lundi 10 décembre 2007

BD - Rions de la réalité de la télé


Titre un peu trompeur pour cette série imaginée par Panetier et dessinée par Ghorbani. Il ne s'agit pas d'une caricature de la téléralité mais plutôt de gags et récits complets présentant « la réalité de la télévision ». Des parodies d'émission existantes, dans une chaîne imaginaire ressemblant à un mix de TF1 et de M6. Cela commence fort avec une volée de bois vert contre l'indépendance de ces rédactions dépendant d'un patron, par ailleurs gros industriels et élu de la République. 

Parmi les présentateurs « récurrents », Sébastien Lourdingue, le titulaire de la météo. Ses chiffres d'audience sont catastrophiques. Mais difficile pour le directeur des programmes de virer le... neveu du patron. De copinage et de piston il en est également question dans une parodie de l'émission de Laurent Ruquier. Parodie très proche de la réalité tant il est vrai que l'autopromotion et la flagornerie entre chroniqueurs est une réalité de ces émissions censées nous dire ce qui est bien... 

Les deux auteurs s'attaquent également aux séries télés, proposant une version très masochiste de « Prison Break ». Reste le meilleur, trois pages sous forme d'une bande annonce vantant la nouvelle série « Perdus ». L'histoire de rescapés d'un naufrage peu ordinaire.

"Télé réalité", Vents d'Ouest, 9,40 € 

dimanche 9 décembre 2007

BD - Du silex au quartz avec "Neandertal"


En ces temps anciens, reculés, obscurs, les hommes vivaient en clans et n'avaient qu'un but : ramener suffisamment de nourriture pour satisfaire toutes les bouches. Dans une grotte, Laghou de la tribu du clan de l'Ours, ne participe pas aux chasses. Il est boiteux. Mais il est quand même très utile à ses frères car il est adroit de ses mains et sait parfaitement tailler pierres et silex, essentiels pour fabriquer des armes efficaces. 

Roudier, en débutant une nouvelle saga préhistorique, notamment sur les us et coutumes de l'homme de Neanderthal, plonge le lecteur dans un monde rude et sans concessions. Mais déjà avec des traîtrises pour acquérir le pouvoir. Quand le chef du clan est blessé mortellement par un bison, les autres guerriers décident de le venger. 

Une chasse dangereuse au cours de laquelle un ambitieux en profite pour éliminer ses rivaux, histoire de devenir le nouveau chef. Laghou est témoin de cette forfaiture. Il décide de venger ses frères assassinés. Pour cela il devra acquérir une arme redoutable : le cristal de chasse connu de nos jours sous le nom de quartz. 

Ne manquez pas dans cet album des planches muettes d'une grande pureté et essentielles dans la narration.

"Neandertal", Delcourt, 12,90 €

samedi 8 décembre 2007

Thriller - Vous n'oublierez pas la Villa Nirvana

Une maison au bout du monde, sur le Cap de Bonne-Espérance, imaginée par Vincent Crouzet. Un espion français va s'y damner.

Pas de doute, si Vincent Crouzet est un écrivain français, son inspiration il la trouve en Afrique australe. Après « Rouge Intense », thriller se déroulant dans le milieu des trafiquants de pierres précieuses, il revient sur ce bout de terre qu'il connaît bien en nous faisant visiter la « Villa Nirvana », maison au cœur de ce roman haletant et angoissant.

François Vargas, agent de la DGSE, est envoyé en Afrique du Sud par sa hiérarchie. Cet homme de l'ombre, habitué aux actions dangereuses et violentes, écope d'une mission aussi étonnante que monotone. Moby Dick, surnom d'un gros bonnet du trafic d'armes, installé dans la région, devait être surveillé par un agent français, Bruno, un compagnon d'armes de François. Mais depuis quelques jours, Bruno ne donne plus aucun signe de vie. Que s'est-il passé ? François a pour mission de le découvrir, tout en reprenant la surveillance de Moby Dick. Pour ce faire, il va se faire passer pour le frère de Bruno.

Un vent obsédant

François débarque donc un beau matin dans le petit village touristique de Scarborough, prend contact avec la police locale et récupère les actifs de son supposé frère : une voiture (un vieille Coccinelle), une villa en location, du matériel de plongée, une bonne, une maîtresse... Tout ne viendra pas d'un coup. Le premier contact avec la vie de Bruno ce sera la maison. Villa Nirvana, bâtisse perdue au bout d'une impasse, accolée à une autre résidence en travaux. Travaux visiblement abandonnés. Les voisins les plus proches ce sont des babouins, agressifs et protégés car en voie d'extinction. Et puis le vent, le Docteur. Au souffle puissant et aliénant qui, telle la Tramontane parfois en Catalogne, a tendance à faire dérailler François Vargas : « Putain de vent. Au départ, il a gémi. Puis il a hululé. J'ai perçu comme un galop. Il ne doit subsister que de la lande dans ce coin, tout autour. Un désert de lande. Rien ne résiste éternellement à cette force pure, mais encore à ce bruit qui court longuement avant de frapper ».

Le grand requin blanc

Après avoir fait connaissance avec le décor et les éléments, François va aller au devant des habitants. Tous bien mystérieux. En majorité très pessimistes sur l'avenir de Bruno. Il aurait été boulotté par un grand requin blanc alors qu'il nageait dans l'océan Indien. C'est la version de trois vieilles commères et de l'épicier du coin. La bonne de Bruno, une superbe princesse de sang Xhosa, vivant dans un bidonville et nettoyant les crasses des Blancs pour survivre, fascine François. Il tente vainement de percer son mystère.

Et puis un jour apparaît Kimberley. Une jeune femme très sportive, chef des coast gards de la région, marquée dans sa chair. Adolescente, un hameçon lancé par un de ses frères lui a déchiré la bouche. Depuis elle ne sourit que d'un côté. Mais en permanence. Kim qui était la maîtresse de Bruno. Kim qui a déjà perdu, au cours de nuits de lune noire, son mari puis son fils. Tous mangés par un requin blanc gigantesque que depuis elle chasse.

Avec maestria, en excellent stratège littéraire, Vincent Crouzet place ses pions dans ce décor unique, avec cavaliers, fous et... Reines. Sans oublier de nous dévoiler, par petites touches, la véritable personnalité de François qui, espion oblige, a souvent menti au cours de sa vie professionnelle. Mais pour ce qui des menteurs, il semble être tombé sur un nid grouillant de spécimens tous plus virtuoses les uns que les autres. Il finira cependant par découvrir le vérité, l'incroyable vérité.

« Villa Nirvana », Vincent Crouzet, Flammarion, 19,90 € 

vendredi 7 décembre 2007

BD - De sept en sept...

Après les Sept psychopathes recrutés pour assassiner Hitler, voici les sept voleurs réunis pour voler le trésor des nains, caché dans une montagne gardée par un dragon. On apprécie particulièrement les 20 premières planches, celles où on découvre les personnalités des voleurs et comment ils sont recrutés. 

Ebrinh et Ivarr, deux humains repérés, l'un pour son adresse à l'arc, l'autre pour sa faculté à forcer toutes les serrures, s'imposent vite comme les plus sceptiques du groupe composé en outre de deux nains, de deux orcs et d'un brave paysan, force de la nature n'ayant jamais quitté son village natal. Ils devront longuement marcher dans la forêt, ensemble, pour atteindre enfin le pays des nains et tenter de s'emparer du trésor. 

Le scénario de David Chauvel regorge de référence aux grands classiques de l'héroic-fantasy. C'est lui qui a développé le projet 7 et il a logiquement demandé au dessinateur d'Arthur, Jérôme Lereculey, de se charger de la mise en images de cette somptueuse saga.

Et si vous n'en avez pas assez du chiffre 7, vient de paraître le troisième titre de la série, « Sept Pirates » par Bertho (scénario) et McBurnie (dessin).

"Sept voleurs", Delcourt, 13,95 € 

jeudi 6 décembre 2007

BD - Alix et l'Ibère

Alix et Enak sont toujours au service de César. L'empereur romain, après avoir conquis la Gaule, s'attaque à la péninsule ibérique. Mais le peuple des Ibères est fier et difficile à soumettre, le stratège romain va s'en rendre compte à ses dépens. Sur ces terres arides, bordées par la Méditerranée, Alix semble las de ces batailles et conquêtes sans fin. César le comprend et lui offre une splendide ferme, idéalement placée. Mais pour cela il en chasse manu militari les actuels propriétaires, une famille d'Ibères vivant jusqu'alors en paix... 

Alix bien évidemment refuse, César insiste. Notre héros, contraint, s'installe dans le vaste bâtiment. Une nuit, il est capturé par une bande de rebelles ibères. A leur tête Tarago, fier guerrier prêt à tout pour libérer son peuple du joug romain. Entre lui et Alix, tout est prétexte à désaccord. Un face à face où forcément il y aura un vainqueur et un vaincu. 

Tout l'album, écrit par Jacques Martin, François Maingoval et Patrick Weber, est construit sur cet antagonisme rédhibitoire. Pourtant les deux hommes, fonctionnent sur le même principe et pourraient s'apprécier... Ce long duel peuplé de coups de théâtre a été dessiné par Christophe Simon. L'esprit de Jacques Martin est parfaitement conservé.

"Alix" n° 26, Casterman, 9,50 € 

mercredi 5 décembre 2007

BD - Eau trouble dans les avens

Troisième et dernière partie de cette exploration d'un Aven imaginé par Stefan et Laurent Astier. Un dernier épisode qui alterne flashbacks dans la jeunesse de quatre notables de ce village et enquête de nos jours, de plus en plus compliquée, de l'inspecteur Walec sur une inexpliquée vague de suicides. Walec se lance à la poursuite d'un mystérieux tireur. 

Ce dernier trouve refuge dans une immense grotte, d'où jaillit la source d'eau pétillante qui a fait la fortune du village. Walec ne se doute pas que quelques décennies auparavant, quatre jeunes adultes, à quelques jours de leur départ sous les drapeaux, avaient suivis dans cette même grotte une jeune femme. Cette dernière, étrangère, mystérieuse et farouche, participe avec son père à un véritable sabbat de sorcière. 

Mais si trois des jeunes témoins involontaires n'osent bouger de leur cachette, ce n'est pas le cas du plus riche, le plus arrogant, le plus saoul également ce soir-là. Une soirée lourde de conséquences pour les quatre amis. Walec, sans le vouloir, va se retrouver, de nos jours, au premier rang pour solder ce lourd héritage. 

Une fin très noire, mais qui est logique, tant cet Aven est un lieu à part, loin des conventions et de la morale.

"Aven", Vents d'Ouest, 9,40 € 

mardi 4 décembre 2007

BD - Histoires de meurtres

Véritablement passionnante et étonnante cette nouvelle série, écrite par Didier Convard et dessinée par Denis Falque. Ne croyez pas qu'il s'agit d'une nouvelle biographie d'un tueur en série ayant sévit il y quelques années. Certes on pourrait le croire en découvrant les première planches, se déroulant en 1980 sur le bassin d'Arcachon. Un jeune homme tente de séduire une adolescente. Face à son refus, il lui attache les chevilles avec une ficelle et lui met un baillon dans la bouche. Puis... 

Changement radical d'ambiance dans la séquence suivante. De nos jours, le maire d'une grande ville donne un bal à l'occasion de ses 20 ans de mariage. En pleine soirée, un inconnu lui remet un DVD. Dessus, l'assassinat de sa jeune maîtresse, une étudiante en journalisme. Le maire demande à un ami policier de récupérer l'ordinateur portable de la jeune femme. Bien que persuadé qu'il réalise une énorme bêtise, le policier s'exécute. Il perturbe ainsi sa propre enquête sur le tueur à la ficelle, un assassin qui habituellement tue des prostituées en plein air après leur avoir attaché les chevilles. 

Magouilles politiques, chantage, secrets inavouables : cette série, outre une intrigue pleine de rebondissements, explore un monde peu mis en valeur par la BD.

"Le protocole du tueur", Glénat, 9,40 € 

lundi 3 décembre 2007

BD - Quand l'amour se transforme en une drogue aveugle

De toutes les séries imaginées par le scénariste Jean Dufaux, Djinn est celle où il a poussé le plus la problématique de l'interdépendance de l'homme et de la femme. Quand l'amour se transforme en une drogue aveugle, la passion poussant au crime ou au sacrifice. Des sentiments exacerbés et magnifiés par les dessins d'Ana Mirallès. 

Le septième tome de cette série sensuelle et charnelle débute en Afrique. Un aventurier est capturé par les guerriers Orushi. Il est présenté à la déesse Anatku. Une jeune femme, le corps recouvert de peinture, droguée, ne se souvenant plus qu'elle s'appelle en fait Jade et qu'il était venu la rechercher à la demande de Miranda Nelson, noble anglaise prête à tout pour retrouver les faveurs de son ancienne maîtresse. 

Un album plein de tam tam, de déclarations d'amour et de fiers guerriers.

« Djinn », Dargaud, 11 euros 

dimanche 2 décembre 2007

BD - Clones temporels et voyageurs


Couverture de Guardino, scénario de Boisserie, dessin de Stalner, rythme de parution rapide : « Voyageur » bénéficie de tous les ingrédients pour rapidement accrocher le lecteur. Une histoire de science-fiction s'étalant sur plusieurs époques. 

Les auteurs débutent par le futur. Quatre albums présentant ce monde, conséquences des deux autres cycles, présent et passé. Dans un Paris transformé en gigantesque camp de concentration d'un côté, centre de recherche génétique de l'autre, deux jumeaux, Lou et Fish tentent d'échapper aux griffes de leur créateur, Markovic. Des adolescents aux pouvoirs surnaturels. Mais ils ne sont pas seuls, Markovic dans ses laboratoires fabrique de nouveaux clones. 

Palpitantes, ces aventures de liberté et lutte contre la dictature, tiennent en haleine le lecteur.

« Voyageur », Glénat, 12,50 euros 

samedi 1 décembre 2007

BD - Spirou revival par Yann et Tarrin


Cet album a le goût d'un Franquin, le trait d'un Franquin, mais c'est un... Tarrin. Fabrice de son prénom, surdoué du dessin, installé à Montpellier et qui a travaillé plus de deux années pour achever cette aventure de « Spirou et Fantasio par... » 

Le scénario est de Yann, père spirituel de Tarrin, brillant dessinateur mais également esprit très caustique. Un duo de rêve pour « exploser » le mythe Spirou. Perdu, ils signent un album qui conserve l'esprit, le retrouve plus exactement. Nos deux héros, avec le comte de Champignac et une Seccotine qui prend enfin toute son importance, iront au Tibet à la recherche de la momie d'une princesse. 

Il est également question d'ancêtres, de champignons et d'un nouvel animal qu'on aimerait bien revoir dans les prochaines aventures, classiques, de ce héros immortel.

« Le tombeau des Champignac », Dupuis, 13 euros