En allant faire mes courses cette semaine, j’ai remarqué dans la zone des promos des présentoirs de bonbons faisant l’apanage de la fanzone. Curieux, je détaille les emballages et découvre que ces produits étaient destinés à accompagner l’engouement certain (exactement comme la campagne de Russie de 2018) des jeunes Français pour l’Euro de foot 2020. Souvenez-vous, dans l’ancien monde, tous les deux ans, le pays s’arrêtait le temps du mondial ou de l’Euro.
En 2020, les Bleus auraient dû passer l’obstacle du premier tour (avec Portugal, Allemagne et un barragiste qui n’a même pas pu être désigné dans ce groupe de la mort…) pour attendre les huitièmes de finale. Si le Covid-19 n’avait pas monopolisé le ballon, la France aurait pu disputer les quarts, initialement programmés demain et samedi. Si ça avait été le cas, tout le monde se serait précipité sur les sucreries de la fanzone. Si…
En réalité, la compétition a été reportée d’une année, mais le fabricant de bonbons avait déjà imprimé ses emballages avec la fameuse référence à la maudite fanzone, complètement déserte en ce début juillet.
Quand on sait le prix que coûte à une entreprise le droit d’être partenaire officiel de ce genre d’épreuve sportive, on comprend que les produits soient quand même proposés à la vente malgré l’absence de compétition. Un autre sponsor emblématique est lui aussi passé aux couleurs des Bleus, même si personne ne parle d’eux.
Des canettes de soda avec les visages de 11 joueurs, 11 vacanciers reprenant timidement le chemin des terrains d’entraînement. Pour la fanzone, il faudra attendre entre le 11 juin et le 11 juillet… 2021. Vous pouvez manger les bonbons avant.
(Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le jeudi 2 juillet 2020)
Nez pour les plus grands parfumeurs, une jeune femme découvre la vraie vie auprès de son chauffeur.
On s’attend à une comédie romantique et au final on se retrouve face à un film qui a pour principal thème le travail. Celui qu’on choisit, celui qui nous oppresse. Le travail qui peut prendre plusieurs formes, des plus simples, n’exigeant que peu de qualification au plus sophistiqué et rare réservé à quelques « talents » exceptionnels.
Dans la première catégorie on trouve Guillaume (Grégory Montel), chauffeur dans une société qui offre ses services à de très riches clients. Dans la seconde Anne (Emmanuelle Devos), « nez » en perte de vitesse mais qui a à son actif parmi les plus vendus des parfums de luxe. Deux quadras, un peu mal dans leur peau. Guillaume, en instance de divorce, ferait tout pour obtenir la garde alternée de sa fille âgée de 10 ans. Mais comment l’obtenir quand on habite dans un studio de 24 m2. Solitaire et malheureux. À l’opposé, Anne vit dans un grand appartement bourgeois. Mais seule. Obnubilée par son talent, si fragile, qui lui a échappé une fois, elle ne vit que pour et par les odeurs. Solitaire, malheureuse.
Alors forcément quand Anne doit aller faire une expertise en Alsace et que son chauffeur pour les deux jours est Guillaume, on se dit que tout ça va finir dans les draps sentant le propre de l’hôtel. Perdu. Anne est sauvage, Guillaume trop préoccupé. En plus les draps qui sentent le propre, Anne déteste. Elle demande donc à son chauffeur de l’aider à les changer (elle en a un jeu dans ses valises). Guillaume refuse. Chauffeur, pas larbin.
Ce préambule, enlevé, servi par le jeu excellent des deux têtes d’affiche (Emmanuelle Devos parfaite en capricieuse à qui il ne faut rien refuser, Gregory Montel excellent en papa poule, mec sympa mais pas trop). Paradoxalement, ce premier contact va être suivi d’un autre. Puis Anne exigera de la société dirigée par Gustave Kervern de n’avoir plus que Guillaume comme chauffeur.
Les deux vont s’apprivoiser. Elle en racontant ses déboires dans ce milieu qui ne fait pas de cadeaux, lui en dressant le portrait de sa fille adorée mais dont il ne sait pas se faire aimer.
Le volet sentimental oublié, on en apprend plus sur les fragrances, leurs associations et aussi que parfois les « nezs » font des boulots moins prestigieux comme trouver un parfum d’intérieur pour un grand magasin. Et la réflexion sur le travail se prolongera jusqu’à la scène finale. Car si personne ne peut se priver de bosser, par contre tout le monde peut choisir son emploi s’il s’en donne un peu la peine.
Film français de Grégory Magne avec Emmanuelle Devos, Grégory Montel, Gustave Kervern
Encore une fois, Éric Zemmour fait parler de lui. Le trublion de droite, qui tous les soirs peut s’exprimer sur CNews, a commenté lundi soir la victoire des écologistes aux municipales en faisant cette constatation pour le moins hasardeuse. Pour lui, pas de doute : « Le vert des Verts correspond comme par hasard au vert de l’islam. » Forcément, tout ce qui se prétend encore un peu de gauche et humaniste sur le net s’est offusqué.
En fait, cette dernière saillie de Zemmour nous en apprend plus sur son état mental que sur ses convictions politiques. Car en ne voyant dans le vert des Verts que la couleur de l’islam, tout psychologue, même d’opérette, comprend immédiatement que Zemmour a un gros problème de rejet de cette religion. Un être normal, un tant soit peu équilibré, quand on lui dit « vert » pense immédiatement herbe, arbres, chlorophylle. Nature et écologie quoi… Pour Zemmour, le vert symbolise l’islam. Point.
Vous me direz, il aurait pu être encore plus dérangé. Il y en a qui associent cette couleur aux extraterrestres et craignent d’être enlevés pour subir des expérimentations.
Pourtant, le vert reste une très jolie couleur. Composée de bleu et de jaune, elle peut avoir des centaines de nuances. Notamment dans les yeux. Et comme c’est très rare (seulement 2 % de la population, 10 % pour les yeux bleus), cela permet à certaines actrices ou modèles d’être encore plus belles. Pas inféodées à l’islam, cher Éric Zemmour. Belles. Tout simplement.
Depuis la déferlante mondiale d’Harry Potter, les écoles de magie ont la cote. Netflix a logiquement lancé sa propre production originale, en décidant d’entrée de viser le public adolescent. Avec aussi des visées sur Teenwolf puisqu’il y a aussi des loups-garous. Quelques démons aussi, mais pas la queue d’un vampire… Bref, on trouve tous les ingrédients nécessaires à la fabrication d’une bonne série magique dans The Order, dont la saison 2 vient de débarquer sur la plateforme mondiale.
L’université de Belgrave a tout du campus américain classique. Mais en plus des classiques fraternités, il accueille le très secret Ordre de la rose bleue. Les membres de The Order sont des magiciens. Jack Morton (Jake Manley) veut intégrer l’Ordre pour venger la mort de sa mère, poussée au suicide par le grand Mage. Une intrigue principale pour la première saison, au cours de laquelle Jack se transforme en loup-garou, rejoint un autre ordre de chevaliers destiné à détruire la Rose bleue et tombe amoureux de la blonde et capiteuse Alyssa (Sarah Grey), magicienne en plein dilemme : aimer le jeune loup ou rester fidèle à l’Ordre.
La saison 2 voit l’émergence de nouveaux personnages, dont la détestable Gabrielle (Louriza Tronco) archétype de la garce qui n’utilise la magie qu’à des fins futiles et personnelles. Elle amène beaucoup d’humour et d’autodérision dans un monde assez irréel. The Order vaut aussi par ses clins d’œil aux spécialistes. Ainsi le professeur d’Éthique de Jack est interprété par Sam Trammell, vu dans True Blood, autre série fantastique qui a marqué les esprits. On note aussi la participation de Jason Priestley dans son propre rôle. L’ancien comédien de Beverly Hills ne devrait, selon The Order, son succès qu’à sa parfaite maîtrise des incantations magiques.
Cette crise du coronavirus aura eu au moins un mérite : mettre en avant quelques objets qui jusqu’ici étaient relativement inconnus. Le vainqueur toutes catégories est bien évidemment le masque. Sujet à polémique au début, il est vite devenu la principale arme contre la propagation du virus. Et comme l’Humain aime ce qui est beau, plusieurs versions ont vu le jour pour casser le triste bleu hôpital ou la forme bec de canard.
Force est de constater que plus les jours passent, plus les masques s’imposent et certains sont de véritables réussites. Ceux qui se moquaient des Asiatiques (moi le premier) il y a quelques années, doivent se mordre les doigts aujourd’hui…
Complément du masque, la visière. Certaines personnes semblent totalement incapables de respirer avec un obstacle devant la bouche et le nez. La visière transparente élimine ce sentiment d’oppression. J’en ai vu une qui se fixe sur la visière d’une casquette. À déconseiller aux « djeuns » qui continuent à porter ce couvre-chef à l’envers. La visière sur leurs omoplates ne servira strictement à rien.
Plus révélateur le succès phénoménal de l’urinoir portatif. Ses ventes ont été multipliées par cinq en quelques semaines. Les messages incessants nous demandant de nous laver les mains ont peut-être fait prendre conscience que la propreté de certains lieux publics, notamment les toilettes, laisse souvent à désirer.
L’urinoir portatif permet de faire sa petite affaire en toute discrétion et sans prendre le risque de franchir l’enfer des microbes et autres bactéries. Un masque, une visière et un urinoir portatif : vous êtes équipés pour affronter le monde d’après.
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 30 juin 2020
Jacques Lob, grand scénariste de bande dessinée française, aurait-il imaginé un jour que sa série lancée dans les années 80 dans les pages du mensuel (A SUIVRE) deviendrait des décennies plus tard une légende de la science-fiction mondiale ? Le Transperceneige, Snowpiercer en anglais, d’abord dessiné par Rochette puis adapté au cinéma par Bong Joon Ho et finalement convertie en série télévisée diffusée depuis un mois au rythme d’un épisode chaque lundi sur Netflix. Le train seul espoir de survie d’une Humanité sur une terre gelée, est devenu universel.
Dans (A SUIVRE)
Mort en 1990 à 57 ans d’un cancer, Jacques Lob est un jovial moustachu qui a marqué plusieurs générations de bédéastes. Le Transperceneige, il en a l’idée dès le milieu des années 70. Il demande à Alexis, dessinateur de SuperDupont, une autre leur création, de faire quelques planches d’essais. Mais Alexis a la mauvaise idée de mourir du jour au lendemain, à peine âgé de 30 ans. Le projet du train sera gelé quelques années.
Finalement Jean-Marc Rochette accepte de relever le défi et se lance dans la mise en image de ce monde de fer et de glace. Succès immédiat dans les pages du mensuel des éditions Casterman. Jacques Lob, après bien des héros et des séries au succès très relatif, trouvait enfin la voie de la réussite. Un roman graphique unique, majeur, auquel il ne comptait pas donner de suite. Mais après la mort de Lob, Rochette accepte de relancer le train avec Benjamin Legrand au scénario. La saga du Transperceneige peut alors devenir légendaire, planétaire. Trois autres gros albums sont publiés. Rochette s’affirme de plus en plus comme un graphiste d’exception dans la simplicité du noir et blanc.
Film puis série
L’œuvre tape dans l’œil du cinéaste coréen Bong Joon Ho qui décide de l’adapter. Un film qui le révélera au monde entier et lui permettra de réaliser ce chef-d’œuvre qu’est Parasite.
Aujourd’hui le Transperceneige a une double actualité. Une nouvelle série BD, écrite par Matz, toujours dessinée par Rochette et qui raconte le monde d’avant le train. Avant la catastrophe écologique qui a glacifié toute la planète. On y retrouve les messages de Jacques Lob et Rochette, par ailleurs grand peintre de la montagne, peut donner libre cours à son immense talent.
Mais le train roulant sans cesse dans ce monde où la température extérieure est de - 50 °C, est aussi présent sur la plateforme Netflix. On y retrouve l’idée de classe avec les très riches en tête de convoi et les moins que rien, les clandestins, à l’arrière. L’opposition entre celle qui gouverne (Jennifer Connelly) et le policier sans grade (Daveed Diggs) chargé de démasquer un tueur apporte une touche de suspense parfait pour le côté feuilleton.
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L’Homme au landau
Jacques Lob, en plus de l’univers du Transperceneige, a imaginé plusieurs personnages de BD détonants. Dans les pages de Charlie Mensuel, sous la plume de Pichard, il maltraitait Blanche Epiphanie, héroïne plantureuse aux charmes irrésistibles.
Dans un tout autre genre ; il a imaginé l’Homme au landau. Un petit homme, qui lui ressemblait étrangement, qui passait sa vie dans un landau à se faire conduire par des nurses aguichantes. Les éditions Cornélius ont récemment réédité cette pépite des années 70, libres et sans tabou.
Tuyau d’arrosage en main, JeanLouis Tripp accueille le visiteur du jour avec un grand sourire. Le petit jardin devant la maison qu’il a achetée et entièrement rénovée au centre de Talairan a soif. Le soleil tape sur la garrigue et les pierres ancestrales du village construit autour de l’église. Cela fait cinq ans qu’il est revenu dans l’Aude, département d’origine de sa famille paternelle. « Mon arrière-grand-père avait les tuileries Coudonne à Narbonne. Il a aussi été maire de Laroque-de-Fa. Quand j’avais 40 ans, avec un copain, on faisait du vélo l’été sur ces routes des Corbières. »
Après avoir bourlingué aux quatre coins du monde (pays de l’Est enfant avec son père fervent militant communiste, Afrique, Amérique du Sud, Asie), il a définitivement largué les amarres avec la France pour s’installer au Québec en 2003. « J’ai occupé un poste de professeur de bande dessinée à l’université du Québec. J’ai pris la suite d’Edmond Baudoin. » Un changement radical après un parcours professionnel atypique.
Jeune dessinateur, il place ses premières histoires dans les revues adultes comme Métal Hurlant. Il est publié chez Futuropolis et lance les aventures de Jacques Gallard où il parle de sujets politiques comme l’apartheid en Afrique du Sud.
Déjà, son envie de liberté le titillait. Se retrouver enfermé dans une série, à dessiner des heures par jour ne lui donne plus satisfaction. Il range ses pinceaux et décide de faire de la sculpture et de la peinture. Une période de vache enragée, mais sans regret. Cette liberté il en avait besoin pour mieux revenir. Au Canada, donc, il réalise un nouvel album au début des années 2000 et retrouve un vieux copain, Régis Loisel. Ils décident de travailler ensemble sur une série se déroulant dans ce Québec qu’ils découvrent, émerveillés.
L’histoire du petit frère
Ce sera l’aventure du Magasin général (9 tomes chez Casterman), énorme succès de librairie et un travail en duo inédit. « J’avais des difficultés à débuter une planche, Régis Loisel lui peinait à terminer les siennes. Une fois le scénario écrit à deux, il crayonnait la planche et je la finalisais, en amenant mon style de dessin plus doux. » Plus qu’une collaboration, c’est une fusion de styles qui a donné toute sa force à ce Magasin général, qui reste avant tout « l’histoire de l’émancipation d’une femme » tient à préciser Tripp.
Une fois cette belle aventure refermée, lors d’un repas avec Loisel et son éditeur, JeanLouis évoque son envie de dessiner un récit sur la spiritualité. Loisel, « qui a toujours été mon confident », le convainc que ses aventures sexuelles seraient plus pertinentes. Ce sera Extases, premier tome en 2017, le second vient de sortir (lire ci-dessous), un 3e est dans les cartons.
Mais avant, toujours dans la veine autobiographique, JeanLouis Tripp veut raconter l’histoire de son petit frère, tué à 11 ans par un chauffard. Un roman graphique, plus sombre qu’Extases, dont il a déjà finalisé 88 pages. Il devrait être terminé en 2021.
Entre-temps, quelques scénarios devraient être confiés à des dessinateurs. Notamment un projet autour d’une star de la radio. Un autre, coécrit avec Aude Mermilliod, se déroule dans un petit village du Sud-Ouest, à l’époque de Mai 68 et dans le milieu du rugby amateur. Sans oublier un autre scénario toujours avec Aude Mermilliod. Seulement trois personnages pour un one-shot ayant pour décor Talairan. L’œil de Tripp frétille de malice en l’évoquant. Il n’en dit pas plus, mais on devine qu’on est à mille lieues du roman de terroir.
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« Extases » : livre politique et sans tabou
Tout, tout, tout, vous saurez tout sur JeanLouis Tripp ! Une phrase à scander sur l’air du Zizi de Pierre Perret car le dessinateur de la série Magasin Général (avec Régis Loisel) s’est lancé dans une longue et copieuse autobiographie dessinée portant en grande partie sur sa vie sexuelle. Il faut oser se dévoiler ainsi à 60 ans passés.
En noir et blanc, avec une grande variété de traitement graphique, on dévore dans le premier tome la découverte de la sexualité par ce gamin à peine pubère. La suite est dans les 370 pages du tome 2, l’âge adulte mais aussi celui des « Montagnes russes ». Après 8 années de vie commune avec sa première compagne, la lassitude brise le couple. Alors qu’elle ambitionne de rentrer dans le rang pour une vie normale JeanLouis aspire à une existence aventureuse. Il va bien profiter de sa vie de célibataire, mais reste le romantique qui espère le grand amour.
Le coup de foudre frappe en plein festival de BD. Capucine est le rayon de soleil qui lui permet de repartir. Dans ces pages sans la moindre censure, il raconte l’explosion des sens des premières fois, puis la routine et les accrocs, quand en festival, le dessinateur cède aux avances d’une lectrice qui aime, « vraiment beaucoup » ce qu’il fait. Une remise en cause est nécessaire. Elle passe par de nouvelles séparations et une phase de dépression suicidaire.
L’auteur se met à nu physiquement mais intellectuellement aussi. S’il parle à la première personne, chaque lecteur, quel que soit son sexe ou sa situation sentimentale, se reconnaît un peu. Forcément : il n’y a rien de plus universel que la sexualité. Et d’expliquer que ce bouquin est avant tout politique. « Je fais une proposition, dit-il dans un texte liminaire : et si l’on essayait de parler du sexe comme d’une chose naturelle et normale ? De dédramatiser le droit au plaisir ? Dédramatiser. Dire que nous avons le droit de choisir ce que nous faisons avec nos corps. » Et de conclure que sa BD, en « montrant des sexes en action » est « une démarche politique ». L’histoire va crescendo dans la découverte de la sexualité et l’exploration des tabous. Rien n’est occulté tant qu’il s’agit de pratiques « entre adultes consentants et désirants ».
La dernière partie est consacrée aux premiers pas de JeanLouis et Nathalie (sa petite amie du moment) dans un club échangiste. Le brillant dessinateur casse les codes graphiques de la BD sur la dernière séquence. Sur des doubles pages très sombres, il fait tout pour que le lecteur « entre dans la ronde des corps. Qu’il soit au plus près de l’expérience, au milieu de la chair. » L’effet est saisissant. On ne ressort pas de cette séquence, la dernière du tome 2, sans souhaiter ardemment connaître la suite.
Le chalet de Mont-Louis
La montagne a occupé une grande importance dans l’enfance de JeanLouis Tripp. En fait tout a débuté dans les Pyrénées. Son grand-père avait un chalet à Mont-Louis dans les Pyrénées-Orientales. Dans les années 50, le père de Tripp, jeune élève pilote faisant son service militaire, y passe quelques jours de permission. Arrive un camion camping-car qui se gare devant le chalet. A bord, une jolie Montalbanaise qui va craquer pour le jeune en uniforme. La future maman du dessinateur. Une belle histoire d’amour qui se prolonge par un mariage et la naissance d’un garçon. Il sera baptisé Jean-Louis, en souvenir du chalet.
Le Cambre d’Aze à 7 ans
Montagne toujours avec un rituel familial des Tripp. Pour les 7 ans des enfants, tout le monde escalade le Cambre d’Aze. JeanLouis Tripp a conservé cet amour de la montagne même si cela fait quelques années qu’il n’est plus retourné à Mont-Louis. Et si le temps le permet, il ne manque pas de photographier le Canigou depuis la garrigue des Corbières.
L’amour du rugby
Au Canada, ce qui a le plus manqué à Tripp c’est le rugby. « J’y ai un peu joué gamin, puis le club de mon village près de Montauban a fermé. Je me suis tourné vers le foot. Mais on suivait tous les matches en famille. Je me souviens d’une rencontre entre Narbonne et Montauban. La voiture était décorée aux couleurs des deux clubs, un de chaque côté. Mon père était de Narbonne, ma mère de Montauban. » Montauban dont il se souvient de la victoire en championnat de France en 1967. Il était au match après avoir vu toute la phase finale avec les parents. Supporteur du Stade Toulousain, quand il est au Québec, il regarde tous les matches du top 14 en streaming.
La Talariane
Plus qu’un simple restaurant, la Talariane tenue par Sylvie et Benoît est un véritable lieu de vie du village. On s’y retrouve pour un café sous la terrasse ombragée ou pour déguster les superbes entrecôtes à la carte. Tous les midis un menu est proposé avec entrée, plat et dessert. La cuisine est simple et copieuse, avec produits locaux et de saison.
La Talariane, 8 Avenue du Termenès, 06 78 96 38 32
Le Gourg Goutonnier
Le Canada, c’est beau, mais un peu lassant. Des forêts, des lacs… Des forêts, des lacs… Se revendiquant « Méditerranéen », Tripp, quand il est dans les Corbières, profite à plein poumons de la garrigue. Variété des paysages et des odeurs avec des endroits magnifiques comme le Gourg Goutonnier. Une résurgence de la rivière, dans un écrin de verdure. Parfait pour cet amateur de grands espaces qui ne peut jamais se trouver trop éloigné de l’eau.
Le Banquet de Lagrasse
Quand il a décidé d’acheter une maison dans les Corbières, JeanLouis Tripp visait Lagrasse. Ami depuis plusieurs décennies avec Jean-Michel Mariou, le créateur du Banquet du Livre, il a dessiné dans sa jeunesse pour le journal éphémère de la manifestation littéraire de référence des Corbières. Lagrasse, pour JeanLouis Tripp, c’est un refuge où il sait qu’il va rencontrer artistes et vie culturelle foisonnante.
Parue il y a quelques années sous le titre de « Parallèles » en quatre tomes, Alter de Pelaez et Laval NG revient sous la forme d’un gros volume de 100 pages avant la parution, mi-août, de la conclusion de cette série de SF ambitieuse.
Dans un futur proche, un conflit mondial provoque le dédoublement de notre bonne vieille terre. Le capitaine Sylan Kassidy, persuadé de s’être échoué sur une planète éloignée, est en réalité sur la réplique de la planète bleue, version apocalypse. Attaqué par des zombies, il comprend qu’il doit revenir à son point de départ pour espérer survivre.
Un peu complexe à comprendre au début, mais des doubles planches épurées en milieu de récit permettent de saisir l’idée générale.
Les vieux héros sont toujours verts. Encore plus quand il s’agit de San-Antonio, commissaire et grand séducteur créé par Frédéric Dard. Avec ses acolytes Bérurier et Pinaud, il revit en BD des histoires parues précédemment. Dans le rôle de celui qui ressuscite : Michaël Sanlaville.
Après le mythique « San-Antonio chez les Gones », il s’attaque à une aventure bretonne du pétillant flic. Muté avec Béru et Pinuche à Ploumac’h Vermoh, bled paumé de la Bretagne extrême. Une mutation sanction, comme leur patron, rétrogradé au poste de sous-préfet.
Par chance, un meurtre est commis dans le village. San-A est de retour, tremblez voyous et veuves éplorées. Une adaptation fidèle, avec ce qu’il faut de grivoiserie, d’action et de rebondissements.
Sorti début 1019, le premier tome de la série « Virus » de Ricard et Rica semblait un peu farfelu et invraisemblable à l’époque. Dans un labo, des chercheurs manipulent plusieurs virus pour en fabriquer un très agressif. Par malheur un laborantin est infecté et se retrouve dans la nature. Le cluster principal est sur un paquebot… Alors forcément, quand sort le second tome en cette période d’après-confinement, alors qu’on ne sait pas exactement d’où vient le Covid-19 ni comment faire pour le combattre, on lit cette aventure avec un regard différent. Sur le bateau, c’est la panique. Les morts se comptent par centaines.
Le gouvernement, à terre, tente d’étouffer l’affaire. Mais des fuites sur internet provoquent une vague de panique. Cette seconde partie, baptisée « Ségrégation », raconte comment la survie s’organise à bord. Le commandant veut rester seul maître à bord en en disant le minimum.
Mais une partie de l’équipage se doute que la situation est grave et décide de se cloîtrer dans les cuisines.
Qui va prendre le pouvoir ? Les gendarmes dépêchés sur le bateau vont-ils retrouver le patient zéro ? Le gouvernement va-t-il tomber ? Suspense à la fin de ces 120 pages. Un peu comme dans la vraie vie…