mardi 14 avril 2020

De choses et d’autres - Démasqué !


Hier dans l’Indépendant, vous avez pu retrouver sur une pleine page un patron pour fabriquer votre propre masque de protection. Moi qui vais toujours faire les courses le visage découvert, depuis quelques jours je me sens nu comme un ver face à toutes les ménagères qui arborent des masques maison.

Mon épouse, pleine de bonne volonté, se concentre. Reste à décrypter le patron. Pas gagné d’avance car il faut bien le reconnaître, elle et la couture cela fait deux. Face à son air circonspect, je jette un œil aussi sur la page. Et là, l’affaire se complique encore.
Si au début les explications semblent assez compréhensibles, mon cerveau bloque quand il faut « coudre suivant les axes de pliure (piqueuse plate, point droit) en pliant A1 sur A2 puis B1 sur B2 ».
J’ignorais que la couture exigeait un doctorat de physique quantique. Enfin c’est l’impression que j’ai en découvrant les directives.
Malgré l’impression de me trouver face à une tâche insurmontable, je décide d’aider. Dans un premier temps je cherche du tissu. À carreaux (me souffle mon épouse aussi manche que moi), quand même plus facile à découper pour quelqu’un qui a deux mains gauches.
Quant aux élastiques, introuvables dans le commerce actuellement selon notre voisine, reine de la machine à coudre personnifiée, celui d’un vieux slip fera l’affaire. Mais se balader avec un morceau de slip sur la tête ne va-t-il pas m’attirer d’ennuis ?
Finalement, le masque maison sera pour plus tard. Je me contenterai d’un grand mouchoir sur le visage. Comme les bandits dans les films de cowboys. J’ai toujours rêvé d’être un cowboy. Et pour épouse Calamity Jane.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 14 avril, 29e jour du grand confinement (photo Nathalie Amen-Vals)

Cinéma - « Guns Akimbo » sur Amazon, des flingues et de l’humour très noir




Sans doute lassé d’être associé au personnage d’Harry Potter, Daniel Radcliffe donne un tour assez étrange à sa carrière. Il aurait pu sélectionner soigneusement ses rôles, se contenter d’interpréter les jeunes premiers dont rêvent toutes les jeunes filles en fleur. Au contraire, il semble avoir décidé de régulièrement jouer des tordus de l’extrême, humiliés et demandeurs de performances physiques hors normes. Il débute ce genre de prestation dans Horns, tiré du roman d’horreur de Joe Hill. 
Affublé de cornes durant toute l’histoire, il est le méchant qui essaie de se racheter. Le pire reste sa composition dans Swiss Army Man. Il joue le rôle d’un cadavre péteur. Compagnon de galère d’un naufragé, il se fait transporter comme un sac de pommes de terre dans une nature hostile. Tout en pétant… 
Dans Guns Akimbo de Jason Lei Howden, sorti directement sur Amazon Prime, il incarne Miles, geek pleutre et effacé. Ce n’est que la nuit qu’il combat les trolls sur internet. Exactement, il essaie d’être pire qu’eux. Mais cela ne plaît pas à Riktor (Ned Dennehy) qui le piège. Il envoie ses sbires lui greffer deux pistolets aux deux mains et l’inscrit à un jeu de téléréalité extrême. Il a 24 heures pour tuer Nix (Samara Weaving). À moins que ce ne soit cette redoutable tueuse qui ne remporte la partie retransmise en direct sur le dark net et ne plombe le pauvre Miles. 90 minutes de bastons bien glauques, de combats et de dizaines de morts violentes et spectaculaires.
 Ponctuées de scènes d’un humour noir absolu. C’est d’ailleurs dans ces dialogues, comiques par leur décalage, que réside l’intérêt du film, coproduction entre l’Allemagne et la Nouvelle-Zélande.

BD - Le Dom Juan de la photo face aux conséquences de son inconséquence



La collection Aire Libre de Dupuis permet de grandes rencontres. Avec pour résultat une grande œuvre quand un scénariste exigeant, Denis Lapière, écrit pour un dessinateur surdoué, Dany. Histoire spécialement écrite par Lapière, « Un homme qui passe » est rempli de jolies femmes. Logique, Dany, après avoir connu le succès et la reconnaissance avec les aventures poétiques d’Olivier Rameau, s’est consacré à ce qu’il apprécie le plus : le corps de jeunes femmes. 



Ses albums de gags salaces ne resteront pas dans les mémoires, par contre les amateurs de beauté garderont longtemps au fond de leurs rétines les courbes de belles dévêtues peuplant ces pages . Dany a donné ses lettres de noblesse à l’art de la pin-up. 
Attention cependant, le scénario de Lapière est futé et machiavélique. Sur une île anglo-normande, en pleine tempête, Paul Berthier, célèbre photographe, sort de sa petite maison frappée par les embruns pour se tirer une balle dans la tête. Mais au moment d’appuyer sur la détente, il voit une fusée de détresse. Mourir attendra. Il saute sur son bateau et  sauve une plaisancière en perdition. Kristen, jeune et jolie éditrice, venait lui demander des nouvelles de l’avancement de son prochain livre quand elle se fait surprendre par la furie de l’océan. 
Paul explique qu’il a décidé de rendre hommage à toutes les femmes qu’il a aimées et photographiées. Et il raconte ces aventures exaltantes, romantiques, sensuelles et sexuelles. Des passages au cours desquels Dany croque ces conquêtes dans leur plus simple appareil. Mais « Un homme qui passe » n’est pas qu’une succession de clichés, c’est aussi un réquisitoire contre ces hommes Dom Juan, laissant derrière eux les anciennes conquêtes éplorées car tout à coup attirés par une nouvelle fille gironde. 
Une BD sensuelle. Puis cruelle. Très cruelle. 

« L’homme qui passe », Dupuis, 16 €

Shadowz, le Netflix de l’horreur


 Netflix c’est bien, Disney+ aussi, mais on ne trouve pas tout sur ces plateformes de streaming. Si Netflix fait quelques efforts dans le cinéma de genre, rien de ce style sur la dernière née des plateformes. Alors des fans absolus de fantastique, horreur, SF, gore et autres joyeusetés réservées aux amateurs de sensations fortes et à l’estomac bien accroché, ont décidé d’inventer ce qu’ils rêvaient dans leurs pires cauchemars : une plateforme de streaming ne proposant que du cinéma de genre. Ainsi est née « Shadowz, la première plateforme de screaming ».
Officiellement lancée début mars quelques jours avant le grand confinement, Shadowz offre une semaine d’essai gratuit et reste accessible au plus grand nombre puisque l’abonnement mensuel est fixé à 4,99 €. Et sans engagement comme les concurrents. La société à la tête du projet entend ainsi « proposer ce qu’aucune plateforme de VOD ne propose aujourd’hui : une offre 100 % frisson façonnée par des passionnés et pour des passionnés ! » Dans un premier temps on peut faire son choix dans quelques centaines de titres, certains de légende, d’autres très rares et particulièrement étranges. D’un fonctionnement assez simple, Shadowz permet à l’abonné de choisir parmi l’ensemble de son catalogue ou dans des rubriques crées spécialement en fonction des sous-genres proposés.

Enfermés
On trouve les incontournables telles les histoires de zombies ou de fantômes, mais quelques catégories se veulent un peu plus pointues et imagées. Ainsi dans la rubrique « Enfermés », tout à fait de circonstance en ce moment (on l’est tous, enfermé, depuis le 17 mars), ne passez pas à côté de Génération Proteus sorti en 1977. Dans la zone « Pourquoi voir ce film ? », Shadowz explique « Terriblement en avance sur son temps, le film de Donald Cammell anticipe l’ère moderne des objets connectés et nous plonge dans un récit claustrophobique et sadique qui fait réfléchir tout en éveillant un plaisir sournoisement malsain. »
Un véritable poème…

Autre classification qui donne à réfléchir (et rire) : « Pas vegan ». Sous ce vocable on retrouve quelques-uns des pires films mettant en scène des animaux, ou des humains, dévorant les pauvres seconds rôles qui ne passent que rarement la première heure. Accrochez-vous pour supporter les scènes criantes de vérité de Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato ou The Breed, film de 2007 avec Michelle Rodriguez (Fast & Furious) en vedette dans cette histoire de chiens génétiquement modifiés et affamés.
Vous pourrez redécouvrir (ou découvrir tout court pour les plus jeunes) ces références que sont La nuit des morts vivants de Georges Romero (le 1er film de zombies), Halloween de John Carpenter avec Jamie Lee Curtis, plus célèbre film de slasher (tueur au couteau) ou les papis du genre, les films italiens dit de Giallo comme Phenoména de Dario Argento ou Six femmes pour l’assassin de Mario Bava. Bref, Shadowz couvre l’ensemble du spectre de l’horreur, de quoi passer de nombreuses nuits blanches à regarder ces horreurs absolues.
Avec cependant un regret, l’impossibilité de les regarder en bande, avec amis autour d’une pizza, pour rire et se faire peur en groupe. Le confinement interdit ce genre de regroupement. Mais dans trois mois (voyons large), le confinement sera levé et Shadowz toujours là.

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Horrible financement participatif

Screaming a vu le jour d’abord sur Ulule. Les instigateurs du projet ont lancé cette campagne de financement participatif. Ils espéraient 10 000 € pour se lancer, ils en ont récolté plus de 36 500. Des centaines de contributeurs qui, en fonction du montant engagé étaient affublés de gentils surnoms. Cela débutait par le Clown tueur (10 €) et se terminait par le Démon déchaîné (500 €). On a une préférence marquée pour l’Alien infecté et le si imagé Cannibale gangrené.

lundi 13 avril 2020

De choses et d’autres - Par où t’es rentré… on t’a pas vu sortir


Le titre de la chronique de ce lundi de Pâques est emprunté à un film de Philippe Clair, sans doute un des pires du cinéma français, avec pourtant Jerry Lewis en vedette. Il m’intéresse surtout sur la seconde partie de l’expression que beaucoup de personne voudraient en ce moment faire sienne : « On t’a pas vu sortir ».

Le confinement généralisé a provoqué un regain de vieilles pratiques ancestrales, essentiellement prisées par les vieilles dames désœuvrées. Ma mère la première, quand elle s’est retrouvée à la retraite, installait sa chaise de cuisine au niveau de la fenêtre donnant sur la route et passait ses journées à regarder qui se promenait, quand et si possible pourquoi.
Jeune, je me suis toujours dit que jamais ô grand jamais je ne ferai pareil. Et puis depuis un mois, me voilà confiné. Et comme j’ai installé mon bureau de télétravail près d’une fenêtre, je regarde régulièrement dehors, observant les rares gens marcher dans la rue.
Et de chercher les raisons de leur déconfinement. Celui-là est en jogging, mais il ne court pas. C’est louche. Elle, c’est la troisième fois qu’elle promène son chien durant la matinée. Elle abuse quand même. Lui, il a fait le déplacement juste pour sa baguette de pain. Et tout à l’heure il ressortira pour le journal ?
On ne peut pas s’empêcher de se questionner. Mais je ne vais pas aussi loin que certains. Un article du Monde de ce week-end nous apprend que la police est submergée d’appels de particuliers désirant dénoncer tel voisin qui ne respecterait pas le confinement.
Alors oui, en ce moment, mieux vaut appliquer avec prudence le « On t’a pas vu sortir ».


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant, lundi 13 avril, 28e jour du grand confinement

dimanche 12 avril 2020

Le nouveau Spirou de Fabrice Tarrin et Fred Neidhardt en prépublication dans L'Indépendant dès ce dimanche

Pour vous distraire durant le confinement, L’Indépendant publie sous forme de feuilleton la prochaine aventure de Spirou et Fantasio. Le groom rouge va faire un tour chez les Soviets dans cette BD écrite par Fred Neidhardt et dessinée par Fabrice Tarrin. À retrouver dans les pages de l'Indépendant dès ce dimanche et les 26 jours suivants.



Fabrice Tarrin, dessinateur de BD résidant à Narbonne est, comme tous les Français, confiné dans sa maison. Il vient de terminer l’album qu’il a mis près de cinq années à réaliser, une aventure de Spirou chez les Soviets. "En ces temps difficiles, la publication de l’histoire dans L’Indépendant permettrait d’apporter une petite récréation aux lecteurs", nous a-t-il soufflé.

Et avec le scénariste, Fred Neidhardt, de Montpellier, il a prévu de reverser les droits d’auteur liés à cette prépublication aux hôpitaux qui sont sur le pied de guerre depuis plus d’un mois. La prépublication de l’album, qui ne sortira qu’en septembre aux éditions Dupuis, débute dès ce dimanche dans L'Indépendant.

L’action se déroule durant les années 60, en pleine guerre froide entre l’URSS et l’Occident. Le comte Champignac, savant iconoclaste, est enlevé par les Russes. Nos deux héros, journalistes dans le civil, vont aller de l’autre côté du rideau de fer pour le faire évader. Ce sera l’occasion d’une succession de rebondissements, courses poursuites et situations comiques dans une caricature féroce des travers du régime soviétique.

BD - Aux USA, les comics prolifèrent

Les comics américains ne connaissent pas la crise. Ils sont de plus en plus présents sur le marché français, sous forme de grosses intégrales à couverture cartonnée. Des pavés de plus ou moins 200 pages dont voici deux exemples de qualité.



Sur Mars, les colons, comme chaque année, vont rendre hommage aux milliards de terriens morts dans l’attentat terroriste le plus destructeur de toute l’histoire de l’Humanité. Revendiqué par la secte « L’épée de dieu », il a été planifié par un ancien soldat, Ian Black. 


Caché depuis des années, les services secrets martiens pensent avoir retrouvé sa trace. Après effacement de la mémoire et chirurgie esthétique, il se cache sous l’identité de Nathan Bright, jeune présentateur vedette de la météo sur la chaîne locale. M. Météo est-il le plus grand tueur de tous les temps ? Ce qui est sûr en début d’histoire, c’est qu’il est fainéant, provocateur et qu’il use de sa notoriété pour mettre de jolies fans dans son lit. Mais la partie semble plus compliquée avec la rousse Amanda. Peut-être qu’elle aussi cache sa véritable identité. Survitaminée, entre batailles spatiales, combats forcenés et jeu trouble des autorités, « The Weather Man » de Jody Leheup (scénario) et Nathan Cox (dessin), marche sur les traces de Philip K. Dick.



« L’autre terre » de Tom Peyer et Jamal Igle explore le monde des superhéros. Les mondes plus exactement car l’homme Libellule officie sur Terre-Alpha, un mode d’opérette où les méchants sont risibles alors que Dragonfly, son alter ego dans Terre-Omega doit combattre le crime dans une réalité où les tueurs sont vénérés par la police corrompue et les pouvoirs publics complices des pires crapules. 
Quand les deux héros passent d’un monde à l’autre, ce sont toutes leurs certitudes qui sont mises à rude épreuve. Dessin efficace et classique pour une histoire alambiquée bourrée de clichés tous volontaires, comme pour mieux dénoncer les travers des histoires de superhéros actuelles.

« The Weather Man » (tome 1), Urban Comics, 10 €
« L’autre terre » (tome 1), Delcourt, 15,95 €


Roman - Armel Job sur les traces de "La disparue de l’île Monsin"



Une vie tracée, une vie sans heurt, simple maillon dans une grande chaîne faisant avancer la planète
par la force de l’inertie. On s’est souvent demandé ce qui nous fait avancer, agir de telle ou telle façon. Si notre destin est écrit d’avance, si un jour, une rencontre, un acte, allait bouleverser cet ordre des choses.
 Le nouveau roman d’Armel Job aborde le sujet de ce déterminisme a priori inéluctable et parfois modifié sans même que l’on ne s’en aperçoive. «La disparue de l’île Monsin» se déroule en Belgique, dans les Ardennes et très de Liège. en janvier 2012, en pleine tempête de neige, la vie de Jordan Nowak, loueur de pianos, va prendre un tournant radical. Alors qu’il rejoint son hôtel après avoir installé un instrument dans une salle de concert de cette petite ville le long de la Meuse, il voit une silhouette sur le pont-barrage de l’île Monsin. «Longtemps après, quand il se remémora cette soudaine apparition, il se demanda ce qui lui avait fait pressentir sur-le-champ qu’il allait se passer quelque chose d’extraordinaire, bien qu’il ne pût imaginer que toute sa vie en serait bouleversée.» Jordan s’arrête et rencontre pour la première fois Eva.
Eva qui dès le lendemain disparaît complètement de la circulation. Au bout de quelques jours, sa mère, inquiète, demande à la police d’ouvrir une enquête. Confiée au jeune inspecteur Lipsky, elle va permettre au lecteur de connaître dans le détail la vie de cette trentenaire solitaire et mélancolique. Que lui est-il arrivé? Quel est le rôle de Jordan, au comportement de plus en plus anormal quand il se retrouve en famille?
Un roman psychologique comme seule Armel Job sait les écrire. En digne descendante de Simenon, autre grand écrivain belge, elle triture avec délectation les états d’âme de ces hommes et femmes plus fragiles qu’il n’y paraît. On entre dans cette histoire par le mystère, on en ressort tout bouleversé, portant le poids du chagrin et de la culpabilité de la belle disparue.

« La disparue de l'île Monsin », Robert Laffont, 20 €

samedi 11 avril 2020

De choses et d’autres - Les gardiens de l’immobile

Avant, les forces de l’ordre au bord des routes nous disaient : « Circulez, y’a rien à voir ». Aujourd’hui, ces mêmes forces de l’ordre nous obligent à ne pas circuler. Ils sont devenus les gardiens de l’immobile. Les garants du confinement.
Les enfants ne jouent plus aux gendarmes et aux voleurs, mais aux gendarmes et aux déconfinés.
Les contrôles se multiplient et plus il fait beau, plus les Français osent braver l’interdit. Alors, policiers et gendarmes verbalisent à tour de bras. Pas par plaisir. Simplement car c’est la seule solution existante pour faire respecter un tant soit peu ce confinement qui, ne l’oublions pas, a pour but d’arrêter la progression du virus et donc de sauver des vies.

Forces de l’ordre mobilisées et inflexibles. Plus de passe-droit. On n’en est pas encore au niveau de la Nouvelle-Zélande où la Première ministre a viré le ministre de la Santé surpris à la plage avec femme et enfants, comme s’il avait oublié que lui aussi était confiné.


Mais presque. Pour preuve, un jet privé en provenance de Grande-Bretagne avec dix personnes à son bord a été immobilisé et contrôlé à son arrivée à l’aéroport de Marseille. Les riches passagers pensaient pouvoir rejoindre, en hélicoptère, une villa luxueuse à Cannes.
Inflexibles, les gendarmes ont non seulement verbalisé les contrevenants, mais obligé l’avion à repartir vers les brumes anglaises. Logique, le virus, lui aussi, ne fait pas de différence entre un Français à découvert et un Anglais au compte en banque bien plein. Le virus est intraitable. Comme les gardiens de l’immobile.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant du samedi 11 avril, 26e jour du grand confinement


BD - Le monde de l’édition versions japonaise ou américaine

Comment est la vie d’une libraire de manga au Japon ? Les comics ont-ils un effet néfaste sur les jeunes Américains ? Réponse dans ces deux albums de BD.



Honda dessine des mangas la nuit. Et la journée elle est libraire au Japon. Elle a donc raconté quelques anecdotes de son quotidien dans ce manga très instructif pour les fans de Japon. Si le livre s’intitule « Libraire jusqu’à l’os » c’est que Honda, plutôt de se dessiner a préféré s’affubler d’un simple crâne. 


La vedette ce n’est pas elle mais les clients. Car là-bas comme chez nous, le client est roi. Il ne sait pas ce qu’il veut non plus. En plus de gérer les stocks et de remplir les rayons, Honda doit souvent répondre aux interrogations des visiteurs. Mais même elle est incapable de connaître toute la production. Et parfois les recherches sont si pointues qu’elle botte en touche. On en apprend quand même beaucoup, notamment qu’il existe de véritables meutes de fans féminines de BD mettant en scène des histoires d’amour entre deux hommes. Et que la question récurrente c’est « Comment reconnaître le passif de l’actif… » Côté dessin, c’est du manga, donc ne vous attendez pas à des miracles. D’autant que Honda reconnaît sans détour son manque de brio.



Aux USA, il n’y a qu’un genre qui domine tout : les superhéros. Mais d’où vient cette mode ? Jean-Marc Lainé (scénario) et Thierry Olivier (dessin), répondent en partie dans les biographies croisées de deux psychiatres. 
« Fredric, William et l’Amazone » raconte les vies de Fredric Wertham et William Moulton Marston. Le premier a constamment lutté contre les histoires trop violentes destinées aux plus jeunes alors que le second a imaginé les aventures très féministes et avant-garde de Wonder Woman. Deux visions de l’Amérique des années 30 à 50, entre imagination et puritanisme.

« Libraire jusqu’à l’os » (tome 1), Soleil Manga, 7,99 €
« Fredric, William et l’Amazone », Glénat Comix Buro, 19,95 €