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samedi 6 juillet 2024

BD - Félix Mogo, voyageur rêveur

 

Christian Cailleaux est un dessinateur qui aime voyager et faire partager ses découvertes dans ses créations. On pourrait penser qu’il y a un peu de lui dans le personnage de Félix Mogo. Une sorte de dandy, attiré par les tropiques, les civilisations exotiques et les jolies femmes.

Félix est au centre de quatre histoires parues il y a quelques années et introuvables depuis trop longtemps. C’est donc dans une intégrale très raffinée que vous pourrez le suivre dans ses tribulations en Afrique, aux USA ou en Inde. Sans compter les passages se déroulant à Paris, dans ce milieu intellectuel qu’il aime tant.

Félix cherche donc des trésors qui parfois n’existent pas. Des aventures aux tons très différents. Très urbain dans la première (cela se passe en partie à New York), plus marquée par le passé colonialiste français dans la troisième, carrément ethnographique dans la dernière, sorte de découverte de l’Inde en train. Il se permet également de changer de style.

Avec cependant une constante, une ambiance entre aventure immobile, poésie de l’ailleurs et quête de rencontre. Des voyages rêvés qui n’ont rien perdu de leur pouvoir de dépaysement

« Les tribulations de Félix Mogo », Glénat, 616 pages, 35 €

dimanche 19 mars 2023

BD - Comment faire des nouveautés avec des héros du passé ?

A côté de créations originales et novatrices de jeunes auteurs décidés de faire évoluer ce média encore jeune qu’est la bande dessinée, d’autres productions lorgnent sans vergogne vers l’âge d’or de ce cet art populaire. Cela donne des suites, réalisées dans l’esprit de l’époque comme La flèche ardente, prolongement du Rayon U de Jacobs ou la série Buck Danny Origines, racontant les premiers exploits du jeune pilote américain quand il se battait dans le Pacifique contre les Japonais.

Avant de proposer aux lecteurs belges et français les aventures de Blake et Mortimer, Edgar P. Jacobs s’est lancé dans une histoire fantastique publiée dans l’hebdomadaire Bravo il y a 80 ans exactement. Une BD qui semblait une copie des aventures de Flash Gordon, interdite en raison de l’occupation allemande. Un récit fondateur de l’univers de Jacobs, remis au goût du njour dans les années 70 et qui a désormais une suite officielle écrite par Jean Van Hamme en personne.

Le scénariste de XIII, repreneur des aventures de Blake et Mortimer, semble décidé à compléter les trous dans l’œuvre du baryton devenu dessinateur. Après Le dernier Espadon, suite officielle de la première BD des deux aventuriers anglais, il propose donc La flèche ardente où l’on retrouve les personnages du Rayon U. L’empereur d’Austradie veut absolument s’emparer de la formule du rayon U pour en faire une arme.


Il veut aussi les gisements d’uradium des îles noires. Il va donc lancer ses sbires pour envahir le royaume du prince Nazca et tenter d’enlever le professeur Marduck. Par chance, Calder veille et va contrer les agissements du général Robioff et de l’espion Dagon qui a finalement survécu au crash de son avion.

Même si la mise en page est moins dense et le récit plus fluide, on se croit réellement dans une BD signée Jacobs. Le ton est juste et les dessins dabns le ton. Un excellent travail d’hommage réalisé par Etienne Schréder et Christian Cailleaux, deux dessinateurs qui ont déjà travaillé sur des épisodes inédits de Blake et Mortimer.

Autre héros qui affiche un âge où normalement tout humain normalement constitué aspire à une retraite méritée (et si possible avant 64 ans…), Buck Danny. Cela fait74 ans que le pilote américain imaginé par Charlier et Hubinon vole partout où les intérêts US sont menacés. Une série qui comme Blake et Mortimer a continué malgré la disparition des créatreurs et qui en plus a vu l’arrivée dans la collection de séries parallèles. Après des aventures dites « classic », c’est le volet « origines » qui est exploité par Yann (scénario) et Giuseppe de Luca (dessin).

Le second tome du premier diptyque raconte comment le jeune pilote va combattre les redoutables japonais au-dessus du Pacifique. En plus des combats aériens, les auteurs dévoilent la jeunesse du héros pour étoffer sa psychologie. On découvre qu’il est en réalité d’origine allemande, que son père a combattu dans l’aviation… allemande durant la première guerre mondiale.

Buck bien décidé à apprendre à piloter un avion et qui en a l’occasion en étant embauché dans un cirque aérien. Il y rencontrera son premier amour, Moira.

Si le volet guerre du Pacifique est classique (avec juste un cas de conscience qui le ramène à sa jeunesse), la partie amour de jeunesse est beaucoup plus travaillée. Comme si on découvrait le passé d’un vieil ami qu’on ne soupçonnait pas d’avoir pu être amoureux et vulnérable un jour.
 
«La flèche ardente», Blake et Mortimer, 16,50 €
«Buck Danny Origines» (tome 2), Dupuis, 15,50 €

samedi 20 juin 2015

BD - Dessinateurs témoins de notre temps

Que cela soit en immersion dans les couloirs de l’Élysée, à bord d’un sous-marin nucléaire français ou au cœur de, la jungle amazonienne de Guyane, ces auteurs de BD rendent ses lettres de noblesse à un genre en pleine renaissance : le reportage dessiné.

Durant une année, Mathieu Sapin a promené son carnet de croquis dans les couloirs de l’Élysée. Après avoir croqué les coulisses de la rédaction de Libération, le dessinateur qui signe également des gags dans Spirou de la série “Pinpin reporter”, raconte le fonctionnement de cette énorme machine, “Le Château”, au service du président de la République. De la première rencontre avec François Hollande, à la crise des attentats vécue de l’intérieur, le lecteur est littéralement au cœur de l’exécutif. Réunions avec les conseillers, rencontre avec les chefs d’État, découverte des coulisses (la cave, les cuisines, le service de protection rapprochée) et même visite présidentielle à l’étranger. Trois jours dans le Caucase où Mathieu Sapin accompagne plus le pool presse que le président. Observateur à l’œil acéré, il parvient même à détecter son principal défaut en cours d’album. Trop critique, il se force à mettre en évidence les bons côtés du vaisseau amiral de la République française.




De vaisseaux il en est également question dans “Embarqué”, long reportage de 175 pages en plusieurs parties. Christian Cailleaux est littéralement tombé amoureux de la mer et de la Marine au cours d’un embarquement à bord de la Jeanne d’Arc. Depuis il s’est beaucoup questionné que les motivations de ces jeunes Français capables de quitter leur pays pour de longs voyages sur toutes les mers du monde. Il a décidé d’aller à leur rencontre, de décrire leur vie, leurs attentes. D’abord à l’école de Mousses de Brest puis à bord. Un voyage à bord de la frégate le Prairial vers les terres australes (Crozet et Kerguelen) et la traversée de la Méditerranée dans la minuscule couchette d’un sous-marin nucléaire. Il alterne planches didactiques et bourrées d’informations avec d’autres pages muettes, aquarelles ou gouaches réalisées dans ces endroits perdus, véritables machines à provoquer le romantisme marin.


Joub et Nicoby ont également pris le bateau pour rejoindre le lieu de leur reportage dessiné devenu “Manuel de la jungle”. Une simple pirogue dans la jungle guyanaise. Après avoir raconté l’histoire de Hara-Kiri et fait visiter l’atelier de Fournier, ils s’attaquent à un tout autre milieu. Accompagnés de deux passionnés de chasse et de forêt, ils découvrent la vie à la dure, au milieu des insectes envahissants, des singes hurleurs et autres bestioles agressives, des serpents aux silures. Mais c’est peu de chose face aux orpailleurs, véritable fléau de cette région. La jungle, c’est leur territoire et mieux vaut les éviter.
Le Château”, Dargaud, 19,99 euros
Embarqué”, Futuropolis, 24 euros
Manuel de la jungle”, Dupuis, 19 euros


mercredi 17 juin 2009

BD - Boris Vian intime dans "Piscine Molitor"


50 ans après la mort de Boris Vian, Hervé Bourhis (scénario) et Christian Cailleaux (dessin) retracent en 72 pages passionnantes, la vie et l'œuvre de cet écrivain qui refusait de se laisser enfermer dans un art. Des déboires financiers de ses parents à sa vie brillante et un peu dissolue de ses années de gloire, les auteurs nous font découvrir un homme dévoré par la passion de créer. Parfois au détriment de sa famille : il a rejeté ses enfants, sources de dispersement de son inspiration. 

Une vie entre passion nocturne et ennui du travail de fonctionnaire. Très tôt frappé par une maladie cardiaque, Boris Vian a beaucoup fréquenté la piscine Molitor les derniers mois de son existence. Il était persuadé qu'en restant longtemps en apnée au fond de l'eau, son cœur guérirait...

« Piscine Molitor », Dupuis, 15,50 euros