Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
jeudi 9 août 2018
Thriller - Corso, le voyou devenu flic
Jean-Christophe Grangé excelle dans la noirceur. Ses thrillers ne sont pas à mettre entre toutes les mains car les pires aspects de la personnalité humaine sont mis en lumière.
Dans ce nouveau thriller, cela débute par une plongée dans le milieu gonzo porno. Une stripteaseuse est retrouvée assassinée. Attachée savamment selon un rituel japonais, elle est morte en voulant se libérer de ses liens, chaque mouvement resserrant la corde sur son cou. Mais ce n’est pas un suicide car elle a été défigurée. Comme sur une toile de Goya. Ce n’est pas Corso, le flic chargé de l’enquête qui le découvre, mais une de ses collaboratrices. Et quand Corso découvre que la victime tournait également dans des films pornos très violents, il est persuadé d’être sur la trace d’un réseau de sadiques sans limites. Or, le sado-maso il connaît bien.
Car Corso est un flic un peu spécial. Ancien voyou passé par la case deal dans les cités, il s’est racheté une conduite. Mais a gardé un fond violent. Il a rencontré une femme intelligente mais aux pratiques sexuelles extrêmes. Un personnage multiple comme aime les inventer Jean-Christophe Grangé. Mais finalement Corso n’est pas le plus tordu.
Au fil de l’enquête de plus de 550 pages on tombe sur quelques spécimens de la pire espèce. Passionnant, plein de rebondissements, le thriller idéal pour les amateurs de littérature et de sensations fortes.
➤ « La terre des morts », Albin Michel, 23,90 €
mercredi 8 août 2018
Cinéma - La politique de Neuilly à Nanterre
LE FILM DE LA SEMAINE. Les héros de « Neuilly sa mère » ont grandi. Et beaucoup évolué politiquement.
Un pont, juste un pont sur la Seine à traverser et vous passez de la commune la plus riche de France, Neuilly, à la plus pauvre, Nanterre. Cette frontière invisible est au centre du film « Neuilly sa mère, sa mère », réalisé par Gabriel Julien-Laferrière, scénarisé et produit par Djamel Bensalah, le réalisateur du premier opus.
En 2008, le jeune Sami Benboudaoud (Samy Seghir) débarquait dans la famille de son oncle par alliance, un riche industriel résidant à Neuilly. Pour le petit Arabe, débarquer dans la ville la plus à droite de France était un choc culturel radical. Notamment quand Charles (Jérémy Denisty), son cousin, persuadé qu’il deviendrait un jour président de la République comme son idole, Sarkozy, lui sortait cette phrase culte « Ma chambre tu l’aimes ou tu la quittes ».
Dix ans plus tard, la France a beaucoup changé. Sarkozy a été battu par Hollande qui lui-même a été déboulonné par Macron. Sami termine ses études à Sciences-Po et est sur le point d’intégrer l’ENA. Charles, désespéré par la défaite de son leader, sombre dans une léthargie handicapante. Il a cependant son bac et se retrouve en fac de sociologie, ce repère de gauchistes. La seule qui l’accepte...
Tout bascule quand un scandale secoue l’entreprise du père de Charles (Denis Podalydès). Vilipendé par les médias, il doit trouver refuge dans le petit appartement de Sami au cœur de la Cité Picasso. Et tout le reste de la famille le suit, dont Charles pour qui c’est la fin d’une dé- chéance totale.
Objectif mairie
Tout le film, comme le premier, est basé sur l’opposition entre deux mondes si proches géographiquement mais totalement étrangers. Mais cette fois ce sont les bourgeois et riches « Français de souche » qui sont plongés dans cette ville cosmopolite où le vivre ensemble n’est pas une figure de l’esprit.
Car la cité Picasso décrite par Djamel Bensalah, sans être idyllique, est beaucoup plus humaine que le triste Neuilly intolérant du premier opus.
On retrouve avec plaisir quelques personnages du film initial comme le trio de racailles composé par Malik (Booder), Tran (Steve Tran) et Sekou (Bayou). Julien Courbey, autre membre attitré de la bande à Bensalah se fond dans un personnage de petit blanc converti à l’Islam, encore plus radical que tous les Musulmans de la Cité. Si Sami a quelques déboires amoureux, Charles reprend du poil de la bête et décide de briguer la mairie de Nanterre... sous l’étiquette du Parti socialiste.
Superbe film politique, intelligent, marrant et futé, ce « Neuilly 2 » est un parfait résumé des soubresauts de la vie politique française (et de ses faux-semblants) de ces dernières années.
___________
Des seconds rôles époustouflants
Au générique de « Neuilly sa mère, sa mère », Djamel Bensallah a tenu à « prendre des gens qui ont d’autres vies ». On découvre avec plaisir deux des humoristes de France Inter dans leur premier rôle au cinéma : Sophia Aram et Charline Vanhoevacker.
Plus étonnantes les participations de deux politiques très connus du grand public. Arnaud Montebourg interprète le rôle d’un professeur à Science-Po, l’école d’excellence qui permet à Sami de brillamment démontrer que les banlieues peuvent elles aussi fournir l’élite de la nation française. Un Montebourg détendu et totalement crédible dans sa composition.
Julien Dray campe lui un responsable du PS à Nanterre. Totalement désabusé, il constate le naufrage de son parti. Jusqu’à l’OPA très macronienne de Charles. Julien Dray qui ne manque pas d’humour car le scénario raconte comment le patron investi une partie de son argent dans des montres de luxe. « Il était au courant de ce détail, se souvient Djamel Bensalah. Il a même tenu à choisir lui-même les modèles présentés dans la mallette. » Un véritable passionné selon le producteur qui n’a pas gardé rancune des allégations sur ses goûts luxueux.
Enfin on saluera la prestation d’Eric Dupond-Moretti. Déjà vu dans un film de Lelouch, il devient un « baveux » obséquieux, totalement dépassé par les événements et obsédé par ses honoraires. Un brillant exercice d’autodérision.
Et comme d’habitude, plusieurs seconds rôles sont remarquables, de Josiane Balasko à Elie Semoun en passant par Atmen Khelif.
➤ « Neuilly sa mère, sa mère », comédie de Gabriel Julien-Laferrière (France, 1 h 42) avec Samy Seghir, Jérémy Denisty, Denis Podalydès, Booder, Steve Tran, Bayou.
Un pont, juste un pont sur la Seine à traverser et vous passez de la commune la plus riche de France, Neuilly, à la plus pauvre, Nanterre. Cette frontière invisible est au centre du film « Neuilly sa mère, sa mère », réalisé par Gabriel Julien-Laferrière, scénarisé et produit par Djamel Bensalah, le réalisateur du premier opus.
En 2008, le jeune Sami Benboudaoud (Samy Seghir) débarquait dans la famille de son oncle par alliance, un riche industriel résidant à Neuilly. Pour le petit Arabe, débarquer dans la ville la plus à droite de France était un choc culturel radical. Notamment quand Charles (Jérémy Denisty), son cousin, persuadé qu’il deviendrait un jour président de la République comme son idole, Sarkozy, lui sortait cette phrase culte « Ma chambre tu l’aimes ou tu la quittes ».
Dix ans plus tard, la France a beaucoup changé. Sarkozy a été battu par Hollande qui lui-même a été déboulonné par Macron. Sami termine ses études à Sciences-Po et est sur le point d’intégrer l’ENA. Charles, désespéré par la défaite de son leader, sombre dans une léthargie handicapante. Il a cependant son bac et se retrouve en fac de sociologie, ce repère de gauchistes. La seule qui l’accepte...
Tout bascule quand un scandale secoue l’entreprise du père de Charles (Denis Podalydès). Vilipendé par les médias, il doit trouver refuge dans le petit appartement de Sami au cœur de la Cité Picasso. Et tout le reste de la famille le suit, dont Charles pour qui c’est la fin d’une dé- chéance totale.
Objectif mairie
Tout le film, comme le premier, est basé sur l’opposition entre deux mondes si proches géographiquement mais totalement étrangers. Mais cette fois ce sont les bourgeois et riches « Français de souche » qui sont plongés dans cette ville cosmopolite où le vivre ensemble n’est pas une figure de l’esprit.
Car la cité Picasso décrite par Djamel Bensalah, sans être idyllique, est beaucoup plus humaine que le triste Neuilly intolérant du premier opus.
On retrouve avec plaisir quelques personnages du film initial comme le trio de racailles composé par Malik (Booder), Tran (Steve Tran) et Sekou (Bayou). Julien Courbey, autre membre attitré de la bande à Bensalah se fond dans un personnage de petit blanc converti à l’Islam, encore plus radical que tous les Musulmans de la Cité. Si Sami a quelques déboires amoureux, Charles reprend du poil de la bête et décide de briguer la mairie de Nanterre... sous l’étiquette du Parti socialiste.
Superbe film politique, intelligent, marrant et futé, ce « Neuilly 2 » est un parfait résumé des soubresauts de la vie politique française (et de ses faux-semblants) de ces dernières années.
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Des seconds rôles époustouflants
Au générique de « Neuilly sa mère, sa mère », Djamel Bensallah a tenu à « prendre des gens qui ont d’autres vies ». On découvre avec plaisir deux des humoristes de France Inter dans leur premier rôle au cinéma : Sophia Aram et Charline Vanhoevacker.
Plus étonnantes les participations de deux politiques très connus du grand public. Arnaud Montebourg interprète le rôle d’un professeur à Science-Po, l’école d’excellence qui permet à Sami de brillamment démontrer que les banlieues peuvent elles aussi fournir l’élite de la nation française. Un Montebourg détendu et totalement crédible dans sa composition.
Julien Dray campe lui un responsable du PS à Nanterre. Totalement désabusé, il constate le naufrage de son parti. Jusqu’à l’OPA très macronienne de Charles. Julien Dray qui ne manque pas d’humour car le scénario raconte comment le patron investi une partie de son argent dans des montres de luxe. « Il était au courant de ce détail, se souvient Djamel Bensalah. Il a même tenu à choisir lui-même les modèles présentés dans la mallette. » Un véritable passionné selon le producteur qui n’a pas gardé rancune des allégations sur ses goûts luxueux.
Enfin on saluera la prestation d’Eric Dupond-Moretti. Déjà vu dans un film de Lelouch, il devient un « baveux » obséquieux, totalement dépassé par les événements et obsédé par ses honoraires. Un brillant exercice d’autodérision.
Et comme d’habitude, plusieurs seconds rôles sont remarquables, de Josiane Balasko à Elie Semoun en passant par Atmen Khelif.
➤ « Neuilly sa mère, sa mère », comédie de Gabriel Julien-Laferrière (France, 1 h 42) avec Samy Seghir, Jérémy Denisty, Denis Podalydès, Booder, Steve Tran, Bayou.
Cinéma - Les dessous de Hollywood explorés dans "Under the silver Lake"
Présenté à Cannes, revenu bredouille, « Under the silver Lake » traite de pop culture selon son réalisateur, David Robert Mitchell. Cette culture omniprésente depuis un demi-siècle. Tout semble relié, de la dernière chanson à la mode aux séries cultes en passant par des produits aussi inutiles qu’addictifs.
On peut donc voir ce film, parfois un peu bavard dans ses démonstrations tarabiscotées, comme une critique en creux de la société capitalistique du paraître. La norme en Californie et plus particulièrement à Los Angeles, théâtre des événements vécus par Sam (Andrew Garfield). Jeune trentenaire oisif, il rêve de célébrité. Sans le sou, sous la menace d’une expulsion de son appartement dans une résidence fermée avec piscine au centre, il profite de la quiétude de sa terrasse.
Un peu comme dans « Fenêtre sur cour » (première référence aux chefs-d’œuvre du cinéma américain, il y en a des dizaines), il observe avec des jumelles une voisine qui nourrit ses perroquets topless ou la jolie Sarah (Riley Keough), blonde évanescente, se baignant en toute innocence dans l’eau claire.
Personnages troubles
Alors qu’un tueur de chiens sévit dans le quartier, Sam entre en relation avec Sarah grâce à son chien. Il obtient même un rendez-vous pour le lendemain. Mais quand il sonne à la porte 24 heures plus tard, l’appartement est vide. Sarah et ses deux locataires ont disparu.
La veille il a remarqué un mystérieux et très louche homme habillé en pirate. Sam, abandonnant tout, se lance donc à la recherche de belle blonde.
La quête du jeune homme le mène en divers endroits de Los Angeles. Dans des grottes cachées, sur des toits de buildings, dans des magasins de comics, au cœur de l’antre d’un artiste adepte de la théorie du complot. Il croise la route de personnages étranges, comme la Californie en regorge. Un ami qui ne met que des chemisiers de femmes, le roi des SDF et sa couronne en carton, un compositeur de génie, fou cloîtré dans sa maison-château, une ribambelle d’escort, starlettes s’occupant en attendant le rôle qui leur permettra de devenir célèbres.
C’est mystique et souvent abscons. Mais il ne faut pas regarder ce film avec des yeux réalistes. Laissez-vous bercer par le fantastique diffus et vous aurez alors l’impression de comprendre ce qui se passe sous la surface de ce fameux lac argenté.
➤ « Under The Silver Lake », thriller de David Robert Mitchell (USA, 2 h 19) avec Andrew Garfield, Riley Keough, Topher Grace.
mardi 7 août 2018
BD - Tchô ! revient dans un gros format
Novembre 2013, 164e numéro de Tchô !. Le dernier. Le magazine de Titeuf tire sa révérence dans un marché de la presse BD en crise. Une belle aventure sur le point de reprendre de plus belle avec la sortie au début de cet été du premier exemplaire de « Supertchô ! », trimestriel de 192 pages.
Julien Neel est à la manœuvre et propose d’entrée les premières planches de la nouvelle aventure de Lou. Son héroïne, devenue adulte, part sur les routes avec pour seul bagage un sac à dos. Elle multiplie les rencontres dans une petite ville balnéaire qu’on imagine au bord de la Méditerranée.
Autres avant-premières, quelques planches des souvenirs de Mamette de Nob. Ce dernier est aussi beaucoup sollicité dans le dossier retraçant l’épopée du magazine lancé par Zep. Durant de longues années il a été rédacteur en chef (rédactchô! en chef, selon la terminologie officielle) et raconte sa façon de diriger cette jolie bande de gamins créatifs.
Parmi les nouveautés, car Supertchô ! ce n’est pas que de la nostalgie, laissez-vous séduire par Lexa de Max de Radiguès ou par les débuts de L’aventure fantastique de Lylian et Drouin, à paraître en album en septembre prochain.
➤ Supertchô !, Glénat, 5,95 €, en librairie et certains marchands de journaux
lundi 6 août 2018
DVD et bluray - Alicia Vikander, la nouvelle Lara Croft
17 ans. Il y a 17 ans d’écart entre la personnification de la première Lara Croft en 2001 par Angelina Jolie et la seconde, Alicia Vikander en 2018. Un laps de temps suffisant pour abandonner toute comparaison entre les deux comédiennes.
La jeune Suédoise après quelques beaux succès aux USA a de plus en plus le vent en poupe et sa prestation, toute en force et souplesse, comme dans le jeu vidéo d’origine, fait qu’elle devrait encore marquer des points et continuer sur sa lancée. Le film a rapporté pas moins de 273 millions de dollars tous pays confondus.
La nouvelle version, signée du norvégien Roar Uthaug, reprend le scénario original : Lara Croft, fille d’un explorateur disparu, cherche à le retrouver. Première destination le Japon. Tournées dans plusieurs pays, la majorité des scènes en exté- rieur ont cependant été réalisées en Afrique du Sud.
Aventure, charme et action : le tiercé gagnant.
➤ « Tomb Raider », Universal Vidéo.
dimanche 5 août 2018
DVD et bluray - Revoilà les robots de Pacific Rim
Il est toujours compliqué de signer une suite à un gros succès cinématographique. «Pacific Rim » de Guillermo del Toro avait fait des prouesses au boxoffice. Mais la suite n’a pas pu être réalisée par le cinéaste oscarisé avec « La forme de l’eau ».
La première difficulté aura été de trouver un successeur. Steven S. DeKnight, surtout connu pour ses séries (Daredevil ou Spartacus) relevait le défi. Second écueil, trouver le remplaçant d’Idriss Elba. John Boyega, auréolé de sa prestation dans Star Wars, endossait le rôle du fils de Pentecost.
L’action se déroule 20 ans après le premier épisode. La menace Kaiju est de retour. Le reste du film est surtout prétexte à multiplier les combats entre aliens gigantesques et robots terrestres, les Jaegers. La sortie en blu-ray de cette grosse production offre une ribambelle de bonus.
En plus des scènes coupées et des commentaires audio du réalisateur, le making of est découpé en une dizaine de chapitres du « Hall des hé- ros » à la génération suivante des Jaegers.
Du grand spectacle dont on ne se lasse jamais.
➤ « Pacific Rim Uprising », Universal Vidéo
samedi 4 août 2018
Série Télé - Perdus dans la noirceur du temps
En se développant en Europe, Netflix a lancé quelques productions de séries originales dans divers pays. Si en France on a eu droit au peu glorieux « Marseille », les Allemands eux ont tiré le gros lot avec « Dark ». Cela commence comme une série d’adolescents, avec bande de lycéens cherchant à se dévergonder dans des grottes abandonnées de Widen, la petite ville qui sert de décor à Dark. Mais quand Mikkel, le plus jeune, disparaît, on a l’impression de tomber dans un thriller classique d’enlèvement d’enfant. Mais on fait une nouvelle fois fausse route. Dark c’est de la pure science-fiction, intelligente et exigeante. En réalité, les adolescents sont projetés dans le passé. Dans ces grottes, un passage entre dimension temporelle permet de reculer ou d’avancer par paliers de 33 ans. Il y a beaucoup de Lost dans cette série. Les paradoxes temporels, assez abscons dans la série de JJ Abrams, sont mieux expliqués. On retrouve cependant la classique lutte entre le bien et le mal, le sombre et la lumière. Avec quand même un effort pour ne pas tout réduire à une vision manichéenne. Certains personnages, sympathiques au début se révèlent beaucoup plus pervers à la fin. Succès oblige, une seconde saison est d’ores et déjà en tournage.
➤ « Dark », série allemande disponible sur Netflix.
vendredi 3 août 2018
BD - Un siècle espagnol à Laroqu’en Bulles
«L’art de voler » est un roman graphique exceptionnel pour qui veut découvrir l’histoire de l’Espagne du siècle dernier. Antonio Altarriba, écrivain renommé et scénariste de BD, a décidé de raconter la vie extraordinaire de son père. Ce petit paysan, né au début du XXe siècle, a traversé plusieurs guerres. La première, la plus dure, est civile. Républicain, il doit fuir en France l’avancée des Franquistes. « Le 11 février 1939, raconte l’auteur, mon père traverse la frontière. C’est le jour de son anniversaire. Mon père a 29 ans et il affronte un futur totalement incertain. Son premier destin est un symbole cet avenir vide. Plage de Saint-Cyprien, que le ciel, la mer, le sable et le froid. Commencer à revivre dans le camp. »
De retour au pays dans les années 50, il abandonnera ses idéaux pour vivre simplement avec femme et enfant. À la fin de sa vie, victime d’une grave dé- pression, il se suicidera en sautant du 4e étage de la maison de retraite. Il avait 90 ans et tentait d’appendre l’art de voler. Ces 230 pages en noir et blanc (dont un épilogue en couleur), sont dessinées par Kim, auteur barcelonais.
Avec le scénariste, il était à Laroque-des-Albères pour le premier festival de bande dessinée de ce village des Pyrénées-Orientales.
jeudi 2 août 2018
BD - Un mort encombrant dans les Pyrénées audoises
Inspirée d’une histoire vraie se déroulant en Pays de Sault dans l’Aude, « Charogne » de Benoit Vidal et Borris débute en 1864. Quelques années après une meurtrière épidémie de choléra, quelques familles tentent de survivre dans un petit village dans le piémont pyrénéen. La seule route reliant le hameau à la ville, dans la vallée, est coupée depuis trop longtemps.
Le maire, Joseph, serviable, descend régulièrement par le sentier escarpé pour s’occuper des affaires de ses administrés. En plein été, au moment des moissons (à la faux), il meurt d’un coup d’une crise cardiaque. Rapidement va se poser la question de ses obsèques. Mais le curé ne vient plus au village. Comment dès lors administrer les derniers sacrements à l’homme pieux ? Quatre villageois vont porter le cercueil à mi-chemin, au niveau de « La Pause des morts ». Mais ce périple ne va pas se dérouler comme prévu et les tensions entre familles ennemies vont faire éclater quelques vérités cachées.
Sorte de road movie (mais sur sentier de chèvre) montagnard, l’album en noir et blanc permet à Borris de magnifier cette nature encore sauvage.
➤ « Charogne », Glénat/Treize Étrange, 19 €
mercredi 1 août 2018
Polar : La famille suédoise selon Roslund & Thunberg
Marre de cuire sur la plage par 32° à l’ombre du parasol, beaucoup plus en plein soleil ? Envie de fraîcheur ? Et si vous vous plongiez dans un bon polar nordique ? Vous avez le choix des destinations et des températures. Très froid en Islande, un peu plus supportable en Suède.
Attention par contre si vous choisissez « Made in Sweden » de Roslund et Thunberg, les 650 pages denses et prenantes risquent de vous conduire à l’insolation si vous le lisez d’une traite. Pour la première fois Roslund quitte son compagnon de plume habituel (Hellström) pour s’associer à un scénariste, Thunberg. Ce polar, inspiré de faits réels, raconte le périple violent de trois frères dans les années 90. Ils font le casse du siècle en dérobant des armes dans une base secrète militaire. Suffisamment pour équiper une petite armée. Ils vont utiliser leur arsenal pour multiplier les braquages et même tenter de faire chanter le gouvernement.
Vous voulez du frais ? « Ivan tenait l’enveloppe avec les billets dans une main et s’appuyait contre la porte close avec l’autre, balançant son corps gelé. Alors que dehors il faisait deux degrés, il portait une veste fine par-dessus une chemisette. »
Trois frères soudés, un enquêteur têtu et opiniâtre : ce polar est doublement réel car Thunberg est le quatrième frère des braqueurs ayant inspiré le roman.
➤ « Made in Sweden », Actes Sud, 23,80 €
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