mercredi 20 août 2008

BD - Cigares connection


La mode est aux BD se déroulant sur deux époques différentes. « Flor de Luna » est écrite sur ce principe. Le lecteur suit en parallèle les événements contemporains qui bousculent l'empire du cigare dirigé par la famille Porter et la création de cette société, à Cuba au 19e siècle. Diego Castellano, seul, est arrivé à faire pousser du tabac sur un bout de terre qu'il a défriché de ses propres mains.

 Mais sa situation financière reste précaire. Il assure ses arrières en passant un accord secret avec des contrebandiers. Diego qui n'est pas insensible aux malheurs de la belle Lucia. Fille d'un riche planteur, elle est donnée en mariage au chef de l'armée espagnole. Un homme violent, égoïste et raciste. De cette union naîtra une petite fille, ressemblant plus à son père qu'à sa mère. Une saga qui va être marquée par des meurtres déclenchant une vengeance qui pourrait trouver son aboutissement de nos jours. 

Un scénario intrigant et plein de rebondissements de Pierre Boisserie, dessiné par Eric Stalner associé pour l'occasion à Eric Lambert.

« Flor de luna » (tome 2), Glénat, 12,50 € 

mardi 19 août 2008

BD - L'éveil du démon


Un tueur en série frappe Paris. « L'équarisseur » comme le surnomme la presse, toujours prompte à trouver des sobriquets aux pires abominations. Il s'attaque à des personnes n'ayant aucune relation les unes avec les autres. 

Une mort violente, presque immédiate, puis il enlève un membre. Jambe, main, tête et même un cœur. Les policiers, sans une seule piste, sont sur les nerfs. Ils ont bien un brocanteur pour suspect, mais sont obligés de le relâcher faute de preuve. Les policiers, très terre-à-terre, sont loin de se douter que c'est un démon, sur le point de se libérer de la prison de Piranèse située dans le vortex de Montfort qui sème la terreur. 

Par contre Arnaud de Saint-Glaive, occultiste, à la tête d'un groupe chargé de surveiller Montfort, se doute de ce qu'il se passe. Mais il est impuissant tant qu'il ne connaît pas l'identité du démon et surtout sous quelle enveloppe charnelle il parvient à agir dans le monde réel. 

Cette passionnante série fantastique, écrite par Isabelle Mercier et Roger Seiter, est illustrée par Max, très à l'aise sur le volet fantastique.

« Dark » (tome 2), Casterman, 9,80 € 

lundi 18 août 2008

BD - Dans l'enfer de Verdun


Souvenirs de Verdun, de la Grande guerre et d'un soldat de légende, Amaréo Zamaï. Ces souvenirs, ce sont ceux de Blaise Boforlant, intellectuel et soldat durant la guerre de 14 – 18, créateur du journal réservé aux poilus, « Le cœur des batailles ». 

En juin 1940, en pleine débâcle française, à Strasbourg, il est interrogé par un jeune journaliste américain. Ce dernier cherche à en savoir un peu plus sur Zamaï, devenu un véritable mythe dans toutes les armées du monde. Morvan, dans ce scénario très littéraire, parvient à faire ressortir l'extraordinaire boucherie que fut cette guerre des tranchées. « Des morts-vivants, voilà ce que nous étions, coincés dans un purgatoire sans savoir quand viendrait notre tour de passer à la trappe » fait-il dire à Boforlant. 

Un cauchemar qui n'a pourtant aucune emprise sur le fier soldat noir, guerrier plus que simple fantassin. Sa légende s'écrira au quotidien, notamment à la bataille du fort de Vaux. Sang, tripes, boue, chairs putrides et blessures gangrenées : Kordey, le dessinateur, n'a pas la partie facile. Heureusement il lui reste Zamaï... 

« Le cœur des batailles » (tome 2), Delcourt, 12,90 € 

dimanche 17 août 2008

BD - Les rois de la bricole


Ne vous laissez pas avoir par la première impression du dessin de Laudrain. Il semble assez sommaire, brouillon et enfantin. En fait, le dessinateur parvient à faire passer beaucoup de choses dans les regards, poses et attitudes de ses personnages caricaturaux à l'extrême. Son petit monde est exclusivement composé de bricoleurs. 

Pas très doués. Donc source de gags multiples et variés. C'est le second tome et Laudrain n'hésite pas à aborder tous les thèmes, de l'électricité au jardinage en passant par la peinture ou la maçonnerie. Des amateurs d'une bêtise absolue, mais passionnés. 

Ce n'est bien évidemment pas la série du siècle, mais il faut bien admettre qu'au détour d'un gag on reconnaît un voisin, un ami, voire soi-même, preuve que l'auteur est un bon observateur.

« B. comme bricoleur » (tome2), Vents d'Ouest, 9,40 € 

samedi 16 août 2008

BD - Les trois damnées


Il ne faut pas tenter de faire des innovations en magie quand on n'est pas sûr du résultat. Ibrahim, jeune sorcier d'une île imaginaire de la caraïbe en fait les frais. Il tente de mêler vaudou et informatique. Pour impressionner une jolie fille, il tente de faire revivre une damnée. Il essaie trois fois (en crachant de l'alcool frelaté sur de l'argile de Yambomba arrosée du sang d'une poule pondeuse) mais n'obtient que des monticules informes. 

Ce n'est que quelques heures plus tard qu'il découvre que sa recette n'était pas si mauvaise. Les trois formes se sont transformées en trois êtres vivants : la même personne, Sandra, à trois âges différents. Il y a la Sandra enfant, la Sandra adulte dans la plénitude de ses moyens et la Sandra morte, zombi décharné. Ibrahim va essayer de réparer son erreur car Sandra étant damnée, les démons de l'enfer ont bien l'intention de la capturer pour la ramener dans les flammes des bas-fonds. 

Une série fantastique ne se prenant jamais au sérieux, par un auteur espagnol, Santiago Arcas au trait ressemblant parfois à celui de Crumb. Il aime les femmes, les femmes ayant du caractère. Sandra, ancienne championne de lutte (l'album a un côté Lucha Libre) n'a pas l'intention de se laisser faire et les démons vont passer un sale quart d'heure.

« Sandra », Vent des Savanes, 12,50 € 

jeudi 14 août 2008

BD - L'heure des mutants, dernière aventure de Zowie


Troisième et dernier tome des nouvelles aventures de Zowie. Le blondinet imaginé par Bosse et Darasse a la lourde tâche de sauver le royaume de Magisterra. Il est l'Alpha protecteur alors que sa copine, Zia, une ado gothique, est l'Omega. Problème, un des seigneurs de l'ombre est bien décidé de régner en maître sur Magisterra. Il a donc mis la tête de Zowie à prix. Le jeune héros a une bande de pirates aux trousses et un assassin aveugle utilisant des boites à désintégrer très efficace. 

La première partie est une course poursuite dans notre monde, avec combats à la clé. Ensuite l'action se déplace à Magisterra. Zia, sceptique au début (tout en étant gothique elle ne croit pas à la magie...) doit admettre que les monstres, zombies et autres mutants existent et qu'ils ne sont pas spécialement amicaux. 

L'affrontement final permettra à Magisterra de retrouver son calme. Espérons que ces trois tomes, imaginatifs, amusants et bien rythmés, ne seront pas les seuls du renouveau d'une série poétique et novatrice restée trop longtemps dans les oubliettes de la BD.

« Zowie » (tome 3), Dargaud, 9,25 € 

mercredi 13 août 2008

BD - Le hold-up du désespoir

Initiative originale des éditions Bamboo pour le troisième et dernier volet de la série « Welcome to Hope ». En plus de l'album, vous aurez le roman écrit en parallèle par le scénariste Damien Marie. Roman noir, avec quelques scène non reprises dans la version graphique. Le lecteur revient donc une nouvelle fois dans cette petite ville américaine aux mœurs particulières et peu recommandables. Quelques loosers vont tenter de remporter la mise malgré les atouts des notables bien installés. 

Une histoire allant crescendo et qui atteindra son summum lors d'un hold-up de la petite banque de la localité. Cody, bon petit gars, a en marre d'être le dindon de la farce. Et il besoin de beaucoup de dollars pour prendre la fuite avec sa petite amie, Norma. Il braque donc le banquier et tue le gardien. Il prend en otage les clients alors que le shérif assiège le bâtiment. 

Cela semble mort pour Cody quand il reçoit l'aide inespérée de Scott, un joueur de poker qui pour une fois voit la chance tourner. Une intrigue ciselée avec précision permet à ce troisième tome de clore avec brio une série dessinée par Vanders.

« Welcome to Hope » (tome 3), Bamboo, 12,90 € 

mardi 12 août 2008

BD - Beowulf : aux sources de l'heroic fantasy


Livre mythique et très connu en Grande-Bretagne, la saga de Beowulf est beaucoup plus confidentielle en France. Ce long poème en prose, écrit vers l'an Mil, raconte la lutte entre un guerrier, Beowulf et un démon, Grendel, puis une ogresse (la mère de Grendel) et finalement un dragon. La collection Ex-Libris, sous la conduite éditoriale de Morvan, a décidé d'en présenter une adaptation. Michel Dufranne s'est chargé du scénario alors que l'illustration en a été confiée à Javier Navarro Barreno. 

La première partie présente le combat entre Beowulf et Grendel. Le monstre vient chaque nuit tuer des soldats de Hrothgar, seigneur des Danois. Un carnage, une fatalité. C'est finalement un des meilleurs guerriers du royaume, Beowulf, qui accepte d'affronter Grendel. L'album est découpé en trois séquences bien distinctes. Une première montre les massacres, la seconde, un peu longue et statique, la rencontre entre le seigneur et Beowulf. La dernière, la plus virtuose, décrit sur une quinzaine de pages l'affrontement final. 

Le dessinateur a su retranscrire cette ambiance de lutte bestiale sans merci. Une véritable prouesse graphique à déguster dans le détail.

« Beowulf » (tome1), Delcourt, 12,90 € 

lundi 11 août 2008

BD - La bonne "SF de papa" à redécouvrir avec Luc Orient en intégrale


Au début des années 70, Michel Greg, en devenant rédacteur en chef du journal Tintin, a voulu offrir à ses lecteurs un maximum de diversité dans les histoires à suivre. Il a donc lancé de nombreuses séries, devenant un des scénaristes les plus prolifiques. Western (Comanche), aventure (Bernard Prince), espionnage (Bruno Brazil), il manquant une BD de science-fiction. Il a donc écrit Luc Orient pour Eddy Paape. 18 titres après, étalés sur une vingtaines d'années, la série s'est épuisée. 

Les éditions du Lombard ont décidé de la ressusciter sous forme d'intégrales. Dans ce troisième recueil, le lecteur pourra découvrir des histoires mémorables. « Le sixième continent » met aux prises le héros à une société calquée sur le fonctionnement d'une fourmilière. Cauchemar assuré. Mais vous pourrez surtout franchir « La porte de cristal », première partie de la saga finale. Luc Orient est entraîné dans une course contre la montre dans le temps pour tenter de sauver une civilisation. 

Du space opéra assez classique mais très efficace, novateur pour les jeunes lecteurs de l'époque. Eddy Paape dessine consciencieusement ces récits mouvementés, excellant dans la création des monstres intergalactiques.

« Luc Orient » (intégrale 3), Le Lombard, 17 € 

dimanche 10 août 2008

SF - Arlequin protecteur


Entre fantastique et thriller, cette série des Mondes parallèles de John Twelve Hawks est aussi la dénonciation de notre société informatisée.

Même dans les coins les plus reculés de la France profonde, il existe des caméras de surveillance ou des webcams qui pourraient, en direct, filmer, espionner, ce qui se passe. Dans les grandes villes, de nos jours, il est quasiment impossible de ne pas être filmé à plusieurs reprises durant une journée. John Twelve Hawks, dans ce monde qu'il décrit dans ses romans et qui ressemble tellement au nôtre, part du principe que ces caméras espions sont toutes reliées entre elles au service d'une société secrète, la Tabula, qui a la prétention de régenter le monde dans l'ombre. La Tabula est composée de Frères. Elle n'a qu'un ennemi : la confrérie des Voyageurs. Des humains aux pouvoirs surnaturels, pouvant passer d'un monde à un autre. Voyageurs protégés par les Arlequins, guerriers entièrement dévoués à la cause des premiers.
Dans le premier tome (qui est offert avec le second volume, une édition limitée au premier tirage), il ne restait plus que deux Voyageurs, des frères, Gabriel et Michael Corrigan. Ils sont sous la protection de Maya, une jeune Arlequin. Si Gabriel restera fidèle à sa cause, Michael choisira le camp adverse et rejoindra la puissante Tabula.
« L'Arlequin » débute par une expédition des Frères dans une communauté isolée au coeur de l'Arizona. Tous, ayant choisi de vivre avec un minimum de technologie, seront exterminés. Un massacre transformé en suicide collectif. Gabriel n'est pas dupe. D'autant qu'il y a eu une rescapée, une petite fille. Réfugié à New York, le dernier Voyageur ne restera pas longtemps dans sa cachette. Les armes de la Tabula sont multiples et très efficaces. Il devra fuir et encore fuir, avec Maya qui le protège et lutte pour ne pas tomber amoureuse de ce bau jeune homme sensible. Une course haletante qui emmène le lecteur de Londres à Berlin en passant par Rome et l'Afrique.
Les thématiques abordées par John Twelve Hawks font parfois penser aux romans de Stephen King. Et qui sait ? En effet, personne ne sait qui se cache derrière ce pseudonyme. Pas de photos ni de biographie, l'éditeur ne sait même pas s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. Un culte du secret qui confine à la paranoïa. Mais en découvrant la société décrite par l'auteur, on se doute que la discrétion est une des dernières armes de l'homme pour rester libre.
« L'arlequin » (Les mondes parallèles, tome 2), John Twelve Hawks, Lattès, 22 €