Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
dimanche 17 mai 2020
BD - Le pire cow-boy d’un bon western
Connaissez-vous Billy, le pire cow-boy de toute l’histoire de la BD ? Si vous n’avez pas encore croisé ce drôle d’énergumène dans les pages du journal Spirou ou dans le premier tome des aventures de Walter Appleduck, vous avez encore la possibilité de rires de ses gaffes dans le second album qui vient de sortir cette semaine dans toutes les librairies.
Billy, bien qu’il ait un QI encore mois élevé que celui d’une moule, a hérité du poste d’adjoint au shérif de la petite ville de Dirty Old Town.
Dans le premier volume de ces histoires courtes écrites par Fabcaro et dessinées par Fabrice Erre, Walter, jeune Américain cultivé, décrochait un stage de cow-boy dans cette bourgade où le colt a toujours le dernier mot. Pour le tome 2, totale inversion des rôles.
Walter revient dans la grande ville accompagné de Billy qui n’a jamais quitté l’Ouest sauvage. La confrontation entre un cow-boy bête comme ses pieds, raciste, macho et prétentieux et l’élite de la jeune nation américaine est source d’un nombre incalculable de gags.
Chaque case est à se tordre, la moindre répartie de Billy hilarante. Un condensé de bonne humeur, parfait pour égayer la période.
« Walter Appleduck » (tome 2), Dupuis, 12,50 €
Roman - Quand le vent idiot guide les vagabonds
La littérature américaine doit énormément au récit Sur la route de Jack Kerouac. Cette simple idée de tout plaquer pour partir à l’aventure, l’esprit ouvert, juste pour avancer dans ce grand pays encore un peu sauvage et rencontrer des gens qui comme lui sont à la marge a éveillé bien des consciences, favorisé des carrières d’écrivains ou tout simplement poussé nombre de jeunes à se rebeller.
Peter Kaldheim est passé par cette case « Sur la route ». Mais ce n’est pas au sortir de l’adolescence qu’il a chaussé ses baskets. A 30 ans passés, c’est contraint et forcé qu’il a déguerpi à la vitesse grand V du New York où il avait passé pourtant toute son enfance et le début de sa vie d’adulte à travailler dans le milieu de l’édition. Et comme Jack Kerouac, cette traversée des USA dans les années 80 est devenue un roman qui se savoure comme un café chaud après une nuit à la belle étoile à grelotter de froid.
Avec un réalisme absolu, sans jamais se prendre en pitié bien au contraire, Peter Kaldheim décrit le sale individu qu’il était devenu. Mauvais mari, alcoolique, drogué : en janvier 1987 il était prêt à tout pour acheter sa dose de cocaïne. Même à escroquer son dealer officiel, pourtant réputé pour ses méthodes violentes en cas de retard de paiement.
Mais Peter, depuis quelques années, était sous l’influence de ce qu’il appelle le « vent idiot », cet Idiot Vent qui donne son titre au roman. « Je l’avais vu faire s’envoler à peu près tout ce qui aurait dû compter pour moi. Mon mariage. Ma carrière. Le respect de mes parents et amis. Même un endroit où poser la tête la nuit. » En pleine tempête de neige, Peter dépense ses derniers dollars pour un billet de bus.
Une centaine de kilomètres au chaud puis il entreprend, en stop, de rejoindre la côte ouest. Ce périple, dans l’Amérique des clochards et des vagabonds, il le raconte avec une faconde réjouissante. Malgré le froid, la faim, le manque de drogue, il continue à avancer, rencontrant de belles âmes qui contrairement à lui dans sa première vie, ne cèdent jamais à l’individualisme. Certes, le chemin est parfois semé d’embûches, mais ce nouveau vent le pousse vers une vie libre et sans addictions. Quatre mois plus tard, il pose son baluchon dans le parc de Yellowstone. 20 ans plus tard il reprend sa carrière littéraire pour publier ces mémoires, le « Sur la route » de la fin du XXe siècle.
"Idiot wind", Peter Kaldheim, Delcourt littérature, 22 €
samedi 16 mai 2020
Série télé - Les étranges pratiques de «Hollywood»
Si Hollywood, le cinéma et les grands studios font un peu moins rêver de nos jours, à la fin de la seconde guerre mondiale, cette ville était le symbole de la réussite, de la gloire et de la reconnaissance. Voilà pourquoi des centaines de jeunes hommes et femmes, une fois leur devoir de citoyen accompli, ont déferlé dans la région pour accéder au Saint-Graal: décrocher un contrat avec un studio.
Cette mini-série sur Netflix de 7 épisodes signés Ryan Murphy (Glee, The Politician) plonge littéralement le spectateur au cœur de cette marmite en ébullition. On suit le parcours de quelques aspirants à la gloire, un réalisateur, un scénariste, plusieurs acteurs et actrices. Premier à entrer en scène, Jack (David Corenswet), tente vainement de faire de la figuration. Il a une belle gueule mais aucune expérience de comédien.
Criblé de dettes, il accepte un boulot dans une station-service qui sert de couverture à un proxénète. Jack, bel étalon toujours prêt à rendre service, va gagner beaucoup d’argent et se faire des relations. Il va ainsi rencontrer la femme du propriétaire d’un studio et pouvoir faire ses preuves devant la caméra. Il sera rejoint au fil des épisodes par un scénariste, noir et homosexuel et un réalisateur qui veut permettre aux minorités d’exister à l’écran. Une comédienne, noire, va venir compléter le portrait de cette Amérique des années 50 très raciste et pas du tout tolérante. Pourtant dans la série, comme si tout se passait dans un monde parallèle, tous vont rencontrer le succès.
Brillamment réalisé, avec des décors dignes des grosses productions de l’époque, «Hollywood» n’est pas le biopic réaliste d’une génération mais sa version rêvée si tolérance et ouverture d’esprit avaient eu droit de cité.
Cinéma - Vous reprendrez bien une petite tranche de «Bizon»
Présenté au public catalan en 2014, le projet cinématographique Bizon démontrait que le cinéma de genre ne s’était jamais aussi bien porté. Cette succession de cinq courts-métrages formait au final un long-métrage de cinéma des plus réussi. Porté par la société A304PROD, Bizon est réalisé par Cyril Delon, Jean-Luc Moly, Richard Corzo et Ludovic Goujon. Cyril Delon, l’homme à tout faire de Bizon (il réalise une partie, monte le tout et interprète un des personnages principaux) a décidé pour le dernier week-end avant la reprise, de proposer gratuitement sur YouTube cette « série de courts-métrages zombiesques." Et de préciser que, "sorti au cinéma dans plus de 20 villes et salles en France, notre projet BIZON a cumulé plus de 8 000 entrées, et s’est écoulé à quelque 600 DVD en Fnac… »
Le virus H-21
Le film, plus comédie noire que véritable film d’horreur, fait écho à la pandémie actuelle. «explique le réalisateur. La première partie montre comment les quatre «héros» apprennent et vivent les premières heures de l’épidémie.
On découvre que c’est Michel (Cyril Delon) qui par sa bêtise maximale va contaminer toute la région. Gaëlle, une jeune femme battue par son compagnon va profiter de la crise pour se venger, Julien, banquier affairiste va voir son monde s’écrouler et Kader, petite frappe mythomane, passé la stupeur, va se rêver en roi du monde. La dernière demi-heure voit les quatre se rapprocher et s’unir pour fuir l’armée de zombies affamés. Les amateurs de paysages de la région, apprécieront les décors naturels des Pyrénées-Orientales, de la forêt des Albères à la plage du Racou, ultime étape du seul survivant.
Si les quatre portraits sont relativement inégaux en qualité, le tout est parfaitement cohérent et le final rythmé et angoissant. On saluera au passage la performance de Cyril Delon qui n’a décidément pas froid aux yeux. En plus d’interpréter un parfait abruti, il passe un tiers du film en slip et toutes les scènes de la fuite dans la forêt, il est en petite robe d’été… Une chose est sûre dans son cas: fumer tue.
Ce joli cadeau fait aux internautes par A304PROD pour la fin du confinement prouve que la région regorge de talents qui ne demandent qu’à s’exprimer.
De choses et d’autres - Quelques zéros en plus
« Quand on parle d’argent, à partir d’un certain nombre de zéros, tout le monde écoute ». Cette superbe maxime de Michel Audiard lue hier dans le Figaro qui a consacré un dossier à cet auteur caustique qu’il ne faut pas oublier, est pourtant un peu dépassée aujourd’hui.
Car quand il y a trop de zéros, tout le monde décroche. Un million, ça va, on peut visualiser ce qu’on peut en faire à l’échelle de notre vie. Un milliard, ça devient plus compliqué. Mais quand on rajoute encore trois zéros à ce milliard, plus personne ne suit.
Pourtant, ces 1 000 milliards de dollars correspondraient, selon une étude de la société Comparisun, à la fortune du PDG d’Amazon, Jeff Bezos, à l’horizon 2026. Ce billion de dollars (ou trillion selon la terminologie anglo-saxonne) ce serait plus que le PIB de 179 pays. L’homme le plus riche du monde, qui à l’heure actuelle n’est à la tête « que » de 138 milliards de dollars, aura 61 ans quand sa fortune dépassera cette barre hautement symbolique.
L’heure de la retraite sans doute pour ce jeune divorcé qui ne doit pas manquer de prétendantes.
Comparisun, en projetant les résultats actuels des grandes multinationales, voit d’autres billionnaires d’ici 2030. Deux PDG chinois qui ont le vent en poupe. Seul Français de la liste, Bernard Arnault serait le quatrième à tutoyer ces sommets, en 2033. À part ça, le monde est en crise économique, les États font faillite, les chômeurs se comptent en dizaines de millions.
Pourtant il reste encore beaucoup d’argent en circulation. Mais contrairement au coronavirus, les profits évitent soigneusement certains pour se concentrer sur d’autres.
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le samedi 16 mai.
vendredi 15 mai 2020
De choses et d’autres - Tout est à réinventer
L’OMS prévient : il se peut que le covid-19 soit durablement présent partout sur la planète. Alors, en attendant le vaccin, il est urgent de réinventer toutes les interactions sociales afin de limiter les contacts. Et d’anticiper, au cas où une seconde vague déferlerait sur la France. Pourquoi ne pas déjà penser à aménager les restaurants comme cet établissement néerlandais.
Chaque table, de deux ou quatre, est dans une structure de plexiglas transparent. En terrasse, on peut profiter du paysage, sans risquer de contaminer les voisins. Dans la région, cela risque de se transformer en étuve, mais suer quelques gouttes ou être contaminé, il faut choisir. Des architectes espagnols ont déjà imaginé des cabines individuelles à placer sur le sable des plages. Les murs sont transparents là aussi, mais si l’on place des serviette autour, on peut en plus se changer en toute intimité. Pratique...
Cette crise sanitaire devrait encore accélérer la robotisation de notre société. Un humain est contagieux, pas une machine. Comme dans les romans de science-fiction, les robots vont se multiplier, devenir vitaux. Notamment des robots de compagnie qui auraient été bien utiles pour briser l’isolement de certains.
Dans les magasins, les caisses automatiques, encore plus que le drive, sont devenues très tendance. Mais il faudrait y ajouter une option voix, car un écran tactile tripoté par des centaines de clients, bonjour le nid à microbes et virus à la fin de la journée.
Mais à ce rythme, dans 30 ans, on vivra tous dans une bulle de réalité virtuelle totalement aseptisée. Alors, entre deux périodes de confinement, profitez de la vie, notamment « le bruit et l’odeur » vilipendés à une époque par Jacques Chirac.
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le vendredi 15 mai
jeudi 14 mai 2020
De choses et d’autres - Cachez ce bling-bling !
L’époque n’est plus au bling-bling ni au luxe effréné. Comment justifier des petits plaisirs à plusieurs milliers d’euros quand les infirmières touchent royalement 15 € de prime de nuit…
Lundi, jour du déconfinement, une information a agité les réseaux sociaux. Tous les joueurs du Paris Saint-Germain allaient recevoir en cadeau pour leur titre de champion de Ligue 1 une coque de téléphone en or 24 carats gravée de leur nom.
Réaction assez rapide du club parisien qui a affirmé que la société anglaise en question n’a en aucune façon passé un accord avec le PSG. Ce ne serait qu’un coup de pub favorisé par le fait que plusieurs joueurs parisiens (Neymar, Mbappé) sont des clients à titre privé.
C’est ce même bling-bling devenu paria qui serait aussi le principal responsable de l’annulation du festival de Cannes. Car comment admettre que des stars se pavanent sous les objectifs des photographes dans des robes hors de prix alors qu’à quelques centaines de mètres de là des hommes et des femmes s’échinent à sauver les malades du Covid-19 ?
Pourtant le bling-bling est partout. Même dans ce symbole de la transition écologique qu’est le vélo. Un vélo électrique en carbone connecté affiche le prix astronomique de 12 999 €. L’aide de 50 € pour réparation d’après confinement, promise par le gouvernement, doit doucement faire rire les rares possesseurs de ce type d’engin.
Non, le bling-bling ne se montre plus. Mais soyons sûrs et certains qu’une fois la situation redevenue normale, les plus riches de la planète, ceux qui mesurent leur popularité à la valeur de leurs attributs factices, quitteront l’ombre et s’exhiberont de nouveau en toute indécence.
Lundi, jour du déconfinement, une information a agité les réseaux sociaux. Tous les joueurs du Paris Saint-Germain allaient recevoir en cadeau pour leur titre de champion de Ligue 1 une coque de téléphone en or 24 carats gravée de leur nom.
Réaction assez rapide du club parisien qui a affirmé que la société anglaise en question n’a en aucune façon passé un accord avec le PSG. Ce ne serait qu’un coup de pub favorisé par le fait que plusieurs joueurs parisiens (Neymar, Mbappé) sont des clients à titre privé.
C’est ce même bling-bling devenu paria qui serait aussi le principal responsable de l’annulation du festival de Cannes. Car comment admettre que des stars se pavanent sous les objectifs des photographes dans des robes hors de prix alors qu’à quelques centaines de mètres de là des hommes et des femmes s’échinent à sauver les malades du Covid-19 ?
Pourtant le bling-bling est partout. Même dans ce symbole de la transition écologique qu’est le vélo. Un vélo électrique en carbone connecté affiche le prix astronomique de 12 999 €. L’aide de 50 € pour réparation d’après confinement, promise par le gouvernement, doit doucement faire rire les rares possesseurs de ce type d’engin.
Non, le bling-bling ne se montre plus. Mais soyons sûrs et certains qu’une fois la situation redevenue normale, les plus riches de la planète, ceux qui mesurent leur popularité à la valeur de leurs attributs factices, quitteront l’ombre et s’exhiberont de nouveau en toute indécence.
mardi 12 mai 2020
Thriller - L’alternative ottomane
Et si les Turcs, en 1683, avaient remporté la victoire lors du siège de Vienne ? Raymond Khoury transforme cette simple interrogation en vaste roman d’histoire spéculative, avec un peu de fantastique et beaucoup d’action. Un pavé idéal pour se changer totalement les idées car pas une ligne, pas une description, n’est le reflet de notre réalité mais celle, créée de toutes pièces par ce romancier à l’imagination débordante.
Le secret ottoman fait partie de ces quelques livres sortis moins d’une semaine avant le début du confinement. Cela fait donc plus de 6 semaines que les exemplaires dorment dans les rayons des librairies fermées. Mais désormais vous pouvez de nouveau vous rendre dans ces temples de la culture pour acquérir ce roman qui mérite d’être découvert.
Voyageur du temps
Le récit se déroule à deux époques différentes. En 1682 à Istanbul et à Paris en 2017. En quelques pages, on comprend que ce texte va nous entraîner dans une épopée étrange et totalement nouvelle. Dans la chambre du sultan de l’empire ottoman, Mehmed IV, un homme recouvert de tatouages apparaît. Il explique au souverain ce qu’il doit faire pour faire tomber Vienne dans le siège qu’il prépare pour l’été prochain. Les férus d’Histoire savent que le sultan a été battu lors de ce siège, scellant le déclin des Ottomans. Mais s’il avait remporté la victoire, que serait devenu notre monde ?
Réponse dans les pages suivantes, de nos jours donc, à Paris. Les minarets sont les constructions les plus hautes de la capitale de ce qui devenu une région de l’immense empire ottoman. On découvre cette réalité alternative d’une France passée sous la coupe musulmane depuis le XVIIe siècle dans les pas de Kamal, fer de lance de la police du sultan. Il traque les terroristes qui tentent de déstabiliser le régime. Mais d’autres membres de la police sont là pour mettre fin aux envies de liberté d’un peuple lassé de la rigueur de la charia. Un collègue de Kamal tente de le convaincre du bien-fondé de la politique répressive par cette formule : « Seule la peur peut nous protéger de nos instincts, parce que cette liberté dont ils parlent fait le lit de la corruption et de la décadence. » Bref, une France cauchemardesque, qui a perdu de sa superbe, où tout semble interdit, où les femmes n’ont aucun droit.
Double réalité
Le lecteur est happé par la description de ce quotidien alternatif à notre réalité. Et on se dit souvent que finalement on a beaucoup de chance de vivre dans ce pays, avec ces lois et ces dirigeants. Mais Le secret ottoman est aussi un thriller d’anticipation. On comprend au bout d’une centaine de pages qui est le visiteur du sultan, avant le siège de Vienne. Ce voyageur du Temps, ayant déchiffré le fameux secret ottoman conservé dans les ruines de Palmyre, est le grand architecte de cette Europe placée sous la coupe du croissant. Mais ce qui a été modifié une fois peut-il l’être de nouveau ? Attention, les voyages temporels amènent toujours quantité d’interactions difficiles à maîtriser. Raymond Khoury s’en tire avec brio, permettant au lecteur de comparer les deux civilisations sans mélanger les époques.
« Le secret ottoman » de Raymond Khoury, Presses de la Cité, 22 €
De choses et d’autres - Les messages des arrière-plans
Tout amateur de cinéma sait qu’il faut parfois avoir l’œil pour remarquer les messages distillés par le réalisateur en arrière-plan. Un bibelot, une affiche, la couverture d’un livre en évidence : on doit être aux aguets pour ne rien rater.
Les 55 jours de confinement m’ont donné l’occasion de me perfectionner dans ma chasse aux messages cachés ou l’analyse des arrière-plans diffusés à la télévision dans tous les duplex « en direct de ma cuisine ». Amateur de livre, la première chose que je regarde c’est l’encombrement des étagères. Lors de visioconférences avec des collègues, j’ai admiré une bibliothèque méticuleusement rangée et copieusement remplie d’ouvrages reliés.
À l’inverse, je ne sais que dire de ces murs blancs, vierges de toute décoration. À moins que cela ne soit le signe d’un gros ego délivrant son message : « Il n’y a que moi à regarder, rien d’autre ! ».
Lors des directs, je cherche le détail qui permet d’humaniser l’intervenant. Une photo de famille, un tableau champêtre, un diplôme encadré, une pendule. Par contre chez les politiques on devine que tout est pensé à l’avance. Les maires sont redoutables à ce jeu. Anne Hidalgo à Paris a multiplié les symboles sur sa ville.
Et puis durant ces directs il y a les imprévus. Mignons comme le fils d’Olivier Faure qui vient se blottir dans les bras de son père, par ailleurs premier secrétaire du Parti socialiste en pleine interview sur la crise sanitaire. Catastrophiques pour l’image de marque quand Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, est surprise la clope au bec installée à son bureau en train de lire ses textos. Ils vont me manquer ces moments vrais et ces arrière-plans du quotidien.
lundi 11 mai 2020
De choses et d’autres - Ci-gît Jean Dupont, 50 ans
S’il est bien quelque chose que l’on ne va pas regretter de ce long confinement, c’est de remplir l’attestation de sortie. Hier, pour la dernière fois, j’ai cependant eu un petit pincement au cœur en la remplissant pour l’ultime fois.
Mais que va devenir Jean Dupont, 50 ans, né à Lyon et vivant à Paris au 999 avenue de France ?
Ceux qui sont restés au papier pour remplir l’attestation ne comprennent pas qui est ce fameux Jean Dupont. Les autres, qui ont préféré préserver les ressources de la planète et sont passés au formulaire numérique, savent parfaitement qui est notre ami Jean. Pour bien expliquer aux Français quelles cases remplir et avec les bons éléments, l’attestation était préremplie de données fantômes.
Ainsi, dans la case prénom, il y avait par défaut Jean. Au nom : Dupont. Et ainsi de suite jusqu’à l’adresse parisienne. La date de sortie et l’heure étaient quant à elles remplies d’office si votre smartphone était à l’heure.
Voilà comment tous les jours avant de prendre l’air ou faire trois courses, j’ai « écrasé » les données de Jean Dupont.
Par chance, le formulaire était intelligent et retenait mes propres données. Il fallait cependant taper les trois premières lettres pour qu’il vous propose le bon mot. J’ai donc écrit un nombre incalculable de fois Mic Lit Pol, soit les débuts de mon prénom, nom et commune de résidence.
Par contre il a bloqué sur mon lieu de naissance. Il est vrai que Saint-Aubin-de-Cadelech, minuscule village de Dordogne, c’est peu commun. Et un peu long à écrire tous les jours. Non, franchement, je ne regretterai pas l’attestation, mais je me demande encore ce que va devenir Jean Dupont.
Mais que va devenir Jean Dupont, 50 ans, né à Lyon et vivant à Paris au 999 avenue de France ?
Ceux qui sont restés au papier pour remplir l’attestation ne comprennent pas qui est ce fameux Jean Dupont. Les autres, qui ont préféré préserver les ressources de la planète et sont passés au formulaire numérique, savent parfaitement qui est notre ami Jean. Pour bien expliquer aux Français quelles cases remplir et avec les bons éléments, l’attestation était préremplie de données fantômes.
Ainsi, dans la case prénom, il y avait par défaut Jean. Au nom : Dupont. Et ainsi de suite jusqu’à l’adresse parisienne. La date de sortie et l’heure étaient quant à elles remplies d’office si votre smartphone était à l’heure.
Voilà comment tous les jours avant de prendre l’air ou faire trois courses, j’ai « écrasé » les données de Jean Dupont.
Par chance, le formulaire était intelligent et retenait mes propres données. Il fallait cependant taper les trois premières lettres pour qu’il vous propose le bon mot. J’ai donc écrit un nombre incalculable de fois Mic Lit Pol, soit les débuts de mon prénom, nom et commune de résidence.
Par contre il a bloqué sur mon lieu de naissance. Il est vrai que Saint-Aubin-de-Cadelech, minuscule village de Dordogne, c’est peu commun. Et un peu long à écrire tous les jours. Non, franchement, je ne regretterai pas l’attestation, mais je me demande encore ce que va devenir Jean Dupont.
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