samedi 21 mars 2020

Littérature - Des romans à la pelle


Il circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux des posts annonçant le futur calvaire des personnes chargées de lire les manuscrits dans les grandes maisons d’édition. En effet, quand le virus ne sera plus qu’un souvenir et que l’on pourra de nouveau gambader en liberté au plein air, les services des manuscrits des éditions Gallimard, Grasset ou Seuil vont recevoir des milliers de d’autofiction qui ne raconteront en large et en travers, à la première personne, que le « Journal de mon confinement ». Comme si le secteur de l’édition avait besoin de cette nouvelle catastrophe après des ventes tombées quasiment à zéro depuis quelques jours et certainement pour encore de longues semaines. 
De manuscrits envoyés par la poste il en est question dans ce roman d’Antoine Laurain. Son personnage principal, Violaine Lepage, 44 ans, est responsable du « Service des manuscrits », par ailleurs titre du bouquin. Elle adore son métier. Pour diverses raisons. D’abord la chance de lire avant tout le monde et de découvrir les talents littéraires de demain. Mais là il ne faut pas trop être exigeante. Son service ne sort du lot que 2 à 3 manuscrits par an. Et par chance pour son service, tous les Français qui ont de velléités d’écriture (plus de deux millions selon des études sérieuses), ne passent pas tous à l’acte. Ces romans ne restent qu’à l’état d’embryon et « tous ces livres fantômes forment une sorte de matière gazeuse qui entoure la littérature comme la couche d’ozone la Terre. » Violaine aime aussi découvrir les lettres de présentations, notamment les prétentieuses accompagnant un texte généralement nul et affligeant. 
Alexandre Laurain prend beaucoup de plaisir à décrire ce milieu mais n’en oublie pas l’intrigue. Un manuscrit de qualité arrive enfin dans le service. « Les fleurs de sucre » est même sélectionné pour le Goncourt. Mais son auteur est introuvable. Et les meurtres décrits avec minutie dans le roman deviennent réalité. Un livre parfois truculent, souvent intelligent, mais qui finira certainement par vous émouvoir. Manuscrit qui n’est pas arrivé par la poste puisque c’est déjà le 8e roman de cet auteur, le 5e chez Flammarion.

 « Le service des manuscrits » d’Antoine Laurain, 18 €, disponible en version numérique, 12,99 €

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