Affichage des articles dont le libellé est frédéric dard. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est frédéric dard. Afficher tous les articles

mercredi 9 novembre 2011

Biographie - Frédéric Dard, dernière ! Entretiens inédits avec le père de San-Antonio

Plus de 10 ans après la mort de Frédéric Dard, Francis Gillery et François Rivière publient des entretiens inédits avec le père de San-Antonio.

Serial-écrivain ayant des centaines de titres à son actif, Frédéric Dard a longtemps vécu dans l'ombre de son personnage vedette, San-Antonio. Ils sont pourtant nombreux a avoir tenté de casser la carapace et de comprendre l'homme, le romancier, le raconteur d'histoires. En 1995, Francis Gillery et François Rivière se sont longuement entretenus avec Frédéric Dard dans le cadre de la préparation d'un documentaire télévisé. Ce sont ces passages, non retenus dans le montage final, qui sont repris dans ces 200 pages 100 % Dard.

Famille, origines, amours : on en apprend beaucoup en lisant de livre. De ses racines paysannes et lyonnaises, Frédéric Dard conserve surtout cet amour pour sa grand-mère. C'est elle qui lui a donné l'envie de raconter des histoires. Comme quand il a imaginé qu'un avion s'était posé dans un champ près de la ferme. Au début c'est un petit mensonge, puis cela devient une véritable histoire, l'aviateur a même un nom.

 L'écriture, un véritable vice

 De son enfance à Lyon, Frédéric Dard se souvient de la pauvreté de ses parents. Pourtant il est heureux. Et en ces temps difficiles (c'est la seconde guerre mondiale), il trouve du travail dans un journal local. Apprenti journaliste il y rencontrera les premiers personnages qui lui inspireront les Bérurier, Pinaud et autres Félicie. Le jeune homme ne se reconnaît qu'un seul vice ; l'écriture. Il a besoin, chaque jour, de passer plusieurs heures derrière sa table de travail à imaginer des histoires. Plusieurs romans paraîtront grâce à un éditeur lyonnais. Sans grand succès.

 Après la Libération, marié, père de famille, il décide de « monter à Paris » pour réussir. Il se donne six mois. Ce sera effectivement le temps qu'il lui faudra pour convaincre un éditeur, Armand de Caro, le créateur des éditions Fleuve Noir.

 Réussite enivrante

La mode est aux héros américains. Il donnera le nom d'une ville texane à son personnage principal. San-Antonio est né. Une première histoire était parue à Lyon, Armand de Caro veut que Frédéric Dard continue dans la même veine. Mais l'éditeur impose ses conditions : « Il faut une programmation, explique-t-il à Frédéric Dard. Alors vous allez entrer en San-Antonio comme d'autres rentrent en religion et vous allez me pondre des San-Antonio et moi je me charge du reste. » Rapidement les tirages explosent, le commissaire devient une légende, chaque nouvelle aventure est attendue par des milliers de fans. Et Dard de se souvenir de cette époque : « c'était quelque chose de grisant, vraiment de grisant parce que toute réussite est enivrante. » Le succès, la fortune mais le doute aussi, « sincèrement, ça me culpabilisait presque. » Conséquence, une période noire, qu'il évoque entre les lignes, notamment ce jour où il a tenté de se suicider.

 Ensuite il y a eu la Suisse, son nouvel amour (avec la fille de son éditeur), et une sorte d'équilibre avec des romans plus ambitieux venant casser la routine des San-Antonio. Ces entretiens, réalisés 5 ans avant sa disparition, montrent un homme apaisé, conscient de son œuvre, heureux de vivre, enchanté surtout de se souvenir de sa jeunesse simple et gaie dans l'ombre protectrice d'une grand-mère aimante.

« Je me suis raconté des histoires très tôt », propos inédits de Frédéric Dard recueillis par Francis Gillery et François Rivière, Fleuve Noir,13 € 

lundi 14 juin 2010

San-Antonio : un monument de la littérature française

Une intégrale dans la collection Bouquins, une biographie en poche, des romans réédités chez Fleuve Noir : San-Antonio est toujours dans le coup.


Mort le 6 juin 2000, Frédéric Dard n'en finit plus de conquérir de nouveaux lecteurs. Son héros, le commissaire San-Antonio, est toujours aussi présent dans les bacs des libraires. Si les éditions Fleuve Noir poursuivent la réédition (avec des couvertures inédites de Boucq) de tous les titres parus depuis 1949, vous aurez également la possibilité de découvrir les 175 épisodes de cette saga, policière et lubrique, dans la collection Bouquins de Robert Laffont. Une édition « publiée selon son texte original et pour la première fois dans sa chronologie » explique dans sa préface François Rivière, le coordonnateur de ce vaste projet éditorial. Le premier recueil, reprenant les débuts du commissaire le plus célèbre de France, est composé des titres suivants : Réglez-lui son compte, Laissez tomber la fille, Les souris ont la peau tendre, Mes hommages à la donzelle, Du plomb dans les tripes, Des dragées sans baptême, Des clients pour la morgue, Descendez à la prochaine, et Passez-moi la Joconde. Un pavé de 1 200 pages à savourer sans tarder, même si tous les ingrédients du monde « sanantoniesque » ne sont pas encore présents.

Incontournable Bérurier

A la fin des années 40, Frédéric Dard est déjà un écrivain très productif. Il multiplie les romans policiers, psychologiques, grivois... Il réside à Lyon et doit faire vivre sa famille de sa plume. En 49, la première aventure ayant San-Antonio pour héros paraît chez l'éditeur lyonnais Granger. Sans aucun succès. Mais le personnage aura une seconde chance quand Frédéric Dard est contacté par une jeune maison d'édition, le Fleuve Noir, désireuse de lancer des héros récurrents sur le modèle du Saint ou de OSS 117. Là aussi le succès mettra du temps à venir. Une genèse racontée brillamment par François Rivière.

C'est dans le courant des années 50, alors que cinq à six aventures de San-Antonio paraissent chaque année, que le public s'enthousiasme pour ces récits débridés, aux intrigues parfaitement ciselées et aux personnages de plus en plus truculents. San-Antonio semble le plus sortable du lot (si l'on excepte Félicie, la maman parfaite) face à Bérurier, Pinaud ou Berthe. Des personnages que l'on retrouve en partie dès dans le second tome de cette intégrale. Après une première salve en mai, les tomes 3 et 4 viennent de paraître cette semaine, toujours au prix de 28 euros le volume.

Deux romans à savourer

Le dixième anniversaire de la disparition de Frédéric Dard est également l'occasion pour le Fleuve Noir de reprendre les titres qui ont participé au succès phénoménal de San-Antonio. En grand format, savourez le truculent « L'histoire de France vue par San-Antonio ». Par Bérurier aurait été plus juste. Un roman qui avait dépassé le million d'exemplaires vendus l'année de sa parution, en 1964. Plus grave, mais tout aussi représentatif du talent de Frédéric Dard, « La vieille qui marchait dans la mer », roman paru en 1988. L'auteur explique qu'il s'agit de « l'ouvrage le plus grinçant de ma carrière, un conte de fées noir à vous en flanquer le vertige. » Si vous ne connaissez pas encore San-Antonio, ne manquez pas cette occasion de plonger dans un univers incomparable, une expérience littéraire ultime à déguster comme ces vins anciens qui ont pris du corps avec les années.