vendredi 26 novembre 2021

De choses et d’autres - De quoi parlerons-nous à Noël ?

Dans la catégorie des saillies politiques à mettre au panthéon des énormités, cette déclaration de Christian Jacob, pourtant président du parti Les Républicains au Journal du Dimanche : « Il faut que les discussions du repas de Noël des Français tournent autour de notre candidat. »

Le fameux candidat n’est pas encore désigné. Normalement c’est le 4 décembre que l’on saura donc, qui sera aux centre des discussions des repas de Noël de tous les Français.

Enfin, ça c’est le vœu pieux de Christian Jacob. Si l’on réfléchit deux secondes (ce que le président Jacob a oublié en prononçant ces malheureux mots), on se doute qu’entre les petits fours et la bûche, le repas de famille portera essentiellement sur la crise sanitaire.

Du moins si on parle de choses sérieuses. Car souvent pour Noël, on met de côté les choses qui fâchent. On se consacre surtout aux enfants, à leur joie de découvrir de nouveaux jouets. On profite de la bonne bouffe et des liquides qui vont si bien avec. Alors vous pensez bien, la politique... Et encore moins le candidat de la droite républicaine.

A moins bien sûr que finalement les militants désignent un outsider absolu, comme Éric Ciotti (mais ça ferait quasiment un troisième candidat étiqueté extrême droite) ou le docteur Juvin. Mais ce dernier, tant qu’il se contentera de squatter les plateaux télé sans trouver le remède miracle au coronavirus, risque de conserver cette dernière place que lui prédisent tous les sondages.

Et vous, quel sera votre sujet de discussion préféré pour le repas de Noël ? Dinde ou chapon ? Huîtres ou langouste ? Blanquette ou champagne ? Élection ou vaccination ?

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 30 novembre 2021

jeudi 25 novembre 2021

De choses et d’autres - Un gouvernement de confinés

Rien ne sert de se cacher derrière son petit doigt (vieille expression remise au goût du jour par la ministre des Sports), ce mois de décembre n’est pas encore commencé, mais je sens qu’il va être long, très long. Comme l’impression que le cirque Covid est de retour au centre de la place publique.

Avant même le décollage « fulgurant » de la 5e vague et l’arrivée du variant Omicron, l’annonce de la contamination de Jean Castex, Premier ministre, et de sa mise à l’isolement a remis notre détesté virus en tête des débats politiques. Oublié le Z. qui signe ses exploits d’un I majuscule. On n’a même pas le temps de prendre un rendez-vous pour la 3e dose. De toute manière, il n’y a plus beaucoup de place et même Doctolib a craqué.

Un Premier ministre confiné et le lendemain un autre membre du gouvernement testé positif au Covid 19. La ministre déléguée à l’Insertion, Brigitte Klinkert. La pauvre, plaignons-la. Pas d’être malade, elle explique être asymptomatique, mais de se retrouver tout à coup propulsée sur le devant de la scène médiatique pour un test PCR positif. Car il faut bien l’avouer, personne ne se souvenait de sa nomination le 20 juin 2020 à ce poste.

Et l’hécatombe continue puisqu’on a appris ce week-end que Joël Giraud, secrétaire d’État chargé de la ruralité, était lui aussi malade. Ce dernier non plus ne souffre pas d’une surmédiatisation excessive. Mais enfin lui au moins je savais qu’il existait depuis la découverte de « La pause rurale » série de capsules vidéo assez étonnantes mises en ligne chaque mercredi sur les réseaux sociaux de son ministère.

Le générique est chanté par un coq et quand il a un invité, c’est ce dernier qui lance l’épisode. On a ainsi vu un Jean Castex totalement hilare en septembre dernier et le dernier numéro visible montre Olivia Grégoire, autre secrétaire d’État, chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable, glisser que Joël Giraud, en plus d’être incollable sur « les finances publiques », l’est aussi sur le « hard rock ».

Et ce dernier de rebondir en expliquant qu’« Aujourd’hui le coq n’aura pas des accents de Métal et de Rammstein, on va rester dans le classique. » Cocorico ou co-covid-rico ?

Chronique parue (en partie) en dernière page de l’Indépendant le lundi 29 novembre 2021

mercredi 24 novembre 2021

De choses et d’autres - Les mots de l’humour

Qui n’a pas, un jour, transformé un mot sans le vouloir. La langue fourche et on se retrouve inventeur d’une drôle d’expression. Parfois cela ne veut rien dire. Ou alors on se retrouve face à un étrange trait d’esprit non voulu. 


Pour Robert Pico, pas de langue qui fourche mais une volonté de triturer les mots et de leur trouver d’autres significations, souvent plus marrantes. Il en a collecté des centaines qu’il propose dans son « Fictionnaire ».

Il est même totalement dans l’actualité du moment sur le genre en inventant « Jarretil : jarretelle pour homme ». Ces mots fictifs, « pour rire et, peut-être, réfléchir », sont souvent un peu scabreux ou tournés vers le sexe. Comme ce très sympathique « Coucherire : s’esclaffer en faisant l’amour » ou ce beaucoup plus imagé et peu sortable : « Introuniser : adopter un nouveau membre dans un club échangiste. »

« Mon Fictionnaire » de Robert Pico, Editions Glyphe, 10 € 

mardi 23 novembre 2021

De choses et d’autres - Faire ses courses en vitesse

Amazon, le premier, avait tenté l’expérience : des magasins sans caisses. Une déshumanisation complète des courses. On rentre, on se sert, on sort et automatiquement la somme des objets pris dans les rayons est débitée de notre compte. De la science-fiction pour certains. Et pourtant…

A Paris, le premier Carrefour Flash vient d’ouvrir. Même principe avec cette accroche publicitaire « Mes courses en un éclair ». Dans les faits, on peut effectivement en moins de 20 secondes attraper ce paquet de fromage râpé qui va agrémenter le plat de coquillettes et sortir moins d’une minute plus tard. Comment fonctionne ce tour de passe-passe ? Le magasin est truffé de caméras reliées à une intelligence artificielle qui « reconnaît » le visage des clients.

De plus les rayons sont d’immenses balances connectées. Le total de l’addition est calculé en direct et l’argent débité dès qu’on franchit la porte.

C’est bien beau tout ça, mais j’ai un doute de l’utilité pour certains clients. Prenez ma femme par exemple. Hier elle décide d’aller faire deux courses (des yaourts nature et du lait). Même en passant par les caisses, elle n’en a pas pour plus de 5 minutes. Mais disparaît plus d’une heure. Et revient avec un plat chinois, des soupes instantanées (il fait froid), un sapin conceptuel de branches de bois, deux tapis de sol pour la salle de bain (chauds et doux) et du lait… d’amande.

Avec cette complication supplémentaire qui sans doute aurait fait disjoncter l’intelligence artificielle, avant de se décider pour le lait d’amande, elle a mis dans son panier du lait de soja, puis du lait à base de riz. Pour finalement remettre ces produits en rayon de se décider pour le produit à base d’amandes « car sans sucre ajouté ».

Bref, déjà qu’elle évite les caisses automatiques pour faire un brin de causette avec les caissières, le « magasin flash » ce n’est sûrement pas pour elle.

Chronique parue (en partie) en dernière page de l’Indépendant le vendredi 26 novembre

lundi 22 novembre 2021

De choses et d’autres - Presque comme aux États-Unis

Si selon le slogan publicitaire des années 70 en France on n’a pas de pétrole, mais on a des idées, dans les faits, en France, on ne fait rien qu’à copier nos voisins américains.

Regardez les campagnes pour la présidentielle. On a dans un premier temps tenté d’adapter les fameuses primaires démocrates et républicaines. Les résultats ont été catastrophiques tant à droite qu’à gauche. Même si on doit reconnaître une sorte de vision divinatoire des écolos quand ils ont préféré l’austère et peu connue Eva Joly au flamboyant et médiatique Nicolas Hulot.

Ensuite, pour conquérir le poste suprême, des agitateurs de droite extrême ont pensé faire comme Trump dans sa prise de la Maison Blanche. Pourquoi ne pas sortir du chapeau un animateur télé, lui permettre d’être omniprésent grâce à des télévisions complaisantes et souligner tous les quatre jours combien il progresse dans les sondages.

Mais en France, contrairement aux USA, le candidat choisi n’est pas un milliardaire qui ne regarde pas à la dépense. Il n’a pas un gratte-ciel à son nom au cœur de New York, juste un 100 m2 à Paris, même pas de quoi payer l’impôt sur la fortune. Alors vous pensez bien que pour financer toute une campagne électorale, sans l’aide d’un parti bien implanté, cela semble de plus en plus mission impossible.

Enfin, rions de ce dernier exemple montrant la différence flagrante entre les USA et la France. Le week-end dernier vous avez vu partout ces images d’hommes et de femmes au bord de la route en Californie en train de ramasser des liasses de billets de banque qui se sont échappés d’un fourgon blindé.

En France aussi on a eu droit à une récolte miraculeuse avec un léger décalage. Exactement c’était mardi dans la petite ville de Cassel dans le Nord. Mais après un accident sur un passage à niveau, ce ne sont pas des billets qui ont envahi la chaussée mais des oignons.

Je vous le dis, on fait toujours moins bien que les Ricains. Des oignons vous m’en direz tant. Si encore ça avait été des bottes d’oseille.

Chronique parue (en partie) en dernière page de l’Indépendant le 25 novembre 2021

dimanche 21 novembre 2021

De choses et d’autres - La maltraitance des fins d’année

Chaque fois qu’approchent les fêtes de fin d’année et les agapes culinaires qui vont avec, me vient une subite envie de crustacés. Notamment, un tourteau, gros, plein et si goûteux. Longtemps, j’achetais les crabes déjà cuits. Avec toujours une petite inquiétude sur la fraîcheur. Aussi, quand j’ai découvert qu’ils se vendent aussi vivants, je n’ai pas hésité longtemps.

Mais, il faut le cuire. En clair, plonger la bestiole qui agite frénétiquement les pattes dans de l’eau frémissante ou bouillante. Il existe des façons moins traumatisantes pour mourir. Par chance, on ne s’identifie que très peu aux crabes, contrairement aux si mignons agneaux. Pourtant, il s’agirait, là aussi, de maltraitance animale.

Pour preuve, la Grande-Bretagne, en décidant de réformer ses lois en cours, a rajouté quelques animaux dans la catégorie de ceux dotés de sentience. Autrement dit, ils sont capables de ressentir « des sensations, telles que la douleur, le plaisir, la faim, la soif, la chaleur, la joie, le confort et l’excitation ».

Parmi les entrants : le poulpe et le homard. Par extension, les crabes sont dans le lot. Quand la loi sera adoptée, les cuistots auront interdiction de plonger  le homard dans l’eau bouillante, comme c’est déjà le cas en Suisse et en Nouvelle-Zélande.

Reste à déterminer quelle est la meilleure façon légale de tuer l’animal.

Et cette autre question, qui, soudain, taraude : les escargots éprouvent-ils des sentiments ? Peut-être qu’ils ont un message à nous faire passer, quand ils font des bulles de salive, au moment où on les met sur les braises de la cargolade catalane.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant du Midi le 24 novembre 2021

samedi 20 novembre 2021

De choses et d’autres - Le nouveau scandale du foot français

Encore un scandale dans le milieu du foot. Décidément le monde du ballon dit rond tourne de moins en moins rond justement. À se demander ce qui traverse l’esprit des dirigeants du sport le plus populaire de France. Pourtant il serait facile de mettre fin à cette mauvaise image de marque. Rien de bien compliqué ni de coûteux quand on connaît le montant des droits télés versés par les diffuseurs.

Je précise que ce scandale n’a rien à voir avec les incidents du match entre Lyon et Marseille dimanche soir. L’arrêt d’une rencontre au bout de trois minutes deviendra de plus en plus fréquent vu les supporters qui font le déplacement en tribune. Je suggère d’ailleurs aux organismes chargés de paris sportifs de rajouter une case dans leurs grilles. En plus des deux victoires possibles et du nul, pourquoi ne pas rajouter l’option « match arrêté ».

Non, quand je parle de scandale, je fais référence à ce qui s’est passé à Rennes samedi soir avant le match de coupe de France entre le petit club de Bréquigny et le club professionnel de Brest. Quand l’équipe de Bréquigny est arrivée sur le terrain, le public a constaté qu’aucun de ses membres ne portait de shorts. Juste le maillot qui descendait jusqu’à mi-cuisse.

Car il faut savoir qu’en coupe de France féminine, la fédération ne fournit que le haut de la tenue alors que chez les amateurs, à ce stade de la compétition, c’est toute la panoplie qui est offerte aux hommes, chaussettes comprises. Alors les joueuses de Bréquigny, pour protester contre cette discrimination sexiste, ont décidé de jouer la partie en culotte. Malheureusement éliminées, les courageuses footballeuses bretonnes quittent la compétition.

Dommage, car la FFF a annoncé que désormais, la tenue complète serait offerte aux équipes féminines amateurs toujours en lice en Coupe de France.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 23 novembre 2021

vendredi 19 novembre 2021

De choses et d’autres - Robert : masculin, féminin ou autre ? 

Alors qu’on entre tout droit dans une quatrième ou cinquième vague (je m’y perds un peu comme beaucoup de mes concitoyens qui ont surtout l’impression de ne pas encore être sortis de la première), que la Guadeloupe s’enflamme et que les candidats à l’investiture pour les Républicains monopolisent encore le prime time d’une chaîne de télévision nationale juste pour savoir, selon toute vraisemblance, qui aura l’honneur de perdre en avril, une étonnante polémique vient relativiser ces mauvaises nouvelles.

En découvrant que le dictionnaire Le Robert a décidé d’intégrer dans sa nouvelle édition le mot « iel », le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, s’est fendu d’un communiqué offusqué pour souligner que « l’écriture inclusive n’est pas l’avenir de la langue française. »

Pour rappel, le pronom iel (ou ielle) est utilisé par ceux et celles qui ne veulent pas choisir de genre. Ce 3e sexe qui semble tellement déboussoler les fameux « boomers », ces hommes (essentiellement) de plus de 50 ans qui n’arrivent pas à comprendre que la société est en pleine évolution sur ce sujet.

L’équipe du dictionnaire Le Robert, toujours à l’écoute des pratiques des Français, a pourtant bien précisé dans sa notice que iel, est « rare ». Mais il existe et est de plus en plus utilisé. Rien d’étonnant. Il y aura de plus de jeunes garçons qui ne se reconnaissent plus du tout dans le stéréotype du macho viril et dominant. Comme de plus en plus de jeunes filles rejetteront de n’être considérée que comme femme, notamment par des féministes vindicatives.

Les voilà les armées de iels (ou ielles, les deux peuvent s’écrire et se dire) qui vont donner tort au ministre d’ici dix ans maximum.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 22 novembre 2021 

jeudi 18 novembre 2021

Roman - La vie au ralenti à « Aulus »

Certaines communes des Pyrénées ont connu une forte activité quand les thermes fonctionnaient et attiraient quantité de curistes et autres touristes richissimes. Aulus-les-Bains (mais tout le monde dit Aulus tout court), dans l’Ariège, créé à la belle époque, n’est plus qu’un village quasi déserté perdu au fond d’une vallée. C’est là que le père de Zoé Cosson découvre un vieil hôtel à la vente. Il l’achète et se met à le rénover. Pour Zoé, encore enfant, c’est devenu son lieu de vacances, sa seconde maison, son petit monde. Zoé Cosson a décidé de raconter la vie dans ce village pyrénéen typique. 

Un premier roman qui aurait pu avoir des airs de texte nostalgique d’un terroir perdu mais qui se transforme en long poème naturaliste où pierres, montagnes, ciel et habitants interagissent avec intelligence et bonheur. Pourtant il est difficile de vivre à Aulus : « Le village est une surface cabossée, boursouflée, qui cloque et se soulève brusquement sur ses bords pour épouser l’élan des montagnes. » Dans la région, où la vie semble au ralenti, il n’y a plus d’avenir, plus de projets. Ne reste que les sentiers pour les randonneurs. Et peut-être une ancienne mine de tungstène dans le village voisin. Mais le projet de rachat par des Australiens va vite capoter. Aulus dort, il ne faut pas la réveiller.

« Aulus » de Zoé Cosson, Gallimard, 12,90 €

Confrontation : dans les coulisses de la fabrique d’un festival de cinéma à Perpignan

 Confrontation est un festival qui surfe entre les vagues. Reporté d’une année en pleine première vague de coronavirus, la 56e édition du festival de cinéma perpignanais, Confrontation, a dû décider d’un nouveau report en mars dernier alors que la 3e vague sévissait. Mais il en faut plus pour décourager les organisateurs. Normalement le festival va se dérouler la semaine prochaine, du 23 au 28 novembre au cinéma Castillet à Perpignan. Une petite semaine, plus de 80 films, des invités et tout cela malgré une 5e vague qui ne dit pas encore clairement son nom. Le thème de cette année, « Filmer le temps présent », semble particulièrement d’actualité. Et le présent d’un festivalier en 2021, c’est de toujours tenir prêts son pass sanitaire et son masque…


Maudit le festival Confrontation ? Non, mais depuis l’an dernier, le grand rendez-vous des cinéphiles des Pyrénées-Orientales doit jongler pour tenter d’assouvir leur passion. La 56e édition était normalement prévue pour avril 2020. Confinement oblige, elle a été annulée. Exactement reportée à l’année suivante. 12 mois plus tard et de nouveau confinement…

Mais il en faut plus pour décourager l’équipe de l’Institut Jean Vigo. Réajustant en permanence le programme (notamment en fonction des disponibilités de certains invités), il est décidé de proposer la 56e édition en novembre, du 13 au 28. On y est. Mais de nouveau pointe le spectre de la pandémie en pleine recrudescence.

Pourtant, à quelques jours de l’ouverture, ce qui inquiète les plus Jacques Verdier, un des programmateurs, c’est la météo : « On annonce de la pluie, du vent, presque une tempête… » Le public osera-t-il affronter les éléments pour profiter de ces films soigneusement sélectionnés pour illustrer le thème de cette année : « Filmer le temps présent » ? « Nous avons un public de fidèles », explique le responsable du festival, Alain Loussouarn. Fidèles et cinéphiles. Une des difficultés quand il faut élaborer le programme, c’est de trouver l’équilibre entre films connus qui vont attirer le public et pépites rares dénichées dans des cinémathèques amies. Mais avant, il faut déterminer le thème général du festival. « Nous faisons un tour de table longtemps à l’avance, explique Jacques Verdier. Pour le prochain, six idées ont été présentées et défendues. Ensuite on décide collégialement en s’appuyant sur une première sélection de films emblématiques. »


Mais le travail ne fait que débuter. Il faut étoffer le programme, trouver des invités et surtout des films disponibles. Même ceux qui sont dans le circuit commercial sont parfois compliqués à obtenir. Voire impossible quand ils sont en cours de rachat. Ainsi deux des films du programme (Pandémie et Lord of war) ne pourront pas être diffusés finalement. 

Belles rencontres


Cette chasse au long-métrage permet aussi parfois de belles découvertes. En préparant la sélection destinée à illustrer la problématique « De la chute du mur au nouveau cinéma allemand », Jacques Verdier cherchait un film d’un autre pays du bloc de l’Est. Finalement, un des intervenants de l’Institut d’Histoire du temps présent, au cours d’une conversation informelle, lui a trouvé un film hongrois datant de 1992 (Junk Movie, le samedi 27 novembre à 14 h). 

Toujours dans cette thématique allemande, en début d’année, le programmateur est sur la trace des ayants droit d’un film allemand de 1979 sur l’apparition d’une maladie très contagieuse en Allemagne. La maladie de Hambourg de Peter Fleischmann (jeudi 25 novembre, 18 h 15) était quasiment prophétique, les foules se protégeant avec des masques chirurgicaux. Jacques Verdier obtient finalement un contact téléphonique et tombe sur la compagne du réalisateur. Ce dernier parlant français donne rapidement son accord pour venir à Perpignan en avril, malgré ses 80 ans passés. Le second report du festival a empêché de finaliser le projet : Peter Fleischmann est mort durant l’été. 

Une fois la programmation calée, les films reçus, la grosse machine doit se mettre en place. « Au début, on commence avec une petite équipe, mais plus l’échéance approche et plus elle augmente, il faut l’appoint de nombreux bénévoles, ces petites mains sans qui rien ne serait possible » souligne Jacques Verdier. Alors il ne reste plus qu’aux festivaliers du temps présent de profiter de ces dizaines de projections

Programme et réservations sur www.inst-jeanvigo.eu  

 _______________________

Mödernes… depuis 40 ans

Certaines têtes d’affiche se cachent parfois dans des programmes. Quand les organisateurs invitent Jean-François Sanz en tant que réalisateur du documentaire Des jeunes gens mödernes, c’est juste en tant que cinéaste. Mais quand l’information arrive aux oreilles du Pyrénéon, le club partenaire de Confrontation, il est immédiatement envisagé de proposer un set avec un des meilleurs connaisseurs de cette période de la musique rock française.

Un set qui sera organisé le samedi 27 novembre, après la projection du film au Castillet à 18 h. Et comme Jean-François Sanz est effectivement une pointure que tout musicien möderne connaît, il a entraîné dans son sillage quelques autres célébrités locales dont Pascal Comelade, les Liminanas, Manuel Perez ou Jean Casagran. Du beau monde qui cultive sa mödernité depuis quatre décennies. 

______________________
Nuit du cinéma : quatre films, des pizzas et une ambiance unique 

Ce n’est pas le même public que le reste du festival, mais la nuit du cinéma est devenue un incontournable de Confrontation. Sur le thème de la dystopie, elle propose quatre films, des pizzas et des quiz pour aller jusqu’au petit matin et les croissants arrosés de café. Cela débute à 21 h (le vendredi 26 novembre) avec Les animaux anonymes de Baptiste Rouveure. Un film assez angoissant où le rapport de force est inversé entre hommes et animaux. Vous ne verrez jamais plus un abattoir de la même façon. Le film sera présenté par un des comédiens, Thierry Marcos.

A 23 h, un classique de la science-fiction avec Soleil vert de Richard Fleischer. Un dessin animé japonais pour les premières heures du samedi avec Les mondes parallèles. Enfin final en apothéose dans les bidonvilles d’Afrique du sud. Mais dans le District 9 de Neill Blomkamp ce ne sont pas les Noirs qui y sont parqués mais des extraterrestres. 

________________________

Des films mais aussi des tables rondes et une exposition  

« Un festival, de nos jours, ce ne peut pas être que des films. Il faut toujours essayer de créer des événements ». Cette constatation de Jacques Verdier explique les nombreuses animations, tables rondes et conférences qui s’intercalent entre les 80 films proposés durant ces cinq jours denses.

Le film d’ouverture, inédit, est emblématique du thème retenu. Ouistreham est tiré du livre de reportages de Florence Aubenas. La journaliste avait passé de nombreuses semaines sous couverture. Elle a travaillé avec ces femmes de ménage qui nettoient les bateaux qui font la liaison entre France et Angleterre. Le film, réalisé par Emmanuel Carrère, sort le 12 janvier, a comme actrice principale Juliette Binoche.

Autre temps fort avec Nos plus belles années, film italien présenté en clôture du festival retraçant les amours, joies et désenchantement de quatre amis durant les 40 dernières années.

A noter la présence parmi les invités de deux producteurs emblématiques : Jacques Bidou et Marianne Dumoulin. Ils ont carte blanche pour présenter trois de leurs films. Il sera aussi beaucoup question lors de cette édition de Confrontation du cinéma allemand après la chute du mur de Berlin, d’écologie, et de tout un volet sur le capitalisme vainqueur dans un monde déréglé qui met l’homme à la marge.

Enfin ne manquez pas lors de votre venue au Castillet de faire un arrêt pour admirer les œuvres de Hermione Volt sur la scène musicale post-punk française du début des années 80.