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samedi 21 octobre 2023

Roman jeunesse - Les promesses de bonheur du « Jaguar aux yeux d’or »

Isabel et Marc Cantin, écrivains installés dans les Pyrénées-Orientales dans le Vallespir, nous font découvrir la vie authentique des Indiens Embéras de Colombie.


En imaginant la vie de Majina, jeune Indienne Embéra (tribu vivant dans la forêt équatoriale en Colombie), Isabel et Marc Cantin ont voulu un peu boucher un trou dans l’existence d’Isabel. Élevée en Bretagne, mariée à Marc et vivant désormais en Vallespir dans les Pyrénées-Orientales, Isabel est une Embéra. Mais bébé, elle a été adoptée et n’a jamais parcouru la forêt vierge à la recherche de citrons ou d’autres trésors encore plus extraordinaires. Elle a redécouvert son peuple d’origine une fois adulte et signe avec ce roman, Le jaguar aux yeux d’or, un roman initiatique sans doute le plus personnel.
La vie de Majina est simple. Toute tracée. Membre de la tribu des Embéras, elle ne va plus à l’école et doit aider sa mère aux taches ménagères. Voilà pourquoi on la découvre dans les premières pages en train de cueillir des citrons sauvages qu’elle revend une misère en ville Car dans cette Colombie gangrenée par la corruption et les pseudo-révolutionnaires, les Indiens sont les laissés-pour-compte de la Nation.

Quand un jaguar lui vole le butin de sa chasse, Majina se rebelle, tente de reconquérir son butin et, après une longue poursuite, découvre ce qui pourrait définitivement améliorer l’ordinaire de la petite communauté. Mais est-ce bien raisonnable. Et surtout, cela ne va-t-il pas attiser des convoitises, déchirer les familles ?
Une histoire simple et en grande partie véridique, fable destinée aux adolescents sur l’utilité de continuer de cultiver son jardin, même s’il est caché dans une clairière entre des arbres centenaires, presque inaccessible et peuplé d’une myriade d’animaux tous plus venimeux les uns que les autres.

« Le jaguar aux yeux d’or » d’Isabel et Marc Cantin, Talents Hauts éditions, 224 pages, 14,90 €
 

mardi 18 avril 2023

Littérature - « Vers la mère » ou le dernier voyage d’une famille colombienne

Une mère et son enfant descendent un fleuve en Colombie. Une ultime communion racontée par Lorena Salazar dans « Vers la mère », son premier et brillant roman.

Elle est blanche. Il est noir. Pourtant elle explique à tout le monde que c’est son fils. La narratrice de ce premier roman signé Lorena Salazar entreprend un dernier voyage avec son fils. Il y a quelques années, une femme, une amie, lui a confié ce bébé. Elle l’a élevé comme si c’était le fruit de ses entrailles. Mais aujourd’hui elle a pris sa décision et va rendre ce fils à sa véritable mère.

Pour cela elle doit quitter le petit village perdu dans la jungle colombienne et gagner la ville de Bellavista. Un seul chemin pour ce long périple de plusieurs jours, le fleuve Atrato. La narratrice va donc embarquer sur une pirogue d’une dizaine de places, le TER régional en quelque sorte, et faire confiance à la navigatrice pour la conduire à bon port malgré les pièges de la jungle et la violence des forces armées révolutionnaires.

Dans une langue poétique et foisonnante, la jeune romancière raconte par bribes l’histoire de cet enfant et de sa fausse mère. Elle fait intervenir les autres passagers, qui relatent leur propre vécu ou jugent cet embryon de famille dépareillée. On se laisse bercer par la descente sur les eaux limoneuses et poissonneuses de l’Atrato, autre personnage central du roman.

La vie y est exubérante : « Le soleil pique, les arbres rivalisent avec l’eau : ils veulent s’étendre, voler de l’espace au lit de l’Atrato. Un oiseau impose sa présence par des cris de plus en plus stridents. […] Dommage qu’on ne sache pas si un oiseau pleure ou chante. »

Et puis, plus on s’approche de la destination finale, la mère adoptive doute, se remémore ces années de communion avec le petit être. « Quand j’ai peur, je porte l’enfant dans mes bras, j’ai besoin de sentir son poids sur mon ventre. Je le porte pour solder la dette que j’ai envers lui, celle ne pas être sa mère. »

Le roman gagne en intensité, en douleur. Un texte court mais profond, loin de notre quotidien occidental, mais universel dans son schéma entre une mère et son enfant.

« Vers la mère » de Lorena Salazar, Grasset, 19,50 €

lundi 4 mai 2020

DVD et VOD - « Monos », adolescents dans la fièvre de la jungle



Disponible en vidéo à la demande et en DVD, Monos d’Alejandro Landes fait partie de ces films uniques, au ton jamais entendu, surprenant du début à la fin. Une œuvre où comédiens professionnels doivent jouer avec des amateurs encore plus vrais que nature. Le tout dans une nature sauvage et pas toujours hospitalières, omniprésente, véritable vedette de cette histoire.
De nos jours en Colombie, un groupe d’adolescents enrôlés dans l’armée révolutionnaire clandestine, est chargé de surveiller une otage américaine. Cette femme, médecin, est une monnaie d’échange précieuse. Il faut la préserver. Les jeunes la détiennent presque au sommet d’une montagne. Il y fait froid et humide. Des conditions de vie extrêmes. Régulièrement , un messager vient prendre des nouvelles de l’otage. Cette fois, en plus, il amène une vache laitière qui permettra d’améliorer l’ordinaire de la troupe et de la prisonnière. 
La première partie du film raconte la vie de ces jeunes, six garçons et deux filles, coupés du monde, s’amusant malgré tout, dans la boue et le froid. Tout bascule quand la vache est ruée par inadvertance. Ils sont tous armés de mitraillette et une rafale est vite tirée, juste pour briser le silence. La panique gagne le groupe, l’union se désagrège, la violence prend le dessus. 
Tourné dans des conditions éprouvantes, ce long-métrage du Brésilien Alejandro Landes risque de vous marquer. Par les émotions fortes qu’il suscite mais aussi les paysages majestueux d’immensité et de liberté, denrées particulièrement rares depuis quelques semaines. Donc si vous avez envie d’un bol d’air frais, regardez en urgence Monos, vous ne serez pas déçu.