jeudi 31 mai 2007

BD - Conte de Grimm revisité

Les éditions Paquet ont décidé de démocratiser la BD. Un album à 5 euros, « t'es cap de l'acheter ? ». Parmi les trois premiers titres de la collection Tekap, ne manquez pas ce délicieux Frère Joyeux. 

Renaud Dillies propose une adaptation d'un conte de Grimm. Le frère Joyeux, soldat démobilisé, retourne vers les siens. En chemin il croise des miséreux. Et ne peut s'empêcher de partager ses maigres provisions avec eux. Un jour, pour le remercier, un homme lui remet une sacoche magique en lui expliquant « Tout ce que tu voudras avoir dedans s'y trouvera... » 

Frère Joyeux profite de l'aubaine, mais avec parcimonie. Il pourra ainsi continuer à faire le bien tout au long de son voyage jusqu'à son dernier rendez-vous avec saint Pierre aux portes du paradis...

Frère Joyeux, Paquet, 5 euros 

mercredi 30 mai 2007

BD - Jane la terreur

Jane des dragons n'a peur de rien. Même pas d'un griffon. Elle décide, en pleine nuit, d'aller un chasser un sur les montagnes enneigées. Elle part en compagnie de Kentin, un peu couard, beaucoup souffre-douleur de la petite terreur. 

En chemin, ils rencontrent un prince charmant. Coup de théâtre, le jeune guerrière se transforme en jeune femme sensuelle prêt à tout pour obtenir les faveurs du bellâtre. Pourtant ce dernier est le pire des prétentieux. Il faudra l'arrivée inopinée d'une autre demoiselle pour que Jane reprenne ses esprits. 

Écrit par Dieter, dessiné par Guilloteau, cet album pour les plus jeunes peut se lire à plusieurs niveaux. Un régal pour les amateurs de doubles sens et de paraboles philosophiques..

Jane des dragons, Delcourt, 8,90 euros

mardi 29 mai 2007

BD - Pirates secrets


Les services secrets anglais sont devenus légendaires. Mais qui est à l'origine du MI5 ? Gabella et Audibert donnent leur version, loufoque et délirante. A temps des pirates, une école de marins est très renommée. En son sein que des jeunes filles. Un seul garçon résiste : James Boon. Il occupe le lit n° 07 et en tirera son nom de code. Dans cette histoire très riche, il est question de pigeons voyageurs piégés, de nobles dépravés, de pirates cupides, de maïs américain trafiqué, de sirène et d'une belle élève, Clarice, le n° 08. 

Les deux numéros s'entendent parfaitement, mais la jeune fille est une espionne à la solde de Kiss, le méchant, très méchant... Les dessins, très cartoon, servent cette histoire que l'on verrait bien en dessin animé.

James Boon 07, Bamboo, 9,45 euros

lundi 28 mai 2007

BD - Charly bascule

Rien ne va plus pour Charly. L'adolescent, victime de visions prémonitoires (des jeunes filles se faisant assassiner), est suspecté d'être le tueur. Se sentant pris au piège, incapable de prouver son innocence, il préfère prendre la fuite en compagnie de son amie de coeur, Valentine. 

Ils mettent le cap au Sud, trouver refuge dans cette grange des Pyrénées qui a déjà été très utile à Charly et sa mère quand il était encore sous l'emprise du Captain Foudre (voir les cinq premiers tomes). A Paris, le véritable tueur, un sadique gagnant beaucoup d'argent en « mettant sur le marché » des prostituées en provenance des pays de l'Est, est lui aussi sur la piste de Charly. Son réseau, aux longues ramifications, retrouve la trace du jeune homme. La confrontation finale sera très violente. 

Lapière, le scénariste, loin d'abandonner son personnage, parvient à le faire évoluer, trouvant des ressorts dramatiques différents pour mettre en valeur ses capacités extralucides. Magda, la dessinatrice, déroule son trait élégant et précis, au service d'une série majeure de la collection Repérages. ("Charly", Dupuis 9,80 €)

dimanche 27 mai 2007

BD - Exploration spatiale

Conquérir Mars. C'est le rêve de Hélène Freeman. Cette astronaute de la NASA se prépare depuis des années. Mais ce matin de 2035, elle n'a pas le moral. Elle vient d'apprendre que le programme martien (qui aurait dû l'expédier vers la planète rouge dans quelques mois) est différé de 20 à 30 ans.

 Elle ne sera pas la Neil Armstrong du 21e siècle. Au même moment, dans les eaux de l'océan Indien, la marine américaine récupère une sonde spatiale venant de pénétrer dans l'atmosphère. Une capsule Appolo habitée. Les deux hommes à bord prétendent être... Neil Armstrong et Buzz Aldrin. Hélène va être réquisitionnée pour tenter de tirer au clair ce qui a tout l'air d'une supercherie. 

Le scénario de Richard Marazano plonge le lecteur dans un monde étrange, plein de paradoxe, où toutes les certitudes s'effondrent les unes après les autres. Une série servie par le dessin de Ponzio. Cet illustrateur travaille d'après photo. Cela donne parfois un côté figé aux attitudes des personnages (comme de mauvais acteurs). Un tout petit défaut vite oublié tant l'ensemble est abouti et se dévore d'une traite. ("Le complexe du chimpanzé", Dargaud, 13 €)

samedi 26 mai 2007

BD - Evitez d'être malade... lisez Docteur Bonheur


Nouveau départ pour Turk. Le dessinateur de Léonard, Robin et Clifton ne change pas de style, mais de registre. Ses productions, toujours très grand public, lui ont donné une notoriété certaine. Aujourd'hui, avec ce Docteur Bonheur scénarisé par Clarke, il ose le caustique, le sarcastique, l'humour noir et potache. Docteur Bonheur arrive toujours à la rescousse quand la situation semble désespérée. Aidé de sa plantureuse assistante Audrey, il tente de remettre sur le droit chemin des déprimés et autres défaitistes blasés. 

Sous forme d'histoires complètes de 2 à 12 planches, ce premier album laisse largement entrevoir les vastes potentialités de ce toubib hors normes. Sa façon d'aider un sculpteur maudit ou un couple stérile fait sourire. Le lecteur s'esclaffe quand il aide un jockey à remporter une course hippique. 

Le meilleur reste ce long récit où il tente de rendre service à un homme très malchanceux. La longue série de catastrophes égrenée au fil des situations, s'enchaînant parfaitement et ne faisant qu'empirer, est un véritable exercice de style de Clarke, mis en images avec enthousiasme par un Turk semblant retrouver une seconde jeunesse. ("Docteur Bonheur", Le Lombard, 9,80 €)

vendredi 25 mai 2007

BD - Drogues naturelles et futuristes

Dans ce futur proche, le katazur est une drogue hallucinogène très recherchée. Naturelle, elle est pourtant très difficile à récolter. C'est au fin fond d'une jungle impénétrable que cette fleur a été découverte. Ses graines, sniffées, permettent aux amateurs de paradis artificiels de totalement se déconnecter de la réalité. Le problème, c'est la pollenisation de la fleur. Seul un papillon ayant deux trompes très longues permet aux katazurias de se développer normalement. Ce papillon, aux ailes noires marquées d'une tête de mort, est très toxique. La mort est certaine à qui effleure une de ses ailes. 

Pourtant le marché du katazur est florissant et attise les convoitises. Lili, l'héroïne de cette série de SF écrite par Lupano et dessinée par Morgann, en fait les frais. Alors qu'elle va récupérer quelques papillons pour pollenniser ses fleurs, elle se retrouve au coeur d'un règlement de compte. La jeune fille, ancienne acrobate, aura bien du mal à se dépêtrer de cet imbroglio. 

Original, loin du politiquement correct, « L'ivresse des fantômes » est prévue en trois tomes. La première partie est très concluante. ("L'ivresse des fantômes", Delcourt, 12,90 €)

jeudi 24 mai 2007

Roman - Et voguent les papillons maritimes

Une balade en mer vire au cauchemar. Dérivant sur l'océan, un trio va devoir apprendre à se connaître sous la plume de Patrice Lanoy.


Les joies de la plaisance. Et de la cohabitation. Ce roman, triple parcours initiatique, va crescendo tout au long de ses 200 pages. Le calme avant la tempête. Puis le cyclone.

Loïc, ce jour-là, est affairé à remettre un peu d'ordre et repeindre son bateau, le Morpho (nom d'un papillon qui explique le titre du roman). Un petit voilier qui n'a plus pris la mer depuis pas mal de temps. Démâté, pratiquement à l'abandon, il a subi, par contrecoup, la grosse dépression de son propriétaire. Loïc a beaucoup navigué avec sa femme. Mais cette dernière n'est plus là.

Le lecteur, dans les premières pages ne le sait pas. Il se doute simplement que cet homme, taciturne et triste, fuyant le genre humain, a une plaie ouverte à l'âme. Remettre les pieds sur le Morpho est une première étape pour tenter de passer le cap. Et quand on est à quai, difficile de ne pas se faire aborder par quelques passants.

Un drôle de couple

Loïc, pour la première fois depuis bien longtemps, accepte de parler avec un drôle de couple. Klara et son cousin Sol. Klara, adolescente de 15 ou 17 ans « au timbre léger et grave. Une voix comme ça, c'est de la dentelle qui étrangle ». Et Loïc de se laisser entraîner par cette brune, « un pull vert trop épais, le jean troué où il faut, le bandeau dans les cheveux, elle se tient tout au bord, la moitié des pieds nus dans le vide ». Elle est accompagnée de Sol, son cousin, autiste. « Drôle de piquet, ce garçon. Maigre, presque aussi grand et accoutré encore que sa cousine. Le triangle de son maillot de bain lui fait de longues cuisses de criquet et les cheveux clairs et fins qui retombent sans cacher les yeux noirs m'évoquent les photos de vacances aux couleurs gommées ».

Dérive

Le trio du roman de Patrice Lanoy est en place. Loïc est le narrateur. Il raconte comment, malgré ses réticences, il accepte de prendre à son bord les deux enfants pour une petite balade, au moteur, vers le large, là où des otaries ont pour habitude de se réunir. Une rencontre magique. Ils traînent un peu, un peu trop. Quand ils veulent rentrer, le moteur rend l'âme. La nuit tombe. Les lumières de la côte s'éloignent. Le lendemain matin, le trio se retrouve seul en mer, sur un bateau sans moyen de propulsion, ni radio ni fusées de détresse.

Loïc va devoir apprendre à connaître ses deux passagers si particuliers. Heureusement il y a de la nourriture et de l'eau en quantité dans les cales du petit Morpho. Perdus dans l'immensité, ils vont se déchirer, se haïr, se suspecter des pires intentions. Klara, notamment, devient très agressive envers Loïc quelle suspecte d'être un psychopathe ayant déjà tué sa femme et qui ne les a entraînés au large que pour les assassiner. Sol, l'autiste, va profiter des aléas pour démontrer ses capacités et même revenir à la vie, à la raison. Mais la dérive ne fait que commencer.

Si on met de côté l'invraisemblance de l'enchaînement de problèmes techniques pour justifier la dérive du trio, il reste un très beau texte, entre paranoïa et réflexion philosophique, entre violence et découverte de soi et de l'autre.

« Le complot des papillons », Patrice Lanoy, Seuil, 16 €

mercredi 23 mai 2007

BD - Comédienne habitée par son rôle

Katharine Cornwell ressemble à une gravure de mode. Cette comédienne ne sourit jamais, ne pleure jamais. Elle semble comme en retrait du monde. Elle porte en elle un secret qui l'empêche de vivre normalement. A New York, dans les années 30, elle interprète Nina Leeds dans une tragédie ne remportant qu'un succès mitigé. Malheureuse en amour (son mari l'a quittée), elle a des difficultés financières. 

De plus son père est en train de mourir à petit feu, dans le coma depuis des mois. Un sombre tableau renforcé par le noir et blanc de Marc Malès, l'auteur complet de cet album très cérébral. Et pourtant, Katharine Cornwell a tout pour être heureuse et célèbre...

Katharine Cornwell, Humanoïdes Associés, 12,90 euros

mardi 22 mai 2007

BD - Justicier coréen


Chaque pays ou civilisation a, dans son histoire, la légende d'un justicier venu du peuple pour combattre les abus de pouvoir des puissants. En Corée, Lim Keok Jeong, le bandit généreux, est encore très présent dans l'imaginaire populaire. Lee Doo Ho, talentueux dessinateur, a décidé de retracer son histoire. Le premier tome permet de découvrir l'enfance et l'adolescence de cette force de la nature. Il y apprendra le maniement du sabre chez un vieux maître puis se trouvera deux frères de coeur. En noir et blanc, cet album accorde beaucoup plus d'importance à la psychologie des personnages qu'à l'action. La relation, exigeante et aimante, entre le maître et l'élève est parfaitement retranscrite.

Le bandit généreux, Paquet, 14,95 euros

lundi 21 mai 2007

BD - Traven, écrivain invisible


« Ma vie m'appartient, seuls mes livres appartiennent au public ». Cette phrase résume toute la démarque de B. Traven, écrivain traduit dans le monde entier mais qui est toujours resté dans l'ombre. Golo, dans ce gros volume de 140 pages, tente de retracer la vie tumultueuse de ce révolutionnaire allemand, réfugié au Mexique, vivant chichement dans une cabane au fond de la jungle, ami des Indiens. 

Il a puisé dans ses rencontres et déboires la matière première de ses romans. Il a multiplié les identités, trichant sur ses dates et lieux de naissance, faisant même croire qu'il était mort. 

Un humaniste avant l'heure. Un personnage qui, sans le vouloir, s'est forgé une légende.

B. Traven, Futuropolis, 19 euros

dimanche 20 mai 2007

BD - Magie et dragons dans Soulfire


En plus de Fathom, Michael Turner a également imaginé la série Soulfire. La première montre l'affrontement entre les terriens et des êtres aquatiques, le second plonge les héros dans un enfer de dragons. San Francisco est en Flammes. San Francisco se consume. Ce n'est pas un tremblement de terre qui est à l'origine de cette catastrophe, mais un gigantesque dragon. Les autorités sont impuissantes. 

La fin du monde semble proche. Au même moment, trois orphelins se défoulant dans une salle de jeux vidéos, se retrouvent sans le savoir au milieu de la grande bataille entre le bien et le mal. Mal, c'est justement le nom du plus jeune. Il est pourchassé par une femme ailée et sauvée par une autre ce ces créatures, Grace. Elle explique à Mal qu'il est le "catalyseur", celui qui permettra à la magie de retrouver toute sa puissance sur Terre. Scepticisme de Mal (et de ses amis), jusqu'à ce qu'il constate, de ses yeux, à Hawaï, ses incroyables pouvoirs. 

Michael Turner est considéré comme un des dessinateurs américains les plus doués et inventif. Il devait venir à Angoulême cette année. Gravement malade, il a préféré décliner l'invitation. ("Soulfire", Delcourt, 13,95 €)

samedi 12 mai 2007

BD - Mondes intérieurs de l'univers Arq d'Andreas

Le monde d'Arq, imaginé par Andreas, devient de plus en plus complexe au fil des albums. Cette histoire de science-fiction en est déjà à son dixième opus. Certes, quelques inconnues sont levées, mais il reste encore bien des interrogations. Le lecteur pourrait se lasser. Il n'en est rien. Là réside la force de ce créateur unique, cohérent dans ses recherches, utilisant la multitude des mondes parallèles pour donner toute une panoplie de style à son dessin. 

Cette fois c'est Tehos, un habitant de la citadelle, qui est mis en vedette. Il va tenter de trouver une solution au ralentissement de la chute de Nonac, le maître des esprits. Sans lui, le monde d'Arq ne peut exister. 

On retrouve également différents personnages de la série comme Virginia Priest et sa mère, Alanna Morrison-Black qui donne naissance à des jumeaux, une fillette prénommée Eve et un mutant et bien évidemment Pascoe Montana, véritable âme noire de ce monde. Mais l'intérêt principal reste ces planches remarquablement composées et notamment une double page finale de toute beauté. ("Arq", Delcourt, 12,90 €)

vendredi 11 mai 2007

BD - De l'effet de proximité...


« Les deux font la paire », le titre de cet album de Proximity Effect est parfaitement trouvé. Cette histoire de super héros pourchassé par une meute de méchants est originale à plus d'un titre. En premier lieu par la personnalité de l'héroïne. Lisa, une chanteuse médiocre, se transforme, en une soirée, en génie du rock. 

Ses riffs à la guitare déchaînent la salle. La blonde et bavarde jeune Américaine se doute qu'il vient de lui arriver quelque chose de peu banal. Elle est sous l'influence de Caleb. Il a la capacité de réveiller les pouvoirs de ceux qui lui sont compatibles, à condition qu'il reste dans son proche voisinage. Un duo de choc. Lisa, en plus de chanter comme une déesse, a une force herculéenne. Elle l'utilisera pour protéger Caleb, pourchassé par une agence d'Etat secrète et la milice d'un illuminé voulant utiliser Caleb pour son propre compte. 

Une course poursuite de 75 pages racontée par Scott Tucker et Aron Eli Colette, le tout mis en image par un virtuose des comics : David Nakayama. Un album qui s'achève sur une histoire courte expliquant les véritables raisons de l'assassinat de Kennedy. ("Proximity Effect", Bamboo, 11,90 €)

jeudi 10 mai 2007

BD - Triste télé réalité

Entre le plateau du Larzac et le château de Versailles, cet album, le quatrième de la série, offre un beau voyage aux lecteurs dans quelques lieux typiques de cette France immortelle. Gilles Chaillet, le scénariste, raconte l'alliance entre une chaîne de télévision privée et un gouvernement en mal de popularité. 

Pour résoudre le mal des jeunes des banlieues, ces derniers sont « déplacés » dans des villages abandonnés. Là, sous les objectifs des caméras de la téléréalité, ils se reconstruisent un avenir. Mais le beau scénario est perturbé par la disparition de plusieurs jeunes. Léa, journaliste vedette, se rend sur place pour enquêter. Elle retrouve leur trace dans un ancien camp militaire. Elle a la certitude qu'ils y ont été retenus prisonniers. Des preuves très recherchées car elle échappe, avec son équipe, à une attaque en hélicoptère. Revenue à Paris, elle sera prise en otage dans le château de Versailles. 

Le dessin très réaliste d'Olivier Mangin s'accorde parfaitement aux décors de l'intrigue, reproduits fidèlement. ("Intox", Glénat, 9,40 €) 

mercredi 9 mai 2007

BD - La fin des Vikings

Charlemagne n'est pas encore l'empereur régnant sur la moitié de l'Europe. Mais il est en train de dessiner son futur territoire. Il intrigue notamment pour étendre son pouvoir sur le Nord du continent. Son objectif, conquérir les terres des Vikings. C'est cette épopée historico-guerrière qui est contée dans le premier tome, assez violent, de cette série écrite par Sylvain Runberg et dessinée par Boris Talijancic. 

Le clan de Harald Larsson est en fête. Le jeune homme se marie avec la belle Lina. Le fier Viking commence à imaginer son avenir, radieux, calme, serein... Mais dans la nuit, au plus fort des réjouissances, le clan est attaqué. Björn le Beau est de retour, après son bannissement. Il massacre les villageois, tue le père de Harald et réduit en esclavage les rares survivants dont le jeune couple. Björn est en service commandé pour Charlemagne. C'est au nom de la religion chrétienne de plus en plus puissante qu'il agit. 

Un félon, des humiliés, un peu de magie et de religion : tous les ingrédients sont réunis pour concocter une BD d'aventure, grande fresque épique racontant la fin du peuple Viking. ("Hammerfall", Dupuis, 13 €)

mardi 8 mai 2007

Roman - Une fenêtre jaune sur l'inconnu

Cherchant à retrouver son frère et son fiancé disparus dans le désert américain, Cassidy va découvrir une ouverture sur un monde parallèle.



L'imagination de Serge Brussolo n'a pas de limite. On a même l'impression que cet écrivain ne la maîtrise pas complètement. Certains de ses romans, débutant dans une direction, prennent parfois une toute autre orientation en cours de récit. « La fenêtre jaune », thriller inédit paru directement au Livre de Poche, en est l'exemple même.
Cela débute comme un thriller classique. Très américain. Mais au milieu de l'ouvrage, l'ambiance générale change totalement, basculant dans une science-fiction cauchemardesque toujours chère à Serge Brussolo. Cassidy débarque donc au coeur du désert californien. Cette romancière, spécialisée dans la littérature pour la jeunesse, est interpellée quand elle apprend qu'une voiture vient d'être découverte au sommet d'un piton rocheux totalement inaccessible. Une voiture accidentée. Comme si, après un choc, elle avait été projetée à des centaines de mètres d'altitude.

Légendes indiennes
Cassidy n'est pas par hasard dans cette région. Elle est la recherche de son frère et de son fiancé, disparus quelques mois auparavant. Pour tenter de retrouver leurs traces, elle loue la même maison isolée qu'eux. Elle y découvre un capharnaüm mécanique dantesque. Avant de s'évaporer, ils ont mis au point une voiture à turbine surpuissante pouvant atteindre des vitesses extrêmes. Le début de cette enquête, entre constatation policière et légendes indiennes de la région, est très classique. Serge Brussolo insiste simplement sur l'angoisse de cette jeune femme, seule au milieu du désert.
Une solitude qui ne dure pas. Elle croise la route de Ziggy Starboy, un illuminé qui lui explique dans quelles circonstances les deux hommes ont disparu. Sur la longue piste d'une base aérienne militaire abandonnée, certaines nuits, une mystérieuse fenêtre jaune mobile se matérialise. Il est persuadé qu'il s'agit de l'ouverture sur un monde parallèle. Mais pour arriver à la franchir, il faut se déplacer aussi vite qu'elle. Une fenêtre qui fonctionne dans les deux sens. Ziggy a déjà récupéré sur la piste des hommes affublés d'un scaphandre doré. Mais ils sont tous morts quelques heures après leur arrivée. Quand Cassidy découvre ces humains, littéralement momifiés dans une salle spéciale, elle commence à croire Ziggy. Et prend sa décision : elle aussi va tenter de franchir cette fenêtre jaune. Pour retrouver son fiancé, pour ramener son frère.
A la page 110, « D'une détente des cuisses, Cassidy plonge à l'horizontale en direction de la fenêtre jaune. La lumière l'avale ». A la page 111, c'est presque un nouveau roman qui débute.
De l'autre côté de la fenêtre, le monde décrit par Serge Brussolo est totalement différent. Mais mieux vaut ne pas en dire plus. Car c'est bien là, dans cette formidable capacité à nous étonner, que réside tout l'intérêt des romans de cet auteur hors normes. Précisons simplement qu'il est question d'une société fermée, terrorisée, où les cauchemars des enfants sont monnaie courante. Un monde angoissant que vous n'êtes pas prêt d'oublier...
« La fenêtre jaune », Serge Brussolo, Le Livre de Poche, 6,50 €

lundi 7 mai 2007

BD - Une tête pas chère


Il y a à peine un peu plus d'un an, les éditions Futuropolis lançaient la collection 32. 32 pages pour moins de 5 euros. Echec commercial. Mais cela ne décourage pas les éditeurs de trouver des solutions innovantes. Paquet, maison suisse, lance donc en ce mois de mai la collection « Tekap ». Des albums de 30 pages, en couleurs et avec couverture cartonnée pour 5 euros pile poil. Parmi les trois premiers titres, une histoire de pirates par Artur Laperla, auteur du remarquable « Voleurs de chiens ». Au début du 18e siècle, le jeune botaniste Lafleur est envoyé aux Antilles pour y effectuer des recherches. Mais, arrivé sur place, il est enlevé par des pirates. Ils demandent une rançon. L'employeur de Lafleur ne voulant pas payer, il est conduit sur une petite île pour y être exécuté. C'est là que son chemin va croiser celui de Wilson l'enragé, pirate redoutable, victime d'une malédiction. Il ne reste de la terreur des Caraïbes que la tête. Une tête très persuasive qui va sauver Lafleur puis l'entraîner dans des aventures maritimes entre magie vaudou et sanglantes batailles maritimes. 
("La tête de Wilson l'enragé", Paquet, 5 €)

dimanche 6 mai 2007

BD - Coma dépassé

Certaines séries ne peuvent que difficilement se lire en cours de parution. « Frontière » (scénario de Rodolphe, dessin de Marchal) en fait partie. Ce troisième tome en est l'exemple type. On voit, dans les premières pages, Yves Fréhel, le héros, raconter à un ami qu'il est sur le point de découvrir une hormone permettant le ralentissement du vieillissement. Ce jeune chercheur français se retrouve du jour au lendemain sur le devant de la scène. Sa trouvaille change sa vie. Mais il reste intègre et refuse de livrer son secret. Jusqu'au jour ou deux gros bras débarquent chez lui pour le faire parler, de force. 

Fréhel parvient à s'échapper mais est grièvement blessé dans la poursuite. Tout ce qui précédait n'était qu'un flash-back. Dans la réalité, Fréhel est dans une chambre d'hôpital. Il est inconscient. Toujours détenteur de son secret. D'autres chercheurs tentent de lui extirper sa découverte en manipulant son subconscient, en trafiquant ses souvenirs, en tentant de lui faire revivre son passé. 

Cela pourrait être emberlificoté et obscur, c'est finalement passionnant, à la condition d'avoir lu les deux premiers tomes. Quant au dénouement, il faudra attendre encore un peu, il n'intervient que dans le quatrième album... ("Frontière", Le Lombard, 13 €)

samedi 5 mai 2007

BD - Amour et trahison sur fond de révolte des vignerons en 1907

L'un est d'origine alsacienne, l'autre Bordelais. Claude Ecken et Benoît Lacou sont pourtant les deux auteurs de cette bande dessinée racontant la révolte de 1907. Ces 48 pages, tout en racontant la vie de Marcellin Albert, se penchent sur la rencontre de Guillaume et Justine. Le premier est fils d'ouvrier agricole, payé par un gros propriétaire pour infiltrer le mouvement de révolte. C'est là qu'il rencontre l'amour en la personne de Justine, membre d'un comité. Guillaume, touché par la révolte de ces gueux, changera de camp. 

Une intrigue à la Ruy Blas, revendiquée par Claude Ecken, le scénariste, qui a découvert que Marcellin Albert a interprété cette pièce de Victor Hugo quelques années avant la révolte. Toutes en couleurs directes, ces planches sont exposées au Palais des Congrès de Gruissan ce week-end à l'occasion du festival.

"1907, la longue marche des vignerons du Midi" de Claude Ecken et Benoît Lacou. Editions Aldacom. 12 euros.

vendredi 4 mai 2007

BD - Police et infiltration

Brillante élève policier, Claire a été choisie pour un poste très risqué. Elle va infiltrer le monde de la prostitution lyonnaise. Depuis quelques années le milieu albanais terrorise les filles, n'hésitant pas à faire venir des pays de l'Est cette chair fraîche si appréciée par les clients occidentaux. Claire devient Clara et débute cette plongée dans l'horreur. Elle est toujours sur la ligne blanche. Protégée, surveillée, elle est pourtant très menacée. 

Toute personnalité trop affirmée est sévèrement réprimée par les malfrats albanais. 

Le premier tome de cette série de Laurent Astier, sur près de 100 pages, racontait la mise en place de la cellule Poison, de son but, de ses moyens. Le second tome accorde beaucoup plus d'importance à la psychologie des personnages. Leurs doutes, leurs peurs. En quatre chapitres très rythmés, on découvre le passé de Zoran, l'autre infiltré dans le milieu, et un voyage en Albanie, dans une sorte de supermarché du sexe tarifié, fait froid dans le dos.

 Quant à Claire, elle ne sait plus qui elle est véritablement et se pose de plus en plus de questions. Une série majeure à ne pas manquer. ("Cellule Poison", Dargaud, 11 €)

jeudi 3 mai 2007

BD - La guerre des Barons

Bérard, le doyen de la caste des méta-barons entreprend, dans le premier tome de cette nouvelle série écrite par Jodorowsky, de conter l'histoire de ses ancêtres. Place donc à Dayal, dessiné par Das Pastoras, virtuose espagnol s'étant déjà illustré avec « Les Hérésiarques ». Sur Ahour-la-Naine, la plus petite planète de la galaxie, perdue aux confins de l'empire, 2 000 habitants auraient pu vivre en paix. Mais ils sont divisés en deux clans, les Amaruka aux étendards rouges et les Castaka, fiers de leur couleur blanche.

 Délaissant la technologie, ils se battent au sabre, avec un code d'honneur implacable. Cet affrontement bascule avec l'enlèvement de la reine Castaka. Engrossée par le roi Amaruka, elle donne naissance à Dayal. Il pourrait devenir le maître la planète après la victoire totale des Castaka, mais c'est un bâtard. Il est maintenu en vie uniquement car il est le seul mâle en état de procréer sur la planète. 

Dayal, père de centaines d'enfants, devra finalement s'enfuir, quitter Ahour-la-Naine en compagnie de sa femme et de ses filles, pour survivre. De roi, il deviendra pirate, bandit. Le côté sombre des méta-barons vient de débuter. ("Castaka", Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)

mercredi 2 mai 2007

Roman - Les soins délirants

Dans « Hépatite C », Vincent Ravalec fait le récit des effets secondaires d'un traitement radical contre cette maladie méconnue.

Vincent Ravalec, de « Cantique de la racaille » à « Un pur moment de rock'n roll » s'est beaucoup inspiré de ses aventures (certains parleraient d'errances) de jeunesse pour bâtir des romans forts et sans concession. Il s'est assagi avec l'âge, mais a gardé un soupçon de rébellion. et une sale maladie. Il pose le problème dès les premières pages de ce « récit » : « J'étais écrivain, j'avais légèrement dépassé la quarantaine, et j'étais porteur de l'hépatite C depuis les années soixante-dix. A mon avis depuis 1976. Au moment où j'avais les cheveux plus longs qu'aujourd'hui. Quand un élan un peu fou rassemblait les gens dans des festivals de musique dissidente, avec ce truc de contre-culture, l'héro en pagaille, l'arrivée du punk. Avant la déferlante du sida et des seringues en vente libre. » Une maladie qu'il faut surveiller. Qui peut se faire oublier. Malgré les fréquents examens. « L'hépatite C n'était pas grave tant que vous étiez vert avec un peu de jaune. Quand vous étiez rouge-rouge, c'était le début de la fin ».

Légèrement hypocondriaque

Pour la première fois, les résultats sont « rouge-rouge ». « Je vais clamser, cette fois c'est certain ! » fanfaronne Vincent Ravalec en rentrant chez lui. Ayant une « certaine propension à l'hypocondrie », il n'est pas pris au sérieux par sa petite famille, une femme active et deux ados dont une fille an de David Guetta. Cela pourrait être dramatique, cela prend des airs de farce. Vincent Ravalec n'arrive pas à s'apitoyer sur son sort. Au contraire il se met en scène, tel un pantin hésitant.

Quand on est rouge-rouge, c'est surtout le signe qu'il faut tenter d'éradiquer la maladie. Il existe un traitement, lourd et cher, mais qui donne souvent de bons résultats. Une bithérapie devenue obligatoire, malgré les effets indésirables secondaires. Après avoir listé les symptômes de l'hépatite C (jaunisse, gonflement des chevilles et du ventre, vomissement de sang, infections à répétition...), il détaille avec un plaisir macabre tout ce qui l'attend : « douleurs d'estomac, sang dans les selles, toux persistante, battements cardiaques irréguliers, problèmes de vue et dépression ». Par exemple dans le volet dépression, il est marqué sur la notice livrée avec les médicaments que « certains patients sont allés jusqu'au suicide ».

Ours et nonnes lesbiennes

C'est donc la peur au ventre que l'auteur débute son traitement. Assommé les premiers jours, il va lentement mais sûrement glisser vers un état s'approchant plus en plus de la paranoïa la plus intense. Pour se protéger des murs de son salon qui se rapprochent de lui, il se confectionne un abri avec des chaises recouvertes de draps. C'est là qu'il va passer plusieurs jours, hagard, hébété, de plus en plus déconnecté de la réalité.

La suite du livre va crescendo. Ayant une révélation mystique, il quitte son appartement parisien pour rejoindre un monastère dans les Pyrénées. Il y croisera des nonnes lesbiennes toxicomanes, un ours agressif et un gourou à Lourdes. Son périple, dantesque, délirant et hilarant, s'achèvera à un péage d'autoroute, les gendarmes reconnaissant cet homme qui fait l'objet d'un « avis de recherche dans l'intérêt des familles ». Le récit de sa cavale est entrecoupé de souvenirs de jeunesse et d'affreux cauchemars. Si toute une partie du livre est sérieuse et documentée, apprenant au lecteur nombre d'informations sur l'hépatite C, une maladie qui touche 700 000 personnes en France, Vincent Ravalec n'a pas négligé dans des passages d'anthologie son côté iconoclaste trash, cher à ses lecteurs.

« Hépatite C », Vincent Ravalec, Flammarion, 16 €

mardi 1 mai 2007

BD - Le naufrage de la vieillesse

« Rides » propose au lecteur un voyage dans les affres de la mémoire défaillante. Signé Paco Roca, auteur espagnol très prometteur, cet album d'une centaine de pages offre un regard sensible, lucide et sans concession sur la maladie d'Alzheimer. Ernest, un paisible retraité, est placé par ses enfants dans une résidence du troisième âge. 

Cet ancien banquier a parfois des absences. Il est dans la période critique d'Alzheimer où il en a encore conscience. Mais il n'ose pas réellement y croire. C'est en découvrant qu'il a le même traitement qu'un homme devenu un véritable légume qu'il comprend l'étendue de sa maladie. En compagnie d'Emile, son collègue de chambre, il va tenter de retarder les effets du mal en exerçant sa mémoire puis en mettant des étiquettes sur les objets de la vie courante. 

Mais inexorablement le cerveau malade ne tourne plus rond et Ernest s'enferme dans un monde figé et de plus en plus incompréhensible. Emile, de vieillard cynique profitant de tout et de tous, se transforme en compagnon de galère attentif, retrouvant un sens à sa vie, elle aussi en fin de course. Préparez les mouchoirs. (Delcourt, 14,95 €)