Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
samedi 16 mai 2020
De choses et d’autres - Quelques zéros en plus
« Quand on parle d’argent, à partir d’un certain nombre de zéros, tout le monde écoute ». Cette superbe maxime de Michel Audiard lue hier dans le Figaro qui a consacré un dossier à cet auteur caustique qu’il ne faut pas oublier, est pourtant un peu dépassée aujourd’hui.
Car quand il y a trop de zéros, tout le monde décroche. Un million, ça va, on peut visualiser ce qu’on peut en faire à l’échelle de notre vie. Un milliard, ça devient plus compliqué. Mais quand on rajoute encore trois zéros à ce milliard, plus personne ne suit.
Pourtant, ces 1 000 milliards de dollars correspondraient, selon une étude de la société Comparisun, à la fortune du PDG d’Amazon, Jeff Bezos, à l’horizon 2026. Ce billion de dollars (ou trillion selon la terminologie anglo-saxonne) ce serait plus que le PIB de 179 pays. L’homme le plus riche du monde, qui à l’heure actuelle n’est à la tête « que » de 138 milliards de dollars, aura 61 ans quand sa fortune dépassera cette barre hautement symbolique.
L’heure de la retraite sans doute pour ce jeune divorcé qui ne doit pas manquer de prétendantes.
Comparisun, en projetant les résultats actuels des grandes multinationales, voit d’autres billionnaires d’ici 2030. Deux PDG chinois qui ont le vent en poupe. Seul Français de la liste, Bernard Arnault serait le quatrième à tutoyer ces sommets, en 2033. À part ça, le monde est en crise économique, les États font faillite, les chômeurs se comptent en dizaines de millions.
Pourtant il reste encore beaucoup d’argent en circulation. Mais contrairement au coronavirus, les profits évitent soigneusement certains pour se concentrer sur d’autres.
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le samedi 16 mai.
vendredi 15 mai 2020
De choses et d’autres - Tout est à réinventer
L’OMS prévient : il se peut que le covid-19 soit durablement présent partout sur la planète. Alors, en attendant le vaccin, il est urgent de réinventer toutes les interactions sociales afin de limiter les contacts. Et d’anticiper, au cas où une seconde vague déferlerait sur la France. Pourquoi ne pas déjà penser à aménager les restaurants comme cet établissement néerlandais.
Chaque table, de deux ou quatre, est dans une structure de plexiglas transparent. En terrasse, on peut profiter du paysage, sans risquer de contaminer les voisins. Dans la région, cela risque de se transformer en étuve, mais suer quelques gouttes ou être contaminé, il faut choisir. Des architectes espagnols ont déjà imaginé des cabines individuelles à placer sur le sable des plages. Les murs sont transparents là aussi, mais si l’on place des serviette autour, on peut en plus se changer en toute intimité. Pratique...
Cette crise sanitaire devrait encore accélérer la robotisation de notre société. Un humain est contagieux, pas une machine. Comme dans les romans de science-fiction, les robots vont se multiplier, devenir vitaux. Notamment des robots de compagnie qui auraient été bien utiles pour briser l’isolement de certains.
Dans les magasins, les caisses automatiques, encore plus que le drive, sont devenues très tendance. Mais il faudrait y ajouter une option voix, car un écran tactile tripoté par des centaines de clients, bonjour le nid à microbes et virus à la fin de la journée.
Mais à ce rythme, dans 30 ans, on vivra tous dans une bulle de réalité virtuelle totalement aseptisée. Alors, entre deux périodes de confinement, profitez de la vie, notamment « le bruit et l’odeur » vilipendés à une époque par Jacques Chirac.
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le vendredi 15 mai
jeudi 14 mai 2020
De choses et d’autres - Cachez ce bling-bling !
L’époque n’est plus au bling-bling ni au luxe effréné. Comment justifier des petits plaisirs à plusieurs milliers d’euros quand les infirmières touchent royalement 15 € de prime de nuit…
Lundi, jour du déconfinement, une information a agité les réseaux sociaux. Tous les joueurs du Paris Saint-Germain allaient recevoir en cadeau pour leur titre de champion de Ligue 1 une coque de téléphone en or 24 carats gravée de leur nom.
Réaction assez rapide du club parisien qui a affirmé que la société anglaise en question n’a en aucune façon passé un accord avec le PSG. Ce ne serait qu’un coup de pub favorisé par le fait que plusieurs joueurs parisiens (Neymar, Mbappé) sont des clients à titre privé.
C’est ce même bling-bling devenu paria qui serait aussi le principal responsable de l’annulation du festival de Cannes. Car comment admettre que des stars se pavanent sous les objectifs des photographes dans des robes hors de prix alors qu’à quelques centaines de mètres de là des hommes et des femmes s’échinent à sauver les malades du Covid-19 ?
Pourtant le bling-bling est partout. Même dans ce symbole de la transition écologique qu’est le vélo. Un vélo électrique en carbone connecté affiche le prix astronomique de 12 999 €. L’aide de 50 € pour réparation d’après confinement, promise par le gouvernement, doit doucement faire rire les rares possesseurs de ce type d’engin.
Non, le bling-bling ne se montre plus. Mais soyons sûrs et certains qu’une fois la situation redevenue normale, les plus riches de la planète, ceux qui mesurent leur popularité à la valeur de leurs attributs factices, quitteront l’ombre et s’exhiberont de nouveau en toute indécence.
Lundi, jour du déconfinement, une information a agité les réseaux sociaux. Tous les joueurs du Paris Saint-Germain allaient recevoir en cadeau pour leur titre de champion de Ligue 1 une coque de téléphone en or 24 carats gravée de leur nom.
Réaction assez rapide du club parisien qui a affirmé que la société anglaise en question n’a en aucune façon passé un accord avec le PSG. Ce ne serait qu’un coup de pub favorisé par le fait que plusieurs joueurs parisiens (Neymar, Mbappé) sont des clients à titre privé.
C’est ce même bling-bling devenu paria qui serait aussi le principal responsable de l’annulation du festival de Cannes. Car comment admettre que des stars se pavanent sous les objectifs des photographes dans des robes hors de prix alors qu’à quelques centaines de mètres de là des hommes et des femmes s’échinent à sauver les malades du Covid-19 ?
Pourtant le bling-bling est partout. Même dans ce symbole de la transition écologique qu’est le vélo. Un vélo électrique en carbone connecté affiche le prix astronomique de 12 999 €. L’aide de 50 € pour réparation d’après confinement, promise par le gouvernement, doit doucement faire rire les rares possesseurs de ce type d’engin.
Non, le bling-bling ne se montre plus. Mais soyons sûrs et certains qu’une fois la situation redevenue normale, les plus riches de la planète, ceux qui mesurent leur popularité à la valeur de leurs attributs factices, quitteront l’ombre et s’exhiberont de nouveau en toute indécence.
mardi 12 mai 2020
Thriller - L’alternative ottomane
Et si les Turcs, en 1683, avaient remporté la victoire lors du siège de Vienne ? Raymond Khoury transforme cette simple interrogation en vaste roman d’histoire spéculative, avec un peu de fantastique et beaucoup d’action. Un pavé idéal pour se changer totalement les idées car pas une ligne, pas une description, n’est le reflet de notre réalité mais celle, créée de toutes pièces par ce romancier à l’imagination débordante.
Le secret ottoman fait partie de ces quelques livres sortis moins d’une semaine avant le début du confinement. Cela fait donc plus de 6 semaines que les exemplaires dorment dans les rayons des librairies fermées. Mais désormais vous pouvez de nouveau vous rendre dans ces temples de la culture pour acquérir ce roman qui mérite d’être découvert.
Voyageur du temps
Le récit se déroule à deux époques différentes. En 1682 à Istanbul et à Paris en 2017. En quelques pages, on comprend que ce texte va nous entraîner dans une épopée étrange et totalement nouvelle. Dans la chambre du sultan de l’empire ottoman, Mehmed IV, un homme recouvert de tatouages apparaît. Il explique au souverain ce qu’il doit faire pour faire tomber Vienne dans le siège qu’il prépare pour l’été prochain. Les férus d’Histoire savent que le sultan a été battu lors de ce siège, scellant le déclin des Ottomans. Mais s’il avait remporté la victoire, que serait devenu notre monde ?
Réponse dans les pages suivantes, de nos jours donc, à Paris. Les minarets sont les constructions les plus hautes de la capitale de ce qui devenu une région de l’immense empire ottoman. On découvre cette réalité alternative d’une France passée sous la coupe musulmane depuis le XVIIe siècle dans les pas de Kamal, fer de lance de la police du sultan. Il traque les terroristes qui tentent de déstabiliser le régime. Mais d’autres membres de la police sont là pour mettre fin aux envies de liberté d’un peuple lassé de la rigueur de la charia. Un collègue de Kamal tente de le convaincre du bien-fondé de la politique répressive par cette formule : « Seule la peur peut nous protéger de nos instincts, parce que cette liberté dont ils parlent fait le lit de la corruption et de la décadence. » Bref, une France cauchemardesque, qui a perdu de sa superbe, où tout semble interdit, où les femmes n’ont aucun droit.
Double réalité
Le lecteur est happé par la description de ce quotidien alternatif à notre réalité. Et on se dit souvent que finalement on a beaucoup de chance de vivre dans ce pays, avec ces lois et ces dirigeants. Mais Le secret ottoman est aussi un thriller d’anticipation. On comprend au bout d’une centaine de pages qui est le visiteur du sultan, avant le siège de Vienne. Ce voyageur du Temps, ayant déchiffré le fameux secret ottoman conservé dans les ruines de Palmyre, est le grand architecte de cette Europe placée sous la coupe du croissant. Mais ce qui a été modifié une fois peut-il l’être de nouveau ? Attention, les voyages temporels amènent toujours quantité d’interactions difficiles à maîtriser. Raymond Khoury s’en tire avec brio, permettant au lecteur de comparer les deux civilisations sans mélanger les époques.
« Le secret ottoman » de Raymond Khoury, Presses de la Cité, 22 €
De choses et d’autres - Les messages des arrière-plans
Tout amateur de cinéma sait qu’il faut parfois avoir l’œil pour remarquer les messages distillés par le réalisateur en arrière-plan. Un bibelot, une affiche, la couverture d’un livre en évidence : on doit être aux aguets pour ne rien rater.
Les 55 jours de confinement m’ont donné l’occasion de me perfectionner dans ma chasse aux messages cachés ou l’analyse des arrière-plans diffusés à la télévision dans tous les duplex « en direct de ma cuisine ». Amateur de livre, la première chose que je regarde c’est l’encombrement des étagères. Lors de visioconférences avec des collègues, j’ai admiré une bibliothèque méticuleusement rangée et copieusement remplie d’ouvrages reliés.
À l’inverse, je ne sais que dire de ces murs blancs, vierges de toute décoration. À moins que cela ne soit le signe d’un gros ego délivrant son message : « Il n’y a que moi à regarder, rien d’autre ! ».
Lors des directs, je cherche le détail qui permet d’humaniser l’intervenant. Une photo de famille, un tableau champêtre, un diplôme encadré, une pendule. Par contre chez les politiques on devine que tout est pensé à l’avance. Les maires sont redoutables à ce jeu. Anne Hidalgo à Paris a multiplié les symboles sur sa ville.
Et puis durant ces directs il y a les imprévus. Mignons comme le fils d’Olivier Faure qui vient se blottir dans les bras de son père, par ailleurs premier secrétaire du Parti socialiste en pleine interview sur la crise sanitaire. Catastrophiques pour l’image de marque quand Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, est surprise la clope au bec installée à son bureau en train de lire ses textos. Ils vont me manquer ces moments vrais et ces arrière-plans du quotidien.
lundi 11 mai 2020
De choses et d’autres - Ci-gît Jean Dupont, 50 ans
S’il est bien quelque chose que l’on ne va pas regretter de ce long confinement, c’est de remplir l’attestation de sortie. Hier, pour la dernière fois, j’ai cependant eu un petit pincement au cœur en la remplissant pour l’ultime fois.
Mais que va devenir Jean Dupont, 50 ans, né à Lyon et vivant à Paris au 999 avenue de France ?
Ceux qui sont restés au papier pour remplir l’attestation ne comprennent pas qui est ce fameux Jean Dupont. Les autres, qui ont préféré préserver les ressources de la planète et sont passés au formulaire numérique, savent parfaitement qui est notre ami Jean. Pour bien expliquer aux Français quelles cases remplir et avec les bons éléments, l’attestation était préremplie de données fantômes.
Ainsi, dans la case prénom, il y avait par défaut Jean. Au nom : Dupont. Et ainsi de suite jusqu’à l’adresse parisienne. La date de sortie et l’heure étaient quant à elles remplies d’office si votre smartphone était à l’heure.
Voilà comment tous les jours avant de prendre l’air ou faire trois courses, j’ai « écrasé » les données de Jean Dupont.
Par chance, le formulaire était intelligent et retenait mes propres données. Il fallait cependant taper les trois premières lettres pour qu’il vous propose le bon mot. J’ai donc écrit un nombre incalculable de fois Mic Lit Pol, soit les débuts de mon prénom, nom et commune de résidence.
Par contre il a bloqué sur mon lieu de naissance. Il est vrai que Saint-Aubin-de-Cadelech, minuscule village de Dordogne, c’est peu commun. Et un peu long à écrire tous les jours. Non, franchement, je ne regretterai pas l’attestation, mais je me demande encore ce que va devenir Jean Dupont.
Mais que va devenir Jean Dupont, 50 ans, né à Lyon et vivant à Paris au 999 avenue de France ?
Ceux qui sont restés au papier pour remplir l’attestation ne comprennent pas qui est ce fameux Jean Dupont. Les autres, qui ont préféré préserver les ressources de la planète et sont passés au formulaire numérique, savent parfaitement qui est notre ami Jean. Pour bien expliquer aux Français quelles cases remplir et avec les bons éléments, l’attestation était préremplie de données fantômes.
Ainsi, dans la case prénom, il y avait par défaut Jean. Au nom : Dupont. Et ainsi de suite jusqu’à l’adresse parisienne. La date de sortie et l’heure étaient quant à elles remplies d’office si votre smartphone était à l’heure.
Voilà comment tous les jours avant de prendre l’air ou faire trois courses, j’ai « écrasé » les données de Jean Dupont.
Par chance, le formulaire était intelligent et retenait mes propres données. Il fallait cependant taper les trois premières lettres pour qu’il vous propose le bon mot. J’ai donc écrit un nombre incalculable de fois Mic Lit Pol, soit les débuts de mon prénom, nom et commune de résidence.
Par contre il a bloqué sur mon lieu de naissance. Il est vrai que Saint-Aubin-de-Cadelech, minuscule village de Dordogne, c’est peu commun. Et un peu long à écrire tous les jours. Non, franchement, je ne regretterai pas l’attestation, mais je me demande encore ce que va devenir Jean Dupont.
dimanche 10 mai 2020
BD - Roxelane, l’esclave devenue reine
La collection « Les reines de sang » recèle d’histoires trop peu connues. Des destins prouvant que les femmes, malgré une société qui ne les favorise pas, ont toujours eu la force pour s’imposer et devenir puissantes. Parmi ces femmes fortes avant l’heure, découvrez « Roxelane la joyeuse » dont la vie est racontée par Virginie Greiner et dessinée par Olivier Roman. La Turquie du XVIe siècle est le centre de l’empire Ottoman.
Soliman le magnifique règne sur la moitié de l’Europe et tout le Moyen Orient. Il est souvent en guerre et donc peu présent à Istanbul, là où une armée d’eunuques gère son harem. Parmi toutes ces jeunes femmes, toutes plus belles les unes que les autres, la compétition fait rage.
Nouvelle venue, Roxelane est une esclave ukrainienne. Sa chevelure rousse la distingue des autres. Son rire communicatif aussi. Elle devient alors Hurrem la joyeuse. Persuadée qu’elle se fera remarquer par le sultan aussi par son intelligence, elle étudie les langues, la poésie et intrigue pour se rapprocher du maître des lieux. La première partie de la série prévue en deux tomes raconte la vie du harem. Comment il faut être patiente et opportuniste pour sortir du lot. Mais avec le risque permanent de finir au cachot après avoir dépassé les bornes. Roxelane va si bien manœuvrer qu’une fois mise en présence du sultan elle va le conquérir et rapidement tomber enceinte. Une occasion rêvée pour supplanter la favorite et endosser le manteau de zibeline qui lui permettra de se faire appeler sultane.
« Roxelane la joyeuse » (tome 1), Delcourt, 14,95 €
samedi 9 mai 2020
Polar – Visions de cauchemar
Certains flics choisissent ce métier pour de mauvaises raisons. Imposer son autorité, abuser de son pouvoir. D’autres par contre, l’immense majorité, ont la volonté de protéger et servir leurs concitoyens. Et puis il y a les atypiques, endossant uniforme ou carte professionnelle juste pour se sauver.
C’est le cas de Cécile Rivère, le personnage principal de « Tombent les anges », thriller magistral de Marlène Charine. Cécile est gardienne de la paix. Elle fait les nuits avec un collègue aux blagues toujours déplacées. Cécile qui a choisi la police juste pour apprendre à se battre après quelques mois passés sous la coupe d’un petit ami violent. Un traumatisme qui a laissé des traces.
Peur et désespoir
Solitaire, Cécile souffre de TOC de plus en plus handicapants. Au point qu’elle a des doutes sur sa santé mentale quand il lui semble entendre des cris dans un appartements lors d’une patrouille. Le lendemain matin, à la fin de son service de nuit, elle retourne sur place et tombe sur le capitaine Kermarec de la criminelle. Dans cet appartement, une jeune femme s’est suicidée. Cécile le suit et a l’impression de voir le fantôme de l’ancienne infirmière. « Un frisson désagréable parcourut sa nuque. Une sensation insaisissable accompagnait la chute de la température. Celle d’une présence à ses côtés, une présence irradiant la peur et le désespoir. »
Une entrée en matière à la tonalité assez fantastique ce roman policier qui va rapidement virer au thriller. Car la suicidée, loin d’être parfaite, aurait abrégé les souffrances de nombre de ses patients âgés. La romancière, avec une maestria digne d’un vieux de la vieille, égare le lecteur sur plusieurs fausses pistes, tout en tissant une relation particulière entre la « presque » folle et le beau flic solitaire.
« Tombent les anges » de Marlène Charine, Calmann-Lévy, 19,50 €
Cinéma - Varda et Truffaut, cautions culturelles des plateformes de SVOD ?
En France, Netflix et Amazon Prime tentent de se donner une meilleure image culturelle. Les deux plateformes de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) ont étoffé leur catalogue avec des films français d’auteur de très grande qualité. Netflix mise sur François Truffaut, Amazon Prime, toujours dans la mouvance de la nouvelle vague, a remis au goût du jour presque l’intégralité de l’œuvre cinématographique d’Agnès Varda. Pourquoi les plateformes de SVOD changent d’un coup d’un seul le fond de leur catalogue ?
Bonnes et mauvaises raisons
Les naïfs estimeront que c’est pour apporter un peu plus de qualité face au très raté Marseille chez Netflix ou le racoleur Love Island animé par Nabilla chez Amazon. Les plus réalistes estiment simplement que les géants américains se préparent à remplir les obligations européennes de diffusion de 30 % d’œuvres en provenance du vieux continent.
Obligation non dérogatoire et soumise à forte amende en cas de non-respect. Sachant que les investisseurs des deux plateformes de SVOD ne sont pas spécialement des philanthropes, cette seconde explication semble la plus plausible. Reste que grâce à ces directives européennes souvent décriées, le public de Netflix et Amazon a la possibilité de découvrir des chefs-d’œuvre du cinéma français, de moins en moins diffusés à la télévision française si ce n’est Arte.
Agnès Varda sur Amazon, cela va de son premier long-métrage La Pointe Courte, tourné à Sète en 1954 avec un jeune acteur encore inconnu : Philippe Noiret aux Plages d’Agnès de 2008. On ne manquera pas l’incontournable Sans toit ni loi qui a révélé Sandrine Bonnaire ou le mythique Cléo de 5 à 7, excellente photographie de la vie d’une femme française au début des années 60. Fiction, documentaire ou essai cinématographique, avec Varda le cinéphile est comblé de A à Z.
Pour beaucoup, François Truffaut est considéré comme le plus grand cinéaste français de tous les temps. Ancien critique, il a été sévère pour ses aînés avant de bousculer la narration filmique. Ce sont 12 films qui rejoignent (pour un an seulement dans un premier temps), le catalogue de Netflix. On peut commencer par Les 400 coups avec un Jean-Pierre Léaud encore minot endossant le personnage de sa vie, Antoine Doinel. Mais on peut aussi attaquer avec Vivement dimanche, son dernier film réalisé en 1983. Un polar avec une Fanny Ardant toujours aussi époustouflante dès que le réalisateur derrière la caméra sait mettre en valeur sa classe folle. Entre ce premier et dernier film, ce ne sont que des œuvres d’anthologie qui sont proposées, de Jules et Jim au Dernier métro. Il manque quand même dans cette œuvre La nuit américaine (qui a offert à Dani son meilleur rôle au cinéma) et surtout L’homme qui aimait les femmes, avec Charles Denner. Sans doute le film le plus personnel de Truffaut.
De choses et d’autres - Confinement 1 - Libido 0
Pendant le confinement, les sondeurs eux n’ont pas chômé. Et si au début on ne répondait pas à leurs sollicitations, au bout de quatre semaines, leur appel était le bienvenu pour briser la monotonie de ce mauvais remake d’Un jour sans fin.
Jeudi, plusieurs instituts ont dévoilé les études portant sur le couple et le confinement. Résultat des courses, c’est pas brillant. Certes une majorité estime que ce confinement n’a pas eu d’effet sur leur vie à deux, par contre ils sont plus de 10 % qui affirment vouloir, dès la fin du confinement, s’éloigner l’un de l’autre un temps, voire définitivement.
Découvrir toutes les manies et défauts de celui ou celle avec qui on doit cohabiter 24 h sur 24, laisse forcément des traces.
De même, contrairement aux premières impressions qui laissaient entrevoir un babyboom dans 9 mois, les naissances risquent au contraire de plonger car le même sondage réalisé par l’Ifop pour Charles.co, un site de consultations en ligne de médecin sexologues, montre qu’un couple dur cinq n’a plus du tout de relations sexuelles à la fin de ce confinement.
Et si par malheur un « reconfinement » devait être décidé, les femmes sont clairement contre un nouvel enferment avec leur compagnon. A choisir, elles préfèrent, et de loin, rester seules que mal accompagnées. Sexe et confinement n’ont pas fait bon ménage.
Le déconfinement devrait permettre à certains et certaines de reprendre leur chasse à l’âme sœur. Mais je me garderai de faire la moindre allusion sur l’interdiction des réunions de plus de 10 personnes. Dix, vue la thématique du jour, ça me parait déjà très élevé…
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