vendredi 31 décembre 2021

BD - Un Prince en images

Superbe réalisation collective que cet album retraçant la vie et la carrière de Prince. Sur un scénario de Tony Lourenco, une partie documentaire de Nicolas Finet et des dessins d’une quinzaine de jeunes auteurs, vous découvrirez la jeunesse de ce musicien d’exception. 

Des problèmes avec son père puis son beau-père expliquent parfois cette passion qu’il a toujours eue pour les femmes. Une fois lancé dans l’univers de la pop américaine, son ascension a été fulgurante. 

Sans la moindre flagornerie, les auteurs racontent simplement cette vie totalement dédiée à la scène et à la musique.

« Prince en BD », Petit à Petit, 19,90 €

De choses et d’autres - Fraude fiscale : le coiffeur était de mèche

Quand l’annonce que le célèbre coiffeur Franck Provost a été mis en examen cette semaine pour « abus de biens sociaux » et « blanchiment en bande organisée de fraude fiscale aggravée » est apparue hier sur les réseaux sociaux, et notamment Twitter, on a vu rapidement fleurir quantité de jeux de mots, souvent tirés par les cheveux.

Un hommage aux noms des boutiques qui rivalisent d’ingéniosité pour trouver des mots à base de « tif » ou de « hair ». Franck Provost a fait les frais de ce déchaînement d’esprit français dans toute sa splendeur.

Certains, après avoir remarqué amusés que le vendeur de coloration est accusé de blanchiment, ont prétendu qu’il était en fuite, un fugi’tif en quelque sorte. Un autre a remarqué que les juges étaient de Nant’Hair. La première déclaration de l’accusé : « Je ne suis pas faux tif ! ». Pourtant il a été placé sous contrôle judici’hair. En attendant de retrouver le centre pénitenci’hair. Certains se sont adressés directement au suspect : « La prison, faudra tif hair ».
Toute l’affaire est résumée par cette tirade qui remporte le bonnet des lieux communs autour de la coiffure : « Qui était de mèche ? Ses complices étaient-ils sous sa coupe ? Des faits commis de manière permanente ? Comment cela a-t-il coupé court ? Tous les indices passés au peigne fin. » Bref, ce n’était plus Twitter, mais Twit’Hair.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 24 décembre 2021

jeudi 30 décembre 2021

Edition - Pour les fêtes, lisez local

Pour cette fin d’année, n’hésitez pas à puiser dans la grande production de romans et livres locaux. Voici un petit florilège des dernières parutions.


« Souvenirs en vrac »
de Guy Gouarin (10 €) A 70 ans, Guy Gouarin a profité d’une immobilisation forcée (une chute à vélo) pour se plonger dans ses souvenirs et les coucher sur le papier. Cela donne à l’arrivée ce petit bouquin souvent désopilant, qui raconte ses voyages (Australie, Inde…), sa jeunesse et sa retraite du côté des Albères en Pays Catalan

L’extrait : « Ne me demandez pas comment j’ai fait, je ne me souviens de rien, ni d’avant, ni d’après puisque j’ai perdu connaissance dans ma chute. Non ! Je n’avais pas bu, il n’était que huit heures et quart, je n’étais donc pas fatigué, je n’avais pas souffert de la chaleur. Il n’y avait pas de vent… et je suis sûr qu’il n’y avait pas d’éléphant sur la route ! »


« Le lieu où j’ai ressenti… » de Christelle Assenat (12 €) Vivant à Pollestres dans les Pyrénées-Orientales, Christelle Assenat pour son second roman met le cap sur la Grande-Bretagne. L’héroïne emmène son nouveau conjoint à Glastonbury sur les traces de son grand-père. Selon la romancière, ce texte « ésotérique traite de spiritualité, de transmission intergénérationnelle, d’un lieu cosmo tellurique et de la légende du roi Arthur. »

L’extrait : « Ma main écrit sur une feuille mais ce n’est pas mon cerveau qui la dirige. J’ai la sensation de partager ce corps avec une autre entité. »




« Nouvelles catalanes » d’Alexandre Manoukian (16 €) Psychologue, Alexandre Manoukian a le don d’observer ses congénères. Des rencontres et un peu d’imagination lui permettent de signer cette douzaine de nouvelles où il ne fait pas de cadeau à ses personnages fictifs qui se heurtent à la réalité complexe du monde moderne.

L’extrait : « Il aimait la présence de cette femme équivoque, aux regards provocants, au jeu de jambes ravageur et en même temps, le côté maternel de ses rondeurs, la douceur de ses sourires complices si réconfortants. »




« Retour à Salvaterre » de Jean-Michel Roussel (16,50 €) Pour dénoncer « l’absurdité de la vie d’aujourd’hui », Jean-Michel Roussel va se servir du fantastique dans un roman se déroulant en grande partie dans le village et la forteresse d’Opoul-Perillos dans les Pyrénées-Orientales. Un couple, perturbé par l’intrusion dans sa vie d’un neveu trafiquant de drogue, va se réfugier loin de Perpignan

L’extrait : « Après s’être assis à la vieille table en chêne du mas, celle-là même où il s’était tenu étant gamin, il caressa le bois de la paume de sa main. Celui-ci avait l’air vivant, imprégné qu’il était des vieilles conversations des Casadessus, des rires, parfois des chants des jours de fête. »

 


De choses et d’autres - Et joyeux Noël quand même…

Aujourd’hui, 25 décembre, l’heure est à la fête. Les enfants découvrent leurs jouets, les parents digèrent leurs excès, les grands-parents prudents restent cloîtrés dans la pièce du fond, les autres, fatalistes, embrassent leurs petits-enfants tant que c’est encore possible. On a connu des fêtes de fin d’année plus sereines. Et cela ne semble que le début de l’inéluctable détérioration.

Un conseil de défense lundi devrait encore plus plomber l’ambiance. Car il faut bien admettre que les signes extérieurs sont assez sombres. Port du masque en extérieur en Espagne qui impose le couvre-feu en Catalogne, cinémas et théâtres fermés en Belgique, télétravail obligatoire toujours en Belgique, sans compter le confinement strict des Pays-Bas depuis une semaine. On a beau se sentir invulnérable, nous les Français, arrivé un moment cela devient intenable.

Sans vouloir faire la Madame Irma de fin d’année, je peux prédire que janvier sera compliqué. Premier indice : si durant les précédentes vagues je ne connaissais quasiment pas de personnes touchées par la maladie, cette semaine c’est une véritable hécatombe chez mes amis et dans la famille.

Deuxième alarme : des distributeurs de films ont décidé de déprogrammer par anticipation. Le nouveau Franck Dubosc ne sort plus le 19 janvier mais le… 24 août. De même, le film J’adore ce que vous faites réalisé par Philippe Guillard dans l’Aude, déjà repoussé une première fois, passe de mars à mi-mai.

Bref, non seulement on doit se souhaiter un joyeux Noël ce 25 décembre mais en profiter pour célébrer la nouvelle année car vu l’évolution de la situation, rien n’est sûr pour le 31 décembre.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 25 décembre 2021

mercredi 29 décembre 2021

BD - Spirou et les petits formats en version originale


Bien plus qu’un simple album de bande dessinée, cette version luxueuse de « Spirou et les petits formats », propose également une étude savante de la méthode de travail des deux auteurs, Franquin et Roba. Cette aventure du célèbre groom a spécialement été réalisée pour l’éditions dominicale du Parisien libéré. 

De septembre 1960 à janvier 1961, les lecteurs ont découvert cette histoire d’imprimante 3D avant l’heure. L’action se déroule à Champignac et voit deux géants d e la BD belge unir leurs talents pour multiplier la présence de Spirou. L’album propose l’histoire dans une version avec de nouvelles couleurs, une autre correspondant à celle publiée dans le journal, sans couleur mais avec des trames et enfin la reproduction des planches originales. Le tout expliqué par Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, grands spécialistes de la bande dessinée franco-belge. Un véritable trésor pour les fans. 

« Spirou et les petits formats », Dupuis, 28,95 €


De choses et d’autres - 2021, l’année des disputes

Comme l’an dernier, pour cause de pandémie et en vertu des sacro-saints gestes barrières, il est recommandé de ne pas être plus de six à la table des repas des fêtes. Six, c’est cependant largement suffisant pour que les discussions, entre le fromage et le dessert, tournent au vinaigre.

Avez-vous remarqué comme les repas de famille, trop souvent, sont le reflet de notre société de plus en plus clivante ? Difficile de trouver un sujet de conversation sans que des avis diamétralement divergents s’opposent entre Maurice, le grand-père et Kimberley, la belle-fille (ça marche avec tous les membres de la famille).

Le journal le Monde a même mis au point un générateur automatique de sujets de disputes pour ceux qui espèrent écourter la corvée familiale.

Il est vrai qu’en 2021, rien de plus simple. Prononcez le mot « vaccin » et immédiatement il y aura autant d’avis que de personnes à table sur leur efficacité ou utilité. Encore plus direct, glissez dans la conversation le nom d’un candidat à la présidentielle pour déclencher les hostilités. Attention cependant, cela ne marche pas à tous les coups, si le « Z » est efficace à 100 %, le « H » de la capitale ne provoque quasi pas de réactions.

Alors pour les allergiques aux cris et invectives, il reste un dernier recours : parler du temps qu’il fait. Sauf si vous avez la malchance d’avoir dans votre famille un militant écolo qui va vous bassiner avec le réchauffement climatique ou un climato-sceptique persuadé qu’avant c’était exactement pareil.

Vivement que le ministère de la Santé impose les réveillons en solitaire. Les disputes seront réservées aux schizophrènes.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 22 décembre 2021

De choses et d’autres - Changer de nom

La semaine dernière, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti a expliqué qu’une loi est en préparation pour permettre à « chaque Français de choisir son nom de famille une fois dans sa vie. »

Formulé comme ça, j’avais pensé dans un premier temps qu’on aurait le droit de choisir un nouveau nom, un qui refléterait notre personnalité et qui n’aurait rien à voir avec l’ancien. En fait on aura juste le droit de prendre le nom de notre mère ou de l’accoler à celui du père. Si ça se trouve, le ministre de la Justice va devenir dans quelques mois Éric Dupond. Ou Éric Moretti.

Bref rien de révolutionnaire. Si ce n’est cette possibilité de le faire en cours de vie. Mais je me vois mal, à 60 piges passées, modifier mon identité en prenant le nom de ma mère. D’autant que même si ce patronyme est très classique en France, il a acquis une signification différente depuis la mondialisation. Michel Litout convient parfaitement à mon statut de critique littéraire, par contre Michel Gay n’aurait absolument rien à voir avec mon orientation sexuelle.

Et de toute manière mon statut de journaliste me permet d’user de pseudonymes. A mes débuts, il m’est arrivé de signer des papiers dans des revues confidentielles et un peu à la marge sous le nom extrêmement poétique de Marcel Tripoux, personnalité que j’imaginais comme une sorte de Bérurier outrancier fan de l’Aveyron.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 21 décembre 2021

mardi 28 décembre 2021

Classique - Les travailleurs de la mer de Victor Hugo


Certains classiques sont à redécouvrir. Et parfois, le fond et la forme s’accordent. Ainsi les éditions Omnibus proposent une édition luxueuse du roman de Victor Hugo, « Les travailleurs de la mer ». Écrit durant l’exil de l’écrivain à Guernesey, c’est le roman le plus méconnu de Victor Hugo. 

C’est aussi pourtant un des plus riches et des plus mystérieux : une œuvre grandiose et lyrique. Introduite par le réaliste et poétique « L’archipel de la Manche » qui présente les paysages, la vie et les mœurs des îles anglo-normandes, cette édition est également enrichie des plus beaux poèmes marins de l’auteur, de ses propres illustrations et d’une préface de Claude Aziza ainsi que d’un dictionnaire de l’exil hugolien

« Les travailleurs de la mer », Victor Hugo, Omnibus, 39 €


De choses et d’autres - Interdit de rire !

Le culte de la personnalité atteint des sommets en Corée du Nord. Un pays où la population n’a que peu l’occasion de rigoler un bon coup. Et si un petit plaisantin tente de détendre l’atmosphère en racontant la dernière blague qui circule au Sud, gare à lui. Les autorités ont décidé tout simplement d’interdire à quiconque de rire et même de sourire durant 11 jours depuis le 17 décembre.

Cette date correspond au dixième anniversaire de la mort de Kim Jong-il, ancien président et par ailleurs papa du dictateur actuel, Kim Jong-un. Si la police vous surprend un sourire aux lèvres, c’est direct la prison. Et rares sont ceux qui en sortent. En voilà au moins une dictature qui est efficace et intransigeante. Ce n’est pas comme notre simili « dictature » dénoncée à tout bout de champ par les antivax, antipass et autres antitout aigris.

Ils se plaignent d’être privés de leurs libertés fondamentales. En clair d’aller au bistrot, au restaurant ou au cinéma car ils ne veulent pas se faire vacciner.

De toute manière ils ne sont jamais contents et passent leur temps à manifester et protester. Franchement, s’ils veulent véritablement savoir ce que c’est qu’une dictature, je leur offrirais bien un petit séjour au pays des sourires proscrits. Même si, vu leur mentalité, ils adoreraient l’ambiance.

Même s'ils ne risqueraient pas grand-chose car s’ils sont tous diplômés en immunologie (titre obtenu sur le net) et experts en variants (ils ont même appris que le grec n’avait pas le même alphabet que nous), ils n’ont toujours pas découvert le gène de l’humour. Alors ce n’est pas demain la veille qu’ils se retrouveront en prison pour un sourire.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 20 décembre 2021

lundi 27 décembre 2021

Série Télé - « Perdus dans l’espace » et dans le temps


Attendez vous à un choc en découvrant les premières images de la saison 3 de Perdus dans l’espace diffusée sur Netflix. Ceux qui ont suivi les aventures de cette famille naufragée sur une planète, aux prises avec des robots destructeurs et sans espoir de retour sur terre, ont sans doute craqué pour le gamin de la famille Robinson, le jeune Will (Maxell Jenkins). Mais entre le tournage des premiers épisodes en 2017 et les derniers de la trilogie, plus de quatre ans ont radicalement modifié le physique du jeune comédien. Il a gagné 50 centimètres et a perdu son air poupin si craquant. 

Bref, c’est un adolescent très torturé et les scénaristes ont intégré cette variable. Will, avec ses frères et sœurs et une ribambelle d’enfants, sont sur une planète assez hostile. Il leur faut du titane pour réparer leur vaisseau et repartir vers Alpha du Centaure. Un métal rare difficile à trouver. De l’autre côté de la galaxie, les parents, Maureen et John (Molly Parker et Toby Stephens) cherchent un nouveau moteur alien pour, eux aussi, rejoindre Alpha du Centaure. 

Durant les huit épisodes, l’intrigue est double, les moments palpitants alternant entre le camp des enfants et la planète en ruines des parents. Mais comme c’est la fin de la saga, on se doute que la réunion sera enfin au programme de cette famille exemplaire et particulièrement résiliente.


De choses et d’autres - Une panoplie de Miss pour tous les auteurs

Certains ministres semblent cultiver la volonté de braquer ceux et celles dont ils ont la responsabilité. Castaner, en son temps, était détesté par les policiers ; Blanquer n’a toujours pas trouvé la façon de parler aux enseignants, mais la palme revient à Roselyne Bachelot, à la Culture. Elle a, une fois de plus, fâché les auteurs et autrices, au détour d’une petite phrase, à propos de l’élection de Miss France.

Elle a souligné qu’il y avait du mieux dans cette élection, notamment en ce qui concerne la rémunération des candidates. Elle est comme ça, la ministre de la Culture, elle se félicite quand quelqu’un gagne correctement sa vie, même si ce n’est que la représentation, dénuée de toute œuvre créatrice.

Alors, forcément, du côté des auteurs, qui bataillent avec Roselyne Bachelot, depuis près de deux ans, pour réformer leur statut et leur permettre de vivre de leurs créations, cette remarque est mal passée. Mais, ils ne se sont pas mis en grève (difficile, quand on a un statut d’indépendant), ni lancé dans une manifestation dans la rue (pas le temps ; écrire un roman, ça prend du temps).

Non, ils ont simplement suggéré aux adhérents de la Ligue des auteurs professionnels, pour faire avancer leur cause, d’acheter une panoplie de miss.

Qui sait, à la prochaine négociation au ministère de la Culture, si toute la délégation arrive en maillot avec écharpe, la ministre va les regarder avec intérêt et, enfin, accéder à leurs revendications.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 18 décembre 2021

dimanche 26 décembre 2021

DVD - L’honneur du lieutenant Onoda

Attendez vous à un choc visuel et narratif en découvrant de film de guerre signé Arthur Hariri. Un réalisateur français qui ose un sujet à mille lieues des productions souvent sans surprise de ses confrères. Onoda, c’est le nom de ce soldat japonais isolé sur une île aux Philippines qui est resté caché dans la jungle trente années après la fin des hostilités. Le lieutenant Onoda était devenu une légende, un exemple pour tout un peuple qui reste fier de son armée et de son code d’honneur

Un sujet austère a priori, mais la virtuosité d’Arthur Hariri transforme ce huis clos forestier en immense film dans lequel on se surprend à être complètement immergé. Non seulement on comprend les sentiments du lieutenant Onoda, mais on l’envie presque de sa détermination à toute épreuve. Durant près de trois heures (2 h 45 exactement), on va découvrir comment un officier est parvenu à maintenir quelques-uns de ses soldats dans une discipline de fer, malgré l’isolement, la faim et l’absence totale d’information. 

Onoda désirait être pilote. Mais il a le vertige. Alors on lui propose une mission suicide contre un porte-avions américains. Il renoncera au dernier moment. L’état-major, au lieu de le blâmer, le recrute et va faire de cet instinct de survie vie supérieur un atout. Il sera chargé d’organiser la résistance, la guérilla, dans une île stratégique des Philippines. Avec l’interdiction absolue de mourir. Il va accomplir sa mission au-delà de toutes les espérances. 

Sorti l’été dernier, Onoda n’a pas rencontré son public. Sa sortie en coffret DVD et blu-ray (Le Pacte) devrait lui donner une seconde chance. L’occasion aussi de découvrir en bonus des reportages sur la création de Onoda : l’image, le scénario, la musique et des conversations avec les comédiens ainsi que les premières œuvres du réalisateur, un moyen-métrage La Main sur la gueule (207) et un court-métrage, Peine Perdue (2013). 

De choses et d’autres - Influenceurs sans influence

Si vous demandez à un panel de jeunes ce qu’ils espèrent faire comme métier, une fois adulte, pour un président de la république, deux pompiers et trois astronautes, vous aurez des dizaines qui se voient en « influenceurs ». Un drôle de boulot, sans doute aussi hypothétique que footballeur professionnel.

Apparu, il y a cinq ou six ans, le statut d’influenceur est la version moderne et numérique de l’homme-sandwich. On se filme en train de vanter une marque, un produit. Et la marque ou le produit vous paye au prorata du nombre de vos abonnés, de votre audience. Certains gagnent des millions, juste en se montrant en train de manger une pizza ou marcher en chaussures de sport.

Pourtant, des clients déçus remettent en cause le pouvoir d’influence de ces nouveaux maîtres des réseaux sociaux. Une entreprise de vêtements a, par exemple, dépensé plus de 150 000 euros en parrainage, auprès de nombreux influenceurs. Une somme qui n’a permis que des ventes infimes. Bref, une perte nette, de 400 000 euros, pour la jeune société, obligée de solder tout son stock, à prix coûtant.

Un seul influenceur (un certain Michou, à ne pas confondre avec l’homme en bleu, récemment décédé) a touché 45 000 euros. Il a simplement réalisé une « story » pour dire tout le bien qu’il pensait des vêtements qu’il a reçus gratuitement. Un avis qui n’a pas déclenché les milliers de commandes espérées. À peine 4 600 euros, directement imputables à son « influence ».

Dix fois moins que ce qu’il a touché.

Finalement, je ne sais pas si le métier d’influenceur va faire longtemps rêver la jeunesse connectée.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 17 décembre 2021

samedi 25 décembre 2021

DVD - Pil s’invite à Noël


DVD
. Voilà le cadeau idéal pour les petits  et les grands en cette période de fêtes de fin d’année. Le film «Pil» produit pat les Toulousains de TAT, sort en DVD et blu-ray (M6 Vidéo). Pil, la jeune héroïne, est une orpheline qui vit dans la rue. Avec ses fouines apprivoisées, elle se nourrit de chapardages, au nez et à la barbe de Crobar, le garde qui tente vainement de l’attraper. Pil, coiffée à la punk, se déplaçant de toit en toit, va, par un concours de circonstances, presque devenir une princesse. 

Mais l’habit ne fait pas le moine et la fausse noble continue à courir pieds nus. Elle va tenter de sauver le futur roi, transformé en « chat-poule ».  L’animation, de très haut niveau, permet de profiter pleinement de cette histoire  enlevée, pleine de bagarres, de monstres étranges et de gags. Un excellent divertissement pour les petits et les grands

De choses et d’autres - De qui peut-on rêver de nos jours ?

Dans la série « Tous les sondages ne sont pas politiques », découvrons qu’un site de comparateur de matelas (oui, ça existe !), a commandé une étude sur le contenu des rêves des Français.

J’imagine la joie des sondeurs qui, pour une fois, n’ont pas été obligés de prononcer 18 fois les 20 noms des candidats à la présidentielle, mais de demander si votre dernier rêve était sexuel. Et si oui, avec qui faisiez-vous des galipettes ?

Résultat, ils sont très nombreux à avoir déjà folâtré durant leurs nuits de sommeil. Les hommes sont les plus enclins à passer à l’acte au repos, 78 % contre 61 % pour vous mesdames. Et, paradoxalement, ce n’est pas avec le conjoint régulier, mais plutôt avec un ami ou amie, voire un ou une collègue de travail.

Le vieux fantasme de la star qui vous attend alanguie dans le lit en prend un sacré coup. Visiblement, Marcel de la compta, celui qui paye un café à Maryse du service client à la pause de 10 heures, est plus présent dans les rêves de cette dernière que Pierre Niney ou Vincent Lacoste. Si Marcel le savait, il passerait à la vitesse supérieure. Même si, lui, en réalité, rêve plus souvent de Monica Bellucci que de Maryse… Mais, un sondage donne des tendances, pas la vérité incarnée.

Et, finalement, les sondeurs ont dû, là aussi, dérouler la liste des candidats à la présidentielle puisqu’une question portait sur qui serait le pire cauchemar des Français à l’Elysée, en 2022 ? Et encore une fois, c’est celui dont le nom débute par une lettre qui pourrait être associée au sommeil qui l’emporte largement. Faites de beaux rêves, avec qui vous voulez, et ZZZ bonne ZZZ nuit ZZZ !

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 16 décembre 2021

vendredi 24 décembre 2021

BD - Le pouvoir des enfants


Les lecteurs fidèles de la série Seuls de Vehlmann et Gazzotti vont enfin connaître le dénouement du troisième cycle de cette BD entre aventure et fantastique. Un album où tous les protagonistes vont se retrouver, Dodji, Leïla, Terry et Yvan. Par contre Camille est toujours sous l’emprise du Mal. 


Le nouveau dans ce tome, c’est que comme on s’en doutait, chaque enfant a un pouvoir particulier. C’est le moment de découvrir lequel. Et de l’utiliser à bon escient. Il est aussi beaucoup question de bien et de mal dans ce 13e chapitre. Normalement, chacun doit choisir entre le noir et le banc. Mais les héros de Seuls seraient encore dans l’incertitude, ce qui explique ce surnom d’Ames tigrées qui donne son nom à l’album. Mais ce n’est pas la fin de la série, un 4e cycle est déjà annoncé. 

« Seuls » (tome 13), Dupuis, 12,50 €

De choses et d’autres - Amour, église et amitié

Démissionné par le pape François, Monseigneur Aupetit, ancien archevêque de Paris vient de porter plainte contre Paris Match. L’hebdomadaire, photos à l’appui, l’avait soupçonné d’entretenir une relation amoureuse avec une théologienne belge. Mais ce n’était que de l’amitié selon le responsable de l’Église catholique. Rien de plus. Et surtout pas sexuel.

D’ailleurs la femme en question, qui a 24 ans de moins que lui, est une vierge consacrée. En clair, elle s’est mariée avec Dieu. Monseigneur Aupetit serait dès lors l’amant qui aurait cocufié Dieu ? Je ne pense pas que cela soit dans les attributions des archevêques.

Cette séquence me rappelle le feuilleton des années 80, Les oiseaux se cachent pour mourir, où un bel évêque craquait pour une Australienne. Du romantisme torride qui finissait très mal.

Moins glamour cet autre scandale qui ébranle l’église espagnole. Le plus jeune évêque de la péninsule vient lui aussi de démissionner. Dans ce cas précis il reconnaît les faits car il s’est carrément marié en cachette. Monseigneur Xavier Novell i Goma, évêque émérite de Solsona, s’est marié civilement avec Silvia Caballol y Clemente le 22 novembre dans la ville de Suria, dans la province de Barcelone.

Là où l’histoire devient plus croquignolesque c’est quand on apprend que la mariée était romancière. Pas de la grande littérature, au contraire, elle est connue pour signer des romans « érotico-satanistes » dont « L’enfer dans la luxure de Gabriel » publié en 2017. On attend avec impatience l’autobiographie de son couple : « Les évêques se cachent pour jouir. »

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 15 décembre 2021

jeudi 23 décembre 2021

BD - Ode aux livres


Et si l’ultime danger pour la démocratie était tout simplement l’interdiction des livres ? Ce cauchemar, François Durpaire, écrivain et historien, l’a théorisé dans cette bande dessinée illustrée par Brice Bingono. Tout partirait de la prise de pouvoir par un certain Z. Pas le candidat, mais le patron d’un immense réseau social spécialisé dans la revente et l’utilisation sans limite des données personnelles. 


Devenu président des USA, il supprime l’éducation (tout est déjà présent sur le net) et sous prétexte de pacification de la société, interdit les textes subversifs. Puis, de fil en aiguille, tous les livres qui font de la concurrence à son modèle économique. C’est parfois un peu tiré par les cheveux, mais d’ici trois ou quatre siècles, il se pourrait fort que la réalité dépasse cette fiction.   

« Le dernier livre », Glénat, 16,50 €


De choses et d’autres - Pédalage mortel

Je vous ai déjà parlé des placements produits dans les films ou séries. Le dernier James Bond en est le parfait exemple : voitures, montres, offices du tourisme : la moindre scène est déjà rentable avant même d’être tournée. Et puis, il y a parfois de très mauvaises publicités involontaires pour des marques qui s’en seraient bien passé.

Exemple, la semaine dernière, pour la société Peloton, aux USA, qui fabrique et commercialise des vélos d’appartement de luxe. La marque, cotée en Bourse, a dévissé d’un coup d’un seul, de plus de 10 %, à l’ouverture. À la fin de la séance de vendredi, l’action Peloton avait perdu 5,37 %.

Tout ça à cause d’une série télé. Le premier épisode de And Just Like That avait été diffusé quelques heures auparavant sur HBO (série disponible, en France, sur la plateforme Salto). Cette série est la suite indirecte du très célèbre Sex in the City. Les fans retrouvaient une grande partie des personnages, dont un certain Mr Big, très populaire auprès des femmes. Or, dès l’entame de l’intrigue, Mr Big mourrait d’un infarctus en faisant du vélo d’appartement. Sur les images, on distinguait clairement que c’était un Peloton. Very bad buzz pour le coup.

Producteurs et fabricant ont essayé de rétropédaler de concert, ce week-end, expliquant que la mort de Mr Big était surtout due à sa mauvaise hygiène de vie : cigares, nourriture trop grasse, alcool à gogo… Et de souligner, qu’en fait, cette fin brutale a sans doute été retardée par sa pratique d’un exercice physique… sur un vélo Peloton.

Reste que le mal est fait. Le Peloton n’avance plus, comme s’il avait crevé. Et avant de réparer la roue crevée d’un vélo d’appartement, encore faut-il la trouver.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 14 décembre 2021

mercredi 22 décembre 2021

BD - De monde en monde avec Pécau et Kordey


Ambitieuse série de science-fiction que ce Mobius écrit par Pécau et dessiné par Kordey. Loin de resservir les mêmes intrigues, elle innove dans le voyage entre divers mondes parallèles. Pour passer de l’un à l’autre, il suffit de mourir. Ce que feront à plusieurs reprises les deux personnages principaux : Berg, vaillant guerrier amnésique et Lee, combattante chargée de le guider. 


Quand ils arrivent à Kadath, la ville qui rêve, ils sont immédiatement aux prises avec les masques, des morts vivants possédés. Ils vont affronter les sept démons aux allures véritablement effrayantes grâce au talent de Kordey. Avec le risque de se retrouver dans les Limbes, cette zone où certains morts se retrouvent bloqués. Un sacré choc graphique visuellement et beaucoup de questions métaphysiques pour le lecteur un peu curieux.  

« Môbius » (tome 2), Delcourt, 14,95 €


De choses et d’autres - La primaire tombe allô

Si pendant longtemps la France était le pays de « la droite la plus bête du monde », on a basculé sans coup férir dans la catégorie encore moins enviable « de la gauche la plus pathétique de l’univers ». Si en son temps la gauche plurielle a donné la victoire à cette union de progrès, on a désormais des gauches fractionnées. L’impression qu’il y a autant de partis que de responsables politiques.

Le parti socialiste a fait des petits. Des petits scores surtout. Anne Hidalgo désignée, elle a vu sa candidature dézinguée par tout ce qui est à gauche et à droite de sa position. Et même certains, totalement dans sa ligne, ont préféré monter une muraille pour s’isoler de la maire de Paris.

Quand elle a décidé de proposer une primaire pour que cesse cet éparpillement de la gauche, ceux qui font plus qu’elle dans les sondages ont rejeté l’offre. Cela aurait pu s’arrêter là mais à gauche, il y a toujours quelqu’un pour oser le pire. Cette fois c’est Arnaud Montebourg, un autre candidat autodésigné, qui a décidé d’intervenir directement pour sortir son camp de l’ornière. Il a pris son plus beau téléphone portable et s’est filmé en train d’appeler tous les candidats se revendiquant de gauche. Aucun n’a répondu. Il a laissé des messages sur les répondeurs. Mais pas un seul n’a décroché. Pathétique. Ridicule…

La primaire mort-née devenait de fait la plus grosse plaisanterie de cette campagne déjà très atypique.

Et ce n’est pas mieux à droite, Valérie Pécresse vient de choisir pour slogan « Le courage de dire, la volonté de faire », formule déjà utilisée en 1986 par… le Front national. Comme c’est parti, le président sortant n’aura même pas besoin d’entrer en campagne pour l’emporter dès le premier tour.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 13 décembre 2021

mardi 21 décembre 2021

Thriller - L’avenir de l’Humanité passe peut-être par les ours

Vaste roman d’aventures particulièrement dépaysant, Inestimable du Polonais Zygmunt Miloszewski permet de retrouver l’héroïne de son précédent thriller, Inavouable. Zofia est la renommée directrice d’un musée national en Pologne. Mais cette femme qui doit son poste à son aptitude à traquer les voleurs d’œuvres d’art est à l’étroit dans cette structure étatique. Quand elle décide de faire un peu bouger les lignes, elle est licenciée sur-le-champ par le gouvernement qui ne voit qu’une apologie de la pornographie. Il est vrai qu’une banane est très phallique. Surtout pour des religieux intégristes. 

Zofia qui a ainsi l’occasion d’accepter l’offre de Bogdan Smuga, un biologiste et aventurier qui lui propose de retrouver des artefacts d’une tribu aïnous vivant sur l’île de Sakhaline entre Sibérie et Japon. Le froid, la boue, les ours, les chamans : cette partie du roman est très agitée. Par contre pour le mari de Zofia, malade (il perd la mémoire), c’est très calme dans sa clinique retirée dans les Pyrénées. Et le lecteur découvre alors avec étonnement que l’auteur polonais place cet établissement près de Céret dans le Vallespir

L’occasion de parler aussi d’ours, c’est un peu la clé du roman, en racontant une des fêtes : « des autochtones en baskets, déguisés en ursidés, poursuivaient d’autres autochtones et les enduisaient d’une substance noirâtre. » Le roman se déroule aussi en partie à Paris, en Pologne évidemment et en plein océan dans un bateau servant de laboratoire secret ambulant. 

Une écriture brillante, un sens du rythme rarement atteint, des personnages tous complexes, une multitude de lieux dépaysants : ce roman est particulièrement addictif. Et totalement dans l’actualité car en filigrane, on découvre le risque pour l’Humanité de disparaître à cause de l’artefact ramené de Sakhaline, un siècle auparavant, par un Polonais qui l’avait légué à sa compatriote, double prix Nobel, Marie Curie.

« Inestimable » de Zygmunt Miloszewski, Fleuve Noir, 21,90 €