samedi 20 décembre 2014

Cinéma : Faux rebond sur Terre battue


terre battue, gourmet, tennis

Pour être le meilleur, tous les coups ne sont pas permis...

Tiré en partie d'une histoire vraie, ce premier film de Stéphane Demoustier se déroule en grande partie dans le milieu très exigeant des jeunes prodiges du tennis. Ugo (Charles Mérienne), gamin de 10 ans, ne vit que pour le tennis. Une passion où il brille. Mais pour aller encore plus loin, envisager la possibilité de devenir professionnel dans le sillage des Gasquet et autres Monfils, il doit devenir champion de sa région afin d'intégrer le centre de formation de Roland-Garros. Son père, Jérôme (Olivier Gourmet) va tout faire pour lui permettre de réaliser son rêve. Loin de se consacrer sur le côté sportif de l'histoire, le réalisateur va d'abord planter le décor familial pour mieux faire comprendre le contexte. Jérôme, directeur d'un grand magasin, se retrouve au chômage. Le chiffre des ventes a baissé, u ne raison suffisante pour e remercier dans cette économie libérale du résultat. Cela tombe bien pour lui. Il a envie de voler de ses propres ailes, monter sa chaîne. Un saut dans l'inconnu qui n'est pas du goût de sa femme (Valéria Bruni Tedeschi) qui le quitte. Dépressif, sans projet, lâché par ses amis, Jérôme va transférer toute sa hargne sur son fils. Il sera un champion. De toutes les manières.



Produit par les frères Dardenne, le film qui se déroule dans le Nord, est sombre. La dramaturgie progresse inexorablement. Le spectateur, s'il n'est pas également passionné de coups droits et de volées liftées s'ennuie un peu par moments. Mais la descente aux enfers du père, parfaitement interprété par un Olivier Gourmet génial dans ces rôles de « M. tout le monde » rend palpitant un long-métrage plus universel qu'il n'y paraît malgré son thème très précis.


DE CHOSES ET D'AUTRES : Pirates sans humour

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L'imagerie populaire a transformé les pirates du net en Robins des Bois des temps modernes. Jusqu'à cette histoire de censure du film comique américain « L'interview qui tue ».

Une production potache qui met en scène la tentative d'assassinat du leader nord-coréen Kim Jong-un par un duo de journalistes déjantés. Face aux menaces des hackers, Sony décide de ne pas sortir le film.
A choisir, j'aurais préféré que les « Gardiens de la paix », ces fameux hackers par ailleurs totalement dépourvus d'humour, choisissent d'autres thèmes beaucoup plus dangereux pour la population mondiale. Côté cinéma, pourquoi n'ont-ils pas attaqué l'archétype du film commercial américain que représente « Expendables » avec Stallone et consorts. L'apologie de quelques vieux bodybuildés surarmés me semble plus néfaste que la prestation de James Franco, acteur toujours excellent, quel que soit le genre dans lequel il officie.
De même en France, pourquoi avoir permis l'adaptation de Benoît Brisefer, le Marsupilami ou l'élève Ducobu sur grand écran ? Ne pourrait-il y avoir un sous-groupe nommé « les Gardiens de la Ligne claire » pour faire pression sur ces producteurs avides de millions d'entrées et hostiles à toute idée originale ?
Et puis pourquoi interdire ce film en particulier et permettre à certaines personnalités de polluer l'esprit des trois-quarts de la planète. Des exemples ? De l'ensemble de la famille Kardashian à Justin Bieber en passant par toutes les stars éphémères de la téléréalité, ils sont légion.
Décidément, ces pirates du net me déçoivent de plus en plus.

vendredi 19 décembre 2014

BD : Le péteur penseur de Tébo


tebo, pète, glénat
Il n'y a pas de connaissance inutile. Dans le vaste champ de l'anatomie humaine, ce petit livre va révolutionner bien des existences. Tebo, dessinateur de BD (Captain Biceps avec Zep) a une nouvelle fois exploré. un monde tabou de notre civilisation très policée. Après « In caca veritas » puis « In pipi veritas », il signe les illustrations de « Je pète donc je suis » sur des textes de Ben Applebaum et Dan Disorbo. Ce petit livre discret de 130 pages fait le tour de la question des flatulences, vesses et autres pets (le fait que notre langue ait plusieurs mots pour définir ces gaz prouve leur importance). S'il y a une partie technique (composition des pets, aliments à éviter pour les limiter...) le bouquin vaut surtout pour les légendes des prouts, leur conséquence dans notre entourage et leur utilisation pour détendre l'atmosphère. George Clooney, le playboy de ces dames n'a-t-il pas affirmé : « Rien que de penser aux pets ça me fait rire. Dire le mot péter me fait rire. Pour moi, il n'y a rien de plus drôle. » Les pages sont ainsi parsemée de « Perle de sagesse ». Comme ce bon mot attribué à Redd Foxx, acteur comique américain, « Dieu a créé le pet. Ensuite, il lui a donné une odeur pour que les sourds puissent en profiter ». Par contre, plus on progresse dans la connaissance des flatulences, plus le livre aborde des sujets un peu plus étonnants. Un chapitre vous permet d'acquérir des « connaissances approfondies pour atteindre des sommets de puanteur ». Le livre se termine par une ode aux pétomanes, ceux qui font de la musique et parfois des effets enflammés du plus bel effet. Attention cependant « cela risque de provoquer un incendie qui pourrait détruire votre maison. La perspective de voir des flammes jaillir de votre postérieur en vaut-elle la peine ? »
« Je pète donc je suis », Glénat, 8 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES : Vieillir, la belle affaire !

« J'ai dix ans ! » Le refrain de la chanson d'Alain Souchon me trotte dans la tête depuis plus d'une semaine. La faute à la musique d'un film actuellement à l'affiche, « Terre battue », où un mari cocufié, chante à tue-tête ces quelques mots en allant taguer le beau bâtiment de l'architecte amant de sa femme (pas que je soupçonne ma femme d'en avoir un, voir plus loin). A dix ans on en fait des bêtises. On ne craint rien, surtout pas la mort. Ceci explique certainement les résultats d'une étude médicale américaine. Il est prouvé que les personnes âgées qui sont persuadées que leur âge est inférieur de trois à quatre années à la réalité, meurent beaucoup moins de maladies cardio-vasculaires que celles qui se sentent plus vieilles qu'elle ne sont. L'optimisme est un médicament épatant, un élixir de jeunesse inégalable.
Alors, vous qui êtes aux portes de la retraite, voire en plein dedans, un conseil : n'agissez pas en vieillard cacochyme, de ceux décrits dans une autre chanson célèbre, « Les vieux » de Jacques Brel. Si vous vous résignez à ce que votre heure arrive en écoutant « la pendule d'argent qui ronronne au salon, dit oui, qui dit non, qui dit je vous attends », pas de problème, le temps vous semblera long, mais sera forcément plus court que si vous gardez un esprit jeune, ouvert et volontaire.

Donc, réécoutez Souchon et répétez-vous, tel un mantra, « J'ai dix ans. » Au final, bien évidemment, vous mourrez comme les autres. Mais si l'étude dit vrai, en réalité vous vous éteindrez à 14 ans... 


jeudi 18 décembre 2014

CINEMA : Une "Famille Bélier" qui fait du bien

bélier, louane, lartigau, sourds, sardou, viard, damiens
Ne boudons pas notre plaisir. Le film d’Éric Lartigau est optimiste, réjouissant et émouvant. C’est suffisamment rare par les temps qui courent...

"Mes chers parents... » Les trois premiers mots de la chanson finale du film « La famille Bélier » vous restera longtemps en tête tant sa charge émotionnelle est intense. Interprétée par Louane Emera, elle arrachera même quelques larmes aux plus sensibles. Le long-métrage d’Éric Lartigau parvient à jouer sur deux cordes sensibles : la comédie et le drame. Un travail d’équilibriste délicat dans lequel il s’en tire à merveille.
Les Bélier exploitent une ferme familiale. Des vaches, quelques fromages en vente directe. Rien d'exceptionnel si ce n’est qu’ils sont presque tous handicapés. Sourds et muets exactement. Le père Rodolphe (François Damiens), la mère Gigi (Karin Viard) et le fils Quentin (Luca Gelberg).
  • Un film universel
     
Tous handicapés sauf Paula (Louane Emera), qui entend et parle. Elle sert d’interprète perpétuel à sa famille. Conséquence cette jeune fille de 16 ans se retrouve à passer des commandes au téléphone entre deux cours et est réquisitionnée par ses parents pour traduire une consultation chez le médecin. Un gynécologue plus précisément, pour une scène d’anthologie (il y est question de mycose, de crème, de champignons, de vagin en feu et de poêlée, le tout dans la jolie bouche de l’innocente Paula).
Une fois le cadre posé, il ne reste plus qu’à lâcher l’élément perturbateur, en l’occurrence un beau Parisien dans le lycée de Louane. Elle le retrouve au cours de chant du professeur Thomasson, un Éric Elmosnino, archétype du blasé, coincé en province à son grand désespoir, à tenter de donner l’envie de chanter à une « chorale d’escalopes panées ».
Or, Paula a une voix d’exception. Le professeur veut absolument qu’elle progresse pour tenter de rejoindre la Maitrise de Radio France, école d’excellence. Problème : c’est à Paris et cela implique qu’elle abandonne sa famille... si dépendante d’elle.
Par les nombreux thèmes évoqués, le film frôle l’universel. De l’émancipation de la fille à la solitude de la mère, de la réussite à Paris à la vie tranquille en campagne, du don de Paula au handicap du reste de sa famille... Le tout servi par des interprètes excellents.
Louane Emera pour son premier rôle est très convaincante mais elle est à bonne école avec François Damiens et Karin Viard, hilarants malgré leur silence. On aurait pu craindre qu’ils en fassent des tonnes côté gestes et mimiques mais ils ont parfaitement intégré le langage des gestes à leurs tonitruantes, mais silencieuses, sorties.
Le film, en cette période de fêtes familiales, de fin d’année devrait contenter toutes les générations.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le calendrier de la rétro

A chaque fin d'année, les journalistes doivent se creuser la tête pour trouver des idées de reportage susceptibles de remplir les pages. Notamment durant la fameuse "trêve des confiseurs" où l'actualité se met en pause. Par bonheur, un génie a inventé un jour la "rétro". On profite de ce moment pour faire le point sur les 350 jours précédents (invariablement, les 15 derniers passent à l'as). En clair : faire du neuf avec du réchauffé. Simple dans la formulation, mais à dire vrai, l'exercice relève du grand art. Seules les grandes cuisinières savent parfaitement accommoder les restes. 
En presse écrite, le principe est le même. "Pondre" une rétro en deux jours chrono requiert talent, efficacité et un certain feeling. Car il ne suffit pas d'aligner les événements par ordre chronologique pour en extraire l'âme d'une année. Il faut au contraire savoir sélectionner, couper, amalgamer et synthétiser afin d'en retirer la substantifique moelle. Un véritable exercice de style. Cette année, Libération a eu l'idée de coupler sa rétro avec un calendrier de l'Avent, autre tradition incontournable de décembre. Ce mixage donne "31 raisons de sauver l'année 2014" à découvrir au jour le jour, du maintien de l'IVG en Espagne à l'émergence internationale de l'économiste Thomas Piketty.
Pour ma part, je ne retiendrai pas grand-chose de cette année 2014. Je préfère penser à l'avenir et toutes les bonnes choses que me réserve 2015, de la joie d'être pour la première fois grand-père à la sortie d'un nouveau Star Wars, sans oublier les 20 ans de vie commune avec ma chérie.

mercredi 17 décembre 2014

BD : Nostalgie automobile

bazile, dugomier, garage, glénat
Même si certaines voitures contemporaines ont un peu de gueule, rien ne vaudra certains anciens modèles, ancrés dans les mémoires de plusieurs générations de Français. Dugomier (scénario) et Bazile (dessin) font revivre quelques modèles de légende dans ce recueil d'histoires courtes au délicieux parfum de nostalgie. Cap sur les années 50-70 en Aronde, Alpine, Panhard ou Deux-Chevaux. Au total dix voitures hors du commun qui se prêtent aux récits exceptionnels. En plus d'être une délicieuse plongée dans le passé, chaque récit apporte quelques renseignements techniques sur les modèles utilisés. On apprend ainsi que la Panhard a véritablement été la première voiture révolutionnaire, quelques années avant la DS. Quatrième vitesse, phare antibrouillard, tableau de bord rembourré, carrosserie ultra légère en aluminium, optimisation de l'aérodynamisme : tout est nouveau. Sa carrière sera de courte durée mais elle fera bien des petites sœurs. L'Aronde aussi aura une durée de vie assez limitée mais restera très longtemps sur les routes françaises. Son look de fausse américaine en fera une compagne idéale pour les « mas-tu-vu » de l'époque. La BD s'achève avec l'Alpine, la reine des rallyes. Mais pour elle, une seconde jeunesse est à l'étude...

« Garage de Paris », Glénat, 13,90 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : A chacun son métier

Connaissez-vous le point commun entre un bûcheron, un journaliste de presse écrite et un militaire ? Ces trois professions, sont, dans l'ordre, les trois pires métiers de 2014 d'un classement effectué par un site américain de petites annonces selon trois critères : salaire, stress et perspectives d'embauches.
Le bûcheron a encore une petite possibilité de trouver du boulot. Par contre, au niveau stress c'est la cata. Il travaille dans des zones reculées avec d'énormes et dangereuses machines. Mieux vaut avoir des nerfs d'acier ou se contenter d'une espérance de vie limitée pour se tourner vers un tel job.
Le journaliste de presse écrite est victime de la crise des journaux papier. Avec une baisse conjoncturelle de 13 % du nombre d'emplois, les jeunes n'ont de toute manière aucune chance de se faire embaucher à un poste qui semble, aux USA, réservé à quelques dinosaures en voie d'extinction.
Quant au militaire, il est victime de sa raison d'être : tuer ou être tué... Stress maximum. Pourtant, le métier est loin d'être bouché. Au contraire, il semble avoir le vent en poupe, les guerres se multipliant dangereusement aux quatre coins de la planète.
Alors la pire situation serait un journaliste parti faire un reportage sur des bûcherons isolés en forêt dans une zone de conflit. Il suffit qu'il s'y soit rendu en taxi et les quatre pires professions seraient réunies au pire endroit de la planète.
De quoi faire ricaner mathématiciens, professeurs d'université, statisticiens et autres dentistes, métiers moins fun, certes, mais qui assurent débouchés, tranquillité et richesse....

mardi 16 décembre 2014

BD : Copilote de charme pour Michel Vaillant

graton, vaillant, michel, rallye, lapière, bourgne, benetteau, dupuis
De tous les héros de BD pilotes de course, Michel Vaillant est le maitre-étalon. Après 70 aventures imaginées et dessinées par Jean Graton, il est reparti pour de nouvelles aventures (une nouvelle saison exactement) sous la houlette d'un brillant quatuor. Denis Lapière et Philippe Graton au scénario, Bourgne et Bénetteau au dessin. Dans une facture réaliste irréprochable, tant anatomique que mécanique, ils donnent un second souffle, très moderne et d'actualité, à un personnage qui n'a rien perdu de sa rage de vaincre. Après les déboires du fils, inventeur d'un moteur électrique révolutionnaire, l'action se recentre sur le personnage principal. Pour lancer un nouveau modèle de Vaillante, il s'engage au rallye du Valais. Et pour augmenter le buzz, son frère lui adjoint comme copilote la ravissante journaliste Carole Ouessant. Parfait pour attirer la presse, mais peu au goût de Françoise, l'épouse de Michel. Un peu de romance, beaucoup de lutte sur les routes et quelques péripéties économiques font de cet album le digne successeur de la série originelle.

« Michel Vaillant » (tome 3), Dupuis – Graton, 15,50 €

De choses et d'autres : Trop près de toi mon Dieu

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Emoi chez les "Carolos". Le clocher d'un village proche de Charleroi en Belgique est trop près du ciel. Non pas de Dieu, mais des avions en phase de décollage.
Conséquence, l'aéroport vient officiellement de demander à l'évêché local de raboter de 18 mètres le clocher de l'église Saint-Sulpice à Jumet sur une hauteur totale de 51.
Etonnante cette société où certains se croient tout permis. Du premier édifice bâti au Xe siècle, à l'actuel, érigé vers 1750 (donc bien antérieur à l'invention de l'aviation), l'église est en outre classée depuis 1949 au patrimoine culturel. A Charleroi, l'arrivée de Ryanair a bouleversé le paysage de ce qui n'était qu'une petite piste provinciale. Multiplication des destinations, extension des infrastructures, augmentation de la capacité des avions. Sauf quand le vent souffle dans un certain sens et que ce satané clocher se trouve juste dans l'axe des décollages. Les avions, pour obtenir l'altitude de sécurité, doivent se délester. De passagers. De rentabilité…
C'est là que des technocrates ont eu l'idée géniale : décapiter le clocher. Ahurissant, choquant, mais quand même proposé à l'évêché. Avec la promesse d'une confortable indemnité. Heureusement l'information a fuité. Le clocher devrait garder son aspect séculaire.
Dans le cas inverse, je crains qu'il ne se soit trouvé des hommes de Dieu prêts à inventer une quelconque malfaçon dans la toiture pour refaire (et raccourcir) en toute impunité l'édifice. Car si les voies de dieu sont impénétrables, les voies du ciel s'achètent facilement, si on y met le prix.