Le film de la semaine. « L’amour flou » de Romane Bohringer et Philippe Rebbot.
Contrairement à la littérature française qui parfois se complaît dans une autofiction désespérante de sérieux et d’introspection, le cinéma français, quand il ose tâter du genre, n’hésite pas à rire de ses travers.
« L’amour flou » de Romane Bohringer et Philippe Rebbot raconte un divorce. Une séparation que l’on sent compliquée car pas forcément voulue à 100 %. La faute aux deux enfants du couple de comédiens.
Deux artistes, des saltimbanques dans la grande tradition. Incapables de faire comme tout le monde. Cela fait plus d’un an qu’ils font chambre à part dans leur maison foutoir. Incapables de tourner la page, ils vont pourtant devoir le faire quand un acheteur se présente. Obligés de déménager, de se séparer véritablement.
Romane, la plus sensée du couple, mène les recherches pour acquérir un appartement.
Deux exactement car elle ne veut pas que le père de ses enfants soit trop loin. Elle veut aussi le protéger, car Philippe Rebbot, excellent comédien dans des seconds rôles marquants (Hippocrate, 21 nuits avec Pattie), est du genre à peu se soucier des détails bassement matériels. Arrive le sauveur, un promoteur immobilier qui propose deux appartements neuf mitoyens. Il suffirait de faire une porte de communication dans la chambre des enfants pour les relier.
Cette idée de génie est au centre du film. Au centre de la vie du papa et de la maman de Rose et Raoul, garnements qui jouent leurs propres rôles et semblent en profiter outrageusement.
Les malheurs de Lady
Trop souvent les séparations sont douloureuses. Dans le cas de Romane et Philippe, il y a ce qui s’est véritablement passé et ce qu’ils montrent sur l’écran. Un film très original entre documentaire et comédie loufoque. On n’échappe pas à quelques engueulades où chacun se montre particulièrement de mauvaise foi, mais il y a aussi pléthore de fous rires. Les scènes avec l’instituteur de Raoul sont cocasses. Un chauve à moumoute qui s’inquiète des cheveux longs de l’enfant et des conséquences sur son orientation sexuelle… Hilarant aussi les discussions entre Philippe et Réda Ketab. Ils parlent chien. Notamment des conséquences de la séparation du couple sur la santé de Lady, le basset de Philippe Rebbot.
Célibataire-gamin de 53 ans, ce dernier prend du bon temps avec quelques jeunes admiratrices. Romane aussi cherche un peu d’intimité pour se rassurer sexuellement. Même si une mésaventure à base de gaviston permet de signer une des scènes les plus marrantes du cinéma français de ces dernières années.
Bref, on ne s’ennuie pas une minute avec la vie dissolue de parents hors normes. Leur tendresse aussi et leur grande tolérance. Comme le fait remarquer l’homme du couple « on a tout réussi, on est devenu amis, amants, parents. » Reste à réussir cette fameuse séparation des corps. Mais pas des esprits et juste à moitié des appartements.
« L’Amour flou », comédie de Romane Bohringer et Philippe Rebbot (France, 1 h 37) avec Romane Bohringer, Philippe Rebbot, Rose Rebbot-Bohringer, Clémentine Autain et Reda Kateb.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire