jeudi 17 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Talking Angela, une chatte trop bavarde

Rumeur un jour, rumeur toujours. Cette maxime est sans cesse vérifiée sur les réseaux sociaux. Il y a un an,
Talking Angela, une application pour smartphone, était suspectée de servir de relais d'un dangereux pédophile. Malgré les démentis de la société et même de la police, la rumeur continue à se propager.
Alors qui est cette Angela avec qui des milliers de jeunes discutent tous les jours ? Une chatte blanche aux grands yeux bleus en amande. Quasiment une intelligence artificielle, très au point. Elle comprend ce qu'on lui dit et répond d'une douce voix féminine. Grâce à la caméra du smartphone, elle peut aussi voir vos expressions et réagir si vous riez ou pleurez. La faille viendrait de là. Les images ne resteraient pas dans l'appareil mais alimenteraient une vaste (et fantasmagorique) base de données dans laquelle les pédophiles se servent.
Le délire va encore plus loin. Certains utilisateurs font des captures d'écran d'Angela et croient apercevoir une ombre dans les yeux de la chatte, le visage du pédophile qui vous observe. D'autres prétendent qu'une fois l'appli installée, la caméra s'allume si l'on prononce le mot "Illuminati"... Illuminé toi-même !
Reste que certains blogueurs déconseillent "Angela Talking" mais pour d'autres raisons. C'est un piège à fric, certaines options sont payantes. Et puis comment interpréter cette récente évolution : "Nouvelle potion : Tu veux voir Angela rire et agir bêtement ? Donne-lui la nouvelle potion qui rend heureux." Je suis parano ou cela ressemble furieusement aux "cigarettes qui font rire (et planer)" ?

mercredi 16 avril 2014

Cinéma - Patrice Leconte fait une rechute de romantisme avec "Une promesse"

Si les histoires d'amour finissent toujours mal, encore faut-il qu'elles commencent. Dans Une promesse, film de Patrice Leconte, une femme et un homme n'osent pas se livrer.


« Quand j’ai lu le livre de Stefan Zweig sur les conseils de mon scénariste Jérôme Tonnerre, j’ai eu le sentiment de revenir à la maison, explique Patrice Leconte. J’avais sans doute un peu abandonné ce qui me plaît le plus au cinéma qui est de raconter les émotions, d’être en rythme avec les battements de cœur, de raconter des histoires d’amour. » Réaliser une comédie romantique en costumes, pas toujours très gaie, il faut oser en 2014. Mais pour Patrice Leconte, après s’être « un peu perdu » comme il le reconnaît bien volontiers, monter ce film c’était un peu comme retrouver les frissons de son premier long-métrage et surtout « de redécouvrir ce que j’aimais réellement faire. »

On retrouve donc un Leconte au cadrage soigneux et aux ambiances feutrées, celui de Monsieur Hire ou de la Veuve de Saint-Pierre. Un metteur en scène au plus près de ses acteurs, quasi fusionnel quand il s’agit de filmer les effleurements entre Richard Madden et Rebecca Hall.

Ménage à trois
L’action du film débute en 1912 en Allemagne. Une entreprise de fonderie dirigée par la main de fer de Karl Hoffmeister (Alan Rickman) embauche un jeune et brillant ingénieur, Friederich Zeitz (Richard Madden). Il gravit rapidement tous les échelons jusqu’à se retrouver secrétaire particulier du grand boss. Le patron, malade, ne peut plus venir à l’usine. Il demande donc à Friederich de servir de lien entre lui et l’entreprise. Chaque jour, le jeune homme se rend dans la belle demeure pour faire le point. C’est comme cela qu’il croise la jeune épouse de Karl, Lotte (Rebecca Hall). Tout est en place pour un ballet amoureux dangereux, encore plus risqué quand Friederich s’installe dans la maison pour être au plus près du jeune Otto, fils du couple dont il devient le précepteur.
Patrice Leconte filme avec une grâce et une sensualité l’attirance inexorable entre la mère et le jeune employé. Cela va de l’effleurement des mains sur les rampes d’escalier aux longues séquences sur la nuque de Rebecca Hall, d’une beauté époustouflante. Mais ils ne franchissent pas le pas. Elle veut rester fidèle.
Le mari, de plus en plus malade, n’est pas dupe. Il parvient à éloigner le prétendant en lui confiant une mission au Mexique. Les deux tourtereaux se feront la promesse de se donner l’un à l’autre au retour de cet exil forcé. Ils correspondent fiévreusement jusqu’à l’éclatement de la première guerre mondiale.
D’un romantisme exacerbé, ce film tourné en anglais, d’un grand classicisme, semble un peu décalé pour notre époque. Cet amour courtois datant d’un siècle semble daté. Mais c’est pourtant toute la beauté et le mystère de la naissance d’une relation amoureuse. « Une promesse » a le mérite de nous le rappeler à nous qui vivons en ces temps d’amourettes jetables.
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L'Europe à l'écran

Le film de Patrice Leconte est l'exemple de ce qui peut se faire de mieux en matière de coopération européenne. Le réalisateur français, adapte une nouvelle de l'Allemand Stefan Zweig. Le tournage se déroule en Belgique avec des acteurs anglais. C'est d'ailleurs dans la langue de Shakespeare que le film est diffusé en version originale. La décision de tourner en anglais s'est rapidement imposée à Patrice Leconte.
Son casting permet de redécouvrir Rebecca Hall, une actrice anglaise qui a illuminé l'écran de « Vicky Cristina Barcelona » de Woody Allen, en concurrence avec Scarlett Johansson. Patrice Leconte a filmé sa beauté diaphane au plus près. Il excelle pour mettre en valeur les femmes sur la pellicule. C'était déjà le cas avec Anna Galiena dans « Le mari de la coiffeuse ». Rebecca Hall a aussi tourné dans de grosses productions américaines comme « Iron Man 3 » et « Transcendance », film de science-fiction avec Johnny Deep en juin sur les écrans. Richard Madden, dans le rôle du jeune ingénieur, montre qu'il y a une vie après Game of Thrones. Interprète de Robb Stark, il a coupé barbe et laissé tomber la pelisse pour son premier grand rôle au cinéma. Il a un bel avenir en « beau gosse » puisqu'on le retrouvera en Prince Charmant dans « Cendrillon » de Kenneth Branagh annoncé début 2015.

mardi 15 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le Big Bang de la Force


Sheldon contre Dark Vador. Howard mieux que Yoda. Penny en compétition avec la princesse Leia. Les producteurs de la sitcom "The Big Bang Theory" viennent de signer un partenariat avec Georges Lucas.
Un épisode de la saison en cours sera un hommage au monde de Star Wars. Diffusion prévue aux USA le 1er mai, soit trois jours avant la "Journée Star Wars" le 4. Le feuilleton de ces geeks hilarants a souvent fait référence aux films de Lucas, même si Sheldon ne jure que par Flash.
Howard est le seul à avoir eu la chance de faire un petit séjour dans l'espace. Il sera certainement le plus à même de manier les sabres lasers prêtés par les techniciens de Lucas Films. Certaines fuites distillées dans la presse spécialisée laissent entendre que Sheldon a des visions de son mentor (le professeur Proton) et se retrouve, tel Luke Skywalker, sur la planète Dagobah, ce monde lointain de marécages et de forêts qui a servi de refuge à Yoda pendant son exil. Une photo circule sur la toile où trois des comparses (Howard, Sheldon et Raj) arborent de magnifiques T-shirts aux couleurs de la saga interstellaire. Après le tournage en studio, les scènes sont retravaillées par l'équipe des effets spéciaux de Georges Lucas.
En mariant l'univers caustique et savant de la série emblématique des années 2000 avec le monde de Star Wars, nouvel évangile des années 80, le résultat risque d'offusquer quelques intégristes de la Force. Mais ne boudons pas notre plaisir, car ce sera épatant, je n'en doute pas une seconde.

BD - Police et magouille aux antipodes

La Nouvelle-Zélande, ses moutons, ses rugbymen... sa violence. Petit pays aux antipodes de la France, il fascine Caryl Férey. L'écrivain français y a passé quelques années. Suffisamment pour s'imprégner de la culture maori et de la recracher dans un polar sombre et violent dans la Série Noire. Un roman adapté par Férey lui-même et dessiné par Camuncoli, un Italien qui n'a plus rien à prouver après avoir, notamment, signé quelques aventures de Spider-Man. Jack Kenu, flic à la criminelle d'Auckland, est chargé de l'enquête sur le meurtre d'une jeune maorie retrouvée la tête fracassée sur une plage fréquentée par des surfeurs. Il ne croit pas une seconde au crime d'un rôdeur. 
D'autant que la victime, non identifiée au début, se révèle être la fille du leader de l'opposition au Premier ministre conservateur. Dans le second tome de ce polar très noir, Jack tente de retrouver le dealer qui a vendu la drogue aux agresseurs, car avant d'être tuée, la victime a été violée. Agression filmée et utilisée pour déstabiliser le candidat. Jack sera aidé dans sa tache par Keni, son ancienne compagne et amie de la jeune fille assassinée. Ceux qui pensent que la vie aux antipodes peut être mieux que dans notre hémisphère nord seront dramatiquement déçus.

« Maori » (tome 2), Ankama, 14,90 €

lundi 14 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Wat out


En informatique et sur le net en général, il y a panne et panne. D'une utilisation très simple, les ordinateurs et le web sont, en fait, la somme d'une quantité astronomique de codes qui eux sont d'une extrême complexité. Samedi et une partie d'hier, le site de vidéos en ligne du groupe TF1 tombe en panne. Wat.tv est aux abonnés absents. Exactement, un message indique "This domain name has expired". De nombreux internautes se moquent alors du groupe audiovisuel qui "oublie" de renouveler un contrat. "Petite erreur, grandes conséquences" titre le site spécialisé Numérama.
Samedi est un jour essentiel pour TF1 : le soir de son télé-crochet "The Voice". Outre l'audience générale, l'émission est une source de revenus importante en replay. Chaque morceau ou battle est rediffusé sur le site de TF1 via Wat.tv. Et avant chaque visionnage, l'internaute doit ingurgiter un ou deux spots de pub. Samedi, Wat.tv en berne, impossible de rediffuser des extraits. Des milliers de publicités non plus…
La panne touche également d'autres sites qui préfèrent Wat.tv à Dailymotion ou Youtube. La web série Noob, tournée en partie à Carcassonne, par exemple. Hier dimanche, en cours de matinée, tout revient dans l'ordre. Selon TF1, il ne s'agit pas d'une négligence de leur part. Juste d'une incompréhension avec le gestionnaire des noms de domaines. Il est vrai que le suffixe «.tv", pratique pour identifier un site vidéo, est en réalité réservé aux îles Tuvalu qui ont trouvé un excellent moyen de rentabiliser leur nom…

Chronique "De choses et d'autres" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant. 

Thriller - Seattle sur crimes dans "13 jours" de Valentina Giambanco

Première enquête de l'inspectrice Alice Madison sous la plume de Valentina Giambanco, « 13 jours » est un thriller à mille lieues du manichéisme.

Si Valentina Giambanco, malgré son origine italienne plante le décor de son premier roman à Seattle dans le Nord-Ouest des États-Unis, elle est anglaise depuis près de 30 ans. Après avoir travaillé dans le cinéma, elle se lance dans l'écriture avec « 13 jours », thriller qui rencontre immédiatement, et à juste titre, un grand succès en Grande-Bretagne et dans une dizaine de pays. Tous les ingrédients sont réunis dans ces 500 pages, de l'héroïne au passé complexe aux « méchants » animés par des vengeances sans fin. 
Après quelques scènes courtes pour planter le décor et présenter succinctement les différents protagonistes, le lecteur entre dans le cœur du sujet avec la découverte d'une famille assassinée chez elle, les Sinclair. C'est la femme de ménage qui prévient la police. « La chambre des parents, grande ouverte, lui révéla la scène : quatre corps alignés sur le lit -les deux garçons entre les deux adultes- figés dans une immobilité de pierre, les mains liées et les yeux dissimulés par un bandeau, appuyés contre les oreillers luisants de sang. » L'enquête est confiée à Brown, un vieux de la vieille et sa toute nouvelle équipière, Alice Madison qui vient de rejoindre la criminelle.

Deux suspects
Rapidement les analyses des scientifiques déterminent la méthode du tueur : une balle dans la tête pour l'épouse et les deux enfants, une mort plus lente pour le père, étouffé par une surdose de chloroforme. Surtout quelques brins d'ADN sont retrouvés dans les liens et une empreinte sur un verre. Une vieille connaissance de la police de Seattle refait son apparition : Cameron. Insaisissable depuis des années, il est suspecté de plusieurs meurtres. Sinclair est un ami d'enfance de Cameron. Adolescents, ils ont été brièvement kidnappés au bord d'un lac. A l'époque ils étaient trois. Cameron et Sinclair ont pu s'échapper. David, le troisième de la bande, n'a jamais été retrouvé. Les kidnappeurs non plus.
La jeune Alice, pour sa première grosse affaire, est scrutée par son coéquipier. Elle ne le sait pas, mais elle passe un test. Brown a toujours une longueur d'avance sur elle, expérience oblige. Mais à force de travail et de réflexion, elle va rapidement trouver ce qui cloche dans cette scène de crime. La piste Cameron est trop évidente. Et si tout n'était qu'une machination pour faire porter le chapeau à cet homme au passé trouble et aux mains tâchées de sang ? Et que veut dire l'inscription « 13 jours » tracée sur un mur de la chambre ?
Valentina Giambanco joue avec nos nerfs. Un autre suspect fait son apparition, Alice va le traquer. Cameron aussi. Il existe un contentieux entre les deux tueurs. Ils sont animés par un même but : solder les coups reçus dans leur enfance. Ce final à trois s'annonce sanglant. Pour preuve cet extrait, réflexion d'un des protagonistes : « Il finirait par le trouver. Il lui faudrait sans doute un peu de temps, mais quand il l'aurait en face de lui, il exigerait des réponses et lui accorderait en retour une fin rapide. Ce serait le seul geste de compassion qu'il aurait à son égard, et il savait déjà qu'il en tirerait une grande satisfaction. On ne peut pas ressusciter les morts, alors autant s'accorder quelques petits plaisirs. » Toute l'ambiance du roman est dans cette citation...
Michel LITOUT

« 13 jours » de Valentina Giambanco, Albin Michel, 22,50 €

dimanche 13 avril 2014

Cinéma : Les deux sœurs et les crocodiles

Un titre énigmatique, "Les yeux jaunes des crocodiles" pour un film sur la famille avec deux superbes actrices : Julie Depardieu et Emmanuelle Béart. 


Quelle est la recette parfaite d'une bonne comédie ? Des dizaines de producteurs se sont cassé les dents sur cette énigme. Souvent, ils se rabattent sur des valeurs sûres. Comme les best-sellers. Ainsi, quand le roman de Katherine Pancol « Les yeux jaunes des crocodiles » a dépassé le million de ventes en 2006, quelques-uns se sont dit avec raison qu'il y avait là un filon. Claude Lelouch a été le plus rapide. Il acquiert les droits mais n'arrive pas à mettre le projet en place pour cause de surcharge de travail. Il cède finalement les droits à Manuel Munz qui au passage rafle également les deux suites de cette saga devenue entretemps un succès international.

Un bon bouquin donne-t-il un bon film ? Seconde interrogation pour l'équipe qui s'attelle à un projet délicat tant l'histoire de Jo et Iris, les deux sœurs que tout oppose, est déjà connue par nombre de personnes. Cécile Tellerman, réalisatrice de « Tout pour plaire » et de « J'ai quelques chose à te dire » a particulièrement soigné son casting. C'est d'ailleurs la plus belle réussite de ce long-métrage sans grande surprise (surtout si on a lu le livre avant...) mais au ton toujours très juste.

Le duo en opposition est donc composé de Julie Depardieu (Jo, la moche, la faible, la sans ambition, victime consentante) et Emmanuelle Béart (Iris, la sublime, la volontaire, prête à tout pour arriver à ses fins. Une différence amplifiée par la mère, vénérant Iris et dénigrant Jo. Problème : Jo possède le talent et l'imagination. Alors qu'Iris, après une carrière de cinéaste ratée, se pique d'écrire un roman mais n'arrive pas à en écrire le moindre mot. Jo accepte de servir de nègre à sa soeur en échange de quelques sous - son mari est parti élever des crocodiles avec une manucure en Afrique du Sud – et il faut bien payer les factures.
L'être et le paraître
Emmanuelle Béart en fait des tonnes (mais c'est justifié) dans l'abjection. Elle semble abonnée aux rôles de pestes absolues. Elle s'accapare avec gourmandise ce personnage excessif. Julie Depardieu, dont c'est le retour à la comédie, doit puiser davantage dans son expérience pour endosser la peau de cette paumée, sans confiance, tétanisée par la peur de blesser ses proches. Pour arbitrer le tout, deux rôles secondaires décisifs.
Philippe (Patrick Bruel) le mari d'Iris et Hortense (Alice Isaaz) la fille de Jo. Le premier, tout en retenue et jeu intérieur, apporte une étonnante sérénité au film. On devine qu'il ne laissera pas l'injustice perdurer, au risque de perdre l'amour de sa femme. Hortense, jeune écervelée, fascinée par les pauses et la richesse d'Iris, servira de déclencheur.
Fidèle au roman, le film de Cécile Tellerman, tout en étant ouvertement une comédie, apporte ce qu'il faut de gravité à une histoire éternelle de la lutte entre le vrai et le faux, le beau et le laid, l'être et le paraître.
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 Les mondes de Katherine Pancol

Phénomène d'édition, les romans de Katherine Pancol font partie des plus attendus par des milliers de lectrices. Après avoir raconté les déboires de Jo dans « Les Yeux jaunes des crocodiles », elle a poursuivi la saga avec « La valse lente des tortues » puis clôturé le tout dans « Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi ».
Dans le second, Hortense prend un peu plus d'importance, le mari de Jo semble revenir et Philippe, de son exil à Londres (grand avocat d'affaires dans un milieu richissime, il plaque tout pour vivre plus simplement qu'à Paris), en pince toujours pour la sœur de son ex-femme. Il est interprété par un Patrick Bruel à mille lieues du chanteur pour midinettes. Posé, réfléchi, à l'écoute : l'opposé complet du pied-noir démonstratif de certains de ses rôles au cinéma.
Lors de la présentation en avant-première des « Yeux jaunes des crocodiles » au Rencontres cinématographiques du Sud à Avignon, Patrick Bruel s'adresse à la salle « J'ai d'abord aimé ce personnage. Et puis pendant que j'ai tourné le film j'ai aimé cette personne. C'est un être très intéressant dans son désarroi. » Et de ne pas cacher son envie de savoir ce qu'il peut devenir dans une hypothétique suite encore tributaire de l'accueil du public.
Quant à Katherine Pancol, elle n'a pas complètement tourné la page. Dans son nouveau roman, « Muchachas » paru en mars chez Albin Michel, on retrouve la belle Hortense, devenue styliste, au bras de Gary, le fils de la meilleure amie de Jo...

BD - Les vignes et les livres des "Gens Honnêtes" de Gibrat et Durieux


En plein vignoble du Bordelais, une petite librairie vivote. Elle est tenue par Philippe Manche. Ce presque sexagénaire, ancien commercial, passé par la petite entreprise (coiffeur dans les TGV, thème du premier tome de la série), file le parfait amour à distance avec Camille. Mais comme la vie est souvent un gros tas de crottin, la belle le plaque temporairement pour se lancer dans un tour du monde. 


Seul (si l'on excepte sa mère, veuve qui vient de s'amouracher du maire du village), il déprime sérieux. Heureusement il peut compter sur Isabelle, l'opposante rebelle au notable, pour le distraire de son spleen et à Ducousso, un maçon taciturne qui aime qu'on lui fasse la lecture. 
Ce troisième tome du feuilleton écrit par Gibrat et dessiné par Durieux est d'une finesse étonnante. Personnages forts et entiers, petits secrets, rebondissements : tout y est pour transformer ces « Gens honnêtes » en vedettes d'une saga attachante.

« Les gens honnêtes » (tome 3), Dupuis, 15,50 €

samedi 12 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Gras ou maigre ? La nouvelle lutte du bien contre le mal

Le manichéisme passe aussi par votre assiette. La faute à certains nutritionnistes et prescripteurs de régime. Dans la nourriture également on rencontrerait le bien et le mal. Principal accusé en l'occurrence : le gras. Défenseur des causes perdues, j'adhèrerais bien à l'Amicale du gras (voir la rubrique C'est la vie du 10 avril) qui s'insurge contre ce dictat de l'allégé et du dégraissé (jambon, bouillon...).

Oui, « sans gras il n'y a pas de goût ! ». Qu'est-ce qui fait toute la saveur de roustes grillées au barbecue ou de saucisses qui pleurent sur la braise ? Enfant, j'ai longtemps cru qu'une viande persillée était accommodée... de persil. Quand j'ai découvert qu'en fait elle était « parsemée de filaments graisseux », j'en ai salivé pendant des heures. L'exact opposé des sensations gustatives provoquées par un steak haché estampillé « avec seulement 5 % de matières grasses ». Même saignant je lui trouve un goût et une consistance de carton...
Parfois la chasse au gras pousse aux pires extrémités. Sous prétexte qu'il s'y cache à profusion, il faudrait manger le poulet rôti sans sa peau croustillante. Autant le cuire au micro-ondes...
D'accord, comme tous les plaisirs qui s'offrent à nous sur cette terre, il ne faut pas abuser du gras. « A consommer avec modération » comme toute drogue qui se respecte. Mais comment imaginer le bannir complètement ? L'intégrisme culinaire de certains m'inciterait presque à prendre les armes. Un couteau de boucher. Bien pointu et tranchant. Si pratique pour enlever le gras superflu...

Chronique "De choses et d'autres" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant. 

Sortie DVD - Quand les étudiants de Cédric Klapisch vieillissent cela donne un "Casse-tête chinois"

"Casse-tête Chinois" est le troisième et ultime volet des aventures des étudiants de l'Auberge espagnole.


Pour Cédric Klapisch, la boucle est bouclée. Quinze ans après « L'auberge espagnole », il met un point final aux pérégrinations sentimentales de Xavier (Romain Duris). Elles sont loin les années d'insouciance de la communauté Erasmus de Barcelone. Chacun a fait sa vie, avec des hauts et des bas. Xavier, à l'approche de la quarantaine, a la désagréable impression d'avoir tout raté. Pourtant il est devenu un écrivain reconnu et qui compte. Son prochain roman est très attendu. Il vit à Paris avec Wendy l'Anglaise (Kelly Reilly) avec laquelle il a deux beaux enfants.

Tout explose quand il accepte d'aider Isabelle (Cécile de France) à être enceinte. Rien de sexuel, simplement un don de sperme pour qu'elle et sa compagne Ju aient un enfant. Il est d'ailleurs prévu qu'elles partent s'installer à New York avant la naissance. C'est à New York aussi que Wendy rencontre un autre homme et annonce sans ménagement à Xavier qu'elle le quitte. Avec les enfants.

Un peu de drame dans une existence, pimente la vie. Mais là, c'est un peu trop pour Xavier. Alors 40 ans ou pas, il décide, comme dans sa jeunesse, de refaire son sac et s'installer à New York. L'aventure recommence. Certains ont estimé que ce troisième volet en était un de trop. Pas si évident que cela. Cédric Klapisch et ses acteurs fétiches avaient visiblement envie de se retrouver et de faire grandir leurs personnages. Xavier, notamment, a acquis une certaine assurance, bien utile quand il se retrouve face à ce « Casse-tête chinois » qui donne son nom au film.
Vous trouverez en bonus de ce DVD ou blu-ray édité par Studiocanal le making of où le réalisateur explique que « Mes films sont des villes » et un documentaire intitulé « Écrire est un casse-tête chinois ».