mardi 4 août 2015

BD - Lewis Trondheim en balade


Ecosse, Angoulême, Canada... Lewis Trondheim, le succès aidant, a l'occasion de dépenser ses énormes droits d'auteur en divers voyages d'agrément. Donc, entre deux bouclages, il découvre le monde et en profite pour se dérouiller la main dans des gags où il se met en scène ou dans des dessins d'après décors authentiques. Il distille le tout sur son blog puis reprend ces tranches de vie dans des albums aux parutions aléatoires. Le septième recueil vient de paraître. On apprend que Lewis a visité l'Ecosse, le Canada, a participé à quelques festivals, s'est cassé le coude et a croisé la route d'un « arbre en furie » qui a donné son titre à l'album. 
Avec souvent des réflexions sur le temps qui passe et l'âge avec. Le tout avec une certaine ironie comme quand il décide de mettre à jour son répertoire téléphonique et découvre que certaines de ses connaissances sont mortes. Quatre, pas mal... Il s'inquiète quand à la boulangerie, voulant régler avec des petites pièces, la jeune vendeuse lui demande de tout lui donner qu'elle triera. « Comme les vieux... » ne peut-il s'empêcher de penser. Mais le coup dur, la page qui marque, c'est celle dessinée le jour de la tuerie à Charlie Hebdo. Parmi les victimes, Wolinski, son « meilleur ennemi » dans la profession...

« Les petits riens de Lewis Trondheim » (tome 7), Delcourt, 12,50 euros


lundi 3 août 2015

BD - Démons possessifs dans "Outcast"


Robert Kirkman est le scénariste américain qui monte. La faute aux zombies de Walking Dead, comics qu'il a créé puis adapté à la télévision avec le succès planétaire que l'on sait. La saga des zombies lui laisse cependant un peu de temps pour se consacrer à d'autres univers. Horrifiques, eux aussi. 
« Outcast » lorgne ouvertement vers l'univers du film « L'exorciste ». Le révérend Anderson officie comme exorciste. Il demande souvent de l'aide à Kyle Barnes, dépressif ayant un rapport fort avec les forces de l'au-delà. Dessinée par Paul Azaceta, cette série prometteuse vaut pour la terreur qu'elle génère mais également le passionnant portrait psychologique de Kyle.

« Outcast », Delcourt, 16,95 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES - Sarko lit


Donc, l'été, Nicolas Sarkozy lit. Il le fait savoir et publie un tweet illustré de son portrait, un livre de poche à la main. « L'adieu aux armes » d'Hemingway en Folio avec cette légende : « Un bon livre pour l’été, l'idéal pour se reposer et se ressourcer. Bon vendredi à tous ! #VendrediLecture ». Immédiatement, il est l'objet d'une multitude de railleries sur Twitter. Les plus méchants détournent l'image et changent la couverture. Exit Hemingway, et place à « Oui-Oui », « Y a-t-il une vie après la prison ? », « La politique pour les Nuls » et même le fantômatique « 1793 » de Victor Hugo (rappel d'une précédente bourde littéraire d'un certain Nicolas Sarkozy). En voulant participer à un mouvement hautement sympathique (le mot-dièse #VendrediLecture permet aux internautes de citer le livre qu'ils lisent ce jour précis), il se retrouve tourné en ridicule. 
La faute à la forme. Généralement, un #VendrediLecture s'accompagne, au mieux, de la couverture du livre. Jamais de la photo du lecteur, en pied, décontracté en chemise ouverte, barbe de trois jours, le regard fixé vers l'objectif, comme s'il était plus important que le livre... Les conseillers de Sarkozy oublient que dans ce genre de tweet, l'essentiel n'est pas le prescripteur, mais l'œuvre choisie. 
Reste que le roman d'Hemingway est un excellent choix. Mieux en tout cas que « L'histoire de France pour les nuls », rendu célèbre en 2007 entre les mains de François Hollande, lui aussi en vacances, sur une photo volée où il est étendu sur une serviette de plage en short de bain.

dimanche 2 août 2015

BD - Bombe à Tel Aviv


Mike's Place, bar à Tel Aviv, est un des rares endroits en Israël où la politique n'a pas droit de cité. Seule la bonne musique et l'esprit festif sont admis dans ce petit paradis de quiétude. Au printemps 2003, Jack Baxter, cinéaste américain, découvre cette oasis. Il tourne des dizaines de rushes sur les patrons, les barmen, les clients. Il veut faire de ce reportage une ode à l'entente entre les peuples, à la paix. 
Mais quelques jours avant son départ, un kamikaze d'Al Qaïda se fait exploser à l'entrée du Mike's Place. Dom, la serveuse française est tuée, Jack grièvement blessé. Ce roman graphique en noir et blanc de 200 pages dessinées par Koren Shadmi raconte cette histoire où s'entremêle de multiples sujets, de l'amitié à l'amour en passant par la religion, forcément. Une œuvre en complément du film, rare témoignage du véritable Israël.

« Mike's Place », Steinkis, 20 euros

samedi 1 août 2015

BD - La mafia du catch


Si la BD japonaise prospère en France, l'inverse n'est pas vrai. La production franco-belge, pourtant pléthorique, n'arrive jamais au pays du Soleil Levant. A de rares exceptions. L'exemple de « La République du catch » de Nicolas de Crécy prouve pourtant qu'il existe des passerelles. Mais au lieu de simplement diffuser des œuvres déjà existantes, les éditeurs japonais préfèrent des histoires formatées pour leurs revues. 
C'est donc à une commande que le créateur de Léon La Came a répondu. 200 pages à livrer en huit mois pour le mensuel « Ultra Jump ». Avec parution en album simultanée en France et au Japon. Mario, petit marchand de piano, est l'oncle d'Enzo, bébé terreur à la tête de la mafia locale. Ses hommes de main, ce sont des catcheurs. On croise également un manchot (l'animal) mélomane, des fantômes faibles et la tête d'un tueur à gages. Sans oublier la belle Bérénice, à la peau si douce... aux muscles si durs. 
Seul bémol dans cette histoire dense et dessinée dans ce style inimitable, la fin appelle une suite. Qui n'est pas assurée d'exister. Tout dépend du succès du livre au Japon. Amis Nippons, vous savez ce qu'il vous reste à faire !
« La république du catch », Casterman, 20 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le riant été

J'avoue mon admiration sans borne face à la bêtise de certaines personnes, héros involontaires de faits divers estivaux. Le « teufeur » brouteur, la mère et son bébé maquillé à l'auto-bronzant, le jeune rebelle à l'équilibre chancelant : trois exemples glanés cette semaine dans la presse.
Publiée dans l'Indépendant (édition de Carcassonne), l'histoire du « teufeur » brouteur dans un petit village de la Montagne noire : à l'issue d'une rave, les gendarmes remarquent un jeune à quatre pattes dans une prairie. Explication fournie par l'intéressé à la maréchaussée : il cherche un bon coin... pour brouter de l'herbe. Laissé en liberté, le compte-rendu ne précise pas si l'énergumène est une recrue de la mairie de Grenoble (où les espaces publics sont désormais entretenus par des moutons).
Outre-Manche, cette maman veut être belle malgré sa récente maternité. Elle se badigeonne donc la poitrine d'auto-bronzant. Et dans la foulée, donne le sein à son bébé. Surprise, une fois la tétée terminée, l'enfant est bronzé, mais uniquement de la joue droite, du menton et du bout du nez. La maman s'excuse sur Facebook, le bébé a retrouvé son teint rose en quelques jours.
Enfin la palme revient à ce jeune qui fait la fête dans un appartement de Colmar. Il repère une voiture de police. Rebelle, tient à cracher sur les forces de l'ordre. Prend son élan et bascule par-dessus la rambarde. Bilan : trauma crânien et multiples fractures. Sans compter les poursuites judiciaires pour « outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique ». Et non, l'été tout n'est pas permis.

vendredi 31 juillet 2015

Roman noir - Conscience alignée dans « L'alignement des équinoxes »

Il y a du Dantec dans « L'alignement des équinoxes », premier roman noir (très noir) de Sébastien Raizer dans la Série Noire qui fête cette année son 70e anniversaire.


Pour rester dans les codes du genre, les deux héros du roman policier de Sébastien Raizer sont flics. Des inspecteurs de la criminelle au 36 quai des Orfèvres. Mais Papy Maigret est loin. Même San-Antonio semble banal à côté de Wolf et Silver
Wolf, le mec, ancien commando dans l'armée, dur et solitaire. Silver, la fille, d'origine asiatique, adoptée par des Français moyens, dure et solitaire. Un couple sans en être un. Jamais ils ne se touchent. Respect, confiance, mais pas un gramme de tendresse entre eux. Logique quand on découvre un peu plus leurs personnalités. Ce ne sont pas des êtres humains que l'on aime croiser la nuit dans une ruelle mal éclairée. Et si par malheur vous vous retrouvez en garde à vue, priez pour ne jamais tomber entre leurs mains. La police dans ce présent aux airs de futur proche ne supporte plus les dérives du code de procédure pénale. Si chaque suspect a droit à un avocat, bientôt chaque policier devra lui aussi avoir un défenseur tant le moindre clignement d'oeil ou éternuement peut se transformer en « agression caractérisée » ou « moyen de pression psychologique pour faire avouer un témoin ». Ils doivent souvent se contenter de faits divers routiniers comme ce suicide par pendaison d'un gamin dans un centre de réinsertion. « Allé tous crevé, Jihad ! » a-t-il laissé sur un bout de papier. Peu optimiste face à la dérive de notre société, Wolf constate amer que « décidément, le Jihad était à la mode dans ce monde où la mort était la dernière grande aventure qui ne discriminait personne, où l'extrême nihilisme tenait à la fois lieu de destin et de revanche sociale. »

Décapité
L'enquête au centre de ce thriller débute véritablement quand une patrouille de nuit est prévenue qu'un homme vient d'être assassiné dans un appartement parisien. Effectivement ils découvrent un corps... la tête quelques mètres plus loin. La tueuse, une jeune femme d'une beauté extrême, est assise dans un coin de la pièce. Devant elle le sabre de samouraï avec lequel elle a décapité sa victime est planté dans le plancher. Elle s'appelle Karen et va envahir l'esprit de Wolf chargé de l'interroger. Si elle reconnaît le meurtre, elle préfère philosopher que de s'expliquer. Le tuer était nécessaire pour atteindre le stade ultime de « l'alignement ». Folle ? Non car Silver comprend parfaitement la signification de cette démarche et que Wolf, lui aussi, semble sensible à cette théorie de « l'alignement des équinoxes » donnant son nom au roman.
Le texte devient encore plus symbolique, chaque personnage ayant plusieurs facettes, interférant les unes sur les autres au gré de leur avancement dans ce fameux « alignement ». En résumé, il est question de fin du monde, de végétalisme, de psychologie, de sexe, d'agriculture biologique (« un oxymore qui ne devrait pas exister ») et bien sûr de mort. Enfin, ce que l'on appelle communément la mort. Dans ce roman, il apparaît que parfois, un esprit a suffisamment de force intrinsèque pour survivre à son enveloppe charnelle.
Beaucoup de fantastique, un peu de technique, de la baston, un « grand méchant » mémorable et vous voilà plongé dans 450 pages qui ne vous laissent pas indemnes. Et même si Sébastien Raizer, Français vivant à Kyoto, ne s'en réfère pas dans ses remerciement (il cite Mishima et Philip K. Dick), ce texte fait furieusement penser aux univers de Maurice G. Dantec. Et comme tout ne se termine pas forcément mal, une suite est annoncée en 2016.

« L'alignement des équinoxes », Gallimard Série noire, 20 €

DE CHOSES ET D'AUTRES - Russie, pays de cocagne 2.0

La Russie de Poutine va-t-elle gagner ses galons de pays refuge pour les grands incompris de ce monde ? Si Edward Snowden est le plus bel exemple de cette nouvelle politique, le risque de dérive est malgré tout omniprésent chez l'ancien homme fort des services secrets russes. Comment comparer la liberté d'information défendue par Snowden (révélations sur les écoutes de la NSA américaine) et l'accueil triomphal accordé à Gérard Depardieu, acteur rechignant à payer ses impôts en France. Mais le pire est à venir. 
Silvio Berlusconi, ancien chef du gouvernement italien, poursuivi de toute part par la justice en raison de ses affaires louches, soirées olé-olé (Bunga Bunga en langage berlusconien) et pressions sur la presse et la justice, vient de déclarer que Poutine serait prêt à lui offrir le poste de ministre des Finances. A 79 ans, le Cavaliere se rêve encore membre de la confrérie des puissants du monde. Un dernier sursaut de mégalomanie qui a fait rire le maître du Kremlin mais pourrait donner des idées aux incompris, rejetés et désavoués de tous bords. Jérôme Cahuzac postulera-t-il au ministère du Budget russe ? Même si placer des roubles sur un compte secret à Singapour s'avérerait sans nul doute moins rentable que des euros. 
Sepp Blatter, celui qui fait rimer foot et magouille, rebondira-t-il avec délectation au poste de coordinateur du mondial 2018 en... Russie ? Et si au passage Vladimir pouvait nous débarrasser de Jean-Marie Le Pen, Michel Sardou et Jacques Séguéla (le must dans la catégorie vieux râleurs jamais contents), je lui accorde ma reconnaissante éternelle.

jeudi 30 juillet 2015

Cinéma - Petit Prince générateur de rêves


Adapter le chef-d'œuvre de Saint-Exupéry n'est pas une mince affaire. Mark Osborne contourne la difficulté en jouant sur le contraste entre rêve et réalité.


Le projet a mis neuf années avant d'être bouclé ? Neuf années durant lesquelles le producteur français Dimitri Rassam a cherché la bonne idée pour contourner cet Everest de la littérature française et le réalisateur qui aurait l'envergure pour se frotter à un tel défi. Tout s'est débloqué quand Mark Osborne a rejoint le bateau. Le réalisateur de Kung Fu Panda et Bob L'éponge a pris le risque de signer un film d'animation plus intelligent que comique. Toute la difficulté résidait dans l'univers graphique du roman mondialement célèbre grâce aux aquarelles de l'auteur. Comment incorporer ces dessins en partie naïfs dans un long-métrage en images de synthèse ? Osborne a imaginé un film dans le film.
Dans un futur proche, carré et gris, une petite fille est poussée à l'excellence par sa mère exigeante. Pour intégrer la prestigieuse école Wuerth, elles aménagent à proximité de l'établissement. Pendant que la mère travaille d'arrache-pied pour assurer le quotidien, la fillette doit suivre un programme harassant, à la minute près, au cours duquel elle doit intégrer mathématiques, géométrie et autres formules savantes et peut réjouissantes. Le hic, c'est le voisin. Sa maison, totalement extravagante, tombe en ruine. Dans son jardin il tente de réparer un vieil aéronef. Un biplan à hélice que les lecteurs du Petit Prince reconnaissent malgré son état de délabrement avancé.

La petite fille et l'aviateur
Le papy gâteux est en réalité l'aviateur du récit de Saint-Exupéry. Pour entrer en contact avec la petite fille qui s'échine à intégrer des équations complexes, il lui envoie, sous forme d'un avion en papier, la première page de son récit, quand perdu dans le désert, il a rencontré ce gamin qui lui a demandé de lui dessiner un mouton. La technique change pour ces passages directement inspirés du livre. Exit la précision des ordinateurs, place au tremblé du papier découpé en stop motion. La rose, le départ de la planète, l'arrivée sur terre et la rencontre avec le renard, les grands thèmes du roman d'Antoine de Saint-Exupéry sont repris sous forme de courtes scénettes, comme des rêves dans la vie trop rigide et triste de la fillette. Séduite par cet univers, elle délaisse de plus en plus ses devoirs et rend régulièrement visite à son voisin rêveur. Son quotidien, de triste, devient joyeux et festif. Oubliés les livres ternes, place à l'émerveillement du vol d'un papillon... Le scénario d'Osborne donne l'occasion aux enfants de s'identifier à cette fillette en mal de rêveries. Elle va s'approprier l'histoire jusqu'au dénouement. Triste. Trop triste. Elle ne veut pas croire à cette histoire de serpent. Persuadée que le Petit Prince, son Petit Prince est toujours en vie, elle entreprend un voyage risqué pour en être sûre. C'est la troisième partie du film, la plus inventive, où les deux univers se mélangent et se complètent à merveille.
Si dans la version originale c'est Jeff Bridges qui prête sa voix à l'aviateur, dans la version française André Dussolier donne une profondeur humaine à ce personnage décalé. Florence Foresti est méconnaissable dans le rôle de la mère trop occupée. Mention spéciale à Guillaume Gallienne dans la peu du serpent. Un comédien qui s'était déjà illustré en donnant sa voix à Paddington.
Un film pour toute la famille, qui donne envie de redécouvrir le roman original et d'être moins exigeant avec ses enfants, la rêverie restant le meilleur chemin pour l'épanouissement personnel.

DE CHOSES ET D'AUTRES - Sacré plan bis, Yanis


Savez-vous comment on appelait en argot londonien de la fin du XIXe siècle un tricheur aux dés ? Une récente lecture (Le magicien de Whitechapel, de Benn, Dargaud) m'a fait découvrir qu'ils répondaient au sobriquet de « Grecs ». Décidément les inventeurs de la démocratie, s'ils ont dominé le bassin méditerranéen il y a plus de 2000 ans, ont beaucoup perdu de leur prestige. Oublions la triste époque des colonels, quand une dictature militaire restait la meilleure garantie contre le risque communiste... Assimiler les Grecs à des tricheurs paraît un peu exagéré, même si les récentes révélations sur le « plan B » de Yanis Varoufakis, ancien ministre des Finances grec, confirme cette impression. Quand on n'a plus d'argent pour miser, la raison veut que l'on déclare forfait. 
Pas Varoufakis qui en bon « Grec » (dans le sens tricheur) a imaginé un audacieux tour de passe-passe. L'idée de base consiste à pirater le logiciel de l'administration fiscale grecque. L'objectif, créer des comptes parallèles qui ne fonctionnent pas en euros, mais en « euros bis ». Une nouvelle monnaie virtuelle (pour ne pas dire de singe), mais une monnaie quand même, reconnue par l'État grec. Varoufakis, qui n'a jamais caché sa passion pour le rock, semble également avoir de grandes capacités à imaginer des intrigues dignes des meilleurs thrillers. Au chômage depuis son éviction du gouvernement, je lui suggère de se reconvertir dans l'écriture. Jean Van Hamme vient d'annoncer son intention de se retirer des aventures de Largo Winch, le milliardaire frondeur. Varoufakis devrait postuler. Il a déjà la moitié du prochain scénario...