monter la pression. 

Les premières scènes n'ont pas de lien entre elles : découverte d'un cadavre ayant la carte de visite de Caroline dans son portefeuille, mission d'Adam Scott (l'amant de Caroline), en France sur une affaire de blanchiment d'argent puis tentative de démasquer des fanatiques religieux d'un nouveau genre : malades incurables, ils veulent contaminer le plus de personnes possibles, la présidente des USA en priorité. Le détail commun sera découvert par Caroline quand elle voudra payer une nouvelle tournée (l'héroïne aime un peu trop le scotch...) à un ami policier. 

Première partie d'un nouveau diptyque, cet album laisse plus de questions que de réponses. Mais c'est tout l'intérêt de ces séries feuilletonnantes.

« Caroline Baldwin » (tome 15), Casterman, 11,95 €

vendredi 11 novembre 2011

BD - La chute de l'ange, second tome de "La 6e heure"

En quelques années, la collection « Secrets du Vatican » de chez Delcourt a fait son chemin et trouvé son public. Une quinzaine de séries, plus de trente albums, les amateurs de machination religieuse ou de fantastique à base d'écritures bibliques ont trouvé de quoi lire, dans la lignée du succès du « Da Vinci Code » ou de la recherche du trésor perdu des Templiers. 

Nicolas Pona, jeune plume talentueuse (scénariste de Déluge et Le cycle d'Ostruce) s'est emparé de cet univers pour raconter, à sa façon, le retour sur terre des trois Parques. Le second tome de « La 6e heure » débute par le suicide d'un haut dignitaire religieux. La chute de l'ange, direct du balcon de sa luxueuse villa au toit de sa voiture. En parallèle, les policiers enquêtent sur le meurtre de toute une triade chinoise par une jeune femme muette. Elle est accompagnée d'une vieillarde aveugle et d'une fillette espiègle et sarcastique.

 Ces trois femmes, les Parques, seraient de retour pour tuer un dieu secret. Une religieuse va se mettre en travers de leur route et le récit s'animer. On débute avec des personnages secondaires humoristiques, puis le suspense va crescendo pour finir dans une apothéose d'hémoglobine dessinée par Ferreyra, un Argentin au trait classique déjà rodé par des années de collaboration chez DC Comics aux USA.

« La 6e heure » (tome 2), Soleil, 13,50 € 

jeudi 10 novembre 2011

BD - "Sous l'entonnoir", asile intérieur raconté par Sibylline et dessiné par Natacha Sicaud


Il y a quelques années, Sibylline, adolescente, a fait une tentative de suicide. Sa famille a demandé à ce qu'elle soit soignée dans une clinique psychiatrique. Durant un mois elle va découvrir l'enfermement, les malades et les médicaments qui assomment. Un mois qu'elle raconte dans cette BD dessinée par Natacha Sicaud. Pour bien comprendre l'origine du mal, elle explique comment, à 7 ans, elle a appris que sa mère ne viendrait jamais plus la chercher à la sortie de son cours de danse. Suicidée d'un coup de carabine dans le ventre. Forcément, cela laisse des traces sur la fillette élevée par ses grands-parents. Serait-elle un terrain sensible à la dépression ? Cette crainte est renforcée après une première tentative de suicide. Une TS comme disent ceux qui en font régulièrement...

Dans la clinique, elle raconte les matinées interminables, les crises des uns, les silences des autres. Ce petit monde clos, image même de la folie, elle l'analyse et nous le fait ressentir. Les dessins réalistes de Natacha Sicaud, surtout les visages, donnent un relief encore plus terrifiant à cette chronique d'un enfermement. Aujourd'hui, Sibylline va mieux, elle n'est plus « sous l'entonnoir »...

« Sous l'entonnoir », Delcourt, 17,50 € 

mercredi 9 novembre 2011

Billet - Indignation en direct

La grande force d'internet, c'est l'immédiateté. Et l'absolue liberté.

Saviez-vous que depuis vendredi soir, à l'image des Américains campant devant Wall Street, des centaines d'Indignés français occupent le parvis de la Défense ? L'information n'a pas fait les gros titres des médias traditionnels, mais est de plus en plus présente sur le net via les réseaux sociaux. La vie sur ce campement de fortune, fait de tentes, de duvets et de cartons, démonté sans ménagement (détruit plus exactement...) par des cohortes de gendarmes mobiles, est diffusée en direct sur le site de partage Bambuser.com. Les smartphones des Indignés sont autant de caméras quand ils sont connectés sur la page. Ils retransmettent les assemblées générales, l'arrivée des nouveaux manifestants et... les charges des forces de l'ordre.

« C'est de la vraie téléréalité ! » s'enthousiasme un commentateur de ce live. Pas sûr à 100 % car il faut reconnaître un talent théâtral certain aux manifestants quand, traînés par les pieds, ils crient : « on est pas méchant, on fait rien de mal ! ».

Des images encore plus étonnantes en journée. Au loin, les gendarmes surveillent, au milieu, les manifestants se réveillent (ils dorment sur place à même le sol), tout autour, la cohorte de cadres pressés marche vers les bureaux du plus grand quartier d'affaires parisien. Plusieurs mondes s'opposent sur cette immense scène de la vie moderne. Et internet nous permet d'en être le témoin direct. 

Biographie - Frédéric Dard, dernière ! Entretiens inédits avec le père de San-Antonio

Plus de 10 ans après la mort de Frédéric Dard, Francis Gillery et François Rivière publient des entretiens inédits avec le père de San-Antonio.

Serial-écrivain ayant des centaines de titres à son actif, Frédéric Dard a longtemps vécu dans l'ombre de son personnage vedette, San-Antonio. Ils sont pourtant nombreux a avoir tenté de casser la carapace et de comprendre l'homme, le romancier, le raconteur d'histoires. En 1995, Francis Gillery et François Rivière se sont longuement entretenus avec Frédéric Dard dans le cadre de la préparation d'un documentaire télévisé. Ce sont ces passages, non retenus dans le montage final, qui sont repris dans ces 200 pages 100 % Dard.

Famille, origines, amours : on en apprend beaucoup en lisant de livre. De ses racines paysannes et lyonnaises, Frédéric Dard conserve surtout cet amour pour sa grand-mère. C'est elle qui lui a donné l'envie de raconter des histoires. Comme quand il a imaginé qu'un avion s'était posé dans un champ près de la ferme. Au début c'est un petit mensonge, puis cela devient une véritable histoire, l'aviateur a même un nom.

 L'écriture, un véritable vice

 De son enfance à Lyon, Frédéric Dard se souvient de la pauvreté de ses parents. Pourtant il est heureux. Et en ces temps difficiles (c'est la seconde guerre mondiale), il trouve du travail dans un journal local. Apprenti journaliste il y rencontrera les premiers personnages qui lui inspireront les Bérurier, Pinaud et autres Félicie. Le jeune homme ne se reconnaît qu'un seul vice ; l'écriture. Il a besoin, chaque jour, de passer plusieurs heures derrière sa table de travail à imaginer des histoires. Plusieurs romans paraîtront grâce à un éditeur lyonnais. Sans grand succès.

 Après la Libération, marié, père de famille, il décide de « monter à Paris » pour réussir. Il se donne six mois. Ce sera effectivement le temps qu'il lui faudra pour convaincre un éditeur, Armand de Caro, le créateur des éditions Fleuve Noir.

 Réussite enivrante

La mode est aux héros américains. Il donnera le nom d'une ville texane à son personnage principal. San-Antonio est né. Une première histoire était parue à Lyon, Armand de Caro veut que Frédéric Dard continue dans la même veine. Mais l'éditeur impose ses conditions : « Il faut une programmation, explique-t-il à Frédéric Dard. Alors vous allez entrer en San-Antonio comme d'autres rentrent en religion et vous allez me pondre des San-Antonio et moi je me charge du reste. » Rapidement les tirages explosent, le commissaire devient une légende, chaque nouvelle aventure est attendue par des milliers de fans. Et Dard de se souvenir de cette époque : « c'était quelque chose de grisant, vraiment de grisant parce que toute réussite est enivrante. » Le succès, la fortune mais le doute aussi, « sincèrement, ça me culpabilisait presque. » Conséquence, une période noire, qu'il évoque entre les lignes, notamment ce jour où il a tenté de se suicider.

 Ensuite il y a eu la Suisse, son nouvel amour (avec la fille de son éditeur), et une sorte d'équilibre avec des romans plus ambitieux venant casser la routine des San-Antonio. Ces entretiens, réalisés 5 ans avant sa disparition, montrent un homme apaisé, conscient de son œuvre, heureux de vivre, enchanté surtout de se souvenir de sa jeunesse simple et gaie dans l'ombre protectrice d'une grand-mère aimante.

« Je me suis raconté des histoires très tôt », propos inédits de Frédéric Dard recueillis par Francis Gillery et François Rivière, Fleuve Noir,13 € 

mardi 8 novembre 2011

Billet - Que la Force les pardonne

Rickie Latouche a basculé du côté obscur de la Force. Ce Britannique, fan de Star Wars depuis sa petite enfance, vient d'être condamné à la prison à vie pour le meurtre de sa femme. C'est en découvrant qu'elle venait de détruire intentionnellement ses figurines de Dark Vador et Luke Skywalker qu'il a craqué. A défaut de sabre laser sous la main, il l'a étouffée avec un coussin...

Avec internet, pour les passionnés, les univers imaginaires surfent à la limite de la réalité. Star Wars est un must du genre. Vous pouvez même participer à l'élaboration de la saga en contribuant à Wiki Star Wars, une encyclopédie interactive entièrement consacrée au monde créé par Georges Lucas. Les personnages sont entrés dans l'imaginaire populaire.

Dernier exemple en date avec ce spot publicitaire où un gamin déguisé en mini Dark Vador tente d'utiliser la Force pour influencer son entourage. Sans effet sauf sur la voiture qu'il parvient à démarrer à distance... avec l'aide de son père qui a la télécommande en main.

Beaucoup croient à l'existence de la Force, mais elle ne leur sera d'aucun secours contre le ridicule. Tel cet adolescent américain, un peu enrobé, qui, prenant le manche d'un balai et le faisant tournoyer dans tous les sens comme une majorette épileptique, se transformera en un seigneur Jedi expert en maniement de sabre laser. Tout au plus sera-t-il la risée des 23 millions d'internautes qui ont visionné la vidéo... 

BD - Jonathan au Japon sur les traces d'Atsuko, avec Cosey


Jonathan, voyageur infatigable imaginé par Cosey, nous revient pour un périple au Japon. C'est au cœur de montagnes enneigées qu'il va retrouver Atsuko, une jeune femme rencontrée quelques semaines plus tôt en Birmanie. Il désire lui remettre un carnet intime tenu par sa tante et contenant une mystérieuse touffe de cheveux. 

En 54 pages d'une beauté lumineuse, l'auteur suisse conte une histoire de famille déchirante, avec des haïkus en toile de fond. La parution de ce 15e tome des aventures de Jonathan correspond à la sortie du beau livre « Une autobiographie imaginaire en BD », entre monographie, art book et carnet de voyage.

« Jonathan » (tome 15), Le Lombard, 11,95 € (édition grand format avec 16 pages d'aquarelles à 15,95 €) 

lundi 7 novembre 2011

Billet - La cage aux Chevènement

Donc, Jean-Pierre Chevènement est candidat à l'élection présidentielle. « Pour faire bouger les lignes » à gauche a-t-il déclaré sur France 2. A 72 ans, l'ancien CERES (un courant du PS à ne pas confondre avec CRS, même s'il a brillé au ministère de l'Intérieur), veut faire entendre sa voix.

Une annonce qui n'a pas révolutionné le net. Au contraire, le réveil de cet ancien éléphant est devenu une attraction dans la nuit de samedi à dimanche sur twitter. Les utilisateurs du réseau social ont lancé un de ces jeux destiné à dégommer une personnalité. Frédéric « Zadig et Voltaire » Lefebvre en avait fait les frais en son temps.

Samedi, il était proposé de « remplacer un mot dans un titre de film par Chevènement ». Si certaines propositions tombaient à plat, d'autres se révélaient réellement hilarantes : « Comment réussir quand on est con et Chevènement », « Un Chevènement dans un jeu de quilles », « Autant en emporte le Chevènement », « On achève bien les Chevènement »... La palme revient à « La Vérité si Chevènement ? » suivi de près par « La vie est un long Chevènement tranquille » et « Le cercle des Chevènement disparus ».

Au final, je ne sais pas si le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen fera « bouger les lignes » et s'il gagnera beaucoup de voix en faisant campagne sur le net, mais il est sûr que côté moqueries, il est habillé pour l'hiver.

BD - Spirou et Fantasio sur la Lune, prisonniers de Zorglub !


Zorglub est une nouvelle fois au centre de la 52e aventure de Spirou et Fantasio. Kidnappés par le méchant emblématique de la série, les deux héros, animés désormais par Vehlmann et Yoann, se réveillent sur la Lune. Ils découvrent, sur sa face cachée, les laboratoires de Zorglub et un parc d'attraction réservé aux Terriens les plus riches. 

Spirou, malgré son habit de groom, charmera une vedette internationale et surtout perdra de sa gentillesse légendaire après une exposition prolongée aux rayonnements d'une explosion solaire. Très inventive dans la première partie, cette BD est plus classique dans le final avec un affrontement digne des duels de légende. 

Tout en restant dans la charte de la série, les auteurs amènent ce soupçon de modernité qui fait de Spirou un héros d'aujourd'hui... depuis plus de 70 ans.

« Spirou et Fantasio » (La face cachée du Z, tome 52), Dupuis, 10,45 € (édition collector grand format à 19 €)

dimanche 6 novembre 2011

BD - Hergé à nu dans une biographie dessinée par Stanislas


Son héros connait enfin la consécration sur grand écran : Hergé serait certainement très content de l'adaptation de Steven Spielberg. La réédition de la biographie illustrée de Georges Rémi, écrite par Bocquet et Fromental et dessinée par Stanislas, revient sur l'accord signé entre le créateur de Tintin et le réalisateur d'ET. 

En 72 pages on en apprend beaucoup sur la vie d'Hergé, de ses débuts chez les scouts (un carnet de croquis à la main), à ses derniers jours, beaucoup plus intéressé par l'art abstrait que la BD. Entre, il y a une œuvre ponctuée de rencontres, d'amour, de fâcheries et de dépression. La vie d'Hergé n'est pas aventureuse, elle n'en demeure pas moins passionnante.

« Les aventures d'Hergé », Dargaud, 15,95 € 

samedi 5 novembre 2011

BD - Pariez sur le flic de Monplaisir avec Brunschwig et Ricci

Dans un futur proche, un parc de loisirs pour adultes remporte un succès phénoménal. Sur plus de 300 000 hectares, Monplaisir permet à ses visiteurs d'assouvir tous leurs vices autour des jeux. Avant d'y entrer, on choisit un déguisement (de Dark Vador à Mickey en passant par Godzilla) et place au rêve. C'est cher, mais on ne regrette pas. Car en dehors de Monplaisir, même si ce n'est pas montré dans la BD de Brunschwig et Ricci, la vie n'est pas rose. C'est d'ailleurs ce marasme qui pousse Zacchary Buzz à quitter sa campagne. 

Mais il n'arrive pas dans le parc de loisirs avec un déguisement de client mais un uniforme d'apprenti d'Urban Interceptor, les flics privés de cette principauté du bonheur. Car à Monplaisir aussi il y a des faits divers. Des vols (réglés par des robots) et des délits plus graves réservés aux UI. Quand c'est un meurtre, le coupable, grâce aux multiples caméras de surveillance, est rapidement identifié. Il a cependant une chance de s'en tirer s'il remporte son duel avec le meilleur UI du moment. Une chasse en direct se transformant en jeu car il est possible de parier sur le vainqueur. 

Brunschwig, plus que la justice spectacle, invente la justice distraction. Le tout est dessiné par Roberto Ricci, jeune dessinateur excellant dans les couleurs directes et les ambiances à la Blade Runner.

« Urban » (tome 1), Futuropolis, 13 € 

vendredi 4 novembre 2011

BD - « L'astrolabe de glace » ou à la recherche d'un livre rare


Trois personnes, aux parcours totalement différents, se retrouvent à Rome, en 1527, à la recherche d'un livre rare, « Les éphémérides perdues », seule clé permettant de faire fonctionner l'astrolabe de glace. Il y a le musulman Bashir el Hassad, astrologue à moitié fou; Rolf le Borgne, lansquenet au service du général Von Frundsberg et Fiamma, la prostituée chiromancienne, actuelle détentrice du livre tout à fait par hasard. Trois univers, trois quêtes différentes dans un pays en plein bouleversement. 

Le Vatican, replié à Rome qui a perdu de sa superbe, doit faire face à la montée de l'Islam (déjà...) et aux mercenaires des Luthériens. Pourtant Rome est toujours la plus riche de toutes les cités d'Europe et le pape, lui aussi à la recherche du livre, est confiant dans sa puissance. Le contexte historique est parfaitement détaillé dans le scénario de Luca Blengino, mais la première partie de cette nouvelle série italienne vaut surtout pour les dessins d'Antonio Palma. Ce jeune peintre romain est un visagiste virtuose. 

Tous ses personnages ont des « tronches » qui donnent encore plus de violence à cette BD. Chaque case est un petit tableau, l'album formant au total une superbe exposition rehaussée d'un cahier graphique avec de très belles recherches au fusain.

« L'astrolabe de glace » (tome 1), Delcourt, 13,95 € 

jeudi 3 novembre 2011

BD - Feuilles volantes pour un hors-série des Fonctionnaires

En cette période de crise économique et de coupes sombres dans les budgets de l'Etat, ce nouveau recueil de gags des Fonctionnaires pourrait avoir de graves conséquences sur la fonction publique. Il suffit qu'un ministre découvre comment travaillent certains de ses administrés pour qu'il décide de réduire les fournitures en élastiques, post-it et autres trombones. 

Car pour Juste, Mélissa ou Riboulet, quelques uns des personnages récurrents de la série de Bloz (dessin) et Béka (scénario), ces ustensiles servent essentiellement aux pauses (qui sont très nombreuses, il faut le reconnaître). La caricature de cette corporation depuis toujours tête de Turc des Français (ceux qui sont persuadés de travailler plus, ce qui est rarement le cas...) remporte un beau succès. Certainement car elle n'est pas trop au vitriol. 

Au final, ils sont tous très sympathiques ces fonctionnaires, un peu tire-au-flanc, mais pas méchants et souvent investis dans leur mission, comme quand Juste est fier d'avoir bouclé un dossier en moins d'une heure. Un record qui dans d'autres conditions lui permettrait de remporter une distinction bien méritée. En cadeau, un cahier reprenant quelques perles de l'administration, véridiques cette fois, comme ce laconique « Notre réponse affirmative est donc non ! »

« Les Fonctionnaires » (hors série), Bamboo, 10,50 € 

mercredi 2 novembre 2011

Roman - Betty l'ensorceleuse, polar à la Simenon d'Arnaldur Indridason

Dans la froideur de l'Islande, le machiavélisme d'une femme trop belle fait plusieurs victimes. Un polar « à la Simenon » par Arnaldur Indridason.

Depuis « La cité des jarres », son premier polar publié en France, Arnaldur Indridason s'est imposé comme un maître du polar nordique. Il ne vient pas de Suède mais d'Islande, un pays encore plus dur et froid. L'hiver arctique sans fin a des conséquences très néfastes sur le moral des habitants de cette vaste île volcanique perdue dans l'Atlantique Nord. Son héros récurrent, par exemple, le commissaire Erlendur Sveinsson, est l'exact opposé d'un joyeux boute-en-train. Dans « Betty », polar écrit en 2003 soit avant l'apparition d'Erlendur, Arnaldur Indridason semble vouloir rendre un hommage à Simenon, maître du roman policier sombre, aux ambiances lourdes de sous-entendus, de non-dits et de machiavélisme.

Betty, une apparition

Le narrateur est en garde à vue. La police l'accuse de meurtre. Il reste muré dans son silence. Refuse de collaborer. Et se souvient. Le texte alterne courtes scènes d'interrogatoire et longs retours en arrière pour planter le cadre de ce drame. Tout débute quand Betty fait son apparition dans une salle de conférence. Il y était question de quotas de pêches européens, la spécialité du narrateur après ses études juridiques. Betty est la femme d'un riche armateur islandais. Betty est ensorcelante. « Elle avait une robe moulante avec de minces bretelles qui laissaient voir ses gracieuses omoplates, son abondante chevelure brune lui retombait sur les épaules et ses yeux étaient enfoncés, bruns avec une pointe de blanc qui étincelait. Et quand elle souriait... » Le coup de foudre est immédiat, la suite de plus en plus torride, « J'essayais de feindre l'indifférence, plus exactement j'essayais de ne pas la fixer. Ses seins étaient petits et on devinait les mamelons qui pointaient sous la robe. » Betty est là pour proposer un travail, se mettre au service de son mari, pêcheur ambitieux, malheureusement limité quand il s'agit de négocier des quotas avec les instances de la communauté européenne.

Femme fatale

La femme au service du mari se révèle être aussi une femme battue. Et au bout de quelques semaines elle va tomber dans les bras de ce narrateur qui aujourd'hui semble vouloir la défendre tout en la haïssant. Que s'est-il passé exactement entre ce trio classique ? Le lecteur le découvre par petites touches, avec une prouesse de l'auteur qui parvient à placer un coup de théâtre au milieu de son texte. Une petite révélation qui renverse toutes les suppositions que l'on commençait à envisager. Betty se révèle alors véritablement machiavélique.

Ce roman policier de jeunesse est beaucoup plus classique que les suivants signés par Arnaldur Indridason. On n'y retrouve pas la rudesse du pays qui fait tout le « charme » de la série des Erlendur. Mais cela reste une intrigue efficace, parfaitement menée, totalement dépendante du personnage de Betty. Une femme fatale qui risque d'être longtemps présente dans vos rêves, avant que ces derniers ne se transforment en cauchemars.

« Betty » de Arnaldur Indridason, Métailié Noir, 18 € 

mardi 1 novembre 2011

BD - Une bavure bien baveuse pour la 20e enquête de Canardo


Revoilà notre ami l'inspecteur Canardo. Le canard détective privé va se frotter, dans sa 20e aventure toujours écrite et dessinée par Sokal, au milieu des joueurs de poker. Tout débute par un banal hold-up. Quelques millions dérobés dans une banque. Les malfrats sont acculés quand arrive le commissaire Garenni, totalement ivre. 

Des coups de feu sont échangés, les voleurs parviennent à s'échapper, le jeune inspecteur Molart est grièvement blessé à la tête. Après analyse, la balle vient de l'arme de Garenni. Canardo est embauché par la femme de Garenni pour découvrir qui a élaboré ce coup monté ayant l'avantage de mettre hors d'état de nuire deux flics en même temps. La série qui a débuté à la fin des années 70 dans (A Suivre) n'a pas pris une ride. Canardo promène sa dégaine de privé alcoolo de bouge en morgue avec une décontraction inébranlable. 

Au passage il charme une inspectrice de la Police des polices et met de façon tout à fait imprudente ses pieds palmés sur la table de poker de gangsters russes. C'est noir à souhait et totalement immoral.

« Canardo » (tome 20), Casterman, 10,95 €