Affichage des articles dont le libellé est bihel. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est bihel. Afficher tous les articles

jeudi 16 mai 2024

BD - Le cadeau de Frédéric Bihel


Même démarche vers l’autofiction que Gwen de Bonneval pour Frédéric Bihel. Il a cependant privilégié la forme sur le fond. Les dessins de cet album intitulé Les crayons sont d’une étonnante beauté et sérénité.

Étonnante car c’est d’un violent traumatisme dont il est question dans ces pages alternant dessins gris au crayon à papier et jolies compositions en couleurs.

Frédéric Bihel, avec sa mère, a voulu retrouver les lieux de son enfance. Première étape dans un petit village de Dordogne. Il se souvient de sa rentrée à la maternelle, son premier copain, fils de paysan qui lui a fait découvrir les joies des découvertes de la nature encore sauvage par endroits. Ou ses premiers tours de roue à vélo, sans les petites roues stabilisatrices.

Puis il s’installe à Limoges dans un appartement. C’est là qu’il va découvrir l’école buissonnière. Un matin, au lieu de descendre et rejoindre l’école (sa mère est déjà au travail), il monte au grenier et y passe la journée. Il le fera une semaine.

Quelques jours qu’il raconte selon ses souvenirs, notamment de cette fameuse boîte de crayons de couleur, puis y reviendra, adulte, toujours avec sa mère. Ce passage, nœud de l’album et de la vie du jeune Frédéric Bihel transforme cet album nostalgique en boule d’émotion.

La fin est rayonnante, comme si l’auteur, en dessinant ces planches, en mettant ses souvenirs sur le papier, se libérait d’une charge émotionnelle qui était devenue trop lourde à porter.

« Les crayons », Futuropolis, 120 pages, 23 €


samedi 18 mars 2023

BD - Quand l’imaginaire devient aventures

Les tintinophiles liront ce roman graphique de Frédéric Bihel avec un regard particulier. Il y a quantité de références aux aventures et personnages de l’univers imaginé par Hergé. Notamment le Tintin au Tibet et la chasse au yéti. Dans le rôle du héros intrépide : Augustin, étudiant en archéologie et en paléontologie.

Petit, il est sujet à des cauchemars, persuadé qu’un homme ombre vient le chercher dans sa chambre. Quand il se lance dans des études, c’est pour en apprendre un peu plus sur la légende des hommes sauvages, derniers représentants des Néandertaliens. Une obsession qui prend une tournure mortifère quand il découvre l’ouvrage d’un chercheur russe persuadé d’avoir trouvé des traces de ces hommes dans la région d’Asie centrale du Tchatril.

Il abandonne tout, études et fiancée pour se lancer dans une aventure périlleuse dans ces vallées reculées. Il va être aidé dans son périple par un certain André Capitaine, un peu trop porté sur la bouteille. Il devra déjouer la surveillance de deux policiers pakistanais aux moustaches spectaculaires. Et après bien des détours et déceptions, il va entrevoir la fin de sa quête. Là-haut, dans la montagne, il devine la silhouette de l’homme sauvage, sosie de son homme ombre terrifiant de ses nuits enfantines.

Une histoire mystique, avec une chimère comme les hommes aiment à les inventer. Les planches de Frédéric Bihel sont d’une beauté irréelles. Comme la vie d’Augustin, homme et surtout rêveur, perdu dans notre monde trop cartésien.

« À la recherche de l’homme sauvage », Delcourt, 24,95 €


lundi 1 avril 2013

BD - Maladie d'amour


Nina, 26 ans, est anhédonique. Ce diagnostic est de José, un psychologue surfant sur la vague des sites de rencontres. Nina, suite au décès tragique de sa mère, a décidé de transformer sa vie en un long cauchemar. Tout ce qu'elle fait doit lui être désagréable. Cette blonde au jolis minois n'a plus sourit depuis des années. Elle ne mange que des légumes qu'elle n'arrive pas à digérer, fait du sport alors qu'elle déteste cela, du water-polo car elle a une aversion de l'eau. S'interdisant tout bonheur, il lui est inconcevable d'aimer, de partager, d'être heureuse. Cela mine son père, un richissime assureur. José, pour échapper à la ruine, accepte de prendre Nina en main et de lui trouver son double affectif. 
Pierre Makyo délaisse pour une fois les longues séries pour écrire un scénario entre science-fiction psychologique et banale histoire d'amour. Le tout est transcendé par Frédéric Bihel et ses couleurs délavées. La mélancolie de Nina est parfaitement retranscrite, tout comme la maturation de José, obligé de reconnaître son attirance pour cette tristesse infinie.
« Tout sauf l'amour », Futuropolis, 18,50 €

jeudi 25 mars 2010

BD - Congo en devenir


Série ambitieuse, « Africa Dreams » entend raconter la véritable histoire du Congo belge, comment un roi très ambitieux, Léopold II, a construit de toute pièce un pays en « rachetant » des terres et en y implantant des comptoirs et plantations. 

Jean-François et Maryse Charles ont écrit ce scénario pour Frédéric Bihel qui semble avoir pris un immense plaisir (communicatif au lecteur) à dessiner ces vastes étendues vierges, moites et envoutantes. La grande Histoire, le lecteur la découvre par l'intermédiaire de la vision personnelle de Paul Delisle, un jeune séminariste envoyé pour évangéliser les populations locales. 

Mais sa venue est surtout motivée par sa volonté de retrouver son père, présenté comme un démon ayant abandonné sa famille. Ce dernier est à la tête d'une plantation et n'est pas aussi terrible. Au contraire, il lutte pour dénoncer les pratiques violentes des sbires de Léopold II.

« Africa Dreams » (tome 1), Casterman, 12,50 € 

mardi 23 septembre 2008

BD - L'histoire de Léo, magnifique simple d'esprit

Son nom est Léonard. Tout le monde l'appelle Léo. Il est employé dans un théâtre. Il passe le balai, range le matériel. Léo est un simple d'esprit. Pas fou, simplement ailleurs. Il a une obsession. Dès qu'il croise quelqu'un, connu ou inconnu, il lui demande : « T'as pas vu celle que j'cherche ? » 

Frank est un scénariste en panne d'idée. Il va s'inspirer de Léo pour écrire une histoire originale et fantastique. Mais en enquêtant sur cet homme discret, il va mettre à jour un traumatisme puisant son origine au plus profond des croyances du pays. Un récit de Makyo, très inspiré, mis en images par Frédéric Bihel, maniant parfaitement la couleur.

« Exauce-nous », Futuropolis, 19 euros