Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
samedi 28 mars 2020
Petites chaînes de télévision à découvrir pendant le confinement
Lassés de regarder les séries américaines débitées au kilomètre par les chaînes de la TNT, des shows rigolos (enfin c’est ce qu’ils prétendent) des outsiders ou les jeux légèrement débilitants des trois grandes historiques ? Plus de dix jours enfermé face à votre écran de télévision et vous avez envie d’évasion. Comme la sortie libre n’est toujours pas à l’ordre du jour, tentez d’aller sur les sentiers de traverse du paysage audiovisuel français. Si vous avez une box internet, vous pouvez sans doute voir quelques programmes tout à fait étonnants sur ces toutes petites chaînes placées très loin dans la numérotation mais qui méritent pourtant le détour.
Dans la catégorie des télés locales, rares sont les chaînes qui osent la différence et l’impertinence. Depuis plus de 20 ans Télé Bocal s’est achetée une place à part. Associative, foutraque et loin des notables, la chaîne de la région parisienne qui bénéficie d’une fréquence sur la TNT est à regarder au hasard sur les boxes. Ainsi quand j’ai trouvé le bon canal (367 sur la box d’Orange) c’était un de leur fameux micro-trottoir. Le premier un peu soft sur l’origine de l’appellation Passage des soupirs. Mais le suivant décoiffe. Question posée dans la rue au débotté : « Êtes-vous pour ou contre le cunnilingus ? ». Aux femmes comme aux hommes. D’ailleurs ces derniers ne sont pas laissés à l’écart puisque dans la foulée, la journaliste pose la même question, mais sur la fellation. Télé Bocal, rien de normal !
Les turfistes et leur chaîne dédiée Equidia sont privés de courses hippiques depuis la semaine dernière. Mais il en faut plus pour sevrer les parieurs. Sans le vouloir je suis tombé en plein Quinté + du jour. La 7e course de la réunion de Singapour. J’ai assisté en direct à la victoire de Minister. Aujourd’hui vous pouvez parier sur des compétitions se déroulant en Suède et aux USA. Bientôt il ne restera que l’Antarctique et les courses de manchots pour remplir l’antenne.
Basque, accordéon et Heiva I Tahiti
TVPI (prononcer TV Pays) diffuse d’ordinaire sur les Landes et le Pays basque français. On peut aussi voir ses émissions sur le net. Des reportages locaux qui, hier, ça tombait bien, portait sur la venue de Manu Dibango au festival Black & Basque, édition de 2012, une invention de Jules-Edouard Moustic de Groland. Dibango, hilare, expliquait qu’il allait jouer avec un orchestre basque et une chanteuse Sarahouie. On poursuit notre périple régional au gré de la zappette et on tombe sur BipTV, la télé du Berry. Paradoxalement, les Berrichons ont droit à un très vieux film américain en noir et blanc. C’est le cinéma de Minuit, mais en plein après-midi. Par contre, sur le Canal 32, la télé de l’Aube, la culture proposée est locale. Alors qu’un bandeau déroulant en bas de l’écran nous apprend 70 personnes sont hospitalisées dans l’Aube pour Covid19, au dessus un accordéoniste s’en donne à cœur joie pour faire danser les Troyens. L’émission s’appelle 1, 2, 3 musette et ressemble furieusement (mais en moins moderne) au Monde de l’accordéon diffusé sur TF1 dans les années 70.
Enfin si vous voulez danser sur des rythmes un peu plus exotiques, pas de problème, cap sur la Guadeloupe avec Canal 10 et son zouk ou encore plus loin la Polynésie française de Tahiti Nui TV. Vous pouvez y voir des images touristiques renversantes et des danses envoûtantes, notamment enregistrées lors du Heiva I Tahiti, concours très renommé dans tout l’Océan Pacifique.
Voilà de quoi passer un bon confinement, loin de vos voisins et ragots du village. Et je ne vous parle pas des dizaines de chaînes étrangères en accès libre sur internet.
vendredi 27 mars 2020
BD - Des mangeurs d’hommes et un dragon encore plus affamé
L’adaptation des nouvelles de Robert E. Howard mettant en scène Conan le Cimmérien réserve de belles surprises. Car loin d’être une opération commerciale, la collection donne toute liberté à des dessinateurs de très grand talent. On atteint des sommets avec « Les mangeurs d’hommes de Zamboula » confié à Gess. Conan vient d’arriver à Zamboula, la grande cité marchande aux portes du désert. Il veut passer une nuit chez Aram Baksh, une auberge qui a mauvaise presse. Certains voyageurs disparaissent après avoir fait étape dans la demeure du riche commerçant. Armé de son épée et de sa musculature à toute épreuve, Conan déjoue sans problème l’attaque des mangeurs d’homme.
Mais au cours du combat, il doit secourir une jeune femme entièrement nue. Une seconde aventure débute, avec magie, sortilège et trésor caché à la clé. L’album bénéficie d’un cahier graphique composé de recherches de Gess et de quelques hommages d’autres dessinateurs au héros de l’écrivain américain.
Autre histoire fantastique mais cette fois avec un dragon au centre de l’intrigue d’un album à l’italienne signé de trois auteurs tchèques : Baban, Masek et Grus, ce dernier assurant le dessin en couleurs directes de cette longue histoire de plus de 150 pages.
Dans une contrée boisée, un seigneur vient de chasser un groupe de brigands qui terrorisaient la région. Mais sur ces terres, un dragon sévit. Comment le vaincre ? Un récit médiéval fantastique d’une richesse graphique époustouflante.
« Conan le Cimmérien - Les mangeurs d’hommes de Zamboula », Glénat, 14,95 €
« Le dragon ne meurt jamais », Casterman, 25 €
Rain, Le Fléau et Virus avec Spirou : fictions dans l’air du temps
Une série, un livre et une BD. Trois œuvres de fiction mais qui en pleine pandémie vont vous faire frémir. Car cette histoire de virus tueur a déjà été imaginée par des auteurs cherchant à terroriser leur public.
The Rain (Netflix)
Mieux que The Walking Dead, The Rain, série danoise diffusée sur Netflix, vous donnera des frissons car il est question d’épidémie virulente. Mais un poil plus mortelle que le Covid19 qui à côté fait figure de gringalet. Le virus de la série est propagé par la pluie. Donc personne n’y échappe. L’action se déroule quelques années après l’infection. Ne reste presque plus de survivants. On suit le retour à l’air libre de jeunes frères et sœurs qui ont vécu caché dans un abri confectionné par leurs parents. L’anarchie règne, les dangers sont multiples. Finalement, c’est pas si mal le confinement…
Le Fléau (Lattès)
Considéré à juste titre comme un des chefs-d’œuvre de Stephen King, Le Fléau parle lui aussi de virus. Une manipulation de chercheurs officiant dans le plus grand secret dans l’armée américaine. Une petite fuite et, en 48 heures, c’est la moitié de la planète qui est contaminée. La Super-Grippe ne va épargner que très peu de personnes. Sans compter le second service : « Au moment où l’épidémie de super-grippe touchait à sa fin, une deuxième épidémie se déclara et dura environ quinze jours. Elle fut particulièrement virulente. […] Dans un sens strictement darwinien, ce fut le coup de grâce. » Ce sont ces très rares survivants que l’on suit dans ce livre monumental de plus de 1 000 pages, dans sa version numérique parue chez Lattès.
Avec un soupçon de fantastique, les derniers humains errant le long des routes des USA dévastés rêvant tous de Mère Abigaël : une vieille Noire de cent huit ans dont dépend leur salut commun. « Elle était vieille, elle n’avait plus beaucoup de force, mais elle avait conservé toute sa tête. Abigaël Freemantle, c’était son nom, était née en 1882. » Mère Abigaël, figure inoubliable de l’impressionnante galerie de personnages du Fléau.
Virus (Dupuis)
Dernier classique utilisant le thème du virus incontrôlable, la 33e aventure de Spirou et Fantasio parue en 1984. Fantasio, journaliste qui a du flair pour les scoops, est sur la piste d’un accident dans une base secrète en plein antarctique. Un des travailleurs, infecté par un virus très dangereux, a pris la fuite. Il va falloir pour nos deux héros trouver un antidote avec l’aide du génial comte de Champignac. « Virus » était la première histoire longue de Tome et Janry. Les deux jeunes auteurs venaient d’être désignés comme repreneurs officiels du héros vedette des éditions Dupuis. Un héritage difficile à porter après le génial Franquin.
Mais dès cette première aventure, mouvementée et contemporaine, sans oublier de l’humour à foison avec Fantasio en gaffeur et Spip en lanceur de bons mots. Étrange comme cette histoire est restée d’actualité. Même si dans la BD, ce sont des industriels qui fabriquent de super-virus pour augmenter leurs dividendes. On peut relire cet album, comme un ultime hommage au scénariste Tome, mort il y a quelques mois. Il n’aura pas connu l’épidémie de Covid19. Il en aurait sans doute tiré quantité de bons gags pour le Petit Spirou.
The Rain (Netflix)
Mieux que The Walking Dead, The Rain, série danoise diffusée sur Netflix, vous donnera des frissons car il est question d’épidémie virulente. Mais un poil plus mortelle que le Covid19 qui à côté fait figure de gringalet. Le virus de la série est propagé par la pluie. Donc personne n’y échappe. L’action se déroule quelques années après l’infection. Ne reste presque plus de survivants. On suit le retour à l’air libre de jeunes frères et sœurs qui ont vécu caché dans un abri confectionné par leurs parents. L’anarchie règne, les dangers sont multiples. Finalement, c’est pas si mal le confinement…
Le Fléau (Lattès)
Considéré à juste titre comme un des chefs-d’œuvre de Stephen King, Le Fléau parle lui aussi de virus. Une manipulation de chercheurs officiant dans le plus grand secret dans l’armée américaine. Une petite fuite et, en 48 heures, c’est la moitié de la planète qui est contaminée. La Super-Grippe ne va épargner que très peu de personnes. Sans compter le second service : « Au moment où l’épidémie de super-grippe touchait à sa fin, une deuxième épidémie se déclara et dura environ quinze jours. Elle fut particulièrement virulente. […] Dans un sens strictement darwinien, ce fut le coup de grâce. » Ce sont ces très rares survivants que l’on suit dans ce livre monumental de plus de 1 000 pages, dans sa version numérique parue chez Lattès.
Avec un soupçon de fantastique, les derniers humains errant le long des routes des USA dévastés rêvant tous de Mère Abigaël : une vieille Noire de cent huit ans dont dépend leur salut commun. « Elle était vieille, elle n’avait plus beaucoup de force, mais elle avait conservé toute sa tête. Abigaël Freemantle, c’était son nom, était née en 1882. » Mère Abigaël, figure inoubliable de l’impressionnante galerie de personnages du Fléau.
Virus (Dupuis)
Dernier classique utilisant le thème du virus incontrôlable, la 33e aventure de Spirou et Fantasio parue en 1984. Fantasio, journaliste qui a du flair pour les scoops, est sur la piste d’un accident dans une base secrète en plein antarctique. Un des travailleurs, infecté par un virus très dangereux, a pris la fuite. Il va falloir pour nos deux héros trouver un antidote avec l’aide du génial comte de Champignac. « Virus » était la première histoire longue de Tome et Janry. Les deux jeunes auteurs venaient d’être désignés comme repreneurs officiels du héros vedette des éditions Dupuis. Un héritage difficile à porter après le génial Franquin.
Mais dès cette première aventure, mouvementée et contemporaine, sans oublier de l’humour à foison avec Fantasio en gaffeur et Spip en lanceur de bons mots. Étrange comme cette histoire est restée d’actualité. Même si dans la BD, ce sont des industriels qui fabriquent de super-virus pour augmenter leurs dividendes. On peut relire cet album, comme un ultime hommage au scénariste Tome, mort il y a quelques mois. Il n’aura pas connu l’épidémie de Covid19. Il en aurait sans doute tiré quantité de bons gags pour le Petit Spirou.
Série Télé - Enquête sombre et froide dans le passé de l’Islande
L’avantage de Netflix, c’est que l’offre de série ne se limite pas aux productions US et tricolores. On peut aussi découvrir quantité de productions en provenance des quatre coins du monde. C’est parfois étonnant d’exotisme (Corée, Thaïlande, Turquie, Brésil) et puis il y a les pros du polar, généralement des pays nordiques. Suède et Danemark dominent mais il ne faut pas négliger l’Islande. Tout petit pays par sa population, immense par la superficie et la grandeur de ses paysages, l’Islande est le cadre des « Meurtres du Valhalla », imaginée par Ottar Nordfjord diffusée depuis peu sur Netflix. Huit épisodes de 45 minutes pour une série véritablement découpée en deux parties. Au début, Kara (Nína Dögg Filippusdóttir) se rend sur une scène de crime. Un homme a été poignardé en pleine nuit sur un quai de Reykjavik. Les yeux de la victime ont été lacérés après le meurtre. Quand un second cadavre est découvert, la police est sur les dents et Magnus (Sigurður Skúlason), le patron, demande l’aide d’un cador Danois, Arnar (Björn Thors).
Enquête classique dans les cinq premiers épisodes avec assassin démasqué. Mais il y a encore trois épisodes, eux beaucoup plus sombres. Car derrière cette série de meurtres, il y a les agissements d’un autre « monstre dans la nuit » (titre du dernier chapitre). Les deux personnages principaux vont alors devoir aller bien au-delà de leurs prérogatives de policiers islandais pour le mettre hors d’état de nuire.
La série, un peu longue et trop classique au début, devient brillante dans son final. Avec cerise sur le gâteau des décors enneigés d’un gigantisme qu’aucune major hollywoodienne ne pourrait reproduire.
jeudi 26 mars 2020
BD - Versions numériques gratuites : Delcourt et Soleil offrent le tome 1
L’opération #RestezChezVous lancée par les éditeurs de bande dessinée permet de lire des albums de BD en version numérique sans débourser un seul centime. Après les offres de Dargaud, du Lombard et de Dupuis, voici les modalités des éditions Delcourt et Soleil.
Là, ce sont les tomes 1 des séries jeunesse essentiellement qui sont tout simplement offerts. Et si vous accrochez à un univers, il ne vous en coûtera que 2,99 € pour les autres tomes. Le choix est vaste.
Pas moins de 16 titres sont proposés gratuitement pour le tome 1 puis à prix réduit pour les suivants. On retrouve parmi la sélection des champions des ventres comme Les Légendaires de Patrick Sobral ou Les petits Diables de Dutto.
De façon très chauvine, on va surtout vous conseiller la série Lila de Séverine de la Croix et Pauline Roland. Cette dernière, dessinatrice des mésaventures de Lila, fillette de dix ans qui découvre qu’elle a « les nénés qui poussent ! » est de Port-la Nouvelle et doit ronger son frein, enfermée chez elle. Elle fait partie des nombreux auteurs qui a un album (La princesse qui n’aimait pas les princes charmants) qui vient de sortir quelques jours avant la fermeture de toutes les librairies… Alors si vous vous jetez sur tous les albums de Lila (il y en a quatre au total) personne ne vous en voudra.
Les autres titres vont de la science-fiction ambitieuse avec Les Mythics à l’adaptation d’un classique de la littérature : La guerre des boutons. On a aussi la possibilité de rire des cavaliers dans A cheval !
Enfin ne ratez pas cette pépite de poésie et d’imagination qu’est la série La nef des fous de Turf. Certes la lecture en numérique n’est pas l’idéal pour ces planches à la mise en page très travaillée, mais vous ne pourrez qu’apprécier cet univers unique et qui ne compte pas moins de 10 tomes.
Et puis une fois le confinement terminé, rien ne vous interdit d’aller acheter les albums physiques des séries que vous avez découvertes lors de cette opération #RestezChezVous.
mercredi 25 mars 2020
Série Télé - Le cauchemar de « Colony » peut-il devenir réalité ?
Obéir ou désobéir ? On se pose toujours la question à un moment donné de notre vie. En ce moment par exemple, nombreux sont les Français qui désobéissent aux directives des autorités sanitaires leur demandant de rester chez eux. Ce n’est pourtant pas compliqué. Et cela ne demande pas un gros sacrifice. On ne préfère pas les imaginer dans une situation plus compliquée en cas d’invasion…
La série Colony par exemple, diffusée à l’époque sur TF1 et disponible sur Netflix pour ses deux premières saisons (la troisième et dernière ne devrait pas tarder), raconte comment des aliens ont imposé leur joug sur la planète Terre. L’action se déroule à Los Angeles. Le héros, Will (Josh Holloway) travaille dans un garage. Dès les premières minutes, ce dialogue entre lui et ses collègues nous fait furieusement penser à la situation actuelle.
- Et toi Carlos, que feras-tu quand tout ça sera fini
- J’irai voir ma famille.
- Et toi Will ?
- Je vais quitter ce garage et ne reviendrai jamais. Avec les enfants on va manger un fast-food jusqu’à s’en faire vomir.
La Califormie est coupée en deux. Will est du mauvais côté. Il va tout faire pour franchir le mur. Quitte à collaborer avec l’ennemi. La série qui bénéficie de la présence d’un des acteurs vedette de la série Lost et de Carlton Cuse, a bien marché la 1re saison. Mais la seconde a déçu et la troisième a marqué le glas de cette histoire de famille déchirée, d’aliens méchants et de collabos abjects.
BD - Albums en numérique gratuits : Le Lombard et Dupuis régalent
Non, vous ne risquez pas vous ennuyer durant ce long confinement. Si vous avez une connexion internet correcte et un peu de mémoire dans votre ordinateur, vous allez pouvoir lire des BD en quantité, sans faire chauffer la carte bleue. Après Dargaud, ce sont les éditions Dupuis et du Lombard qui offrent aux lecteurs quelques classiques de leur catalogue gigantesque.
Pour les éditions Dupuis, l’opération a pris pour nom Lundi Énergie. Depuis ce lundi, des surprises sont réservées aux amateurs de BD frustrés de nouveautés. Pour l’instant trois albums sont en libre lecture sur cette page du site dupuis.com : pour les plus jeunes le tome 8 des gags de Kid Paddle, le roi des jeux vidéo, par Midam ; les amateurs de polar dévoreront « Aïna », 25e enquête de Jérôme K. Jérôme, le détective parisien qui se déplace en solex sorti de l’imagination débridée de Dodier.
Enfin un titre un peu oublié de la collection Aire Libre permet de voir presque les premiers pas d’Emmanuel Guibert : « La fille du professeur ». Ce récit, écrit par Joann Sfar, raconte les amours compliquées entre une momie égyptienne et Liliane, la fameuse fille du professeur.
De plus les éditions Dupuis offrent sur le site du journal Spirou spirou.com des activités quotidiennes comme des jeux avec la Petite Lucie, des activités de Petit Poilu ou des dessins à colorier d’Arthur de Pins pour occuper les enfants obligés de rester à la maison.
Les éditions du Lombard offrent durant le confinement dix albums en lecture gratuite sur le site de la maison d’édition Sur lelombard.com. place au patrimoine avec des pépites comme les premières aventures de Bob Morane dessinées par Dino Attanasio ou le premier tome des aventures de Comanche, sans doute le meilleur western dessiné de tous les temps (mieux que Blueberry à notre humble avis) signé Greg et Hermann. Mais en version anglaise, histoire de faire travailler cette langue à vos enfants…
mardi 24 mars 2020
Fabrice Tarrin : « Uderzo était adorable et très bienveillant »
Fabrice Tarrin, dessinateur vivant à Narbonne et qui a illustré un album d'Astérix, a rencontré Albert Uderzo fin 2018.
Fabrice Tarrin fait partie des rares dessinateurs qui ont signé un album d’Astérix. Il a même été choisi par Uderzo. Fin 2018, il a adapté sous forme de livre illustré le film « Astérix, le secret de la potion magique ».
Il a rencontré Uderzo à cette occasion et s’en souvient avec émotion. « L’éditeur m’a présenté avant la projection du film et ça a été un échange très marrant, très cocasse aussi. Il était vraiment adorable et bienveillant avec un regard très positif sur mon travail. Il m’a fait plein de compliments, sur le fait que j’avais bien cerné le personnage. Mais il était déjà malade et avait des problèmes de mémoire. Un peu plus tard il demande à son éditeur « Il n’est pas là le jeune, celui qui ne signe pas beaucoup ? » Le jeune c’était moi et c’est vrai que je n’ai pas fait beaucoup de livres à côté de lui qui était un bourreau de travail. Quand il a compris que le jeune c’était moi, il m’a répété les mêmes compliments. »
Cette rencontre est d’autant plus inoubliable pour Fabrice Tarrin qu’il avait fait le déplacement avec son fils âgé de 5 ans et demi. « Il avait fait un dessin d’Astérix et l’a montré à Uderzo qui a plaisanté : « La relève est assurée ». Durant tout l’entretien, il a tenu la main de mon fils. Uderzo adorait les enfants ; il a souvent dit qu’Astérix, c’était pour eux qu’il le dessinait.
Et Fabrice Tarrin n’en a pas terminé avec Astérix puisqu’il devrait illustrer l’adaptation du prochain film, celui que Guillaume Canet doit tourner cet été en France en en Chine. Ce sera sans doute pour l’an prochain, si l’épidémie de Covid19 le permet.
Fabrice Tarrin fait partie des rares dessinateurs qui ont signé un album d’Astérix. Il a même été choisi par Uderzo. Fin 2018, il a adapté sous forme de livre illustré le film « Astérix, le secret de la potion magique ».
Il a rencontré Uderzo à cette occasion et s’en souvient avec émotion. « L’éditeur m’a présenté avant la projection du film et ça a été un échange très marrant, très cocasse aussi. Il était vraiment adorable et bienveillant avec un regard très positif sur mon travail. Il m’a fait plein de compliments, sur le fait que j’avais bien cerné le personnage. Mais il était déjà malade et avait des problèmes de mémoire. Un peu plus tard il demande à son éditeur « Il n’est pas là le jeune, celui qui ne signe pas beaucoup ? » Le jeune c’était moi et c’est vrai que je n’ai pas fait beaucoup de livres à côté de lui qui était un bourreau de travail. Quand il a compris que le jeune c’était moi, il m’a répété les mêmes compliments. »
Cette rencontre est d’autant plus inoubliable pour Fabrice Tarrin qu’il avait fait le déplacement avec son fils âgé de 5 ans et demi. « Il avait fait un dessin d’Astérix et l’a montré à Uderzo qui a plaisanté : « La relève est assurée ». Durant tout l’entretien, il a tenu la main de mon fils. Uderzo adorait les enfants ; il a souvent dit qu’Astérix, c’était pour eux qu’il le dessinait.
"Un maximum de détails"
Pour moi Uderzo c’était le 2e géant de la BD avec Franquin. Le dessin d’Uderzo était tellement riche de détails, de décors… Il avait une force de travail incroyable et on ne se rend pas compte du travail que ça représente pour dessiner ses albums. Ça fourmille de partout. Il dessine sur de grands formats pour mettre un maximum de détails et à l’époque les imprimeurs ne pouvaient pas restituer son travail. Ce n’est que plus tard lors de la parution des albums de luxe en grand format qu’on a pu apprécier à sa juste valeur son travail. »Et Fabrice Tarrin n’en a pas terminé avec Astérix puisqu’il devrait illustrer l’adaptation du prochain film, celui que Guillaume Canet doit tourner cet été en France en en Chine. Ce sera sans doute pour l’an prochain, si l’épidémie de Covid19 le permet.
Nob : « Graphiquement, il n’y a pas meilleur professeur qu’Uderzo ! »
Habitant dans les Pyrénées-Orientales, Nob, dessinateur de la série Dad aux éditions Dupuis réagit à la mort de celui qui a été son « premier et meilleur professeur de bande dessinée. »
Est-ce Uderzo qui vous a donné envie de devenir dessinateur de BD ?
Nob : Il paraît que mon père a commencé acheté les albums d’Asterix à ma naissance. De fait, je me souviens des albums dans la bibliothèque, que j’ai commencé à feuilleter dès l’âge de 4 ou 5 ans. Comme je ne savais pas encore lire les bulles, j’essayais de deviner ce que disaient les personnages en fonction du dessin des cases. En apprenant la lecture, J’ai par la suite pu découvrir ce que racontaient vraiment les albums, mais je suppose que c’est vraiment là que j’ai commencé à apprendre la grammaire de la bande dessinée. Et graphiquement, il n’y pas meilleur professeur qu’Uderzo ! Je n’ai pas tant que ça recopié ses dessins. Mais c’est bien longtemps après, quand j’ai commencé Dad, que je me suis rendu compte de ce que mon dessin devait à Uderzo.
Dans votre trait, qu’est-ce qui vous rapproche de celui d’Uderzo ?
Je crois que j’ai hérité de lui un certain goût pour les personnages ronds, une certaine forme de gourmandise graphique. Uderzo pouvait rendre tout appétissant, je me rappelle qu’une fois, étant petit, j’étais malade, je n’avais pas faim, et j’ai retrouvé l’appétit en voyant les sangliers rôtis d’Obélix ! Mais en plus de sa souplesse graphique, ce qui émerveille toujours chez Uderzo c’est le dynamisme qu’il insuffle à ses personnages. On ne s’en rend pas forcément compte, parce que justement le grand talent d’un dessinateur de bande dessinée est de s’effacer derrière ses personnages au point que le lecteur ne se pose pas la question technique de celui qui les anime, mais quand un auteur arrive à rendre vivants et réels aux yeux de millions de lecteurs des dizaines de personnages différents, juste par la grâce de son pinceau, c’est de la magie !
De tous les albums d’Astérix, y en a-t-il un que vous préférez ou une scène qui vous lisez toujours avec les yeux d’un petit garçon émerveillé ?
Il y en a beaucoup. « Le tour de Gaule », car il me donnait envie de visiter toute la France, et surtout j’avais envie de goûter à toutes les spécialités culinaires que Astérix et Obélix amassaient au fur et à mesure de leur périple. C’est vraiment le banquet final auquel j’aurai voulu assister !
Est-ce Uderzo qui vous a donné envie de devenir dessinateur de BD ?
Nob : Il paraît que mon père a commencé acheté les albums d’Asterix à ma naissance. De fait, je me souviens des albums dans la bibliothèque, que j’ai commencé à feuilleter dès l’âge de 4 ou 5 ans. Comme je ne savais pas encore lire les bulles, j’essayais de deviner ce que disaient les personnages en fonction du dessin des cases. En apprenant la lecture, J’ai par la suite pu découvrir ce que racontaient vraiment les albums, mais je suppose que c’est vraiment là que j’ai commencé à apprendre la grammaire de la bande dessinée. Et graphiquement, il n’y pas meilleur professeur qu’Uderzo ! Je n’ai pas tant que ça recopié ses dessins. Mais c’est bien longtemps après, quand j’ai commencé Dad, que je me suis rendu compte de ce que mon dessin devait à Uderzo.
Dans votre trait, qu’est-ce qui vous rapproche de celui d’Uderzo ?
Je crois que j’ai hérité de lui un certain goût pour les personnages ronds, une certaine forme de gourmandise graphique. Uderzo pouvait rendre tout appétissant, je me rappelle qu’une fois, étant petit, j’étais malade, je n’avais pas faim, et j’ai retrouvé l’appétit en voyant les sangliers rôtis d’Obélix ! Mais en plus de sa souplesse graphique, ce qui émerveille toujours chez Uderzo c’est le dynamisme qu’il insuffle à ses personnages. On ne s’en rend pas forcément compte, parce que justement le grand talent d’un dessinateur de bande dessinée est de s’effacer derrière ses personnages au point que le lecteur ne se pose pas la question technique de celui qui les anime, mais quand un auteur arrive à rendre vivants et réels aux yeux de millions de lecteurs des dizaines de personnages différents, juste par la grâce de son pinceau, c’est de la magie !
De tous les albums d’Astérix, y en a-t-il un que vous préférez ou une scène qui vous lisez toujours avec les yeux d’un petit garçon émerveillé ?
Il y en a beaucoup. « Le tour de Gaule », car il me donnait envie de visiter toute la France, et surtout j’avais envie de goûter à toutes les spécialités culinaires que Astérix et Obélix amassaient au fur et à mesure de leur périple. C’est vraiment le banquet final auquel j’aurai voulu assister !
David Ratte : « Uderzo, un graphiste exceptionnel »
Le dessin de David Ratte à ses débuts, a été comparé à celui d’Uderzo. Un critique l’a présenté comme un fils spirituel d’Uderzo. L’auteur installé à Latour Bas-Elne avoue qu’il avait été flatté de cette comparaison.
Pour lui « Uderzo était un graphiste exceptionnel. Dans mon bureau j’ai une reproduction d’une planche de « La Grande traversée » au format original et c’est magnifique, l’encrage, la composition, c’était un grand graphiste. Je suis de ceux qui regrettent que le succès aidant il n’ait pas pu se consacrer à autre chose qu’à Astérix. Il aurait pu apporter plein de choses à la BD réaliste ».
« Ce que j’adorais dans Astérix c’était les centurions romains qui étaient des caricatures d’acteur. Je me souviens de Lino Ventura. Uderzo donnait des trognes aux centurions qui étaient vraiment extraordinaires. Mes albums préférés sont ceux qui se passent dans le village comme la Zizanie ou le Devin. »
David Ratte reconnaît aussi un faible pour Obélix car « graphiquement, il y a quelque chose dans le geste de rond. Et puis c’est un faire-valoir au début, mais c’est un vrai duo qu’on a la fin. »
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