mercredi 20 mai 2020

DVD - Dans les eaux troubles des affaires des « Gentlemen »



Cela faisait plus de dix ans que Guy Ritchie avait le scénario de « The Gentlemen » dans un coin de sa tête. Une histoire tellement complexe et étoffée qu’il envisageait dans un premier temps d’en faire une série télé. Finalement il a condensé l’action, conservé les moments forts et les rebondissements pour en faire un film de deux heures qui se déguste comme un bon whisky irlandais, à petite gorgée et minuscule lampée.

Casting de rêve

Après quelques échecs commerciaux en France, Guy Ritchie casse la baraque avec Sherlock Holmes et surtout Aladdin. Résultat il peut enfin se consacrer à ce projet personnel qui lui tient à cœur et surtout réunir un casting d’exception. Dans le rôle du héros, ou du moins du personnage principal Michael Pearson, Matthew McConaughey. Charlie Hunnam sera Ray son bras droit et Hugh Grant Fletcher, journaliste et narrateur officiel. 

Rajoutez Michelle Dockery dans le rôle de l’épouse de Pearson et Colin Farrell en coach hilarant de boxe et vous avez de la dynamite pour un film d’action très cérébral. Car si ça bouge beaucoup chez ces « Gentlemen », ça réfléchit aussi en permanence. Histoire d’avoir un coup d’avance face à des concurrents peu scrupuleux. 

Michael Pearson est le roi du cannabis en Angleterre. Il a plusieurs « fermes » dissimulées en Angleterre dans des lieux totalement insoupçonnables. Une véritable industrie qu’il décide de revendre. Deux acheteurs sont intéressés. Un financier américain et un jeune ambitieux de la mafia chinoise. 

Mais le véritable danger vient de Fletcher. Ce journaliste freelance bosse pour les pires tabloïds britanniques. Il a reçu carte blanche d’un rédacteur en chef rancunier pour faire tomber Pearson.   Il a un dossier complet, mais avant de le publier, il le propose à Ray, le bras droit de Pearson, pour quelques millions de livres, soit 50 fois plus que le prix de sa pige. 

On adore cet enchaînement de coups fourrés, de manœuvres vicieuses et de coups de billard à trois, voire quatre bandes. L’histoire est tordue à souhait, avec quelques scènes d’anthologie comme la descente de Ray dans une HLM pour récupérer la fille d’un aristocrate tombée dans la drogue ou le braquage de la femme de Pearson dans son garage.  Sans oublier toutes les apparitions de Colin Farrell, totalement irrésistible dans son interprétation d’un coach de boxe se dévouant pour permettre à quelques petites frappes de banlieue de s’en sortir dans la vie sans trop passer par la case prison. Le film est disponible à l’achat numérique à partir de ce mercredi, puis sur toutes les plateformes de VOD le 28 et enfin en DVD et bluray le 6 juin chez M6 Vidéo. 

mardi 19 mai 2020

De choses et d’autres - Paroles contagieuses


Selon une étude scientifique, le simple fait de parler peut transmettre le coronavirus si l’on est contaminé. Ce ne sont pas que les postillons provoqués par un éternuement qui sont dangereux. En fait, dès qu’on ouvre la bouche et qu’on s’exprime, on projette avec l’air expiré des microgouttelettes, comme de l’aérosol, qui ne demande qu’à aller se déposer chez le voisin distant de deux à trois mètres. 

Si par malheur la tramontane souffle dans le dos du malade qui parle un peu trop, c’est tout le quartier qui devient un cluster sans que personne ne casse la chaîne des gestes barrières. Alors en plus du masque, de la distanciation physique et du confinement, j’aurai envie de demander à tout un chacun de la fermer. Oui, un peu de silence pour le bien de l’Humanité. 

Avouez que vous aussi vous en rêvez de ce silence qui au début du confinement avait saisi tout le monde. Aujourd’hui, comme pour rattraper le retard, tout le monde a quelque chose à dire, à prouver, à expliquer ou tout simplement à raconter son confinement qui ressemble en tout point à celui qu’on a vécu…  Sans compter les experts, analystes et autres pers
onnalités de référence qui écument les plateaux télé. De véritables moulins à parole capables de dire blanc le lundi sur BFM, noir le mardi à FranceInfo et gris le mercredi sur CNews. 

A eux seuls, ils pourraient alimenter en électricité l’Aude et les Pyrénées-Orientales si des investisseurs leur plantaient des éoliennes sous le nez. Par contre j’ai des doutes sur l’étude des paroles contagieuses. Car si c’était vrai les présentateurs qui se trouvent au centre de ce cirque médiatique seraient tous morts et enterrés pour cause de surcharge de virus. 

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 19 mai

Série Télé - Réalité polonaise avec The Mire


On ne peut pas reprocher à Netflix de ne pas investir partout en Europe. Pour preuve Rojst, mini-série polonaise de cinq épisodes rebaptisée The Mire pour sa sortie mondiale la semaine dernière sur la plateforme de SVOD. L’action se déroule dans les années 80 en Pologne. L’appareil communiste règne toujours en maître sur la pays. Dans cette province reculée, la Vovoïde, un jeune journaliste encore plein d’illusions.

 Confronté à un double crime (une jeune prostituée et son client, un cacique du Parti), retrouvés égorgés dans la forêt), il réfute l’explication officielle de la police et décide d’enquêter. Rapidement il va remuer cette boue qui gangrène la société. Et se retrouver à son tour menacé. 

C’est noir, sombre et pessimisme. La reconstitution de la Pologne d’avant Solidarnosc est bluffante et les comédiens excellents. Une jolie surprise, qui tient en haleine l’abonné du début à la fin. 

lundi 18 mai 2020

Littérature - Deux Musso pour relancer l’édition


En cette période économique compliquée pour le secteur de l’édition, personne ne va rouspéter si un champion des ventes permet au public de revenir dans les magasins. Guillaume Musso devrait donc attirer nombre de lecteurs pour la sortie de son nouveau roman, La Vie est un roman, aux éditions Calmann-Lévy, le 26 mai et dès à présent La vie secrète des écrivains au format poche.  

Dans ce dernier roman, après avoir publié trois livres devenus cultes, le célèbre écrivain Nathan Fawles annonce qu’il arrête d’écrire et se retire à Beaumont, une île sauvage et sublime au large des côtes de la Méditerranée.
Vingt ans après, alors que ses romans continuent de captiver les lecteurs, Mathilde Monney, une jeune journaliste, débarque sur l’île, bien décidée à percer son secret. Commence entre eux un dangereux face-à-face, où se heurtent vérités et mensonges, où se frôlent l’amour et la peur…

« La vie secrète des écrivains », Le Livre de Poche, 8,40 € (article paru le lundi 18 mai dans l'Indépendant du Midi)


dimanche 17 mai 2020

BD - Une jeune Chinoise dans la tourmente


Maryse et Jean-François Charles après les Indes et l’Afrique, consacrent leur nouvelle saga à la Chine des années 30. Alors que Mao est sur le chemin du pouvoir, la jeune Li quitte Shangai pour Paris. 



Protégée par son père spirituel, le mystérieux et honorable monsieur Zhang, elle découvre les joies de la vie à l’Occidentale. Elle s’amourache d’un peintre vivotant à Montmartre. Une romance qui se termine tragiquement. 
Li va devoir revenir en Chine alors que Zhang, poursuivi par les troupes nationalistes, se cache. C’est toute l’histoire contemporaine chinoise qui est passée au crible dans cette série toujours en couleurs directes, alternant les planches bourrées d’action et les grandes pages-tableaux que tout esthète digne de ce nom rêverait d’accrocher dans son salon.

« China Li » (tome 2), Casterman, 14,50 €


BD - A la recherche des colons perdus


Grande fresque de science-fiction que cette Colonisation signée Filippi et Cucca. Dans un futur très lointain, l’Humanité a lancé de nombreuses nefs pour coloniser des mondes au-delà des galaxies. Certaines n’ont plus donné signe de vie depuis des siècles. Une nouvelle technologie de voyage permet à des équipages d’explorateurs de retrouver ces nefs et les colons installés sur des planètes vivables. 

Milla Aygon et son équipage repèrent des signes de vie sur une planète abordée par une nef. Ils se rendent sur place et rapidement se trouvent aux prises avec deux clans qui se détestent. L’un est resté dans la nef en orbite, l’autre s’est mélangé aux autochtones à la surface. 
Malgré le danger, Milla va devoir rapidement déterminer qui sont les bons et qui jouent les rôles des méchants. Si l’histoire n’a rien d’exceptionnel sur une thématique déjà vue et revue, on est par contre en admiration face aux planches colorées de ce monde imaginaire foisonnant. 

« Colonisation » (tome 4), Glénat, 13,90 €


BD - Le pire cow-boy d’un bon western


Connaissez-vous Billy, le pire cow-boy de toute l’histoire de la BD ? Si vous n’avez pas encore croisé ce drôle d’énergumène dans les pages du journal Spirou ou dans le premier tome des aventures de Walter Appleduck, vous avez encore la possibilité de rires de ses gaffes dans le second album qui vient de sortir cette semaine dans toutes les librairies. 
Billy, bien qu’il ait un QI encore mois élevé que celui d’une moule, a hérité du poste d’adjoint au shérif de la petite ville de Dirty Old Town. 

Dans le premier volume de ces histoires courtes écrites par Fabcaro et dessinées par Fabrice Erre, Walter, jeune Américain cultivé, décrochait un stage de cow-boy dans cette bourgade où le colt a toujours le dernier mot. Pour le tome 2, totale inversion des rôles. 
Walter revient dans la grande ville accompagné de Billy qui n’a jamais quitté l’Ouest sauvage. La confrontation entre un cow-boy bête comme ses pieds, raciste, macho et prétentieux et l’élite de la jeune nation américaine est source d’un nombre incalculable de gags. 
Chaque case est à se tordre, la moindre répartie de Billy hilarante. Un condensé de bonne humeur, parfait pour égayer la période.

« Walter Appleduck » (tome 2), Dupuis, 12,50 €


Roman - Quand le vent idiot guide les vagabonds


La littérature américaine doit énormément au récit Sur la route de Jack Kerouac. Cette simple idée de tout plaquer pour partir à l’aventure, l’esprit ouvert, juste pour avancer dans ce grand pays encore un peu sauvage et rencontrer des gens qui comme lui sont à la marge a éveillé bien des consciences, favorisé des carrières d’écrivains ou tout simplement poussé nombre de jeunes à se rebeller. 
Peter Kaldheim est passé par cette case « Sur la route ». Mais ce n’est pas au sortir de l’adolescence qu’il a chaussé ses baskets. A 30 ans passés, c’est contraint et forcé qu’il a déguerpi à la vitesse grand V du New York où il avait passé pourtant toute son enfance et le début de sa vie d’adulte à travailler dans le milieu de l’édition. Et comme Jack Kerouac, cette traversée des USA dans les années 80 est devenue un roman qui se savoure comme un café chaud après une nuit à la belle étoile à grelotter de froid.


Avec un réalisme absolu, sans jamais se prendre en pitié bien au contraire, Peter Kaldheim décrit le sale individu qu’il était devenu. Mauvais mari, alcoolique, drogué : en janvier 1987 il était prêt à tout pour acheter sa dose de cocaïne. Même à escroquer son dealer officiel, pourtant réputé pour ses méthodes violentes en cas de retard de paiement. 
Mais Peter, depuis quelques années, était sous l’influence de ce qu’il appelle le « vent idiot », cet Idiot Vent qui donne son titre au roman. « Je l’avais vu faire s’envoler à peu près tout ce qui aurait dû compter pour moi. Mon mariage. Ma carrière. Le respect de mes parents et amis. Même un endroit où poser la tête la nuit. » En pleine tempête de neige, Peter dépense ses derniers dollars pour un billet de bus. 
Une centaine de kilomètres au chaud puis il entreprend, en stop, de rejoindre la côte ouest. Ce périple, dans l’Amérique des clochards et des vagabonds, il le raconte avec une faconde réjouissante. Malgré le froid, la faim, le manque de drogue, il continue à avancer, rencontrant de belles âmes qui contrairement à lui dans sa première vie, ne cèdent jamais à l’individualisme. Certes, le chemin est parfois semé d’embûches, mais ce nouveau vent le pousse vers une vie libre et sans addictions. Quatre mois plus tard, il pose son baluchon dans le parc de Yellowstone. 20 ans plus tard il reprend sa carrière littéraire pour publier ces mémoires, le « Sur la route » de la fin du XXe siècle. 

"Idiot wind", Peter Kaldheim, Delcourt littérature, 22 €



samedi 16 mai 2020

Série télé - Les étranges pratiques de «Hollywood»


Si Hollywood, le cinéma et les grands studios font un peu moins rêver de nos jours, à la fin de la seconde guerre mondiale, cette ville était le symbole de la réussite, de la gloire et de la reconnaissance. Voilà pourquoi des centaines de jeunes hommes et femmes, une fois leur devoir de citoyen accompli, ont déferlé dans la région pour accéder au Saint-Graal: décrocher un contrat avec un studio. 


Cette mini-série sur Netflix de 7 épisodes signés Ryan Murphy (Glee, The Politician) plonge littéralement le spectateur au cœur de cette marmite en ébullition. On suit le parcours de quelques aspirants à la gloire, un réalisateur, un scénariste, plusieurs acteurs et actrices. Premier à entrer en scène, Jack (David Corenswet), tente vainement de faire de la figuration. Il a une belle gueule mais aucune expérience de comédien. 
Criblé de dettes, il accepte un boulot dans une station-service qui sert de couverture à un proxénète. Jack, bel étalon toujours prêt à rendre service, va gagner beaucoup d’argent et se faire des relations. Il va ainsi rencontrer la femme du propriétaire d’un studio et pouvoir faire ses preuves devant la caméra. Il sera rejoint au fil des épisodes par un scénariste, noir et homosexuel et un réalisateur qui veut permettre aux minorités d’exister à l’écran. Une comédienne, noire, va venir compléter le portrait de cette Amérique des années 50 très raciste et pas du tout tolérante. Pourtant dans la série, comme si tout se passait dans un monde parallèle, tous vont rencontrer le succès.
 Brillamment réalisé, avec des décors dignes des grosses productions de l’époque, «Hollywood» n’est pas le biopic réaliste d’une génération mais sa version rêvée si tolérance et ouverture d’esprit avaient eu droit de cité. 

Cinéma - Vous reprendrez bien une petite tranche de «Bizon»


Présenté au public catalan en 2014, le projet cinématographique Bizon démontrait que le cinéma de genre ne s’était jamais aussi bien porté. Cette succession de cinq courts-métrages formait au final un long-métrage de cinéma des plus réussi. Porté par la société A304PROD, Bizon est réalisé par Cyril Delon, Jean-Luc Moly, Richard Corzo et Ludovic Goujon. Cyril Delon, l’homme à tout faire de Bizon (il réalise une partie, monte le tout et interprète un des personnages principaux) a décidé pour le dernier week-end avant la reprise, de proposer gratuitement sur YouTube cette « série de courts-métrages zombiesques." Et de préciser que, "sorti au cinéma dans plus de 20 villes et salles en France, notre projet BIZON a cumulé plus de 8 000 entrées, et s’est écoulé à quelque 600 DVD en Fnac… »

Le virus H-21 

Le film, plus comédie noire que véritable film d’horreur, fait écho à la pandémie actuelle. «explique le réalisateur. La première partie montre comment les quatre «héros» apprennent et vivent les premières heures de l’épidémie.


On découvre que c’est Michel (Cyril Delon) qui par sa bêtise maximale va contaminer toute la région. Gaëlle, une jeune femme battue par son compagnon va profiter de la crise pour se venger, Julien, banquier affairiste va voir son monde s’écrouler et Kader, petite frappe mythomane, passé la stupeur, va se rêver en roi du monde. La dernière demi-heure voit les quatre se rapprocher et s’unir pour fuir l’armée de zombies affamés. Les amateurs de paysages de la région, apprécieront les décors naturels des Pyrénées-Orientales, de la forêt des Albères à la plage du Racou, ultime étape du seul survivant.
Si les quatre portraits sont relativement inégaux en qualité, le tout est parfaitement cohérent et le final rythmé et angoissant. On saluera au passage la performance de Cyril Delon qui n’a décidément pas froid aux yeux. En plus d’interpréter un parfait abruti, il passe un tiers du film en slip et toutes les scènes de la fuite dans la forêt, il est en petite robe d’été… Une chose est sûre dans son cas: fumer tue.
Ce joli cadeau fait aux internautes par A304PROD pour la fin du confinement prouve que la région regorge de talents qui ne demandent qu’à s’exprimer.