mercredi 19 avril 2023

BD - Roman graphique d’initiation pour L’ami

Il est toujours compliqué de raconter les errements de l’adolescence. Plusieurs risques attendent les auteurs au tournant. D’abord l’impossibilité de faire comprendre au lecteur le magma qui agite l’esprit des jeunes durant cette période si complexe. Ensuite le hors sujet, car un adolescent a des réactions typiques de cette brève partie de l’existence et on peut, une fois adulte, ne pas s’en souvenir avec exactitude. Dans ce gros roman graphique de Lola Halifa-Legrand (scénario) et Yann Le Bec (dessin), pas la moindre fausse note.

Tomi fait partie de ces jeunes qui surfent entre timidité et introspection. Il vit avec sa mère, en surpoids, trop protectrice. Passe beaucoup de temps sur le net. Essentiellement pour y découvrir tout ce qui est interdit, le porno en priorité. Au lycée, il n’a pas d’ami. Mais fantasme sur plusieurs filles. Quand par hasard il accepte de discuter avec Feliks, une amitié va naître entre ces deux que pourtant tout oppose. Car Feliks est extraverti, provocateur et toujours partant pour faire un mauvais coup.

Si la description de cet univers est parfois un peu sordide, elle est pourtant le parfait reflet de la vie de nombre de jeunes déboussolés, perdus entre parents, école et tentations multiples. Durant une année on suit Tomi dans son évolution, ses progrès en drague, sa vision de la vie, de son avenir. Une fiction qui semble incroyablement réelle.

« L’ami », Dupuis – Les Ondes Marcinelle, 24 €

De choses et d’autres - Houellebecq débouté, Houellebecq dégoûté

Ne jamais signer un contrat en ayant trop bu. Michel Houellebecq aurait dû faire sienne cette maxime, quand il a accepté la proposition d’un artiste néerlandais. Dans le but de prouver que l’amour peut réconcilier la gauche et la droite, Stefan Ruitenbeek propose à l’écrivain français, catalogué à droite, voire un peu plus, de se laisser convaincre par une jeune militante de gauche de faire l’amour avec lui ; il est séduit par l’idée. Le tout filmé et diffusé.

En compagnie de sa femme (c’était aussi une sorte de cadeau de mariage…), le romancier tourne quelques scènes qualifiées de pornographiques. Mais quand un premier extrait est diffusé sur le net, Houellebecq veut tout arrêter. Il demande l’interdiction du film à la justice.

Le procès vient d’avoir lieu. Principal argument pour ne pas montrer ces scènes : l’accord a été obtenu alors que le romancier était « dépressif » et que son discernement était faussé car « sous l’emprise de l’alcool au moment de la signature ». Les juges, après avoir visionné la signature du contrat (Stefan Ruitenbeek a l’habitude de tout filmer, avant, pendant et après ses expériences artistiques), ont convenu que Michel Houellebecq n’était pas spécialement ivre. Et qu’il semblait parfaitement au courant des intentions du réalisateur.

Bref, il est débouté. Dégoûté aussi puisqu’il doit payer les frais de justice, près de 1 400 euros.

Il compte faire appel. Mais en attendant, le montage du film avance et tous ceux qui sont allergiques au romancier provocateur dans ses écrits, attendent avec délectation de le voir dans un rôle inhabituel et pas forcément à son avantage.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 30 mars 2023

mardi 18 avril 2023

Thriller - L’Islande très sombre des « Garçons qui brûlent »

Dans le 3e roman dont elle est la vedette, Elma, policière islandaise, enquête après la mort d’un jeune garçon dans l’incendie de sa chambre.


Le polar islandais n’en finit plus de se renouveler. Petit pays, rude au niveau climat, mais véritable mine de talents littéraires. Dernière trouvaille en date : Eva Björg Ægisdóttir. Cette jeune romancière propose avec Les garçons qui brûlent, son troisième thriller se déroulant dans la petite ville d’Akranes. Une nouvelle enquête de l’inspectrice Elma à la vie suffisamment compliquée pour en faire le fil rouge de la série.

Elma découvre dans les premières pages qu’elle est enceinte. Un choc pour cette policière qui après un premier drame est revenue dans sa ville natale pour tenter de relancer sa carrière. Une information qu’elle préfère garder pour elles dans un premier temps, n’osant même pas l’avouer au père. Et puis le boulot vient lui permettre d’oublier ce bouleversement futur de sa vie. Un incendie se déclare dans une villa. Les pompiers, rapidement sur place, découvrent un jeune homme de 20 ans mort dans son lit. Le feu s’est limité à sa chambre. L’origine du feu est criminel. Reste à savoir s’il a tenté de se suicider ou été victime d’un assassin.

En explorant sa vie, Elma va déterrer bine des secrets du côté de ses amis (sa sœur jumelle, un futur footballeur, son meilleur ami habitué des mauvais coups, une jeune fille au pair hollandaise) ou des parents, entrepreneurs cupides, conseillère municipale trop lisse ou père un peu trop porté sur la boisson et les conquêtes féminines d’un soir. Eva Björg Ægisdóttir décrit une Islande un peu trop belle et lisse.

Derrière ce vernis nordique se cache une réalité plus complexe et sombre parfaitement décrite dans ce polar finalement plus social que criminel.

« Les garçons qui brûlent » d’Eva Björg Ægisdóttir, Éditions de la Martinière, 21,90 €

Littérature - « Vers la mère » ou le dernier voyage d’une famille colombienne

Une mère et son enfant descendent un fleuve en Colombie. Une ultime communion racontée par Lorena Salazar dans « Vers la mère », son premier et brillant roman.

Elle est blanche. Il est noir. Pourtant elle explique à tout le monde que c’est son fils. La narratrice de ce premier roman signé Lorena Salazar entreprend un dernier voyage avec son fils. Il y a quelques années, une femme, une amie, lui a confié ce bébé. Elle l’a élevé comme si c’était le fruit de ses entrailles. Mais aujourd’hui elle a pris sa décision et va rendre ce fils à sa véritable mère.

Pour cela elle doit quitter le petit village perdu dans la jungle colombienne et gagner la ville de Bellavista. Un seul chemin pour ce long périple de plusieurs jours, le fleuve Atrato. La narratrice va donc embarquer sur une pirogue d’une dizaine de places, le TER régional en quelque sorte, et faire confiance à la navigatrice pour la conduire à bon port malgré les pièges de la jungle et la violence des forces armées révolutionnaires.

Dans une langue poétique et foisonnante, la jeune romancière raconte par bribes l’histoire de cet enfant et de sa fausse mère. Elle fait intervenir les autres passagers, qui relatent leur propre vécu ou jugent cet embryon de famille dépareillée. On se laisse bercer par la descente sur les eaux limoneuses et poissonneuses de l’Atrato, autre personnage central du roman.

La vie y est exubérante : « Le soleil pique, les arbres rivalisent avec l’eau : ils veulent s’étendre, voler de l’espace au lit de l’Atrato. Un oiseau impose sa présence par des cris de plus en plus stridents. […] Dommage qu’on ne sache pas si un oiseau pleure ou chante. »

Et puis, plus on s’approche de la destination finale, la mère adoptive doute, se remémore ces années de communion avec le petit être. « Quand j’ai peur, je porte l’enfant dans mes bras, j’ai besoin de sentir son poids sur mon ventre. Je le porte pour solder la dette que j’ai envers lui, celle ne pas être sa mère. »

Le roman gagne en intensité, en douleur. Un texte court mais profond, loin de notre quotidien occidental, mais universel dans son schéma entre une mère et son enfant.

« Vers la mère » de Lorena Salazar, Grasset, 19,50 €

lundi 17 avril 2023

Cinéma - Générations réconciliées dans “Quand tu seras grand”

Choc de générations : des écoliers utilisent le réfectoire d’un Ehpad. Un film très réaliste atténué par une bonne dose d’humour.

Faire partager des lieux de vie entre personnes âgées et jeunes écoliers. Dans la vraie vie, quelques expériences de ce type ont été menées. Toutes avec succès. Dans le film d’Andréa Besconb et Éric Métayer, Quand tu seras grand, c’est contraint et forcé que l’encadrement de l’école de la commune doit trouver refuge et pitance dans la cantine de l’Ehpad. Une quinzaine de gamins un peu turbulents encadrés par Aude (Aïssa Maïga) qui y voit une opportunité pour justement œuvrer au rapprochement des générations.

Ce n’est pas du tout l’état d’esprit de Yannick (Vincent Macaigne), aide-soignant débordé qui tente sans cesse de colmater les brèches du tableau de service. Car dans cet établissement accueillant des personnes âgées souvent très dépendantes, l’équipe est au bord de la crise de nerfs. Alors gérer des enfants en plus, c’est la goutte d’eau qui va faire déborder le vase.

Répliques cinglantes et punchlines 


Le début du film a des airs de comédie sociale particulièrement enlevée. Vincent Macaigne, en protecteur des résidents, un peu manipulateur aussi, fait tout pour chasser les enfants. La confrontation est savoureuse avec Aude, grande gueule qui ne se laisse pas faire et veut rester très optimiste quant aux conséquences de ce mélange de têtes blondes et de cheveux gris. On rit beaucoup aux saillies et répliques cinglantes de Vincent Macaigne et aux punchlines d’Aïssa Maïga. Finalement c’est cette dernière qui l’emportera. Pas en raison de sa persuasion, mais simplement car Yannick voit combien effectivement l’arrivée des enfants éclaire la vie morne et souvent esseulée des pensionnaires.

Le film prend alors une autre tournure, se concentrant sur la relation entre Brieuc (Kristen Billon), un jeune squatteur délaissé par ses parents et Yvon (Christian Sinniger), ancien cascadeur, pilote émérite de moto. Brieuc qui était très hostile à cette cohabitation avec les vieux va lentement changer d’avis face à l’espièglerie du vieux bonhomme qui a dédramatisé la situation en déclenchant une mémorable bataille de boulettes de pain à la cantine.

Mais dans ce genre d’établissement, il vaut mieux parfois ne pas s’attacher. Car la mort rôde en permanence. Elle n’est pas occultée par les réalisateurs, ni la maladie, transformant la dernière demi-heure du film en belle mais triste fable sur la solitude, l’oubli et le deuil. Après Les chatouilles sur l’inceste, ce nouveau film d’Andréa Besconb et Éric Métayer est tout aussi réussi, édifiant sans être trop larmoyant.

"Quand tu seras grand", un film d’Andréa Bescond, Éric Métayer avec Vincent Macaigne, Aïssa Maïga, Évelyne Istria, Kristen Billon, Christian Sinniger. 

BD – « Salamandre » et Sourire d'acier », deux jeunes abandonnés

Kaspar Salamandre perd son père dans un accident de plongée alors que la jeune Louna, surnommée Sourire d'acier, se retrouve seule dans sa ville après une catastrophe inexplicable. Deux bandes dessinées sur la solitude de la jeunesse signées I.N.J. Culbard et Fabien Dalmasso.

Kaspar Salamandre, à peine un peu plus de 10 ans, adore quand son père lui raconte des histoires. Il parvient même à les transformer en BD qu'il dessine dans ses cahiers. Dans ces récits d'aventure, le père de Kaspar ressemble à un super héros qui, aux commandes de son sous-marin le Requin, parvient à neutraliser un calamar géant qui voulait attaquer la ville.

Dans la vraie vie, le père est bien sous-marinier, mais son navire est en mauvais état. Il accepte une mission dangereuse et ne reviendra pas. Pour Kaspar, sa vie s'effondre. Il ne rit plus et surtout abandonne le dessin.

Pour lui permettre d'oublier cette mauvaise passe, sa mère l'envoie chez son papi, de l'autre côté de la frontière. Ce grand roman graphique (176 pages grand format et en couleur) de I.N.J. Culbard est une superbe œuvre sur la perte de l'espoir et de la joie de vivre quand on est jeune. La force du récit est de transposer ces souvenirs d'enfance de l'auteur dans un monde imaginaire.

Si Kaspar vit dans une République où les libertés sont garanties, ce n'est pas le cas du Papi, coincé dans l'Empire, dictature qui oblige ses habitants à vénérer l'Empereur. Une des obligations les plus contraignantes de l'empire est de contrôler toute forme d'art. Les artistes ne peuvent pas faire ce qu'ils veulent. La tante de Kaspar, peintre, le vit très mal. Kaspar lui aussi va prendre conscience de cette injustice ert en réaction se remettre à dessiner. Pour faire passer des messages anti-empereur.

Car il n'y a pas d'âge pour se rebeller. Un récit graphique initiatique d'une puissance formidable. La beauté des dessins réalistes de I.N.J. Culbard permet à l'histoire de s'épanouir telles ces fleurs, symbole de la résistance à la dictature.

Louna aussi se retrouve bien seule dès les premières pages du premier tome de la série la mettant en vedette. Surnommée Sourire d'acier, cette adolescente imaginée par Fabien Dalmasso (scénario et dessin) vivait une existence simple et heureuse auprès de ses parents. Son seul problème important ce jour-là, un impondérable provoque l'annulation au dernier moment de son rendez-vous chez son dentiste qui devait lui retirer l'appareil dentaire. Elle s'endort en ressassant cette contrariété.


Le lendemain, quand elle se lève, elle est toujours énervée mais découvre avec stupeur qu'elle est seule dans la maison. Elle va à l'école mais personne dans le quartier. Ni au lycée. La ville semble fantôme. Un phénomène inexplicable a effacé 99 % de la population. Après une période de gand doute, elle accepte la situation, et commence à survivre dans ce monde radicalement différent de son petit quotidien de privilégiée.

Elle ne quitte plus un sabre de samouraï, pille les supermarchés, reste enfermée la nuit. Car il y a d'autres survivants. Pas forcément sympas... Sourire d'acier est jolie histoire de survie qui a de faux airs de Seuls, le fantastique en moins, bien que Louna découvre qu'elle n'est vraiment plus la même. La première partie de la série raconte surtout les modifications de la mentalité de la jeune héroïne. Résignée, optimiste, craintive, solitaire...

Il faut avant tout s'adapter aux situations et dangers. Moins cérébral et symbolique que Salamandre, Sourire d'acier devrait passionner les lecteurs adolescents qui forcément s'identifieront à l'impétueuse Louna.

« Salamandre », 404 Graphic, 22 €
« Sourire d'acier » (tome 1), Glénat, 11,50 €

dimanche 16 avril 2023

BD - Les grands-parents, nouveaux jouets à la mode dans « Les ChicOufs » et « Mon Papy Titanic »

Falzar, scénariste belge, lance deux séries sur les grands-parents. Une première ouvertement comique, "Les ChicOufs", illustrée par Serge Carrère et une seconde plus tendre, "Mon Papy Titanic", dessinée par Marco Paulo.

Le titre de la nouvelle série de Serge Carrère est assez intrigante. Les ChicOufs C’est en fait le résumé des réflexions des grands-parents quand ils doivent s’occuper de leurs petits enfants : « Chic ! Les voilà. Ouf ! Ils s’en vont ! » Transformés souvent à leur corps défendant en baby-sitter, papy et mamy en voient de toutes les couleurs. Ils sont plusieurs de la même génération et habitant le quartier des Arbousiers dans cette série de gags écrits par Falzar.

Les très serviables Annie et Philippe, les tire-au-flanc, Maryse et Daniel, les modernes Chantal et Bruno et Papy Paul, veuf, jardinier passionné et totalement étranger au monde moderne de Tom, un ado qui ne jure que par sa playstation. Des personnalités différentes qui permettent une grande variété de situations comiques.

Les plus hilarantes restent celles mettant en scène Annie et Philippe. Ce dernier n’assume pas ce statut de grand-père et rêve de voyage et de visite d’exposition. 

A la place il doit jouer à cache-cache avec les rejetons de ses filles et annuler ses vacances à l’île Maurice pour cause de grève impromptue des enseignants.

Le ton est plus poétique dans Mon Papy Titanic, série d’histoires complètes dessinées par Marco Paulo et toujours écrites par Falzar.

Quand Rose, à peine 7 ans, en a assez des disputes entre ses parents, elle trouve refuge chez son Papy qui habite à deux maisons de chez elle. Un vieux monsieur, veuf, qui vit calmement entre ses chats et sa maquette du Titanic. 

Une jolie fable sur les relations entre deux générations très éloignées. Rose trouve calme et tendresse auprès de ce maquettiste patient. Le papy redécouvre le pouvoir de l’amour.

« Les ChicOufs » (tome 1), Soleil, 11,50 €

« Mon Papy Titanic » (tome 1), Bamboo, 11,90 €

BD - Poutine mis à nu

Depuis la tentative d’invasion de l’Ukraine par la Russie, un homme inquiète. Jusqu’où Vladimir Poutine est-il capable d’aller dans la mise en place d’un système de terreur et de mort ? Andrew Weiss est un des rares à comprendre ce qui se passe dans la tête du dictateur russe. Il l’a souvent croisé quand il travaillait pour la Maison Blanche du temps de Bill Clinton. Cette longue et minutieuse enquête, très documentée et dessinée par Brian Box Brown nous en apprend beaucoup. Sur son passé, ses rancunes, ses phobies.

On découvre notamment sa grande frustration quand il était membre du KGB en Allemagne de l'Est et qu'il a vu l'empire soviétique s'effondrer, perdant du jour au lendemain un statut et un petit pouvoir qu'il espérait faire prospérer. Il a ensuite patiemment placé ses pions, permettant l'enrichissement, sans trop regarder aux méthodes et à la légalité, d'amis qui aujourd'hui savent parfaitement qu'ils lui doivent tout.

Un quasi reportage historique malheureusement pas du tout rassurant pour l’avenir.

« Tsar par accident », Rue de Sèvres, 22 €

samedi 15 avril 2023

Cinéma - Une Corée trop travailleuse dénoncée dans le film « About Kim Sohee »

Le culte du travail et de la compétition peut conduire à toutes les dérives. En Corée du Sud, pays si fier de son modèle économique, ce système atteint ses limites. Basé sur un fait divers qui a permis à la majorité de la population de prendre conscience du problème, About Kim Sohee, film de July Jung, décortique cette machine à broyer la jeunesse. 

Kim Sohee (Kim Si-eun) est une jeune fille comme les autres. A 17 ans, elle aime reproduire les chorégraphies des groupes de K-pop, vit toujours chez ses parents, a des amies qui font souvent la fête, étudie dans un lycée agricole moyen d’une petite ville de province. Des établissements scolaires chargés aussi de trouver des stages en entreprises à leurs élèves. Kim Sohee est affectée à une société qui gère les relations clients d’une grosse entreprise de télécoms. L’enfer débute pour la jeune fille qui découvre un management abrupt, qui fait la part belle aux résultats sonnants et trébuchants. 

Elle a pour mission non pas de répondre aux attentes des clients (souvent des désabonnements), mais de placer des produits, retenir les partants et les relancer quand ils sont indécis. Un véritable harcèlement qui n’est pas sans conséquence sur le moral de la jeune fille. Tout bascule quand son manager, de plus en plus mal à l’aise dans son rôle envers les jeunes stagiaires, se suicide dans sa voiture sur le parking de l’entreprise. Contre une prime, la direction achète son silence. Mais elle aussi ne comprend plus cette société, n’y trouve plus sa place et se suicide à son tour. 

Arrive alors une policière (Doona Bae) qui va, contre tous, mener l’enquête et tenter de prouver la responsabilité du lycée et de l’entreprise dans la mort de Kom Sohee en requalifiant le suicide en accident du travail.

Un film implacable du début à la fin. Sur un problème très certainement pas spécifique à la Corée car des appels du type que reçoit ou donne Kim Sohee, il en existe partout en Occident. Une dénonciation intelligente de ces métiers toxiques. 

« About Kim Sohee », film coréen de July Jung avec Doona Bae, Kim Si-eun

BD - Une drogue pour amplifier les « Guerres d'Arran »

Lancée il y a 10 ans seulement, la série des Elfes imaginée par Jean-Luc Istin est devenu une saga monumentale avec de multiples ramifications. Plus de 35 titres dans l’arc narratif originel, 25 dans le monde des nains, 20 orcs et gobelins et cela ne fait que commencer puisque les scénaristes se lancent dans de nouvelles collections comme ces Guerres d’Arran dessinées par Brice Cossu. Le premier tome intitulé La compagnie des bannis, revient sur le montage de cet attelage de races différentes sous le commandement de Dunnrak et Hidden, deux des personnages découverts dans de précédents albums.

L’idée générale est qu’un tournant radical marque les mondes d’Arran. Les hommes tentent de trouver un moyen pour détruire les anciennes races. Quelques nobles ont imaginé une organisation criminelle qui commercialise une drogue redoutable, la kicha. Une substance qui consume la volonté des anciennes races, transformant le consommateur en loques. Le trafic se déroule sous la supervision d’une organisation secrète qui a pour nom la veuve noire.
La première partie de ce récit ambitieux, sorte de summum de l’univers foisonnant parfaitement maîtrisé par Istin, permet l’introduction de nouvelles races particulièrement intéressantes comme l’elfe naine nommée Sykill, habitante de Lutannie, experte en maniement de l’arc. Par contre, les hommes en prennent pour leur grade dans ces 72 pages denses.
« Guerres d'Arran » (tome 1), 16,95 €