jeudi 30 avril 2020

BD - La bonne fée des jazzmen



Personne, en dehors des réels amateurs de jazz, ne réagit au nom, peu banal, de Pannonica de Koenigswarter. Pourtant il existe quantité de morceaux dédiés à une femme exceptionnelle, dont un tout simplement intitulé « Pannonica », composé par Thelonious Monk. Cette remise dans le contexte musical est signée par Francis Marmande dans une préface savante et admirative à « La baronne du jazz », BD écrite par Stéphane Tamaillon et dessinée par Priscilla Horviller. Un roman graphique de 160 pages couvrant toute la vie de celle qui a longtemps été considérée comme la bonne fée des jazzmen. 


La fortune de sa famille l’a beaucoup aidée. Née Rothschild en Grande-Bretagne, Pannonica perd son père alors qu’elle n’est pas encore adolescente (il se suicide) puis résiste longtemps au mariage. Elle rejette tous les beaux partis qu’on lui propose jusqu’au coup de foudre, au Touquet en France, pour le baron Jules de Koenigswarter. 
Nous sommes dans les années 30, l’antisémitisme fait des ravages en Allemagne. Pannonica n’est pas encore passionnée par le jazz. Mère de famille, elle assiste impuissante à l’invasion de la France, pays où elle vit depuis son mariage. Elle rejoint Londres et s’engage dans la France Libre. A la Libération, elle sera décorée avec son mari par le Général de Gaulle. Après son divorce, elle s’installe aux USA et vit à New York, sortant tous les soirs dans les clubs de jazz, ramenant les musiciens chez elle pour prolonger les concerts. C’est à cette occasion qu’elle rencontre les plus grands, partageant leur lit au passage. La baronne était très libre pour l’époque. Avant tout le monde, elle devine le génie novateur des compositions de Monk. Son musicien préféré, celui avec qui elle sera le plus fidèle comme le raconte avec beaucoup d’empathie cette BD à écouter avec la playlist proposée par Francis Marmande dans son texte introductif. 

« La baronne du jazz », Steinkis, 20 €


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