mercredi 22 mars 2023

Littérature - Le « Client mystère » sème la désolation

Chargé de noter les prestations d’employés de sociétés soucieuses de leur image, le narrateur de ce roman de Mathieu Lauverjat va se détruire en devenant trop ambitieux.


Ces nouvelles entreprises sont d’une redoutable discrétion. Chargées d’évaluer les prestations des employés de leurs clients, d’autres sociétés ayant pignon sur rue, elles emploient des clients mystère. Des consommateurs chargés de tester les employés au contact du public ou de vérifier que tout est fait dans les règles de l’art quand un protocole particulier doit être suivi.

Au début de ce roman très contemporain de Mathieu Lauverjeat, le narrateur n’a pas encore mis le pied dans ce monde si particulier. Il est livreur de repas à vélo. Dans l’agglomération de Lille, il fonce le plus vite possible pour accumuler les commandes et gager suffisamment pour payer le loyer de son studio. Trop vite. Il percute une voiture, abandonne le métier, trop dangereux. Le hasard veut qu’il découvre le concept de client mystère. Il tente sa chance et apprécie d’être payé pour endosser de nouvelles identités. Bricoleur pour vérifier la promo sur un appareil ou gastronome pour évaluer le service en salle d’un restaurant.

Parfois c’est plus compliqué car il faut acculer l’employé. On frémit en lisant le passage où il simule un scandale pour un malheureux menu dans une petite boulangerie. Lui-même est gêné pour la pauvre employée, qui finalement ne cédera pas et récolte la note maximale.

Contrôler les contrôleurs 

Sa carrière de client mystère décolle quand il est chargé de tester la prestation d’une entreprise ferroviaire. Il va parcourir la France, avec escale à l’hôtel, juste pour vérifier que les contrôleurs sont avenants et bien habillés. Ce qu’il en retire ? « Cette escale à Toulouse-Matabiau et ma découverte émue du cassoulet de Castelnaudary. Copieux, croûteux et bouillant, moi qui ne connaissais que des versions insultantes de ce plat en conserve de supermarché, j’ai découvert là un nouveau monde envoûtant. »

Reste que parfois, il repère des erreurs. Et les note sévèrement. Et ce n’est pas sans conséquence pour les employés stigmatisés par ce client mystère. Quand il apprend les suites d’une de ses inspections, le narrateur va partir en vrille. Son nouveau boulot et sa petite amie, restauratrice amoureuse des poulpes, ne lui sont plus du moindre secours face à des cauchemars récurrents.

Dénoncer est facile, encore faut-il en assumer les conséquences.

« Client mystère » de Mathieu Lauverjat, Gallimard - Scribes, 19,50 €

mardi 21 mars 2023

Roman - Les drôles de gens imaginés par J.M. Erre


J.M. Erre, né à Perpignan mais vivant à Montpellier (personne n’est parfait), a publié dans les pages de Fluide Glacial, le magazine d’Umour et Bandessinées, plusieurs nouvelles. Il les a étoffées, mis entre des textes de liaison et recyclé le tout dans un livre au titre énigmatique : Les autres ne sont pas des gens comme nous.

Ces nouvelles seraient écrites par Julie, l’héroïne handicapée d’un précédent roman de J.M. Erre se déroulant en Lozère, Qui a tué l’homme-homard ? Des portraits et tranches de vies d’hommes et de femmes qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ne sont vraiment pas comme nous. De Ousmane, obsédé par le « c’était mieux avant », à Félix, persuadé qu’il a un talent d’humoriste en passant par Valère, fils d’un artiste qui a transformé le meurtre en happening, ces récits, en plus de faire rire, nous éclairent sur quelques travers de l’âme humaine.

De tous ces textes, le plus étonnant reste la belle histoire d’amour entre Pétronille et Barnabé qui vivent quasiment à la même adresse, le 4 et le 8 avenue Bernard-Patafiole.

Et souhaitons que J.M. Erre, dans un prochain ouvrage, décrive dans le détail l’émission de téléréalité : Les Aveyronnais en Andorre.

«  Les autres ne sont pas des gens comme nous » de J.M. Erre, Buchet-Chastel, 19 €
 

De choses et d’autres - Décrue téléphonique


Pour la première fois, depuis que le produit existe, la vente des smartphones a subi une sévère chute l’an dernier. Cette décrue marque-t-elle la fin du règne absolu de ce nouveau doudou indispensable à toute personne normalement constituée en ce début de XXIe siècle ?

D’abord considéré comme un simple téléphone, portable, un peu plus sophistiqué, le smartphone a petit à petit convaincu ses propriétaires de ses nombreuses utilités. La couverture n’a cessé de s’améliorer et comme les nouveaux modèles, d’une année à l’autre, devenaient de plus en plus légers et puissants, l’engin s’est imposé partout, tout le temps.

Pour expliquer cette soudaine désaffection (baisse de près de 20 % des ventes quand même, et la tendance semble la même pour début 2023), les experts ne mettent pas en cause les utilisateurs mais les fabricants. L’industrie n’arrive plus à suivre le rythme, la faute au covid et à la pénurie de composants. Je me demande quand même si la formidable hausse du coût de la vie n’est pas aussi un peu responsable.

Certains fans de ces nouveaux objets du paraître et de la « branchitude », en changeaient tous les ans. Mais vu le prix et surtout l’augmentation de tous les autres produits tout aussi essentiels (loyers, nourriture, essence…), le nouveau smartphone, avec écran un peu plus lumineux, quadruple capteur pour les photos et compatible avec la 5G, attendra des jours meilleurs.

Et qui sait, un jour prochain, un implant cérébral fonctionnant avec un programmateur quantique nous permettra de dialoguer directement, dans notre esprit, avec une intelligence artificielle qui remplacera avantageusement ce smartphone devenu obsolète car trop matériel.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 9 mars 2023

De choses et d’autres - Patrimoine en péril


Le loto du patrimoine a décidé des sites régionaux qui seront aidés en 2023. Pour l’Occitanie, le choix s’est porté sur le pont aqueduc d’Ansignan dans les Pyrénées-Orientales. Il y a urgence car un diagnostic récent prouve que cet édifice doit rapidement être consolidé. Sinon, ce sont des siècles d’histoire locale qui s’effondreront d’un coup d’un seul.

Ne croyez pas que je sois trop pessimiste, car un récent fait divers prouve que ce scénario catastrophe est malheureusement très plausible. La semaine dernière, dans le paisible village de Saramon dans le Gers, sur le coup de 7 heures du matin, un terrible bruit alerte les 800 habitants.

Un fracas fait trembler le cœur de ce bourg pittoresque. Rapidement, les secours se rendent sur place et découvrent que la Tour Saint-Victor, accolée à l’église, vient de s’effondrer. Un monument datant du XIe siècle, surélevé à deux reprises et qui présentait depuis quelques années des signes de faiblesse.

Interdite au public par chance, la tour a projeté des blocs de pierre tout autour de la place, détériorant quelques maisons mais ne blessant personne. Un effondrement qui serait peut-être dû à la sécheresse de ces dernières années. Mais le diagnostic devra sans doute être affiné avant d’en tirer des conclusions.

La Tour Saint-Victor aurait elle aussi eu bien besoin d’un coup de pouce du Loto du Patrimoine. Mais c’est trop tard. Dans les Fenouillèdes aussi il fait chaud et de plus en plus sec. Les vignerons changent de cépage pour passer le cap. Le pont aqueduc lui aussi devra se renforcer avec les millions du Loto du Patrimoine s’il veut voir la fin de ce siècle.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant 20 mars 2023

lundi 20 mars 2023

Cinéma - Un homme en fuite “Sur les chemins noirs”

  Radar Films   Thomas Goisque

Un périple de 1300 km à travers la France rurale. L’adaptation d’un récit de Sylvain Tesson avec Jean Dujardin dans le rôle de l’homme qui fuit.

Envie de grand air, de paysages grandioses et d’introspection ? Le film de Denis Imbert Sur les chemins noirs, avec Jean Dujardin en vedette, est pour vous. Paradoxe du cinéma : vous enfermer durant plus de 90 minutes dans une salle plongée dans le noir va vous donner des envies de randonnée près de chez vous au mieux, de fuite à travers bois, vallées et sommets, au pire.

Tiré du livre éponyme de Sylvain Tesson, ce film, road trip pédestre à travers la France par les chemins de traverse de la fameuse « diagonale du vide » (zones rurales qui se meurent), donne beaucoup à voir. A réfléchir aussi. Sylvain Tesson a la formule efficace. Cette marche de plus de 1 300 kilomètres, il l’a entreprise après avoir été victime d’un grave accident. Une chute de 8 mètres. Colonne vertébrale en vrac, crâne fendu, jambe cassée.

  Radar Films   Thomas Goisque

Persuadé que la marche va finir de le guérir, il se lance dans ce périple, dormant à la belle étoile, écrivant le livre le soir au bivouac. Il se définit comme un « homme en fuite ». Marcher, avancer quoi qu’il en coûte, devient une sorte de philosophie de l’absurde. Il se permet quand même quelques haltes plus confortables et fait même des bouts du chemin avec des amis ou de la famille ou des rencontres incertaines comme ce jeune qui va en Lozère et fait quelques dizaines de kilomètres en compagnie de l’écrivain, lui qui ne sait presque pas écrire.

Décors grandioses 

Le film, dans lequel Jean Dujardin se glisse dans un corps cassé et fatigué, est rythmé par sa voix off. L’essentiel du film raconte ce périple, marqué par quelques chutes et frayeurs, mais le spectateur prend aussi conscience de la vie d’avant du romancier. Quand il avait un corps lui permettant de se mettre en surchauffe, abusant de soirées arrosées, escaladant les montagnes comme les façades des belles demeures parisiennes.

Le tout ponctué de longs passages du livre paru chez Gallimard comme pour donner plus de force aux images saisies dans les décors grandioses du Mercantour, de la Lozère, du Massif central ou du bord de mer, vers le Mont Saint-Michel, ligne d’arrivée de cette étape inaugurale de la création par Sylvain Tesson de la confrérie des Chemins Noirs.


Film français de Denis Imbert, avec Jean Dujardin, Joséphine Japy, Izïa Higelin, Anny Duperey

 

De choses et d’autres - À peu près en anglais

Les distributeurs de films d’origine anglo-saxonne ne s’embêtent plus à traduire les titres des œuvres. Ces dernières semaines, on a vu arriver sur les écrans quantité de films aux titres originaux. Difficile dès lors de se faire une idée du genre ou du propos si, comme la grande majorité des Français, on est loin de l’excellence en matière de langue étrangère.

J’imagine même certains spectateurs totalement trompés par des titres récents. Ce mercredi, sortait, par exemple, le film The Whale. Si c’est un amateur de rugby qui ne sait pas trop écrire la langue de Shakespeare, il va croire que le drame de Darren Aronofsky a un rapport avec ces fichus Gallois (Wales) longtemps bêtes noires des Bleus. Mais il n’y a pas de ballons ovales dans le film. Pas plus que de baleine, traduction exacte de whale.

Autre quiproquo pour The Son de Florian Zeller. Là, le cancre en anglais, ne voit même pas un mot étranger. Au mieux, il s’attend à une œuvre sur le son ou le bruit en général ; au pire, il est obnubilé par les céréales et espère un documentaire sur le son d’avoine…

Ressorti aussi dans quelques salles avant son triomphe annoncé aux Oscars, Everything Everywhere All at Once a conservé son titre original pourtant incompréhensible pour 95 % des Français. Alors que De l’infini des vies parallèles aurait permis de comprendre a minima dans quoi on s’était fourré.

Le plus paradoxal reste quand même les titres de films en anglais dont la version en France est différente, mais toujours en anglais. Exemple le plus récent : The Hangover devenu chez nous Very Bad Trip. Il est vrai que Gueule de bois, traduction littérale de Hangover, était un peu réducteur dans ce cas précis.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 8 mars 2023

dimanche 19 mars 2023

BD - Comment faire des nouveautés avec des héros du passé ?

A côté de créations originales et novatrices de jeunes auteurs décidés de faire évoluer ce média encore jeune qu’est la bande dessinée, d’autres productions lorgnent sans vergogne vers l’âge d’or de ce cet art populaire. Cela donne des suites, réalisées dans l’esprit de l’époque comme La flèche ardente, prolongement du Rayon U de Jacobs ou la série Buck Danny Origines, racontant les premiers exploits du jeune pilote américain quand il se battait dans le Pacifique contre les Japonais.

Avant de proposer aux lecteurs belges et français les aventures de Blake et Mortimer, Edgar P. Jacobs s’est lancé dans une histoire fantastique publiée dans l’hebdomadaire Bravo il y a 80 ans exactement. Une BD qui semblait une copie des aventures de Flash Gordon, interdite en raison de l’occupation allemande. Un récit fondateur de l’univers de Jacobs, remis au goût du njour dans les années 70 et qui a désormais une suite officielle écrite par Jean Van Hamme en personne.

Le scénariste de XIII, repreneur des aventures de Blake et Mortimer, semble décidé à compléter les trous dans l’œuvre du baryton devenu dessinateur. Après Le dernier Espadon, suite officielle de la première BD des deux aventuriers anglais, il propose donc La flèche ardente où l’on retrouve les personnages du Rayon U. L’empereur d’Austradie veut absolument s’emparer de la formule du rayon U pour en faire une arme.


Il veut aussi les gisements d’uradium des îles noires. Il va donc lancer ses sbires pour envahir le royaume du prince Nazca et tenter d’enlever le professeur Marduck. Par chance, Calder veille et va contrer les agissements du général Robioff et de l’espion Dagon qui a finalement survécu au crash de son avion.

Même si la mise en page est moins dense et le récit plus fluide, on se croit réellement dans une BD signée Jacobs. Le ton est juste et les dessins dabns le ton. Un excellent travail d’hommage réalisé par Etienne Schréder et Christian Cailleaux, deux dessinateurs qui ont déjà travaillé sur des épisodes inédits de Blake et Mortimer.

Autre héros qui affiche un âge où normalement tout humain normalement constitué aspire à une retraite méritée (et si possible avant 64 ans…), Buck Danny. Cela fait74 ans que le pilote américain imaginé par Charlier et Hubinon vole partout où les intérêts US sont menacés. Une série qui comme Blake et Mortimer a continué malgré la disparition des créatreurs et qui en plus a vu l’arrivée dans la collection de séries parallèles. Après des aventures dites « classic », c’est le volet « origines » qui est exploité par Yann (scénario) et Giuseppe de Luca (dessin).

Le second tome du premier diptyque raconte comment le jeune pilote va combattre les redoutables japonais au-dessus du Pacifique. En plus des combats aériens, les auteurs dévoilent la jeunesse du héros pour étoffer sa psychologie. On découvre qu’il est en réalité d’origine allemande, que son père a combattu dans l’aviation… allemande durant la première guerre mondiale.

Buck bien décidé à apprendre à piloter un avion et qui en a l’occasion en étant embauché dans un cirque aérien. Il y rencontrera son premier amour, Moira.

Si le volet guerre du Pacifique est classique (avec juste un cas de conscience qui le ramène à sa jeunesse), la partie amour de jeunesse est beaucoup plus travaillée. Comme si on découvrait le passé d’un vieil ami qu’on ne soupçonnait pas d’avoir pu être amoureux et vulnérable un jour.
 
«La flèche ardente», Blake et Mortimer, 16,50 €
«Buck Danny Origines» (tome 2), Dupuis, 15,50 €

BD - Simenon, l’écrivain avant Maigret

En cette année 2023, on célèbre le 120e anniversaire de Georges Simenon. En plus de la réédition de l’intégrale de ses romans durs aux Presses de la Cité, le romancier belge est au centre de ce roman graphique retraçant les premières années de sa vie.

C’est Rodolphe, scénariste de BD lui aussi prolifique, qui se charge du scénario. Il a confié ces 120 pages à Christian Maucler, son complice dans la réalisation des enquêtes du commissaire Raffini (11 titres en 1994 et 2018). 

Ce n’est pas toute la vie de Simenon que les auteurs racontent, seulement ses débuts, jusqu’à l’apparition de son héros le plus célèbre, le commissaire Maigret en 1932.

Tout débute à Liège. Le petit Georges est un lecteur compulsif. Il découvre les grands romans d’aventures du moment, les classiques et les nouveautés aussi. Quand il doit devenir autonome financièrement, il tente sa chance dans le journal local. Chargé des faits divers à la Gazette de Liège, il acquiert un style et se frotte au monde des voyous. Il aime aussi profiter de la nuit pour faire la fête avec des artistes. C’est de là qu’il collectionne les conquêtes féminines. Rapidement reconnu pour son style incisif, il devient chroniqueur tout en se lançant dans la rédaction de ses premières nouvelles. Toujours à la recherche de rentrées d’argent supplémentaires, il pond un petit roman par jour dans tous les styles, du policier à la gaudriole.

Les auteurs expliquent avec une véracité historique exemplaire comment il va tenter sa chance à Paris et mettre quelques années avant de pouvoir enfin signer de son vrai nom, des romans de littérature générale. Car Si Simenon est aujourd’hui connu comme un écrivain populaire, de romans policiers essentiellement, il est à la tête d’une œuvre colossale où son talent à décrire les mœurs et travers de nos contemporains fait toujours merveille de nos jours.

« Simenon, le roman d’une vie », Philéas, 20,90 €

samedi 18 mars 2023

BD - Quand l’imaginaire devient aventures

Les tintinophiles liront ce roman graphique de Frédéric Bihel avec un regard particulier. Il y a quantité de références aux aventures et personnages de l’univers imaginé par Hergé. Notamment le Tintin au Tibet et la chasse au yéti. Dans le rôle du héros intrépide : Augustin, étudiant en archéologie et en paléontologie.

Petit, il est sujet à des cauchemars, persuadé qu’un homme ombre vient le chercher dans sa chambre. Quand il se lance dans des études, c’est pour en apprendre un peu plus sur la légende des hommes sauvages, derniers représentants des Néandertaliens. Une obsession qui prend une tournure mortifère quand il découvre l’ouvrage d’un chercheur russe persuadé d’avoir trouvé des traces de ces hommes dans la région d’Asie centrale du Tchatril.

Il abandonne tout, études et fiancée pour se lancer dans une aventure périlleuse dans ces vallées reculées. Il va être aidé dans son périple par un certain André Capitaine, un peu trop porté sur la bouteille. Il devra déjouer la surveillance de deux policiers pakistanais aux moustaches spectaculaires. Et après bien des détours et déceptions, il va entrevoir la fin de sa quête. Là-haut, dans la montagne, il devine la silhouette de l’homme sauvage, sosie de son homme ombre terrifiant de ses nuits enfantines.

Une histoire mystique, avec une chimère comme les hommes aiment à les inventer. Les planches de Frédéric Bihel sont d’une beauté irréelles. Comme la vie d’Augustin, homme et surtout rêveur, perdu dans notre monde trop cartésien.

« À la recherche de l’homme sauvage », Delcourt, 24,95 €


Manga - Tesla Note : cap vers la Sibérie

Déjà le 5e tome de la saga Tesla Note écrite par Nishida et Kobo et dessinée par Kota Sannomiya. C’est au rythme d’un tome tous les trois mois que les éditions Vega distillent cette histoire d’espionnage avec un soupçon de fantastique.

L’héroïne principale se nomme Botan. Cette jeune fille va devenir espionne par accident. Elle semble avoir un lien avec les cristaux de Tesla. C’est là que le manga devient plus original. Des décennies avant le présent, Nikola Tesla, le génial inventeur, a placé dans des cristaux l’ensemble de ses découvertes. 

Des cristaux qui réapparaissent de façon très aléatoire aux quatre coins de la planète. Ils provoquent des réactions souvent radicales qui immédiatement font converger les espions japonais de l’équipe de Botan, les agents de la CIA mais aussi des malfrats de l’organisation criminelle Una Casita.

Dans ce 5e volume, Botan durement secouée par les événements précédents, donne sa démission. Elle va tenter de découvrir ce qui la lie aux cristaux en déchiffrant le journal intime de sa mère, morte en lui donnant naissance. Un début d’histoire dans l’introspection, puis l’action reprend le dessus.

Botan retourne dans le service et s’envole immédiatement vers la Sibérie. Un cristal de Tesla aurait provoqué la naissance d’un monstre encore plus grand et cruel que le légendaire Sasquatch nord américain.

Une série qui remporte de plus en plus de succès par la qualité de ses intrigues, la personnalité de ses héros et aussi le fil rouge (passé de Botan, lutte entre factions, d’où viennent les cristaux?) transformant le tout en un feuilleton haletant.

« Tesla Note » (tome 5), Vega Dupuis, 7 €