mardi 7 août 2012

Billet - Raie-incarnation

Le piètre investissement dans les actions Facebook dont j'ai été victime dernièrement m'a fait accomplir un retour sur mon moi intérieur. Pourquoi gâcher sa vie sur de sordides considérations matérielles ? Le virtuel, n'est-il pas tout simplement le signe tangible de l'âme ? Totalement inculte côté religion, j'ai cherché des réponses sur internet. Le
bouddhisme et son principe de réincarnation de l'âme dans le corps des animaux m'ont interpellé. Trop cool de revenir sur terre avec une apparence totalement différente. Encore faut-il soigner son karma pour pouvoir choisir la bonne race et et surtout l'endroit adéquat.

Je me verrais bien en poisson, en silure par exemple. Au Japon je suis vénéré tel un dieu. Penser à éviter le canal de la Robine où on massacre le « monstre tueur de canetons ».

Ou en chat. Ça doit être bien une vie de chat. A moins de tomber chez un geek qui va vous photographier sous toutes les coutures et vous exhiber sur le net accoutré en pom pom girl.

Reste la vache. La vache est sacrée en Inde. Tout lui est permis et personne ne lui fait le moindre mal. Mais avec ma veine je risque de me retrouver à pâturer paisiblement dans les Albères. Un arrêté préfectoral plus tard, mon âme sera à la recherche d'un autre corps, l'actuel ayant été abattu pour cause de divagation. Finalement je vais opter pour le volatile. Le goéland ou le pigeon. Je pourrai enfin me... « lâcher » impunément sur mes compatriotes.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET (MÊME L'ÉTÉ)" parue lundi en dernière page de l'Indépendant

lundi 6 août 2012

BD - Deep de Betbeder et Pietrobon : une plongée dans le futur


Ambitieuse série de science-fiction, « Deep » de Betbeder (scénario) et Pietrobon (dessin) vous entraîne au fond des océans. Dans un futur proche, une multinationale tente de coloniser le monde du silence. Dans un premier temps encore-faut-il l'explorer. Une base dans le Pacifique observe et écoute. Elle sert de plateforme d'expériences. Elle est aux premières loges quand débute l'émission d'une fréquence depuis une fosse à plus de 10 000 mètres de profondeur. Ce signal agit sur les animaux. Des oies attaquent des avions, des baleines font couler des bateaux, des fous de Bassan déchiquètent des photographes. 
Que se passe-t-il exactement au fond des océans ? Les héros de la série, des chercheurs habitués à des conditions extrêmes vont se retrouver pris au piège dans la base. Avec un ennemi invisible mais dont l'armée est constituée des milliards d'organismes vivants dans l'océan. Les dessins très réalistes de Pietrobon renforcent la crédibilité de cette BD presque scientifique par certains aspects.

« Deep » (tome 1), Soleil, 13,95 €

dimanche 5 août 2012

BD - Al Crane de Lauzier et Alexis, un cowboy en négatif


Louées soient les éditions Fluide Glacial. En rééditant une intégrale des aventures d'Al Crane, elles remettent en lumière une des BD les plus politiquement incorrectes jamais publiées. Au scénario, Lauzier y déverse la causticité qui a fait le succès de ses « Tranches de vie ». Alexis, au dessin réaliste frôlant la perfection, transforme ces parodies de western en petits bijoux graphiques. Al Crane est l'archétype du cowboy solitaire. Il est parfois chasseur de primes, sait se servir de son colt, et pas que pour protéger la veuve et l'orphelin. 
En fait Al Crane n'a aucune morale. Dans son monde, certainement plus réaliste que l'imagerie populaire, les femmes sont des objets, les noirs de animaux et l'argent la seule chose qui compte. C'est parfois violent, très noir, toujours au second degré. Ces histoires courtes publiées durant les années 70 dans Pilote Mensuel préfiguraient le ton Fluide Glacial. Alexis y retrouva son vieux complice Gotlib. 
Quelques histoires de Superdupont pus tard, il cessait définitivement de dessiner pour cause de mort prématurée. Un très mauvais gag pour celui qui est toujours « directeur de conscience » du magazine d'Umour et Bandessinées.

« Al Crane », Fluide Glacial, 25 €

samedi 4 août 2012

Billet - Le Bookfighting peut-il devenir sport olympique ?


Les jeux olympiques, symboles de paix entre les nations par excellence, offrent paradoxalement à leur programme nombre de sports de combats voire d'armes tout court (épée, pistolet, carabine et arc...) De tous temps, les hommes inventent sans cesse des « armes par destination ».

Yves Duranthon, plasticien orléanais, publie à la rentrée « The Bookfighting Book », manuel pratique d'un sport venu de nulle part. Sur un terrain genre balle au prisonnier, deux combattants s'affrontent en se jetant des livres à la tête.
Sur son site de « post-littérature et sport de combat », l'auteur en détaille la philosophie : « Les livres eux-mêmes ne sont pas produits pour le combat, c’est une dernière chance qui leur est donnée avant le pilon. Les mots qu’ils contiennent vont briller à nouveau et les idées aussi belles et généreuses qu’ils renferment voler une dernière fois dans les airs… »
Dans les faits, le jeu s'avère assez violent. Les duellistes sont casqués, protégés par un plastron et une coquille. Un livre, même de poche, lancé avec efficacité peut occasionner des dégâts. Et des études scientifiques ont prouvé qu'il peut être projeté plus de 25 fois avant d'être complètement disloqué. L'occasion pour un gros pavé sirupeux à souhait de la collection Harlequin de prendre sa revanche sur le best-seller de Stéphane Hessel. Dans ce cas précis, 400 pages de niaiseries provoquent plus de dégâts que les 30 pages d'indignation du Résistant français.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET (MÊME L'ÉTÉ)" parue en dernière page de l'Indépendant ce vendredi.

vendredi 3 août 2012

BD - Lorna, la femme géante selon Brüno


Hommage au cinéma de série Z, cet album de Brüno ravira tous les amateurs de femme nue géante, de tarentule mutante, de star du porno et de savant fou. Dans son style de dessin épuré, très ligne claire renforcée par une bichromie élégante, l'auteur accumule les situations picaresques. Premier chapitre dans le désert. Une voiture en panne. L'homme tente de réparer, la femme en profite pour bronzer. Arrive un businesman en costard cravate venu de nulle part. Il boit un soda, drague la vacancière, se transforme en monstre arachnéen et les boulotte. 
Ensuite, on découvre le grand professionnalisme d'une actrice porno. Elle vient de refuser la demande en mariage d'un chimiste devenu milliardaire après avoir mis au point une pilule assurant un développement pénien quasi miraculeux. Et puis apparaît Lorna. Une femme nue qui ne passe pas inaperçue : elle mesure 50 mètres de haut. En fait c'est un robot construit par une intelligence extraterrestre. 
Tous les ingrédients se mélangent pour finir dans une catastrophe généralisée. Totalement déjantée et barrée, cette BD bénéficie d'une préface de Dionnet. C'est dire...

«Lorna», Treize Etrange, 17,25 €


jeudi 2 août 2012

Billet - A Marciac, la politesse fait faire des économies

Combien le payez-vous votre café ? Un peu cher dans les lieux touristiques ? Pourtant vous avez le moyen d'obtenir une petite remise de 20 centimes dans un établissement de Marciac dans le Gers en plein festival de jazz. Pas question de marchandage, simplement de politesse.

Tout est expliqué dans une photo reprise des milliers de fois sur le net via Facebook et Twitter en moins de 48 heures. Sur l'ardoise en terrasse, les prix sont détaillés : « Un café, 2 euros. Un café, s'il vous plait, 1,80 euro. » Le simple « s'il vous plait » vous permet de faire une substantielle économie. Il est vrai que la politesse est une denrée qui se fait rare.

Le site de Sud-Ouest explique que le propriétaire de cette échoppe, spécialisée dans les cafés « torréfiés au feu de bois », a décidé de prendre avec ironie le manque de cordialité de certains festivaliers. La musique adoucit les mœurs mais ne rend pas forcément plus poli.

Reste à espérer maintenant que l'initiative sera reprise dans nombre d'établissements. Economies à coup sûr pour le consommateur aimable. Et qui sait, un sourire sur les lèvres du serveur blasé dont l'amabilité frôle souvent la température de la banquise. Donc, souriez (et soyez poli), c'est l'été !

(Chronique "ça bruisse sur le net" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant) 

mercredi 1 août 2012

Thriller - "Ecume de sang", danse macabre signée Elizabeth Haynes

Une experte en pole dance abandonne les feux de la rampe pour la vie solitaire dans une péniche en Angleterre. Mais son passé la rattrape.

Certains personnages de romans policiers marquent leurs lecteurs. Gennie, l'héroïne de « Ecume de sang » d'Elizabeth Haynes fait indéniablement partie de cette catégorie. La jeune Anglaise est au centre de ce thriller complexe faisant régulièrement appel à des flashbacks. Normal, Gennie a totalement changé de vie depuis six mois. Cette ancienne executive woman vit désormais en ermite sur une vieille péniche qu'elle est en train de retaper.

Qui est exactement Gennie Shipley ? Et que cache-t-elle dans le fond de sa péniche ancrée sur un fleuve à quelques kilomètres de Londres ? L'auteur prend un malin plaisir à brouiller les cartes dans les premières pages de ce thriller. Gennie semble être une jeune femme timide et réservée. Elle vit seule sur une péniche qu'elle retape lentement. Pour la première fois, elle va tenter de renouer avec son ancienne vie, quand elle était une brillante commerciale dans une société informatique. Elle organise une soirée sur son bateau. Quelques amis de Londres font le déplacement. Des voisins de ponton sont également de la fête.

Mort d'une amie
Quand tout le monde est parti, elle se couche. Un bruit sur la coque la réveille. Avec une lampe elle va voir et découvre le cadavre de Caddy. Caddy, une ancienne collègue de Gennie. Une collègue de son travail de nuit. Gennie, pour arrondir ses fins de mois, était danseuse de Pole Dance dans un club huppé. En sous-vêtements affriolants, elle se trémoussait autour de cette barre d'acier sous les regards admiratifs de quelques messieurs en goguette. Elle nous en apprend d'ailleurs beaucoup sur cette danse « J'avais besoin d'un début spectaculaire pour capter leur attention. Ils bavardaient et riaient entre eux quand je commençai, mais ils s'interrompirent au bout d'une dizaine de secondes pour me consacrer toute leur attention. Verticale, bascule, grand écart avec rotation : mes cheveux volaient si vite en arc de cercle qu'ils auraient pu sentir le courant d'air. » Un petit boulot d'appoint le week-end mais qui rapporte gros. Quelques mois ont suffit pour qu'elle mette de côté la somme nécessaire pour l'achat de cette péniche.
Son passé la rattrape par l'entremise de Caddy. Et Gennie est inquiète car il lui semble évident que si Caddy a été assassinée puis jetée contre sa péniche, cela sonne comme un avertissement.
L'auteur joue habilement avec les nerfs des lecteurs, ne distillant que par petits bouts les éléments de l'intrigue. Quels sont ses rapports avec Dylan, un videur du club où elle officiait ? Pourquoi a-t-elle décidé de couper les ponts avec son ancienne activité ? Le personnage de Gennie apparaît de plus en plus complexe au fil des événements. Elle a peur, voudrait que Dylan revienne pour la protéger et tombe finalement dans les bras d'un jeune et beau policier. Mais c'est avant tout une femme libre, et c'est toute la force du roman.

« Ecume de sang », Elizabeth Haynes, Presses de la Cité, 20 €

mardi 31 juillet 2012

Billet - Caprices de star


Photo NAV L'Indépendant
Samedi, la Cité de Carcassonne accueillait un concert d'Hubert-Félix Thiéfaine. Loin du star system, ce poète moderne est à l'opposé des nouvelles divas aux exigences déroutantes. Pour la première fois, les organisateurs d'un gros festival (le Festi'Val de Marne) osent dénoncer les caprices de certains artistes. Dans une lettre ouverte publiée sur le net, ils s'insurgent contre des clauses jugées abusives. Ils ne donnent pas de noms (dommage...), mais des exemples concrets. Malicieusement, il est expliqué que « les méchants métalleux sont de vrais petits gourmands » et d'énumérer toutes les barres chocolatées, viennoiseries ou laitages de marque exigées dans la loge. Un ventre plein est gage de bon concert, mais pas avec n'importe quoi. Celui-là du thym frais, cet autre du pain 100% épeautre, le dernier préfère des sardines... Côté boissons, c'est l'escalade. Tout en soulignant que « le droit du travail interdisant la consommation d’alcool, aucune demande d’alcool ne devrait apparaître dans les contrats » les organisateurs du festival donnent des exemples :« 48 bières, 3 bouteilles de whisky, 6 bouteilles de bon vin et de la vodka ! » ou ces « 70 bières, 2 bouteilles de vodka et 1 bouteille de bon champagne » soit 6 litres d’alcool pour 3 personnes. Et puis il y a les intimidations, « n’oubliez pas de fournir la table de ping-pong, sinon l’annulation du concert peut avoir lieu » ou une « grande bassine remplie de glaçons » pour un rocker adepte de la médecine douce façon Rika Zaraï...

Chronique "ça bruisse sur le net (même l'été)" parue lundi 30 juillet en dernière page de l'Indépendant.

lundi 30 juillet 2012

BD - Croisade et folie religieuse dans "Furioso" de Chiavini



Roman graphique de plus de 130 pages, « Furioso » de Lorenzo Chiavini est une intelligente réflexion sur la folie des hommes quand la religion prend le pouvoir. Au temps des premières croisades, les Chrétiens tentent de reprendre le dessus sur les Musulmans. Un évêque sénile en bénissant la foule avec la sainte lance ayant blessé le Christ, la fait tomber. Elle se plante dans le thorax de Berto, un modeste chasseur de rats. Immédiatement la foule l'acclame, persuadée que la lance vient de désigner le nouveau Sauveur. Chez les Musulmans, tout est mis en œuvre pour retrouver Ferragus. 
Ce général, vaillant au combat, a déserté. Il vivrait nu dans la forêt, mangeant de la viande crue avec une meute de loups. Berto d'un côté, Ferragus de l'autre. Deux symboles pour vaincre. Mais ces deux hommes tentent de se dérober à leur destin. En vain car des femmes vont influer sur le cours de l'histoire.

« Furioso », Futuropolis, 20 €

dimanche 29 juillet 2012

Les Jeux Olympiques de Londres sur tous les écrans

Le rouleau compresseur des Jeux olympiques 2012 est annoncé. Durant deux semaines, il va tout écraser sur son passage. En direct live absolu et partout grâce aux nouvelles technologies. Vous pourrez toujours faire du sport par procuration bien installé dans votre canapé devant votre télé. Fabriquer du gras chez soi à base de chips, cacahuètes, bière et soda pendant que d'autres transpirent sang et eau est un des derniers luxes permis dans notre société du « évitez de grignoter entre les repas »... Mais avec la diffusion de l'ensemble des épreuves sur le net (notamment sur le site de FranceTV), vous pourrez tout regarder en direct sur vos smartphones et autres tablettes. Même à la plage, dans les embouteillages ou au cours d'un repas en amoureux (soyez discret dans ce dernier cas).

Avant même la cérémonie officielle, quelques affaires ont défrayé la chronique. Une athlète grecque a été exclue de sa délégation pour cause de tweet raciste. Cette triple-sauteuse a mordu trois fois avant même le début du concours. Dans le tournoi de foot féminin, les Coréennes du Nord ont refusé de jouer durant une heure : le drapeau n'était pas le bon. Se retrouver associé, au royaume de l'affairisme capitaliste, au drapeau de la Corée du Sud, l'ennemi absolu, il y a de quoi être en colère. Colère bénéfique puisqu'elles ont battu la Colombie 2 à 0. Message pour les organisateurs : au prochain match des Françaises, hissez le drapeau allemand...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET (MÊME L'ÉTÉ)" parue en dernière page de l'Indépendant du vendredi 27 juillet