dimanche 10 mai 2020

BD - Roxelane, l’esclave devenue reine


La collection « Les reines de sang » recèle d’histoires trop peu connues. Des destins prouvant que les femmes, malgré une société qui ne les favorise pas, ont toujours eu la force pour s’imposer et devenir puissantes. Parmi ces femmes fortes avant l’heure, découvrez « Roxelane la joyeuse » dont la vie est racontée par Virginie Greiner et dessinée par Olivier Roman. La Turquie du XVIe siècle est le centre de l’empire Ottoman. 
Soliman le magnifique règne sur la moitié de l’Europe et tout le Moyen Orient. Il est souvent en guerre et donc peu présent à Istanbul, là où une armée d’eunuques gère son harem. Parmi toutes ces jeunes femmes, toutes plus belles les unes que les autres, la compétition fait rage. 

Nouvelle venue, Roxelane est une esclave ukrainienne. Sa chevelure rousse la distingue des autres. Son rire communicatif aussi. Elle devient alors Hurrem la joyeuse. Persuadée qu’elle se fera remarquer par le sultan aussi par son intelligence, elle étudie les langues, la poésie et intrigue pour se rapprocher du maître des lieux. La première partie de la série prévue en deux tomes raconte la vie du harem. Comment il faut être patiente et opportuniste pour sortir du lot. Mais avec le risque permanent de finir au cachot après avoir dépassé les bornes. Roxelane va si bien manœuvrer qu’une fois mise en présence du sultan elle va le conquérir et rapidement tomber enceinte. Une occasion rêvée pour supplanter la favorite et endosser le manteau de zibeline qui lui permettra de se faire appeler sultane. 

« Roxelane la joyeuse » (tome 1), Delcourt, 14,95 € 


samedi 9 mai 2020

Polar – Visions de cauchemar


Certains flics choisissent ce métier pour de mauvaises raisons. Imposer son autorité, abuser de son pouvoir. D’autres par contre, l’immense majorité, ont la volonté de protéger et servir leurs concitoyens. Et puis il y a les atypiques, endossant uniforme ou carte professionnelle juste pour se sauver. 
C’est le cas de Cécile Rivère, le personnage principal de « Tombent les anges », thriller magistral de Marlène Charine. Cécile est gardienne de la paix. Elle fait les nuits avec un collègue aux blagues toujours déplacées. Cécile qui a choisi la police juste pour apprendre à se battre après quelques mois passés sous la coupe d’un petit ami violent. Un traumatisme qui a laissé des traces.

Peur et désespoir 
Solitaire, Cécile souffre de TOC de plus en plus handicapants. Au point qu’elle a des doutes sur sa santé mentale quand il lui semble entendre des cris dans un appartements lors d’une patrouille. Le lendemain matin, à la fin de son service de nuit, elle retourne sur place et tombe sur le capitaine Kermarec de la criminelle. Dans cet appartement, une jeune femme s’est suicidée. Cécile le suit et a l’impression de voir le fantôme de l’ancienne infirmière. « Un frisson désagréable parcourut sa nuque. Une sensation insaisissable accompagnait la chute de la température. Celle d’une présence à ses côtés, une présence irradiant la peur et le désespoir. »
Une entrée en matière à la tonalité assez fantastique ce roman policier qui va rapidement virer au thriller. Car la suicidée, loin d’être parfaite, aurait abrégé les souffrances de nombre de ses patients âgés. La romancière, avec une maestria digne d’un vieux de la vieille, égare le lecteur sur plusieurs fausses pistes, tout en tissant une relation particulière entre la « presque » folle et le beau flic solitaire. 

« Tombent les anges » de Marlène Charine, Calmann-Lévy, 19,50 €


Cinéma - Varda et Truffaut, cautions culturelles des plateformes de SVOD ?



En France, Netflix et Amazon Prime tentent de se donner une meilleure image culturelle. Les deux plateformes de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) ont étoffé leur catalogue avec des films français d’auteur de très grande qualité. Netflix mise sur François Truffaut, Amazon Prime, toujours dans la mouvance de la nouvelle vague, a remis au goût du jour presque l’intégralité de l’œuvre cinématographique d’Agnès Varda. Pourquoi les plateformes de SVOD changent d’un coup d’un seul le fond de leur catalogue ? 

Bonnes et mauvaises raisons

Les naïfs estimeront que c’est pour apporter un peu plus de qualité face au très raté Marseille chez Netflix ou le racoleur Love Island animé par Nabilla chez Amazon. Les plus réalistes estiment simplement que les géants américains se préparent à remplir les obligations européennes de diffusion de 30 % d’œuvres en provenance du vieux continent. 


Obligation non dérogatoire et soumise à forte amende en cas de non-respect. Sachant que les investisseurs des deux plateformes de SVOD ne sont pas spécialement des philanthropes, cette seconde explication semble la plus plausible. Reste que grâce à ces directives européennes souvent décriées, le public de Netflix et Amazon a la possibilité de découvrir des chefs-d’œuvre du cinéma français, de moins en moins diffusés à la télévision française si ce n’est Arte. 
Agnès Varda sur Amazon, cela va de son premier long-métrage La Pointe Courte, tourné à Sète en 1954 avec un jeune acteur encore inconnu : Philippe Noiret aux Plages d’Agnès de 2008. On ne manquera pas l’incontournable Sans toit ni loi qui a révélé Sandrine Bonnaire ou le mythique Cléo de 5 à 7, excellente photographie de la vie d’une femme française au début des années 60. Fiction, documentaire ou essai cinématographique, avec Varda le cinéphile est comblé de A à Z. 
Pour beaucoup, François Truffaut est considéré comme le plus grand cinéaste français de tous les temps. Ancien critique, il a été sévère pour ses aînés avant de bousculer la narration filmique. Ce sont 12 films qui rejoignent (pour un an seulement dans un premier temps), le catalogue de Netflix. On peut commencer par Les 400 coups avec un Jean-Pierre Léaud encore minot endossant le personnage de sa vie, Antoine Doinel. Mais on peut aussi attaquer avec Vivement dimanche, son dernier film réalisé en 1983. Un polar avec une Fanny Ardant toujours aussi époustouflante dès que le réalisateur derrière la caméra sait mettre en valeur sa classe folle. Entre ce premier et dernier film, ce ne sont que des œuvres d’anthologie qui sont proposées, de Jules et Jim au Dernier métro. Il manque quand même dans cette œuvre La nuit américaine (qui a offert à Dani son meilleur rôle au cinéma) et surtout L’homme qui aimait les femmes, avec Charles Denner. Sans doute le film le plus personnel de Truffaut.

De choses et d’autres - Confinement 1 - Libido 0


Pendant le confinement, les sondeurs eux n’ont pas chômé. Et si au début on ne répondait pas à leurs sollicitations, au bout de quatre semaines, leur appel était le bienvenu pour briser la monotonie de ce mauvais remake d’Un jour sans fin.
Jeudi, plusieurs instituts ont dévoilé les études portant sur le couple et le confinement. Résultat des courses, c’est pas brillant. Certes une majorité estime que ce confinement n’a pas eu d’effet sur leur vie à deux, par contre ils sont plus de 10 % qui affirment vouloir, dès la fin du confinement, s’éloigner l’un de l’autre un temps, voire définitivement.
Découvrir toutes les manies et défauts de celui ou celle avec qui on doit cohabiter 24 h sur 24, laisse forcément des traces.

De même, contrairement aux premières impressions qui laissaient entrevoir un babyboom dans 9 mois, les naissances risquent au contraire de plonger car le même sondage réalisé par l’Ifop pour Charles.co, un site de consultations en ligne de médecin sexologues, montre qu’un couple dur cinq n’a plus du tout de relations sexuelles à la fin de ce confinement.
Et si par malheur un « reconfinement » devait être décidé, les femmes sont clairement contre un nouvel enferment avec leur compagnon. A choisir, elles préfèrent, et de loin, rester seules que mal accompagnées. Sexe et confinement n’ont pas fait bon ménage.
Le déconfinement devrait permettre à certains et certaines de reprendre leur chasse à l’âme sœur. Mais je me garderai de faire la moindre allusion sur l’interdiction des réunions de plus de 10 personnes. Dix, vue la thématique du jour, ça me parait déjà très élevé…



Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le samedi 9 mai, 54e jour du grand confinement

vendredi 8 mai 2020

Spirou et Fantasio ont accompagné le confinement des lecteurs de l'Indépendant

Fin ce vendredi 8 mai de la publication en feuilleton de la nouvelle aventure de Spirou et Fantasio. Fred Neidhardt et Fabrice Tarrin vous donnent rendez-vous fin août pour la sortie de l’album « Spirou chez les Soviets » aux éditions Dupuis.

Que tout le monde se rassure, le monde libre l’emporte à la fin de l’aventure de Spirou et Fantasio imaginée par Fred Neidhardt, auteur résidant à Montpellier et dessinée par Fabrice Tarrin, habitant lui à Narbonne. Deux jeunes auteurs qui n’ont pas hésité à dynamiter le monde imaginé par Jijé, Franquin, Fournier ou Tome et Janry.
Le héros en habit rouge, lancé en dans le magazine qui porte son nom depuis 1938 par Rob-Vel, affiche plus de 60 albums au total. La série principale, animée par Franquin dans les années 60 et dernièrement par Yoann et Vehlmann, cohabite depuis quelques années avec des aventures signées de grandes plumes de la BD. La collection intitulée « Le Spirou de… » donne l’occasion à certains de revisiter totalement l’univers. Si Yann (déjà avec Tarrin au dessin) a rendu un vibrant hommage aux grandes aventures à la Franquin dans « Le Tombeau des Champignac », Émile Bravo a mis le jeune groom sur les routes de l’exode face à l’arrivée des troupes allemandes dans « L’espoir malgré tout ».

Dans Spirou chez les Soviets, Fred Neidhardt a voulu confronter le héros de son enfance au régime autoritaire de l’URSS des années 60. S’il est question de politique et de droits de l’Homme dans cette histoire de plus de 50 pages, ce n’est cependant pas le brûlot publié en 1929 par Hergé, engagé dans une croisade contre les Bolcheviks.


Spirou est un héros humaniste comme le démontre la dernière partie de l’album publiée hier et aujourd’hui dans les pages de l’Indépendant. Une jolie récréation durant le confinement, l’occasion selon Fabrice Tarrin, « d’apporter une petite récréation aux lecteurs. » L’album, qui devait paraître en juin, est finalement décalé à la fin de l’été.
 Désormais Fabrice Tarrin va de nouveau retourner à son héros personnel, le Lémurien, série très personnelle née sur un blog au début des années 2000 où il se met en scène. Un nouvel album est espéré l’année prochaine. À moins qu’il ne prenne du retard à cause d’un célèbre petit Gaulois…

De choses et d’autres - Le temps est venu…


En mode « Moi, président… » Nicolas Hulot a publié sous forme de tribune dans Le Monde d’hier une longue liste de propositions pour un avenir plus radieux. 100 idées qui commencent toutes par « Le temps est venu… »
L’ancien animateur télé, chantre de l’écologie (et capitaliste éclairé) estime sans doute que le long confinement a été propice aux Français pour qu’ils fassent une introspection sur leur mode de vie. 

Un luxe de propriétaire terrien que les locataires de F3 sous les combles n’ont pas pu développer, autrement préoccupés par les cris des voisins, les pleurs du petit dernier et l’angoisse de se prendre un PV de 135 euros à leur 3e sortie de la journée pour ne pas péter les plombs.
Si certains souhaits ne sont que la reformulation de son programme politique, d’autres font un peu figure de journal intime d’une gamine de 12 ans. Que penser de « Le temps est venu de nous réapproprier le bonheur » quand plus de 12 millions de Français sont au chômage partiel ?
Et quand il dit « Le temps est venu d’applaudir la vie », c’est en opposition aux applaudissements pour le personnel soignant tous les soirs à 20 heures ?
La dernière est sans doute la plus horrible : « Le temps est venu de créer un lobby des consciences ». J’ai toujours eu en horreur le mot lobby, symbole des agissements sournois et cachés d’une minorité uniquement préoccupée par ses petits intérêts.
Mais, comme le dit ironiquement un journaliste de l’Opinion sur Twitter : « C’est sympa à Hulot de permettre à des élèves de CM2 de décrire leur monde rêvé ». En fait, pour Nicolas Hulot, le temps est surtout venu de se faire oublier. 

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le vendredi 8 mai, 53e jour du grand confinement

jeudi 7 mai 2020

BD – Martiniquaise en mal de liberté


Profitez des alizés, du rhum local et de la liberté de l’héroïne dans la suite de cette saga se déroulant à la Martinique au XIXe siècle. Eliza Huc, jeune femme volontaire, tente de sauver la plantation sucrière et la distillerie de la famille. Alors qu’elle aime sans limite un métis, elle accepte d’épouser un riche commissionnaire en échange d’une usine moderne. 



Un marché quelle passe avec son frère, Charlot, revenu aux Antilles après de brillantes études à Paris. Eliza pense avoir sauvé l’héritage familial, mais c’est sans compter avec le pouvoir de nuisance du grand-père, abominable raciste. Gilles Mezzomo met en images cette histoire de femme forte et de liberté écrite par Stéphane Piatzszek.

« Les maîtres des îles » (tome 2), Glénat, 14,95 €

Série Télé. Les inconvénients de la vie éternelle dans « Upload »


Certaines séries sont plus attendues que d’autres non pour le sujet abordé ni le casting mais simplement le nom du créateur. Pour Upload, l’idée originale venant de Greg Daniels, l’inventeur de The Office, l’impatience était doublée d’une grande curiosité. Les amateurs de comédies déjantées ne seront pas déçus. Dans un futur proche (une quinzaine d’année
s au maximum), les progrès techniques en intelligence artificielle et réalité virtuelle ont permis d’offrir au commun des mortels (même si cela coûte assez cher au final), une vie éternelle. Pas dans notre vieux corps fatigué ni sur notre monde pollué et surpeuplé mais dans de luxueuses communautés dans le cloud où tout est permis. Ou presque. Nora (Andy Allo), travaille dans une de ces sociétés qui vend de la vie après la mort et hérite d’un nouveau client qui a décidé de faire uploader toute sa mémoire dans cet endroit digne du paradis et qui prend l’apparence d’un hôtel victorien sur les grands lacs de l’Amérique du Nord. 
Nathan (Robie Amell) n’a que 27 ans quand il est grièvement blessé dans un accident de voiture. Il a le choix entre une opération risquée et l’upload en pleine conscience. Sa fiancée le pousse à choisir le virtuel. Ainsi elle pourra continuer à vivre avec lui. Mais l’éternité devient vite longue quand on devient le jouet d’une femme immature. Par chance, Nathan trouve beaucoup de réconfort dans son « ange », Nora, chargé de répondre à toutes ses demandes. Nora qui rapidement tombe sous le charme de ce beau parleur. Jusqu’à ce qu’elle découvre que l’accident était peut-être provoqué…
 Une romance, une enquête, des morts totalement décomplexés, une réflexion sur la vie, la mort et le virtuel : Upload en dix épisodes disponibles sur Amazon Prime captivera tous ceux pour qui vivre au jour le jour n’est déjà pas une sinécure.

Livres - Les écrivains locaux ont du talent


Le confinement, pour les écrivains, c’est du bonheur en barre. Rien de tel pour nombre d’entre eux un isolement complet pour écrire leurs futures œuvres. N’en doutons pas, nombre de romans seront prochainement publiés une fois le confinement terminé. Les auteurs de la région ne seront certainement pas en reste et en attendant de découvrir leur contribution culturelle à ce moment si particulier de l’histoire du pays, penchons-nous sur deux romans parus l’an dernier et façonnés dans les Pyrénées-Orientales. 

Jean-Christian Séguret, ancien notaire des Pyrénées-Orientales, a une imagination débordante d’originalité. Comme quoi les métiers les plus sérieux (et prétendument les plus barbants), cachent parfois de drôles énergumènes. Dans « Missions Paradis », son 5e roman paru chez La Tour Éditions, il convoque deux grands écrivains français : Alain Fournier et Charles Péguy. Dans les tranchées de la Grande Guerre, ils rencontrent Lucien Marcerou, jeune soldat audois originaire de La Palme. 
Un trio qui dans la vraie vie ne voit pas la fin de la guerre mais qui dans le roman prolonge son amitié tout au long du siècle. Ils rencontreront en plus une personnalité éminente que l’auteur va plonger dans quelques situations extravagantes comme cette scène au festival de Woodstock : « Elle vient d’effectuer une stupéfiante apparition moulée dans un short réduit à sa plus simple expression, souligné par un haut de maillot de bain aussi fleuri que microscopique. » Quand vous saurez qui est cette « elle », vous comprendrez que l’auteur est allé très loin dans la réinterprétation de l’Histoire. 

Annie Cacéres, de Ponteilla, est une boulimique de l’écriture. 
L’an dernier est sorti son 10e roman intitulé « Karen » et autoédité. Elle a déjà à son actif des recueils de poésies, des nouvelles et plusieurs romans, policier ou d’aventure. Sous le nom de Calliope, elle conte les déboires de Karen « une jolie, et douce adolescente, orpheline. » Un récit au cours duquel elle sera victime de sa naïveté et de son inexpérience face aux agissements de fréquentations pas toujours fiables. Pour oublier ces mauvais moments, elle ira en Italie où, selon la romancière, « sa beauté, son charisme, son corps de mannequin seront ses atouts pour survivre ! » Mais loin d’être un banal roman d’amour, « Karen » raconte comment une jeune femme peut voir sa vie basculer dans l’horreur la plus complète. 
Ce texte court et âpre est complété par « Le fils de Karen » où Calliope endosse cette fois la panoplie de la parfaite baroudeuse pour nous faire visiter, avec des anecdotes que l’on devine vécues, quantité de pays, de l’Italie au Vietnam en passant par la Suède ou l’Autriche. 

De choses et d’autres - La culture rend naturel


Bizarre comme une simple visioconférence avec quelques artistes vous change un homme. Depuis le début de la crise, le président Macron a endossé le costume très rigide du président en exercice, conscient du drame qui se joue, obligé d’être inflexible avec son peuple pour sauver des vies. Ses sorties, toutes millimétrées, ont toujours été des apologies pour les gestes barrières.


Et puis hier, il a évoqué le problème de la culture en France. Évoqué seulement car il a avoué d’entrée ne pas avoir de plan pour sauver ce pan essentiel de l’économie nationale. Alors c’est en bras de chemise sur le mode « faisons travailler nos méninges » qu’il a écouté et fait des propositions.
Un président étonnamment naturel, qui n’a pas cessé durant son long monologue de se passer les mains dans les cheveux, se décoiffant sans se soucier de son image. Se grattant les avant-bras, comme si un virus imaginaire le titillait, jouant avec sa cravate, parlant comme tout un chacun, sans lire un discours écrit par ses services, juste en émettant des idées, les jetant en pâture aux intervenants en leur demandant d’y réfléchir. Car l’imagination est de leur côté. Lui il a joué le pragmatique. Mais sans se priver de quelques sorties étonnantes, comme cette « utopie concrète » qui pourrait être au programme du bac de philo de l’année prochaine. En réalité, en le voyant un peu en roue libre, totalement décontracté, au naturel, j’ai douté un moment qu’il soit au courant que son intervention était en direct sur toutes les chaînes d’information. À moins que ce ne soit un excellent comédien. 


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le jeudi 7 mai, 52e jour du grand confinement