mercredi 24 janvier 2024

Un livre de Bob Garcia pour comprendre le génie de Franquin

Bob Garcia a beaucoup écrit sur Hergé. Mais en cette année 2024 qui marque son centième anniversaire, c’est sur André Franquin que cet exégète de la bande dessinée s’est penché. Un essai très documenté sur « Les secrets d’œuvre ».

Après une rapide biographie, il décortique tous les albums et série du génial créateur de Gaston, du Marsupilami et animateur hors pair des aventures de Spirou et Fantasio. Un livre référence, agrémenté de dessin des Sternic, pour comprendre d’où vient le sous-marin du Repaire de la murène, ou l’origine du prénom Gaston, inspiré d’un véritable gaffeur qu’a bien connu Yvan Delporte, le rédacteur en chef du journal Spirou.

Un essai à déguster en relisant les œuvres de Franquin.

« Franquin, les secrets d’une œuvre », Éditions du Rocher, 348 pages, 19,90 €

Un roman jeunesse : Black Cloud 2

Suite de l’excellente série de Vincent Villeminot, Black Cloud. Des romans pour adolescents dans un univers de fin du monde. Un nuage noir apparu on ne sait d’où cache le soleil. La terre plonge dans l’obscurité et lentement vers la mort. Dans une ferme isolée, une famille survit.

On retrouve au début de Créatures, les deux garçons et une fillette, arrivée en cours de route. Ils sont seuls pour faire face aux dangers. Après des chiens méchants, ce sont des insectes géants qui attaquent. Palpitant, dramatique, teinté d’un fantastique mâtiné de survivalisme, cette histoire passionnera les enfants imaginatifs.

« Black Cloud » (tome 2), PKJ, 320 pages, 12,90 €

Un album jeunesse : Variations sur le temps

On a parfois l’impression que la vie en famille est une perpétuelle course contre la montre. On est toujours en retard. Comment faire comprendre aux jeunes enfants que parfois il faut se presser ? Ce petit album, aux illustrations touchantes et très ancrées dans le réel, permet de donner quelques réponses.

Ou du moins de faire comprendre aux plus petits que l’école débute toujours à la même heure, qu’il ne faut pas rater le début. Et que par ailleurs, le soir, le temps n’est toujours pas extensible et que les histoires avant de dormir doivent être… courtes.

Un album complété par un texte très instructif de Déborah d’Hostingue, psychologue et thérapeute.

« Allez, on y va », Amélie Graux, Les Arènes Jeunesse, 44 pages, 13,90 €

Une fable (brésilienne) sur les effets du confinement


Quand la Covid 19 chamboulait nos vies, nous faisait paniquer, à quoi aurait ressemblé La dernière joie du monde, titre de ce roman brésilien de Bernardo Carvalho ? Presque une fable, ce court texte qui débute lors du premier confinement. Un homme annonce à son épouse qu’il la quitte. Immédiatement. Et la femme de se retrouver seule dans l’appartement. Pas totalement seule car quelques jours avant le début de la pandémie, l’épouse, prof d’université, a trompé son mari avec un étudiant. Un inconnu. Une seule fois.

Neuf mois plus tard, alors que le pays a radicalement changé, elle met au monde un garçon. Elle tente de retrouver le père en allant voir un devin. Cet homme, touché par la maladie, est longtemps resté dans le coma. À son réveil il n’a plus de souvenirs. Mais il peut prédire l’avenir.

« La dernière joie du monde » Bernardo Carvalho, Métailié, 128 pages, 18 €

mardi 23 janvier 2024

Littérature - Romain Puértolas, aux basques de Xavier Dupont de Ligonnès, invente le « roman-quête »

Ancien policier devenu romancier à succès, Romain Puértolas raconte comment il a retrouvé l’homme le plus recherché de France : Xavier Dupont de Ligonnès. Une fantaisie littéraire parfois plus sérieuse qu’il n’y paraît.


Un matin de 2023, Romain Puértolas, romancier vivant seul dans sa maison ariégeoise, découvre avec stupeur sur la terrasse d’à côté son voisin en robe de chambre en train de siroter un café. Sans doute un locataire Airbnb car il ne l’a jamais vu auparavant. Il le connaît pourtant. Parfaitement. Ce ne peut être que Xavier Dupont de Ligonnès, l’homme suspecté d’avoir tué sa femme et ses quatre enfants à Nantes en 2011.

Pas de chance pour le présumé tueur d’avoir loué pile à côté de l’homme qui a passé des années à tenter de résoudre ce mystère criminel. La suite de ce premier contact mène le romancier tout droit face à la cour d’Assises de Toulouse. Accusé de meurtre. Du meurtre de Xavier Dupont de Ligonnès avec un couteau à dessert.

Passés par Carcassonne

On retrouve dans les premières pages de ce roman truculent tout le brio de Romain Puértolas, écrivain qui sait faire rire son lecteur. L’étonner aussi. Jusqu’au dernier chapitre. Cette affaire est racontée à la première personne par le romancier, mais aussi par Xavier Dupont de Ligonnès (ou du moins ce que le romancier pense avoir découvert du fuyard durant sa cavale). On découvre aussi les différentes phases du procès avec le combat de coqs entre un procureur chipoteur et un avocat grandiloquent. Un quatrième segment du roman intéressera les addicts aux documentaires sur les criminels célèbres, l’enquête menée par Romain Puértolas durant près de 20 ans, quand il était simple flic, puis romancier à succès.

Ceux qui n’aiment pas rire des faits divers tragiques apprécieront ces pages où on découvre comment il a préparé les assassinats, couvert sa fuite, pourquoi il s’est délibérément laissé repérer à Roquebrune-sur-Argens, ce qu’il y est allé chercher. Pures spéculations d’un flic déjà titillé par la fiction, mais crédible de bout en bout. On serait presque tenté de compatir avec lui à ses rares erreurs, être rassuré quand il parvient enfin à quitter la France et refaire sa vie (et faire le bien), loin de la sinistre terrasse de la maison nantaise.

Sauf que Dupont de Ligonnès, en 2023, est toujours en France, à quelques mètres de Romain Puértolas. Dans cette maison ariégeoise « découverte au cours d’une excursion bucolique, après une rencontre dans un Cultura de Carcassonne. » Carcassonne, ville par où est passée Dupont de Ligonnès qui l’avoue sous la pression : « Je suis tombé sur cette baraque paumée au fond de l’Ariège alors que je cherchais une planque. J’ai eu un accident à Carcassonne, il y a quelques semaines, vraiment pas de bol. » Plus que pas de bol puisque c’est aussi la fin de sa cavale.

En mêlant parties romancées et véritable enquête sur le terrain, Romain Puértolas semble inventer le « roman-quête », forme de narration hybride qui mélange à tire-larigot pure invention parfois rocambolesque et faits vérifiés, établis, garantis 100 % authentiques.

On pourrait s’offusquer de ce subterfuge destiné à séduire deux publics aux goûts différents. Mais avec Romain Puértolas, qui retrouve dans ce roman le foisonnement imaginatif qui l’a propulsé au sommet avec son Fakir, il faut toujours s’attendre à être séduit, amusé et essentiellement surpris.

« Comment j’ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès » de Romain Puértolas, Albin Michel, 288 pages, 19,90 €

lundi 22 janvier 2024

Polar - Traque canadienne « À la lisière du monde »

 Dans le Nord canadien, au début du XXe siècle, un policier tente de retrouver un trappeur suspecté d’avoir assassiné femme et enfant. Avec la nature comme principale ennemie.


Avant de se rêver survivaliste dans une nature vierge, certains idéalistes devraient lire ce roman de Ronald Lavallée. Ou mieux, tenter de rester vivant une journée et une nuit dans ce grand nord canadien. A la lisière du monde débute alors qu’en Europe les premières rumeurs de guerre mondiale font les gros titres des journaux québécois, même dans cette mission, perdue dans l’extrême nord de l’État, entre forêts d’épinettes, rivières, marécages et baie d’Hudson.

Une région glaciale en hiver, infestée de moustiques en été. Quelques baraques occupées par des Indiens et des trappeurs, un poste de police et première affectation pour le jeune Matthew Callwood. Fils de bonne famille, il a choisi ce bout du monde pour oublier un chagrin d’amour. Plein de bonne volonté au début, il va découvrir la réalité de sa mission : ne pas faire de vagues, attendre la fin des deux années d’engagement et s’ennuyer. Il va changer d’attitude quand il apprend qu’un certain Moïse Corneau serait dans la région. Une légende.

Ce trappeur a été condamné à mort pour le meurtre de sa femme et de son bébé. Il s’est évadé la veille de l’exécution. Depuis, il survivrait tel un sauvage dans la forêt boréale. Le romancier va transformer ce duel à distance en passionnante chasse à l’homme dans un environnement inhospitalier. Le policier doute souvent : « Chercher un homme dans cette immensité est absurde. Parce qu’on vit toute l’année dans des clapiers de quelques mètres carrés, parce qu’on remplit sa chemise, qu’on touche des orteils le bout de la baignoire, on finit par croire que l’être humain prend de la place sur Terre. C’est faux. Dans la forêt boréale, l’homme est un microbe. »

Accompagné de guides locaux et de deux autres policiers, Matthew va passer tout un été sur les traces de Corneau. L’occasion pour Ronald Lavallée de décrire cette nature violente et fascinante : « La rivière est en travail. La glace craque, grince et couine. De lourdes échardes s’élèvent hors de l’eau, exposent des fanons de cristal qui scintillent au soleil. » C’est d’une beauté renversante. Très dangereux aussi. Et cela donne une furieuse envie d’aller voir par nous-même. Mais pas plus d’une journée et une nuit…

« À la lisière du monde », Ronald Lavallée, Presses de la Cité, 368 pages, 23 €

dimanche 21 janvier 2024

BD - A la découverte de nouveaux mondes oniriques avec Seuls, Max Pérac et la Vallée des Lucioles

Dans le sillage des héros de ces albums, partez à la découverte de nouveaux mondes comme les Limbes de « Seuls », l'Ile où le roi n'existe pas imaginée par Raphaël Drommelschlager ou la Vallée des Lucioles du jeune Milo.


Les Protecteurs des Limbes



Dans la bande dessinée aussi il existe une sorte de mercato. La série à succès attise les convoitises. Seuls, de Vehlmann et Gazzotti change de maison d'éditions. Le 14e titre intitulé les Protecteurs, premier d'un nouveau cycle, trouve refuge aux éditions Rue de Sèvres. Les 13 premiers titres restent chez Dupuis. Pas de modification de maquette ni de format, les collectionneurs apprécieront.

Les auteurs ont cependant voulu faire en début d'album un rapide résumé en trois pages des précédentes péripéties de ces cinq enfants, tous morts la même nuit et retenus depuis dans les Limbes. Ils se retrouvent au centre d'une lutte entre clans, familles et sortes de dieux dans un univers fantastique d'une extraordinaire richesse.

Et ce n'est pas terminé car en fin de volume, un arbre généalogique des Limbes précise les rôles de certains (protecteurs, cerbères, éclaireurs, magister) et signale l'existence d'autres qui ne sont pas encore intervenus comme les Charbonneux, les Cauquemaures ou les Archanges. Des « bonus » offerts aux lecteurs qui apprécient ces précisions.

Dans ce 14e titre, la bande est de nouveau au complet, Camille est redevenue gentille et entre Dodji et Leïla, l'amitié se transforme de plus en plus en amour. Quant à Terry, le plus jeune et facétieux, il permet d'insuffler un peu d'insouciance et d'humour dans cette aventure où les « méchants » lancent aux trousses des enfants un protecteur, immense statue de métal animée qui semble indestructible.

Et au final, un renversement d'alliance va rebattre les cartes. Scénario au cordeau de Vehlmann qui distille au compte-gouttes les révélations et surtout dessin toujours aussi épanoui d'un Gazzotti qui semble retrouver le plaisir à animer une série qui continue à remporter un beau succès en librairie.

Abandonner son enfance



Présenté comme une suite indirecte (et totalement indépendante) de La craie des étoiles du même Raphaël Drommelschlager, le roman graphique L'île où le roi n'existe pas a pour personnage principal Max Pérac. Mais ce n'est plus un enfant qui pouvait, avec une simple craie, ouvrir des portes sur des mondes imaginaires. Il est adulte et survit en tenant une librairie spécialisée dans les ouvrages portant sur les voyages, lui qui a peur de l'avion et refuse de quitter la ville.

Il va avoir 30 ans. Un cap. Une crise. Solitaire, mal dans sa peau, il est affolé en voyant toutes les injustices du quotidien. Il a trois amis, deux filles (dont une qui est amoureuse du beau et taciturne Max) et un garçon. Ils l'invitent au restaurant pour son anniversaire, mais face à tant de sollicitude, il fait un scandale, comme s'il ne méritait pas cette amitié.

La suite de la nuit va être mouvementée mais elle lui donne surtout l'opportunité de fuir loin de ce monde qui ne le satisfait pas. Il va partir sous une autre identité vers cette île perdue en Méditerranée. Un monde onirique qui permet à l'auteur de signer quelques planches d'une extrême beauté. Nouveau départ ou simple pause ? Max ne comprend pas véritablement ce qui lui arrive. Il va devoir aussi régler quelques comptes avec d'anciennes connaissances et tenter de trouver un terrain d'entente avec le jeune Max, le rêveur de la craie des étoiles.

Une histoire merveilleuse dans tous les sens du terme.

L'enfant et l'ours



Paru en 2023, cet album de Boris Sabatier s'adresse aux plus jeunes. Un dessin stylisé, épuré, donne toute sa force à cette histoire de nature sauvage dans une montagne qui ressemble étrangement à nos Pyrénées.

Tout commence par la folie meurtrière d'un chasseur. Il tire sur les loups, abat une ourse et s'apprête à achever son ourson. Mais le grand-père de Milo intervient. C'est un guérisseur, presque sorcier dans cette époque pas véritablement identifiée mais où la science est encore balbutiante. Le petit orphelin de la forêt est adopté et deviendra le meilleur ami de l'enfant, lui aussi sans père ni mère.

Quelques années plus tard, Milo court dans les bois en confiance avec son ami à ses côtés, une énorme bête constituée de poils de muscles, de dents et de griffes. C'est Welles, l'ourson devenu force de la nature et fauve redoutable pour qui oserait s'attaquer à son ami Milo. Tout change quand le grand-père de Milo meurt. L'enfant va être placé, l'ours sera vendu à un zoo.

Pas question. Milo et Welles vont donc fuir, en pleine nuit, à la recherche de la Vallée des Lucioles, ce lieu magique qui, d'après le grand-père, serait l'écrin d'un trésor précieux. Une belle histoire d'amitié, de courage et de quête personnelle pour comprendre ce qui est essentiel dans nos vies.

« Seuls » (tome 14), Rue de Sèvres, 56 pages, 12,95 €
« L'île où le roi n'existe pas », Bamboo Grand Angle, 96 pages, 18,90 €
« La vallée des lucioles », Michel Lafon, 64 pages, 20 €

 

samedi 20 janvier 2024

Poches. Destinations Outreterres


Publié une première fois à la fin des années 50, ce roman de science-fiction de Robert Heinlein est le prototype du récit d’aventure. Le jeune Rod, pour obtenir le droit de coloniser les planètes d’Outreterre, doit passer un examen de survie. Plongé dans un monde hostile, il va se révéler, face à la faune locale mais surtout aux autres humains. 

Tant et si bien que rapidement « L’examen de survie ne l’intéressait plus, seule la survie importait. » Un texte à redécouvrir dans une version plus adulte, remaniée dans les années 80 par cet auteur américain à qui l’on doit les fameux Starship troopers.

« Destination Outreterres », Le Livre de Poche, 352 pages, 9,20 €

vendredi 19 janvier 2024

Bande dessinée - Les armes sont de sortie

Seconde sélection des westerns dessinés parus en cette fin 2023. Avec sans doute les trois meilleurs albums du moment : The Bouncer, Undertaker et Gunmen of the West.


Bouncer à l’épreuve

À la fin du précédent album, le lecteur a laissé le Bouncer, ce manchot taciturne, presque heureux et apaisé. Il riche, a des amis, une femme qu’il aime et une affaire prospère à Barro City. Mais c’est mal connaître Jodorowski, le scénariste, qui va rapidement apporter du noir dans ce tableau enchanté. Cela arrange Boucq, le dessinateur, qui excelle quand la tension est au maximum.

Les problèmes arriveront par l’intermédiaire de l’or ramené du Mexique. L’armée américaine vient le récupérer. Un détachement commandé par le colonel Carter, héros de la guerre, reconnaissable grâce à son œil de verre. Ensuite tout s’enchaîne rapidement. La fièvre de l’or… Bouncer va voir la mort frapper tout ce qu’il aime.

Le titre de ce 12e album, Hécatombe, est tout sauf mensonger. Une histoire au long cours, de 144 pages, planches d’une grande beauté et expressivité signée par un François Boucq qui est depuis quelque temps au niveau des plus grands, de Giraud à Hermann.


Undertaker retrouve Rose

Autre dessinateur de western qui vaut largement ses grands anciens : Ralph Meyer. Installé à Barcelone depuis quelques années, il poursuit les aventures graphiques de Jonas Crow, l’Undertaker ambulant, un croque-mort qui se déplace de ville en ville avec son corbillard et son animal de compagnie si symbolique : un vautour.

Jonas qui déprime sérieusement. Il a perdu la trace de la femme qu’il aime, Rose Prairie. Quand il reçoit une lettre de la petite d’Eden City au Texas, signée de sa belle, il reprend espoir. Patatras, si Rose a disparu, c’est pour retrouver… son mari, Mister Prairie, médecin. Et si elle a besoin de Jonas, c’est pour une sépulture particulière : celle du bébé d’une femme qui veut avorter.

La première partie de ce nouveau cycle toujours écrit par Xavier Dorison plante le décor : Texans arriérés, folie religieuse, envie de lynchage. L’Ouest sauvage légendaire, celui où les armes font office de code civil.


Haut les flingues !

Nouvelle livraison d’histoires courtes peaufinées par Tiburce Oger et illustrées par de grands dessinateurs. Cette fois il raconte le destin de quelques gunmen, ces hors-la-loi qui ont fait parler la poudre.

Certains très connus comme Billy The Kid (illustré par Bertail), d’autres plus anonymes comme la redoutable Black Evil (dessins de Vatine) à l’improbable Mary, vedette d’un cirque, pendue en place publique pour meurtre bien qu’elle soit… un éléphant.

« Bouncer » (tome 12), Glénat, 144 pages, 24,95 €

« Undertaker » (tome 7), Dargaud, 64 pages, 16,95 €

« Gunmen of the West », Bamboo Grand Angle, 112 pages, 19,90 €. Il existe une édition luxe en noir et blanc de 120 pages à 29,90 €


jeudi 18 janvier 2024

Bande dessinée - Histoires indiennes et de l’Ouest américain

Géronimo avec Christian Rossi, Chef Joseph par Corteggiani et Andrade : l’histoire indienne est une mine d’or pour la bande dessinée. Mais l'Ouest sauvage américain est aussi un terrain propice pour voir naître de belles histoires d'amour comme "Western Love" d'Augustin Lebon.


Géronimo le chaman

Très attendu, le nouvel album de Christian Rossi ne déçoit pas. Il a mis des années à finaliser cette somme colossale (plus de 170 pages !) racontant une partie de la vie du chef indien Géronimo. Un roman graphique grand format, tout en couleur, qui mêle fiction et Histoire.

Le chef Apache prend sous son aile un jeune Indien rejeté par sa tribu. Ensemble ils vont sillonner cette région aride située le long de la frontière mexicaine. Une quête initiatique qui se termine mal, au cours de laquelle Christian Rossi met en lumière les talents de chaman du rebelle.

C’est assez mystique parfois, un peu dans le style des Jean Giraud, le maître absolu du western dessiné, celui avec qui Christian Rossi a longtemps collaboré pour signer les aventures de Jim Cutlass. Une série qui ressort dans une superbe intégrale, cadeau parfait pour les fêtes de fin d'année.


L’errance de Chef Joseph

Autre figure de la résistance indienne face aux soldats américains : chef Joseph. À la tête des Nez-Percés, il espère vivre en paix et en harmonie dans la vallée de la Wallowa, terre de ses ancêtres. Mais des colons convoitent les terres et quand de l’or est trouvé, c’est la ruée.

Il est décidé de transférer la tribu dans une réserve au nord. Refus des jeunes guerriers et c’est la guerre. Chef Joseph fera tout pour trouver un point de chute à son peuple.

Une longue errance durant l’été 1877 racontée avec minutie par François Corteggiani (son ultime scénario, il est mort subitement l'été 2022) et dessiné par Gabriel Andrade. De plus, on retrouve en fin de volume une partie pédagogique avec documents d’époque renforçant encore la légende de ce grand chef indien, poussé à la guerre par les circonstances.


Amour, bonne bouffe et... pistoleros

Ils sont adorables ces deux héros imaginés par Augustin Lebon. Pas forcément fréquentables, mais touchants dans leur façon de ne pas vouloir admettre que malgré les circonstances, ils ont succombé au fameux coup de foudre. Une histoire d'amour dans un cadre particulier puisqu'il frappe en plein Ouest sauvage.

Molly, rousse surnommée à juste titre « La Teigne », est une excellente cuisinière. Elle vit de ce talent dans une petite ville du Nouveau-Mexique. On est en pleine conquête de l'Ouest et les outlaws sont légion. Justement arrive en ville le dénommé Gentil, également connu sous le sobriquet moins reluisant de « Crevard ». Il remarque immédiatement Molly. Pourtant il ne doit pas oublier sa mission. Il doit faire les repérages avant le braquage de la banque locale. Un western humoristique et romantique, avec son lot d'action. Car Gentil va décider de trahir sa bande pour sauver Molly.

Une Teigne qui au passage retrouve les traces de sa mère, partie alors qu'elle était encore un bébé et, c'est plus problématique, une demi-sœur presque chef de la bande de Gentil. La suite de la série sera d'ailleurs axée sur ce trio avec des relents de vaudeville...

« Golden West », Casterman, 176 pages, 34,90 €.

« Jim Cutlass » (intégrale), Casterman, 448 pages, 59 €

« Chef Joseph », Glénat, 56 pages, 14,95 €

« Western Love (tome 1), Soleil, 56 pages, 15,50 €