lundi 9 mars 2015

Livre : Ado turbulente à la Manoeuvre

Manon Manoeuvre, fille de Philippe Manoeuvre, raconte dans ce témoignage cru et poignant comment elle a été enfermée, par sa propre mère, dans une véritable école-prison pour adolescents rebelles.

Pauvre petite fille riche et privilégiée... Manon Manœuvre, fille de Philippe Manœuvre, journaliste rock et animateur télé, est née du coup de foudre trop court de l'agité du PAF (Les enfants du Rock...) et d'une actrice anglaise, Carey More, incroyablement belle. Très vite le couple se sépare et la mère s'installe en Californie avec la fillette. Manon passe quelques vacances en France, entre Corse, Paris et le centre du pays. Les liens se distendent avec son père, pas assez présent, trop occupé par ses multiples activités. Rien de bien exceptionnel, une vie classique de fille de divorcés, avec l'argent en plus. La jeune fille, aujourd'hui âgée de plus de 20 ans, revient sur son adolescence marquée par les excès et un passage dans une école-prison traumatisante. Un témoignage cru et détaillé, qui n'épargne personne, de la mère au père en passant par le milieu trop gâté des riches Californiens.
Ecrit dans une simplicité parfois déroutante (on entend presque la gamine parler et s'offusquer), le récit de cette enfance fait la part belle à la Californie. Ce pays si beau, ensoleillé, ouvert et où tout est possible pour ceux et celles qui ont de l'argent et savent mentir sur leur âge. Manon Manœuvre dans le genre est imbattable. A peine âgée de 13 ans, elle se fait passer pour une femme de 18 ans. A 14 ans, elle traîne avec des adultes de 25 ans, partage leurs jeux sexuels, expérimente toute sorte de drogues et fugue régulièrement. Un père absent, une mère dépassée : elle est sur la mauvaise pente, en a parfaitement conscience mais pour rien au monde ne veut amender son comportement.
Mauvais résultats scolaires, exclusion de lycées privés pourtant peu regardant sur le comportement de leurs élèves tant que les parents payent les études : la mère de Manon décide de prendre le taureau par les cornes. Elle la fait admettre dans une école mormone en plein désert de l'Utah. Et là, la vie de Manon bascule.

Rigueur et humiliation
Dans cette « prison » elle perd son nom et devient le matricule 368. « Ces mormons, forçant les gens à être clean en leur filant des pilules, n'allaient pas nous foutre la paix, tant que nous ne nous soyons pas repenties de nos péchés et devenues les zombies de la nation. » Tout dans le fonctionnement de l'école n'est que rigueur et humiliation. Un monde abominable pour Manon qui aime s'habiller léger, écouter du rock très fort, boire de l'alcool et s'amuser avec ses copains. Terminée la débauche... Un cauchemar qui va durer de longs mois. Dans ce récit, elle raconte aussi et surtout comment son père est parvenu à la sortir des griffes de la « Provo Canyon School ». Il devra utiliser les services d'un excellent avocat pour récupérer sa fille. Dans la voiture qui les conduit à l’aéroport pour rejoindre New York puis Paris, Philipe Manœuvre offre à sa fille une cigarette, « Je l'ai allumée et j'en ai tiré une bouffée, ça avait le goût de la liberté ». La suite, une enfance normale, à Paris, avec un père aimant et tolérant. Et aujourd'hui ce témoignage sur les graves dérives du système éducatif privé américain.

« Petite agitée », Manon Manoeuvre, Flammarion, 19 euros

dimanche 8 mars 2015

Livre - L'agonie de Nauru

Une île perdue dans le Pacifique. Sa richesse : le phosphate. Sa malédiction : le gisement n'est pas éternel. Aymeric Patricot raconte la vertigineuse chute d'un empire de papier.

Une petite île, perdue dans l'immensité du Pacifique. Nauru est loin de tout. Elle ressemble à l'île de Robinson Crusoé. Mais elle n'est pas déserte. Quelques milliers d'autochtones y vivent depuis des siècles. Pêche, élevage, farniente au bord des plages protégées par la barrière de corail ont longtemps suffi aux Nauruans. Et puis les colonisateurs sont arrivés. Les Allemands, puis les Australiens avec une brève occupation japonaise durant la seconde guerre mondiale. Au début du 20e siècle, les Australiens découvrent dans son sol une richesse inestimable : du phosphate. L'extraction de la matière, concentrée sur le plateau central, débute intensivement. Une mine d'or pour la compagnie minière, la NPC comme Nauru Phosphate Corporation. 
Aymeric Patricot raconte dans ce roman comment cette manne du ciel se transforme en malédiction. Une descente aux enfers que l'on suit par l'entreprise de Willie, le narrateur et héros du livre. Ce jeune Philippin est arrivé à l'âge de huit ans sur l'île, peu de temps après la mort de son père. Il est adopté, devient bon élève et naturellement est embauché par la NPC comme les 2/3 des habitants de Nauru. Il gravit lentement les échelons, se marie, a des enfants. La parfaite intégration, une réussite qui lui ouvre les yeux, aiguise son ambition. Il apprend beaucoup au côté d'Erland, un Scandinave à la tête des services financiers de la compagnie. « Erland semblait avoir de l'affection pour moi. Il y avait certes de la condescendance dans son attitude – il m'appelait son petit indigène – mais c'était sur le même ton de sarcasme qu'il parlait de toute chose ». Willie, sorte de Vendredi de ce blond Robinson, s'émancipe et s'impose en haut de la hiérarchie. Du moins, dans le petit cadre des places réservées aux autochtones.

Une montagne d'argent
Au début des années 60, Nauru est toujours une simple dépendance de l'Australie. Les immenses richesses de son sous-sol ne lui reviennent pas directement. La décolonisation parvient quand même sur les plages de sable blanc et en 1968, l'île devient officiellement la plus petite république de la planète. Une des plus riches aussi. Willie devient directeur de la NPC puis président. Il sera un des premiers à s'inquiéter de l'épuisement des richesses. L'argent est pour beaucoup reversé aux habitants, mais des millions sont toujours disponibles. Il va lancer, sur les conseils d'Erland, un vaste plan de diversification des investissements. Immobilier, exploitations agricoles, placements financiers : il a entre ses mains l'avenir de tout son peuple. Le petit indigène s'est sans doute cru trop intelligent, le monde de la finance est impitoyable et quand les mines ne produisent plus, les placements extérieurs ne parviennent pas à maintenir le niveau de vie du pays qui fait inexorablement faillite. A cela s'ajoute la catastrophe écologique : « Il me fallait aussi écouter les récriminations des agriculteurs protestant contre la destruction des sols. Ces derniers ne donnaient plus rien. Quant aux territoires centraux, qu'on avait envisagé de récupérer, ils s'étaient révélés appauvris par des décennies d'extraction du phosphate. » Voilà pourquoi le personnage principal constate, amer, qu'il a entraîné son peuple dans cette aventure.
Un roman sur la faiblesse humaine, les illusions de la richesse et du pouvoir. L'auteur prévient cependant que ce récit « n'a pas de prétention documentaire. Le destin de cette île concentre celui de dizaines d'autres dans le Pacifique. » Et l'on ne peut que faire le rapprochement avec un autre caillou du Pacifique, la Nouvelle-Calédonie, premier producteur de nickel au monde. Mais jusqu'à quand ?

« J'ai entraîné mon peuple dans cette aventure », Aymeric Patricot, Anne Carrière, 18 €

BD - Nazis spatiaux


Richard D. Nolane s'est spécialisé dans la BD historique uchronique. Sa période de prédilection : la seconde guerre mondiale. Dans ses différentes séries (Wunderwaffen, notamment), l'Allemagne l'emporte. La France devient une alliée de Hitler, l'Angleterre et la Russie tombent aussi dans le nazisme. Les SS règnent de l'Irlande à Vladivostok. Seule l'Amérique, tout en restant neutre, tente de s'opposer à première puissance mondiale. Hitler a la technologie avec lui. 
Un certain von Braun a mis au point des fusées capables de traverser l'Atlantique et de semer la mort sur la cote Est des USA. Ce n'est qu'une menace, mais elle est prise au sérieux par Lindberg, le nouveau président US. Il faut répliquer et pour cela construire des fusées aussi efficaces. Cette guerre de l'espace inédite est donc au centre de la nouvelle série dessinée par Nikolic. On y retrouve De Gaulle, réfugié en Martinique, très affaibli mais soutenu par les Américains. Le savant Verdier va être « prêté » aux Américains pour progresser dans la conception de fusées. 
Toujours aussi étonnants, ces récits décalés séduisent par leur inventivité et cette façon inégalable de réécrire l'Histoire de l'Europe.

« Space Reich » (tome 1), Soleil, 14,50 €

samedi 7 mars 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Se chauffer à la bougie


Au XXIe siècle, peut-on encore se chauffer à la bougie ? Vous avez bien lu, pas s'éclairer mais se chauffer. Un journaliste anglais a diffusé sa trouvaille sur internet. Il prétend pouvoir élever la température d'une pièce simplement à l'aide d'une bougie chauffe-plats... et de deux pots de fleurs. Mettez la bougie sur une soucoupe. Allumez-la. Recouvrez le tout d'un premier pot de fleur retourné (en terre cuite uniquement, le plastique est formellement déconseillé par l'amicale des pompiers), puis d'un second, un peu plus large. Voilà normalement le radiateur le moins cher du monde : 10 centimes. 
Démonstration époustouflante ? Trop beau pour être vrai. Certes la chaleur rayonne autour de l'installation, mais pas suffisamment pour faire grimper le thermomètre de plus de 2 ou 3 degrés. En fait, la base de tout chauffage efficace réside dans une bonne isolation. Et notre bricoleur écologiste a la chance de posséder une maison très performante. Pour preuve, il avoue dans une interview que le simple fonctionnement de ses deux ordinateurs suffit à rendre vivable la fameuse pièce. Il n'empêche que son petit film a été partagé des millions de fois, comme si le quidam ne demandait qu'à croire qu'il est possible d'éviter les factures de chauffage calamiteuses
Et allez savoir, la combine a peut-être attiré l'attention de quelques escrocs. Un bonimenteur professionnel parviendrait sûrement à vendre le procédé plusieurs millions d'euros, à un grand groupe industriel. Impensable ? Souvenez-vous des avions renifleurs de pétrole...

vendredi 6 mars 2015

Cinéma - Les petits fiancés du Japon

Une Belge de 20 ans rêve de devenir écrivain… et Japonaise. "Tokyo fiancée", film de Stefan Liberski, est adapté du roman « Ni d’Eve ni d’Adam » de sa compatriote Amélie Nothomb.


Une Belge amoureuse du Japon. Un Japonais amoureux de la France. Dans Tokyo, ville gigantesque, ils vont pourtant se trouver, se comprendre, s’aimer. Cette histoire d’amour peu banale est la trame du film Tokyo fiancée réalisé par Stefan Liberski. Ce cinéaste belge, également écrivain, scénariste de BD et trublion à la radio et télévision belge, abandonne pour une fois sa folie douce pour une adaptation fidèle du roman de sa compatriote Amélie Nothomb. La Jeune Belge, c’est elle. Née au Japon, elle retourne dans l’archipel quand elle a 20 ans. Elle a deux ambitions dans la vie : être écrivain et devenir Japonaise. Exactement, elle espère devenir comme ces vieux écrivains japonais, « J’ai toujours eu le lyrisme mégalomane », confie-t-elle en voix off.

Amoureuse... du Mont Fuji
La pétillante Pauline Etienne (vue récemment dans Eden) se glisse dans le personnage d’Amélie. Elle vit dans un minuscule appartement, prend des cours de japonais et pour subvenir à ses besoins, dépose des annonces pour donner des cours particuliers de français.
Son premier élève, Rinri (Taichi Inoue), sera le seul. Ce grand adolescent, fils d’un riche joaillier, va rapidement fasciner la jeune Occidentale. Timide, gentil, respectueux, il ne fait pas le premier pas. C’est Amélie qui ose enfin un premier baiser.
Toute en retenue, cette première partie du film est une longue balade poétique dans les rues et parcs de Tokyo avec des intermèdes dans des soirées entre copains, tous passionnés par le français.
Par la suite, c’est plus compliqué. Rinri la présente à ses parents qui n’espèrent qu’une chose : faire un beau mariage. Mais Amélie ne se sent pas encore prête. Alors elle a l’idée géniale de lui proposer de passer par l’étape fiançailles. Des fiançailles éternelles...

Le film de Stefan Liberski est aussi frais et délicieux qu’un roman d’Amélie Nothomb. L’interprétation de Pauline Etienne, entre tracas intérieur et joie exubérante, crédibilise le personnage complexe de la petite Belge amoureuse du Japon, du mont Fuji et du gentil Rinri. Ils sont si mignons ces petits fiancés nippons...
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Un roman japonais d’Amélie Nothomb

Le film de Stefan Liberski est adapté du roman Ni d’Eve ni d’Adam paru en 2007 chez Albin Michel et lauréat du Prix de Flore.
La romancière belge, née au Japon car son père, diplomate, se trouvait en poste à Tokyo, n’a jamais caché sa fascination pour ce pays complexe et fantasque. Régulièrement, elle s’inspire de sa jeunesse pour distiller des scènes clairement autobiographiques dans ses romans. Si Stupeur et tremblements (adapté au cinéma par Alain Corneau avec Sylvie Testud dans le rôle d’Amélie) portait essentiellement sur le monde du travail, avec Ni d’Eve ni d’Adam, c’est le pan amoureux de la vie de la jeune Amélie que Nothomb raconte. Elle décrypte sa romance avec son élève japonais et son rapport si particulier avec le Mont Fuji.
Amélie Nothomb retournera au Japon bien des années plus tard pour le tournage d’un documentaire. Une nouvelle fois elle nourrira sa plume de cette expérience pour en faire un compte rendu entre réalité et fantasme. La nostalgie heureuse semblait être la fin de la belle histoire d’amour entre la jeune Belge et le pays du Soleil Levant.

jeudi 5 mars 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Plus d'élus que d'électeurs

A moins de trois semaines du scrutin, les élections départementales des 22 et 29 mars augurent du pire côté participation. A vous les sceptiques, persuadés que les électeurs, dans un sursaut citoyen, se déplaceront en masse, je dédie cette petite histoire peut-être pas si anecdotique. Le binôme représentant la gauche, candidat dans un canton tenu par la droite, organise une réunion d'information pour présenter son programme. A l'heure du rendez-vous, la salle reste désespérément vide. Finalement deux personnes arrivent et prennent place. Dont le maire de la commune, par ailleurs conseiller général sortant et candidat à sa réélection. 

Les représentants de la gauche présentent leur projet comme si de rien n'était. Une réunion publique avec quatre candidats et zéro électeurs... Voilà pourquoi la participation ne s'annonce pas fameuse. Après, on pourrait imaginer une situation de blocage inédite. Personne ne se déplace pour voter (ils ont boudé les réunions, pourquoi gâcher leur dimanche dans un isoloir ?) et chaque « duo » se retrouve avec ses deux seules voix. Égalité parfaite façon « École des fans ». 

Jacques Martin n'est plus, quid du second tour ? Mon esprit tordu se demande si le plus vieux l'emportera ou si le choix s'établira en additionnant l'âge des membres de chaque binôme. Totalement absurde, à l'image d'une élection qui ne le semble pas moins. Car comment savoir si les conseillers élus le resteront longtemps : les débats à l'Assemblée nationale portent en ce moment sur la suppression de certains départements...

(Chronique parue en dernière page de l'Indépendant)


mercredi 4 mars 2015

DVD - Une vengeance à plus de 100 cadavres dans le film d'action "John Wick"

« John Wick » est colère. On lui vole sa voiture et on tue son chien. Malheur au petit voyou...

Depuis la mort de sa femme bien-aimée, John Wick (Keanu Reeves) passe ses journées à retaper sa Ford Mustang de 1969, avec pour seule compagnie sa chienne Daisy. Il mène une vie sans histoire jusqu’à ce qu’un malfrat sadique, nommé Iosef Tarasof (Alfie Allen), remarque sa voiture. John refuse de la lui vendre. Iosef, n’acceptant pas qu’on lui résiste, s’introduit chez John avec deux complices pour voler la Mustang et tuer sauvagement Daisy…
John remonte la piste de Iosef jusqu’à New York. Le malfrat est le fils unique d’un grand patron de la pègre, Viggo Tarasof (Michael Nyqvist). La rumeur se répand rapidement dans le milieu : le légendaire tueur cherche Iosef. Viggo met à prix la tête de John : quiconque l’abattra touchera une énorme récompense. John a désormais tous les assassins de New York aux trousses.
Film d’action absolu, les combats vont crescendo. Keanu Reeves s’est entraîné durant de longs mois pour maîtriser les arts martiaux. Mais comme son arme de prédilection reste le pistolet, il a imaginé le « gung-fu », mélange de kung-fu avec un gros calibre à la place du nunchaku. La mafia russe lancée à ses trousses est rapidement décimée. Ils ont beau être des dizaines à l’attaquer, ils ne font pas le poids. À l’arrivée, le spectateur pointilleux peut se mettre à compter le nombre de cadavres. À vue de nez, on dépasse la centaine... Réalisation nerveuse, dialogues minimalistes, acteurs secondaires excellents (Michael Nyqvist notamment), le film est un concentré d’adrénaline. Au rayon des bonus, le making of est fractionné en une dizaine de petits reportages du Code de conduite des tueurs à la présentation du Blue Circle, la boîte de nuit secrète réservée à la pègre new-yorkaise.

« John Wick », Metropolitan films, 19,99 le DVD, 24,99 euros le blu-ray


mardi 3 mars 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Enfoirés de paternalistes

Il est de ces chansons, incarnations parfaites de l'air du temps. Jean-Jacques Goldman excelle dans le genre. Compositeur de l'hymne des restos du cœur au moment du lancement de l'association de Coluche, il récidive cette année.

En 1986, il faisait chanter aux Enfoirés, "Aujourd'hui, on n'a plus le droit ni d'avoir faim, ni d'avoir froid. Dépassé le chacun pour soi. Quand je pense à toi, je pense à moi." Succès immédiat et personne pour protester. Trente ans plus tard, le ton change résolument. La chanson "Toute une vie" est établie sur le contraste entre une chorale de jeunes et celle des Enfoirés. Les premiers s'indignent "vous aviez tout : liberté, plein-emploi. Nous c'est chômage, violence et sida." Réponse, à la limite du discours réactionnaire, à tout le moins très paternaliste : "Tout ce qu'on a, il a fallu le gagner, à vous de jouer, mais faudrait vous bouger."
Véritable clash intergénérationnel, le message porté par cette chanson serait mal compris selon ses interprètes. La mise en scène du clip place les mauvais jeunes, fainéants et individualistes face aux bons artistes, solidaires et payant de leur personne pour aider les pauvres. Non seulement le propos est réducteur à outrance, mais en plus, comme l'a souligné le site BuzzFeed, on a plus l'impression d'entendre la profession de foi de l'UMP que l'héritage de Coluche.
Alors à choisir, je vous conseille plutôt d'acheter l'excellent disque de reprises des chansons de Jean Ferrat avec Marc Lavoine, Dionysos, Thiéfaine ou Cali qui revisite "La Montagne".

Gomorra et Girls, séries en « G » comme Géniales


Diffusée sur Canal + jusqu’à la semaine dernière, l’intégrale de la première saison de la série “Gomorra” est à retrouver dans ce coffret de quatre DVD ou trois blu-ray. Adaptée du roman de Roberto Saviano, cette production italienne plonge le spectateur dans le monde impitoyable de la mafia sicilienne. Don Pietro (Fortunato Cerlino) dirige d’une main de fer ses troupes. Son fils Genny (Salvatore Esposito) doit lui succéder. Mais ce gros garçon, encore dans les jupes de sa mère, doit s’aguerrir. C’est la mission de Ciro (Marco D’Amore), un porte-flingue du parrain. Ces douze épisodes de 52 minutes montrent une Naples peu touristique. L’action se passe essentiellement dans des cités misérables ou en prison, où Don Pietro va passer beaucoup de temps à cause des errances de son fils. Heureusement Imma (Maria Pia Calzone), son épouse, est là pour reprendre les affaires en main. Du suspense, des coups fourrés, beaucoup de violence et une fin qui laisse entrevoir une saison 2, “Gomorra” passionnera les amateurs de séries sombres et réalistes.
Rien à voir avec l’univers de “Girls” la série de Lena Dunham diffusée sur HBO aux USA et OCS en France. Viennent de sortir simultanément l’intégrale de la saison 3 ainsi qu’un coffret reprenant la trentaine d’épisodes des trois saisons. Lena Dunham interprète le rôle de Hannah Horvath, jeune New-yorkaise tentant de percer dans l’édition. Petite, grosse, très délurée et totalement barrée, elle tente d’avoir une relation “normale” avec Adam (Adam Driver), comédien encore plus déjanté que sa petite amie par intermittence. Autour de ce couple improbable gravite trois amies : Jessa, la camée incontrôlable, Marnie, la gravure de beauté pleine de principes et Shoshanna, l’éternelle étudiante en mal d’amour. Bourrée de scènes très osées, tant par les propos que les actes (sexuels essentiellement) Girls prouve que la télévision américaine peut produire des programmes d’une grande originalité, loin du formatage des tristes sitcoms aux rires enregistrés.
« Gomorra », Studiocanal, 29,99 euros le coffret DVD, 39,99 euros le coffret blu-ray.

« Girls », Warner Bros, intégrale des trois saisons, 40 euros, saison 3, 20 euros

lundi 2 mars 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Un rôle pointu

Mort une première fois dans le second long métrage tiré de la série télé Star Trek (bien qu'il ressuscite dès le 3e opus), Monsieur Spock est en définitive réellement décédé. Ou plutôt son interprète, Léonard Nimoy, a rendu l'âme vendredi à l'âge de 83 ans. Comme Dracula, Tarzan ou Zorro, Spock fait partie de ces rares personnages de fiction connus de quasi totalité de la planète. Pourtant, Star Trek n'a duré que trois saisons. Mais ses multiples rediffusions sur toutes les chaînes terriennes de télévision ont rendu incroyablement populaire cet extraterrestre originaire de Vulcain, aux sourcils aigus et aux oreilles pointues. Surtout il est devenu une sorte d’icône auprès des « trekkies », les fans de la série et des films. Pour se déguiser en Spock, rien de plus facile : une paire de fausses oreilles pointues et l'air maussade en permanence. Il s'avère plus compliqué de réaliser comme lui le salut Vulcain, les doigts écartés en V. Personnellement, j'y arrive parfaitement de la main droite mais en suis totalement incapable de la gauche... 
Le président Obama, qui a publié un communiqué dans lequel il avoue « I loved Spock » (j'adorais Spock) a rencontré Leonard Nimoy en 2007 et l'a salué de cette façon. Ce qui est moins connu, c'est l'origine du geste. D'ascendance juive, l'acteur a simplement recyclé un signe utilisé dans les bénédictions. Le V a la forme de la première lettre du nom du tout-puissant en hébreu. Leonard Nimoy a beaucoup souffert de son célèbre anonymat. Acteur complet, il a également figuré au générique d'autres séries comme Mission Impossible. Mais pour l'éternité et dans toutes les galaxies, il restera Monsieur Spock.