mardi 28 avril 2015

BD - Le verre et la vérité

Rarement une bande dessinée m'aura autant fait rire. Pourtant les dessins de « Drink a LOL » (Marabout) de Thom J. Tailor et Ookah sont basiques et les gags répétitifs. Mais le personnage principal, un psychologue de cocktail, se montre tellement odieux, méchant, misogyne et imbuvable qu'il en devient irrésistible. Chaque strip de trois cases se déroule au cours d'une réception. 
Le psy, un verre à la main, s'adresse souvent à une femme, robe verte, queue de cheval. Elle tente peut-être de le séduire. Ou de simplement partager un moment. Lui, fait tout pour casser l'ambiance. Cela donne des dialogues extrêmes. Elle : « J'apprécie ces moments où on peut rester sans rien se dire ». Lui : « Eh bien qu'est-ce que tu attends pour la fermer ? » Elle : « Personnellement, le 11 septembre 2001 j'ai été traumatisée ». Lui : « Pourquoi ? C'est le jour où tu t'es vue dans une glace ? ». 
Le penseur alcoolique est également l'auteur de quelques aphorismes à méditer longuement comme « Les gens sont cons quand ils boivent... et encore plus quand j'ai bu. » ou le définitif mais très réaliste « Partir de rien pour arriver nulle part ».

« Drink a LOL », Marabulles, 17,95 €

lundi 27 avril 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Big Vahine

J'ai toujours été tenté par les concours de nourriture. Gros mangeur devant l'éternel, engloutir le maximum de mets semble le sport extrême par excellence inventé pour ma grassouillette personne. Un reste de bon sens m'a cependant empêché de franchir le pas. L'animation proposée actuellement dans un fast-food de Tahiti est taillée à la mesure de mon estomac. Au menu un cheeseburger de 1 kilo (cinq tranches de viande, trois de fromage...) accompagné de 400 grammes de frites. Si le client parvient à finir l'assiette en moins de 20 minutes, c'est la maison qui régale. Gros succès pour l'enseigne avec plusieurs centaines de réservations. Pas étonnant que ce défi se déroule en Polynésie française. Là-bas, manger gras et en grosse quantité est devenu la norme.

Il y a 20 ans, quand j'ai débarqué dans ce territoire d'Outre-mer pour y travailler quelques années, j'avais la tête remplie de clichés : le lagon, les cocotiers et les vahine. Surtout les vahine, déesses gracieuses aux longs cheveux ornés de fleurs de tiare. La réalité était tout autre. Surtout les vahine.
L'abus de hamburgers, de chips et de soda dans le biberon dès l'âge de six mois a légèrement distordu le tableau. De la grâce il en restait un peu, mais difficile de la distinguer derrière les couches de graisse. D'ailleurs la campagne de promotion du fast-food est vivement dénoncée par l'association locale des diététiciens "dans un contexte d'explosion de l'obésité et du diabète."
Rassurons-nous, cela ne durera pas : le restaurant va vite mettre la clé sous la porte à force de nourrir à l'œil des centaines de Tahitiens.

BD - Amour d'enfance


Daniel Pennac ouvre sa boîte aux souvenirs. Gamin, il passait ses vacances d'été chez ses grands-parents dans l'arrière-pays niçois. C'est là qu'il a vécu sa première histoire d'amour. Il décide donc de la raconter à sa copine Florence Cestac pour qu'elle la dessine. L'album mélange véritables souvenirs et élaboration de l'album dans une brasserie parisienne. Un récit double qui amène encore plus de fantaisie à l'ensemble. Car Pennac n'est pas tombé amoureux d'une petite Provençale typique. Non, il a succombé au charme de Germaine et Jean Bozignac, couple improbable (il est grand et laid, elle est petite et rigolote) vivant dans un petit cabanon. 
Le garçonnet adore écouter ces vieilles personnes raconter comment elles se sont rencontrées, ont quitté leurs familles respectives pour se marier en cachette et ont survécu en revendant l'immense collection de livres de Jean, des éditions rares et originales. 
Une belle histoire, loufoque et étrange, qui devient encore plus fantaisiste sous la plume de Cestac. Elle aussi est séduite par Germaine et Jean. Au point qu'elle accepte, pour la première fois de sa carrière, d'abandonner son traditionnel nez rond en forme de pomme au four pour un tarin « en quart de brie », plus ressemblant à celui du véritable Jean. Bourré de poésie (et de grande littérature), cet album regonfle le moral du lecteur sensible aux vies bien remplies.

« Un amour exemplaire », Dargaud, 14,99 euros

dimanche 26 avril 2015

BD - Éléments déchaînés dans "Le reste du monde" de Chauzy


La BD (avec la littérature), peut tout se permettre en matière de scènes grandioses. Là où le cinéma doit dépenser des millions de dollars, un dessinateur inspiré se contente de quelques nuits d'insomnies. L'album « Le reste du monde » de Jean-Christophe Chauzy en est le parfait exemple. Cela commence comme un téléfilm de France 3. Une prof en vacances, abandonnée par son mari au début des vacances, conduit ses deux enfants de 10 et 8 ans, chez des voisins. Ils vont y passer la nuit en compagnie d'un ami un peu plus âgé. Elle va profiter de cette soirée pour remettre en ordre et nettoyer le chalet où ils viennent de séjourner un mois au grand air. Dans deux jours ils seront tous de retour à Paris pour la rentrée scolaire. Une fin d'été très chaude dans cette vallée des Pyrénées. 
Un orage éclate. Violent, effroyable. Des trombes d'eau, des éclairs et tout à coup un tremblement de terre. Un peu comme le « big one » attendu en Californie. En quelques pages, l'histoire change de registre. Terminé le cadre verdoyant et paisible, place au chaos et à la mort. Pour passer d'un univers à l'autre, le dessinateur va utiliser de grandes images, secouées dans tous les sens, de plus en plus sombres. La suite des 100 pages décrit la lente désagrégation de la société. La mère, après avoir difficilement récupéré ses gamins, constate que la vallée est coupée du monde. Les gendarmes et pompiers tentent de maintenir un semblant d'ordre, mais au bout d'une semaine, sans nouvelles de l'extérieur, la faim pousse les rescapés à s'entretuer. 
Telle une femelle cherchant à protéger sa portée, la prof va se transformer en redoutable guerrière qui doit choisir entre le rôle de chasseuse ou de proie. Un scénario implacable, une mise en images impeccable : le seul bémol consiste aux deux mots placés après la dernière page, (à suivre)...
« Le reste du monde », Casterman, 18 euros

BD - Retour à Belle-Ile


Vanessa Blue est une vedette. De ces actrices au succès insolent, phénomène de mode irrationnel. La jeune femme a débuté dans une telé réalité. Son naturel a séduit le public. Un producteur a décidé de lui donner sa chance dans un feuilleton quotidien. Vanessa est adulée, mais bizarrement insatisfaite. Très inconstante dans ses amours, elle vient de flasher sur un écrivain à la mode. Une sorte de Houellebecq, moins destroy, plus intéressé. Il la persuade d'interpréter le rôle principal de sa future pièce de théâtre « intello ». Elle décide donc de se mettre en congé pour quelques mois de la série et part travailler son rôle dans une retraite paisible sur l'île de Belle-île en Mer
Ce roman graphique de Patrick Weber rend hommage à une île, mais aussi à la quête d'identité de Vanessa. Son choix de villégiature n'est pas innocent. C'est sur cette île qu'elle a vécu ses premières années. Mais sa mère a quitté ce bout de Bretagne quand le père de Vanessa s'est suicidé. Dessiné par Nicoby, le plus Breton des illustrateurs, ce roman graphique met également en parallèle la célébrité factice de notre époque à celle, mondiale et justifiée, de Sarah Bernhardt, la première a avoir popularisé la destination de Belle-île.

« Belle-île en père », Vents d'ouest, 18,50 €

samedi 25 avril 2015

Roman - De très étranges personnages dans ces textes de Patrice Pluyette et Christian Combaz

Ils sont tracassés les personnages de ces deux romans. Entre l'éleveur de porc, fétichiste de poupées et le jeune garçon attiré par les vieux messieurs, attendez-vous à d'étranges rencontres.

L'amour prend parfois d'étranges chemins de traverses. Dans « La fourmi assassine » de Patrice Pluyette et « Votre serviteur » de Christian Combaz, il frappe dans des lieux inattendus. Et des personnages peu communs.


Legousse, éleveurs de porcs, ne demande pas grand chose à personne. Son plaisir c'est d'acquérir des poupées grandeur nature, aussi vraies que de véritables femmes. Il aime les sortir, leur faire faire du shopping et même aller au bar avec elles. Un véritable harem qui résout bien des problèmes dans la vie triste de cet homme solitaire. Legousse est au centre de l'intrigue d'un roman iconoclaste signé Patrice Pluyette. Sa passion des poupées le rend suspect au yeux de la majorité des gens « bien pensants ». Aussi, quand Odile Chassevent disparaît, il se retrouve logiquement dans la liste des suspects. Mais Odile a sans doute d'autres raisons de s'éclipser de la vie de son mari. Ce dernier le reconnaît, mais un peu tard : « On recrée en totalité le spectre de la femme perdue, la vie autour, elle et nous dans cette vie. Il mesurait son attachement à elle. Il était prêt à tout recommencer pour la faire revenir. Il reconnaissait ses erreurs. Il aurait dû lui parler plus souvent. Lui dire qu'il l'aimait. Se rendre disponible. Il pensait qu'elle ne partirait jamais et qu'il aurait assez de la vie pour s'améliorer. Maintenant c'était trop tard. C'est toujours trop tard pour bien faire dans la vie. » Oui, la vie est d'une grande complication, à tous les niveaux. Patrice Pluyette nous l'explique dans le détail en déroulant les vies de ces héros du quotidien. On se reconnaît (un peu) même si certaines attitudes nous semblent réellement extrêmes.

Mon amour de général

L'amour aussi est omniprésent dans le roman en partie autobiographique de Christian Combaz. « Votre serviteur » retrace la jeunesse d'un petit Français comme les autres. Enfin pas exactement puisque rapidement il se découvre des attirances sexuelles assez éloignées de la moyenne : seuls les vieux messieurs l'émoustillent. Invité chez un ami rencontré à khâgne, le narrateur, Simon, lui révèle « qu'il n'a aucun goût pour les jeunes filles. Puis, répondant à une question qu'on ne lui posait pas davantage, il ajouta que les jeunes hommes le laissaient indifférent aussi (…) Il fallait admettre qu'il était tombé dans une case négligée par les statistiques. Sa particularité ressemblait à ces cultes sectaires qui n'ont qu'un millier d'adeptes. »
Le provincial va s'installer à Paris, découvrir la haute bourgeoisie, devenir l'ami et le confident de quelques hommes influents pour finalement rencontrer l'amour de sa vie, un vieux général de l'armée de l'air. Etonnante histoire que la leur, l'ancien militaire et le petit journaliste, partant en vacances comme oncle et neveu, oubliant toute pudeur une fois à l'abri, dans l'intimité de la chambre.
En plus d'une description détaillée et savante du milieu culturel des années 70, ce récit est avant tout une très belle histoire d'amour, où la différence des âges importe peu, si ce n'est qu'elle implique la disparition du général d'aviation bien avant Simon.
« La fourmi assassine », Patrice Pluyette, Seuil, 15 €

« Votre serviteur », Christian Combaz, Flammarion, 21 €

BD - Jolie carrosserie avec "Waw !" de Krings et Zidrou

Jolies voitures et belles nanas au menu de cet album écrit par Zidrou et dessiné par Jean-Marc Krings. Les voitures ce sont une Ferrari et une Cobra Shelby. Décapotables aux moteurs surpuissant. Les nanas ce sont Ella (surnommée Waw) et sa fille Liza. La première fuit son mari à toute vitesse. Mais elle prend quand même le temps de faire un petit arrêt pour prendre Fabrice, jeune concepteur de jeu vidéo, se rendant en stop dans la maison de vacances de son éditeur. Un Fabrice éblouit par la beauté de Waw, son franc-parler et sa plastique parfaite. Un peu moins par son coup de volant. 
Cascadeuse à ses heures perdues, elle prend tous les risques sur ces petites routes du sud de la France. Normal quand on sait que son mari, Marco, la poursuit et et envisage sérieusement de devenir veuf prématurément. Fabrice le constate à ses dépens en prenant une balle perdue dans la cuisse. La suite de l'aventure, pleine de rebondissements, se passe sur les chapeaux de roue. 
Qui est cette femme si téméraire ? Que lui veut exactement son mari ? Fabrice peut-il tomber amoureux de cette beauté fatale ? Réponse dans ces 50 pages aussi nerveuses que les reprises des voitures dessinées de main de maître par Krings, valeur sûre des héritiers de l'école de Marcinelle.

« Waw ! », Paquet, 11,50 €

vendredi 24 avril 2015

BD - La Poésie enfantine de "L'Homme-Montagne"

« L'homme montagne » ou quand la BD se transforme en livre pour enfant... Séverine Gauthier a écrit un joli conte sur la perte d'un proche. Mis en image par Amélie Fléchais, elle passe de la planche classique à l'illustration pleine page (voire double avec une multitude de détails) pour encore plus titiller l'imagination des jeunes lecteurs. Un enfant discute avec son grand-père. Ce dernier est trop fatigué pour continuer le voyage. Il annonce donc qu'il ne bougera plus de cet endroit, immobilisé par le poids des montagnes qui ornent sa tête. L'enfant refuse cet abandon. Veut l'aider. Il part donc vers la plus grande des montagnes pour demander de l'aide au vent.
Un long périple, seul, où il rencontre un arbre qui lui apprend ce que c'est que d'avoir des racines, un bouquetin et des cailloux joueurs. L'histoire, simple et universelle, prend une ampleur insoupçonnée une fois mise en images. Amélie Fléchais est une grande artiste passée par l'animation. Chaque case est un véritable tableau. Le beau est partout.

« L'homme montagne », Delcourt, 10,95 €

Cinéma - Caprice, burlesque et romantique

Emmanuel Mouret, tout en s’intéressant aux tourments de l’amour, se filme en grand dadais maladroit et amoureux. Un pur régal burlesque.


Il a de plus en plus des airs de Tati de l’an 2000. Emmanuel Mouret, cinéaste atypique, aime les histoires romantiques, les belles actrices et les situations comiques. Ces trois constantes marquent sa filmographie, débutée modestement mais qui commence à s’étoffer. La force de la persévérance. Si dans son précédent long-métrage, L’art d’aimer il se contentait de rester derrière la caméra, dans cette nouvelle comédie au ton doux-amer, il endosse également le principal rôle masculin. Clément est instituteur à Paris. Séparé de son épouse, il a la garde alternée de son fils âgé de dix ans. Une vie rangée, peu palpitante où il lit beaucoup et va régulièrement au théâtre. Essentiellement voir les pièces où Alicia (Virginie Efira) est en vedette. Cette distinguée blonde, archétype de la bourgeoise élégante et toujours soignée, se remet difficilement d’une douloureuse séparation. Clément, tel un adolescent, est amoureux fou d’Alicia. Une passion platonique pour une image.

Rencontre avec la star
Tout bascule le jour où la célébrité se rend dans l’école de Clément. Elle désire des cours particuliers pour son filleul, scolarisé dans l’établissement. Elle demande conseil au directeur, Thomas (Laurent Stocker), qui lui recommande Clément, collègue mais surtout meilleur ami. Le petit instit' gauche et maladroit, fan de la star, va avoir l’occasion de la côtoyer au quotidien. En balbutiant, il va oser l’inviter à dîner. Un repas mémorable, de charcuterie et de fromage, le tout arrosé de vin rouge. Une séquence où Emmanuel Mouret démontre tout son art de la mise en scène, du quiproquo et du burlesque, tendance Jacques Tati mâtiné de Pierre Richard. La suite ressemble à un conte de fée. Séduite, Alicia tombe sous le charme et récupère Clément et son fils sous son toit.
La deuxième bascule du film intervient quand Thomas, abandonné par sa femme, demande réconfort à Clément. Ils vont parler dans un bar, boire, rencontrer deux jeunes femmes... Si Thomas a toutes les excuses pour passer la nuit dans les bras de cette belle inconnue, pourquoi Clément cède-t-il aux avances de la piquante Caprice (Anaïs Demoustier) ? Magie du cinéma qui transforme ce personnage emprunté en bourreau des cœurs, double amant de deux femmes radicalement différentes, la blonde distinguée face à la rousse délurée.
Mais il ne faut pas croire que le réalisateur va transformer son film en banal vaudeville. Certes on retrouve le classique ménage à trois, mais ce n’est pas pour la gaudriole que les personnages vont se croiser. Il y sera au contraire question d’amour éternel, de passion incontrôlable et de renoncement. Cet homme qui a tout pour être heureux va s’enfoncer dans un marasme absolu causé par son incapacité à choisir, à déterminer qui il aime en réalité. Une jolie parabole sur la trajectoire d’une vie, les hasards des rencontres et les évidences qui nous passent sous le nez.
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Le style Emmanuel Mouret

Il faut souvent plusieurs années à un réalisateur pour qu’il trouve son style, sa patte. Emmanuel Mouret est une exception dans le cinéma français. Jeune Marseillais, il monte à Paris suivre des cours de théâtre et intègre la Femis, prestigieuse école de cinéma. Dès ses premiers courts-métrages, il impose sa marque à des histoires entre burlesque et romantisme. Sa réalisation de fin d’études est remarquée et bénéficie même d’une sortie en salle. Dans la foulée il réalise en 1999 son premier film, Laissons Lucie faire, première étape d’une œuvre d’une grande constance. Marie Gillain y interprète une jeune vendeuse de maillots de bain dont le petit ami rate le concours de gendarmerie et tente de devenir agent secret. Un premier rôle loufoque pour Emmanuel Mouret, déjà entouré de jolies femmes qu’il parvient systématiquement à séduire par sa gaucherie. Suivront dans ses réalisations Frédérique Bel, Julie Gayet, Virginie Ledoyen, Judith Godrèche... Pour simplifier on pourrait dire du cinéma de Mouret qu’il est composé essentiellement d’amour et de gaffes, mais au fil des réalisations il a rajouté une dimension plus grave et réaliste dans ses scénarios.

jeudi 23 avril 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Un « peu » de gras

Mauvaise nouvelle pour la cuisine française : le restaurant de Maïté dans les Landes vient de mettre la clé sous la porte. La plantureuse cuisinière n'officiait plus aux fourneaux, mais sa belle-fille proposait le même type de mets, riches et copieux.

Dans son émission culinaire, Maïté n'avait pas son pareil pour faire découvrir des recettes capables de hanter les pires cauchemars des diététiciens. Mon épouse, pourtant grande chasseuse d'excès de gras dans ses préparations, avait découvert la recette du gratin landais grâce à Maïté. Pour la plus grande joie de mes papilles. Un peu moins de mon estomac.
Elle prenait un malin plaisir, en cours de réalisation, d'imiter l'accent et surtout les faits et gestes de Maïté. Tout est dans le ton. Et la démesure. Alors on met une couche de pommes de terre découpées en rondelles au fond du plat à gratin. On recouvre de tranches de lard. Puis de nouveau des patates, une couche de fromage râpé, des saucisses de Toulouse, encore des patates, le reste du lard, le tout recouvert de fromage. La touche finale : mouiller de vin blanc. Dans une recette normale, 35 centilitres suffisent. Avec Maïté, tout se fait à l'estime. "Un peu de vin blanc" disait ma femme en versant la moitié d'une bouteille. Puis elle en rajoutait une louche et, sans complexe, finissait de vider la bouteille dans le plat.
À l'arrivée, avec le gratin landais, on s'enfile un kilo de pommes de terre, 500 grammes de lard, quatre grosses saucisses de Toulouse, du fromage et une bouteille de vin. Une arme de destruction massive à un million de calories. Succulent. Un peu lourd à digérer, mais succulent.
En bonus, le bêtisier de la Cuisine des Mousquetaires