« Violette Morris » (tome 1/4), Futuropolis, 16 €
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
mardi 16 octobre 2018
BD - Violette Morris, une femme trop forte
« Violette Morris » (tome 1/4), Futuropolis, 16 €
lundi 15 octobre 2018
BD - Monstrueuse mer, terrain de chasse du "Kraken"
Serge Dougarry a connu la gloire. Présentateur à la télévision, son émission sur la mer a tutoyé les sommets de l’audimat. Aujourd’hui il n’a plus d’émission et vivote en thésaurisant cette notoriété résiduelle en vantant des conserves de poisson. Un matin, un gamin, en ciré jaune et armé d’un harpon sonne à la porte de son appartement parisien.
Il lui demande de l’aider pour chasser le kraken. Le début de ce roman graphique en bichromie signé Pagani et Cannucciari interloque. Dougarry, épave alcoolique, se bat avec des démons intérieurs.
Le gamin, Damien, est visiblement un attardé. Cet improbable duo va pourtant se retrouver dans la petite ville côtière où le drame se noue. La mère de Damien persuade Dougarry de faire semblant de partir à la chasse au kraken avec son fils handicapé.
Damien, devenu le souffre-douleur de toute la communauté depuis que le poisson se fait rare et que des enfants disparaissent dans la mer.
Et si le kraken, monstre marin légendaire, existait vraiment ? Entre étude sociologique, enquête policière et récit fantastique, cet album magistralement dessiné et à l’intrigue pleine de rebondissements a très justement remporté le prix du meilleur album italien au dernier festival BD de Rome
« Kraken », Soleil, 17,95 €
dimanche 14 octobre 2018
BD - Méfiance les machos, Camel Joe est là !
À force de voir des films de superhéros, ça devait arriver : les féministes aussi rêvent d’une justicière dévouée à leur cause. Claire Duplan, jeune dessinatrice parisienne, l’a imaginée. Exactement elle raconte la vie de Constance, illustratrice survivant en enchaînant les boulots alimentaires (et trop souvent sexistes pour les agences de pub).
Pour faire passer la pilule, elle dessine sur son blog les aventures de Super Joe, l’héroïne qui arrive quand une de ses sœurs est importuné par un harceleur, un relou, un dragueur ou tout être de sexe masculin qui pense plus avec ce qu’il a dans son pantalon qu’avec son cerveau. Super Joe plaît aux copines de Constance. Et devient Camel Joe pour affirmer sa féminité.
Cet album, au trait unique (simplicité de Claire Brétécher, efficacité de Pénélope Bagieu), va beaucoup plus loin dans la dénonciation des harceleurs du quotidien. Il donne aussi aux lectrices et surtout lecteurs des clés pour mieux comprendre certaines femmes d’aujourd’hui.
Sur leurs façons d’aimer, leur propension à provoquer des bagarres dans les bars ou d’arroser les plantes avec un engrais naturel inattendu. Le problème pour les hommes-lecteurs : ils ne peuvent que tomber amoureux de Camel Jo alias Constance alias Claire Duplan…
« Camel Joe », rue de l’Échiquier, 16,50 €
Livre - Anarchie, nom féminin
Si aujourd’hui l’anarchie est considérée comme une dérive politique dangereuse, essentiellement liée historiquement à des actions violentes, à l’origine cette façon de penser et de vivre en communauté était pacifique et séduisante.
Daniel de Roulet, écrivain suisse, a retrouvé dans les archives des traces de cette utopie si belle. Il raconte dans ce roman la vie de « Dix petites anarchistes ». Elles viennent toutes de Saint-Imier, petit bourg helvète où les habitants vivotent entre élevage et travail dans l’horlogerie de précision. Les mouvements ouvriers ont le vent en poupe. Avant que Marx n’impose sa vision du collectivisme anticapitaliste, d’autres prônent une autre voie : l’anarchisme. Les bourgeois et leur autorité, dans leur envie de maintenir leur pouvoir, ne font pas la différence et répriment sévèrement les deux camps.
Traversée avec Louise Michel
Au point que dix jeunes femmes du village envisagent de créer une communauté anarchiste aux antipodes : en Patagonie. Du rêve à la réalité, ce sont ces aléas de la vie qui forment l’essentiel du roman battit comme le témoignage de la dernière survivante. Les deux premières petites anarchistes, parties en exploratrices, seront assassinées dans la ville chilienne de Talcahueno.
Cela ne décourage pas leurs amies qui prennent le bateau en France pour Punta Arenas. Le même qui conduit les condamnés communards dont Louise Michel, vers le bagne de Nouvelle-Calédonie. Elles partent à huit (avec une ribambelle d’enfants) mais n’arrivent qu’à sept, Émilie meurt en couches en pleine traversée. Durant dix ans elles vont survivre dans des conditions climatiques effroyables. Mais elles mettent leur projet en partie à exécution et gagnent suffisamment d’argent pour se lancer dans une seconde migration.
Elles comptent rejoindre l’île de Robinson Crusoé dans le Pacifique où s’épanouit une communauté anarchiste appelée « l’expérience ». C’est la partie la plus heureuse de ces vies même si ce n’est pas la plus importante du récit. «Difficile de raconter notre vie sur l’île : le bonheur se passe d’un récit, les anecdotes s’estompent ou deviennent ridicules quand le temps s’est écoulé ».
La fin du périple se passe en Argentine au début du XXe siècle. Les jeunes anarchistes, devenues vieilles militantes, croient toujours à leur rêve. Même si depuis les actions pacifiques de Saint-Imier, les faits ont donné raison aux tenants de la manière forte. Un témoignage important, prouvant que l’envie de liberté des femmes ne date pas de ces dernières décennies, bien au contraire.
➤ «Dix petites anarchistes» de Daniel de Roulet, Buchet-Chastel, 14 €
Daniel de Roulet, écrivain suisse, a retrouvé dans les archives des traces de cette utopie si belle. Il raconte dans ce roman la vie de « Dix petites anarchistes ». Elles viennent toutes de Saint-Imier, petit bourg helvète où les habitants vivotent entre élevage et travail dans l’horlogerie de précision. Les mouvements ouvriers ont le vent en poupe. Avant que Marx n’impose sa vision du collectivisme anticapitaliste, d’autres prônent une autre voie : l’anarchisme. Les bourgeois et leur autorité, dans leur envie de maintenir leur pouvoir, ne font pas la différence et répriment sévèrement les deux camps.
Traversée avec Louise Michel
Au point que dix jeunes femmes du village envisagent de créer une communauté anarchiste aux antipodes : en Patagonie. Du rêve à la réalité, ce sont ces aléas de la vie qui forment l’essentiel du roman battit comme le témoignage de la dernière survivante. Les deux premières petites anarchistes, parties en exploratrices, seront assassinées dans la ville chilienne de Talcahueno.
Cela ne décourage pas leurs amies qui prennent le bateau en France pour Punta Arenas. Le même qui conduit les condamnés communards dont Louise Michel, vers le bagne de Nouvelle-Calédonie. Elles partent à huit (avec une ribambelle d’enfants) mais n’arrivent qu’à sept, Émilie meurt en couches en pleine traversée. Durant dix ans elles vont survivre dans des conditions climatiques effroyables. Mais elles mettent leur projet en partie à exécution et gagnent suffisamment d’argent pour se lancer dans une seconde migration.
Elles comptent rejoindre l’île de Robinson Crusoé dans le Pacifique où s’épanouit une communauté anarchiste appelée « l’expérience ». C’est la partie la plus heureuse de ces vies même si ce n’est pas la plus importante du récit. «Difficile de raconter notre vie sur l’île : le bonheur se passe d’un récit, les anecdotes s’estompent ou deviennent ridicules quand le temps s’est écoulé ».
La fin du périple se passe en Argentine au début du XXe siècle. Les jeunes anarchistes, devenues vieilles militantes, croient toujours à leur rêve. Même si depuis les actions pacifiques de Saint-Imier, les faits ont donné raison aux tenants de la manière forte. Un témoignage important, prouvant que l’envie de liberté des femmes ne date pas de ces dernières décennies, bien au contraire.
➤ «Dix petites anarchistes» de Daniel de Roulet, Buchet-Chastel, 14 €
samedi 13 octobre 2018
Livre - Un pavé dans vos toilettes
On ne sait pas exactement combien contient de feuilles un rouleau de papier toilette, pour le livre d’Annie Pastor la réponse est en couverture : « 1 000 pages pour ne plus vous ennuyer aux WC». Compilation d’informations utiles et amusantes, ce pavé pèse un peu plus d’un kilo. Les articles, d’une à deux pages, se lisent facilement et ne vous prendront pas une éternité.
De la culture avec un petit « c » plus divertissante que sérieuse. Des listes ou des chiffres. On apprend par exemple que les chasseurs français, chaque année, dispersent dans la nature 6 000 tonnes de plomb. Hilarante, la liste des poissons d’avril en Angleterre comme l’annonce en 1980 que Big Ben abandonnerait ses aiguilles pour un affichage digital.
Enfin ne manquez pas la liste totalement délirante des actions illégales de certains états américains comme d’avoir des relations sexuelles avec un porc-épic en Floride, d’embrasser sa femme le dimanche dans le Connecticut ou de descendre d’un avion en vol dans le Maine.
➤ Hugo – Desinge éditions, 14,95 €
vendredi 12 octobre 2018
BD - Les femmes (en)chantantes du "Sang des cerises" de François Bourgeon
L’une chante, l’autre jure. François Bourgeon aime raconter la vie de femmes qui bousculent le quotidien, la routine et la normalité. Si tout a commencé avec Isa, son inoubliable héroïne des « Passagers du vent », il continue aujourd’hui cette saga familiale vendue à plus d’un million d’exemplaires. 20 ans après la mort d’Isa, on retrouve sa petite fille, Zabo, dans le Paris de la fin du XIXe siècle. 20 années dont on ne sait rien, si ce n’est qu’elle se fait désormais appeler Clara.
Elle parle toujours comme un charretier et a tendance à vouloir défendre la veuve et l’orpheline. C’est comme ça qu’elle croise la route de Klervi, jeune Bretonne montée à Paris pour y trouver du travail comme bonne. Importunée par un homme lors des obsèques de Jules Vallès, Clara prend la défense de Klervi. Elles se croisent de nouveau un peu plus tard. Klervi, a abandonné ses rêves. Elle est sous la protection d’un mac.
Clara va la libérer de son emprise. Les deux femmes deviennent amies et ne se quittent plus durant les 80 pages de ce roman graphique. En changeant de lieu et d’époque, François Bourgeon renouvelle sa palette. Il dresse le portrait de ce Paris encore meurtri par le drame de la Commune et qui gronde. Klervi, dotée d’une belle voix, va chanter dans les cabarets.
Une histoire féministe avant l’heure, au cours de laquelle l’auteur dévoile parcimonieusement quelques indices sur le passé de Zabo, devenue Clara.
« Les passagers du vent, le sang des cerises » (tome 1/2), Delcourt, 17,95 €
mardi 9 octobre 2018
Cinéma - Divorcer et rester ensemble, le dilemme des acteurs-réalisateurs de "L'amour flou"
Le film de la semaine. « L’amour flou » de Romane Bohringer et Philippe Rebbot.
Contrairement à la littérature française qui parfois se complaît dans une autofiction désespérante de sérieux et d’introspection, le cinéma français, quand il ose tâter du genre, n’hésite pas à rire de ses travers.
« L’amour flou » de Romane Bohringer et Philippe Rebbot raconte un divorce. Une séparation que l’on sent compliquée car pas forcément voulue à 100 %. La faute aux deux enfants du couple de comédiens.
Deux artistes, des saltimbanques dans la grande tradition. Incapables de faire comme tout le monde. Cela fait plus d’un an qu’ils font chambre à part dans leur maison foutoir. Incapables de tourner la page, ils vont pourtant devoir le faire quand un acheteur se présente. Obligés de déménager, de se séparer véritablement.
Romane, la plus sensée du couple, mène les recherches pour acquérir un appartement.
Deux exactement car elle ne veut pas que le père de ses enfants soit trop loin. Elle veut aussi le protéger, car Philippe Rebbot, excellent comédien dans des seconds rôles marquants (Hippocrate, 21 nuits avec Pattie), est du genre à peu se soucier des détails bassement matériels. Arrive le sauveur, un promoteur immobilier qui propose deux appartements neuf mitoyens. Il suffirait de faire une porte de communication dans la chambre des enfants pour les relier.
Cette idée de génie est au centre du film. Au centre de la vie du papa et de la maman de Rose et Raoul, garnements qui jouent leurs propres rôles et semblent en profiter outrageusement.
Les malheurs de Lady
Trop souvent les séparations sont douloureuses. Dans le cas de Romane et Philippe, il y a ce qui s’est véritablement passé et ce qu’ils montrent sur l’écran. Un film très original entre documentaire et comédie loufoque. On n’échappe pas à quelques engueulades où chacun se montre particulièrement de mauvaise foi, mais il y a aussi pléthore de fous rires. Les scènes avec l’instituteur de Raoul sont cocasses. Un chauve à moumoute qui s’inquiète des cheveux longs de l’enfant et des conséquences sur son orientation sexuelle… Hilarant aussi les discussions entre Philippe et Réda Ketab. Ils parlent chien. Notamment des conséquences de la séparation du couple sur la santé de Lady, le basset de Philippe Rebbot.
Célibataire-gamin de 53 ans, ce dernier prend du bon temps avec quelques jeunes admiratrices. Romane aussi cherche un peu d’intimité pour se rassurer sexuellement. Même si une mésaventure à base de gaviston permet de signer une des scènes les plus marrantes du cinéma français de ces dernières années.
Bref, on ne s’ennuie pas une minute avec la vie dissolue de parents hors normes. Leur tendresse aussi et leur grande tolérance. Comme le fait remarquer l’homme du couple « on a tout réussi, on est devenu amis, amants, parents. » Reste à réussir cette fameuse séparation des corps. Mais pas des esprits et juste à moitié des appartements.
« L’Amour flou », comédie de Romane Bohringer et Philippe Rebbot (France, 1 h 37) avec Romane Bohringer, Philippe Rebbot, Rose Rebbot-Bohringer, Clémentine Autain et Reda Kateb.
Contrairement à la littérature française qui parfois se complaît dans une autofiction désespérante de sérieux et d’introspection, le cinéma français, quand il ose tâter du genre, n’hésite pas à rire de ses travers.
« L’amour flou » de Romane Bohringer et Philippe Rebbot raconte un divorce. Une séparation que l’on sent compliquée car pas forcément voulue à 100 %. La faute aux deux enfants du couple de comédiens.
Deux artistes, des saltimbanques dans la grande tradition. Incapables de faire comme tout le monde. Cela fait plus d’un an qu’ils font chambre à part dans leur maison foutoir. Incapables de tourner la page, ils vont pourtant devoir le faire quand un acheteur se présente. Obligés de déménager, de se séparer véritablement.
Romane, la plus sensée du couple, mène les recherches pour acquérir un appartement.
Deux exactement car elle ne veut pas que le père de ses enfants soit trop loin. Elle veut aussi le protéger, car Philippe Rebbot, excellent comédien dans des seconds rôles marquants (Hippocrate, 21 nuits avec Pattie), est du genre à peu se soucier des détails bassement matériels. Arrive le sauveur, un promoteur immobilier qui propose deux appartements neuf mitoyens. Il suffirait de faire une porte de communication dans la chambre des enfants pour les relier.
Cette idée de génie est au centre du film. Au centre de la vie du papa et de la maman de Rose et Raoul, garnements qui jouent leurs propres rôles et semblent en profiter outrageusement.
Les malheurs de Lady
Trop souvent les séparations sont douloureuses. Dans le cas de Romane et Philippe, il y a ce qui s’est véritablement passé et ce qu’ils montrent sur l’écran. Un film très original entre documentaire et comédie loufoque. On n’échappe pas à quelques engueulades où chacun se montre particulièrement de mauvaise foi, mais il y a aussi pléthore de fous rires. Les scènes avec l’instituteur de Raoul sont cocasses. Un chauve à moumoute qui s’inquiète des cheveux longs de l’enfant et des conséquences sur son orientation sexuelle… Hilarant aussi les discussions entre Philippe et Réda Ketab. Ils parlent chien. Notamment des conséquences de la séparation du couple sur la santé de Lady, le basset de Philippe Rebbot.
Célibataire-gamin de 53 ans, ce dernier prend du bon temps avec quelques jeunes admiratrices. Romane aussi cherche un peu d’intimité pour se rassurer sexuellement. Même si une mésaventure à base de gaviston permet de signer une des scènes les plus marrantes du cinéma français de ces dernières années.
Bref, on ne s’ennuie pas une minute avec la vie dissolue de parents hors normes. Leur tendresse aussi et leur grande tolérance. Comme le fait remarquer l’homme du couple « on a tout réussi, on est devenu amis, amants, parents. » Reste à réussir cette fameuse séparation des corps. Mais pas des esprits et juste à moitié des appartements.
« L’Amour flou », comédie de Romane Bohringer et Philippe Rebbot (France, 1 h 37) avec Romane Bohringer, Philippe Rebbot, Rose Rebbot-Bohringer, Clémentine Autain et Reda Kateb.
dimanche 7 octobre 2018
Polar - Lettres ou pas lettres d'Hercule Poirot
Sophie Hannah, romancière anglaise, a accepté le défi de marcher sur les traces d’Agatha Christie. Elle a hérité du plus fameux des personnages de la Reine du crime : Hercule Poirot. «Crime en toutes lettres » est le troisième roman des nouvelles enquêtes du détective belge aux moustaches savamment gominées. Il enquête sur la mort d’un vieil homme dont la famille accumule les secrets. Un roman brillant, digne d’Agatha Christie, mais avec un peu plus de féminisme dans une Angleterre vieillotte et décidément trop macho pour notre époque.
Tout commence par une altercation entre Hercule Poirot et une belle inconnue. Cette dernière reproche au détective de lui avoir envoyé une lettre calomnieuse. Dedans, il l’accuse du meurtre de Barnabas Pandy. Or, non seulement elle affirme n’avoir jamais tué personne, mais en plus elle ne sait pas qui est ce Barnabas Pandy. Poirot, interloqué, tente de se défendre. En vain. Il ne peut donc pas lui dire que cette lettre n’est pas de lui. Et que lui aussi ne connaît pas de Barnabas Pandy.
Tout se complique quand trois autres personnes viennent elles aussi clamer avec véhé- mence, dans les bureaux de Poirot, leur innocence dans ce meurtre. Car être accusé par le célèbre Hercule Poirot, n’est pas sans conséquence à l’époque. Face à cette multiplication de faux grossiers, Hercule Poirot décide d’enquêter avec son ami l’inspecteur Catchpool qui endosse le rôle de narrateur. Rapidement, il découvre que le fameux mort, un vieil homme, a été découvert noyé dans sa baignoire. Mais la police a classé l’affaire, simple accident domestique.
Questions sans réponses
Avec sa pugnacité légendaire, Poirot va remonter la piste, se demander s’il ne s’agit pas effectivement d’un meurtre déguisé. Mais qui est le criminel parmi les quatre désignés coupables ? Les pièces du puzzle se mettent petit à petit en place. Au lecteur de tenter de se faire une idée sur la finalité du roman. Avec quelques questions qui reviennent en boucle : qui a tué Barnabas Pandy ? A-t-il été véritablement assassiné ? Qui a imité la signature de Poirot ? Pour quel motif le faussaire a-t-il voulu attirer l’attention du détective belge ? Réponse dans le dernier chapitre comme tout bon Agatha Christie.
Pourtant c’est bien Sophie Hannah qui a écrit ce roman, on le voit au rôle tenu par quelques femmes, loin des caricatures de l’époque. Notamment la futée Fee, serveuse dans un restaurant mais qui se verrait bien inspectrice de police si la loi l’y autorisait. Faute de mieux, elle aide l’inspecteur Catchpool à fournir des indices à un Poirot toujours aussi amusant dans ses manières guindées.
➤ « Crime en toutes lettres » de Sophie Hannah, Le Masque, 20,90 €
samedi 6 octobre 2018
BD - Bienvenue au cinéma de Midi-Minuit
Connaissez-vous le « giallo », genre cinématographique venu d’Italie ? Seuls les amateurs de séries B pourront vous répondre qu’il s’agit de films policiers où les meurtres sont horrifiques, l’assassin masqué et que l’on ne découvre son identité qu’à la toute fin du long-métrage. Doug Headline, passionné de littérature et de cinéma de genre, a écrit un scénario tournant autour de ce phénomène qui a connu son apogée dans les années 70. Et c’est un dessinateur italien, Massimo Semerano, qui a illustré cette histoire imaginaire du réalisateur reclus Marco Corvo. Deux amateurs du genre, journalistes pigistes qui se retrouvent régulièrement aux séances du cinéma Midi-Minuit, décrochent une interview du réalisateur. Ils se rendent en Italie, à Bologne, pour enregistrer en vidéo (l’histoire se déroule à la fin des années 90) les confessions testament de cet oublié du 7e art. Ils espèrent aussi savoir ce qui est arrivé à sa star, la sublime Luisa Diamanti, disparue en plein tournage de « Lumière noire ». Un film de Corvo inachevé. Il n’a plus rien tourné depuis.
Ce gros roman graphique de plus de 150 pages est passionnant pour ceux qui ne sont pas allergiques aux meurtres fétichistes, femmes fatales et autres méchants de pacotille. Un étonnant mélange, qui a fait tout le charme de cette branche du cinéma de série B italien, entre westerns et péplums. Et pour ne pas mourir idiot, un long dossier est consacré en fin d’ouvrage au « giallo » et plus généralement le cinéma d’exploitation italien de la fin du XXe siècle.
« Midi-Minuit », Dupuis, 22 €
vendredi 5 octobre 2018
BD - Double cauchemar signé Franck Thilliez
Franck Thilliez, scénariste de BD ! Quand a nouvelle a fuité, nombre de fans de Sarko et Hunebelle, son couple de flics récurrent, ont espéré une adaptation de cet univers sombre et violent. Mais Franck Thilliez, tout en restant dans le domaine du thriller, a préféré s’adresser aux adolescents en créant une série à part relevant plus du fantastique que du polar. « La brigade des cauchemars », confiée aux crayons de Yomgui Dumont (un habitué du travail avec les écrivains puisqu’il a illustré les scénarios d’Olivier Bleys), met en scène trois adolescents ayant la possibilité de pénétrer dans les rêves des personnes perturbées.
Sarah, Tristan et Esteban vont tenter de comprendre ce qui angoisse à ce point Nicolas. Dans son cauchemar, se déroulant à Tchernobyl, une entité maléfique transforme en pierre des touristes déambulant dans la ville fantôme. Une histoire qui donne le corps à cet album déroulant aussi un peu de l’intrigue de la série. Car le but final du trio est de pénétrer dans le cauchemar de Léonard pour délivrer la femme du professeur Angus, la première à avoir testé sa machine permettant de pénétrer dans l’esprit des patients. Léonard qui parvient lui aussi à s'enfoncer dans le cauchemar de Nicolas. Un double cauchemar... Si vous rajoutez un embryon d’amour contrarié entre Tristan (handicapé moteur) et Sarah, puis des interrogations sur l’identité véritable d’Esteban, vous avez la matière pour un futur best-seller en dix tomes.
« La brigade des cauchemars » (Tome 2), Jungle, 13,95 €
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