samedi 26 septembre 2015

DVD : Défense de jouer au "Ouija"

ouija, horreur, jeuIl ne faut pas jouer seul au 'Ouija'. Quelques teenagers américains vont le regretter dans ce film d'horreur de Stiles White.Une planche avec l'alphabet dessiné dessus, un bout de bois avec une lentille grossissante au centre : un ouija, jeu qui a connu une belle renommée il y a quelques années aux USA. Au XIXe siècle, il était réservé aux adeptes de spiritisme désireux de contacter les esprits des morts. Par la suite c'est devenu une simple distraction pour les jeunes, pour connaître l'avenir. Ou se faire peur... Les scénaristes de 'Ouija', film réalisé par Stiles White (son premier film après avoir signé une dizaine de scripts tous plus horrifiques les uns que les autres) ont ressorti ce jeu des catacombes des soirées des teenagers américains pour en faire un film assez terrifiant.
Une fois la première mort violente présentée en long et en large, on peut découvrir les différents membres du groupe qui va être décimé au fil des minutes. Trois filles et deux garçons. Classique. Tout part de la volonté de Laine (Olivia Cooke) de comprendre pourquoi sa meilleure amie Debbie s'est suicidée. Elle retrouve un vieux Ouija dans la chambre de sa copine et persuade ses amis de se lancer dans une partie pour contacter leur amie récemment disparue. Avec un minimum d'effets spéciaux (excepté à la fin où, au contraire, il y en a un tout petit peu trop), le film parvient à faire peur de bout en bout. Quelques passages sont plus flippants que d'autres. La palme à la scène du grenier. Les acteurs manquent dans l'ensemble de charisme, exceptées l'interprète principale et Ana Coto qui joue la petite sœur de Laine, tendance gothique. Un excellent divertissement à voir en groupe, histoire de casser l'angoisse en riant. Ou au contraire de se faire encore plus peur...
'Ouija', Universal, 15 euros le DVD, 16,99 euros le blu-ray.

vendredi 25 septembre 2015

Livre : Les tourments d'une mère


Colm Tóibín imagine les tourments d'une mère face au sacrifice de son fils. Une réécriture de la mort de Jésus dans « Le Testament de Marie. »

Colm Tóibín, jésus, marie, dieu, robert laffontJamais elle n'a cru à cette légende. Jamais elle n'a cautionné son sacrifice. Jamais elle n'a accepté son départ, son abandon. Mais jamais, non plus, elle n'a cessé de l'aimer, son fils, le sien, pas celui de Dieu. Marie raconte à la première personne les derniers moments de son fils, Jésus. Elle se sent obligée de dire sa vérité car depuis quelques temps deux hommes viennent la voir tous les jours pour qu'elle raconte une version très déformée de la crucifixion et des dernières heures de celui qu'ils considèrent comme le fils de Dieu. Or Marie sait que la réalité est tout autre.
Colm Tóibín, écrivain irlandais au verbe lyrique et puissant, a écrit un tout nouveau testament avec les yeux d'une mère bouleversée par l'aveuglement de son fils, comme pris au jeu de ses disciples qu'elle décrit comme une « horde écumant le pays telle une avide nuée de sauterelles en quête de détresse et de peine. » Pour elle il n'y a pas eu de miracles, pas de signes divins, juste un aveuglement. Quand ces deux visiteurs viennent chez elle, Marie leur interdit de s'assoir sur une chaise. « J'ai décidé qu'elle resterait vide. Elle appartient à la mémoire, elle appartient à un homme qui ne reviendra pas, dont le corps est poussière mais qui avait autrefois une puissance dans le monde. Il ne reviendra pas. La chaise est pour lui car il ne reviendra pas. » Les deux hommes, sans doute des apôtres chargés de la protéger ou de la surveiller la contredisent. « Ton fils reviendra ».Et Marie de répondre : « Cette chaise est pour mon mari ».

Chair, os et sang
Le roman, court et intense, revient sur quelques passages de la vie de Jésus. Les noces de Cana ou la résurrection de Lazare. Mais l'essentiel du texte raconte le dernier jour, le jugement par Pilate puis la montée vers la colline et la mise en croix. Un symbole encore très présent dans les cauchemars de la narratrice. « J'ai eu le souffle coupé en voyant la croix. Elle était déjà toute prête. Elle l'attendait. Bien trop lourde pour être portée. » Cachée dans la foule qui réclame la mort de celui qui prétend être le fils de Dieu, Marie vit intensément ce fameux chemin de croix.
Mais elle y voit tout autre chose. Quand elle croise son regard, elle pousse un cri, veut se précipiter vers lui. « C'était l'enfant à qui j'avais donné naissance et voilà qu'il était plus vulnérable qu'il ne l'avait été même alors. Quand il était bébé, je m'en souviens, je le berçais en pensant que j'avais désormais quelqu'un pour veiller sur moi quand je serais vieille. Si j'avais pu imaginer, même en rêve, qu'un jour viendrait où je le verrais ainsi, tout sanglant au milieu d'une foule zélée avide de le faire saigner davantage, j'aurais crié de même, et ce cri aurait jailli d'une partie de moi qui est le centre de mon être. Le reste n'est que chair, os et sang. » Une mère, souffrant pour son enfant malgré ses errements et trahisons, voilà la vérité que raconte Colm Tóibín dans ce remarquable texte.
Michel Litout

« Le Testament de Marie », Colm Tóibín, Robert Laffont, 14 €

jeudi 24 septembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : La maladie du capitalisme

Cette histoire devrait refroidir un peu les ardeurs de ceux qui vantent les vertus du capitalisme et du libéralisme.
Un fonds d'investissement américain dirigé par Martin Shkreli, jeune homme ambitieux de 32 ans, prend le contrôle d'un laboratoire pharmaceutique dont le catalogue propose le Daraprim, un remède indispensable aux malades du sida pour les protéger de la toxoplasmose. Martin veut rentabiliser son investissement. Il décide donc d'augmenter le prix de vente du Daraprim. Coût de production d'une plaquette, environ un euro. Vendue 12. En une nuit, elle passe à... 670 euros. Une augmentation de 5 450 %. Si avec une telle culbute Martin Shkreli ne se paye pas des vacances à vie aux Seychelles, c'est à désespérer du capitalisme sauvage. Le problème évident concerne les malades, transformés en vache à lait. Du moins les rares qui auront encore les moyens de se payer le traitement. Les autres, les pauvres, ne donnent visiblement aucun remord à Martin. De toute manière, dans un an, ils seront tous morts et enterrés.
La morale de cette histoire ? Il n'y en a pas. Trouver une morale dans le capitalisme équivaut à chercher une aiguille dans une meule de foin. Il ne reste plus à la horde des utilisateurs des réseaux sociaux qu'à s'insurger contre cette augmentation astronomique. Mais leurs efforts seraient vains. Aux USA les prix des médicaments sont libres, la concurrence les rend parfois accessibles.
A contrario, le monopole les transforme en produits de luxe.

mercredi 23 septembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le scandale du cochon

Tout est dans la nuance. David Cameron, Premier ministre britannique, est accusé "d'excès de débauche" durant ses jeunes années. La débauche, ce n'est pas grave. Mais attention à l'excès. Reste à savoir quand on franchit la ligne jaune. L'affaire, qui fait grand bruit outre-Manche, a débuté avec la publication des meilleures pages d'un livre à charge signé par Lord Ashcroft, ancien vice-président du Parti conservateur.
Ashcroft qui n'a pas sa langue dans la poche, a reconnu qu'il a écrit ce livre pour se venger, David Cameron ne lui ayant pas donné le poste de ministre qu'il convoitait. Dans "Call me Dave" ("Appelez-moi Dave"), on apprend qu'en plus de fumer du cannabis et de boire plus que de raison, le jeune David Cameron, membre de la société secrète d'Oxford, le Piers Gaveston, aurait, lors d'une soirée de bizutage, "introduit une partie de son anatomie dans la gueule d'un cochon mort". Sur les réseaux sociaux, le mot-dièse #piggate (le scandale du cochon) fait florès. Et chacun d'en rajouter sur une image déjà assez peu ragoûtante.
À ceux qui voudraient prendre la défense du politique anglais, je leur conseille plutôt de voir ou revoir le film "The Riot Club" sorti en DVD chez Paramount. On suit la soirée mouvementée des jeunes et arrogants membres de cette confrérie d'étudiants d'Oxford. Ce qu'ils font dans une auberge est ignoble. Et ils s'en tirent sans le moindre dommage, assurés de finir dans les plus hautes sphères de l'État en raison de leurs fortunes. La fiction précède parfois la réalité. C'est juste une question de temps.
En bonus, la bande annonce du film "The Riot Club" :

mardi 22 septembre 2015

BD : Titeuf en grand


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Titeuf a des problèmes d'emploi du temps. De célibataire endurci surtout occupé par sa bande de copains, il se devient amoureux transi de deux filles à la fois : Nadia et Ramatou. Comme il n'arrive pas à les départager, il leur propose le plus sérieusement du monde de faire du « mi-temps amoureux ». Et d'expliquer « Le lundi : Ramatou est mon amoureuse... Mardi elle a congé et c'est Nadia qui prend sa place. » Gros avantage : « Pendant les jours de pause, vous pouvez peigner des poneys en écoutant des disques de Kevin Lover. » La réponse est cinglante. Une baffe de Nadia est la colère de Ramatou lui assenant « Grandis un peu, Titeuf ! ». Comme le héros imaginé par Zep prend tout au pied de la lettre, il va tenter d'accélérer son adolescence. Cela donne une kyrielle de gags et autres trouvailles par un auteur qui semble avoir retrouvé la flamme de ses débuts. Entre la découverte des spermatozoïdes, la prise de testostérone et la poussée de boutons, le gamin à la houppe va aller de désillusion en désillusion. Pourtant il aimerait tant grandir un peu et embrasser (avec la langue) la belle Ramatou...
« Titeuf » (tome 14), Glénat, 9,99 €



lundi 21 septembre 2015

BD : Amours spatiales


space serenade, bernstein, witko, fluide glacial
Stéfie a trop d'imagination. Incapable de trouver l'amour dans la vraie vie (ses rares prétendants sont tout le temps d'abominables saligauds), elle s'invente des romances futuristes. Avec le beau Steeve, elle imagine des prouesses sexuelles de plus en plus déjantées. Tout ce qu'elle ne peut pas faire sur terre, elle se le permet sur ses planètes fictives. Cela va donc de l'utilisation à des fins très personnelles d'un robot aux qualités cachées, de la découverte d'une planète primitive où toutes les plantes ont des formes phalliques suggestives ou les nuits passées dans le Planet Libertin, un club échangiste sur Aphrodis. Ces histoires courtes sont imaginées par une certaine Claude Comète (pseudo de Jorge Bernstein déjà auteur de la BD Fastefoode et de plusieurs livres d'humour) et dessinées par Nikola Witko, un vieux routier de l'édition indépendante (Requins Marteaux, Carabas...) qui trouve avec cette publication dans les pages de Fluide Glacial une reconnaissance du grand public.

« Space sérénade », Fluide Glacial, 14 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : le Gloubiboulga de la pensée française

Chaque année, l'émission de Laurent Ruquier le samedi soir sur France 2 bénéficie d'une jolie polémique pour augmenter sa notoriété (et par la même occasion ses audiences). Après le cas Caron (qui a succédé à Zemmour, Naulleau et autres Polony) chroniqueur aussi hargneux avec les invités qu'un yorkshire avec un os de poulet, le plateau semblait s'être assagi. Léa Salamé, toujours aussi incisive, fait cette année équipe avec Yann Moix, romancier. Alors pour relever un peu la sauce, Laurent Ruquier invite Michel Onfray, philosophe et meilleur ennemi de Moix. Et ce qui devait arriver arriva, Onfray, dans le rôle du gros matou matois, a fait le dos rond face à Moix, transformé en roquet irascible. Pas de débat. Juste des bas. Vu de l'extérieur, et à condition de ne pas être avoir de parti-pris, Onfray sort vainqueur de cette fausse joute verbale. Pourtant il n'a quasiment pas pu en placer une, sans cesse interrompu par un chroniqueur encore à la recherche de ses étoiles de général de la polémique. Sur le fond, pas grand chose à retenir. Par contre sur la forme, un mot m'a interpellé. Onfray, pour dénier le droit à Moix de juger ses positions, argumente : « J'ai dit que vous étiez un excellent romancier, je le crois toujours. Mais il ne faut pas vous essayer à la pensée, ce n'est fait pas pour vous. C'est un gloubiboulga... » Depuis je m'interroge. Comment celui qui est présenté comme un grand penseur de gauche connaît-il l'existence du gloubiboulga, la nourriture préférée de Casimir ? Complètement anecdotique, j'avoue, mais ça me turlupine...  

dimanche 20 septembre 2015

BD : Robots psychopathes dans "RUST"

rust, robots, s-cats, blengino, nesskain, delcourt, comics
Dans un futur proche, la Terre est victime d'une attaque surprise. Pas des terroristes, ni des extraterrestres, mais des robots géants sortis des entrailles de la terre. Les S-Cats ont tué les deux-tiers des humains en une semaine. Seule solution pour survivre, s'enterrer. 25 ans plus tard quelques zones de survivants tentent de lancer la contre-attaque. Des savants ont mis au point des Robot Unit, gigantesques machineries d'acier et de matière vivante que de rares humains peuvent contrôler. Problème, les pilotes « compatibles » sont tous morts au combat. Il ne reste plus aux autorités qu'une « black list » pour sauver l'Humanité. Voilà comment un serial killer, un révolutionnaire, un tueur à gages, un mercenaire et une prêtresse fanatique se retrouvent aux commandes des armes les plus puissantes de l'histoire. Le résumé de cette série écrite par Blengino et dessinée par Nesskain est prometteur. Les 150 pages du premier tome confirment qu'une bonne idée peut se transformer en excellente BD. Personnages atypiques, créatures imaginaires époustouflantes, combats épiques et suspense grandissant font de RUST la très bonne surprise de cette rentrée dans la catégorie Comics.

« R.U.S.T. » (tome 1), Delcourt, 17,95 €

BD : La jeunesse de De Gaulle


charles de gaulle, le Naour, plumail, bamboo, grand angle
Jeune officier prisonnier durant la première guerre mondiale, Charles de Gaulle prouve qu'il a de la suite dans les idées. Capturé en mars 1916, il tentera cinq fois de s'évader. La seconde fois, il reste 10 jours en cavale, repris à quelques kilomètres de la frontière. Jean-Yves Le Naour, historien et grand vulgarisateur de sa discipline, signe un scénario fidèle des péripéties de ce jeune soldat français, pétri de courage et de fierté. Longtemps déprimé car inutile à son pays entre les quatre murs de sa cellule, il n'a jamais baissé les bras, multipliant les plans pour s'échapper. Du déguisement à la descente des remparts à l'aide de draps déchirés et noués entre-eux en passant par la dissimulation dans le linge sale, De Gaulle fait preuve d'inventivité. Pour rien. Il ne retrouvera sa famille qu'en 1918, une fois les Allemands vaincus. Dessiné par Plumail, cet album montre les premiers pas d'un chef incontesté, sévère avec son état-major et persuadé que l'Armistice ne sera qu'une pause avant la reprise des volontés hégémoniques des Allemands.

« Charles De Gaulle » (tome 1), Bamboo, 13,90 €

samedi 19 septembre 2015

BD : Frère et sœur à la passion


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Zidrou est un pseudonyme. Mais parfois on se demande s'ils ne sont pas plusieurs à écrire sous ce nom. Scénariste très actif, il passe du gag classique (Tamara) au récit poignant (Boule à zéro) en passant par la saga historique (Bouffon) ou la reprise de héros mythique (Ric Hochet). Et puis il se permet parfois des histoires hors normes, dérangeantes et puissantes. C'est le cas avec « L'indivision » histoire dessinée par Benoit Springer. Virginie et Martin sont frère et sœur. Leur père vient de mourir. Martin, après de longues années passées à l'étranger revient sur cette côte du Nord pour régler les dernières paperasseries. Notamment décider du sort de la maison familiale, vieille, presque en ruines, mais chargée de souvenirs. Virginie, vétérinaire, mariée et mère de deux enfants, veut s'en défaire. Martin refuse. Il sait que c'est la dernière chose qui le reliera à sa sœur adorée. Car entre Virginie et Martin, il existe un lien encore plus fort que la famille, un lien sensuel, charnel... Superbe récit pour aborder un tabou de notre société, avec délicatesse et tact. Un album à ne pas mettre entre toutes les mains, mais qui émouvra ceux qui ont une ouverture d'esprit suffisante.

« L'indivision », Futuropolis, 15 €