samedi 28 mars 2020

BD - Deux grands classiques adaptés

Loin de s’opposer à la littérature, la bande dessinée peut se révéler un excellent complément. Notamment en offrant des adaptations de grands classiques, sorte d’escabeau pour accéder à des textes parfois un peu difficiles. 



On retrouve à l’adaptation de « L’arrache-cœur » de Boris Vian un scénariste expérimenté. Morvan (Sillage) n’a jamais caché sa passion des grands écrivains contemporains. Après Edgar Allan Poe, Mark Twain ou Alexandre Dumas, c’est à une montagne qu’il s’attaque. Car L’arrache-cœur de Boris Vian est un roman âpre, touffu, et compliqué. Il s’en tire au final parfaitement avec l’aide des dessins en noir et blanc et au pinceau de Maxine Péroz. On est d’entrée mis dans le bain, le psychiatre, arrivant dans une maison isolée, découvre une femme sur le point d’accoucher. Elle pointe un revolver en direction d’une porte close.


Derrière il y a Angel, le mari, le père. Cela fait deux mois qu’il est enfermé dans cette pièce car sa femme « hait son gros ventre et ne veut pas qu’on la voie dans cet état. » Et comment a-t-il fait pour tenir aussi longtemps cloîtré (la réponse nous intéresse particulièrement, nous qui sommes de millions actuellement à garder la chambre) : « J’attends que tout soit fini en pensant à des choses intimes. Et en dormant, je pense à ses fesses. » Le ton est donné. Cet Arrache-cœur est diablement charnel.

Autre genre avec « Pot-Bouille » de Zola adapté par Cédric Simon et dessiné par Éric Stalner. Le roman de la saga des Rougon-Macquart raconte l’ascension d’Octave Mouret, jeune provincial monté à Paris en plein réaménagement par Haussmann. On suit ses manigances pour prendre le pouvoir en séduisant les bonnes personnes.


Là aussi c’est un roman charnel que les auteurs offrent aux lecteurs après leur excellente adaptation de « La curée ». En fin d’album, Philippe Mellot replace l’intrique dans son contexte historique avec des articles illustrés de photos et de gravures d’époque

« L’arrache-cœur », Delcourt, 17,50 €
« Pot-Bouille », Les Arènes BD, 20 €


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