lundi 13 avril 2020

De choses et d’autres - Par où t’es rentré… on t’a pas vu sortir


Le titre de la chronique de ce lundi de Pâques est emprunté à un film de Philippe Clair, sans doute un des pires du cinéma français, avec pourtant Jerry Lewis en vedette. Il m’intéresse surtout sur la seconde partie de l’expression que beaucoup de personne voudraient en ce moment faire sienne : « On t’a pas vu sortir ».

Le confinement généralisé a provoqué un regain de vieilles pratiques ancestrales, essentiellement prisées par les vieilles dames désœuvrées. Ma mère la première, quand elle s’est retrouvée à la retraite, installait sa chaise de cuisine au niveau de la fenêtre donnant sur la route et passait ses journées à regarder qui se promenait, quand et si possible pourquoi.
Jeune, je me suis toujours dit que jamais ô grand jamais je ne ferai pareil. Et puis depuis un mois, me voilà confiné. Et comme j’ai installé mon bureau de télétravail près d’une fenêtre, je regarde régulièrement dehors, observant les rares gens marcher dans la rue.
Et de chercher les raisons de leur déconfinement. Celui-là est en jogging, mais il ne court pas. C’est louche. Elle, c’est la troisième fois qu’elle promène son chien durant la matinée. Elle abuse quand même. Lui, il a fait le déplacement juste pour sa baguette de pain. Et tout à l’heure il ressortira pour le journal ?
On ne peut pas s’empêcher de se questionner. Mais je ne vais pas aussi loin que certains. Un article du Monde de ce week-end nous apprend que la police est submergée d’appels de particuliers désirant dénoncer tel voisin qui ne respecterait pas le confinement.
Alors oui, en ce moment, mieux vaut appliquer avec prudence le « On t’a pas vu sortir ».


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant, lundi 13 avril, 28e jour du grand confinement

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