lundi 30 septembre 2013

Billet - Jimmy, le boss du commerce sur internet

Si vous avez la bosse du commerce, passer par le net est devenu une nécessité. Une boutique en ligne bien référencée vaut parfois plus qu'un pas de porte idéalement placé. Hier, mon village était bloqué par un immense vide-greniers. Tôt le matin, d'étranges personnages, mine patibulaire et rarement souriante, arpentent les rues nerveusement munis de lampes torches suffisamment puissantes pour permettre à un Boeing 747 de se poser sans encombre. Ils n'attendent même pas que les exposants s'installent, fouillent les coffres des voitures à la recherche de l'objet rare. Livre, bibelot, jouet... même les pin's s'arrachent à prix d'or sur internet. Ces acheteurs matinaux, pour beaucoup, vivent de la revente de ces raretés dénichées dans l'obscurité. L'un d'entre eux m'a raconté avoir acheté pour moins d'un euro un livre de Guy Debord revendu, le jour même à l'autre bout de la France, 100 fois plus cher. A un adolescent peu nostalgique (mais heureusement soigneux), un autre a racheté 50 centimes un album de Richard Scarry parti chez un collectionneur pour une quarantaine d'euros...



Tout se revend sur internet. Enfin, si c'est légal. Ne faites pas comme Jimmy, 23 ans, de Guéret, bientôt convoqué devant les juges. Le commerce, il aime. Le cannabis aussi. Alors il s'est mis à vendre de l'herbe sur le net. Pour optimiser ses affaires, il a même créé son propre site. Et comme Jimmy ne semble pas être un foudre de guerre, il l'a baptisé... vendeurdedrogue.com. 

BD - Fantastique Chine dans le 1er album de Pascal Magnat

« Mad in China » est le premier album de Pascal Magnat. On pourrait en douter car ses histoires courtes sont parfaitement abouties, tant au niveau du dessin (un réalisme tirant vers Moebius par moment) que du scénario. « Mad in China » est une boutique où tous les gadgets sont un peu magiques. Le vendeur, un peu caricatural, explique systématiquement aux clients sceptiques que ce stylo/bonzaï/livre... est magique. La suite du récit complet (entre 5 et 10 pages) lui donne raison. Ainsi ce vieux monsieur en achetant un stylo ne croit pas le vendeur. D'autant plus qu'il est un peu sourd. Pourtant le stylo pourra réaliser quatre vœux correspondant aux premiers mots écrits. Conséquence, le vieillard qui n'en a même pas conscience en faisant ses mots croisés, se retrouve immortel, riche, dans le corps d'Hitler et sur la planète Mars. Le reste est à l'avenant, avec parfois une bonne dose d'horreur (le sablier) ou de mysticisme (la tirelire). Coup d'essai, coup de maître. S'il garde son ton très conte fantastique, Pascal Magnat est un auteur qui devrait durer.

« Mad in China », Glénat, 18,50 €

dimanche 29 septembre 2013

BD - Triple adrénaline grâce à Doggybags chez Ankama

Une dose de survie sur une île déserte, un peu de dame blanche (pas le dessert mais le fantôme du bord de route) et du spectre musulman : tel est le menu éclectique et garanti « violence 100 % graphique » du quatrième volume de Doggybags. Imaginée par Run, cette revue regroupe à chaque parution trois récits d'une trentaine de pages. Hommage aux « pulps » américains, ils font office de défouloir à certains, de banc d'essai à d'autres.
Eldiablo écrit la première histoire pour Nicolab. Un riche marchand d'armes fait naufrage sur une île déserte. Il n'est pas seul survivant. Il va redécouvrir les joies de la sélection naturelle en compagnie de son cuisinier russe (2 mètres, 140 kg de muscles) et sa jeune femme. Run est à l'origine des deux autres histoires. Il dessine même « Lady in white » dans cette Amérique profonde rude et sans pitié. 
Par contre c'est Singelin qui met en images « Geronimo », cauchemar de la traque et de l'élimination de Ben Laden. Réservé aux lecteurs avertis, comme de bien entendu...

« Doggybags » (numéro 4), Ankama, 13,90 €

samedi 28 septembre 2013

Billet - Une bonne paire de baffes

Séances de baffes gratuites. Merci Twitter !
Un journaliste américain de Washington publie une série de messages sur un humoriste. Il se moque ouvertement des gags un peu lourds et datés de Dan Nainan connu dans le milieu du stand-up. Dan aime se gausser de ses compatriotes, apprécie très moyennement de se retrouver de l'autre côté de la barrière. Il aurait pu répondre par des répliques assassines donnant lieu à l'un de ces « tweetclashs » qui font la renommée du réseau social. Mais Dan, peut-être à court d'imagination, préfère utiliser d'autres arguments. Frappants. Une bonne paire de baffes. Données en public dans un club où le journaliste sarcastique sirotait tranquillement un verre. Dommage, le tout n'a pas été filmé. Les amateurs auraient bénéficié d'une séquence de choix, à partager.

Côté humoristes violents, la France n'est pas en reste. Les vrais et les faux. Nicolas Bedos ne plaisante plus quand il insulte des policiers venus lui porter secours après un accident de scooter. Comme Dan, il finira au poste. Le cas d'Elie Seimoun est plus complexe. Sur le plateau du Grand Journal de Canal Plus, en pleine interview, il n'apprécie pas la réflexion d'un spectateur. Ni une ni deux il lui saute sur le râble et la baston se termine en coulisse. Après coup, la production avoue qu'il s'agit d'un coup monté, juste un incident fabriqué (et assez mal joué...) de toute pièce pour donner un peu de piquant à un talk show trop morne. Finalement, Elie Seimoun la mériterait bien cette paire de baffes.


BD - La vengeance absolue made in Vautrin et Moynot


Emmanuel Moynot,
après trois aventures de Nestor Burma, délaisse Léo Malet pour Jean Vautrin. Avec un point commun : une noirceur absolue du récit. Mais là où Malet donnait toujours une chance à Burma, régulièrement tabassé mais toujours vivant à la fin du roman, Vautrin est beaucoup plus expéditif pour ses personnages. 
Les cadavres tombent comme des PV sur vos pare-brises après la publication d'une circulaire du ministère de l'Intérieur réclamant de « meilleurs résultats ». 

François-Frédéric, bon chic bon genre, vient de passer trois années en prison. Abus de biens sociaux. Il a porté le chapeau pour son beau-père. Qui pour le remercié lui a piqué sa fiancée. C'est peu dire que François-Frédéric est colère. Il achète un flingue et décide d'assassiner sa vie : tuer froidement tous ceux qui l'ont côtoyé. 
Cela va de la vieille servante à sa première femme en passant, bien sûr, par le beau-père. 100 pages hyper violentes, avec heureusement une intrigue secondaire pour « adoucir » le récit.
« L'homme qui assassinait sa vie », Casterman, 18 €

vendredi 27 septembre 2013

Billet - Déconnexion

A trop baigner dans internet au quotidien, chronique oblige, j'ai tendance à croire à l'universalité du réseau. Grosse erreur. Comme il existe encore quelques foyers ou la télévision n'a pas droit d'entrée, il y a nombre de personnes qui ne sont pas du tout connectées. Pour preuve, une récente étude démontre que 15 % des Américains n'utilisent pas internet. Et parmi cette minorité, ils sont 92 % d'irréductibles qui n'ont pas l'intention de se connecter dans un avenir proche. En passant ces chiffres à la moulinette de l'équation subjective mais souvent vraie démontrant qu'en « France on a toujours deux ans de retard sur les USA », on peut raisonnablement penser que ces 15 % avoisinent les 20 % dans l'Hexagone.


Des millions de nos compatriotes ne connaissent pas les joies de l'amitié made in Facebook se contentant de personnes en chair et en os. Ils n'ont pas d'adresse mail et n'auront jamais la chance de recevoir ces publicités douteuses sur des produits miracles « for enlarge your penis », ni d'hériter d'un pactole (placé sur un compte en banque en Côte d'Ivoire) en échange de leurs coordonnées bancaires. Il passent à côté de ce qui se fait de mieux en matière de musique et de danse, du « Gangnam Style » de Psy en passant par le Harlem Shake. On peut les plaindre. Ou, en y réfléchissant bien, les envier...

Mais le pire dans le lot, ce sont les quelques lecteurs de l'Indépendant qui s'obstinent à lire cette chronique depuis deux ans sans en comprendre la moitié des mots. 

Roman - Sans espoir de retour avec "Toute la noirceur du monde" de Pierre Mérot


Chronique de la haine ordinaire, descente aux enfers, déchéance... le parcours du personnage principal du roman de Pierre Mérot glace le sang.

Autant vous prévenir d'entrée, ce roman finit mal. Pas de seconde chance ni de rédemption dans ce texte dur et intransigeant de Pierre Mérot. Comme notre époque, entre démantèlement de camp roms, arrestation pour apologie de terrorisme et bijoutier détendu de la gâchette... « Toute la noirceur du monde » aurait pu aussi s'appeler « La France démasquée » ou « La nostalgie vert-de-gris ». Livre brûlot, roman extrême : ce texte de Pierre Mérot a fait parler de lui avant même sa publication. Un procès en sorcellerie pour opinion extrême. L'auteur remet les pendules à l'heure dans une courte préface où il précise qu'un « roman est une fiction » et que « son auteur ne saurait en aucun cas être confondu avec son narrateur ou son personnage. » Une fois cette évidence en tête, on peut se plonger dans l'existence de Jean Valmore, « créature monstrueuse » imaginée par Pierre Mérot. Jean Valmore, professeur en arrêt maladie, se targue d'être écrivain. Il déverse sa haine de l'autre dans des romans qui sont systématiquement refusés par les comités de lecture. Excessifs, outranciers, carrément racistes, ces écrits donnent la nausée. Lui trouve normal que l'on montre la réalité de notre société. Et il trouve même des hommes et des femmes avec la même opinion. Valmore aime la gloriole. Il a menti sur les faits et armes de ses ancêtres pour bien se faire voir du parti d'extrême-droite. Il reçoit même une lettre de la Présidente. Un honneur, mais il se méfie de cette femme, beaucoup trop molle, accommodante et faible à son goût.

« Jusqu'au bout »
Valmore est un condensé de tout ce que notre société peut avoir de plus détestable. Raciste, mysogine, prétentieux, violent, alcoolique... Il est aussi professeur. Paradoxe. Ayant mal calculé ses arrêts maladie successifs (délivrés par un psychiatre certainement plus malade que ses patients), il est obligé d'aller en classe une semaine. Pas de chance, cela tombe en pleine célébration européenne. A la cantine, « buffet typiquement polonais à base de betteraves. Je me suis saoulé la gueule dans des verres en plastique. Je n'étais pas le seul. Je me suis demandé si je n'allais pas me flinguer, là, maintenant. Mais j'ai pensé ceci : avoir été mis au monde, être né homme plutôt qu'araignée ou cafard, statistiquement, c'est une chance sur je ne sais combien de milliards de milliards, alors il faut vivre cette absurdité jusqu'au bout, juste pour voir. » Valmore s'éloigne de la réalité, se radicalise. Il va casser du « nègre » la nuit, persuader un de ses élèves de faire un massacre à la Colombine... Pierre Mérot décrit méthodiquement la spirale infernale d'un esprit torturé, aveuglé par sa haine. A trop s'aimer, on déteste les autres. Valmore « juste pour voir », va aller au bout du bout, cherchant un symbole pour finir en beauté, à la manière d'un Breivik franchouillard.
En refermant ce livre on se demande si des Valmore existent potentiellement. Et si Pierre Mérot a écrit ce roman pour nous prévenir de leur possible émergence ou pour donner des idées aux timorés. On n'a pas la réponse. Juste un goût de bile dans la bouche.
Michel LITOUT

« Toute la noirceur du monde », Pierre Mérot, Flammarion, 18 €

jeudi 26 septembre 2013

Billet - Mutation manuelle

L'homo tactilus est-il en train de prendre le dessus grâce aux nouvelles technologies ? La main, avec son pouce opposable, permet à l'Homme de dominer le monde. Cette main, fragile et précise, est en passe de subir un changement radical. Le tactile, notamment sur les smartphones et les tablettes, modifie notre utilisation des doigts. Du moins, chez les jeunes.
Une étude de Microsoft sur plus de 1000 Français âgés de 15 ans et plus montre la fracture entre les moins de 35 ans et les autres. Au-delà de cet âge, on n'utilise qu'un doigt, l'index, pour communiquer avec l'écran tactile. Par contre les plus jeunes en utilisent deux. Et l'index est oublié au profit des pouces. Vous vous êtes déjà certainement demandé comment les jeunes arrivent à composer des textos aussi vite. L'appareil calé entre les mains, les deux pouces virevoltent sur le minuscule écran avec une précision redoutable. Là où le « vieux » tâtonne, index tremblant, le « jeune » tape deux fois plus vite avec des pouces qui n'ont plus rien de massif. Dans quelques dizaines d'années, ce pouce va certainement s'affiner pour être encore plus efficace. Trois siècles plus tard, nos mains ressembleront à celles d'ET et chaque doigt aura la souplesse d'un tentacule. A moins qu'un événement ne bouleverse l'ordre des choses. Alors les 3% avouant dans le sondage avoir utilisé le nez pour faire fonctionner leur écran tactile deviendront les maîtres du monde et Pinocchio leur dieu. 

BD - Truands ratés dans "Ma révérence" de Lupano et Rodguen


Changer le monde, changer de vie. Les ambitions de Vincent, trentenaire idéaliste semblent de plus en plus hors de portée. La crise, l'individualisme... C'est en traînant dans les bars qu'il a le déclic. Il croise la route d'un transporteur de fonds. Pourquoi ne pas délester ces fourgons blindés des millions qu'ils convoient ? 
Argent souvent mal acquis par les banques, assurances et autres sociétés financières occultes. Un braquage « équitable », sans arme et avec redistribution d'une partie du butin aux pauvres, à la Robin des Bois. Problème, Vincent a pour associé Gaby Rocket, vieux rocker alcoolique, Gabriel Roquet de son vrai nom. 
Wilfrid Lupano, le scénariste, raconte avec brio, entre tragique et comique, le parcours de ces deux bras cassés. Un polar avec de gros morceaux d'humanité dedans. Rodguen, le dessinateur, est d'origine picarde. Mais il a fait sa carrière à Los Angeles, chez Dreamworks. Il a mis trois ans pour achever ces 120 pages en y travaillant tous les week-ends.
« Ma révérence », Delcourt, 17,95 €

mercredi 25 septembre 2013

Billet - Toutes séniles !

Tout le monde rêve d'avoir une mamie sénile style Liliane. Riche, personne n'en doutait, un peu gaga cela restait à prouver. Les juges ont validé l'expertise médicale. Pauvre milliardaire qui se faisait plumer sans s'en rendre compte. La nouvelle fait réagir sur les réseaux sociaux. Derrière le cas Bettencourt il y a surtout celui de Nicolas Sarkozy qui sera donc bien jugé en correctionnelle. Comme toujours avec l'ancien « hyper-président » les avis sont tranchés. Nadine Morano la première, hurle au complot des juges. « Nous prennent-ils pour des cons ? c'est la question que je me pose » s'indigne-t-elle sur Twitter. A l'opposé, le compte parodique de la même Nadine Morano publie un tweet trompeur : « Non seulement Nicolas Sarkozy n'a pas volé d'argent aux Bettencourt mais en plus il l'a rendu en réduisant l'impôt sur les plus riches! ».

La suite au prochain épisode. Enfin, si d'ici là on s'en souvient car j'ai l'impression qu'une épidémie de sénilité sévit en France. Lundi soir, dans l'émission politique d'Yves Calvi, la députée Front National (phot ci-dessus, capture écran France2) Marion Maréchal-Le Pen parle de « méthode Cauet » en lieu et place de la « méthode Coué »... Impossible d'être sénile à 23 ans. La thèse de l'inculture est donc plus probable. Hier matin, autre cas inquiétant : dans la matinale de iTélé, Marie Colmant refait la même chronique (sur l'excellente Revue dessinée) que la veille. Allez Marie, je te pardonne. Si tu me rends les 5 000 euros que tu me dois ! 

Chronique "ça bruisse sur le net" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - Livre sacré imaginé par Mangin et Servain


La science-fiction et même la fantasy, tout en distrayant les lecteurs avides de mondes nouveaux, permet aussi de se questionner sur quelques sujets philosophiques majeurs. Exemple avec la seconde partie du « Livre de Skell » de Mangin et Servain. La scénariste est très claire : « Je parle de religion dans mes albums pour me demander ce qui pousse un individu à la laisser guider sa vie. » 
Dans le monde imaginaire de Skell, les prêtres ont tout pouvoir. Mais une femme se lève et va renverser les idoles. La libération après l'aliénation. Beaucoup trop manichéen pour Valérie Mangin. Attendez-vous à une sacrée surprise dans les dernières pages.

« Le livre de Skell » (tome 2), Soleil Quadrants, 13,95 €

mardi 24 septembre 2013

Billet - Municipales, les e-lections

L'année prochaine en 2014, vous élirez vos nouveaux conseils municipaux. Ces élections locales pourront-elles aussi se jouer sur le net ? Une agence de communication,
Politique'Web, en est persuadée. Elle propose des sites « clés en main » aux candidats. L'agence aussi a débuté sa campagne en distribuant (par email) une véritable profession de foi : « L’essor des sites internet, des réseaux sociaux Facebook et Twitter, l’impact des smartphones donneront naissance aux premiers élus 2.0 portés par des webcampagnes et campagnes dynamiques. » et de poursuivre à l'attention de celui qui se voit déjà ceint de l'écharpe tricolore « En serez-vous ? »

Les électeurs, rebaptisés « e-lecteurs » dans le jargon de Politique'Web, délaisseront-ils le contact humain pour se contenter de tweets, de statut Facebook ou de newsletter ? Comment serrer des mains si on fait ses achats en ligne ? Je caricature volontairement. Internet, seul, n'est rien. Ce monde n'est pas virtuel mais ne sera jamais qu'une déclinaison de la vraie vie. S'agiter sur le net ne trompera personne. En tout cas, dans les petites communes, celles qui se battent pour l'arrivée du haut débit, avoir un site pro et très actif ne fera pas forcément recette. Au contraire cela ne fera qu'attiser la colère des « e-lecteurs » impatients. Ailleurs, le candidat en mal de notoriété pourra toujours tenter l'expérience. Mais gare au buzz négatif quand ses administrés apprendront que le site est tenu par des « nègres » pour la somme forfaitaire de 1 800 € HT. 

BD - Lancaster, le nouvel aventurier


Lancaster, autant l'avouer immédiatement, a des airs de Bob Morane. Ce lord anglais, jeune, blond, athlétique et séduisant, part à l'aventure comme vous allez au boulot le matin. Il est accompagné de son alter-ego comique, Robert, un Français persuadé de faire chavirer tous les cœurs. Un duo complété par la journaliste Audrey Duquesne, pulpeuse tête brûlée. 
L'histoire imaginée par Christophe Bec et dessinée par Dzialowski se déroule durant les années 50. Les trois compères participent à une expédition dans le grand Nord. Un milliardaire cherche la preuve de la présente humaine sur terre il y a 70 millions d'années. Savants fous, complot nazi, révélations scientifiques, trahison : les 48 pages de cette première partie sont palpitantes.

« Lancaster » (Tome 1), Glénat, 13,90 €

lundi 23 septembre 2013

Billet - Le milliard pour GTA V

Un milliard de dollars en trois jours. Le jeu vidéo GTA V (Grand Theft Auto, opus 5) bat tous les records. Lancement mondial après une attente de plus de 5 ans, nouvel univers, multiplication des personnages : les concepteurs n'ont pas lésiné sur les moyens. Aussi cher qu'un blockbuster hollywoodien, il rapporte plus. Et plus vite. Pas étonnant quand on voit le prix de vente. Compter 50 euros pour la version de base. 

Les coffrets collectors (avec carte de Los Santos, casquette et sac...) trouvent preneurs à plus de 200 euros. Le prix ne semble pas être un problème pour les milliers de fans, avides de se glisser dans la peau d'un des trois habitants de Los Santos, ville imaginaire d'une Californie encore plus excessive que nature. La grande nouveauté de cette cinquième version réside dans le fait que le joueur peut choisir son personnage. Un braqueur à la retraite, un petit escroc ambitieux et... un psychopathe (photo de Trevor ci-dessus). La marque de fabrique de GTA reste la violence.

Il est interdit aux moins de 18 ans et les publicités du jeu, visibles un peu partout, mettent en avant une pin-up (un peu vulgos, d'après ma femme) en bikini rouge faisant passer Lara Croft pour ce qu'elle est : quatre pixels se battant en duel... Trois personnages, des missions à accomplir, une ville à découvrir, de l'argent à gagner puis à dépenser, des sports (tennis, golf), des courses poursuites (voitures, avions) : GTA V est la somme de TOUS les jeux vidéos existants. Ce qui explique sa suprématie qui ne peut aller qu'en augmentant avec la prochaine version « online ». 

BD - Marée marrante avec Palmer en Bretagne


La crise. Toujours la crise. Jack Palmer, détective privé, est engagé comme garde du corps d'un riche homme d'affaires, invité, avec quelques uns de ses congénères dans un manoir en Bretagne. La réunion d'égos surdimensionnés va vite virer au cauchemar avec homards frelatés, fest-noz, algues vertes, porcelets et cadavre à la clé... 

Heureusement Jack Palmer, le héros au gros nez et au chapeau mou imaginé par Pétillon, est sur place pour démêler les fils enchevêtrés de l'enquête. A moins qu'il ne se fasse surprendre par la marée... Essentiellement connu pour ses dessins politiques dans le Canard Enchaîné, Pétillon retourne à ses premières amours, la BD. On retrouve son style mordant, parfait dans la caricature et l'humour décalé.

« Palmer en Bretagne », Dargaud, 13,99 €

dimanche 22 septembre 2013

BD - Petits boulots (de merde !)

Il n'y a pas de sots métiers. Par contre les petits boulots sont souvent à gerber. Vous en doutez ? Plongez dans cette BD de Sébastien Marnier et Élise Griffon. Ils racontent grâce à ces histoires courtes la multitude de jobs de merde qu'ils sont obligés d'accepter au quotidien pour survivre dans Paris. De livreur de pizza à « technicienne de surface », ces boulots ont pour point commun qu'ils ne sont que temporaires. Le genre de place où il y beaucoup de turn-over par la force des choses. 
Le couple a décidé de se moquer de ces expériences professionnelles et de partager avec le lecteur ces situations parfois irrésistibles. Comme quand Sébastien livre une pizza à une vieille vamp en déshabillé vaporeux ou qu'Elise, embauchée à Eurodisney, doit enfiler son déguisement d'écureuil dans un vestiaire mixte, pour la plus grande joie de ses collègues hommes... Tout ça pour moins de 10 euros de l'heure.

« Salaire net et monde de brutes », Delcourt, 15,50 €

samedi 21 septembre 2013

Billet - Problèmes de voisinage

Que les miens se rassurent, je ne vais pas leur consacrer cette chronique. Au lieu de regarder par la fenêtre, je me contenterai de mon écran d'ordinateur. Les sites consacrés aux déboires entre voisins font florès. ChersVoisins.net reprend des photos de mots placardés dans les parties communes. Classé par catégories (orgasmes, animaux...), le site est un gros générateur de fous rires. Les murs, trop fins, laissent passer les bruits de certains ébats. Les doléances, parfois crues, se montrent aussi pleines de tact : « 
Nous vous remercions de participer à la croissance de la population, mais serions encore plus reconnaissants de pouvoir dormir le matin. 
» Sur Voisins-de-merde.fr les histoires sont plus étoffées. On découvre le pouvoir de nuisance des épieurs, des propriétaires de chiens ou des amateurs de musiques modernes. Souvent plus triste que comique. Le blog emmerder-son-voisin.com annonce la couleur dans son intitulé. Vous trouverez quelques recettes simples mais efficaces pour vous venger d'empêcheurs de vivre en paix.

Comment m'est venue l'idée de cette chronique ? Pas dans mon voisinage, adorable dans l'ensemble sauf... Non, la délation, très peu pour moi. L'envie de parler des voisins m'est venue après avoir bien rigolé en lisant un exemplaire de « La petite bibliothèque grinçante » de Monique Neubourg consacrée aux voisins. Vient de paraître aux éditions Chiflet et Cie et ne coûte que 5,95 €. Un bon investissement pour assurer sa tranquillité.

vendredi 20 septembre 2013

ÇA BRUISSE SUR LE NET : Sophia se marre

Impitoyables les téléspectateurs. Avant, quand une émission ne fonctionnait pas, il fallait attendre les audiences pour s'en rendre compte. Aujourd'hui, les chiffres sont quasiment connus en direct et avec les réseaux sociaux, on peut se faire une idée précise sur le succès du programme. Sophia Aram en fait les frais depuis lundi, jour de lancement de son émission « Jusqu'ici, tout va bien », à 18 h 15 sur France 2.
La première tendance sur Twitter était sans équivoque : « Sophia Aram ne rame pas avec son émission, elle se noie ! » pour l'un, « Là, je suis même étonné que France 2 laisse le premier numéro de #JITVB se terminer... Ils mettent quoi demain à la place ? » surenchérit l'autre un peu expéditif. Pour l'instant, l'émission n'est pas déprogrammée. Si elle passe le cap de la première semaine, beaucoup seront déçus. La mentalité n'a pas changé depuis des siècles. Brûler quelqu'un en place publique est une occupation typiquement française. Mais ce ne serait que la seconde à passer à la trappe après des débuts laborieux. Morandini, pourtant installé sur la case depuis quelques années a fait pire en audience. En qualité, n'en parlons pas... Ce qu'on ne peut pas reprocher au talk-show de Sophia Aram. De François Berléand à Charlotte Gabris en passant par Arnaud Tsamère, la distribution est brillante. Donc, contre vents et marée l'animatrice peaufine, en direct, son émission annoncée « sans concept ». Bref, Sophia ne rame pas, Sophia se marre

jeudi 19 septembre 2013

Billet - Energie « vinique »

Les vignerons de la région n'ont plus de souci à se faire pour leur avenir. Les ordinateurs portables pourraient devenir leur planche de salut. La bonne nouvelle vient de Californie, des bureaux de recherches du géant Intel
®. Ces puces et processeurs, les véritables « intelligences » de nos ordinateurs, ont de moins en moins besoin d'énergie pour fonctionner. La preuve grâce aux expériences du docteur Genevieve Bell. Dans son labo, elle a fait fonctionner le processeur Intel® grâce à l'énergie... d'un verre de vin. Elle plonge deux électrodes dans le liquide et le mélange entraîne une réaction avec l’acide acétique. Un courant électrique infime mais suffisant.

Mais comment a-t-elle eu cette idée on ne peut plus iconoclaste ? Je soupçonne un scénario moins politiquement correct. Un jour, lassée de ses recherches absconses enfermée dans un labo sans âme, elle craque et ouvre une bonne bouteille pour oublier son travail aliénant. Pas de chance, un big boss passe dans les parages. « Docteur Bell, vous buvez au travail ? » « Euh.... Vous vous méprenez. C'est pour les besoins d'une expérience... Une nouvelle énergie... » Voilà, selon moi, comment Genevieve Bell a découvert l'énergie « vinique ». Et mon esprit tordu imagine la suite de l'histoire : devenue alcoolique, elle suit une cure de désintoxication, se détourne du vin et sombre dans la boulimie. Depuis elle tente de faire fonctionner ses processeurs en plantant les électrodes dans des milkshakes. A moins que pour compenser elle se tourne vers le sexe. Les électrodes ? Pas de commentaires.
 
Chronique "ça bruisse sur le net" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant. 

Roman - Bruno Tessarech raconte la vie de nègre en service commandé


Écrivain sans succès, Louis survit en rédigeant les livres des autres. Un boulot de nègre disséqué par Bruno Tessarech dans un roman hilarant.

Écrire n'a jamais aidé à faire bouillir la marmite. Dans l'imagerie populaire être romancier c'est travailler chez soi, à son rythme, sans contrainte. La réalité est plus complexe. Fin de mois difficiles, refus des éditeurs, manque d'inspiration : tout concourt à rendre le créateur neurasthénique. Louis, le personnage miroir du roman de Bruno Tessarech, est en plein doute. Incapable de finir un roman mal emmanché, délaissé par sa compagne, il ne trouve même plus la volonté pour faire le ménage. Le salut viendra d'un vieil ami éditeur. Un de ces faiseurs de livre qui sent les envies du public. Un ancien taulard sur la voie de la rédemption, belle gueule télégénique, veut raconter son expérience. Louis est contacté. Il sera son nègre. Une première expérience pour cet écrivain dans une impasse personnelle. Avec beaucoup d'humilité, il va se donner la chance de raconter les histoires d'un autre puisqu'il n'a plus l'imagination d'inventer celles de ses personnages fictifs. Loin d'être des mercenaires sans cœur, les nègres s'investissent souvent plus que de raison dans les biographies de stars légendaires ou éphémères. Louis va passer de longues heures avec son taulard, peu bavard, un peu intimidant. Et finalement le romancier va se lancer dans un exercice risqué : réinventer l'histoire d'un homme. La formule infaillible pour plaire. On a beau être connu, intègre, entier, enjoliver l'enfance ne fait de mal à personne. Et quand on commence, difficile de s'arrêter.
Le premier boulot de nègre de Louis fut un échec retentissant. Pas en raison de la qualité du texte, irréprochable, mais de la mauvaise promotion de l'auteur officiel. Sur papier il vante les mérites de la réinsertion, dans la réalité il vient de se reconvertir dans le négoce international, pris par la patrouille « avec plusieurs pains de shit dans le coffre de sa voiture ».

Le chirurgien et l'écologiste
Quelques mois plus tard, nouveau contrat. Louis est chargé de romancer la vie d'un grand chirurgien. Seul problème, de taille : sa spécialisation. Allez faire rêver les foules avec des touchers rectaux et des opérations de la... prostate. Malgré son investissement total, le livre écrit par Louis ne paraîtra pas. Mais cela ne le décourage pas, lui qui est toujours en panne d'inspiration et dont l'existence est dramatiquement morne : « Je n'avais aucun rendez-vous. Ma vie était creuse. Vivre ou écrire, il fallait choisir. Comme j'en étais incapable, le résultat n'était pas glorieux. Je ne vivais plus, et je n'écrivais guère. » Bruno Tessarech étant tout sauf un dépressif chronique, son roman reprend du souffle avec l'écriture du livre d'un des chantre de l'écologie française. On rit beaucoup au portrait de cet éternel jeune homme scrutant la fonte de la calotte glaciaire avec autant d'attention que son début de calvitie. Et pour Louis c'est le jackpot. Des dizaines de milliers d'exemplaires vendus et suffisamment d'argent pour se consacrer à son œuvre. A la différence près que sa réputation dans le milieu négrier lui offre nombre de contrats de plus en plus conséquents... et difficiles à refuser. Car même les nègres ont leurs auteurs stars !
Bruno Tessarech dévoile au passage quelques secrets, comme ce jeu de glisser au sein de chaque biographie, dans le 2e paragraphe de la page 207, une indiscrétion très people totalement exclusive. Cet « Art nègre » ne déroge pas à la règle, preuve que c'est bien lui qui l'a écrit.
 
« Art nègre » de Bruno Tessarech, Buchet-Chastel, 15 €

mercredi 18 septembre 2013

Billet - Lapin meurtrier


#SoutienAuLapin ? Ce mot-dièse ou hashtag caracole en tête des discussions sur Twitter depuis lundi soir. Il a pris la place de #SoutienAuBijoutier. Face à la page Facebook ouverte pour exprimer sa
solidarité avec le bijoutier de Nice (plus de 1,6 million de « likes » en quatre jours), un pastiche a vu le jour. Reprenant la typographie et les arguments de l'original, cela devient « Soutien au lapin qui a tué un chasseur » avec en explication : « Soutenons ce lapin qui ne faisait que son travail ». Lancé dimanche, la page SoutienAuLapin, comme celle du bijoutier, célèbre régulièrement sa progression. Première étape « 38 soutiens. Merci ». Rapidement le buzz fonctionne. Lundi soir plus de 130 000 personnes ont cliqué sur le « j'aime » de la meilleure réponse aux dérives extrémistes de certains soutiens au bijoutier. Mercredi à 10 heures, les 250 000 étaient dépassés. Preuve que l'humour peut aussi être politique. Et vous, plutôt bijoutier ou lapin ? Si vous ne savez pas, faites ce petit test. Allez sur chacune des pages, vous verrez combien de vos amis ont fait le choix. Personnellement le lapin l'emporte, 10 à 3.

Et à ceux qui pensent que c'est ridicule un lapin qui tue un chasseur, relisez vos classiques comme cette « Idées noires » de Franquin parue en 1977 : grâce à « PANDAN-LAGL : la cartouche de sécurité pour les lapins », un chasseur découvrait la joie de recevoir une volée de chevrotines en pleine tête.


BD - Paco les mains rouges, un bagnard aimant

On a beaucoup écrit sur le bagne de Guyane. Inhumain, violent, mortel... Pourtant « Paco les mains rouges », roman graphique écrit par
Fabien Vehlmann et dessiné par Eric Sagot prend le lecteur à contre-pied  C'est une histoire d'amour, une simple romance, belle et tragique. Patrick Comasson, dit Paco, est instituteur. Il a tué un homme. La justice le condamne au bagne à vie. Tout heureux d'échapper à la guillotine, Paco réalise tardivement qu'entre la mort et l'enfer, le choix serait vite fait. 
Dans le bateau conduisant les forçats en Guyane, il se fait tatouer dans le dos un squelette armé d'une faux. Au dessin : Armand, dit la Bouzille, un ancien des Batdaf'. Paco, dès le premier jour au bagne, se fait violer par trois détenus. Le lendemain, il en tue un par vengeance, Pour se faire respecter aussi. L'ancien instituteur devient infirmier pour le bagne et croise de nouveau Armand. C'est dans la moiteur de l'infirmerie qu'il a le coup de foudre. Cette BD, étonnante voire déroutante, est d'une force incroyable.

« Paco les mains rouges » (tome 1), Dargaud, 14,99 €

mardi 17 septembre 2013

Billet - Roucas, Dahan... humoristes en perdition

Ils ne nous font plus rire. Jean Roucas et Gérald Dahan, quasiment simultanément, quittent le cercle des humoristes pour celui des tristes sires. Le premier s'affiche en tête des soutiens de Marine Le Pen à l'université d'été du Front National, le second publie
un tweet raciste et insultant sur Jean-Vincent Placé, leader écologiste. Si le cas de Jean Roucas, chansonnier rarement inspiré, déjà étiqueté « populaire tendance populiste » dans le défunt Bébête Show, n'étonne pas grand monde, le dérapage de Gérald Dahan interpelle. Hier matin, il tweete ce trait d'esprit qu'il croit certainement drôle : « Jean-François Placé on dirait Eva Joly qui reviendrait de Fukushima ». Réplique immédiate de l'intéressé, toujours sur Twitter : « Moi, c'est Jean-Vincent :-) Vous êtes humoriste ? »
En plus du caractère ouvertement raciste de la blague (Jean-Vincent Placé est d'origine asiatique), Dahan se trompe sur le prénom. L'imitateur, connu pour ses canulars téléphoniques, réussit l'exploit de se mettre tout Twitter à dos et permet au sénateur Vert de redorer son blason sur les réseaux sociaux après quelques petits dérapages, comme cette photo où il exhibe fièrement sa pêche du jour, un bar de 47 cm, cliché comparé à celui de Poutine et son brochet. Jean Roucas ne faisait plus rire depuis longtemps. Gérald Dahan est sur la même pente.
Etrange comme certains humoristes vieillissent mal. Finalement, Coluche, Le Luron et Desproges ont eu raison de partir « jeunes ». 
Edit : Gérald Dahan a réagi et garde son tweet en l'état. 

Billet - Lauriers réalité

Enfoncés les Gérard ! Les anti-césars du cinéma ou de la télévision ont du mouron à se faire. Leur suprématie dans la catégorie « cérémonie comique et décalée » sera remise en cause le 9 janvier prochain. A la Cigale, devant des centaines de personnes seront décernés les « Lauriers de cristal », « la première cérémonie de récompense de la télé-réalité ». Oui, ils ont osé. Comme il y a un césar du meilleur acteur, il y aura un Laurier du meilleur « amoureuse et amoureux issus d'une télé-réalité ». On va donc en rire, car pleurer ne servira à rien, surtout pas à remonter le niveau des programmes...
Ces Lauriers, qu'il aurait mieux valu nommer « Chiendents » tant ce genre télévisuel prolifère comme une mauvaise herbe sur les chaînes de la TNT, seront présidés par Vincent McDoom. Un site internet est déjà en ligne. On y découvre les catégories en lice, de présentateur à cuisinier en passant par compétiteur. Il faudra attendre fin octobre pour découvrir les premières listes de nominés. Je me délecte d'avance à choisir entre Morgane, Adixia, Tara et Gaëlle ou Guillaume, Jamel, Charles ou Jordan. Illustres inconnus pour tout humain maîtrisant plus de 200 mots de vocabulaire, ils font rêver les autres. « Pourquoi moi aussi je serai pas dans la télé comme Kevin puisque je suis grave plus beau que lui ? » ne cesse de se répéter le téléspectateur de base de ces programmes.
Personnellement je ne manquerai pas les Lauriers de cristal en janvier car vu la conjoncture, on n'aura pas souvent l'occasion de rire en 2014. 

Chronique "ça bruisse sur le net" parue ce lundi 16 septembre en dernière page de l'Indépendant.

BD - L'île cauchemar du "Meilleur job du monde" de Bec et Fonteriz

Tout avait débuté comme dans un rêve merveilleux. Doug, jeune trader londonien, est sélectionné pour occuper le meilleur job du monde : garder durant six mois une villa luxueuse sur une île tropicale au large de l'Australie. Le premier tome racontait son arrivée sur l'île et ses premiers émois. Il découvre une vieille K7 vidéo et une pièce secrète. Dans cette villa, il y a quelques années, un ancien nazi a mené des expériences abominables sur des femmes. Le second tome va crescendo dans l'angoisse. Terminée l'image paradisiaque des cocotiers et du sable blanc. La nuit, des fantômes tentent de pénétrer dans la villa et Doug a de plus en plus l'impression d'être observé. Il va même tenter de quitter l'île. En vain. Christophe Bec, scénariste prolifique en cette rentrée 2013, n'a pas son pareil pour planter une ambiance de peur. Fonteriz, dessinateur espagnol, assure, par un trait réaliste solide et efficace, la seconde couche de cette histoire à ne pas lire le soir en s'endormant sous peine de sommeil agité.

« Le meilleur job du monde » (tome 2), Soleil, 13,95 €


lundi 16 septembre 2013

BD - L'Australie, l'autre désert de "Down Under"


Au palmarès des pays au fort potentiel d'évasion, l'Australie arrive dans le top 3. Le Pays-continent, immense, sauvage, à la faune et à la flore si particulières, est souvent à l'honneur dans la bande dessinée franco-belge. « Down Under » raconte la période où les colons découvrent les formidables ressources minières du désert, le Bush. Durant quelques décennies, la région est devenue le nouveau Farwest. Et dans le rôle des Indiens, les Aborigènes ont connu le même destin. 
Nathalie Sergeef, la scénariste belge, raconte plusieurs destins, du colon de base au jeune orphelin Blanc recueilli dans une tribu. Sans oublier les chercheurs d'or et les tueurs prêts à se vendre aux plus offrants... Fabio Pezzi, le dessinateur, parvient à retranscrire dans ses cases épurées toute la beauté du pays. Son dessin rappelle parfois celui de Palacios, le créateur de MacCoy, autre western chaud et brûlant.

« Down Under »(tome 2), Glénat, 13,90 € 

dimanche 15 septembre 2013

BD - Glace rouge en Patagonie avec Esteban de Matthieu Bonhomme


La Patagonie, la Terre de Feu... ces terres extrêmes marquent la limite de l'exploration puis de la colonisation de l'Amérique du Sud. Les envahisseurs sont arrivés un peu plus tard que les Conquistadores, mais ils y ont pratiqué la même politique de massacre des autochtones. La saga d'Esteban imaginée par Matthieu Bonhomme raconte en partie cet épisode peu reluisant de l'histoire de l'Humanité. 
A la fin du 19e siècle, le jeune « natif » a déjà vécu bien des aventures. On le retrouve, pour la cinquième et dernière partie du premier cycle, en fuite en compagnie de bagnards. Ils viennent de s'échapper de la prison d'Ushuaïa en kidnappant la femme du directeur. Acculés dans une crique, au pied d'un glacier géant, ils vont s'allier avec les Indiens pour garder leur liberté chèrement acquise. 
De l'action, du drame, des retournements de situation, pas mal de violence et un peu d'amour : le cocktail imaginé par Bonhomme est savamment dosé. Et comme il dessine tel un dieu, l'album est un des incontournables de la rentrée.

« Esteban » (tome 5), Dupuis, 12 €

samedi 14 septembre 2013

Billet - Éloge de la laideur

Marre des chatons « cromignons » et des pandas encore plus « lol » que des peluches ? Le net est inondé de photos d'animaux doux et attendrissants. Envie de laideur, de gluant, de flasque ? Allez sur le site uglyanimalsoc.com vous ne serez pas déçu. Cette association anglaise a lancé un grand concours sur internet pour élire l'animal le plus laid de la planète. Des milliers de participants ont voté à une écrasante majorité pour le blobfish. Ce poisson des grands fonds ressemble à un gros tas de morve dégoulinant, ses petits yeux noirs surmontent un nez en patate et une bouche tombante. A côté, Eléphantman pourrait concourir à Miss Monde ! Le blobfish, tout comme son pote le kakapo de Nouvelle-Zélande - second animal le plus moche selon le sondage- est en voie d'extinction. Le but n'est pas de se moquer de ce que l'on pourrait considérer comme des erreurs de la nature mais d'alerter l'opinion sur le danger de disparition de tout un pan de la faune mondiale. On ne vous demandera pas d'adopter un blobfish dans votre aquarium, juste de dénoncer certaines pêches intensives dont ils font les frais. Idem pour le kakapo, gros perroquet incapable de voler - il n'en reste plus qu'une petite centaine. Dans le top 10 on retrouve également l’axolotl, salamandre transparente éternellement à l'état larvaire ou la grenouille-scrotum qui porte bien son nom... J'arrête là les horreurs, mes deux chats se font des mamours dans un panier en osier. C'est « cromignon », faut vite que je les photographie et publie le cliché sur mon Facebook...




vendredi 13 septembre 2013

Billet - Miley Cyrus, vilaine petite dévergondée

Une nouvelle icône de la toile est en train d'éclore. Nom : Cyrus. Prénom : Miley
. Particularité : ancienne star Disney en plein dévergondage. La série Hannah Montana a fait rêver des millions de fillettes. L'héroïne de cette série américaine, simple collégienne lambda la journée, se transformait, la nuit, en star de la chanson. Dans le rôle-titre Miley Cyrus, adolescente gracile aux mimiques mutines et à la voix aiguë  Pas très bonne actrice (et je suis gentil) ni excellente chanteuse. Mais un père manager qui drive sa carrière artistique de main de maître. Devenue adulte, Miley comme tous les enfants stars tente de survivre à sa notoriété. Et prend, à 20 ans, un virage radical pour se maintenir dans le peloton de tête. Terminée la gravure de mode sage, place à Miley la dévergondée. La métamorphose passe par internet. Quelques photos sexy faussement volées, un passage terriblement hot aux MTW Awards pour déclencher les foudres des associations familiales catholiques et le moment est venu de lancer le dernier étage de la fusée : un clip scandale assuré de faire du « clic ». Opération réussie. Madonna peut se retirer dans une maison de retraite, Lady Gaga se rhabiller, Britney Spears se raser une seconde fois la tête : elles sont mortes « virtuellement ». Miley gagne haut la main de titre de « scandalous girl » du moment. Dans ce clip, en petite culotte ou entièrement nue, elle chevauche une énorme boule de démolition en action. Difficile de faire plus torride. Même Mickey ne doit pas en croire ses oreilles... Et redouter l'arrivée prochaine d'une sextape !

jeudi 12 septembre 2013

Roman - Vieux Canadiens solitaires


Dans les forêts du grand Nord, une photographe découvre deux ermites octogénaires. Un roman tendre et émouvant sur l'oubli, la fin de vie et la solitude.

La solitude se mérite. Elle se choisit aussi. « Il pleuvait des oiseaux », premier roman publié en France de la québécoise Jocelyne Saucier se lit comme une retraite spirituelle quand on se retire dans une cabane perdue au fond des bois. Ces forêts, immenses, hostiles, sauvages, sont omniprésentes dans le récit.Dans ce Nord canadien encore à la frange de la civilisation, il est possible de se faire oublier. Une photographe, à la recherche des derniers témoins des Grands Feux du début du siècle, tombe sur une communauté bien cachée. Communauté c'est beaucoup dire puisqu'ils ne sont que deux très vieux messieurs, Tom et Charlie. Il y a peu ils étaient trois. Mais l'un d'entre eux est mort récemment.Âgés de plus de 80 ans, ils choisissent de vivre en ermites pour ne plus être à la charge du système. Pour la liberté également. « Ils avaient laissé derrière eux une vie sur laquelle ils avaient fermé la porte. Aucune envie d'y revenir, aucune autre envie que de se lever le matin avec le sentiment d'avoir une journée bien à eux et personne qui trouve à y redire. » Leurs baraques de rondins, cachées dans les bois, avec vue sur un lac, ne sont connues de personne. Excepté deux jeunes de la ville voisine chargés de les approvisionner en produits divers et nécessaires en échange de la surveillance de leur plantation... de cannabis.

Nouvelle arrivante
L'arrivée de la photographe va révolutionner leur petit train-train. D'autant qu'elle reviendra avec une autre âme en quête d'un endroit paisible pour finir ses jours. Une femme.
Marie-Desneige, évadée d'un asile psychiatrique, encore plus âgée que Tom et Charlie, fait une entrée remarquée dans la petite communauté. « La petite vieille était vraiment minuscule, de la taille d'une enfant de douze ans, très fragile, une poupée de porcelaine, et ne bougeait qu'à petits gestes. » Le fragile équilibre va-t-il disparaître ? Avec des précautions infinies, Jocelyne Saucier raconte cette rencontre. Elle alterne les points de vue, de l'enthousiasme de la photographe au scepticisme de Tom en passant par l'émerveillement de Marie-Desneige. Tout en prenant le temps de raconter l'incroyable histoire du troisième larron, le mort, traumatisé par les Grands Feux durant son enfance, celui qui le premier a découvert cet endroit.
Ce texte sensible fait la part belle aux souvenirs, au temps qui passe, inexorablement. On ne sort pas indemne d'un récit où l'on ne peut que se projeter en fonction du nombre théorique d'années que l'on pense encore passer sur terre.
« Il pleuvait des oiseaux », Jocelyne Saucier, Denoël, 16 € (disponible au format poche chez Folio)


Billet - X-files, 20 ans de mensonges

Lancée en septembre 1993, la série X-Files (La vérité est ailleurs) fête ses 20 ans. Les enquêtes de Mulder et Scully ont passionné une génération. Chaque année qui passe renforce sa qualité de programme culte. Les hommages sur les télévisions sont discrets, mais internet regorge de témoignages. Ainsi Pierre Langlais, sur son blog « Têtes de séries » énumère les dix raisons qui font de lui un rejeton de la « génération X-Files ». 

En 8e position il confie qu'il était « geek » avant la lettre avec les trois Lone Gunmen. Personnages récurrents, ils représentent la préhistoire des hackers. Un peu frappés, paranoïaques et asociaux, ils passent des heures et des heures à surveiller l'embryon de la toile. A l'affût de tout ce qui sort de la normale, ils vivent reclus dans un appart sombre encombré de moniteurs aussi volumineux qu'un poste de télévision... en 1993. Il y a 20 ans les écrans plats faisaient partie de la science-fiction. 

Comme le programme « Prism » élaboré par les services secrets américains pour surveiller tout et n'importe quoi. Je parie que l'idée de Prism est venue à un rond-de-cuir ricain en revisionnant un vieil épisode d'X-Files. Quand Mulder voulait connaître le moindre détail de la vie d'un suspect, il contactait le trio. Dans leurs archives ils trouvaient toujours le petit grain de sable le transformant en conspirationniste...

Mais X-Files reste aussi dans les mémoires car pour la première fois des « héros » doutaient, se montraient fragiles et avouaient leurs failles. L'écriture télévisée a vécu une révolution et a définitivement mis au rencard tout ce qui a été fait avant... 

mercredi 11 septembre 2013

Billet - Envie pressante

Et si Internet modifiait nos conditions de transports ? De plus en plus d'utilisateurs nomades ne supportent plus de rester dans une zone blanche. Plus de connexion et tout leur univers s'écroule. Ils ne sont qu'une minorité, mais ces « drogués » sont véritablement en état de manque dans les transports en commun. Une étude réalisée par le groupe américain Honeywell montre que 17 % des Britanniques, entre des toilettes dans un avion ou une connexion fiable à internet choisissent la seconde solution. Sur les moyens-courriers, c'est jouable. Mais encaisser Paris-New York ou Paris-Tokyo sans aller une seule fois aux toilettes relève de la pure fiction. 
Tout ça pour regarder des chats idiots et des lapins crétins sur Youtube, ne pas rire aux tweets abscons d'humoristes sur le retour ou pire, consulter ses emails du boulot alors que l'on vole vers une île tropicale et ses plages de sable blanc. Non, le net c'est bien, mais ne vaut pas de risquer un éclatement de la vessie par 10 000 mètres d'altitude. Et en avion, il y a pire que de ne pas pouvoir surfer sur le net. Se retrouver coincé en classe éco entre deux passagers qui font chacun le double de votre volume, subir tel autre dont les ronflements parviennent à couvrir le bruit des réacteurs ou les cris de ce bébé, forcément torturé par des parents sadiques, à entendre sa gamme dans les aigus. 
Mais le pire reste le bavard. L'olibrius qui se sent obligé de raconter toute sa vie (généralement très déprimante) comme s'il vivait les dernières heures de son existence. Même les lapins crétins sont plus supportables !

Chronique parue mardi 10 septembre en dernière page de l'Indépendant. 

BD - "Le Monde perdu" par Bec, un classique retrouvé


Écrit en 1912 par Sir Arthur Conan Doyle, « Le Monde Perdu » est le prototype du roman d'aventures. Un siècle après, il fait toujours rêver les enfants, les adolescents et même les adultes qui l'ont déjà lu. Christophe Bec n'a jamais caché son admiration pour ce texte fondateur. Il a donc mis un grand soin a adapter les aventures des professeurs Summerlee et Challenger dans les méandres de l'Amazonie puis au pied de la falaise marquant la frontière avec ce monde préservé imaginé par l'écrivain anglais. 
Le premier tome se consacre essentiellement à la mise en place de l'expédition et de sa pénible progression dans la forêt vierge. L'occasion de bien planter le portrait des quatre personnages principaux, notamment les deux savants aux visions antagonistes. 
Pour mettre en image cette BD, le scénariste originaire de l'Aveyron s'est tourné vers deux pointures italiennes : Fabrizio Faina et Mauro Salvatori. Leur style réaliste, précis et classique, explose quand ils s'étendent sur une double page. Et même si l'on connaît l'histoire par cœur, on est pressé de lire la suite....

« Le monde perdu » (tome 1), Soleil, 14,50 €