dimanche 22 mars 2020

BD - Londres et Paris d’antan avec Lord Harold et la Cour des Miracles

Deux bandes dessinées historiques pour un dépaysement maximum. Avec un point commun, Londres et Paris ont connu des quartiers gangrénés par la pègre. Comme quoi, les zone de non-droit ne sont pas une nouveauté de ces dernières années.



À Londres en plein XIXe siècle, se rendre à Blackchurch est on ne peu plus dangereux. Pourtant c’est dans ce quartier que le jeune Lord Harold, douzième du nom, se rend pour son premier jour de travail. L’aristocrate anglais, un peu iconoclaste, a décidé de s’engager dans la police. Naïf mais futé, il va découvrir que la vie d’un commissariat dans ce quartier où les malfrats règnent en maître est très éloignée de ce qu’il a appris dans l’école de police. Quand on a un uniforme sur le dos, mieux vaut rester à l’abri au commissariat.



Mais Harold est curieux et ne veut surtout pas abandonner sa quête secrète portant sur un mystère hantant le quartier.
Cette nouvelle série, entre humour, fantastique et réalité sociale d’antan, est signée Charlot. Aux dessins, Xavier Fourquemin plonge le lecteur dans les dédales des bas-fonds sombres et inquiétants de Londres. Tout en nous faisant rire avec les personnages secondaires hilarants que sont Hermès, le chien de Lord Harold et les deux jeunes policiers couards, obligés d’aller patrouiller avec notre intrépide héros la nuit dans Blackchurch. 



Le second titre de cette sélection dominicale se déroule plus tôt dans le temps et sur le continent. Nous sommes à Paris sous le règne de Louis XIV. La police parisienne aidée de l’armée et des Mousquetaires a capturé le roi de la cour des Miracles.
Les Gueux se retrouvent acculés dans leurs derniers retranchements sans tête pendante pour les diriger. Mais cette organisation sait se renouveler. Lors d’une réunion houleuse, un nouveau roi est désigné. Exactement une reine, la Marquise, propre fille d’Anacréon. Piatzszek au scénario et Maffre au dessin signent la seconde partie de cette série prévue en 5 tomes.



L’intrigue va se compliquer avec l’entrée en scène de Gabriel de Rohan, jeune mousquetaire ayant juré de venger son frère, exécuté sur ordre du roi pour complot.
La Marquise, De Rohan et Anacréon vont tout faire pour échapper au nouvel assaut des troupes royales contre le dernier bastion parisien de la cour de Miracles.





« Les enquêtes de Lord Harold » (tome 1), Vents d’Ouest, 14,50 €
« La cour des miracles » (tome 2), Soleil Quadrants, 15,50 €

Série télé - Histoire d’éternité au centre de « Ad Vitam »


Avec un minimum d’effets spéciaux mais des scénarios originaux et inventifs, les auteurs français arrivent à se faire une place dans le genre très prisée de la série de science-fiction. Nouvel exemple avec «Ad Vitam» de Thomas Cailley et Sébastien Mounier. Une série Arte que l’on peut voir actuellement sur Netflix. Dans un futur proche, un système permet de vivre éternellement. Il suffit de se faire régénérer régulièrement dans des self-services pour bénéficier de plusieurs dizaines d’années de bonne santé assurée. Darius (Yvan Attal), policier depuis plus d’un siècle, hérite d’une étrange affaire : dans ce monde de potentiels immortels, sept jeunes sont retrouvés morts. Selon toute vraisemblance, ils se sont suicidés. 
Les six épisodes d’une heure sont parfois un peu lents, mais bénéficient de décors soignés et d’une interprétation digne de grands films de cinéma. On apprécie notamment tous les «jeunes», souvent des espoirs du 7e art français, Garance Marillier (épatante dans le film d’horreur Grave) en tête avec aussi Rod Paradot (La tête haute) et Anthony Bajon (La prière et Au nom de la terre).

Livre pratique - Et vous, le sommeil, ça va ?


La période ne se prête sûrement pas aux bonnes nuits calmes et reposantes. L’angoisse de la situation de confinement, la maladie qui rôde, la solitude pour certains, la promiscuité pour d’autres ne peut que jouer défavorablement sur la qualité de votre sommeil. C’est donc le moment d’ouvrir « Bien dormir ça s’apprend ! » de Benjamin Lubszynski. Il propose un programme de deux mois pour retrouver le sommeil. 
Deux mois, pas de chance, c’est la durée probable du grand confinement. Alors précipitez-vous immédiatement dans la partie qui vous sera la plus utile en ce moment : « Et Dieu inventa la sieste ! » Et puis qui sait, les séances d’autohypnose ou celles enregistrées sur le CD accompagnant l’ouvrage pourront fonctionner en cas de nuit blanche. 

« Bien dormir, ça s’apprend » de Benjamin Ludszynski, Éditions du Rocher, 17,90 €

samedi 21 mars 2020

Littérature - Des romans à la pelle


Il circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux des posts annonçant le futur calvaire des personnes chargées de lire les manuscrits dans les grandes maisons d’édition. En effet, quand le virus ne sera plus qu’un souvenir et que l’on pourra de nouveau gambader en liberté au plein air, les services des manuscrits des éditions Gallimard, Grasset ou Seuil vont recevoir des milliers de d’autofiction qui ne raconteront en large et en travers, à la première personne, que le « Journal de mon confinement ». Comme si le secteur de l’édition avait besoin de cette nouvelle catastrophe après des ventes tombées quasiment à zéro depuis quelques jours et certainement pour encore de longues semaines. 
De manuscrits envoyés par la poste il en est question dans ce roman d’Antoine Laurain. Son personnage principal, Violaine Lepage, 44 ans, est responsable du « Service des manuscrits », par ailleurs titre du bouquin. Elle adore son métier. Pour diverses raisons. D’abord la chance de lire avant tout le monde et de découvrir les talents littéraires de demain. Mais là il ne faut pas trop être exigeante. Son service ne sort du lot que 2 à 3 manuscrits par an. Et par chance pour son service, tous les Français qui ont de velléités d’écriture (plus de deux millions selon des études sérieuses), ne passent pas tous à l’acte. Ces romans ne restent qu’à l’état d’embryon et « tous ces livres fantômes forment une sorte de matière gazeuse qui entoure la littérature comme la couche d’ozone la Terre. » Violaine aime aussi découvrir les lettres de présentations, notamment les prétentieuses accompagnant un texte généralement nul et affligeant. 
Alexandre Laurain prend beaucoup de plaisir à décrire ce milieu mais n’en oublie pas l’intrigue. Un manuscrit de qualité arrive enfin dans le service. « Les fleurs de sucre » est même sélectionné pour le Goncourt. Mais son auteur est introuvable. Et les meurtres décrits avec minutie dans le roman deviennent réalité. Un livre parfois truculent, souvent intelligent, mais qui finira certainement par vous émouvoir. Manuscrit qui n’est pas arrivé par la poste puisque c’est déjà le 8e roman de cet auteur, le 5e chez Flammarion.

 « Le service des manuscrits » d’Antoine Laurain, 18 €, disponible en version numérique, 12,99 €

L'INA lance sa Madelen de la télévision française


Parfaite l’initiative de l’INA (Institut national de l’Audiovisuel), l’archiviste de la télévision française. Avec quelques jours d’avance, la structure publique a décidé d’ouvrir son nouveau site de streaming tout public. Et d’offrir les trois premiers mois aux abonnés. Si vous vous inscrivez aujourd’hui, vous ne serez prélevé du premier mois (2,99 € !) que le 21 juin prochain. Avec en plus la garantie, si l’on n’est pas convaincu, de résilier son abonnement sans le moindre frais.
Madelen, en référence aux fameuses madeleines de Proust, c’est la possibilité de faire un incroyable voyage dans le temps par l’intermédiaire des archives de la télé française, quand il n’y avait que 1 ou 3 chaînes à la fin, pas de publicité et des émissions instructives, originales, impertinents et ludiques. C’est la meilleure publicité pour le sempiternel « c’était mieux avant ».

Sur Madelen vous pourrez trouver des centaines de fictions, sous forme de téléfilms uniques (ce que l’on nommait dans le temps par le terme devenu désuet de « dramatiques »), de feuilletons (les ancêtres de la série) et même quelques productions originales inédites pour comprendre le fonctionnement de l’INA.
Si vous êtes amateurs de frissons, deux choix s’imposent : Belphégor et La Poupée sanglante. Les fans d’histoire se délecteront des causeries d’Alain Decaux. Questions variétés c’est un peu le grand écart entre Le grand Échiquier de Jacques Chancel et 36 chandelles de Jean Nohain. 

Le petit plus de Madelen par rapport aux autres plateformes c’est qu’il y a un onglet audio. L’INA conserve aussi les enregistrements des radios publiques. Alors si vous êtes en plein marasme dû à cet enferment déprimant, écoutez deux ou trois épisodes du Tribunal des Flagrants Délires de Claude Villers avec Pierre Desproges et Luis Rego. C’est la banane assurée pour la journée. 
 
Madelen, 2,99 € par mois (les trois premiers mois offerts exceptionnellement. https://madelen.ina.fr/)

BD - Sengo ou le Japon après la guerre


Le Japon vient de perdre la guerre contre les Etats-Unis. Deux soldats récemment démobilisés tentent de survivre dans un pays en ruines. 
Kadomatsu, gros ours barbu, n’a plus un sou. Il tente de dérober de la nourriture sur une échoppe. Mais il est pris et risque gros. Par chance le propriétaire de la gargote est son ancien chef, Kawashima. 

Ces retrouvailles de deux hommes qui ont vécu des horreurs est le lien de ce manga de Sansuke Yamada. L’un boit pour oublier, l’autre se bat pour fuir ses cauchemars. 
Une BD en noir et blanc, très proche d’une BD réaliste européenne, qui donne une vision peu habituelle du Japon, quand il n’y avait que des vaincus chez les locaux et que les Américains paradaient. 

« Sengo » (tomes 1 et 2),Casterman, 9,45 € le volume. 

Série télé - Poupée immortelle sur Netflix


Ce long confinement qui s’annonce va donner l’occasion aux amateurs de série de découvrir ce qui se fait de mieux sur les services de streaming. Et si la mesure dure plus de 6 semaines, on passera au pire… Pour l’instant, jetons un œil sur « Russian Doll », série Netflix créée par Natacha Lyonne (photo) qui s’est octroyé le premier rôle. 
Diane est une jeune femme fêtarde et peu responsable. Ingénieure en informatique, elle s’accommode de sa vie dissolue. Dans le début du premier épisode elle va à un anniversaire, boit comme un trou, sort avec un inconnu et rentre chez elle. Se trouvant sans cigarettes, elle ressort pour en acheter (l’action se déroule à New York) et se fait renverser par une voiture. Tuée sur le coup. Morte, mais juste 5 secondes, car dans la foulée elle se réveille dans les toilettes de l’appartement où elle fêtait l’anniversaire quelques heures auparavant. Le temps a fait machine arrière. Quelques heures plus tard, elle se fait de nouveau tuer. Et revient dans les toilettes…
 Ce principe de soirée qui se répète à l’infini est parfaitement mené, avec son lot de rebondissements et de nouveaux personnages. Un peu comme nous actuellement, chaque journée de confinement ressemblant un peu trop à la précédente. Mais il n’y a que 8 épisodes à la saison 1…

DVD et VOD - Les Municipaux vont enfin pouvoir se la couler douce


Heureux employés municipaux de Port-Vendres. Du moins ceux de la série de films interprétés par les Chevaliers du Fiel. Si le premier, tiré des spectacles, a bien fonctionné au box-office, le second, « Les Municipaux, trop c’est trop » (M6 Vidéo et sur toutes les plateformes de VOD) a connu un relatif échec condamnant la mise en chantier d’un troisième opus qui de toute manière n’était pas dans les cartons d’Éric Carrière, le scénariste et moitié du duo comique sudiste. Pourtant cette suite valait au moins autant le détour que la première.


Le scénario était un poil plus élaboré et surtout donnait de jolis rôles aux personnages secondaires. Francis Ginibre et Eric Carrière étant irréprochables comme d’habitude dans leurs caricatures de rois des fainéants, il fallait trouver un autre ressort pour relancer l’intérêt des spectateurs. Le mariage d’un des Municipaux avec une femme-monstre était l’occasion rêvée.
Dans le rôle de Véro, la mangeuse d’hommes, Angélique Panchéri en fait des tonnes. Avec succès. Car quand il faut faire rire, parfois, plus c’est gros, plus c’est plaisant. Ses mimiques de nymphomane affamée (alors qu’elle n’a pas spécialement un physique avantageux) ont de quoi faire paniquer tout mâle qui redoute de quitter les jupons de sa maman (en l’occurrence Marthe Villalonga, infatigable actrice de la région).
 En ces jours peu réjouissants, une bonne tranche de rigolade au premier degré ne peut pas faire de mal. Alors merci les Municipaux, merci les Chevaliers du Fiel. 

vendredi 20 mars 2020

Avec Izneo, vous lisez vos BD sur tablette ou ordinateur


S’il est un produit culturel dont la forme importe, c’est bien l’album de BD. Couverture cartonnée, grandes pages où la mise en page de toutes les vignettes a une grande importance… lire une BD c’est physique.
Pourtant depuis des années il existe un service sur le net qui permet d’acheter ses BD en virtuel. Izneo a vu le jour en 2012. Douze des principaux éditeurs de bande dessinée en France et en Belgique ont investi dans cette plateforme permettant d e lire toutes les nouveautés d’un simple clic, sans se déplacer en magasin. Et bien sûr pour un prix moindre, la partie fabrication, distribution et vente disparaissant des coûts généraux. 

Mais si le catalogue d’Izneo est conséquent (pas moins de 30 000 albums disponibles), les ventes n’ont jamais véritablement décollé. La faute à la façon de lire de la BD… Seuls les mangas, destinés aux plus jeunes rencontrent un succès non négligeable. Mais ça, c’était avant, avant le grand confinement et l’impossibilité de sortir de chez soi pour déambuler dans les rayons d’une librairie à la recherche d’un titre qui pourrait nous intéresser. Aujourd’hui, comme par miracle, Izneo attire notre attention et on se dit que finalement, la lecture sur écran, peut avoir quelques avantages.

Sans chercher à vous convaincre, force est de constater que les amateurs de dessins léchés et autres scrutateurs des détails infimes vont prendre leur pied. Car avec Izneo, on a la possibilité d’agrandir les planches. Au point de zoomer sur une seule case, découvrant ainsi le mouvement du pinceau de l’artiste, la hachure qui donne toute sa vie au personnage ou l’ombre essentielle à l’ambiance.
La meilleure façon de lire une BD en numérique c’est de s’y prendre en deux fois. Première étape, ne pas trop agrandir les planches, juste ce qu’il faut pour lire les bulles et conserver la vision d’ensemble de la page pour comprendre le sens de la narration. Mais dans un deuxième temps, on peut se consacrer uniquement à la partie dessinée. Oublier l’intrigue et les dialogues pour n’admirer que les dessins.
Et parfois c’est une claque monumentale. Essayez avec n’importe quel album de Moëbius ou Giraud, plongez dans l’univers d’Hermann, notamment la série Comanche et laissez la magie opérer. 


De plus, Izneo offre la possibilité d’acheter les albums à l’unité ou dans un système d’abonnement. Le premier prix est à 6,99 € et donne la possibilité de lire 10 albums par mois dans une sélection de 4 000 titres. Mais en cette période de confinement, si vous êtes des grands lecteurs dans la famille, la formule Izneo Family offre un nombre illimité de titres par mois (toujours dans la sélection de 4 000 titres) et 6 connexions simultanées.
Et comme le premier mois est offert, c’est un confinement plein de BD que vous pouvez ainsi offrir aux petits et grands de la cellule familiale. Et pendant ce temps, vous n’aurez pas envie de vous étriper. 


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Lecture case à case 


Et sur smartphone, ça donne quoi la lecture d’une BD. En dehors de se bousiller les yeux, il n’y a que peu d’intérêt. Sauf si on utilise la fonction « eazycomics ». Une simple application à télécharger avec son abonnement à Izneo et la planche est découpée automatiquement en vignettes. Il faut bien le dire, découvrir un roman graphique de 200 pages dans le genre de Silence de Comès est un peu laborieux. Par contre pour la lecture de gags en une planche ou mieux de strips, la fonction est géniale. Les jeunes adorent.

Donc si vous êtes prêts à tenter l’expérience on peut vous conseiller de débuter avec « Dad » de Nob chez Dupuis, les mésaventures comiques d’un père isolé avec quatre filles à charge ou le très bon « Retour à la terre » de Ferri et Larcenet chez Dargaud. Le dernier tome est paru l’an dernier et ne coûte que 7,99 € sur Izneo. 

Série télé - Partez en excursion sur Netflix à bord du bus de « Bloodride »


Les Norvégiens sont de grands consommateurs de série télé. Et loin de se contenter des productions extérieures, ils en signent de nombreuses, souvent d’excellente qualité. Pour les découvrir, Netflix est souvent un passage obligé. Après le très nordique Ragnarok », voici « Bloodride » de Kjetil Indregard.
Ce n’est pas à proprement parler une série. Juste une anthologie de courts-métrages horrifiques longs d’une trentaine de minutes. Pour lier le tout, chaque protagoniste des six premiers épisodes, prennent place dans un vieux bus.
Parmi les différents épisodes, « Sacrifice ultime » et « Un terrible écrivain » sortent du lot. Le premier montre une famille s’installant dans un petit village où tous les habitants dorlotent des animaux de compagnie au-delà du raisonnable. Mais pour quelle raison ?
L’histoire de l’écrivain est une sorte de ruban de Moebius de la création littéraire, chaque romancier étant en fait le personnage d’un autre écrivain jouant avec ses nerfs. Jusqu’au créateur final qui lui, n’est pas dans un monde virtuel.
Des expériences angoissantes, un peu dans le style de Black Mirror, autre anthologie visible sur Netflix.