vendredi 12 février 2016

Cinéma : Les monstres de "Chair de poule" passent du papier au grand écran

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Pas loin de 200 histoires dans la collection, presque autant de monstres sortis de l'imagination de R. L. Stine : la collection "Chair de poule" a passionné (et terrorisé) des millions d'adolescents. Un succès planétaire qui a logiquement intéressé plusieurs producteurs américains. Tim Burton avait pris une option sur cet univers gentiment fantastique mais longtemps le projet est resté dans les cartons. Finalement l'univers des livres est enfin adapté au cinéma mais c'est Rob Letterman ("Monstres contre Aliens") qui réalise le film, centré sur le personnage de R. L. Stine. Il est interprété par le phénoménal Jack Black, toujours aussi comique malgré ses nombreuses apparitions dans des comédies formatées.



Comme les romans s'adressent aux adolescents, il est normal que le film soit lui aussi destiné aux teenagers américains. Même si les lecteurs de "Chair de poule" ont tous aujourd'hui plus de 30 ans, voire des cheveux blancs. Et pour plaire au plus grand nombre, le scénario utilise les ficelles classiques de la famille en deuil. Gale Cooper et son fils Zack (Dylan Minnette) débarquent dans la petite ville de Madison au fin fond des USA. Gale est la nouvelle proviseur adjointe du lycée. Lycée où Zack fait sa rentrée avec l'étiquette traumatisante du nouveau. Ils tentent de changer de ville pour oublier la mort, l'année dernière, du père et mari.
Monstres en liberté
Gale se consacre à son travail, Zack à sa voisine. Hannah (Odeya Rush), jolie brune piquante, est claquemurée chez elle. Son père ne veut pas qu'elle sorte. Elle ne se prive pas de désobéir, entraînant Zack dans des balades nocturnes étonnantes. Mais c'est rien à côté de la découverte de la bibliothèque du père d'Hannah. Ce sont les manuscrits des romans "Chair de poule". Ils sont cadenassés. Zack en ouvre un par erreur. L'abominable homme des neiges est immédiatement libéré et sème la panique en ville.
Un effet boule de neige, ce sont des centaines de monstres qui se déchaînent. Pour sauver la ville de Madison, Zack, Hannah, Stine et Champ (Ryan Lee) vont devoir multiplier les ruses. Si le début du film est typique des comédies juvéniles, rapidement les monstres viennent mettre une sacrée pagaille à l'ensemble. Des zombies aux nains de jardin en passant par un loup-garou et un lutin machiavélique, les effets spéciaux s'en donnent à cœur joie. L'humour est omniprésent. Par les gaffes de Champ, les répliques de Jack Black, les mimiques de certains monstres...
L'ensemble est un film d'une rare efficacité, mélange de Goonies et de Gremlins. Un spectacle familial par excellence.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Amour, toujours

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La Saint-Valentin, jolie fête des amoureux, pâtit d'une image par trop commerciale. Tout est bon pour faire du chiffre, l'amour comme la mort. Dans mon village, la Saint-Valentin a conservé sa raison d'être. Pas de repas en amoureux à vendre ni de séance au spa et encore moins de jouets sexuels à petits prix (bien que ma commune soit la mieux achalandée de la région en matière de boutique plaisir, j'y reviendrai certainement un jour ici même).
Non, chez moi, la fête des amoureux se transforme en printemps des poètes. Sur chaque lampadaire, un gros cœur rouge est accroché quelques jours avant le fameux 14-février et des maximes, aussi belles que romantiques, sont proposées aux regards des passants curieux. Juste pour le plaisir, la beauté des mots. Ainsi, de la fenêtre de ma cuisine, depuis mardi, je peux lire de jour comme de nuit, "Je ne sais où est mon chemin, mais je marche mieux quand ma main est dans la tienne."
A trois mètres de la porte du garage, j'apprends que "Dieu a créé la nuit pour que je puisse rêver de toi".
On pourrait rire de cette poésie un peu simpliste. Mais franchement, entre ces petites phrases pleines de douceur et de tendresse et les tags incompréhensibles, insultants, orduriers voire racistes qui fleurissent sur le mobilier urbain, le choix est vite fait. D'ailleurs, les cœurs "vierges" installés de ci de là à l'intention des poètes amateurs sont chaque année respectés. Aucun détournement ni vandalisme. Nouvelle preuve que l'amour restera toujours une valeur sûre des fondements de notre société.

jeudi 11 février 2016

BD : De la philosophie au complot


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Surtout connu pour sa série enfantine « Mélusine », Clarke ne se contente plus de ces gags humoristiques sur fond de gentille sorcellerie. Après avoir tâté de l'humour noir dans les pages de Fluide Glacial, il a signé quelques romans graphiques dans lesquels il montre que son dessin réaliste vaut largement celui des maîtres du genre. Nouvelle incursion dans ce monde avec « Dilemma » un album double. Deux versions sont en vente car Clarke, en écrivant cette histoire sur le déterminisme, a voulu donner le choix de la fin aux lecteurs. L'essentiel du récit se déroule en Allemagne durant la seconde guerre mondiale. Un archéologue découvre des écrits grecs signés de quatre philosophes. Diogène, Platon, Aristote et Xénophon. Ils imaginent le futur, tablant sur une grand bouleversement afin de remettre l'Humanité en question. Un récit qui décrit tous les conflits de l'Europe, jusqu'à l'accession au pouvoir d'Hitler. Se peut-il que tout soit déjà écrit ? Comment empêcher l'avènement d'un monde où « l'aboutissement de la logique humaine est ce désir pour une majorité d'être dirigée par une minorité. » Cela fait froid dans le dos. De la philosophie pure appliquée à l'actualité.
« Dilemma », Le Lombard, 19,99 euros (La fin alternative est lisible sur un site internet dédié)


Cinéma : La foi à l'épreuve de la vie dans "Les Innocentes" d'Anne Fontaine

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Comment survivre à l'horreur, comment garder la foi ? Le film "Les innocentes" d'Anne Fontaine apporte une réponse forcément subjective mais d'une réelle beauté.

Hiver 1945. La Pologne vient d'être libérée du joug nazi. Libérée mais aussi envahie par les forces russes. Pour certains, les cinq années de crainte et de peur ne font que commencer. Dans ce pays en ruines, la croix rouge française est en mission pour soigner et rapatrier les soldats tricolores blessés au front. Mathilde Beaulieu (Lou de Laâge), jeune interne, se forme en multipliant les opérations de rafistolage de chairs blessées. Elle est sous la responsabilité de Samuel (Vincent Macaigne), médecin haïssant les Polonais. Pas étonnant quand on sait que toute sa famille est morte dans un camp à quelques kilomètres de là. Fataliste il confie à Mathilde, "Les seuls Polonais que j'aime ce sont ceux du ghetto de Varsovie. Mais ils sont tous morts". Le film d'Anne Fontaine, par cette voix de Samuel, ne se prive pas de dénoncer les persécutions des Juifs par les Polonais, catholiques parfois trop primaires. Mais eux aussi ont souffert. Pour preuve la situation des 30 religieuses d'un couvent isolé dans la campagne. Quand les soldats russes sont arrivés en libérateurs, ils ont profité de cette "prise de guerre". Toutes les religieuses ont été violées.
Grossesses compliquées
Quelques mois plus tard, Mathilde reçoit la visite de l'une d'entre elles. Elle veut l'aide d'un médecin car les grossesses de certaines ne se déroulent pas bien. Inspiré d'une histoire craie, ce film marque un tournant dans la carrière d'Anne Fontaine. Habituée aux histoires de triangle amoureux, elle plonge dans ce drame avec une sensibilité et une compréhension revigorante. Car malgré les drames personnels, les doutes, la violence de la guerre, les horreurs du passé, ce film est résolument optimiste. Mathilde, athée et rationnelle, va souvent revenir dans le couvent, se lier d'amitié avec ces femmes à l'esprit si différent du sien. Elle va surtout parvenir à leur faire accepter leur destin et ces enfants de la honte. Elle recevra l'aide d'une religieuse plus ouverte, sœur Maria, interprétée par Agata Buzek, actrice polonaise qui crève l'écran. L'amitié entre ces deux femmes que tout oppose permettra de sauver les enfants et les jeunes femmes craignant la damnation éternelle pour n'avoir pas respecté (pourtant à leur corps défendant) leur vœu de chasteté. Entièrement tourné en Pologne dans un monastère désaffecté (l'église polonaise a refusé de prêter un de ses couvents pour le tournage...), le film oppose la froideur des lieux à la chaleur des cœurs des hommes et femmes, tous liés par les mêmes épreuves. Et au final, la vie l'emporte sur la foi.
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Et Lou de Laâge devint adulte
lou.jpgÀ 25 ans, Lou de Laâge quitte pour la première fois son statut d'adolescente, éternelle espoir du cinéma français. En endossant l'uniforme de ce jeune médecin français, plongée dans les horreurs de la guerre, elle devient adulte. Femme aussi. Très libre. Avec Samuel, elle forme un couple atypique. Ils se vouvoient, travaillent ensemble, dansent parfois et se donnent du bon temps dans les bras l'un de l'autre. Médecin par vocation, elle désire ardemment sauver des vies même si dans les conditions difficiles d'un pays exsangue elle se contente de rafistoler des corps. Aussi quand elle pénètre la première fois dans le couvent et découvre des religieuses vivant comme une honte absolue leur maternité non désirée, elle brise un peu sa carapace. Elle fera tout pour les aider. Elles et les enfants qu'elles portent. Elle se substituera à leur mère supérieure, enferrée dans ses principes et sa doctrine religieuse au point de commettre l'irréparable. Un rôle tout en nuance pour Lou de Laâge. Elle s'en tire parfaitement, dosant avec subtilité ses émotions et son expression, de plus en plus épanouie au fil des semaines et des naissances. Son interprétation de Mathilde devrait lui ouvrir d'autres horizons, elle qui jusqu'à maintenant a essentiellement joué des rôles d'adolescente allumeuse et torturée ("Respire" ou "L'attente").

DE CHOSES ET D'AUTRES : Patron qui s'en dédit

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Il faut réformer le marché du travail. Sinon le chômage en France pourrait grimper à 13 ou 14 %. Cette prédiction particulièrement pessimiste a été prononcée par Pierre Gattaz, patron du Medef. Faut-il le croire ? Vu les résultats de ses précédentes déclarations, on peut en douter.
Souvenez-vous. François Hollande lance le Pacte de responsabilité. Des aides massives aux entreprises qui en échange s'engagent à embaucher. L'enveloppe, en deux ans, est chiffrée à plus de 33 milliards d'euros, notamment par l'entremise du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi). Gattaz, enthousiaste, lance l'opération "Un million d'emplois". Les entreprises françaises vont créer un million d'emplois et les patrons sont invités à le faire savoir en arborant un pin's spécifique.
Aujourd'hui, les pin's sont tombés aux oubliettes, de même que les emplois promis. Par contre les milliards d'aides ont fait des petits, largement redistribués en dividendes aux actionnaires. Mais le patronat français en exige toujours plus. Il entend profiter de la réforme du code du travail menée par Myriam El Khomry pour "aménager" (lire supprimer en langage patronal) les 35 heures et le CDI. Et Pierre Gattaz de se féliciter hier matin sur France Info de la trouvaille des Italiens : un CDI avec une période d'essai de trois ans.
Trois ans, souvent le temps durant lequel les patrons restent en poste à la tête des grandes entreprises. Et quand ils partent, ce ne sont pas les mains vides comme un salarié à la fin de sa période d'essai, mais les poches lestées de quelques millions en primes et autres retraites chapeau.

mercredi 10 février 2016

BD : L'Aubrac en sombre sous le pinceau de Christophe Bec

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Retour aux sources pour Christophe Bec. Il reprend ses pinceaux pour dessiner un de ses scénarios. De plus « Les tourbières noires » se déroulent dans son Aveyron natal, sur le plateau de l'Aubrac exactement. Cette histoire il la destinait à un long métrage. Mais face aux difficultés financières ou aux modifications du script original par les différents intervenants, il a préféré reprendre sa liberté et mener cette histoire effrayante à son terme, mais en solitaire. Un photographe prend des clichés de la nature sauvage de cette partie de l'Aveyron froide et hostile. Sous le charme, il attend le coucher du soleil pour capter les couleurs exceptionnelles mais se retrouve seul dans la lande. Il trouve refuge dans une ferme où un homme semble paniqué à l'idée de sortir. Il vit seul avec sa fille, jeune et belle. La nuit, une vieille demeure, deux hommes, une femme : tous les ingrédients sont réunis pour un album très personnel autour des centres d'intérêts récurrents d'un auteur prolixe.
« Les tourbière noires », Glénat, 14,95 euros


DE CHOSES ET D'AUTRES : Singeries


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Le singe est une créature rusée et insaisissable. Pas de chance pour les humains, l'année 2016 selon le calendrier chinois est placée sous les auspices de cet animal pour le moins imprévisible. Pourtant c'est mignon un singe. Certains sont même certainement plus intelligents que les représentants humanoïdes de certains groupes comme les supporters de foot ou les fans de téléréalité tendance "Anges".
Le singe chinois de 2016, parmi les nombreuses joyeusetés dont il pourrait être responsable, va faire monter d'un cran la tension internationale et la crise économique. La faute au feu, élément associé à cette année. Or, selon les maîtres du feng shui, cette conjonction, heureusement très rare, provoque disputes et maladies. Par extrapolation, cela nous mène aux armes et aux missiles. Justement, la Corée du Nord a tiré une fusée le week-end dernier. Fusée qui ressemble plus à un missile balistique qu'à un vaisseau spatial.
Mais comme toujours dans l'art de la divination et des prévisions astrologiques, on y trouve un volet positif. Le singe favorise aussi les technologies. Conclusion : des découvertes et innovations majeures sont au programme des 12 prochains mois.
Surtout, le singe est bienveillant avec les femmes. 2016 sera une année exceptionnelle pour elles. Tout leur réussira et elles prendront systématiquement le dessus face aux hommes. Hillary Clinton y croit. À moins que Donald Trump, prêt à tout pour accéder au Graal suprême, se fasse opérer pour changer de sexe. Il a déjà la coiffure qui va avec.

mardi 9 février 2016

Cinéma : "Chocolat", être humilié pour pouvoir exister

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Au début du XXe siècle, le clown « Chocolat » brillait sur les pistes des cirques avec son comparse Footit. Roschdy Zem signe le biopic du premier artiste noir célèbre. Humilié, mais célèbre.

Omar Sy est devenu l'acteur français le plus connu au monde. Comme Jean Dujardin après « The Artist », il s'est lancé dans une carrière américaine thésaurisant le succès d'« Intouchables ». A la différence que le colosse originaire de Trappes, après des années à jouer le « noir » de service dans des sketches bas de gamme, est considéré comme un comédien à part entière au pays de l'oncle Sam. Il participe ainsi à quelques-uns des plus gros succès de ces deux dernières années comme « Jurassic World » ou « X-Men, Days of Future Past ». Cela ne l'empêche de revenir en France pour tourner des scénarios soigneusement choisis. Il porte littéralement « Chocolat » le nouveau film de Roschdy Zem. Ce biopic du clown Chocolat a bien des ressemblances avec le parcours d'Omar Sy. A la fin du XIXe siècle, un jeune esclave est acheté à Cuba et placé dans une exploitation en Europe. Après de nombreux petits boulots, il découvre le cirque. Sa vigoureuse constitution et sa peau très noire lui permettent d'endosser le personnage d'un cannibale qui, accompagné d'une guenon, fait simplement peur aux enfants venus au cirque rire des péripéties des clowns. Un clown, justement, le repère et lui propose de devenir son compère de scène. Footit (James Thiérrée) sera le meneur et Chocolat l'Auguste.

Battu mais content
Un duo irrésistible quand Footit commence à maltraiter ce « nègre » selon le vocable de l'époque, qui encaisse les coups sans se révolter comme tout bon domestique qu'il est. Un rôle de composition pour Chocolat qui a pour véritable nom Rafaël Padilla. Une identité qu'il oublie face à la gloire, l'argent et les filles faciles. Chocolat dépense beaucoup à la table des casinos et se moque des brimades quotidiennes tant que le public rie. Footit y trouve son compte. Il gagne deux fois plus que la véritable vedette qui pour lui ne reste qu'un accessoire comme un autre. Le film, dans sa rudesse des rapports entre maître et esclave, permet au spectateur de découvrir la mentalité profondément raciste qui prospérait à l'époque dans cette France, si fière de ses colonies. Chocolat tente de se rebeller, de faire reconnaître son talent, mais l'éveil des consciences n'interviendra que bien plus tard, quand dans les années 60 un vaste mouvement de décolonisation a rendu honneur et indépendance à nombre de pays. L'image des Noirs auprès de la population changera radicalement, même si le film de Roschdy Zem dénonce en filigrane un certain racisme latent toujours très présent dans notre société. Le film permet à Omar Sy de s'illustrer dans des numéros hilarants et de donner une belle épaisseur à son personnage. Même si les auteurs ont pris quelques libertés avec la véritable histoire de Chocolat, la trame principale reste la même, de l'esclavage à la gloire puis l'oubli et la mort dans la misère.
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James Thiérrée, clown dans l'âme

chocolat,omar sy,zem,thierree,clown,gaumontSi Omar Sy a découvert l'univers du cirque et de la comédie clownesque à l'occasion du film de Roschdy Zem, James Thiérrée, son partenaire, est au contraire un pro de ce monde du cirque. Petit-fils de Charlie Chaplin, il a suivi ses parents dans les incessantes tournées du cirque familial. Très jeune il a arpenté la piste ronde en tant qu'acrobate, mime et... clown. Plus tard il prendra des cours de comédie et fera de nombreuses apparitions dans des films européens ou américains. Dans « Chocolat », c'est lui qui a mis au point les numéros du duo. Il a insufflé un peu de modernité et de surréalisme aux scénettes présentées au début du XXe siècle par les deux véritables artistes. Il a amplifié la grâce et l'agilité de Chocolat, gommant en partie sa gaucherie qui faisait tant rire le public, pour transformer chutes et fuites en ballet aérien. Son propre rôle est très physique. Mais cela ne fait pas peur à James Thiérrée, déjà remarqué dans le film « Mes séances de lutte » de Jacques Doillon. Déjà un duo fusionnel. Avec Sara Forestier, ils se battaient tout au long des 90 minutes du film, une lutte amoureuse déconcertante.

lundi 8 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Hollywood sur Seine

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Fleur Pellerin ne laissera pas un souvenir impérissable au ministère de la Culture. Remplaçante un peu au pied levé d'Aurélie Filipetti partie avec perte et fracas, celle qui s'est imposée par ses connaissances en nouvelles technologies a souvent bafouillé et gaffé dans ses attributions.
La semaine dernière elle était à Hollywood pour "vendre" la production cinématographique française. Exactement, elle était chargée de vanter à de gros investisseurs, la hausse du crédit d'impôt sur les films étrangers, passé à 30 % au 1er janvier et désormais accessible aux productions de plus de 4 millions d'euros. On est passé d'une logique d'exception culturelle française à une simple volonté d'attirer les capitaux et les emplois sur notre sol.
Son déplacement s'est soldé par quelques annonces. Christopher Nolan (Inception, Interstellar) par exemple, tournera en France son prochain film. Logique puisqu'il s'agit de l'histoire de l'évacuation de Dunkerque durant la seconde guerre mondiale. Filmer dans les décors d'origines devait sans doute coûter moins cher que recréer le site en studio. En projet également, mais sans certitude, quelques scènes de deux films Marvel. Espérons qu'il s'agisse du nouveau Spider-Man. L'homme-araignée sur la Tour Eiffel ça aurait de la gueule.
Mais le meilleur, Fleur Pellerin l'a révélé à la fin du séjour : la suite de "Cinquante nuances de Grey" sera en partie réalisé chez nous. On retrouve bien là l'esprit français : défiscaliser une apologie du sadomasochisme. Le Marquis de Sade doit bien ricaner dans son tombeau.

dimanche 7 février 2016

Braquage, cavale, otages : les « Enragés » font mal



enragés, wild side video, lambert wilson, gouix, bava, hannezoPremier film d'Éric Hannezo, « Enragés » est le remake d'une série B signée Mario Bava. Ce jeune réalisateur, qui a longtemps travaillé dans le milieu de la télévision (journaliste chez Delarue et aux services des sports de France 2 et TF1), a sans doute voulu en mettre un peu trop. On sent qu'il a cherché à se faire plaisir en multipliant les références aux réalisations qu'il place dans son panthéon. Résultat, malgré une patte technique affirmée, il se perd un peu dans les dédales d'un scénario trop fragmenté et des personnages trop nombreux pour être correctement développés psychologiquement. Cela démarre un peu comme Drive. Sabri (Guillaume Gouix) est au volant d'une puissante routière. Il attend la sortie de ses complices en plein braquage d'une banque. Mais au moment où ils sortent en courant du bâtiment, une patrouille de police passe. Début des problèmes pour le quatuor. Course poursuite en ville (le film a été tourné à Montréal, donnant des airs US à l'ensemble) puis sacrifice du chef blessé (Laurent Lucas, toujours aussi bon dans ces rôles sans nuances). Repérés, les trois survivants se réfugient dans un centre commercial et parviennent à prendre la fuite en prenant une otage (Virginie Ledoyen). Ils changent de voiture et interceptent un père de famille (Lambert Wilson) conduisant sa fillette malade à l'hôpital. A six dans la voiture, ils vont sillonner le pays, multipliant les mauvaises rencontres (motards, épicier acariâtre, villageois avinés), laissant leur trace en rouge sang comme un petit Poucet pour adultes.
Le film, un peu lent malgré une réalisation punchy, semble basculer dans le hors-norme quand la voiture s'arrête, en pleine nuit, dans un village reculé où se déroule une cérémonie digne d'une secte satanique. Un peu de fantastique et d'horreur auraient bonifié cette première réalisation, mais ce n'est qu'une fête traditionnelle. Regrets d'une bonne idée mal exploitée. Reste la fin. Un twist incroyable vient tout bousculer. Preuve qu'il y avait bien des scénaristes derrière ce road movie qui paraissait très creux jusqu'au dénouement. Les bonus offrent un long making-of de plus d'une heure au cours duquel on suit, au jour le jour, les doutes et enthousiasmes du réalisateur.
« Enragés », Wild Side Vidéo, 14,99 euros le DVD, 19,99 euros le blu-ray.