lundi 31 mars 2008

BD - Jean-Christophe Chauzy n'a même pas peur


Jean-Christophe Chauzy, excellent dessinateur ayant déjà à son actif nombre d'albums « sérieux » chez Casterman, change de registre avec « Petite Nature », sorte de BD d'autofiction où il se met en scène, sans complaisance mais avec beaucoup de dérision. 

Un recueil d'histoires courtes scénarisées par Barrois et Lindingre où l'on découvre que le métier de dessinateur de BD a des avantages mais également quelques inconvénients. Par exemple, quand quelqu'un se reconnaît dans le précédent album, il décide de porter plainte en diffamation. Problème, c'est le fils d'un gros actionnaire de la maison d'édition. Pour abandonner les poursuites, il demande (et obtient) qu'il devienne un héros sans peur et sans reproche. Cela donne une BD dans la BD hilarante de ridicule. On pourrait bien revoir Olivier de Glanville dans le prochain album tant son personnage comique a de la ressource... 

Chauzy a également quelques problèmes avec ses deux garçons, ados en recherche de sensations fortes, un avatar de second life et ses parties génitales, de plus en plus douloureuses. Pour trouver le remède il a droit successivement à un toucher rectal, une analyse de sperme et pour finir devra porter un « suspensoir à testicules ».

« Petite nature » (tome 2), Fluide Glacial, 11,95 € 

dimanche 30 mars 2008

BD - L'Agence Hardy met le cap sur Berlin


Avec Annie Goetzinger au pinceau, Pierre Christin poursuit son exploration d'une période correspondant presque à son enfance. Le scénariste de Valérian quitte le futur pour se plonger dans cette Europe de la fin des années 50, quand l'effort pour redresser la tête à la fin de la guerre laisse la place à une confrontation froide et secrète entre les deux blocs. 

Edith Hardy, détective privée, accepte d'aller à Berlin, en zone française, pour protéger l'enfant d'un militaire français dont les méthodes progressistes déplaisent fortement à un quarteron de généraux. Nous sommes en 1958, l'Algérie est de plus en plus au centre de l'actualité. Un récit qui laisse une grande place aux personnages secondaires. 

Victor, le jeune employé d'Edith, utopiste trouvant toujours une solution aux problèmes, parvenant à se faire réformer pour éviter le service militaire obligatoire, Rosa, sa fiancée, quittant l'usine pour devenir une journaliste engagée dénonçant les injustices dans les pages de Combat. Tout un petit monde idéaliste et actif, entre nostalgie et regrets d'une époque bénie où tout restait à faire et à inventer.

« Agence Hardy » (tome 5), Dargaud, 10,40 € 

samedi 29 mars 2008

BD - Damoclès, nouvelle forme de protection rapprochée


Dans un futur proche, en Angleterre, la mode des enlèvements de gosses de riches contre rançon est en pleine expansion. Pour contrer les kidnappeurs, des sociétés spécialisées se disputent ce marché lucratif. Damoclès est la meilleure d'entre elles. Créée par Mrs Hamilton, Damoclès emploie d'anciens militaires ou policiers triés sur le volet. C

ette série de Callède (scénario) et Henriet (dessin) raconte le quotidien d'une équipe de Damoclès composée de Ely, belle rousse aux idées bien arrêtées, Walter, colosse pragmatique et Sean, beau gosse amoureux d'Ely. Il seront rejoint par un quatrième membre, un novice, Radji, ancien espion spécialisé dans l'antiterrorisme. 

Après une séquence d'ouverture pour présenter les personnages et l'activité de Damoclès, les quatre gardes du corps rentrent dans le vif du sujet : protéger Saïd El-Hanmad, fils unique d'un milliardaire de l'industrie de l'armement. Un groupe d'idéalistes, l'armée de Sherwood menace de l'enlever pour infléchir la politique de son père. 

Saïd, fêtard et noceur, se révèle un drôle de client. Entre Largo Winch et XIII, une série prometteuse démarrant sur les chapeaux de roue.

« Damoclès » (tome 1), Dupuis, 10,40 € 

vendredi 28 mars 2008

BD - Taras Boulba, le guerrier des steppes


Igor Kordey, dessinateur croate, est un créateur infatigable. Il vient de signer une dizaine d'albums en un peu plus d'un an. Après l'Histoire secrète et Le Coeur des batailles, il se lance dans une nouvelle série, l'adaptation en bande dessinée de Taras Boulba, oeuvre de jeunesse de Nicolas Gogol. Il est aidé au scénario par Morvan. Kordey aime illustrer les histoires fortes, pleines de fureur et d'adrénaline. Avec cette histoire de cosaque zaporogue, il trouve une matière première qui lui convient à merveille. 

Taras Boulba ne vit que pour se battre et partager les victoires avec ses frères d'armes. Violent, buveur, il a une femme qu'il a engrossé à deux reprises. Deux fils, Ostap et André dont on va découvrir l'éducation en parallèle au récit principal. Olap est digne de son père, il fait les 400 coups malgré la rigueur des moines orthodoxes qui l'éduquent. André est un grand sentimental, plus intelligent, donc sensible à l'amour. Il le rencontrera un soir derrière une fenêtre. 

La fille du gouverneur de Kovno, de passage à Kiev. Mais il n'y a pas beaucoup de place pour la tendresse dans une vie de cosaque. Une BD virile, pour les hommes, les vrais...

« Taras Boulba » (tome1), Delcourt, 12,90 € 

jeudi 27 mars 2008

BD - La société utopiste de New Byzance


Zacharie Kozinski exerce un étrange métier. C'est un prescient. Le rôle d'un prescient, comme il l'explique à quelqu'un, est de « rêver d'autres univers, d'autres réalités, et de les projeter dans l'inconscient de ceux qui se sont rendus coupables de crimes par la pensée. Mes rêves sont si « réels » que l'objectif est toujours atteint ! 100 % des criminels ressortent du pénitencier sans avoir la moindre velléité de récidive ». Il est au service d'une société utopiste qui mène la vie dure aux déviants. 

Problème pour Zack, il est en train de perdre son don. Devenu inutile, il est condamné à mort. Il parvient à prendre la fuite et croise la route d'une jeune femme vivant dans la clandestinité la plus complète. Elle tient une maison de plaisir. Dans la même journée, cette dernière sauvera également Mily, jeune épouse d'un célèbre architecte qui, la soupçonnant de pensées adultères, tente de la défigurer au vitriol. 

La société imaginée par Corbeyran et dessinée par Chabbert est très noire, pessimiste, totalitariste. Les deux héros vont aller de découverte en découverte, mettant à jour une réalité beaucoup plus complexe qu'elle n'y paraît.

« New Byzance » (tome1), Glénat, 12,50 € 

mercredi 26 mars 2008

Roman d'espionnage - Espagne, nid d'espions

Dans « La partie espagnole », Charles Cummings raconte le réveil d'un espion en sommeil, plongé au cœur d'une « sale guerre ».

Amateurs de romans à l'eau de rose, passez votre chemin. Le monde, bien réel, décrit par Charles Cummings dans ce roman d'espionnage d'un nouveau genre, est d'un machiavélisme absolu. Manipulations, double jeu, vengeance, scandales étouffés pour protéger de hauts dignitaires, meurtres et tortures sont au menu de ces 480 pages denses et haletantes. Alec Milius est au centre de ce récit. Il raconte, à la première personne, sa vie d'espion mis au placard. Ce Britannique, après une opération peu satisfaisante, a du quitter le service actif et, sous une nouvelle identité, vivre dans l'anonymat le plus complet. En Italie, puis en Espagne, à Madrid. Il travaille dans une banque d'affaires anglaise. Seul dans son grand appartement. Il a quand même une maîtresse, Sonia, la femme de son patron, Julian Church. Une vie calme, beaucoup trop calme. Pourtant, même s'il regrette le temps où il était en activité, il préfère rester dans l'ombre.

Paranoïa à l'état pur

Quand Saul, un ami d'enfance, vient lui rendre visite (il vient de rompre avec sa femme et pense que quelques jours à Madrid vont lui changer les idées), ce dernier ne peut que faire remarquer combien Alec est devenu paranoïaque. Pour l'ancien espion, ce n'est que de la prudence. Et de lui expliquer : « J'ai cinq comptes bancaires. Quand j'appelle l'une de mes banques et qu'ils me mettent en attente, je crois que c'est à cause d'une mention en regard de mon nom, et qu'ils vérifient je ne sais quoi. Toutes les trois semaines, je dois changer de numéro de téléphone. Si quelqu'un à côté de moi dans le métro écoute de la musique avec un baladeur, je m'assure que ce quelqu'un ne porte pas de micro caché... »

Mais Alec doit travailler pour assurer sa couverture. Il est envoyé par son patron au Pays Basque. Des investisseurs voudraient avoir quelques assurances sur la stabilité de la région avant d'y injecter plusieurs millions d'euros. Alec rencontre des syndicalistes, des entrepreneurs, quelques politiques et au final un ancien responsable de Batasuna, le parti politique défendant ETA, la branche armée des indépendantistes basques.

Une « guerre sale »

« Mikel Arenaza, politicien et ami de la terreur, est un homme plein d'entrain et engageant (...). Il me repère dans la foule à l'instant même où il franchit la porte, un mètre quatre-vingts au moins d'une allure massive, arborant un sourire plein de charme sous une explosion de cheveux noirs en bataille. » Ils vont longuement discuter dans les bars de San Sebastian. Pour finalement sympathiser. Arenaza se confiera à cet étonnant banquier anglais, curieux et entreprenant, affirmant avoir du sang irlandais. Alec, sans le savoir, vient de reprendre du service. Quelques jours plus tard, l'homme politique basque se rend à Madrid. Il va passer quelques heures avec sa maîtresse mais également retrouver Alec. Depuis la gare il lui donne rendez-vous dans un bar. Il ne s'y rendra jamais. Arenaza vient d'être enlevé et sera retrouvé assassiné quelques temps plus tard. Alec Milius, se retrouve au centre d'une « guerre sale » entre les indépendantistes basques et une fraction radicale des autorité espagnoles.

Charles Cummings, l'auteur, a vécu à Madrid. Il a également été contacté par les services secrets anglais. Il parle donc d'un milieu et d'un pays qu'il connaît parfaitement. Son roman fait froid dans le dos et semble expliquer, en filigrane, que ce pays, malgré une indéniable démocratisation, a gardé en son sein des hommes et femmes prêts à tout pour servir leur cause.

« La partie espagnole », Charles Cummings, Editions du Masque, 22 € 

mardi 25 mars 2008

BD - Cédric et ses enfantillages


Rien ne va plus entre Cédric et Chen, sa petite amoureuse. Le jeune héros n'a toujours pas trouvé le courage d'avouer son amour. Des tentatives de déclarations qui fournissent quantité de gags à Cauvin, inusable scénariste de cette série, dessinée par Laudec qui est passé au dessin électronique, perdant un peu de spontanéité mais gagnant en efficacité. Mais la grosse nouveauté de cet album c'est l'arrivée de voisins. 

Une famille très semblable à celle de Cédric avec une petite fille, Lily, qui s'annonce comme une drôle de chipie. Pour preuve, elle ose en voyant la photo de Chen dire à son fiancé « Elle est moche ! » La guerre est déclarée et devrait relancer les ressorts de la série débutée en 1988, bientôt 20 ans...

« Cédric, tome 22 », Dupuis, 9,20 € 

lundi 24 mars 2008

BD - Génial, une planète à sauver...


Léonard, caricature du génial inventeur italien issue de l'imagination de Turk et De Groot, se penche sur la santé de la planète. Avec une machine à voyager dans le temps, il constate de visu l'inéluctable réchauffement climatique. Et tente de trouver des solutions, toutes plus catastrophiques les unes que les autres. La première histoire complète donnant son titre à ce 38e album, tout en étant comique, nous sensibilise sur la folie de ce monde. 

Un discours politiquement correct qui laisse la place ensuite aux délires des personnages secondaires, l'assistant ou le chat, qui est au centre d'un récit le menant aux quatre coins du monde.

« Léonard, tome 38 », Le Lombard, 9,25 € 

dimanche 23 mars 2008

BD - Quand Seron fait "Plouf"


Au moment même de l'ouverture de la pêche, cet album vient à point nommé pour rappeler que taquiner le goujon ou la truite est un art délicat. Etre passionné ne suffit pas toujours pour remplir sa bourriche. Les fondus ce sont une bande de copains qui transforment leur hobby en source inépuisable de gags. 

Pour cette spécialité, ce sont Richez et Cazenove qui se chargent des scénario et Seron du dessin. Seron, le créateur des Petits Hommes, une pointure de l'école de Marcinelle, acceptant ce travail qui semble très alimentaire (mieux vaut aimer le poisson), sans pour autant bâcler. De la bonne ouvrage au final, distrayant mais qui ne restera pas dans les annales.

« Les Fondus de la pêche », Bamboo, 9,45 € 

samedi 22 mars 2008

Roman - Doublement seul


Ce premier roman d'Anne Goscinny nous plonge dans la journée d'un homme menant une double vie professionnelle. Le matin et l'après-midi il est avocat, le soir, dans l'appartement en face, il consulte en tant que psychanalyste. On découvre l'intérieur de son bureau avant de faire connaissance avec quelques-uns de ses clients. Une description détaillée, méthodique, d'un lieu de vie aseptisé. Ses rapports distants avec sa secrétaire, sa volonté de laisser les gens parler, les écouter, un paradoxe dans sa profession d'avocat, un avantage quand il rejoint son fauteuil de psychanalyste.

Il est au centre du roman, mais ce n'est pas véritablement lui le héros. Anne Goscinny le dépersonnalise au maximum pour insuffler toute la vie du roman dans les personnages qui se succèdent dans son bureau. Un veuf qui tente de conserver la maison héritée de sa femme et que sa belle-fille guigne depuis 5 ans, la femme d'un peintre célèbre flouée par son homme de confiance, une maîtresse-femme désirant divorcer. Autant de tranches de vie fortes et intenses, alors que l'avocat-psy végète. Cette première oeuvre vaut surtout pour son ambiance feutrée, comme cotonneuse. Anne Goscinny pour un premier roman maîtrise parfaitement son sujet de bout en bout, semant dans son récit quelques citations chocs comme autant de directs au foie.

"Le bureau des solitudes", Anne Goscinny, Grasset, 15 € (Le Livre de Poche) 

vendredi 21 mars 2008

BD - Baraka à Bir Hakeim pour Poison Ivy


Yann est un sacré filou. Il profite de sa série « Les exploits de Poison Ivy » pour se moquer de quelques-uns de ses collègues et connaissances. La belle américaine au baiser mortel croise dans cette troisième aventure plusieurs officiers français aux patronymes qui sont autant de clins d'oeil. Du colonel Albert René de la pâte feuilletée au sergent Filippini en passant par le caporal Desbergman, les amateurs apprécieront. Mais cette lecture au second degré n'empêche en rien d'apprécier l'intrigue de l'album. 

Dans le désert libyen, les cinq jeunes femmes du WOW (women on war) ont pour mission d'intercepter la cargaison de cette colonne militaire des forces français libres qui doit rejoindre le fortin de Bir Hakeim. Une cargaison très convoitée car les Nazis sont également aux basques du convoi. 

Un album où Yum Yum Jaw déploie tout son art pour faire disparaître les soldats morts. Cannibale de son état, son estomac peut engloutir toute une division. Truffé de gags made in Yann, dessiné avec classe et précision par Berthet, cette série exploite la veine comique de leur précédente série plus dramatique, Pin-Up.

« Les exploits de Poison Ivy » (tome 3), Dargaud, 10,40 € 

jeudi 20 mars 2008

BD - Furiani Vendetta


Jean-Philippe Dugand fait partie de ces scénaristes totalement inclassables. Après des débuts dans l'underground (notamment chez les Requins Marteaux albigeois), il s'est associé à son vieux complice Didier Poiraud pour écrire le scénario d'Atomik Circus, ovni cinématographique entre le nanard SF et la comédie musicale avec Vanessa Paradis en vedette. 

Il signe avec District 77 ce qui à première vue est un polar classique avec flics américains violents ou dépressifs (parfois les deux à la fois). Mais il y intègre une grosse touche de fantastique, du vaudou brésilien qui permet effets spéciaux gore, un peu de sexe et de la baston virile. On suit dans les premières pages du second tome la vengeance d'une bande de truands profitant du coma du Big Boss pour se racheter à bon compte une boite de strip-tease. En parallèle, Lili Lafayette, jeune fliquette est en pleine déprime. Elle est suspendue après avoir abattu un homme. Ce que ses supérieurs ne savent pas, c'est que l'individu était « possédé » par l'esprit du Big Boss.

 Une BD très speed, pleine de bruit et de fureur, tout ce qu'aime Denys, le dessinateur, qui a déjà à son actif la série « Dans la nuit ».

« District 77 » (tome 2), Le Lombard, 10,40 € 

mercredi 19 mars 2008

BD - L'anse aux crânes, premier tome de la série Delta

Etre le fils d'un riche noble ne procure pas que des avantages. Gabriel Boissy d'Aigremont représente une montagne d'or pour les pirates qui viennent de l'enlever. Dans cette Amérique du Sud des Conquistadores que l'on devine équatoriale, il est enfermé dans un vieux bateau échoué dans une mangrove grouillant de bestioles toutes plus inquiétantes les unes que les autres. Une jeune indigène, Tina, vient le nourrir. Et un jour elle parvient à lui remettre un outil lui permettant de briser ses chaînes et de s'évader.

 Le jeune couple très dépareillé, un aristocrate et une sauvageonne, parvient à semer ses poursuivants en empruntant un chemin risqué sur les eaux infestées de bêtes féroces. Une fuite au cours de laquelle Gabriel apprendra à mieux connaître Tina qui sous ses airs de petite fille cache une femme déterminée, bien décidée à utiliser le jeune Français pour arriver à ses fins. 

Une histoire de Fonteneau dessinée par deux Italiens qui ont déjà fait leurs preuves. Roberto Ricci a signé chez Delcourt « Les âmes d'Hélios ». Il s'est associé, pour dessiner ce « Delta », à Matteo Simonacci qui était il y a peu son élève à l'école internationale de bande dessinée de Rome.

« Delta » (tome 1), Les Humanoïdes Associés, 12,90 € 

mardi 18 mars 2008

Roman - Mystères et souvenirs de famille

Trois voix, trois générations pour tenter d'expliquer l'histoire d'un homme disparu à Marie-Galante, île guadeloupéenne pleine de mystères. "Un soupçon d'indigo" est un roman de Michèle Gazier.


Pourquoi Lucie a accepté ces quelques jours de vacances avec un couple ami à Marie-Galante ? Son inconscient lui a-t-il dicté de dire oui à cette invitation ? Marie-Galante c'est « l'île maudite d'où son grand-père n'était jamais revenu ». Et une fois sur place, dans la touffeur tropicale, de s'interroger : « Que vient-elle chercher ici ? Le souvenir d'un mort ? La trace d'un homme dont elle ne connaît qu'une photo ancienne qui le montre jeune et joyeux ? »

Michèle Gazier, dans ce roman sensuel et trouble, dévoile par petites touches le parcours de cet homme insaisissable par les membres de sa famille. Maurice Gil, vivait heureux dans le Sud de la France. Un jour il a trouvé un emploi dans une grosse distillerie guadeloupéenne. Il s'est envolé vers les Antilles et n'a jamais plus remis les pieds en métropole.

Abandon de famille

Une famille qui l'a gommé de sa mémoire. Sa fille, Isabelle, raconte ce père absent dans la seconde partie du roman, Lucie, la petite-fille, sans véritablement le désirer, va se retrouver sur les traces de son grand-père durant ces courtes vacances. Premier signe, la rencontre d'un vieil Antillais qui l'aborde après l'avoir dévisagée : « Vous me rappelez un ami. Il avait comme vous des yeux bleus. De ce bleu si particulier de l'indigo. Savez-vous que, longtemps, cette plante fut la richesse de notre île ? Merci de m'avoir permis de penser à lui en vous regardant. » Lucie est troublée. Perdue dans cette carte postale pour touriste, elle sent que son grand-père est encore présent dans l'esprit de beaucoup d'autochtones. Une sorte de légende cachée, comme un mystère que personne ne veut dévoiler.

Le second choc c'est quand elle entend une chanson dans la rue. Du balcon de sa chambre d'hôtel, face à la mer, elle constate que trois vieux ivrognes passent de longues nuits sous une casemate à boire du rhum local. Fascinée par cette langue créole qu'elle ne comprend pas, elle intercepte quelques paroles en français d'une chanson massacrée disant « Si tu veux faire mon bonheur, Marguerite, donne-moi ton cœur ! ». Cette chanson elle l'a déjà entendue dans la bouche de sa mère, Isabelle. Et Marguerite c'était le prénom de sa grand-mère, abandonnée par Maurice.

Ailleurs

Délaissant plage et randonnées touristiques, elle va chercher des indices du passage de son grand-père à Marie-Galante. Elle devra attendre le dernier jour de son séjour pour avoir un embryon d'explication. Des faits peu probants. Il a bien résidé à Marie-Galante. Mais un jour il a disparu. Sans prendre le bateau. Sans explication. Une seconde disparition pour cet homme qui avait déjà tout lâché en France, laissant femme et enfant, seules avec leurs souvenirs. La seconde partie du roman raconte cette absence, difficilement vécue par Isabelle, sa fille.

La troisième partie du roman est constituée des mémoires confessions d'un vieil Antillais. Il a connu Maurice. Il raconte son passage à Marie-Galante, son coup de foudre pour l'île, ces paroles prononcé avec un regard triste : « Il n'y a plus d'ailleurs. Il n'y aura jamais plus d'ailleurs. » Un roman énigmatique, qui interroge sans révéler une vérité. Qu'est véritablement devenu Maurice Gil ? Qui le sait avec certitude ? Même lui se pose peut-être encore la question... Michèle Gazier signe une intense chronique sur l'absence et la famille, un texte fort qui prend aux tripes.

« Un soupçon d'indigo », Michèle Gazier, Seuil, 18 € 

lundi 17 mars 2008

BD - A trois, l'amitié plus forte


Elles sont trois amies. Trois adolescentes dans un lycée canadien à tenter de séduire tout mâle non boutonneux. Mais dans ce trio improbable imaginé par Delaf et Dubuc (qui sont en couple dans le civil) Karine fait un peu figure de pièce rapportée. Karine est très grande, très maigre, sans poitrine et surtout très naïve. Par contre Vicky et Jenny sont les caricatures de ces petites chipies ne vivant que pour la mode, l'apparence et le futile. 

Leur amitié pour Karine n'est qu'intéressée. Faire-valoir esthétique ou aide inespérée en cours, Karine, tout en étant la plus sympathique, est également la plus à plaindre. Dans ce troisième album, Vicky est bloquée à l'hôpital, une jambe dans le plâtre. Jenny en profite pour tenter de lui « voler » John-John, l'énigmatique motard tout de cuir vêtu, ne quittant jamais son casque à la visière teintée. 

Une série dans l'air du temps, comique mais pas toujours. Karine est déchirée entre son amoureux et ses copines. Elle doit faire des choix et parfois se trompe. Enfin, on connaîtra le secret de John-John. Un choc pour Karine et les lecteurs.

« Les Nombrils » (tome 3), Dupuis, 9,20 € 

dimanche 16 mars 2008

Roman - Serge Raffy nous entraîne sur "La piste andalouse"

Les personnages de ce roman à suspense de Serge Raffy semblent normaux. Mais la lecture d'un recueil de poèmes va bouleverser leurs vies, et les emporter dans un tourbillon de folie.


Aimant se promener dans les travées tranquilles du cimetière Montparnasse à Paris, Jérôme Sergent, ancien professeur d'espagnol, ne se doute pas qu'il va y faire une rencontre qui va bouleverser sa vie. Un homme, semblant fuir une menace invisible, s'immobilise en face de lui près de la tombe de Tristan Tzara. Il a une enveloppe dans la main et la tend à Jérôme tout en sortant de son pardessus un revolver avec lequel il se suicide... Complètement interloqué, Jérôme va prendre l'enveloppe dans un premier temps avant de prendre la fuite.

Une fois passée cette scène forte du roman, Serge Raffy, l'auteur, prend un peu plus de temps pour nous présenter Jérôme Sergent et les différents protagonistes de ce roman à suspense.

Le suicidé d'abord, Dimitri Bernès.

Comme Jérôme, il est originaire de Toulouse. Laborantin dans une grosse entreprise pharmaceutique, il travaille sur de nouveaux vaccins. Et comme il a des origines russes, la voie de l'espionnage industriel pour une puissance étrangère se précise. Mais c'est également un poète maudit. Il se trouvait à Paris pour tenter de faire publier un recueil de poèmes intitulé " Bivouacs ". Des poèmes que l'on retrouve dans leur intégralité à la fin du roman. L'enveloppe que Jérôme emporte avec lui est remplie de ces poèmes.

Trois jours après le suicide, en lisant que la police penche plutôt pour l'hypothèse du meurtre, Jérôme se décide à aller témoigner.

Mais sa version des faits est remise en cause par le policier chargé de l'affaire et rapidement Jérôme passe du rôle de témoin à suspect puis rapidement de coupable emprisonné. Perdant peu à peu la raison, Jérôme va faire des aveux, s'accuser du meurtre et tenter de finir les derniers poèmes de Dimitri, comme si l'esprit du suicidé avait pris possession de son cerveau au moment de la mort. Mais ce n'est pas évident de s'improviser écrivain. Surtout quand on confond les vers qui riment avec les vers qui grouillent dans la terre : " Je ne peux dire' voilà j'écris des vers', car je pense immédiatement à 'j'élève de la vermine'. Je ne parviens pas à élever mon regard au-delà de la tourbe... Je ne parviens pas encore à me considérer comme un artiste. J'admire ceux qui ont la force des vaniteux, concentrés sur leur ego, aveuglés par la certitude de porter en eux un bout d'éternité. Moi, je ne vois dans l'art que la perte et la douleur. " Emporté dans un tourbillon frénétique entre folie, espionnage, amour et remise en cause personnelle, le lecteur ne sort pas indemne lui aussi de ces 230 pages. Comme l'auteur, il se posera nombre de questions sur la signification de l'art, sa perception dans un monde hypermatérialiste.

Sans oublier la problématique du "passage" et de la "transmission" au centre de cette Piste andalouse.

"La piste andalouse" de Serge Raffy, Calmann-Lévy 

samedi 15 mars 2008

Polar - Véra Cabral, amie des barjots

Notre société va de plus en plus mal. Ce n'est pas un propos de voisin blasé improvisé sociologue de bazar autour d'un barbecue trop arrosé mais la constatation bien réelle du docteur Véra Cabral, psychiatre aux urgences en région parisienne imaginée par Virginie Brac. Après une nuit pas plus chargée que les autres, elle reçoit un appel de son chef de service, le professeur Russel. Il lui demande de venir le plus vite possible à son domicile pour une intervention cruciale.

Dans la chambre du fils de ce ponte de la médecine, gît une jeune fille, massacrée au couteau. Dans un coin de la pièce, elle voit le fils de son patron, Fred, recroquevillé, semblant divaguer, visiblement dément ou sous l'emprise d'une puissante drogue. Rapidement les policiers font leur entrée en scène. Menée par la lieutenante Sanchez, sorte de Bérurier femelle avec un peu plus d'intelligence, l'enquête progresse vite. Tout accuse Fred. Le père ne nie pas. Il exige simplement de Véra qu'elle certifie qu'il s'agit d'une crise de démence qui épargnera la prison à son fils. Véra, individualiste et assez réfractaire aux ordres, ne l'entend pas de cette oreille. D'autant qu'elle est persuadée que Fred n'est pas l'assassin de sa camarade de classe. Elle va donc mener sa propre enquête, malgré les menaces de son patron, de la mère de la victime et des policiers rêvant en secret d'épingler le fils d'un notable.

Virginie Brac déroule son intrigue avec une maestria redoutable. Sans pour autant négliger la vie privée de Véra, jeune femme de 33 ans espérant toujours rencontrer le grand amour mais qui n'a jamais osé s'abandonner dans les bras d'un homme.

On découvre au détour de deux interventions la famille envahissante de la psychiatre, ses amitiés avec les travestis faisant le tapin, son dégoût de la hiérarchie et des ambitions professionnelles. Un roman au cours duquel le lecteur est constamment ballotté entre les scènes de pure action, de violence brute mais aussi de réflexion intense et de psychologie très fine.

De quoi contenter tout le monde avec, et c'est peut-être là l'essentiel, une héroïne très humaine qui a toutes les chances de trouver parmi les lecteurs beaucoup de compréhension et de compassion.

"Notre-Dame des barjots" de Virginie Brac au Fleuve Noir et réédité en poche chez Pocket, 6,40 € 

vendredi 14 mars 2008

BD - Les enfants perdus et le milliardaire


Après avoir bouclé deux cycles de trois albums, Pecqueur et Malfin reprennent tous les personnages de Golden City et ouvrent une nouvelle trilogie. Banks est de nouveau PDG de son groupe pharmaceutique. Dans les premières pages, il est dans la cabane de Mifa, Apple, Solo et Kumiko, les enfants perdus. Ces derniers racontent comment ils se sont rencontrés, où est née leur amitié. 

Des pages sombres pour ces enfants abandonnés, orphelins, obligés de voler pour survivre dans un monde où ils n'avaient plus leur place. Mais c'est le passé. Aujourd'hui, ils vont partir avec Banks vivre sur Golden City. Cet avenir radieux se charge de noirs nuages quand la petite Loli est enlevée par de mystérieux hommes masqués. Un commando qui, quelques heures plus tôt, avait également kidnappé le professeur Seed. Un vaste complot pour tenter de pénétrer dans Golden City et en prendre le contrôle.

La série de SF imaginée par Pecqueur est une belle réussite. Suspense, personnages attachants, intrigue fouillée : tous les ingrédients pour en faire un succès sont réunis. Et comme le dessin de Malfin est à la hauteur, il serait idiot de bouder son plaisir...

« Golden City » (tome 7), Delcourt, 12,90 € 

jeudi 13 mars 2008

BD - La traque de Freddy débute


Corbeyran et Gérineau, créateurs de l'univers des Stryges, creusent le filon horreur avec cette nouvelle série dessinée par Defali. Le premier tome, de 56 pages, se déroule à deux époques différentes. Des archéologues découvrent une momie dans un caveau en Iran. Dans son sarcophage, elle était enchaînée. A l'ouverture, un gaz délétère se répand dans la chambre funéraire faisant sombrer dans l'inconscience les trois chercheurs. 

De nos jours, à Paris. A la sortie d'un cinéma, un couple est agressé par un monstre mi homme mi loup. Il tue l'homme, mais est mis en fuite avant de pouvoir s'attaquer à la jeune femme. Un fait divers qui attire l'attention de l'Europolice. Un inspecteur belge, Franck Vandenbroecke, se rend sur place et constate que cette agression est signée : Freddy est de retour. Un mystérieux tueur en série qui, tel le Freddy des Griffes de la Nuit, film d'horreur de Wes Craven, lacère ses victimes avant de les dévorer. 

Une BD très sombre, multipliant les courses-poursuites et les scènes violentes. Le dessin de Defali, en forçant sur les ombres et le côté obscur, perd un peu en lisibilité. L'intrigue rattrape le tout. D'autant que ce premier album se termine sur un coup de théâtre très prometteur pour la suite...

« Le syndrome de Hyde » (tome 1), Delcourt, 12,90 € 

mercredi 12 mars 2008

BD - La renaissance du Page du Roy


La très belle collection des Intégrales Dupuis remet au goût du jour de nombreuses séries qui sont, des décennies plus tard, devenues des classiques trop peu connus. Après Buck Danny, Spirou, Tif et Tondu ou Gil Jourdan, c'est l'oeuvre de Peyo qui est revisitée, dans une édition chronologique riche en inédits. Le premier titre présente trois aventures de Johan et Pirlouit ("Le Châtiment de Basenhau" / "Le Maître de Roucybeuf" / "Le Lutin du bois aux roches"), parues dans les pages de Spirou entre 1952 et 1954. 

Mais avant de pouvoir lire ces aventures (avec quelques illustrations supplémentaires et même une page inédite), vous saurez tout des débuts de Peyo, Pierre Culliford de son vrai nom. Des séries humoristiques sur les scouts, un récit de pirates et rapidement le personnage de Johan. Il a vu le jour dans les pages jeunesse de la Dernière Heure, quotidien belge. Des aventures redessinées quelques temps plus tard pour un autre quotidien belge, le Soir. Vous pourrez même découvrir l'intégralité de la deuxième histoire de Johan (sans Pirlouit à l'époque) parue début 1952 dans le Soir. Une redécouverte pleine de charme, où le dessinateur affirme déjà tout son sens du découpage et du rebondissement humoristique. 

Une série rare (il n'y a eu que 13 aventures de Johan et Pirlouit, héros délaissés par Peyo en raison du succès des Schtroumpfs) qui verra son intégrale bouclée en quatre gros volumes de 160 pages. Ne manquez pas ce premier tome plein d'enseignements.

« Intégrale Johan et Pirlouit » de Peyo (tome 1, Page du Roy), Dupuis, 17 euros. 

lundi 10 mars 2008

BD - La noirceur extrême de Paul Pope


Paul Pope fait partie de ces jeunes auteurs américains qui savent, tout en faisant du comics, y intégrer des influences européennes voire japonaise. Son dessin, tout en noirceur, montre toute l'âpreté de la vie nocturne. Ce gros pavé de 250 pages explore la vie de six personnages gravitant dans une immense boîte de nuit à New York dans un futur proche. 

Il y a une jeune danseuse de l'extrême, sa patronne qui rêve de fabriquer du café, le plongeur de l'établissement, une serveuse, un boxeur et un artiste d'avant-garde. Leur point commun : l'envie de tout faire à 100 %, au maximum. 

Un album rock'n roll qui résonnera longtemps dans votre mémoire.

« 100 % », Dargaud, 17 euros 

dimanche 9 mars 2008

BD - A la source du jazz


Mississippi, 1935. Edward Ray Cochran a tout largué, femme enceinte, maison et boulot. Il part sur les routes, guitare à la main, pour réaliser son rêve : vivre de sa passion et devenir musicien. 

En chemin, il rencontre Robert Johnson, la légende du Blues, qui l’aidera à devenir « Meteor Slim ». « Frangines » d’un soir, bagarres de bar, whiskey au goulot, cabarets crasseux et producteurs véreux : la voie de la reconnaissance n’est pas de tout repos. 

Ce long roman graphique de Frantz Duchazeau entraîne le lecteur à la source du jazz, musique populaire par excellence.

« Le rêve de Meteor Slim », Sarbacane, 23 euros 

samedi 8 mars 2008

BD - Triste one man show


C'est l'histoire d'un mec seul en scène. Un comique, célèbre et reconnu. Il a plein de projets après une tournée triomphale. Mais ses maux de ventre à répétition se révèlent un peu plus graves qu'un simple ulcère. 

C'est l'histoire d'un mec qui n'a plus que trois mois à vivre. Mais qui va quand même continuer à faire rire son public. Un récit de Gilles Lahrer mis en images sur plus de 250 pages, en noir et blanc, par Sébastien Vassant. 

Les longs monologues du héros, pleins d'esprits, sont autant de pauses dans cette histoire dramatique, inspirée indirectement par un certain Pierre Desproges.

« L'accablante apathie des dimanches à rosbif », Futuropolis, 25 euros 

vendredi 7 mars 2008

BD - Mégalex, l'épilogue


Après avoir totalement dématérialisé sa table à dessin, Beltran, revient à la bonne plume ou au pinceau, trempés dans de la simple encre de Chine. Celui qui maîtrisait à merveille ces images en 3D entièrement issues des mémoires des ordinateurs a ressenti le besoin de ce retour à la tradition : « Certaines sensations propres au dessin intuitif commençaient à me manquer. J'essaie d'arriver à l'essentiel de l'image au stade du dessin »

Une évolution radicale qui va également dans le sens de la série. Très technique, avec robots et androïdes, Mégalex s'oriente dans cet épisode final vers plus de nature, notamment dans une immense forêt, et de spirituel. Alors que des millions de clones s'aprètent à mourir, leur vie programmée étant sur le point de s'achever, les rebelles menés par Zéraïn parviennent à pénétrer dans la salle du trône pour assassiner la princesse Kavatah. Mais au moment où il va l'égorger, son bras se paralyse. Irrémédiablement attiré par elle, il prend la fuite en sa compagnie. Dans l'ombre, trois vieux savants semblent tirer les ficelles. 

Une fin très écologique pour cette série qui a permis de révéler au public toutes les facettes du talent de Beltran.

« Mégalex » (tome 3), Les Humanoïdes Associés, 12,90 € 

jeudi 6 mars 2008

BD - La jeunesse du détective le plus célèbre de tous les temps


Jean-Louis Le Hir, après des débuts de dessinateur pour enfant   (Cholms et Stetson), s'est dirigé vers l'illustration et le dessin d'humour. Il a notamment signé une série de strips intitulée « C'est qui le boss » sur le monde de l'entreprise. Mais la BD réaliste semblait lui manquer et il semble avoir enfin trouvé son style et son public avec ce Sherlock, jeunesse de Sherlock Holmes imaginée par ses deux scénaristes Didier Convard et Eric Adam. Le Hir, au pinceau, dessine toute la noirceur de cette Angleterre de la fin du 19e siècle. Le jeune Sherlock, apprenti archéologue, apprend la mort de sa mère alors qu'il est en Egypte. Elle se serait suicidée. Retour en bateau et bien des jours après le drame, le jeune surdoué de la déduction comprend rapidement que ce suicide par pendaison est un meurtre déguisé. Avec son frère aîné, agent des services secrets, il va tenter de découvrir l'identité du meurtrier. Mais cela impliquera un changement total d'orientation pour le jeune homme qui sera même obligé de changer d'identité devenant le célèbre Holmes. Une BD très divertissante qui donne envie de se replonger dans la littérature de Conan Doyle.

« Sherlock » (tome 1), Glénat, 12,50 € 

BD - Aria la libératrice


Aria, héroïne de Michel Weyland, est mise à rude épreuve dans ce 30e album intitulé Renaissance. Envoyée comme messagère dans une contrée du sud pour savoir s'il serait possible de développer des relations commerciales, la belle blonde est catastrophée quand elle découvre la condition des femmes dans ce pays.

 De même, elle n'admet pas qu'on utilise des proies vivantes pour chasser de grand oiseaux carnassiers. C'est en voulant délivrer un chat qu'elle est frappée par la foudre. Entièrement brûlée, défigurée, elle ne doit son salut qu'aux remèdes naturels d'un célèbre chamane. Après des semaines de convalescence, elle est comme neuve. Avec cependant un gros problème : elle est totalement amnésique. Seul souvenir, qui revient chaque nuit dans des cauchemars redoutables, elle est enchaînée sur un bûcher et les flammes la dévore. 

Les habitants, eux, sont persuadés qu'elle est la réincarnation de Sacrane, une jeune guerrière qui a tenté de libérer les pays il y a un siècle. Il n'en faut pas plus pour que Aria endosse le costume de libératrice et se lance à l'assaut des envahisseurs. Un album à la fin duquel vous pourrez découvrir deux récits complets inédits datant du début des années 80.

« Aria » (tome 30), Dupuis, 10,40 € 

mardi 4 mars 2008

BD - Alix Yin Fu en cavale


Cette cinquième aventure d'Alix Yin Fu, combattante des Tigresses Blanches, triade au service des communistes chinois, est particulièrement dramatique. On meurt beaucoup dans ces 46 planches scénarisées par Wilbur et Conrad et dessinées par Conrad. Alix a pour mission de démasquer les Tigresses qui espionnent pour les nationalistes. Mais en se rendant au repaire de ces jeunes filles, elle ne se doute pas qu'elle est suivie par une équipe de tueurs. Elle sera la seule à être épargnée. Une chance qui la désigne comme la seule et unique traîtresse. Elle sera donc torturée pour avouer. 

Heureusement, son vieil ami, le communiste français, grand ami de Mao, Maurice Rousseau alias Dragon aux trois couleurs (bleu, blanc rouge...), va prendre sa défense. Ensemble, ils parviendront à prendre la fuite et l'action se déplace de Chine à Londres. 

Conrad dessine de plus en plus vite, moins de six mois s'écoulant entre les albums. Mais ce n'est pas au détriment de la qualité. Au contraire, en lâchant son trait, ce dernier semble n'en prendre que plus de force.

« Tigresse blanche » (tome 5), Dargaud, 11,50 € 

lundi 3 mars 2008

SF - Arme temporelle secrète

Tim Powers, dans ce roman de science-fiction, récrit l'Histoire du début du XXe siècle.


Et si Einstein, en plus de la relativité, avait fait des découvertes encore plus révolutionnaires. Il est à l'origine de la bombe atomique, mais s'il avait inventé une arme encore plus redoutable et ne l'avait pas dit au président des USA ? Sur cette base, Tim Powers a construit « A deux pas du néant », un roman de science-fiction se déroulant en Californie, avec course poursuite de diverses officines pour s'approprier d'un secret déterminant pour l'avenir de la planète. La jeune Daphné, 12 ans, élevée par Frank Marrity, son père, veuf, vient de perdre son arrière-grand-mère, Grammaire. Morte sur le mont Shasta, au beau milieu d'un regroupement new age. Problème, une demi-heure plus tôt, elle téléphonait de la banlieue de Los Angeles, à 800 kilomètres de l'endroit où elle s'est éteinte. Daphné n'est pas une petite fille comme les autres. Elle parvient à lire les pensées de son père. Et lui fait de même.

Ce qu'ils ne se doutent pas, c'est que la disparition de la vieille femme va focaliser l'attention de plusieurs organisations secrètes sur leurs petites personnes. Le Mossad en premier lieu. Les services secrets israéliens, d'après Tim Powers, ont un autre rôle que de protéger Israël. Ils cherchent la fameuse arme inventée par Einstein pour empêcher qu'elle ne tombe entre de mauvaises mains. Ces mauvaises mains ce pourrait être les Vêpres. Ce groupe mystérieux, commandé par Rascasse, un Français faisant officie de méchant comme souvent dans l'imaginaire américain, est prêt à tout pour acquérir l'arme. Dans ses rangs se trouvent Charlotte Sinclair. Une jeune femme, médium, aveugle. Elle parvient cependant à voir, en pénétrant l'esprit des personnes qui ne sont pas trop éloignées d'elle.

Pour Frank et Daphné, tout va rapidement s'emballer et ils devront, à grandes enjambées, découvrir le passé de Grammaire pour stopper la machine infernale risquant de mener le monde à sa perte.

Tim Powers s'affirme comme un romancier à l'imagination débordante mais toujours argumentée par des faits scientifiques. Il entraîne le lecteur dans cet affrontement secret qui semble durer depuis la nuit des temps et qui, au passage, expliquerait l'incroyable sévérité de l'Eglise envers les Cathares.

« A deux pas du néant », Tim Powers, Denoël, 25 €

samedi 1 mars 2008

BD - Guerres de divinités nordiques


C'est l'histoire du combat des anciens dieux contre le nouveau dieu unique. L'arrivée du christianisme dans les terres enneigées des pays nordiques. Esclavage, massacres... le lot quotidien de toutes les conquêtes. Sylvain Runberg raconte cette histoire âpre et sans concession. Il suit le parcours de plusieurs protagonistes, des deux camps. Harald et Henrik, capturés, sont offert aux skanes, un peuple forestier qui les transforme en bétail. Lina, la fiancée d'Harald, doit suive Bjorn. 

Ce dernier est à la tête d'une armée de Francs fournie par Charlemagne. Pour poursuivre l'évangélisation et surtout retrouver la relique chrétienne de Jarrow. Le second tome de cette saga se déroule dans la région de Svartalaheim. Une vaste zone boisée où un homme seul n'a aucune chance de survivre tant les êtres maléfiques pullulent. 

Un récit dur, mis en image par Boris Talijancic. Son dessin, parfois un peu surchargé, semblé s'affiner et devenir plus puissant en fonction de la progression de l'intrigue.

« Hammerfall », Dupuis, 13 €