Bombardée série la plus attendue de 2023, The last of us, adaptation du célèbre jeu vidéo, a failli rater sa sortie en France. Produite par HBO, chaîne payante américaine, elle aurait normalement dû arriver sur l’antenne d’OCS, plateforme française qui depuis des années diffuse toutes ces pépites comme Game of Thrones ou True Crime. Mais la Warner, propriétaire de HBO, a repris ses droits et a passé un accord avec Amazon Prime Video. En mars toutes les chaînes seront proposées à l’abonnement sur la plateforme du géant de la vente sur le net.
Et pour attendre, ce sont les abonnés français d’Amazon qui peuvent profiter de The last of us, 24 heures après les USA. Série prévue en 9 épisodes, chaque lundi, on découvrira la difficile survie de Joel Miller (Pedro Pascal) et Ellie Williams (Bella Ramsey) dans un monde futuriste frappé par une pandémie qui transforme des humains en zombies contrôlés par des champignons.
Le premier épisode, de plus d’une heure, raconte dans le détail l’arrivée de la catastrophe et comment réagit Joel. Cet ancien soldat, devenu artisan, vit seul avec sa fille Sarah. Face au danger, ils prennent la fuite, pourchassés par les infectés et une armée qur le point de prendre le contrôle du pays.
La réalisation est digne d’un film de cinéma et le scénario de Craig Mazin et Neil Druckmann très équilibré entre horreur, émotion et coup de théâtre. Ceux qui ont vu le premier épisode attendront avec impatience la suite de cette série qui a des airs de The Walking Dead, toujours sur Prime Vidéo.
Tous ceux qui sont allergiques au cinéma d’auteur, le 7e art dans toute sa splendeur, débarrassé de toutes les contingences matérielles et mercantiles vont dire beaucoup de mal de la nouvelle série de Nicolas Winding Refn, réalisateur de Drive. Ils se reconnaitront sans doute dans la première scène, un long travelling sur un élevage de porcs en batterie. Car le cinéma comme les séries originales, c’est pour les cinéphiles (une insulte dans la bouche de certains), les esthètes, pas les cochons qui se pâment sur des daubes formatées.
Dans Copenhagen Cowboy, Miu (Angela Bundalovic), hypnotique, est une sorte de sorcière qui porte chance. Elle est achetée, utilisée, exploitée. Elle va finalement se venger et répandre un peu de terreur dans son monde trop propre. Un choc visuel à ne pas manquer sur Netflix.
Durant des années, la Corée du Sud a servi de réservoir à bébés pour les couples français en mal d’enfants. Une filière d’adoption très active, mais qui a, forcément laissé des traces dans la construction de ces hommes et femmes coupés de leurs racines. David Chou s’empare du sujet dans Retour à Séoul, avec le cas particulier de Freddie (Park Ji-min). Elle a 25 ans, a vécu toute son enfance dans la campagne française (le Lot), habite désormais Paris et devait passer 15 jours au Japon. Le hasard a voulu qu’elle ait finalement choisi, au dernier moment, Séoul comme destination de vacances.
Très vite, elle va entrer en contact avec l’organisme chargé des adoptions et tenter de rencontrer ses parents biologiques. Une quête de parents qui ne se passe pas comme elle le voudrait. La mère refuse de la rencontrer. Le père par contre, alcoolique et possessif, ne veut plus qu’elle reparte en France, qu’elle reste en Corée pour qu’il lui trouve un bon mari.
Freddie, entre ces deux cultures, mais avant tout femme libre, ne trouve plus sa place. La suite du film raconte l’évolution de Fredie, sur une dizaine d’années. Elle va vivre en Corée durant quelques années, loin des traditions, dans un milieu très branché. Puis devenir marchande d’armes et sillonner le monde, revenant parfois au pays du matin calme. Avec toujours l’espoir de persuader sa mère biologique d’entrer en contact avec elle.
Un film qui passe par toutes les facettes, de la mélancolie à la révolte en passant par l’abnégation et la résignation. Preuve que l’adoption est une solution qui, trop souvent, laisse des traces indélébiles dans l’esprit des enfants, forcément partagés entre deux origines souvent très opposées.
Film de Davy Chou avec Park Ji-min, Oh Kwang-rok, Guka Han
Ne les appelez plus « influenceurs » mais « créateurs de contenus ». J’ai un peu halluciné à l’annonce de l’entrée de Squeezie au musée Grévin. L’influenceur, célèbre pour ses vidéos diffusées un peu partout, de YouTube à Twitch, est le premier à bénéficier d’une statue de cire.
Et pour l’annoncer, le musée ne parle pas d’influenceur, mais de créateur de contenu. Cela semble être le nouveau nom, plus positif, promotionné par une boîte de com’ pour présenter ces nouveaux hommes-sandwichs. Car ils ont beau créer des contenus, ces derniers sont surtout des vecteurs de publicité, pour des marques qui payent grassement.
Si au début, de simples échanges de produits suffisaient au bonheur des influenceurs, désormais, forts de leurs milliers (voire millions) d’abonnés, ces nouveaux princes du net privilégient le contrat en gros paquets d’euros. Il existe même une grille tarifaire officieuse pour se faire une idée des sommes brassées. Des tarifs astronomiques, dès qu’on dépasse les 100 000 fans. Vous pouvez gagner plus d’un smic avec un simple post sur Instagram. Si vous faites un live, c’est carrément le jackpot avec, en moyenne, 4 000 euros de revenus.
Sur YouTube, vous pourriez faire encore mieux. Mais la plateforme privilégie le nombre de vues. Ce qui permet à certains, avec peu d’abonnés, de faire sauter la banque avec une vidéo virale…
Par contre, Facebook est un peu à la ramasse. Quant à Twitter, même avec plus de 3 millions d’abonnés, un message sponsorisé ne vous rapportera, au mieux, que 10 000 euros. Même pas la monnaie croupissant au fond des poches d’Elon Musk, depuis trois ans.
Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 8 décembre 2022
On s’en va une petite semaine pour solder les congés d’hiver qu’on n’a pas pu prendre durant les fêtes et quand on revient, on a la désagréable impression qu’on n’est plus trop utile. La faute à la fameuse (et de plus en plus envahissante), intelligence artificielle qui répond au nom de Chat GPT.
Cette chronique, pourrait désormais être écrite par le programme informatique. Pas sûr que les quelques lecteurs qui arrivent à la dernière page de l’Indépendant et jettent un œil distrait sur ces lignes après avoir salivé sur la recette et planifié leur journée du lendemain en fonction de la météo annoncée, voient une quelconque différence.
Pas que l’algorithme soit très efficace, mais que la version de base, issue de neurones vieillissants et de moins en moins nombreux, manque de talent et d’originalité.
Mais je prends sans doute le problème à l’envers. Pourquoi craindre de me faire remplacer ? Un esprit moderne, comme les jeunes d’aujourd’hui, ne voient pas Chat GPT comme un risque mais une chance. En effet, qui m’empêche de sous-traiter les 1 700 signes quotidiens de ce billet ? Il me suffirait de demander à Chat GPT de pondre ces 290 mots sur le sujet du jour.
En plus cela me permettrait de diversifier les thèmes abordés. Je pourrai enfin traiter avec humour des problématiques qui me dépassent totalement.
Par exemple le risque de relégation de l’USAP en Pro D2 à la fin de la saison de Top14. Même si l’exemple n’est pas bon : se moquer de l’USAP c’est prendre le risque de se retrouver crucifié sur les poteaux d’Aimé-Giral, même après avoir expliqué que c’est un robot qui a osé écrire que « L’USAP doit retourner en ProD2 puisque c’est d’évidence le niveau de l’équipe. »
Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 30 janvier 2023
2011. Ambre discute sur MSN. Avec un inconnu, qui devient son confident virtuel. Elle a 17 ans, lui 25.
En conflit avec sa mère, elle décide de prendre le large avec son petit ami, Adrien. Direction la méditerranée. Avec une étape chez son pote internet, Baptiste, à Valence.
Arthur, la quarantaine, passionné de cinéma, a réalisé deux films. Deux flops, pour cause de dates de sortie "inappropriées".
Inapproprié, voilà bien le terme qu'Arthur apprend à se ficher dans le crâne dans les années qui suivent. Sa femme le somme de quitter leur appartement et son fils, il accepte un boulot de modérateur sur "Lifebook".
Ambre et Adrien, chez son pote Baptiste, vivent une soirée sublime. Le réveil l'est moins.
La maison bleue, une colocation dans laquelle a atterri Arthur, bientôt surnommé Bloomer par ses potes bien plus jeunes, "modos" comme lui, connaît de folles soirées. Alcool et weed, on en redemande.
Il le faut bien pour supporter cet infâme boulot de modérateur. Ils y côtoient le plus sombre de l'esprit humain. Les vidéos les plus gore.
Un roman où on découvre les dessous les plus retors de "Lifebook". Où l'on comprend pas mal de choses sur les signalements. Où l'on est horrifié par cette pieuvre gigantesque, bien pire que toutes les déviances humaines, qu'est ce réseau social.
Je suis sortie scotchée, presqu'assommée par ce roman.
Transformer les quatre membres du groupe de rock déjanté des Fatals Picards en héros de bande dessinée fait partie de ces idée saugrenues qui germent dans la tête des scénaristes sans la moindre limite. Jean-Luc Garréra (Les Vélomaniacs, Les oiseaux en BD ou Les Musicos) fait partie des très grands fans du groupe aux 300 000 albums vendus. Et anciens représentants de la France à l’Eurovision. Depuis quelques années il porte ce projet, persuadé que l’humour des quatre musiciens est une mine inépuisable pour concocter des histoires complètes entre absurde, florilège de jeux de mots et critique acerbe de la société.
Après avoir reçu l’adoubement du groupe, toujours partant pour se fendre la poire, même si c’est à leur détriment, Jean-Luc Garréra, de son refuge à Coursan a trouvé un dessinateur prêt à se lancer dans l’aventure « picardesque ». Restait à convaincre un éditeur. Logiquement c’est la maison d’Olivier Sulpice soutien de Jean-Luc Garréra depuis ses débuts qui a donné son feu vert. Dans un esprit très Fluide Glacial, Billy, Vivou, Jim et Poupou, après quelques gags pour bien cerner leurs personnalités (le premier est guitariste-philosophe, le second passionné de guitare et bassiste émérite, le troisième batteur et très imbu de sa plastique, le dernier chanteur, passionné par les vieux tubes, le kazoo et les expériences capilaires).
Ensuite place à trois gros récits complets pour compléter les 64 pages de cette BD assez inclassable. Une histoire de zombies, de monstre du Rockness en Ecosse et une extraordinaire satire des émissions de téléréalité.
On rit beaucoup aux dialogues très travaillés et bourrés de jeux de mots ou d’allusion et hommages aux chansons des Fatals, à la musique des années 80 ou tout simplement à une certaine déconne, signature du groupe qui ne s’est jamais pris au sérieux. Cela donne envie de réécouter quelques titres des Fatals et regretter que le rock français ait pris un tournant trop sérieux alors que cela reste un formidable vecteur d’optimisme et de joie pour les jeunes de 7 à 77 ans.
« Fatals Picards Comics Club » de Jean-Luc Garréra (scénario) et Juan (dessin), Bamboo Edition, 15,90 €
Elles sont rares les nouveautés BD qui allient une parfaite harmonie entre histoire et dessin. Trop souvent un bon scénario est peu mis en valeur part un dessin trop expérimental et pas assez au service de l’intrigue. D’autres fois, la virtuosité du dessinateur est noyée par un salmigondis de clichés desservant une vision unique d’un monde qui pourrait faire rêver en entraîner très loin le lecteur en mal de découverte. Alors quand les deux s’accordent parfaitement, donnant naissance à un monde nouveau et passionnant, l’amateur de BD se remet à espérer dans la force de proposition et d’invention d’un média tout sauf épuisé.
NéoForest est un récit d’anticipation post-apocalyptique imaginé par Fred Duval. Après la technologie futuriste de sa série Renaissance (dessin de Emem chez Dargaud), place à l’effondrement de la civilisation, et un retour dans un Moyen Age violent. La France (l’Europe en général et les autres continents), sont divisés en zones repliées sur elles-mêmes dominés par des seigneurs de la guerre. Dans un petit royaume autonome, recouvert d’une forêt riche et parfois dangereuse, le comte Cocto règne en maître sur ses sujets. Il n’a qu’une fille pour assurer la descendance : Blanche. Cette dernière n’est pas intéressée par le pouvoir. Sa raison de vivre d’est l’exploration de la forêt, rencontrer le petit peuple, protéger les arbres et les animaux mythiques comme les licornes et autres mutants entre sangliers et hommes.
Perdues dans les entrailles des bois, elle ne se doute pas qu’un complot vient de débuter au château pour écarter son père du pouvoir.
Une histoire de pouvoir classique, embellie par la richesses des trouvailles scénaristiques de Duval, du tournoi de chevalier en VTT en passant par des orchidées tueuses ou l’utilisation des cochons pour « réparer » les humains en mal d’organes neufs. Le meilleur reste le dessin et les couleurs de Philippe Scoffoni. Il donne une vie à part à la forêt, sa profondeur, voire sa conscience. Une BD écologique du futur.
« NéoForest » (tome 1), de Fred Duval (scénario) et Philippe Scoffoni (dessin), Dargaud, 16,50 €
Plus ancien hebdomadaire de bande dessinée pour les jeunes, Le Journal de Spirou a une très longue histoire derrière ses plus de 4400 numéros hebdomadaires. Lancée en 1938 sur une intuition par Jean Dupuis, un imprimeur de Marcinelle près de Charleroi en Belgique, cette revue se voulait une concurrence directe aux titres français qui inondaient le marché outre-Quiévrain.
A sa tête Jean Doisy, journaliste regorgeant d’idées. Il a inventé l’interactivité avant l’heure en proposant aux jeunes lecteurs de lui poser des questions sur tout et n’importe quoi. Il donnerai les solutions dans sa rubrique du Fureteur. Un Fureteur qui rapidement devient une des vedettes du journal avec Spirou, bien évidemment mais aussi Tif et Tondu ou Valhardi. Et à la demande des lecteurs, dès la fin de la première année de parution, il met en place une structure ressemblant à une organisation scout, Le club des Amis de Spirou. Des milliers de membres, une charte ou code d’honneur, un langage codé et la volonté d’inculquer des valeurs à cette jeunesse pleine de vitalité. Cette belle aventure, lancée en août 1938 arrive alors que l’Europe plonge dans la guerre.
La Belgique, rapidement occupée par l’armée allemande, vit sous la coupe des nazis. La collaboration bat son plein avec l’apparition du parti Rexiste. Mais la Résistance n’est pas en reste avec l’union des communistes et de certains groupe catholiques. Le Club des Amis de Spirou, par sa philosophie altruiste trouve toute sa place, même si ses membres ne sont que des enfants. C’est cet engagement qui est au centre de cette nouvelle série écrite par Jean-David Morvan et mis en images par David Evrard. Un duo qui connaît parfaitement cette période sombre de l’Europe après le succès de leurs séries Irena et Simone (chez Glénat, ce dernier titre remportant le prix des collèges ce week-end à Angoulême).
Ce premier gros album de 72 pages raconte la formation de cette bande de six jeunes Belges de Marcinelle, privés de leur magazine à cause de la censure allemande. Ils décident d’entrer dans la clandestinité et d’imprimer eux aussi des feuilles volantes de gags se moquant des occupants. Un récit humoristique devenant grave quand Jean Doisy prononce l’oraison funèbre de deux des six Amis de Spirou, morts au combat une année plus tard.
Entre humour, pédagogie et émotion, cet album exemplaire est capital pour que les générations futures n’oublient pas le sacrifice de certains jeunes capables de dépasser leur propre petite personne pour oeuvrer en faveur de l’intérêt général, de la liberté et d’un idéal égalitaire. Et pour bien s’imprégner de l’époque, un poster est offert en fin de volume reprenant les 9 préceptes du code d’honneur dont le premier donne son titre à l’album : Un ami de Spirou est franc et droit.
« Les amis de Spirou » (tome 1) de Jean-David Morvan (scénario), David Evrard (dessin) et Ben BK (couleurs), Dupuis, 14,95 €
La Suède est une terre féconde pour les auteurs de polars. Johana Gustawsson en semble un des meilleurs exemples. Pourtant, malgré son nom typiquement nordique et le fait qu’elle vit depuis quelques années à Stockholm, cette autrice est française et publie ses thrillers terrifiants directement dans la langue de Molière. Chez Calmann-Lévy, elle vient de sortir son second titre après le succès de sa trilogie Roy et Castells parue chez Bragelonnne et en cours d’adaptation en série télé. Un roman entièrement rédigé en Suède après qu’elle a abandonné le soleil de l’Espagne pour s’installer avec sa petite famille sur l’île de Lindigo dans la capitale.
Le roman, sorte de huis clos urbain, se déroule en grande partie sur la petite île de Storholmen. Sa particularité : pas de voitures. La petite communauté y vit à son rythme, loin du tumulte de la grande ville. Il y a quelques maisons individuelles, un bar restaurant près de l’embarcadère où accoste plusieurs fois par jour un bateau faisant la liaison avec Lindigo et un manoir.
Un véritable château, construit au début du XXe siècle par la riche famille des Gussman. Longtemps inhabité, le dernier héritier de la dynastie vient d’y emménager avec sa femme et son fils. Pour les 100 ans du domaine, il veut faire l’inventaire des œuvres d’art collectionnées par ses ancêtres. Il demande donc à une société spécialisée dans l’estimation puis la revente aux enchères de faire l’inventaire. Ce sera Emma Lindahl, jeune experte passée par Christie à Londres qui se retrouve chargée de répertorier ces trésors oubliés.
Sacrifice et pendaison
On découvre assez rapidement qu’Emma a un passif avec le manoir. C’est là que sa jeune sœur a été retrouvée, morte assassinée, pendue à un sapin, vidée de son sang après avoir été torturée plusieurs jours d’affilée, il y a neuf ans. Quand un autre cadavre est retrouvé dans les eaux glacées, le policier chargé de la première enquête, Karl, est persuadé que le cauchemar reprend. Il avait émis l’hypothèse à l’époque que ce crime était une réminiscence de sacrifice de l’ancienne religion viking. Karl qui malgré la disparition de son épouse quelques jours plus tard dans les eaux glacées de Stockholm, se jette à corps perdu dans cette enquête.
Le roman de Johana Gustawsson met un peu de temps à se mettre en place. Car la romancière a pris le parti de faire parler à tour de rôle les différents protagonistes de l’histoire. Emma, Karl, mais aussi une certaine Viktoria, employée de maison au manoir. Trois points de vue pour découvrir les mystères de Storholmen. Le premier coup de théâtre vient d’Emma. En faisant l’inventaire de la chambre de la femme du premier capitaine d’industrie de la dynastie Gussman, elle découvre un message, un SOS après avoir fait tomber trois brosses anciennes et finement ouvragées : « une à cheveux, deux à habits. La coque en argent s’est détachée de la brosse ronde, ouverte comme un coquillage. Tout en moi se glace. (…) J’essaie de reloger la partie métallique qui s’est détachée du manche lorsque j’aperçois un bout de papier plié à l’intérieur. Je le retire par automatisme. Il s’agit d’une note. Une note dont les mots hérissent mon corps de chair de poule : ‘Aidez-moi, je suis enfermée ici’ » Cet appel au secours est-il de la main de sa jeune sœur ? Ou d’une autre femme victime précédemment du même tueur en série ? L’enquête peut véritablement débuter pour Emma et Karl.
Quand survient un revirement incroyable, L’île de Yule acquiert une nouvelle dimension, particulièrement machiavélique et retorse. Et ce n’est qu’un début, la romancière prenant un malin plaisir à inverser les rôles, transformant des héros en méchants ou en semant le doute sur les véritables motivations des différents protagonistes. Un thriller qui parvient nous étonner, loin des sentiers battus, à l’intrigue aussi compliquée (et brillante) qu’un coup de billard à quatre bandes.