Aux USA, les politiques ont le sens du spectacle. Les primaires, tant chez les Démocrates que chez les Républicains s'apparentent à une sorte de "Dallas" revisité, avec son lot de rebondissements, coups de théâtre et autres trahisons.
Pour la première fois, ce feuilleton-réalité se permet une incursion du genre action après les incidents violents de Chicago. La faute à Donald Trump qui, s'il avait vécu au temps de la conquête de l'Ouest, aurait eu le verbe haut et la gâchette facile. Son programme, ouvertement raciste et anti-immigrés, déchaîne les passions. Ses opposants se manifestent trop bruyamment ? Trump demande à ses partisans de "cogner" sur ces importuns. Lui-même, en plein discours, avoue avoir envie de "frapper au visage" les perturbateurs.
Le milliardaire pousse le bouchon encore plus loin en assurant qu'il prendrait en charge les frais d'avocats des militants poursuivis. Il voudrait mettre le pays à feu et à sang qu'il ne s'y prendrait pas autrement.
En face, Bernie Sanders, celui que Trump qualifie de "communiste", tente de rattraper son retard sur Hillary Clinton. Paradoxe, malgré ses idées très à gauche, les plus pauvres - Noirs et Hispaniques - ne lui accordent pas leur soutien.
S'il accomplit l'exploit de battre l'ancienne première dame au cours des primaires démocrates, les électeurs américains, le 8 novembre, se retrouveront face au choix des extrêmes. Un peu comme si en France, le second tour de la présidentielle opposait Marine Le Pen à Olivier Besancenot. Un sacré scénario qui changerait du trop prévisible remake de "Sarkozy vs Hollande".
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
lundi 14 mars 2016
BD : Humour juif et familial


« K.O. À Tel Aviv » (tome 3), Steinkis, 18 euros
dimanche 13 mars 2016
Thriller : Le faux coupable découvre le bonheur
Dominique, chômeur résigné et héros de ce roman d'Élodie Geffray, préfère la prison à l'indifférence.
Le désespoir pousse certains à faire de leur vie un véritable cauchemar. Dominique est l'exemple de ces hommes ou femmes, timides et mal dans leur peau, broyés par un système où seuls les forts en gueule parviennent à émerger. Ce paisible Parisien a toujours vécu dans l'ombre. Sans faire de vague, discret, invisible. Un travail lui permettait un minimum de reconnaissance sociale. Quand il se retrouve au chômage, crise économique aidant, il tombe vite dans une spirale infernale. Sans ressources, il est de plus en plus exclu, ostracisé. Son grand défaut, dans la novlangue de Pôle Emploi : il n'est pas assez « proactif ». Encore faut-il qu'il comprenne ce que cela veut dire. Élodie Geffray, dont c'est le premier roman, décrit longuement dans les premiers chapitres la non-vie de ce quinquagénaire mis prématurément sur la touche. Il est au bord du suicide quand il est abordé par un certain Ivan, homme à tout faire d'un ministre de la République. Il lui propose un drôle de marché, un peu comme dans l'histoire de Faust. Si Dominique endosse la responsabilité d'un meurtre, il pourra faire durant trois mois ce qu'il a toujours rêvé de réaliser.
Le roman, sous des airs de parenthèse bucolique, est un vrai thriller. Il y a bien un meurtre. Une jeune fille massacrée par Nicolas, le fils du ministre. Ivan a fait disparaître le corps. Le temps de mieux connaître Dominique, le faux coupable qui sera donné en pâture à la presse. Mais un commissaire enquête, soupçonne rapidement le jeune Nicolas. Ivan, à la manœuvre, va tenter de désamorcer le scandale. Il y parviendra. Seul problème, Dominique, de plus en plus heureux dans cette ferme auprès d'une Martine tombée sous le charme de sa simplicité, ne veut plus endosser le rôle du coupable. S'il s'est libéré de sa prison personnelle, ce n'est pas pour en rejoindre une autre. Mais peut-on reprendre sa signature après avoir signé un pacte avec le diable ? Élodie Geffray signe un polar malin et original dans lequel elle a soigné, en profondeur, toutes les personnalités des divers protagonistes.
« Et le silence sera ta peine » d'Élodie Geffray. Belfond. 18 euros
Le désespoir pousse certains à faire de leur vie un véritable cauchemar. Dominique est l'exemple de ces hommes ou femmes, timides et mal dans leur peau, broyés par un système où seuls les forts en gueule parviennent à émerger. Ce paisible Parisien a toujours vécu dans l'ombre. Sans faire de vague, discret, invisible. Un travail lui permettait un minimum de reconnaissance sociale. Quand il se retrouve au chômage, crise économique aidant, il tombe vite dans une spirale infernale. Sans ressources, il est de plus en plus exclu, ostracisé. Son grand défaut, dans la novlangue de Pôle Emploi : il n'est pas assez « proactif ». Encore faut-il qu'il comprenne ce que cela veut dire. Élodie Geffray, dont c'est le premier roman, décrit longuement dans les premiers chapitres la non-vie de ce quinquagénaire mis prématurément sur la touche. Il est au bord du suicide quand il est abordé par un certain Ivan, homme à tout faire d'un ministre de la République. Il lui propose un drôle de marché, un peu comme dans l'histoire de Faust. Si Dominique endosse la responsabilité d'un meurtre, il pourra faire durant trois mois ce qu'il a toujours rêvé de réaliser.
Le fils du ministre
Ensuite ce sera une dizaine d'années derrière les barreaux et un joli pactole à la sortie pour finir ses jours en toute tranquillité. Acculé, désespéré, Dominique accepte car « rien n'avait plus de sens pour lui et la prison était déjà son quotidien. Comment appeler autrement les barreaux que sont la solitude, la pauvreté et la timidité lorsque la société vous a mis au rebut ? » Son rêve : passer ces trois mois dans une ferme loin de tout. Découvrir la vie simple à la campagne. Avec Ivan pour escorte et chaperon, il prend ses quartiers dans une exploitation de province tenue par Martine. Il va découvrir le silence, le réveil matinal pour traire les brebis, la confection des fromages, le travail de la terre dans un potager, le plaisir de cuisiner ses propres légumes. Aussi la compréhension de Martine, gentille paysanne, elle aussi fracassée par la vie mais qui a envie de retenter sa chance.Le roman, sous des airs de parenthèse bucolique, est un vrai thriller. Il y a bien un meurtre. Une jeune fille massacrée par Nicolas, le fils du ministre. Ivan a fait disparaître le corps. Le temps de mieux connaître Dominique, le faux coupable qui sera donné en pâture à la presse. Mais un commissaire enquête, soupçonne rapidement le jeune Nicolas. Ivan, à la manœuvre, va tenter de désamorcer le scandale. Il y parviendra. Seul problème, Dominique, de plus en plus heureux dans cette ferme auprès d'une Martine tombée sous le charme de sa simplicité, ne veut plus endosser le rôle du coupable. S'il s'est libéré de sa prison personnelle, ce n'est pas pour en rejoindre une autre. Mais peut-on reprendre sa signature après avoir signé un pacte avec le diable ? Élodie Geffray signe un polar malin et original dans lequel elle a soigné, en profondeur, toutes les personnalités des divers protagonistes.
« Et le silence sera ta peine » d'Élodie Geffray. Belfond. 18 euros
samedi 12 mars 2016
BD : Orphelins manipulés

"Orphelins" (tome 3), Glénat, 14,95 euros
vendredi 11 mars 2016
DE CHOSES ET D'AUTRES : Très cher nu
Erin Andrews pèse aujourd'hui 55 millions de dollars. Non, la journaliste américaine de Fox Sports, n'a pas coché les six bons chiffres du loto. Mais c'est tout comme, après avoir gagné son procès contre un hôtel et un paparazzi improvisé. 55 millions de dollars, soit les indemnités accordées par le juge.
Cette jolie blonde, qui en 2008 travaillait pour la chaîne de sport ESPN, est filmée évoluant nue dans sa chambre. Le voyeur soudoie un employé de l'hôtel où la jeune femme réside, obtient le numéro de sa chambre et demande à emménager dans la chambre juste à côté. Le réceptionniste accepte sans poser de question. Du balcon, le vidéaste d'occasion réalise un petit film de cinq minutes qu'il diffuse sur internet dans la foulée.
A l'issue d'une longue bataille judiciaire où la journaliste attaque le "cinéaste" mais aussi l'hôtel, elle touche le jackpot. Pas évident que le voyeur n'ait les moyens de payer l'amende, par contre la grande chaîne d'hôtel déboursera la moitié de la somme, soit près de 28 millions de dollars. Une nuitée fort peu rentable.
Décidément, mieux vaut éviter de descendre dans certains hôtels aux USA. Chacun se souvient des "indélicatesses" de Dominique Strauss-Kahn. L'affaire a également été portée devant la justice, un arrangement financier a cependant permis d'éviter le procès. Dans les deux cas, on ne peut que déplorer l'attitude de ces hommes sans scrupule.
Cette jolie blonde, qui en 2008 travaillait pour la chaîne de sport ESPN, est filmée évoluant nue dans sa chambre. Le voyeur soudoie un employé de l'hôtel où la jeune femme réside, obtient le numéro de sa chambre et demande à emménager dans la chambre juste à côté. Le réceptionniste accepte sans poser de question. Du balcon, le vidéaste d'occasion réalise un petit film de cinq minutes qu'il diffuse sur internet dans la foulée.
A l'issue d'une longue bataille judiciaire où la journaliste attaque le "cinéaste" mais aussi l'hôtel, elle touche le jackpot. Pas évident que le voyeur n'ait les moyens de payer l'amende, par contre la grande chaîne d'hôtel déboursera la moitié de la somme, soit près de 28 millions de dollars. Une nuitée fort peu rentable.
Décidément, mieux vaut éviter de descendre dans certains hôtels aux USA. Chacun se souvient des "indélicatesses" de Dominique Strauss-Kahn. L'affaire a également été portée devant la justice, un arrangement financier a cependant permis d'éviter le procès. Dans les deux cas, on ne peut que déplorer l'attitude de ces hommes sans scrupule.
Cinéma : De l'inconfort d'être raisonnable

Les nuits de Philippe Mars (François Damiens) sont plus belles que ses journées. Cet informaticien, qui code 10 heures par jour, la nuit venue, rêve qu'il est astronaute. Il flotte dans l'espace, voit sa ville illuminée la nuit, se rapproche de l'immeuble impersonnel où il habite. Il est sur le point de se voir en train de dormir, le top en matière de rêve guidé quand son téléphone sonne. C'est sa femme qui à 5 heures du matin, vient lui déposer les affaires de leurs deux enfants, Sarah et Grégoire. Séparés, ils ont gardé de bons rapports. Pratique pour l'ancienne épouse qui peut ainsi mener sa carrière de journaliste en toute tranquillité. Dans son entreprise, Philippe est l'élément compétent sur qui on peut toujours s'appuyer. De plus il ne dit jamais non. Quand son boss lui demande d'aller superviser un projet qui fait du surplace, il rechigne mais accepte finalement. Comme toujours.
Oreille coupée
Phillipe va devoir "chaperonner" Jérôme (Vincent Macaigne), très compétent mais légèrement asocial. Totalement l'inverse de lui. Jérôme fait tout dans l'excès, au travail comme dans sa vie privée. Résultat il se sent martyrisé et déprécié. Comme souvent dans les grandes sociétés, le terreau fertile des psychoses de Jérôme se transforme en violent burn-out. Il lance un hachoir à viande sur le boss. Ce dernier l'évite. Pas l'oreille de Philippe. Après une opération de "raccommodage" au cours de laquelle il croit discuter avec ses parents morts depuis un an, Philippe est de nouveau réveillé en pleine nuit. Cette fois c'est Jérôme qui, après s'être échappé de l'asile psychiatrique, lui demande de l'héberger pour une nuit. Tout le film repose sur la personnalité si raisonnable de Philippe. Il tente de dire non mais au final se fait toujours avoir. Soit par faiblesse, soit par le fait accompli. Quand sa sœur lui demande de garder durant une semaine son petit chien, il est ferme : pas question. Alors elle part, résignée, mais laisse l'animal dans l'entrée, persuadée que Philippe, trop bon trop con, s'en occupera malgré tout. Et c'est ce qu'il fait. Jusqu'à sa rencontre avec Chloé (Veerle Baetens, déjà vue dans "Alabama Monroe"), presque petite amie de Jérôme, phobique mais qui n'a pas sa langue dans la poche. Une comparaison va faire prendre conscience à Philippe de l'enfermement dans lequel il se maintient volontairement en refusant tout excès ou dérogation à la norme. Le film devient alors une sorte de brûlot révolutionnaire light et Philippe découvre la vie. Tout simplement._____________________
François Damiens, tant de chemin parcouru
jeudi 10 mars 2016
DE CHOSES ET D'AUTRES : Frères et sœurs Wachowski

Dans la famille Wachowski, il y avait deux frères et deux sœurs. Les frères, passionnés de bande dessinée, étudient le cinéma et ont rapidement révolutionné l'univers de la science-fiction avec Matrix. Une histoire emberlificotée, à plusieurs niveaux, où l'on croit vivre dans une réalité qui n'est que virtuelle. Réalité, apparence, rejet... Des thèmes qui aujourd'hui prennent une autre signification avec ce double coming-out transgenre.
Lana, la première, annonce officiellement son changement de sexe en 2012, après un processus de près de dix ans. Lilly décide de franchir le pas le 8 mars dernier, journée internationale de la femme, face à l'imminente publication d'articles caricaturaux dans des tabloïds. Dans un communiqué accompagné d'une photo, elle explique : "Ma réalité, c'est que j'ai fait une transition et que je continuerai à le faire toute ma vie, à travers l'infini qui existe entre le masculin et le féminin, à l'image de l'infini entre les binaires zéro et un." Complexe...
Le parcours est long et parfois dangereux. Lors d'un de ses rares discours, Lana a avoué avoir envisagé, enfant, de se suicider à cause de ses sentiments de confusion sur l'identité. Espérons que leur démarche permettra aux milliers de transgenres qui n'arrivent pas à se faire reconnaître, de mieux vivre leur différence.
DVD : Une "Dernière leçon" à fort potentiel émotif
Préparez les mouchoirs. Impossible de rester insensible à cette histoire de fin de vie racontée avec pudeur et sensibilité par Pascale Pouzadoux.À la base "La dernière leçon" est un livre témoignage écrit par Noëlle Chatelet. La romancière y raconte les derniers jours de sa mère. Une femme forte qui a décidé d'en finir avant qu'il ne soit trop tard. Le problème du choix de la mort dans la dignité est au centre du livre et du film, qui adapte assez fidèlement l'œuvre originale. Il est vrai que Noëlle Chatelet a régulièrement séjourné sur le tournage (on le voit dans la making of proposé en bonus du DVD) et conseillé les acteurs. Les actrices surtout, Sandrine Bonnaire joue le rôle de Diane, la fille, Marthe Villalonga celle de Madeleine, la mère. Le film débute par un constat d'échec. Madeleine, au volant de sa vieille Renault 5, panique dans la circulation urbaine. Incapable de passer les vitesses. Comme paralysée. De retour chez elle, elle prend un carnet et note "Conduire" et le raye rageusement. Ce journal minimaliste liste les actions qu'elle n'est plus en état de réaliser.
À 92 ans, cette féministe convaincu, ancienne sage-femme, est aussi et surtout une tête de mule. Pas question pour elle de finir impotente dans une maison de retraite. Lors de son repas d'anniversaire, en présence de ses deux enfants, Pierre et Diane, et de ses petits-fils, elle donne, solennellement, la date prochaine de son décès. Dans deux mois. Dès lors ses enfants seront partagés. Si Diane envisage petit à petit cette fin inéluctable, comprend sa mère et ses arguments, Pierre refuse cette hypothèse.
Contrairement au livre, les deux avis sont apportés sur ce problème de société. On peut être pour ou contre le droit de mourir dans la dignité. Diane, malgré son chagrin immense, son impression d'être le soldat qui appuie sur la gâchette dans le peloton d'exécution, va laisser le libre choix à sa mère. Un formidable acte de tolérance porté par une Sandrine Bonnaire exceptionnelle. Avec justesse, elle joue cette prise de conscience, cette évolution face à un problème inéluctable.
Marthe Villalonga interprète une femme amoureuse de la vie mais usée par cette dernière. Un beau film, à voir en famille pour en parler tant qu'il est temps.
"La dernière leçon", Wild Side Vidéo, 14,99 euros le DVD
mercredi 9 mars 2016
DE CHOSES ET D'AUTRES : YouTube, tuyau d'argent

Pour ceux qui en doutent, voilà la preuve que les jeunes sont de grands consommateurs d'images. À la télévision bien évidemment mais de plus en plus sur leur ordinateur ou smartphone. Où la facilité d'accès prime sur la qualité. Car il faut bien l'avouer, en dehors de tout clivage générationnel, Cyprien et Norman ne se posent pas en génies de l'humour et de la transgression.
Par contre, ils semblent avoir compris comment faire fructifier cette célébrité naissante. La très officielle Direction générale de la répression des fraudes vient de lancer une enquête au sujet de publicités cachées dans des clips. Selon le site des Inrocks, une dizaine de vidéastes ont perçu entre 20 000 et 100 000 euros pour chanter les louanges d'une marque de voiture. À cause de cette publicité dissimulée, leur amende pourrait atteindre le montant encaissé. La publicité pour des marques n'est pas interdite. Encore faut-il dûment signer un contrat. Et payer les taxes et impôts afférents.
La valeur (de l'argent) n'attend pas le nombre des années.
BD : Mickey, l'éternel inspirateur

'Une mystérieuse mélodie', Glénat, 17 euros
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