mercredi 28 février 2007

BD - Efficace le vieux Wayne Shelton


Baroudeur dans l'âme, Wayne Shelton est quand même prudent, très prudent. Quand il se lance dans une opération, il en étudie tous les tenants et les aboutissants. Sauf quand c'est une jolie femme en pleurs qui lui demande. 

Conséquence, Wayne Shelton se retrouve, dans les premières planches de sa sixième aventure écrite par Cailleteau et dessinée par Denayer, en difficulté dans un pays africain en pleine révolution. Il a pour mission de délivrer un journaliste français pris en otage par les rebelles. 

Le personnage, imaginé par Jean Van Hamme, est donc animé par un nouveau scénariste. Ce dernier tente de l'humaniser un peu. Dans cet album, il est presque amoureux... 

Action, coup de théâtre, retournement de situation : la machine fonctionne parfaitement : une bonne BD de distraction, efficace et dépaysante.

« Wayne Shelton », Dargaud, 9,80 euros

mardi 27 février 2007

BD - Nombrils sans pitié


Depuis quelques temps elles font les beaux jours de Spirou chaque semaine. Les Nombrils ce sont trois jeunes filles fréquentant le même lycée. Elle sont amies, mais dans ce trio elles ne sont pas sur le même pied d'égalité. 

Jenny et Vicky, mignonnes et surtout garces, sont persuadées que tous les garçons sont à leurs pieds. Karine, la troisième de la bande, surnommée également l'asperge, est timide, introvertie, serviable et très naïve. Mais Karine a quelque chose de spécial qui a tapé dans l'oeil du beau Dan. Conséquences Jenny et Vicky vont passer tout cet album (le second de la série) à tenter de briser cette idylle naissante. 

C'est très actuel, pas du tout politiquement correct, et cela plaît beaucoup aux adolescents d'aujourd'hui. Imaginés par un duo québécois, Delaf et Dubuc, ces gags font toujours mouche.

« Les nombrils », Dupuis, 8,50 euros

lundi 26 février 2007

BD - Déroutant cet homme nylon


Hermann, dessinateur réaliste d'excellence (Bernard Prince, Comanche, Jeremiah...) ne s'est que très rarement aventuré dans la BD comique. 

Cet « Homme nylon » n'est pas à proprement humoristique, mais il a donné l'occasion au dessinateur belge d'explorer un autre style, déjà mis en avant avec la série Nic. Sur un scénario très alambiqué de Kirstein, il a illustré la quête de cette jeune femme à la recherche de son père arborant « une chevelure de nylon dorée, drue, résistant à tout vent ». 

Aidée d'un détective privé, elle retrouve le professeur Rutherford sur fond de manipulation génétique et de conquête du pouvoir. 

Totalement déroutante, l'histoire permet à Hermann de dessiner quelques scènes à la limite du surréalisme, avec femme à moustache et esquimau égaré.

« La vie exagérée de l'homme nylon », Le Lombard, 13 euros

dimanche 25 février 2007

Roman - Amazone et musique

Un piano blanc dans l'enfer vert. La quête racontée par Maxence Fermine conduit le lecteur au bout de nulle part.


Sur les bords du Rio Negro, au cœur de l'Amazonie, les habitants du petit village d'Esmeralda croient rêver : un piano blanc vient de faire son apparition. Un piano sur un radeau. Avec un musicien noir au clavier qui joue des airs de jazz. Une arrivée qui fait sensation dans cette bourgade où le colonel Rodrigues règne en maître.

Amazone Steinway est le seul rescapé d'un naufrage. Son smoking blanc fait sensation auprès des petits planteurs qui vivotent de la culture du café. "On aurait dit qu'il sortait tout juste d'une soirée mondaine et qu'il n'avait pas eu le temps de se changer. En quelque sorte, cet homme venait d'un monde qui n'était plus le leur depuis bien des années. Un monde où les hommes possédaient encore le goût d'un certain art de vivre, se rasaient de frais, cultivaient l'élégance et le raffinement". Une fois passé le choc, reste à savoir ce que ce curieux équipage vient faire dans ce trou perdu, à la limite du Brésil et du Venezuela.

Le piano contre un bateau. Amazone ne sera pas disert. Il parle simplement d'une promesse faite à une femme. Que son arrivée à Esmeralda n'est qu'une étape. Il compte aller plus loin. Il lui faut un moyen de transport. Amazone décide de jouer son piano aux dés avec le colonel. Le piano contre un bateau. Mais l'ancien militaire a plus d'un tour dans son sac. Il gagne le piano blanc. Amazone n'a plus qu'une solution : prendre son mal en patience et jouer des mélodies jazz chaque soir dans la taverne de Rodrigues. Ce dernier se retrouve alors au premier plan.

L'auteur, Maxence Fermine, alterne avec bonheur les flash-backs sur les différents protagonistes de cette étrange aventure. Rodrigues, après un coup d'Etat manqué, a trouvé refuge dans ce petit village non répertorié sur les cartes. Il a décidé de devenir riche. Une première tentative dans le caoutchouc se solde par une faillite.

L'envol des papillons. Il lui faudra trouver une idée de génie pour enfin s'enrichir : élever des papillons. Mais rien de plus aléatoire. Surtout quand on a un employé distrait qui oublie de fermer la porte de la serre... "Devant leurs yeux ébahis, les papillons, sortis de leur léthargie, s'envolèrent un à un dans le ciel en un ballet majestueux. L'un après l'autre, jusqu'au dernier. Comme des billets de banque leur glissant entre les doigts emportés par le vent. Le colonel comprit que jamais, plus jamais de sa vie, il ne serait ruiné d'une façon aussi merveilleuse."

Un musicien noir illuminé, un colonel cupide, un barman suisse et un Indien yanomani, c'est finalement le quatuor qui se forme à Esmeralda pour prolonger ce voyage improbable du piano blanc en Amazonie. Un périple aventureux, limite mystique, dont l'auteur ne distillera que lentement les motifs. Comme pour préserver au maximum la magie de cette quête improbable. Une merveilleuse initiation au voyage, la démonstration de la force colossale de l'amour.

« Amazone », Maxence Fermine, Albin Michel, 16 €, Le Livre de Poche, 5,50 €

samedi 24 février 2007

Roman - Les immeubles Walter


Étrange petit roman que ces « immeubles Walter » de Stéphane Denis. Entre fait divers crapuleux, initiation amoureuse, mémoires du siècle et révélations sur un grand écrivain de droite mort tragiquement : Pierre Drieu La Rochelle. 

Le narrateur, jeune homme plein d’avenir et d’ambition, est à la recherche d’un appartement dans Paris pour y débuter une existence oisive et dorée d’écrivain en devenir. Dans sa quête d’un nid douillet et accueillant, il bénéficie de l’aide d’une grande dame propriétaire d’une bonne partie des Immeubles Walter, résidence de prestige dans un quartier huppé de Paris. Il deviendra un confident de cette héritière d’un richissime industriel. Elle lui demandera d’écrire sa vie. C’est là qu’il découvrira cette liaison longtemps cachée entre l’écrivain brillant, mais beaucoup trop engagé (du mauvais côté) durant l’occupation allemande. 

Quelques scènes pittoresques mettent en scène Drieu La Rochelle, avant sa déchéance et son suicide. Mais par ailleurs, le jeune écrivain qui n’a pas ses yeux dans les poches, découvre que la veuve est également l’objet de toutes les attentions d’un groupe d’amis qui se révèlent en réalité des escrocs en puissance. Ecrit avec beaucoup de distance, ce roman de Stéphane Denis a un petit air de « hussard » de la grande époque. Quant à la morale… chacun pourra se la fabriquer en toute conscience.

« Les immeubles Walter », Stéphane Denis, Fayard, 11 € ou Le Livre de Poche, 4,50 €

vendredi 23 février 2007

BD - Maladie foudroyante


Le Feul,
série écrite par Jean-Charles Gaudin et dessinée par Frédéric Peynet, a un petit air de ressemblance avec Aldebaran de Léo. L'histoire raconte la progression d'un petit groupe, confronté à un monde hostile, avec des créatures fantastiques et des rapports humains compliqués. 

Il y a quand même, fantasy oblige, un peu plus d'action, notamment de combats, et le dessin de Peynet, très réaliste et détaillé, laisse peu de place à la rêverie ou l'imagination du lecteur. Il est cependant d'une grande efficacité. Les explorateurs, chargés de trouver l'origine de la maladie dite du Feul en train de décimer la population, traversent donc les terres grises et croisent le chemin des Brohms. 

Ces êtres, guerriers et violents, tuent de paisibles paysans ou les transforment en esclaves. Durant ce périple, face au danger, chacun réagit selon ses habitudes ou convictions religieuses. Cela provoque des tensions mais au final tout le monde fait l'effort de comprendre l'autre. 

Un apprentissage de la différence qui a valeur d'exemple. (Soleil, 12,90 €)

jeudi 22 février 2007

BD - Cathare Cut


« Le bûcher » est le dixième et dernier épisode de la série Mémoire de cendres racontant l'existence tumultueuse et passionnée de la blonde baronne Héléna de Lorac. Cette femme entière a pris fait et cause pour les Cathares. Au cours de cet hiver 1243, elle est réfugiée au sommet de Montségur, château cathare dans l'Aude, assiégé par les armées françaises, bien décidées à en finir avec ces « hérétiques ». 

Elle sera rejointe par son frère, désirant mourir au pays, et la compagne de son fils. Ce dernier découvre qu'il est père. La fillette, capturée par l'armée adverse, sera libérée avant la reddition des assiégés. Dans une précision de détails historiques, Philippe Jarbinet raconte par le menu les dernières heures de ces « Parfaits », conduits sur le bûcher par les inquisiteurs. Héléna en réchappera. 

La suite de son existence sera calme. Terminée l'aventure. A moins que... Le personnage a beaucoup d'admirateurs. Ils ne diraient pas non à un prolongement des aventures. (Glénat, 9,40 €)

mercredi 21 février 2007

BD - Makabi apprend à être flic


Au point de vue scénario, cet album, le 4e de la série Makabi, est certainement ce qui s'est fait de mieux ces 5 dernières années. Originalité des personnages et construction de l'intrigue : Luc Brunschwig a trouvé le bon tempo pour une BD policière faisant la part belle à la psychologie. 

Lloyd Singer, petit comptable du FBI, se décide à franchir le pas. Il intègre le centre de formation pour devenir un véritable agent de terrain. Ses collègues de promotion, comme quand il était au lycée, le prennent en grippe. Il devient souffre-douleur. Sauf que Lloyd peut se transformer en Makabi, justicier masqué, as de la lutte à main nue. L'apprentissage de Lloyd est expliqué en parallèle avec sa contribution au témoignage d'une ancienne reine de beauté, victime d'un serial killer qui l'a défigurée. Traumatisée, elle se coupe du réel. Seul un singe lui fera rompre son mutisme. 

Ce double fil rouge, qui trouvera sa conclusion dans le prochain épisode, est dessiné par Olivier Neuray de plus en plus à l'aise dans ce genre. (Dupuis, 9,80 €)

mardi 20 février 2007

BD - Frissons urbains


Elles vont vous glacer le sang ces légendes urbaines. Corbeyran et Rémi Guérin ont concocté quatre histoires courtes, contemporaines et horribles, confiées aux dessinateurs Guérineau, Henriet, Formosa et Damour. 

Chaque histoire bénéficie d'une petite présentation par un mystérieux homme, caché derrière des petites lunettes rondes et un grand imper. Il explique le contexte, comme pour préparer l'esprit du lecteur à ce cauchemar du réel. En ouverture, l'histoire de la baby-sitter donne le ton. Un cran dans l'horreur est franchi avec l'histoire de cette étudiante, terrorisées par un monstre sanguinolent grattant derrière sa porte. 

La plus décoiffante reste celle de cette adolescente, souffrant de cauchemars, retrouvant le calme et la sérénité grâce à son chien, présence nocturne rassurante, notamment quand il lui lèche la main. Sauf que cette nuit-là, le chien ne pouvait plus lécher personne... 

Un genre qui a connu ses heures de gloire et que ces auteurs remettent au goût du jour. 

("Légendes urbaines" Dargaud, 13 €) 

lundi 19 février 2007

BD - Quand la religion se fait guerrière


Mystique, violent, visionnaire, le premier tome de cette nouvelle série est d'une noirceur absolue. Au Moyen âge, dans le centre de la France, Hermance Languedolce est un enfant aux dons de plus en plus renommés. Il guérit toutes les maladies. 

Mais uniquement quand il est en compagnie de sa mère. A la mort de cette dernière, il est banni, rejeté. Il sera finalement recueilli par des gitans. Au même moment, venu du nord de l'Europe, Karlis, dit Live Noir, terrorise les populations. C'est en pillant une église qu'il va être touché par la grâce de Dieu. 

Le barbare sanguinaire met son épée au service de l'Eglise. Avec un seigneur normand, ils forment une armée, la milice sacrée, pour aller sur le tombeau du Christ. En cours de route, il enrôlera Hermance. Ce dernier retrouvera son don au contact de Live Noir. Philippe Thirault, le scénariste, ne lésine pas sur les massacres, dessinés par un Lionel Marty qui utilise des litres d'encre rouge. 

("Le rêve de Jérusalem", Dupuis, 13 €)

dimanche 18 février 2007

BD - Vers de nouveaux mondes avec "Eclipse"


"Eclipse" se situe entre Starship Troopers et Robocop, cette BD de science fiction foisonne de vaisseaux spatiaux, de créatures extra-terrestres et de combats titanesques. Mais l'héroïne est bien humaine. Mika, délicieuse blonde, a perdu son papa quand elle était très jeune. 

On apprend dans les premières pages qu'il a été condamné à mort, à tort. Tout le monde croit qu'il a été exécuté, mais en réalité il a servi de cobaye pour fabriquer les premiers droïdes robots. Des machines de guerre très puissantes animées par les cerveaux des « volontaires ». Ils permettent à la Terre de repousser l'attaque des müdes, créatures sanguinaires et conquérantes. Des années plus tard, Mika, devenue une scientifique renommée, lance une expédition vers les mondes inexplorées à la recherche de nouvelles civilisations extraterrestres. 

Mais le véritable but de Mika est de retrouver son père, car entre-temps, elle a appris sa « reconversion » en droïde. Scénario plein d'invention d'Antoine Ozanam donnant toute latitude à Vastra pour dessiner planètes et créatures imaginaires. (Vents d'Ouest, 12,50 €)

samedi 17 février 2007

BD - Oukase, crise à la CIA


Rien ne va plus à la CIA. Le numéro 2 du département infiltration, Sirweed Galver, à quelques jours de son départ à la retraite, échappe de peu à un attentat. Sa voiture a été piégée à l'intérieur même du garage souterrain du siège de la CIA à Langley en Virginie. Visiblement ce sont des professionnels qui ont opéré au cœur même de l'institution américaine. 

Derniers jours de travail agités donc pour Galver qui en plus doit tenter de retrouver un de ses agents disparu depuis quelques jours en Russie. Sans compter ses filles, adolescentes cherchant à le recaser quelques années après le décès de leur mère. Il doit donc surveiller ses arrières tout en tentant de progresser dans l'enquête. 

Après une nouvelle attaque sur la route puis une troisième dans un bar, il se doute que ses jours sont comptés. D'autant qu'un de ses informateurs l'avertit que le contrat lancé sur sa tête viendrait directement des plus hautes sphères de l'Etat. 

Scénario palpitant de Stoffel et Brahy, dessiné par Michel Espinosa visiblement nourrit de séries américaines. (Bamboo, 12,90 €)

vendredi 16 février 2007

BD - Le côté sombre de la finance


Canadien passé par l'école des comics américains, Clément Sauve, dessinateur réaliste, en impose dès son premier album européen. « Black Bank » marche sur les traces des grands thrillers américains. Adrian Clark, citoyen américain, est incarcéré à Guantanamo. 

Comment en est-il arrivé là ? C'est la première séquence action de cet album. En Palestine, il était sur le point d'arnaquer plusieurs millions de dollars à un trafiquant d'armes quand des agents américains interviennent et le capturent. Mais Adrian ne va pas rester longtemps dans la prison cubaine. Il est embauché par un financier philanthropique qui veut utiliser son art de l'arnaque pour traquer les gros capitalistes malhonnêtes. 

Le scénario de Tackian et Miquel utilise ce premier album pour assurer la présentation des hommes de la Black Bank. 

Clark sera associé à Alicia Jones, blonde à la double vie, sous la responsabilité de James Baeckes. Une mise en bouche savoureuse laissant présager une suite copieuse et originale. (Soleil, 9,45 €) 

jeudi 15 février 2007

BD - Un classique voyageur


Le Scrameustache a fait les beaux jours de Spirou. Mais la belle histoire entre les éditions Dupuis et Gos a cessé en 2004 et le dessinateur belge, aidé par son fils Walt, a prolongé les aventures de ce gentil extraterrestre chez Glénat. 

Le 37e épisode de ses aventures l'entraîne, en compagnie de Khéna et de quelques Galaxiens, dans un voyage dans le temps. Après avoir été happé par un trou bleu, ils se retrouvent 50 ans en arrière, tentant de réparer leur vaisseau en pleine tempête de neige. Pour compliquer le tout des Kromoks décident de voler les moteurs de leur engin spatial. 

Réservé aux plus jeunes, cette série a vieilli mais fera encore rêver les plus ouverts à ce type d'histoire.

« Le Scrameustache », Glénat, 9,40 euros

mercredi 14 février 2007

BD - Magique : Zowie de Bosse et Darasse

Apparu au début des années 80 dans les pages de l'hebdomadaire Spirou, Zowie, a vécu de nombreuses aventures sans réussir à s'imposer en album. Bosse et Darasse, les créateurs de cet adolescent évoluant entre réalité et magie, ont abandonné leur enfant pour d'autres aventures. 

Mais Zowie renaît de ses cendres et c'est complètement dépoussiéré qu'il revient dans une première aventure, « Aux portes de Magisterra ». Zowie est pensionnaire dans une institution pour enfants turbulents. Son problème, il rêve tout le temps, préférant la magie des livres à la dure réalité.

 Il va découvrir un grimoire magique et être projeté avec trois copains dans un monde féerique.

« Zowie », Dargaud, 8,70 euros 

mardi 13 février 2007

BD - Basil et Victoria, les petits ramoneurs de Yann et Edith


Sur les toits de Londres, une bande de petits ramoneurs tente de rêver. A des lendemains meilleurs, à une vie moins dure. Parmi eux, le beau Félix. 

Ce Frenchy tape dans l’œil de Victoria, la petite fille pauvre, héroïne de la série en compagnie de Basil. Victoria va s'enrôler dans la patrouille des hirondelles alors que Basil, resté au ras du bitume, va devoir retrouver les six corbeaux chargés de veiller sur la tour de Londres. 

Ecrit par Yann qui oublie son humour noir pour un humanisme de bon aloi, le cinquième tome de la série est toujours dessiné par Edith, dessinatrice très à l'aise dans ce Londres du XIXe siècle

« Basil & Victoria », Les Humanoïdes Associés, 12,90 euros 

lundi 12 février 2007

BD - Usurpation de visage


L'école italienne a encore de belles années devant elle. Les dessinateurs réalistes de la péninsule sont légion et de plus en plus impressionnants. On se souvient du choc provoqué par un Manara ou un Liberatore, Mastantuono, dans un autre genre, affiche une telle maestria qu'il marche sur leur pas. 

Le tome 2 d'Elias le Maudit, écrit par Sylviane Corgiat, donne de nombreuses occasions au dessinateur de donner libre cours à son imagination ou sa science de l'action et de la mise en scène. Elias, roi déchu à qui le sorcier Melchior a même volé le visage, croupit dans les oubliettes. La ville l'a oublié car la peste rousse fait de dizaines de victimes chaque jour. 

Elias qui a quand même encore quelques amis. Notamment Aranéo le géant, son compagnon nain et la belle Evangele, médecin, passant des nuits blanches à la recherche d'un remède contre la redoutable maladie. 

Après avoir lu cet album, un conseil : reprenez-le et passez du temps sur les dessins. Chaque détail dans chaque case mérite que l'on s'y attarde. Mastantuono fait partie des très grands... 

("Elias le maudit", Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)

dimanche 11 février 2007

BD - Planquez-vous, ils vont vous plaquer !


Planquez-vous ! Ils reviennent ! Les Rugbymen foulent à nouveau la pelouse des stades dans le quatrième recueil de leurs gags signés Béka et Poupard. En quelques années ils ont conquis une célébrité incroyable. 150 000 albums vendus, c'est devenu une série vedette et en cette année 2007, ils sont là pour le début du Tournoi des VI Nations et de nouveau en septembre pour la Coupe du Monde.

 Loupiotte, la Teigne, l'Anesthésiste, la Couane sont quelques-uns des joueurs du Paillar Athlétic Club, le PAC. Ce village, du Sud, fait vivre le rugby de clocher, celui qui permet de se défouler sur et au bord du stade. Un petit monde caricatural impayable. Cet album débute par une histoire complète racontant l'enfance des joueurs. 

On appréciera le retour du couple d'Anglais, installé dans cette campagne française mais ne comprenant plus rien au rugby, sport qu'ils ont pourtant inventé. Bourrichon, l'arrière dragueur, séduira encore quelques belles supportrices et Loupiotte, le plus savoureux, ne marquera toujours pas d'essai à la plantureuse Katia. (Bamboo, 9,45 €) 

samedi 10 février 2007

BD - "Kia Ora", dramatique exil austral par Jouvray et Efa


"Kia ora"
cela veut dire au revoir en maori, la langue des tribus de Nouvelle-Zélande. Le premier tome raconte les déboires de Nyree, une fillette arrachée à son milieu d'origine. Un récit touchant et sensible. Au début du XXe siècle, une jeune institutrice se souvient. 

Quand elle n'était qu'une fillette, rechignant à apprendre, turbulente. Ses parents parviennent difficilement à subvenir aux besoins du foyer. Quand le père se retrouve au chômage, la situation semble désespérée. C'est à ce moment qu'un Anglais débarque dans le petit village Maori. Il cherche à présenter au public européen des spectacles typiques de cette région du monde. 

Il propose donc aux membres de la troupe de danse du village de partir six mois en Europe pour donner une dizaine de représentation de danses guerrières. Le salaire est correct et surtout il est payé d'avance. Le père et la mère de Nyree décident de partir, laissant la fillette, avec l'argent, aux grands-parents. 

Olivier Jouvray a écrit le scénario avec son épouse, Virginie Ollagnier-Jouvray. Efa, dessinateur catalan, installé en France assure le dessin. (Vents d'Ouest, 13 €) 

vendredi 9 février 2007

BD - Elsie tape dans l’œil de Kurdy


Le monde dans lequel évolue Jeremiah est plein de paradoxes. Dans le petite ville de Langton se côtoient une armée de voleurs, des commerçants opulents, de riches propriétaires, des flics intègres, des puritains, des putains, des ambitieux, des lâches. 

Toute une Humanité en réduction dans laquelle l'arrivée de Jeremiah en compagnie de Kurdy et de la jeune et naïve Milova va provoquer un beau chambardement. Jeremiah s'est installé chez sa tante Martha. 

La vieille femme acariâtre a Kurdy dans le nez. Ce dernier, est en mal d'affection. Il la trouvera dans les bras d'Elsie, voleuse en rupture de ban. Elsie, personnage libre et calculateur, héroïne de cette 27e aventure. Elle découvrira tout le potentiel de Milova, trahira puis se rachètera.

C'est violent, âpre, sans concession : c'est du Hermann. Cet auteur à part n'aura jamais infléchi ses histoires en fonction d'un politiquement correct de plus en plus de mise de nos jours. Il nous en met toujours plein la vue avec ses cadrages dynamiques, son souci du détail et surtout ses couleurs directes. (Dupuis, 9,80 €) 

jeudi 8 février 2007

BD - Le tueur et le flic : Malone de Michel Rio et Rovero


Le commissaire Francis Malone n'intervient que dans les dernières pages du premier tome de l'adaptation du roman "Faux pas" de Michel Rio. Les 3/4 de l'album se résument à un face à face entre un tueur implacable et sa victime désignée. Dessin réaliste au cordeau de Pierpalo Rovero, longues séquences muettes, cette BD offre au lecteur cette ambiance typique des œuvres de Michel Rio qui a signé l'adaptation. 

Dans un pavillon de banlieue, le tueur, après avoir visité les lieux de fond en comble, s'installe dans le bureau, regarde longuement une photo de famille (une mère et sa fille), prend un livre dans la bibliothèque et se met à lire. Plus tard, quand le propriétaire des lieux pénètre dans sa maison, le tueur lui explique qu'il est là pour le tuer, mais qu'il a la possibilité de racheter le contrat. 

Il suffit de lui donner la photo de sa femme et de sa fille en échange de la vie de l'homme qui a payé pour l'éliminer. Drôle de marché, qui se termine dans un bain de sang. Une dizaine de cadavres, bonne raison pour demander à Malone de s'occuper du problème. (Casterman, 9,80 €) 

mercredi 7 février 2007

BD - Nina, fille de la favela


La vie de Nina n'est pas enviable. Cette petite fille habite dans une favela. Sa mère, très malade, ne peut plus subvenir à leurs besoins. Nina va donc aller avec les autres enfants travailler. Un travail éprouvant et dangereux : récupérer des objets dans un immense champ d'ordures régulièrement approvisionné avec les restes de la grande ville. Mais Nina n'est qu'une fillette. 

Au lieu de se précipiter sur les meilleures pièces, elle cherche de quoi s'amuser. En fouillant, elle découvre une petite main qui dépasse des gravats. Elle dégage un adorable nounours, pratiquement intact, comme jamais elle n'aurait rêvé en posséder. 

Un trophée qu'elle serre sur son cœur et refuse de céder. Un rayon de soleil qui va cependant lui coûter cher. Des voyous vont tenter de s'en emparer, et pour se venger d'avoir échoué, ils tuent la maman de Nina. La fillette, désespérée, se croit seule et abandonnée quand elle découvre que le nounours parle et se déplace. Il s'agit d'un prototype aux pouvoirs immenses.

Une BD pour les plus jeunes, dessinée par Loïc Sergeat et mise en couleurs par Emmanuel Lepage. (Albin Michel, 12,50 €)

mardi 6 février 2007

BD - Or sale dans les "Secrets bancaires" de Richelle et Dominique Hé


Comment transformer des détournements de fonds et de blanchiment d'argent en histoire passionnante ? Philippe Richelle, le scénariste de cette série, a certainement longuement hésité avant de se lancer dans l'aventure. 

Il y a matière à raconter, mais comment transformer le tout en ensemble cohérent et intéressant ? La solution est simple : l'argent n'est rien sans les gens qui le convoitent. Il est donc question de billets, de lingots d'or dans « Secrets bancaires », mais les véritables héros ce sont les nombreux protagonistes gravitant dans ce milieu. Dans le troisième épisode, premier du second cycle, l'or est en vedette. Thomas Charvet charge des lingots en provenance d'Uruguay. 

Des lingots qui passent également par les mains d'un ferronnier d'art. En parallèle un jeune commerçant exhibe devant son cousin de province sa réussite sociale, essentiellement due à un trafic de grosses coupures vers la Suisse. Mais quand il tente de truander son fournisseur, tout dégénère. 

Pistes multiples pour une intrigue complexe mise en images par Dominique Hé.

 ("Secrets bancaires", Glénat, 9,40 €) 

lundi 5 février 2007

BD - "London Calling" de Runberg et Philcil : les aventuriers de la pop perdue


Au début des années 90, nombre de jeunes Français ont tenté l'expérience de l'Angleterre. Les passionnés de musique électronique ont transformé Londres en un temple incontournable. Thibault et Alex, les héros de "London Calling", série écrite par Sylvain Runberg et dessinée par Philcil, font partie de ces aventuriers de la Pop perdue. 

Thibault a un avantage : il a passé une année outre Manche dans le cadre du programme Erasme. Il espère que son correspondant de l'époque, Andrew, pourra l'héberger comme il l'avait promis au moment des adieux. Grosse désillusion pour les deux Marseillais : Andrew a bien changé, il leur conseille d'aller squatter un appartement vide. 

Une pratique devenue courante dans cette Angleterre très libérale, ne laissant plus beaucoup de choix aux plus pauvres pour se loger. Ce récit, largement inspiré de l'expérience personnelle du scénariste, montre les différentes facettes de la perfide Albion : lutte politique violente, créativité débordante, conservatisme à tout crin et multiculturalité omniprésente. 

Une première partie de cet album avait été publiée dans la défunte collection 32. Dorénavant la couverture est cartonnée, mais le format plus petit. (Futuropolis, 13,50 €)


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dimanche 4 février 2007

Roman - "L’Eternel sentit une odeur agréable" de Jacques Chessex chez Grasset


Dans ce roman sans tabou de Jacques Chessex, Jules-Henri Mangin, se remémore sa vie entière à traquer les odeurs de femmes, et surtout un certain été de 1960. 

Un été jurassien, sec, enflammé, jaune. Cet orphelin tranquille servait la messe et aidait à la mise en scène d'une pièce de Roger Vailland. Entre le garçon qu'obsèdent les odeurs du vice et le l’écrivain libertin au regard froid, se noue une amitié faite d'initiation progressive au plaisir. On découvre une facette cachée du romancier français. Avec sa compagne, il profite de week-ends enflammés avec la complicité de jeunes gens consentants. Toute la question est de savoir si Jacques Chessex raconte des faits historiques ou romance des impressions. 

Dans quelques interviews publiées après ce roman, il ne donne pas les clés, au contraire, cherchant à encore plus brouiller les cartes. On doit donc se contenter de la vie étriquée de Jules-Henri, gentil gestionnaire la journée, monstre de lubricité la nuit. Jules-­Henri, à la retraite, retrouve l'une des complices de cette comédie qui a mal tourné, l'es­pagnole et brune Maria Elena. Tout recommence, dans l'attrait du péché. Jusqu’au dérapage qui risque de faire cauchemarder ce bourgeois bien pensant, attaché aux apparences.

 L’écriture de Jacques Chessex, très talentueuse et aboutie, ne parvient cependant pas à totalement gommer le sentiment de gêne, voire de dégoût, qui ressort de certaines scènes trop crues.

« L’Eternel sentit une odeur agréable », Jacques Chessex, Grasset, 18 € 

samedi 3 février 2007

BD - L'Argentine violente et romantique racontée par Trillo et Domingues sdans "La marque du péché"


L'histoire de l'Argentine a toujours été très agitée. Cette colonie espagnole est passée par plusieurs étapes de rébellion et de guerres civiles avant de connaître un semblant de stabilité depuis quelques décennies. L'action de cette nouvelle série se déroule en 1850. 

L'Argentine et l'Uruguay sont en conflit ouvert. Le général Rosas, dictateur sanguinaire, règne sur Buenos Aires. Les révolutionnaires tentent de le renverser. Dans cet imbroglio, Thomas Vida, dessinateur satirique fuyant les persécutions du régime de Louis Philippe, va se trouver confronté à un ange. Blessé, il est secouru par la belle Angustias. La jeune femme est veuve depuis peu. Quelques minutes après son mariage, son époux est abattu. 

Un sort tragique commun à tous les hommes qui l'approchent. Mais avec Thomas, c'est une nuit d'amour frénétique qui l'attend. Il va falloir maintenant aux tourtereaux éviter le courroux du frère, bras droit de Rosas. 

Écrite par Trillo, cette histoire romantique et passionnée, donne l'occasion à Domingues de dessiner les courbes tentantes et enchanteresses de la belle Angustias. 

"La marque du péché", Albin Michel, 13,90 € 

vendredi 2 février 2007

BD - Retour à la planète berceau pour la série "Nova Genesis" de Chabbert et Boisserie


Dernier épisode pour la série Nova Genesis écrite par Pierre Boisserie et dessinée par Eric Chabbert. Will, de banal étudiant américain, est devenu pilote d'un vaisseau spatial extraterrestre. Le jeune homme, pourchassé par l'armée comprend enfin d'où il vient et quel est son rôle. 

Dans cette quatrième partie, Will et ses amis, Bob, son guide et Lolita, sa petite amie, débarquent sur Nova, la planète d'origine. Mais il ne trouvent qu'une vile déserte. Les « Purs », la caste dominante, semblent s'être évaporés. 

Une simple illusion d'optique, les Purs ne sont pas complètement détruits mais l'équilibre de Nova, lui, n'est plus qu'un lointain souvenir. La caste inférieure, les Alpha, s'est révoltée. Les ruines sont nombreuses sur la planète ravagée. Mais le retour de Will va permettre de résoudre le principal problème de la population de Nova : l'impossibilité de procréer pour prolonger une civilisation en train de s'éteindre. 

Une série de science-fiction qui, après des épisodes particulièrement mouvementés, laisse beaucoup de place aux explications, parfois hermétiques, préparation d'une chute originale. (Glénat, 12,50 €)

jeudi 1 février 2007

BD - La planète détraquée c'est le "Biotope" de Brüno et Appollo


Biotope est une planète entièrement recouverte de forêt. Une base peuplée de scientifiques permet d'étudier ce milieu vierge. Seule une navette mensuelle relie Biotope à la Terre. La dernière arrivée débarque trois policiers. 

Un meurtre a été commis dans la section recherche géologique. Le commissaire Toussaint est chargé de découvrir pourquoi un chercheur a tué un collègue (et par ailleurs amant) avant de se suicider. Trois policiers noirs qui rapidement ne se sentent pas à leur place dans cet univers clos et aliénant. L'éloignement et le manque de communication joue imperceptiblement sur l'équilibre psychique des chercheurs. 

De plus, la forêt, impénétrable, omniprésente, comme vivante et douée de raison, semble jouer un rôle actif dans les événements. Et quand la nouvelle navette arrive, tout bascule pour le commissaire Toussaint. 

Le scénario d’Appollo fait savamment monter le sentiment de paranoïa ambiant. Brüno, dessinateur très seventies, entre base moderne et nature vierge, plante le décor d’une série prometteuse. (Dargaud, 9,80 €)