
Mort depuis 30 ans, putain de camion, Coluche a droit à toute une salve d'hommages, portraits et autres livres sur sa vie, son œuvre et tout le reste. Parmi les nombreux ouvrages qui lui sont consacrés, ceux qui aimaient particulièrement l'humoriste "bête et méchant", ne manqueront pas "Le petit Coluche illustré par l'exemple". Gilles Bouley-Franchitti a concocté une sorte d'encyclopédie de la pensée coluchienne. Un mot, une citation, une explication : la recette est simple et permet de retrouver quelques perles. A "militaire" par exemple, il déclarait en 1980 au Figaro "le fait militaire que j'admire le plus : la désertion et l'armistice". Le jeune Michel Colucci, dans les années 60, n'a pas échappé au service national. Il a passé au total 53 jours en prison pour "insultes envers des supérieurs ou incorrections avec les gradés". Sa vengeance n'en sera que plus cinglante. Coluche, visionnaire, a même anticipé cette série de commémorations quand il explique : "On dit que j'ai du talent. Quand je serai mort on dira que j'avais du génie. Moi, tant que j'ai du pognon... »
"Le petit Coluche illustré par l'exemple", Nouveau Monde éditions, 14,90 euros
Même si, au final, le règne du mâle est loin d'être terminé, dans le symbole, les mentalités changent. En Europe, pour être maire d'une grande ville, mieux vaut depuis quelques années être également mère de famille. Après Paris et Anne Hidalgo, d'autres grandes capitales sont tombées dans l'escarcelle des femmes. Madrid et Barcelone ont profité de la vague Podemos pour renouveler le personnel politique et le genre dominant. 


Mais avant d'arriver au cœur de cet enfer vert, les deux personnages principaux, Châtaigne (Vincent Macaigne) et Tarzan (Vimala Pons) apprennent un peu à se connaître. Le premier est stagiaire au ministère de la Norme. Sa mission : certifier la conformité aux dictacts européens du projet "Guyaneige". Financé en grande partie par le Qatar et un fonds de pension canadien, il s'agit de construire la première station de ski couverte en pleine Amazonie. De quoi relancer le tourisme du département français... Tarzan est stagiaire aussi. Normalement elle doit superviser la création de jardins à la française à Cayenne. En réalité elle va servir de chauffeur à Châtaigne. Ils ont tout les deux 27 ans, l'âge moyen des stagiaires dans cette France en crise économique.
On retrouve toujours avec un grand plaisir les deux acteurs fétiches d'Antonin Peretjatko. Vimala Pons en lanceuse de couteau téméraire, constamment une clope au bec, petit short sexy voire un peu moins quand elle ingurgite sans le savoir un puissant aphrodisiaque. Vincent Macaigne, costard cravate, énorme code de la Norme sous le bras, symbolise parfaitement ces technocrates européens persuadés que ces "poussières d'empire", à cause de leur statut de département français, doivent répondre aux mêmes normes qu'à Berlin ou Lisbonne... Il va rapidement déchanter, comprenant qu'il n'est qu'un rouage dérisoire dans l'énorme escroquerie du politiquement correct. Quelques tirades bien senties remettent les pendules à l'heure comme ce directeur de cabinet qui reconnaît que "l'humain n'est pas rentable" ou ce "stagiaire de la femme de ménage" venu passer l'aspirateur à sa place. On retrouve un ton libertaire absolu dans ce film, comme dans les meilleurs Mocky. L'intrigue est souvent remisée au second plan, juste pour permettre un clin d'œil comme cette statue de Marianne perdue en forêt ou ce pont financé sur des fonds publics mais qui ne sert à rien. Le pire étant cette station de ski en pleine zone équatoriale. Mais là, le réalisateur n'a rien inventé, un tel complexe existant en Arabie Saoudite...

