mercredi 11 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - L'art du rien

Il arrive que des lecteurs s'offusquent du contenu de cette chronique. Dernière en date Rosy, une abonnée qui, par email, me reproche d'être
"inintéressant et insipide" notamment quand je raconte mes vacances en Espagne. Certes, le rythme quotidien (6 jours sur 7 exactement, depuis près de trois ans) est usant, mais je ne pense pas à ce point tirer à la ligne.
Et franchement je pourrais faire pire dans le vide, le rien. Comme Marina Abramovic par exemple. Cette artiste américaine d'origine serbe, surnommée 'la grand-mère de l'art performance' débute aujourd'hui une exposition dans une galerie londonienne. Elle s'est donnée 512 heures pour découvrir "comment faire de l'art à partir de rien". Le concept est simple. Elle circule dans la galerie en compagnie des visiteurs et se concentre sur "la transmission d'énergie entre le public et l'artiste".
Selon elle, "l'art est une question d'énergie et l'énergie est invisible". Marina Abramovic n'est pas à sa 1re expérience du genre. En 2011 au Musée d'art moderne de New York (MOMA), sa performance intitulée "The artist is present" la place, assise face au visiteur, sans parler ni bouger ; elle se contente de fixer son regard.
Aux sceptiques pris de doute quant à la pertinence artistique de Marina Abramovic, ceux qui comme Rosy préféreraient une chronique "basée sur des événements locaux ou sur la tradition", je recommande le documentaire de Matthew Akers tiré de la performance du MOMA. Vous y constaterez comment un regard et le silence peuvent déchaîner un torrent d'émotions.

DVD - "Robocop" 2.0, plus moderne et actuel

Le remake du film de Paul Verhoeven est très abouti techniquement.

Visionnaire en 1987, le film Robocop a depuis fait beaucoup de petits. Des suites, des séries télé et finalement un remake américain en bonne et due forme qui sort en DVD et blu-ray chez Studiocanal. La réalisation en a été confiée à José Padilha, Brésilien qui fait carrière à Hollywood et le rôle titre à Joël Kinnaman (The Killing). Pour le scénario, les producteurs ne se sont pas trop cassé la tête reprenant presque mot pour mot l'intrigue originale. Il y a donc un flic intègre, Murphy, qui est sur la piste de ripoux. Ces derniers n'ont pas l'intention de se laisser démasquer. Ils piègent la voiture de Murphy. Boum ! Le beau flic devient un légume. 
Place alors aux véritables méchants, les capitalistes de la société de robotique Omnicop. Ils fabriquent des robots pour maintenir l'ordre et la loi. Ils inondent le monde mais n'arrivent pas à passer la barrière légale aux USA. Des « rétrogrades » n'acceptent pas que des machines, sans conscience, puissent tuer des humains. Le Pdg Raymond Sellars (Michael Keaton, bien meilleur dans ce rôle cynique que dans le costume de Batman...) a l'idée de récupérer un bout de Murphy (cerveau, visage, cœur et... deux poumons) pour lancer sur la piste du crime le premier homme-cyborg. Robocop est né.


Pas de surprise au niveau de l'histoire si ce n'est une actualisation qui place les usines d'Omnicop en Chine, mais au niveau effets spéciaux, les trente années d'écart avec l'original fait toute la différence. Bourré d'effets numériques, le film en met plein la vue. Notamment au niveau des robots combattants, des bipèdes aux monstres d'acier à la puissance de feu impressionnante. Dans les bonus du DVD et blu-ray, on peut détailler tous les modèles imaginés par les concepteurs des effets spéciaux. Mais la scène la plus impressionnante rester quand Murphy tombe l'armure. Incroyable comme des poumons sous verre sont peu avenants.

« Robocop », Studiocanal, 19,99 €


mardi 10 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le sacrilège de Finkie

Hier matin,
Alain Finkielkraut était l'invité de la matinale de France Inter. Le philosophe, récemment élu à l'Académie française, est un bon client. Il peut parler de tout. Il passe allègrement de la condamnation de Le Pen et de sa saillie antisémite à l'inquiétante montée de l'intégrisme musulman ou de sa passion pour le football malgré toutes les dérives autour du Mundial (argent roi, peuple brésilien en colère). Il a l'air systématiquement intelligent et profond.
Pourtant, il lui arrive parfois de sortir des inepties. Notamment en mai quand il a considéré, avec un réel mépris, la bande dessinée comme un "art mineur". Depuis il est devenu la tête de turc de tous les bédéastes, "artistes mineurs" certes, mais dont le talent dans la satire ne fait pas de cadeau. Yan Lindingre de Fluide Glacial lance l'opération "une BD pour Finkie". Chaque auteur est invité à expédier au philosophe un album qui démontre l'inverse de sa déclaration.
Hier sur France Inter, Finkielkraut revient sur la polémique. Prétend ne pas avoir reçu ces albums. Et avec une certaine ironie : "J'ai osé dire que la BD est un art mineur. Je ne savais pas que cette phrase serait un sacrilège." Étonnant quand même que cet intellectuel ne connaisse pas "Maus" d'Art Spiegelman. L'auteur américain raconte la Shoah en images avec les Juifs en souris et les nazis en chats. Un pur chef-d'œuvre.
Peut-être la BD ne survivra-t-elle pas à la philosophie. Mais depuis que le 9e art existe, il a su quitter les chemins basiques des "illustrés" de l'enfance de Finkielkraut pour acquérir une réelle profondeur. Ne pas s'en rendre compte, c'est se tromper de siècle...

BD - "Lucifer Sam", un thriller satanique chez Glénat


Si vous aimez frissonner en lisant des BD d'horreur, cette nouvelle série italienne est pour vous. Les images ne sont pas spécialement horribles, mais certaines scènes sont très dures. Tout débute aux USA. Liz Frazier, romancière à succès, offre à son fils Sam des vacances à Paris. Alors qu'il s'envole en compagnie d'une charmante mannequin sensible à ses 18 ans, sa mère est kidnappée sur le parking de l'aéroport, assommée, jetée dans un trou, brûlée vive et enterrée. En France, Sam, au lieu de Paris, se retrouve chez de riches amis de sa mère dans un château de la proche banlieue. Il ne sait pas que cette luxueuse demeure va se transformer en prison. 
Victime d'un complot à très grande échelle, il est enfermé dans une pièce aveugle, avec seulement un trou pour faire ses besoins. Seul les premiers jours, il a finalement la compagnie d'un petit chat. Un peu de douceur dans une situation infernale. Puis une évidence : le chat n'est que de la nourriture pour survivre... Son calvaire dure des mois. Après des dizaines de chats. Et quand il décide d'en finir, la porte s'ouvre... Secte satanique, machination, vengeance : la BD de La Neve (scénario) et Nizzoli (dessin) est aussi passionnante qu'angoissante.

« Lucifer Sam » (tome 1), Glénat, 13,90 €

lundi 9 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Jeux coquins


Bientôt les vacances. Le temps de la détente pour certains, des révisions pour d'autres. Le tortionnaire-inventeur du cahier de vacances ne mérite pas sa place au paradis. Il a pourri l'été de plusieurs générations de gamins. Pour compenser, la formule a été récupérée par des petits marrants. Ainsi les éditions Jungle et Michel Lafon viennent de sortir le "cahier de vacances qui se joue à deux !"


Basé sur l'œuvre de John Gray, psychothérapeute et écrivain (dont le best-seller "Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus"), les exercices se font seul ou en couple. Les auteurs expliquent que "comprendre le sexe opposé peut devenir un vrai jeu !" A base de mots fléchés, quiz et autres mini-tests, vous pourrez vous mettre dans la peau de l'autre et mieux cerner son fonctionnement. Exercices souvent érotico-comiques qui pourraient donner envie à certains de passer de la théorie à la pratique.
En cadeau, au centre du cahier, le plateau de "Sexy Constellation" pour 4 à 8 joueurs. Un jeu de l'oie (pas blanche), avec des cases coquines comme super orgasme (doublez le score du dé) ou panne sèche (passez votre tour). Et pour un bel été, évitez la case 48 : suspicion dans le couple, retournez à la case départ. (7,95 €)

BD - Gotlib, 80 ans “d’umour et bandessinées”


Créateur de Gai Luron, le chien marrant qui ne sourit jamais, de Superdupont, le héros franchouillard et de la revue Fluide Glacial, Marcel Gotlib, monument de la BD, expert en parodie fête ses 80 ans.


Alors qu’il va fêter ses 80 ans, le créateur de Gai Luron et Superdupont est à l’honneur dans une grande rétrospective au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris (jusqu’au 27 juillet). On peut y admirer 150 planches originales jamais exposées, ainsi que des archives photographiques, écrites et audiovisuelles.
Gotlib a débuté dans les années 60 dans Vaillant et Pilote et a pris sa retraite il y a une quinzaine d’années. Dans ce laps de temps, infatigable créateur à l’imagination débridée, il a publié des milliers d’histoires comiques ou grinçantes. En fait, il a tout inventé. Le moindre rire intelligent qui retentit en France depuis un demi siècle est forcément un peu inspiré de son œuvre.
Gotlib est l’exemple parfait de l’évolution des mœurs du siècle dernier. De Gai Luron à Pervers Pépère il balaie toutes les formes d’humour, du plus classique au trash absolu. Notamment dans Fluide Glacial, le mensuel qu’il lance en 1976 avec Jacques Diamant. Un mensuel “d’umour et bandessinées” comme c’est toujours inscrit en couverture, 454 numéros plus tard.
L’exposition à Paris rend hommage à cet humoriste qui n’a pas oublié ses racines juives. Dès les années 60 il s’est mis en scène dans des BD, petit Juif caché dans une ferme. Son père est mort en déportation. Cette tragédie, comme beaucoup d’enfants survivant de la Shoah, il l’a transformée en force de vie. Gotlib sait rire de tout. Nous émouvoir aussi.

Exposition « Les mondes de Gotlib », Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, Hôtel de Saint-Aignan au 71, rue du Temple à Paris. Du lundi au vendredi et le dimanche jusqu'au 27 juillet.



Une œuvre multiple et sans tabou

Entre Nanar et Jujube, ses premiers héros de papier et Pervers Pépère, l’exhibitionniste crasseux, il y a un monde complet d’écart. Pourtant ils sont issus du même foisonnement créatif, avec quelques décennies de différence il est vrai. Œuvre de jeunesse, Nanar et Jujube constitue les années d’apprentissage de Gotlib, jeune dessinateur qui doit beaucoup travailler pour vivre de sa passion. Dans Vaillant, il arrive à imposer le chien limite dépressif de ses héros qu’il met rapidement au placard.
Années Pilote
Gai Luron va commencer sa longue carrière. Au même moment, un nouveau journal fait beaucoup parler de lui. Pilote, avec Goscinny à sa tête, révolutionne la presse BD. 
Gotlib rêve d’être de la partie. Le scénariste d’Astérix, formidable découvreur de talent, est le premier à lui faire une totale confiance. « Il a été le premier qui m’a symboliquement pris par la main et m’a dit, “Vas-y, t’en es capable !”» explique, des années après, le dessinateur des Dingodossiers. Car pour ses débuts dans Pilote, Gotlib illustre des scénarios de Goscinny. Deux génies de la BD moderne, dans un exercice qu’ils adorent tous les deux : la parodie. Débordé par le succès d’Astérix, Goscinny n’arrive plus à suivre le rythme. Qu’importe, il donne carte blanche à Gotlib pour qu’il continue seul l’aventure. Ce sera la Rubrique-à-Brac, avec Newton, sa pomme et la coccinelle. Mai 68 passe par là. La BD pour enfants, même quand elle est très intelligente comme les séries vedettes de Pilote, semble un peu étriquée. De dessinateur, certains veulent devenir créateurs. Il abandonne le doux cocon de Pilote pour lancer avec Mandryka et Bretécher L’écho des Savanes. Un trimestriel où le seul mot d’ordre est totale liberté. Une sorte de galop d’essai avant la grande œuvre de Gotlib, la création de Fluide Glacial, le plus vieux magazine de BD toujours en activité.
Paradoxalement, c’est le moment où il se met à beaucoup moins produire. Des couvertures, quelques éditoriaux (dessinés puis simplement sous forme de textes), Gotlib ne manque pas d’inspiration mais préfère écrire pour les autres. Notamment Alexis, le complice des Cinémastock de Pilote qu’il embarque comme dessinateur dans l’aventure Superdupont. Un Alexis qui meurt prématurément, devenant, pour l’éternité “directeur de conscience “de la revue.
Génération Gotlib
Gotlib est cependant très présent dans la vie du magazine. Il prend en quelque sorte la place de Goscinny dans le rôle du découvreur de talent. Fluide Glacial, depuis bientôt 40 ans, c’est un esprit et un générique exceptionnel : Manu Larcenet, Binet, Riad Sattouf, Edika, Tronchet, Goossens, Gaudelette, Blutch... On peut parler de génération Gotlib, voire d’école.
À 80 ans, il se fait plus discret. Ces dernières années on l’a vu dans quelques films ou romans photos. Mais il ne crée plus. Ce n’est pas qu’il n’ait plus d’idées, au contraire il a l’esprit toujours vif. Simplement il profite de la vie, comme une enfance à rattraper.

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Des livres pour un anniversaire

Gotlib au musée, mais Gotlib aussi dans les librairies. Si l’auteur a pris sa retraite totale et sans condition depuis de nombreuses années, ses BD et écrits restent toujours disponibles. Chez Dargaud, retrouvez l’intégrale des Dingodossiers (scénarios de Goscinny), tout Cinémastock (dessin d’Alexis) et les fameuses Rubrique-à-bracs.

Marcel Gotlib s’est également essayé à l’autobiographie. Le livre intitulé en toute modestie “J’existe, je me suis rencontré” est paru en 1993 chez Flammarion. Un livre désopilant judicieusement réédité en cette année 2014 chez Dargaud. Gotlib raconte son enfance durant l’occupation. Petit Juif fuyant les nazis, il est caché chez des paysans. C’est dramatique et émouvant, mais il ne peut pas s’empêcher de transformer le tout en un témoignage où le pathos s’efface pour laisser place à l’humour. (Dargaud, 19,99 €)

Dans les kiosques, ne manquez pas le numéro spécial de Pilote et Fluide Glacial. Le défunt magazine qui “s’amuse à réfléchir “partage l’honneur de glorifier Gotlib avec le mensuel “d’umour et bandessinées”. Le premier a vu Gotlib débuter, le second a marqué son émancipation après une première tentative dans l’Écho des Savanes. Vous y trouverez une centaine de pages de la main du maître, de ses débuts avec Nanar et Jujube aux ultimes gags de l’horrible Hamster Jovial. En fil rouge, le récit complet “La Coulpe”, sorte de vade-mecum du créateur, seul face à ses doutes et sa feuille de papier blanche... (en kiosques, 7,90 €)


Dernière nouveauté à ne pas rater : le tome 7 des aventures de Superdupont. Le héros tricolore, béret sur la tête et baguette sous le bras, va s’attaquer à l’AntiFrance, ce monstre insidieux imaginé par Gotlib il y a des années et qui refait surface depuis quelques mois avec le fameux “french bashing” dénoncé par Montebourg à la mâchoire aussi carré que le héros dessiné par Solé. Dans cet album retrouvez des histoires courtes écrites avec la complicité de Lefred-Thouron mais également quelques gags dus au génie de Jacques Lob, le créateur avec Gotlib de notre super-héros national. (Fluide Glacial, 10,80 €),

dimanche 8 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Detroit détruit


La crise économique de ces dernières années aux USA a parfois la puissance d'un ouragan. La même force destructrice, mais au lieu de raser des quartiers en une journée, c'est un peu plus long.
Exemple avec la ville de Detroit, la mégalopole de l'automobile. Des milliers de familles, incapables de rembourser leurs prêts, sont mises à la porte de chez elles. Et souvent, les maisons saisies par les banques sont laissées à l'abandon. Un site internet a utilisé une nouvelle fonctionnalité de Google Street View pour mettre en relief cette profonde mutation du paysage urbain. La fonction « Time machine » permet de voir une rue à différentes époques. Les premiers passages des voitures Google datent de 2008. Les dernières de 2013.
En deux ou trois images on constate toute l'ampleur du phénomène. Première photo : rue d'un quartier résidentiel classique. Trois maisons sont alignées, pelouse tondue, haies taillées, peintures rutilantes. Deuxième cliché : une des maisons a brûlé, la seconde est envahie par les mauvaises herbes, portes et fenêtres défoncées. Troisième vue : il ne reste rien des deux premières maisons remplacées par des broussailles, la troisième est envahie par une montagne de détritus, fauteuils défoncés, matelas crasseux...

Et ne croyez pas que ce soit un cas particulier. Je vous invite à aller sur goobingdetroit.tumblr.com/, vous y trouverez des dizaines de montages photos ou vidéo du même genre. La nation la plus puissante du monde a beau montrer ses muscles et exhiber ses milliardaires, elle semble encore bien fragile socialement.

samedi 7 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Mal de cap final

Parfait. Le reste du séjour (voir l'Indépendant depuis lundi) dans cet hôtel de Catalogne Sud se déroule idéalement. Cerise sur le gâteau, les deux heures passées dans la salle de sport l'ont été en solitaire.
Cette tranquillité me donne enfin l'occasion de galoper sur un tapis de course. Jusqu'à ce jour, j'ai toujours évité cet instrument de torture de peur de chuter comme sur ces vidéos hilarantes vues sur internet. Finalement l'opération se révèle assez simple. Et par chance je ne suis pas tombé. Sinon j'aurais immédiatement exigé l'effacement de l'enregistrement car si la salle est vide, un objectif de caméra est braqué sur les tapis. J'ai pu aussi tester tous les appareils destinés à soulever des poids. Visiblement le précédent utilisateur s'appelle Musclor car la charge était toujours maximale. Tant et si bien qu'au début je crois à une défaillance mécanique. En fait il suffit de baisser le réglage. J'oublie le 15 (des tonnes?) et me contente d'un petit 5 (kilos sans doute!).
Croyant notre malédiction terminée, le dernier soir nous descendons au bar. Mon épouse pour écrire quelques cartes, moi pour consulter mes deux jours de mails grâce au wifi gratuit. Un moment d'inattention et nous replongeons dans l'horreur installés à côté de la tablée Monique, petit mari moustachu et consorts. L'apéro, très chargé, provoque une montée de décibels insupportable. Changement de place. Dans la précipitation je renverse mon cocktail. Au final nous remontons dans la chambre avec un « mal de cap » carabiné.
La prochaine fois ce n'est pas une chambre que je réserve, mais tout l'hôtel. Dès que j'ai empoché l'Euro Millions...  

BD - "Golden dogs", les voleurs trahis


Quatre voleurs. Quatre experts dans leur spécialisation. Orwood est le cerveau, Fanny la belle prostituée qui conquiert les cœurs et les secrets, Lario le castrat transformiste et Lucrèce, sa compagne. Seuls, ils sont vulnérables, unis, ils deviennent les irrésistibles « Golden dogs ». Dans le Londres de la fin du 19e siècle, ils sont sur le point de réaliser un énorme coup. Les trafics de drogues sont en plein essor. L'argent coule à flot et est très tentant. Mais impossible de dérober la recette. Donc les quatre s'attaquent à la matière première. Cela met en colère les malfrats et la police londonienne. 
Cette série écrite par Desberg (omniprésent en cette fin mai avec trois autres albums, deux IRS Team et Miss Octobre) et dessinée par Griffo, après les aventures en commun, s'intéresse aux différents membres du quatuor. Fanny est la vedette de ces 56 pages. Après la dissolution des Golden Dogs, elle parvient à fuir à Paris. Elle devient une célèbre courtisane. Retrouvée par la police britannique, elle se réfugie en Espagne et séduit un riche hidalgo. Ils s'installent au Mexique. Plus qu'une histoire d'amitié, c'est une véritable saga que les auteurs proposent aux lecteurs.

« Golden Dogs » (tome 2), Le Lombard, 14,45 €

vendredi 6 juin 2014

Cinéma - « Tristesse Club », le “Papaoutai“ de Vincent Mariettte


Prenez trois bons comédiens, une région pleine de beaux paysages, une maison ronde et abandonnée au bord d’un lac et quelques tordus de bon aloi. Rajoutez un père que l’on ne voit jamais. Liez le tout avec des dialogues percutants et... une Porsche et vous obtenez un bon petit film français, divertissant tout en étant intelligent. « Tristesse Club », premier film de Vincent Mariette, est la somme de tous ces ingrédients pour 1 h 30 de divertissement assuré.

Ce n’est pas un chef-d’œuvre, certes, mais l’ensemble fonctionne parfaitement. Premier à entrer en scène, Léon (Laurent Lafitte de la Comédie française), ancien champion de tennis, largué par sa femme et détesté par son fils de dix ans. Surtout quand il lui demande un chèque pour payer l’essence de sa Porsche. Second à l’écran, Bruno (Vincent Macaigne), frère de Léon, entrepreneur toujours puceau qui tente vainement de cacher sa calvitie naissante avec ses cheveux longs. Cela fait longtemps qu’ils ne se parlent plus. Pourtant ils vont se retrouver ensemble dans la région de leur enfance devant la porte du crématorium local pour les funérailles de leur père, Arthur. Et dans la salle d’attente, surprise, ils ne trouvent que Chloé (Ludivine Sagnier), troisième enfant d’Arthur, collectionneur de maîtresse et expert en lâche abandon de famille.

Le timide, la mystérieuse
Une fois ce trio composé, le film semble rouler tout seul. Deux trois rebondissements permettent à la famille tombée du ciel de se découvrir, s’aimer ou se détester. Vincent Macaigne, en timide maladif, incapable d’aller vers les autres, surtout les femmes dont il tombe régulièrement amoureux, joue sa partition sans fausse note. Elle n’est pas nouvelle, mais il est le meilleur dans ce personnage plein de tendresse. Le Bouvil du XXIe siècle. Laurent Lafitte est plus caricatural. Beau gosse, attiré par le moindre short moulant (féminin uniquement), il est resté un grand enfant pour qui la frime est un mode de vie. Enfin, Ludivine Sagnier tient le rôle le plus mystérieux. Cette demi-sœur, tombée on ne sait d’où, intrigue. Séduit aussi. Notamment Bruno, qui en retrouverait presque le sourire, si ce n’était les circonstances.
Mais le véritable héros du film, que l’on ne voit jamais, c’est Arthur, le père cavaleur. En se confiant, les trois façonnent son portrait. Pas reluisant, mais attachant quand même.