dimanche 13 décembre 2009

BD - Les intégrales Dargaud, luxueuses, rares et incontournables

Noël, Nouvel An... La période des cadeaux. Et une BD, si elle est bien choisie, fera toujours plaisir. Depuis quelques années les maisons d'édition ont parfaitement compris le phénomène. Car s'il est bine un moment où on regarde moins à la dépense, c'est en décembre. Pas étonnant donc si la période est marquée par un raz-de-marée d'intégrales. 

Les éditions Dargaud, dans cet exercice, sont en pointe. Et cette année encore, quelques titres sont incontournables. Voici une petite sélection de ces pépites, qui ne sont pas bon marché, mais qui contenteront tous ceux qui aiment les beaux objets ou les pièces de collection.

En premier lieu ne manquez pas l'intégrale de « Rapaces », la série de vampires urbains, très portés sur le sexe, écrite par Dufaux et dessinée par Marini. Les quatre tomes de la série sont regroupés dans ce recueil encore plus grand que le format original. 240 pages sous une couverture en relief donnant encore plus de cachet à l'ensemble. Et au final, c'est même moins cher que d'acheter les titres indépendamment puisq'il ne vous en coûtera que 39 euros.

 Un peu plus cher, mais aussi plus rare, le coffret Fred. Il reprend quatre albums indépendants les uns des autres. Des récits complets en dehors des séries, mais avec toute la poésie et l'inventivité du créateur de Philémon. « Le conteur électrique », « Le corbac aux baskets », « La dernière image » et « Le magic Palace Hotel » forment ce coffret mettant à l'honneur un créateur qui sera une nouvelle fois sous les projecteurs à Angoulême. Pour 54 euros, vous vous offrez une plongée dans un monde poétique si apaisant face à notre triste réalité...

 Autre maître de la bande dessinée de ces trente dernières décennies : Gotlib. Le maître de l'humour ne sort pas de sa retraite (bien qu'il vienne de signer une couverture de Fluide Glacial, exploit qu'il n'avait pas réalisé depuis des années), il s'agit de la réédition en intégrale des ses « Trucs-en-vrac ». Des fonds de tiroir inclassables. Mais des fonds de tiroir chez Gotlib, cela correspond à des chefs-d'œuvres d'auteurs à l'imagination et l'humour moins développés. C'est à redécouvrir, d'autant que ces 200 pages ne sont vendues que 20 euros.

 
Beaucoup plus récente, la série Kenya. Imaginée par Rodolphe et dessinée par Léo, cette histoire en cinq albums (242 pages) passionnera tous ceux qui aiment les animaux imaginaires, les grands espaces et le mystère. Vous pourrez lire d'une traite tout le premier cycle et ce pour 35 euros. Une bonne occasion de réviser avant la sortie, en mars prochain, du premier titre du nouveau cycle.

 
Enfin tous ceux qui n'aiment pas le politiquement correct retrouveront avec plaisir les aventures des Innommables. Ce trio, imaginé par Yann et Conrad dans les pages de Spirou, est devenu par la suite une série se déroulant en Asie puis aux USA. Le duo d'auteurs a délaissé le trio de choc depuis quelques années. Ils ne travaillent d'ailleurs plus ensemble, Conrad préférant dessiner ses propres histoires écrites avec sa compagne. Après une première intégrale se déroulant à Hong Kong, il s'agit cette fois du cycle coréen, 192 pages pour 25 euros. Les Mac, Tim et Tony ont secoué le monde parfois trop sage de la BD d'aventure. Osons le l'avouer : ils nous manquent...


samedi 12 décembre 2009

BD - Rafles et conséquences


Suite et fin de cette saga historique écrite par Richelle et dessinée par Wachs. Dans le Paris de 1941, occupé par les Allemands, les Français tentent de survivre. On suit la trajectoire de deux familles. Celle de Lucien et de Charlotte, deux jeunes qui s'aiment. 

Le premier, juif, verra sa famille déportée après avoir été victime de la rafle du Vel' d'hiv. La seconde abandonnera son père, policier et alcoolique. Il fera pourtant partie des rares fonctionnaires français à démissionner, ne cautionnant pas le zèle de l'administration dans la « politique d'épuration » demandée par l'Allemagne. 

Un récit qui sonne vrai. Rien n'était évident à l'époque. Survivre était une priorité. Mais certains, ils étaient rares, ont quand même fait des choix courageux.

« Opération vent printanier » (tome 2), Casterman, 15 € 

vendredi 11 décembre 2009

BD - Intrigues temporelles par Chanoinat et Castaza

Le succès d'une série d'aventure et d'action dépend souvent de la stature du « méchant ». Que serait Blake et Mortimer sans Olrik, Lefranc sans Axel Borg ? « Les aventuriers du temps », débuté comme une série fantastique assez classique, commence à prendre une nouvelle tournure avec l'arrivée de la méchante, Jade, belle blonde aimant voyager dans le temps pour trucider les grands tyrans de l'Histoire. 

Une Jade bien mystérieuse et à la plastique irréprochable. Ses courbes voluptueuses s'épanouissent sous le pinceau de Castaza, le dessinateur de la série écrite par Chanoinat. 

Si vous aimez les intrigues et paradoxes temporels vous accrocherez forcément à cette BD dont les épisodes sont publiés à un rythme effréné.

« Les aventuriers du temps » (tome 3), Le Lombard, 10,40 € 

jeudi 10 décembre 2009

BD - La renaissance du mystérieux Flagada


Imaginé au début des années 60 par Charles Degotte, le Flagada fait partie des animaux imaginaires légendaires de la BD. Avec le Marsupilami, il a survolé durant des décennies les pages de Spirou, dans des mini-récits puis des gags et des histoires à suivre. 

Son créateur l'a délaissé pour animer les Motards. Le Flagada qui renaît de ses cendres grâce à Zidrou (scénario) et Bercovici (dessin). La seconde aventure, « L'île Recto-Verso », se déroule sur une île où deux communautés s'affrontent. 

Le Flagada et ses amis (qui sont à la recherche d'une île à pignoufs, l'aliment préféré du héros, se retrouvent au centre de cette querelle surréaliste. Un hommage presque aussi délirant que l'original.

« Le Flagada » (tome 2), Glénat, 9,40 € 

mercredi 9 décembre 2009

Littérature - Nouvelles de genre

Trois anthologies de nouvelles, trois genres, un point commun : ces jeunes auteurs sont les futures stars de la littérature française.

Que vous soyez science-fiction, thriller ou littérature générale, ces trois recueils de nouvelles vous donnent l'occasion de découvrir la crème de la nouvelle génération. Si « Retour sur l'horizon » célèbre les dix ans de la collection « Lunes d'encre » de Denoël, « L'empreinte sanglante... » joue dans la catégorie thriller et « Disneyland » offre l'opportunité à neuf jeunes auteurs français de donner leur vision du célèbre parc d'attraction de la région parisienne.

Dix ans de « Lunes d'encre »


Ce livre-anniversaire célèbre les dix ans de la collection Lunes d’encre et les cent ans de la science-fiction française. Quinze nouvelles où on traverse un Canada hanté par les drones de Dieu. On chemine vers une forme de vie impalpable entre Mars et Jupiter, et dans les couloirs d’un lieu qui contient tous les lieux. On subit un lavage de cerveau magico-marxiste, on explore l’esprit des morts en quête d’œuvres d’art inédites, on prend contact avec des entités orbitales capables de changer l’Histoire.

On se pose aussi beaucoup de questions : sur les propriétés chimiques de la potasse, la tête robotisée de Philip K. Dick et d’autres mystères plus ou moins solubles dans le réel. En gardant l’esprit ouvert, on peut même y découvrir un poème en prose et deux romances postmodernes.

En quinze nouvelles sélectionnées par Serge Lehman, un panorama de la science-fiction la plus actuelle par quelques-uns des maîtres français du genre. On notera parmi ceux-ci : Fabrice Colin, Emmanuel Werner, Éric Holstein, Catherine Dufour, Jean-Claude Dunyach, Laurent Kloetzer, Thomas Day, Léo Henry, Philippe Curval ou Xavier Mauméjean. Un instantané très réussi de la littérature imaginaire française actuelle. (Denoël, 25 €)

Neuf auteurs au pays de Mickey

Quand la fine fleur de la nouvelle génération d'écrivains français se rend à Disneyland, ce n'est pas pour le plaisir, mais pour le travail. Ils sont neuf, d'Ariel Kenig en passant par Tania de Montaigne, Nicolas Rey, David Abiker, Barbara Israël, Nicolas Bedos, Pierre Stasse, Simonetta Greggio et Thomas Lélu qui ont accepté d'écrire une nouvelle inspirée d'un séjour à Disneyland. Le concept, qui serait une idée (pour ne pas dire une commande) de Disneyland, était assez casse-gueule, mais au final l'ensemble est plaisant et divertissant. Car ce pays magique a eu le don de débrider l'imagination des auteurs qui n'ont pas cherché à descendre ce temple de l'amusement tarifié. Le résultat est frais et distrayant. (Flammarion, 17 €)

Suivre l'empreinte sanglante


« L’Empreinte sanglante d’un pied nu, la suivre au long d’une rue… » Tel est le point de départ des sept nouvelles inédites de ce recueil. Huit auteurs de renom du thriller français contemporain se sont amusés à suivre les règles d’un petit jeu d’écriture : donner corps à une idée en devenir depuis presque un siècle et demi, posée par l’un des pères de la littérature américaine, Nathaniel Hawthorne, dans un texte au nombre de signes limité. Pour, à l’unisson, entraîner les lecteurs sur les traces de L’Empreinte sanglante en donnant plusieurs versions des faits et autres pistes à suivre, qui révéleront à l’occasion autant de reflets de leurs univers respectifs…

Raphaël Cardetti, Maxime Chattam, Olivier Descosse, Karine Giébel, Eric Giacometti, Jacques Ravenne, Laurent Scalèse et Franck Thilliez ont relevé ce défi apportant chacun leur style et leur univers. Cela donne un ensemble très éclectique où chaque lecteur amateur du genre trouvera l'angoisse nécessaire à son bonheur... (Fleuve Noir, 18 €)

samedi 5 décembre 2009

Le destin brisé de la femme accident de Lapière et Grenson



La seconde partie de « La femme accident », un superbe portrait de femme signé Lapière et Grenson était très attendue. Le premier, scénariste de Charly ou du bar du vieux Français, offre un récit dense et social à Olivier Grenson que l'on n'attendait pas dans ce registre. Le dessinateur de Niklos Koda signe des décors industriels (terrils et usines abandonnées) criants de vérité. Mais ce diptyque doit sa réussite au personnage de Julie. Cette jeune femme a grandi dans la misère. Elle fait tout pour s'en sortir. Tout et plus. 

Aujourd'hui elle est devant les jurés, accusée du meurtre de Théo, son petit ami. En parallèle à l'audience, Julie se confie au lecteur, explique son parcours, de la crasse de Charleroi aux restaurants de luxe parisiens, maîtresse d'un riche homme d'affaires. Puis son retour au pays, son investissement dans une boutique avant le drame. 

Une histoire d'amour et de passion, simple et belle à la fois où le dessin en couleurs directes colle parfaitement à l'ambiance de l'intrique.

« La femme accident » (tome 2), Dupuis, 15,50 €

vendredi 4 décembre 2009

BD - Initiation d'un Parfait dans "Je suis Cathare"


La série « Je suis Cathare » de Makyo et Calore est avant tout une BD mystique. Une réflexion sur ces hommes et femmes qui en plein Moyen âge ont fait la démarche de devenir « Parfaits ». Une volonté de revenir aux sources du christianisme, au premier jour du Christ et de son humilité. Le lecteur, dans cette troisième partie, suit le parcours de Guilhem Roché.

 Il est en train de retrouver la mémoire. Petit à petit, lentement. Il vit de nouveau avec sa femme, a chassé son frère et est en route vers Aryens. Mais il se fait arrêter à Carcassonne. Le bûcher lui est promis. Heureusement il a un protecteur, une sorte de garde du corps, qui va réussir à le faire évader. Il est vrai que Guilhem a un don inestimable. Il peut guérir par simple imposition des mains. Dans ces 48 pages dessinées par Calore, on découvre comment le héros est devenu amnésique. 

L'occasion pour Makyo de décrire minutieusement les rites d'initiation imposés aux hommes désirant devenir des Cathares, des Parfaits...

« Je suis Cathare » (tome 3), Delcourt, 12,90 € 

jeudi 3 décembre 2009

BD - "Marie des dragons", guerrière gironde


Les auteurs de fantasy connaissent parfaitement les recettes pour appâter le lecteur. Et dans le genre, l'héroïne « jeune, rebelle et à forte poitrine » est d'une redoutable efficacité. « Marie des dragons » en est l'exemple parfait. 

Écrite par Ange et dessinée par Démarez, cette série offre son lot de filles dévêtues se battant contre de grosses brutes ou des monstres improbables. Mais si le personnage principal avance tous charmes dehors, elle a quand même une personnalité. Ayant échappée, adolescente et par miracle, au massacre de son village, elle parcours le pays pour retrouver ses frères et sœurs transformés en esclaves. Mercenaire, elle se vend au plus offrant, tuant et massacrant avec une froide indifférence. Mais sa rencontre avec un moine soldat, ayant fait vœu de chasteté, va bouleverser sa vie et lui faire prendre conscience qu'un autre monde existe. 

Un album distrayant, agréable à l'œil et plaisant.

« Marie des dragons » (tome 1), Soleil, 13,95 € 

mercredi 2 décembre 2009

BD - Les souvenirs de Sologne de Françoise Xenakis

Françoise Xenakis, dans ce recueil de nouvelles, raconte le destin étrange des veuves blanches de Sologne.

Une France qui n'existe plus, une France du passé, de la tradition, est au centre de ces nouvelles signées François Xenakis. La romancière y raconte le destin des veuves blanches. En Sologne, après la première guerre mondiale, « chaque village avait ses veuves blanches, des jeunes femmes qui avaient perdu leur fiancé ou leur bon ami officiel à la guerre 14-18. » Un phénomène qui s'est reproduit après la guerre de 39-40. Elles ont été logées par la commune durant toute leur existence. A une condition : « Elles se devaient d'être des vierges irréprochables. » Ce sont quelques unes de ces existences, imaginaires mais fort plausibles, que Françoise Xenakis raconte dans des textes entre reportage social et vagabondage nostalgique dans la mémoire de femmes qui ont, pour la plupart, « connu une vie de recluses. »

Adrienne Couvreur écrit à Bernard Pivot

Dans les premiers textes, l'auteur mêle description minutieuse du phénomène et souvenirs personnels. « Mes veuves blanches habitaient, le plus souvent, de minuscules maisons d'une seule pièce, renfermant la cheminée où elles cuisinaient et le lit », se souvient Françoise Xenakis. « J'aimais leur foyer conçu d'évidence pour une personne. Oui, j'aimais ces vieilles maisonnettes et la chèvre, souvent blanche elle aussi, attachée à un piquet qu'elles déplaçaient chaque jour. »

Le texte principal est une longue lettre d'Adrienne Couvreur, fille de l'assistance publique, à Bernard Pivot. La veuve blanche s'adresse à l'animateur de télévision (on est en 1988), car elle estime qu'il peut comprendre son parcours à sa juste valeur. Tombée amoureuse, dès l'école, de Marcel Quenot, elle s'installe et se met en ménage avec lui, contre l'avis de leurs parents. Ils sont à peine sortis de l'adolescence.

Une petite période de bonheur avant que la guerre n'éclate en 1939. Marcel est mobilisé. Monte au front. Et disparaît... « J'attends donc Marcel et j'ai soixante-cinq ans » explique Adrienne. Jamais elle n'a abandonné l'espoir de son retour. Une certitude puis une obsession, voire une folie.

Elle allait tous les soirs à l'arrêt de bus, persuadée qu'il serait là, à l'attendre, un peu perdu après toutes ces années retenu prisonnier en Allemagne ou en Russie. Des années au cours desquelles elle s'est desséchée sur place, à oublier de vivre pour soi. Une lettre parfois pathétique et touchante.

Marcel et ses deux veuves

La nouvelle « Comment Marcel Lemoine épousa une veuve blanche. L'impensable arriva et tourna mal » elle aussi devrait prendre le lecteur aux tripes. Marcel, 42 ans, vieux garçon prend un jour son courage à deux mains et se rend chez Émilie, une veuve blanche qui lui a tapé dans l'œil. Elle n'est pas là. Mais sa voisine, Bernadette, veuve blanche elle aussi, discute un peu avec Marcel. Rapidement ils seront mariés et auront une petite fille Marilyn. Marcel, Bernadette et Émilie formeront un triangle amoureux sur plusieurs dizaines d'années, cherchant ou repoussant le bonheur au gré de leurs humeurs.

Un texte d'une vingtaine de pages qui aurait sans problème pu être développé pour devenir un roman dense et passionné.

« J'aurais dû épouser Marcel », Françoise Xenakis, Éditions Anne Carrière, 17 € 

mardi 1 décembre 2009

BD - Amours coupables


Récit intimiste, histoire de femmes, révélée par petites touches, « Les petits adieux » semblent marquer un tournant dans la carrière de Magda. Dessinatrice au trait réaliste et aérien, elle a connu la consécration avec « Charly ». Cette fois c'est Marvano qui signe l'intrigue de cet album de 70 pages. 

Christine, mère célibataire élevant seule sa fille, Fran, est bénévole dans une association d'écoute de personnes en détresse. Elle reçoit régulièrement des coups de fil d'une jeune fille se plaignant de sa mère. Des confidences qui font écho à sa propre vie

. Les auteurs ont choisi d'aborder un thème difficile, la pédophilie, sans rien montrer ni dire ouvertement. Avec subtilité et délicatesse. Le message n'en est que plus fort.

« Les petits adieux », Le Lombard, 15,50 €