mardi 7 avril 2020

Séries télé : le match Casa/Loop ou Netflix vs Amazon Prime


Votre salon s’est transformé en ring de boxe ce week-end. A ma droite, la série espagnole championne de toutes les audiences et star de Netflix, la saga des plus célèbres braqueurs de banque de la décennie, les rois du rebondissement : mesdames et messieurs applaudissez la saison 4 de la Casa de Papel. A ma gauche, le concept le plus étrange et novateur de cette même décennie, de la science-fiction contemplative ambitieuse pour relancer l’intérêt d’Amazon Prime, la plateforme du géant de la vente sur internet.
Faites un triomphe au challenger qui n’a pas froid aux yeux et qui va changer votre vision du quotidien : Tales from the Loop ! Le match a été suivi par des milliers de Français, plongés en plein confinement et donc très captifs pour découvrir les deux sensations télévisuelles du moment. Compliqué de désigner un vainqueur même si la série espagnole a un peu perdu de sa nouveauté alors que the Loop, au contraire, nous étonne un peu plus à chaque épisode. En réalité ce sont deux genres tellement opposés qu’il est impossible de les comparer, si ce n’est que ces programmes sont l’arme principale de Netflix et Amazon Prime pour contrer l’arrivée de Disney +.
Phénomène planétaire, La Casa de Papel a logiquement été reconduite pour une nouvelle saison après le carton sur Netflix. Comme la première, elle est découpée en deux parties.

Inspirée de tableaux
Ce week-end on a découvert les 8 derniers épisodes de cette seconde saison. Huit épisodes et autant de coups de théâtre.


Car les scénaristes et le créateur, Alex Pina, ont parfaitement compris que ce qui fait l’attrait des aventures de ces braqueurs hors du commun, ce sont les complications d’un plan normalement parfaitement millimétré. Certains vont trouver que Tokyo, Rio, le Professeur ou Nairobi en font trop. Oui, certainement, mais c’est bien ce qu’attendent les fans de la série. Par contre, pour en gagner de nouveaux, ce sera plus compliqué.
Face au braquage à grand spectacle de la Casa, Tales from The Loop, pourtant financé par Amazon qui ne manque pas de milliards, semble faire un peu parent pauvre. Dans le genre SF, on fait plus tape à l’œil ailleurs. Mais Nathaniel Halpern, le créateur de cette anthologie de huit épisodes indépendants les uns des autres, s’intéresse plus à la psyché des personnages qu’à leur capacité à aller dans l’espace. The Loop c’est un complexe scientifique construit dans le sous-sol d’une petite ville de l’Ohio.
Les décors font penser aux années 80, mais avec des robots dans les forêts et des tours lumineuses, comme des géants de fer garantissant la quiétude de la petite ville rurale des USA. Les scénaristes abordent des sujets forts comme le voyage dans le temps, l’altérité, le changement de personnalité ou la mort par l’intermédiaire des différents habitants. Visuellement très belle (à la base, la série est inspirée des tableaux du peintre suédois Simon Stålenhag), The Loop joue de la lenteur pour plonger le spectateur dans ce monde différent. La musique, sublime et omniprésente, renforce cette impression de voyage loin, très loin de notre réalité.
On est indéniablement en présence de la plus originale série télé de l’année (voire de la décennie), mais pas forcément la plus grand public. Car on doit réfléchir et faire un gros travail d’introspection pour tirer toute la substantifique moelle de Tales of the Loop.

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Comment contrer l’offensive Disney + ?

Si Netflix et Amazon sortent en ce moment deux de leurs meilleures séries, ce n’est pas un hasard. Car le marché voit l’arrivée d’un nouvel opérateur qui fait figure de grand méchant capable de tout cannibaliser.
Initialement prévu le 24 mars, le lancement de la plateforme du géant américain a été reporté au 7 avril (aujourd’hui donc) pour ne pas mettre à mal les tuyaux de l’internet. Face à Mickey, Star Wars et les succès Marvel, Netflix et Amazon ont effectivement du souci à se faire.  Parmi les têtes de gondole de Disney +, The Mandalorian, série dérivée de l’univers Star Wars, des dessins animés de légende (parfait pour renouveler les distractions des petits confinés), des documentaires de prestige tirés du catalogue de National Geographic et des dizaines de séries.
Autre avantage de Disney +, le prix. Il n’en coûte que 6,99 € par mois (ou 69,99 € pour un an), bien moins cher que Netflix à 11,99 € mais encore un peu au-dessus d’Amazon Prime qui revient à 49 € pour un an.

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