Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
mercredi 26 septembre 2018
DVD et blu-ray - Flics peu orthodoxes
Ancêtres de l’infiltration, les flics de la brigade secrète Seven Ups ont véritablement existé. Ils ont collaboré au scénario de ce film d’action américain produit et réalisé par Philip D’Antoni. Roy Scheider est à la tête de cette unité qui traque les mafieux new-yorkais. Le film de 1973 ressort avec un important livret sur ce qui reste un chef-d’œuvre du film policier avec une course-poursuite d’anthologie.
➤ « The Seven Ups », Wild Side Vidéo
DVD et blu-ray - Les peurs enfantines de Stephanie
Seule dans sa grande maison, Stephanie , 6 ans, tente de survivre. Elle parle beaucoup à une peluche, Francis, et parfois tente de réveiller son frère. Mais ce dernier est mort. Et en état de putréfaction avancée. La nuit, un monstre rode. Ce film d’horreur (où on retrouve Ana Torv, l’héroïne de Fringe), intrigue beaucoup dans la première demi-heure. La suite est plus convenue mais reste quand même très effrayante.
➤ «Stephanie», Universal
DVD et blu-ray - Des mères de famille extra dans le sillage des MILF d'Axelle Laffont
Trois copines, toutes âgées de plus de 40 ans, partent dans le sud en plein été. Pas des vacances ordinaires. Elise (Axelle Laffont) et Sonia (Marie-Josée Croze) vont vider et nettoyer la maison de Cécile (Virginie Ledoyen).
Veuve depuis trois ans, elle n’y habite plus et compte la vendre dans un mois. Ce film de nanas, le premier de la comique Axelle Laffont, joue sur l’opposition et la complémentarité des trois amies. Cécile, toujours dans le deuil, est sé- rieuse et introvertie. Sonia, maî- tresse depuis des années d’un homme marié espère toujours qu’il va quitter sa femme pour elle.
Elise, divorcée, est une frappadingue en quête de sensations fortes. Quand elles croisent le chemin de trois jeunes de 20 ans, elles vont devenir des MILF, des « Mother I’d Like to Fuck». Mais l’amour est souvent compliqué entre générations. Et marrant aussi dans une comédie trépidante et ne manquant pas de charme ni de fond. Dans les bonus du DVD, un bêtisier débridé et potache.
➤ « MILF », Studiocanal
De choses et d'autres - Une belle marque aux oubliettes
Il semble qu’en France on n’aime pas les « winners ». Ni les bénis oui oui. Quoique. Contrairement aux USA où richesse et célébrité sont synonymes de gloire.
Chez nous, les réactions sont diamétralement opposées. Les gros salaires (sauf ceux des sportifs) provoquent la suspicion. La reconnaissance mondiale ? Trahison à la patrie. Un axiome valable pour les personnes mais aussi pour les marques. Preuve avec le TGV. Le train à grande vitesse bat tous les records, remporte des succès à l’étranger, sillonne la France du Nord au Sud, révolutionne le voyage en train de papa.
Vous dites TGV et immédiatement une image de vitesse, de modernisme et d’avenir s’impose aux yeux de tous. Trop parfaite sans doute. La SNCF débaptise donc ses trains. Désormais nous ne prendrons plus le TGV mais le « Inoui ». Nouvelle appellation doublée d’un logo qui se veut moderne et inversable. Le premier « I » a le point en bas, la forme des autres lettres est simplifiée. Le O central prend une ampleur digne du ventre d’Obélix, de sorte que les graphistes aient pu vendre ce logo lisible dans les deux sens.
Certains esprits mal intentionnés interprètent différemment cette lecture croisée. Oui à l’endroit et Oui à l’envers, cela ne donne pas Inoui mais Oui-Oui. Voilà comment la SNCF a troqué son TGV, symbole mondial envié de la réussite et de l’excellence française contre le petit train de Oui-Oui. Il semble qu’en France on aime les « Ouiners ».
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 26 septembre 2018
mardi 25 septembre 2018
De choses et d'autres - Aux urnes citoyens helvétiques
En Suisse, le vote s’apparente presque à une activité hebdomadaire. Dimanche dernier par exemple, plusieurs sujets étaient proposés aux citoyens helvétiques. Avec parfois des particularismes par canton. On a beaucoup parlé de la dé-cision de celui de Saint-Gall d’interdire la burqa. La question sera mise aux voix au niveau national l’an prochain.
Néanmoins la véritable révolution de ce dimanche soulève beaucoup moins de polémique. La réforme proposée a été adoptée à plus de 73%. Il s’agissait purement et simplement d’inscrire la pratique du vélo dans la Constitution. En clair, les pistes cyclables seront encouragées (et donc financées) par le gouvernement fédéral sur le même principe que les chemins pédestres. Un véritable plébiscite en faveur de la petite reine.
Pourtant, contrairement aux Pays-Bas, pédaler en Suisse implique une condition physique parfaite. Passer d’une vallée à l’autre nécessite des mollets en béton. Des pistes skiables, je comprendrais, mais des pistes cyclables, je me demande encore ce qui leur est passé par la tête.
Écologistes les Suisses ? Oui, mais pas trop. Car dans le même temps, deux autres projets pourtant louables pour la santé et la culture des citoyens ont été rejetés. Il y était question d’imposer la souveraineté alimentaire et de favoriser les aliments équitables. Que les Suisses se rassurent, ils conserveront le droit de manger des hamburgers de mauvaise qualité avec du succédané de fromage sous film plastique, alors qu’ils disposent de vaches et de fromages d’exception.
Les Zurichois ont également voté massivement contre les subventions aux producteurs de cinéma. De crainte sans doute que Depardieu se lasse de la Corée du Nord et décide de s’offrir une cure de jouvence en gravissant les alpages. À vélo.
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 25 septembre 2018
Néanmoins la véritable révolution de ce dimanche soulève beaucoup moins de polémique. La réforme proposée a été adoptée à plus de 73%. Il s’agissait purement et simplement d’inscrire la pratique du vélo dans la Constitution. En clair, les pistes cyclables seront encouragées (et donc financées) par le gouvernement fédéral sur le même principe que les chemins pédestres. Un véritable plébiscite en faveur de la petite reine.
Pourtant, contrairement aux Pays-Bas, pédaler en Suisse implique une condition physique parfaite. Passer d’une vallée à l’autre nécessite des mollets en béton. Des pistes skiables, je comprendrais, mais des pistes cyclables, je me demande encore ce qui leur est passé par la tête.
Écologistes les Suisses ? Oui, mais pas trop. Car dans le même temps, deux autres projets pourtant louables pour la santé et la culture des citoyens ont été rejetés. Il y était question d’imposer la souveraineté alimentaire et de favoriser les aliments équitables. Que les Suisses se rassurent, ils conserveront le droit de manger des hamburgers de mauvaise qualité avec du succédané de fromage sous film plastique, alors qu’ils disposent de vaches et de fromages d’exception.
Les Zurichois ont également voté massivement contre les subventions aux producteurs de cinéma. De crainte sans doute que Depardieu se lasse de la Corée du Nord et décide de s’offrir une cure de jouvence en gravissant les alpages. À vélo.
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 25 septembre 2018
lundi 24 septembre 2018
De choses et d'autres - Scène imaginaire chez un expert psychiatrique qui n'a pas de chance...
La scène (imaginaire) se déroule dans la salle d’attente d’un médecin psychiatre. La porte s’ouvre, un homme, barbe bien taillée, costume classe, entre prudemment. Il regarde aux quatre coins de la pièce comme s’il inspectait une scène de crime. Il s’installe dans un coin et salue d’un bonjour laconique la seule personne présente, une femme entre deux âges. La blonde peu souriante tire avec avidité sur sa cigarette électronique malgré les messages d’interdiction.
Après dix minutes à se regarder en chiens de faïence, l’homme rompt le silence.
- Vous êtes là pour vous faire expertiser vous aussi ?
- Oui, décision de justice.
- Moi aussi. Comme si je n’étais pas plus équilibré que le juge qui tente de me faire tomber.
- À qui le dites-vous, répond la femme qui se déride un peu. Il paraît que j’ai un problème avec l’image de la violence...
- Je connais. Il suffit qu’on se montre un peu viril, tout le monde vous accuse de toutes les tares et on vous catalogue serial killer.
- Moi c’est juste un problème d’image. Je ne me suis jamais battue. Ce qui selon moi rend cette expertise encore plus idiote.
- Il paraît que l’expert va aussi nous interroger sur notre famille, pour comprendre d’où vient le mal.
- C’est sûr qu’avec mon père fallait filer droit. Il ne plaisantait pas. Mais j’essaie de couper avec lui. J’espère que cela m’aidera.
- Oh moi ma famille je lui dois tout. J’ai été bien élevé. Pas question que je dise du mal d’elle, même sous la contrainte.
Le psychiatre entre dans la salle d’attente. « Mme Marine Le Pen, c’est à vous. M. Alexandre Benalla, vous passerez juste après. »
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le lundi 2' septembre 2018
Après dix minutes à se regarder en chiens de faïence, l’homme rompt le silence.
- Vous êtes là pour vous faire expertiser vous aussi ?
- Oui, décision de justice.
- Moi aussi. Comme si je n’étais pas plus équilibré que le juge qui tente de me faire tomber.
- À qui le dites-vous, répond la femme qui se déride un peu. Il paraît que j’ai un problème avec l’image de la violence...
- Je connais. Il suffit qu’on se montre un peu viril, tout le monde vous accuse de toutes les tares et on vous catalogue serial killer.
- Moi c’est juste un problème d’image. Je ne me suis jamais battue. Ce qui selon moi rend cette expertise encore plus idiote.
- Il paraît que l’expert va aussi nous interroger sur notre famille, pour comprendre d’où vient le mal.
- C’est sûr qu’avec mon père fallait filer droit. Il ne plaisantait pas. Mais j’essaie de couper avec lui. J’espère que cela m’aidera.
- Oh moi ma famille je lui dois tout. J’ai été bien élevé. Pas question que je dise du mal d’elle, même sous la contrainte.
Le psychiatre entre dans la salle d’attente. « Mme Marine Le Pen, c’est à vous. M. Alexandre Benalla, vous passerez juste après. »
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le lundi 2' septembre 2018
dimanche 23 septembre 2018
BD - Comment ne pas aimer la Barcelone de "L'art de mourir par Raule et Berthet
Raule est de Barcelone. Raule aime Barcelone. Le scénariste de Jazz Maynard, dans la préface de cet album dessiné par Philippe Berthet explique qu’il aime Barcelone, « ma ville invisible, mystérieuse, belle et brutale ». La ville de Gaudi sert de décor à cette histoire sombre comme la collection qui l’héberge, « Ligne noire ».
Un policier français, Philippe Martin, se rend d’urgence dans la capitale catalane. Une jeune fille, étudiante en histoire de l’art, est retrouvée morte dans sa baignoire. Un suicide selon toute probabilité. Dans une lettre d’adieu, elle parle de son père, ce policier français qu’elle n’a jamais connu. De lui, elle a cette passion pour les chansons de Jacques Brel. Lui ne savait pas qu’il avait une fille. La femme avec qui il vivait, l’a quitté il y a 25 ans. Enceinte visiblement. Il se découvre une fille. Et doit en faire le deuil immédiatement.
Le récit devient de plus en plus mystérieux, étonnant et va glisser vers le polar pur et dur. Avec coups de théâtre et scènes d’action dans des lieux emblématiques de cette ville « belle et brutale », du téléphérique du port au labyrinthe d’Horta.
➤ « L’art de mourir », Dupuis, 14,99 €
A Saint-Michel-de-Llotes, les abeilles restent les stars le 30 septembre
Saint-Michel de Llotes accueille le dimanche 30 septembre la fête du miel et des abeilles. Une journée marquée par la présence d'Arnaud Montebourg, créateur de la marque "Bleu, Blanc, Ruche".
Le dimanche 30 septembre il y aura beaucoup d’animation à Saint-Michel-de-Llotes : des abeilles, du miel, des apiculteurs et producteurs locaux et… Arnaud Montebourg. Une personnalité nationale qui parrainera cette fête du miel et des abeilles inscrite dans le paysage des animations en Pays catalan depuis le début des années 2000.
« Ce n’est pas l’ancien homme politique que j’ai sollicité, explique Jean-Luc Obrecht, le maire, mais le chef d’entreprise ». L’ancien ministre socialiste s’est retiré de la vie politique et a créé la société « Bleu Blanc Ruche » qui a vocation de promouvoir le miel français et la plantation d’oliviers. Un coup de projecteur sur ce village de 373 âmes qui tente d’attirer des jeunes. Tout en voulant préserver la quiétude de ce petit bourg, coincé le long de la rivière le Gimenell, il faut amener des forces vives. Après l’installation d’un apiculteur, ce sont des chevrières qui devraient s’implanter et produire des fromages locaux.
Au plus près des abeilles avec l’apimobile
En attendant ces nouveaux produits « made in Saint-Michel-de-Llotes », vous pourrez déguster nombre de spécialités du coin au cours de ce rendez-vous mettant à l’honneur les produits locaux. Préparez vos papilles pour le miel, les amandes, fruits et pâtisseries. Des artistes seront aussi de la fête et les apiculteurs pourront aussi trouver leur bonheur sur les stands de matériel professionnel. Après la traditionnelle messe, l’USAR (Union syndicale apicole du Roussillon), partie prenante de plusieurs animations, procédera à une démonstration d’extraction de miel.
L’USAR viendra également avec son « apimobile ». Il s’agit d’une remorque vitrée contenant une ruche. Un apiculteur peut pénétrer à l’intérieur et expliquer aux spectateurs installés tout autour et à l’abri, comment on travaille une ruche. Contrairement à la croyance populaire, les abeilles sont d’une grande fragilité. Non seulement elles sont sensibles aux produits chimiques (il sera certainement question lors de la fête de l’interdiction de certains produits phytosanitaires ré- clamée à cor et à cri par les professionnels de la filière), mais parfois la ruche a tout simplement des problèmes de surpopulation ou de famine. Prendre du miel c’est bien, leur en laisser suffisamment pour qu’elles se nourrissent, c’est mieux…
Et avant de placer les ruches en hivernage, il faut s’assurer qu’elles ont assez de nourriture jusqu’au printemps. Sinon l’apiculteur risque l’essaimage : la fuite de l’essaim vers une autre maison plus accueillante. Cette fête du miel et des abeilles est le rendez-vous idéal d’une sortie en famille pour une journée bucolique et instructive. S’il fait beau, les 3 000 visiteurs diraient être atteints. Comme les autres années, car les véritables stars restent et resteront les abeilles.
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Jérôme Groult, le roi des reines
Sa passion ? Les abeilles et le grand air. Jérôme Groult, longtemps artisan menuisier plaquiste en Normandie, fait partie de ces hommes et femmes qui n’ont pas eu peur de changer de vie. Pour se mettre en adéquation avec ses véritables envies. Concrètement, il aime « passer du temps avec les abeilles et profiter de la liberté d’être en montagne ».
Il a donc mis le cap au sud avec sa compagne et ses deux enfants pour s’installer au Mas Martine. Avec l’aide de la municipalité dont il ne louera jamais assez le bon accueil, il a trouvé des terrains pour y placer sa cinquantaine de ruches. Il propose son premier miel local mais l’essentiel de son activité consiste à élever des reines et former des essaims pour les vendre aux apiculteurs. Quand il se met à raconter comment on fait naître une reine, ses yeux s’illuminent. Il avoue aimer « farfouiller dans les ruches » et justement il faut doigté et précision pour obtenir un résultat satisfaisant.
Première difficulté, l’œuf doit être prélevé quand il a trois jours. Pas deux ni quatre, trois. Ensuite il faut l’extraire très délicatement et le placer dans un cupularve. 13 jours après la reine va naître et il faut dès lors la placer dans une ruche pour qu’elle fasse son essaim.
Chaque reine est marquée d’un point de couleur. En fonction de son année de naissance. Cette année Jérôme Groult produit des reines rouges que vous pourrez acheter le 30 septembre sur son stand.
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Le miel de ciste
Pour sa première année de production, l’apiculteur Jérôme Groult propose 6 types de miels. Le premier, celui de bruyère blanche, est très floral. Les suivants un peu plus simples. Par contre vous ne pourrez que vous délecter du miel de ciste. Une plante typique de la Méditerranée, à la floraison courte (ce qui rend le miel rare) donnant au produit un caractère affirmé et authentique.
➤ Miel de notre rucher, Mas Martine, 06 71 32 00 46
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Le Musée endormi
Inauguré en 1994, le musée de l’agriculture catalane est fermé depuis 2002. Cette initiative du maire Claude Fabresse est une épine dans le pied de la municipalité et de la Communauté de communes. Une idée louable et très concluante les premières années. Les écoles notamment ont beaucoup visité les 200 m2 d’expositions. On peut y découvrir une fresque remarquable sur une scène typique de la campagne catalane, admirer la reconstitution en maquette d’un mas emblématique et surtout voir des centaines d’outils classés par catégories.
De la vieille calibreuse de fruits en passant par les pressoirs ou fouloirs de vin sans oublier les charrues ou décavaillonneuses d’antan, c’est une photographie parfaite d’un mode de vie révolu du village et de toute la région. Car Saint-Michel-deLlotes, entre plaine fruitrière et montagne aride, proposait toutes les formes d’agriculture. Une salle est consacrée à la vigne et au vin. Une autre à la culture des céréales. La salle des charrues est impressionnante de diversité, quand ces engins étaient tractés par des bœufs ou des chevaux.
Extraction du miel dans le hall
Un bien commun inestimable mais malheureusement endormi aujourd’hui. La faute à une fréquentation en baisse mais surtout à des problèmes de mises aux normes. Entre l’électricité à refaire, un ascenseur à implanter pour l’accès handicapé ou les toilettes à agrandir, la municipalité a préféré maintenir le musée fermé au public tout en le maintenant en état.
Car cet endormissement, s’il dure depuis de trop longues années, n’est pas définitif. L’équipe municipale veut que l’œuvre de Claude Fabresse renaisse et rayonne de nouveau sur le village. Pas question par exemple de se délester des trésors patrimoniaux pour transformer les différents bâtiments en appartements. La solution pourrait passer par la communauté des communes ou l’ouverture du musée à un panel culturel plus large. Pourquoi ne pas y organiser des expositions temporaires d’artistes locaux en complément ?
En attendant, les portes restent closes. Sauf ce dimanche 30 septembre car c’est dans le hall que sera pratiquée l’extraction du miel par l’USAR. L’occasion pour les curieux de découvrir gratuitement ce musée endormi.
(Reportage paru le 23 septembre dans l'Indépendant)
Le dimanche 30 septembre il y aura beaucoup d’animation à Saint-Michel-de-Llotes : des abeilles, du miel, des apiculteurs et producteurs locaux et… Arnaud Montebourg. Une personnalité nationale qui parrainera cette fête du miel et des abeilles inscrite dans le paysage des animations en Pays catalan depuis le début des années 2000.
« Ce n’est pas l’ancien homme politique que j’ai sollicité, explique Jean-Luc Obrecht, le maire, mais le chef d’entreprise ». L’ancien ministre socialiste s’est retiré de la vie politique et a créé la société « Bleu Blanc Ruche » qui a vocation de promouvoir le miel français et la plantation d’oliviers. Un coup de projecteur sur ce village de 373 âmes qui tente d’attirer des jeunes. Tout en voulant préserver la quiétude de ce petit bourg, coincé le long de la rivière le Gimenell, il faut amener des forces vives. Après l’installation d’un apiculteur, ce sont des chevrières qui devraient s’implanter et produire des fromages locaux.
Au plus près des abeilles avec l’apimobile
En attendant ces nouveaux produits « made in Saint-Michel-de-Llotes », vous pourrez déguster nombre de spécialités du coin au cours de ce rendez-vous mettant à l’honneur les produits locaux. Préparez vos papilles pour le miel, les amandes, fruits et pâtisseries. Des artistes seront aussi de la fête et les apiculteurs pourront aussi trouver leur bonheur sur les stands de matériel professionnel. Après la traditionnelle messe, l’USAR (Union syndicale apicole du Roussillon), partie prenante de plusieurs animations, procédera à une démonstration d’extraction de miel.
L’USAR viendra également avec son « apimobile ». Il s’agit d’une remorque vitrée contenant une ruche. Un apiculteur peut pénétrer à l’intérieur et expliquer aux spectateurs installés tout autour et à l’abri, comment on travaille une ruche. Contrairement à la croyance populaire, les abeilles sont d’une grande fragilité. Non seulement elles sont sensibles aux produits chimiques (il sera certainement question lors de la fête de l’interdiction de certains produits phytosanitaires ré- clamée à cor et à cri par les professionnels de la filière), mais parfois la ruche a tout simplement des problèmes de surpopulation ou de famine. Prendre du miel c’est bien, leur en laisser suffisamment pour qu’elles se nourrissent, c’est mieux…
Et avant de placer les ruches en hivernage, il faut s’assurer qu’elles ont assez de nourriture jusqu’au printemps. Sinon l’apiculteur risque l’essaimage : la fuite de l’essaim vers une autre maison plus accueillante. Cette fête du miel et des abeilles est le rendez-vous idéal d’une sortie en famille pour une journée bucolique et instructive. S’il fait beau, les 3 000 visiteurs diraient être atteints. Comme les autres années, car les véritables stars restent et resteront les abeilles.
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Jérôme Groult, le roi des reines
Sa passion ? Les abeilles et le grand air. Jérôme Groult, longtemps artisan menuisier plaquiste en Normandie, fait partie de ces hommes et femmes qui n’ont pas eu peur de changer de vie. Pour se mettre en adéquation avec ses véritables envies. Concrètement, il aime « passer du temps avec les abeilles et profiter de la liberté d’être en montagne ».
Il a donc mis le cap au sud avec sa compagne et ses deux enfants pour s’installer au Mas Martine. Avec l’aide de la municipalité dont il ne louera jamais assez le bon accueil, il a trouvé des terrains pour y placer sa cinquantaine de ruches. Il propose son premier miel local mais l’essentiel de son activité consiste à élever des reines et former des essaims pour les vendre aux apiculteurs. Quand il se met à raconter comment on fait naître une reine, ses yeux s’illuminent. Il avoue aimer « farfouiller dans les ruches » et justement il faut doigté et précision pour obtenir un résultat satisfaisant.
Première difficulté, l’œuf doit être prélevé quand il a trois jours. Pas deux ni quatre, trois. Ensuite il faut l’extraire très délicatement et le placer dans un cupularve. 13 jours après la reine va naître et il faut dès lors la placer dans une ruche pour qu’elle fasse son essaim.
Chaque reine est marquée d’un point de couleur. En fonction de son année de naissance. Cette année Jérôme Groult produit des reines rouges que vous pourrez acheter le 30 septembre sur son stand.
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Le miel de ciste
Pour sa première année de production, l’apiculteur Jérôme Groult propose 6 types de miels. Le premier, celui de bruyère blanche, est très floral. Les suivants un peu plus simples. Par contre vous ne pourrez que vous délecter du miel de ciste. Une plante typique de la Méditerranée, à la floraison courte (ce qui rend le miel rare) donnant au produit un caractère affirmé et authentique.
➤ Miel de notre rucher, Mas Martine, 06 71 32 00 46
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Le Musée endormi
Inauguré en 1994, le musée de l’agriculture catalane est fermé depuis 2002. Cette initiative du maire Claude Fabresse est une épine dans le pied de la municipalité et de la Communauté de communes. Une idée louable et très concluante les premières années. Les écoles notamment ont beaucoup visité les 200 m2 d’expositions. On peut y découvrir une fresque remarquable sur une scène typique de la campagne catalane, admirer la reconstitution en maquette d’un mas emblématique et surtout voir des centaines d’outils classés par catégories.
De la vieille calibreuse de fruits en passant par les pressoirs ou fouloirs de vin sans oublier les charrues ou décavaillonneuses d’antan, c’est une photographie parfaite d’un mode de vie révolu du village et de toute la région. Car Saint-Michel-deLlotes, entre plaine fruitrière et montagne aride, proposait toutes les formes d’agriculture. Une salle est consacrée à la vigne et au vin. Une autre à la culture des céréales. La salle des charrues est impressionnante de diversité, quand ces engins étaient tractés par des bœufs ou des chevaux.
Extraction du miel dans le hall
Un bien commun inestimable mais malheureusement endormi aujourd’hui. La faute à une fréquentation en baisse mais surtout à des problèmes de mises aux normes. Entre l’électricité à refaire, un ascenseur à implanter pour l’accès handicapé ou les toilettes à agrandir, la municipalité a préféré maintenir le musée fermé au public tout en le maintenant en état.
Car cet endormissement, s’il dure depuis de trop longues années, n’est pas définitif. L’équipe municipale veut que l’œuvre de Claude Fabresse renaisse et rayonne de nouveau sur le village. Pas question par exemple de se délester des trésors patrimoniaux pour transformer les différents bâtiments en appartements. La solution pourrait passer par la communauté des communes ou l’ouverture du musée à un panel culturel plus large. Pourquoi ne pas y organiser des expositions temporaires d’artistes locaux en complément ?
En attendant, les portes restent closes. Sauf ce dimanche 30 septembre car c’est dans le hall que sera pratiquée l’extraction du miel par l’USAR. L’occasion pour les curieux de découvrir gratuitement ce musée endormi.
(Reportage paru le 23 septembre dans l'Indépendant)
Thriller - Fantastiques meurtres chinois dans "La rivière de l'oubli" de Cai Jun
Enquête policière, photographie de la Chine contemporaine mais aussi et surtout histoire fantastique à la Stephen King, « La rivière de l’oubli » de Cai Jun a tout pour passionner les lecteurs du monde entier. Une fois passée la barrière des noms chinois, le lecteur plonge dans cette histoire de réincarnation et de vengeance.
En 1995, une étudiante est dé- couverte morte sur le toit d’une école. Son professeur, Shen Ming, avec qui la rumeur lui prête une amourette, est le principal suspect. Shen Ming, placé en garde à vue, est finalement relâché. A sa sortie, il découvre qu’il est l’objet d’un complot et décide d’en tuer l’instigateur. Un premier meurtre suivi d’un autre. Celui de Shen Ming. Mais par qui ? Mystère.
Le début de l’histoire, qui se lit presque comme une grosse nouvelle, n’est que la partie immergée de l’iceberg, le roman faisant près de 500 pages. La suite se déroule 10 ans plus tard. L’ancienne fiancée de Shen Ming, devenues une riche entrepreneuse croise le chemin de Si Wang, un gamin surdoué. Elle entreprend de l’adopter sans savoir qu’il a des pouvoirs surnaturels. Et s’il était la réincarnation de Shen Ming revenu d’entre les morts pour se venger ?
L’intrigue imaginée par Cai Jun, alterne considérations bassement matérielles et réflexions métaphysiques. La culture chinoise n’a pas les mêmes frontières entre la vie et la mort. Cela donne une étonnante gravité à ce qui reste un thriller magistral.
➤ « La rivière de l’oubli », Cai Jun, XO Éditions, 21,90 €
samedi 22 septembre 2018
De choses et d'autres - La cuisine façon Alexa
L’intelligence artificielle est partout. Même dans votre cuisine. Amazon vient d’annoncer la commercialisation (uniquement aux USA pour l’instant), d’un four à micro-ondes connecté à Alexa, son intelligence artificielle. Plus la peine de programmer le temps de cuisson, il suffit de lui parler comme le macho de base. « Alexa, réchauffe mes pâtes ! » et bim, le four se met en marche pour la durée et la puissance nécessaire.
Un simple gadget aujourd’hui, certes. Il me tarde néanmoins qu’arrive le jour où Alexa aura développé suffisamment d’autonomie pour défendre son libre arbitre. Du genre, au lieu de lancer la cuisson, répondre sentencieusement : « Quatrième repas de pâtes cette semaine, veillez à équilibrer votre alimentation ». Et si Alexa vire vegan, va-t-elle refuser de réchauffer vos nuggets de poulet sous pré- texte que les volatiles ont été élevés en batterie ? Autre problématique, le micro-ondes, en soi très pratique, ne vaut pas une cuisine élaborée. Personnellement, réchauffer des pâtes, je gère.
Par contre si Alexa pouvait me préparer un sauté de bœuf façon Stroganoff ou des papillotes de poisson à la gremolata-frites de courgettes au pecorino, là je signe immédiatement. Même si au final je risque d’être perdant car ma femme, sans s’appeler Alexa, cuisine excellemment.
Et pour terminer sur une note plus pessimiste que d’ordinaire, qui sait si dans quelques décennies, quand toute trace de convivialité aura déserté nos mornes vies terrestres, discuter avec la fameuse Alexa sera la seule occasion de communiquer pour des millions de solitaires.
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le samedi 22 septembre
Un simple gadget aujourd’hui, certes. Il me tarde néanmoins qu’arrive le jour où Alexa aura développé suffisamment d’autonomie pour défendre son libre arbitre. Du genre, au lieu de lancer la cuisson, répondre sentencieusement : « Quatrième repas de pâtes cette semaine, veillez à équilibrer votre alimentation ». Et si Alexa vire vegan, va-t-elle refuser de réchauffer vos nuggets de poulet sous pré- texte que les volatiles ont été élevés en batterie ? Autre problématique, le micro-ondes, en soi très pratique, ne vaut pas une cuisine élaborée. Personnellement, réchauffer des pâtes, je gère.
Par contre si Alexa pouvait me préparer un sauté de bœuf façon Stroganoff ou des papillotes de poisson à la gremolata-frites de courgettes au pecorino, là je signe immédiatement. Même si au final je risque d’être perdant car ma femme, sans s’appeler Alexa, cuisine excellemment.
Et pour terminer sur une note plus pessimiste que d’ordinaire, qui sait si dans quelques décennies, quand toute trace de convivialité aura déserté nos mornes vies terrestres, discuter avec la fameuse Alexa sera la seule occasion de communiquer pour des millions de solitaires.
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le samedi 22 septembre
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