samedi 21 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES - Voyages dangereux avec l'Atlas des lieux maudits

Dans la déferlante de beaux livres publiés pour la fin d'année, ne manquez pas cet « Atlas des lieux maudits » paru chez Arthaud. Olivier Le Carrer y liste une quarantaine de sites remarquables... et dangereux. Dans la région, vous découvrirez le mythique château de Montségur, dernier bastion des Cathares. L'auteur retrace l'épopée des « Parfaits » et leur chute. Montségur, surnommé la Synagogue de Satan par les inquisiteurs est en ruine, mais il reste à proximité des traces de ce bûcher où 200 hommes et femmes ont préféré mourir plutôt que d'abjurer leur foi. « 
L'émotion affleure partout dans ce site magnifique où tant de questions restent sans réponses... » En ce 21 décembre, jour du solstice d'hiver, il paraît que l'architecture du château de Montségur permettait « de spectaculaires jeux de lumières s'alignant dans l'ouverture des murailles, comme si les bâtisseurs avaient voulu faire de cette forteresse une sorte de calendrier astronomique. »
L'Atlas propose également des destinations plus lointaines comme Nauru, l'île gruyère, rongée par l'exploitation du phosphate. De paradis tropical au cœur du Pacifique Sud, Nauru s'est transformée en désert où « il ne reste plus trace de faune ni de flore. »

Afrique, Australie, Amériques, Asie, l'Atlas illustré de cartes anciennes, permet de voyager en imagination. Et de se dire que finalement, dommage qu'on n'ait qu'une vie pour ne pas tout visiter.  


vendredi 20 décembre 2013

BD - Atalante en Enfer


Blonde guerrière ayant le don de parler aux animaux, Atalante est devenue en quelques années une des héroïnes les plus populaires des éditions Soleil. Logique quand on sait que c'est Crisse qui a imaginé les péripéties de cette belle jeune femme aux rondeurs avantageuses mises en valeur dans son armure de cuir. Atalante est la seule femme de l'expédition mise en place par Jason pour conquérir la toison d'or. Le tome 6 de sa saga la plonge au cœur de l'enfer. 
Les Argonautes, après une terrible tempête, s'échouent sur une rivage inconnu. Ils sont attaqués par des morts-vivants. Un des guerriers, mordu, devient malade. Pour le sauver, il faut aller chercher un remède que seul Hadès, dieu des enfers, peut leur donner. Une expédition dangereuse mais qui ne fait pas peur à Atalante. 
Ces 46 pages, magistralement dessinées par Crisse, finalisées par Grey et mises en couleur par Besson, sont une plongée dans la noirceur des abysses infernales. Il faudra une bonne dose de courage, voire d'inconscience pour qu'Atalante découvre le remède. Reste à rejoindre la surface. Mais ce sera pour le prochain épisode...

« Atalante » (tome 6), Soleil, 13,95 €

jeudi 19 décembre 2013

De choses et d'autres - Drones contre cigognes et catapultes

La guerre est déclarée dans le secteur de la livraison à domicile. La faute à Amazon qui lance on ne peut plus sérieusement un tout nouveau service à base de drones. Vous commandez votre livre ou votre CD en ligne, un drone décolle et vous livre le colis sur votre pas de porte grâce aux miracles de la géolocalisation.

Bon, ça, c'est la théorie. En pratique il n'est pas encore venu le temps où des milliers de drones sillonneront le ciel des USA ou de France. Par contre la Poste prend les devants et offre à tous ses facteurs des leçons de tir. Objectif : dégommer les drones ni vu ni connu avant qu'ils n'arrivent à destination.

Un système qui a donné des idées à quelques librairies indépendantes françaises qui, si elles n'ont pas la puissance technologique d'Amazon, ne manquent pas d'idées. En Alsace, plusieurs d'entre elles vont dresser des cigognes pour assurer les livraisons. Les volatiles seront équipés d'une puce qui leur permettra de géolocaliser le smarphone du client afin de lui remettre son colis au plus vite.
En Angleterre, la livraison se fera par hiboux, en référence aux aventures du jeune Harry Potter.

La palme de la créativité revient à la librairie Delvaux, située à Provins. Dans un petit film mis en ligne sur son site, le libraire démontre toute l'efficacité de la livraison... par catapulte. Pourtant on n'est pas au mois d'avril. Tiens, en voilà une nouvelle idée : livrer grâce à des poissons sur les îles isolées.



BD - La vraie Médée selon Blandine Le Callet et Nancy Pena




Médée fait partie de ces figures mythologiques réduites à deux ou trois événements. D'elle on connaît la mère qui tua ses enfants et la magicienne qui aida Jason à conquérir la toison d'or. Mais le personnage est beaucoup plus vaste et complexe. Ce que se sont essayées de raconter la romancière Blandine Le Callet et l'illustratrice Nancy Peña. Le premier tome permet au lecteur de découvrir l'enfance de Médée. Cette petite fille, très garçon manquée, joue dans les vastes jardins de son père, Aiétès, le roi de Colchide. 
Ce dernier se désespère car son seul descendant mâle, le jeune Absyrtos, est frêle et malade. Médée ferait une reine parfaite, mais à cette époque, les femmes brodent, les hommes guerroient. Médée, adolescente, deviendra disciple de la déesse Hécate. 
Elle y apprendra la magie et le secret des plantes, salvatrices ou mortelles. Dessin épuré et élégant pour une histoire toute centrée sur les interrogations d'une jeune femme, partagée entre son désir de liberté, sa soif d'apprendre et le poids de la famille. Car Médée, en plus d'être fille de roi, est petite-fille de Dieu et nièce de magicienne.

« Médée » (tome 1), Casterman, 15 €

mercredi 18 décembre 2013

BD - Michel Vaillant fait des étincelles


Michel Vaillant au volant d'une voiture électrique ! Non, vous ne rêvez pas. Le héros de Jean Graton, aux voitures pétaradantes et vrombissantes, change de catégorie. Terminées les odeurs d'essence, place aux batteries aseptisées. Mais le champion automobile, repris par Denis Lapière (scénario) et Bourgne (dessin), ne va pas faire ses courses au Shopi en Autolib dans cet album intitulé « Voltage ». Il s'installe dans un prototype effilé et tente de battre le record de vitesse absolu. Objectif : plus de 700 km/h sur le lac salé, mieux qu'un moteur à explosion. Le volet technique de l'histoire (inspiré par l'écurie Venturi détentrice du vrai record) laisse cependant souvent la place aux déboires familiales du héros. 
Un père qui ne veut pas entendre parler de ces nouvelles technologies, un fils rebelle rejetant l'héritage, une femme inquiète et jalouse, des concurrents prêts à tout pour le faire échouer, une journaliste aussi jolie qu'intrigante... La vie de Michel Vaillant n'est pas toujours rose. Heureusement il parvient à oublier l'ensemble de ses soucis en prenant le volant. Nous, plus simplement, c'est en lisant ses aventures que cela va mieux.

« Michel Vaillant » (tome 2), Graton, 15,50 €

mardi 17 décembre 2013

Polar - Rancune de chasseurs par Pierric Guittaut

A la campagne, il y a des agriculteurs. Ils sont souvent chasseurs. Et ne tirent pas que sur des sangliers. Un polar rural signé Pierric Guittaut.

Ce roman policier a des airs de « Canicule », le chef d'œuvre de Jean Vautrin. Le soleil en moins. La campagne décrite par Pierric Guittaut est en permanence noyée sous des trombes d'eau. Forêt humide, prairies marécageuses et chemins boueux forment le décor de cette intrigue verdoyante. Ce n'est pas un truand en cavale qui va perturber la vie des autochtones mais un clerc de notaire. Hugues doit se rendre dans une ferme pour délivrer un acte officiel. Manque de chance, il tombe dans des embouteillages à la sortie de Nantes puis se perd sur le réseau départemental sous des trombes d'eau. Pour couronner le tout, il tombe en panne. C'est là qu'il la voie pour la première fois. Elle sort d'un bois. Le regarde quelques secondes et disparaît de nouveau sous les frondaisons. « Une femme. Sa longue chevelure ruisselante est plaquée sur son crâne. Les manches d'un gilet détrempé pendent de chaque côté d'une fine robe blanche à fleurs rougeâtres, transformée pour l'occasion en seconde peau moulante. Le tissu gorgé d'eau laisse voir par transparence le triangle blanc d'une culotte de coton, l'œil sombre d'un nombril et les formes lourdes d'une poitrine capiteuse. » L'apparition fugace va hanter l'esprit de Hugues.

Battue au sanglier
Le clerc de notaire va voir la chance tourner avec l'arrivée de Sébastien Girard. Ce jeune paysan du cru va le dépanner. Remorquer la voiture jusqu'à la ferme, offrir gite et couvert au citadin perdu. Le lendemain, il sera assez convaincant pour faire découvrir à Hugues une battue aux sangliers. Le jeune notaire a un train dans quelques heures, mais accepte quand même. Cela lui fera une anecdote à raconter à son retour en terres civilisées.
Pierric Guittaut, romancier mais également chasseur, décrit avec soin, force détails et termes techniques du cru la partie de chasse, le travail des chiens, des rabatteurs et des tireurs postés à l'orée. Jusqu'au coup de feu et la mort du gibier : « Un sanglier. L'animal est couché sur le flanc et ses petits yeux noirs ouverts ne sont plus qu'une lucarne vide sur un monde intérieur éteint. Son groin et sa gueule sont souillés de sang frais, dont le rouge vif éclate au milieu du poil dru de sa tête oscillant entre le brun sombre, le blond et le gris. » Un cochon de moins. Un chien aussi. Celui de Sébastien. Abattu volontairement par un mystérieux tireur.
Hugues va se retrouver au centre d'une vendetta entre deux familles, deux exploitations voisines aux lourds antécédents et secrets familiaux encore plus pesants.
Qui a tué le chien ? Qui est cette femme des bois ? Hugues va-t-il rester longtemps dans cette campagne isolée ? Le lecteur est happé par l'intrigue imaginée par l'auteur alors que le personnage principal, au contact de ces êtres frustres aux désirs primaires, semble se départir de sa raison, de son discernement pour lui aussi basculer dans la folie de l'instinct. Et comme les armes pullulent dans ce milieu de chasseurs, ce ne sera pas sans dégâts collatéraux. Des traces de sang et de boue vont se répandre derrière la course de cette « Fille de la pluie. »
Michel LITOUT

« La fille de la pluie », Pierric Guittaut, Série Noire Gallimard, 14,90 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Gnons de gnons

Les valeurs sportives se perdent. Samedi, une bagarre générale entre les équipes de Levallois et Gravelines, à quelques secondes de la fin, contraint le corps arbitral à interrompre la partie. Un beau duel entre deux grands gaillards, avec les poings puis en forme d'étranglement. Conséquence les collègues entrent dans la danse, sans compter les entraîneurs et les supporters.

"Toujours aussi bourrins ces rugbymen" me souffle un ami qui n'a jamais compris les finesses de ce sport "viril mais correct". Perdu ! Pour une fois cette "générale" se déroule sur un parquet... de basket. Et pas dans une division inférieure. Levallois et Gravelines sont en ProA, le top de la discipline.

Sans doute blessés dans leur honneur, les fameux rugbymen relèvent le défi. Samedi sur la pelouse d'Agen, en Pro D2, les horions volent bas. Regrettons simplement que les bases ne soient plus aussi bien appliquées. Giraud, le local, tente de retenir Chabal, le Lyonnais alors qu'il n'a pas le ballon. 'Caveman' n'apprécie pas, se retourne et décoche un crochet bien appuyé.

Le stade s'enthousiasme, le spectacle va commencer ! Panem et circences (du pain et des jeux) restent d'actualité. Mais Chabal oublie de doser sa force. Giraud tombe raide KO. Sur le terrain, tout le monde est tellement interloqué que seul l'arbitre intervient. Un seul gnon. Point final. Les supporters grondent.

Pourquoi payer sa place si c'est pour être privé de bagarre ? À ce compte, autant aller voir un match de basket. Au moins on est au chaud ! Je le répète : les valeurs sportives se perdent. 

lundi 16 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES - Boules et sapin, questions existentielles

Les mathématiques, souvent honnies par les élèves, servent pourtant à tout, partout. La preuve avec les recherches de Gordon Hunter, un expert de l'université Kingston à Londres. Il vient d'élaborer la méthode infaillible pour choisir... son sapin de Noël. A la base, une grande chaîne de jardinerie britannique lance un concours pour permettre à ses clients de choisir facilement le sapin de Noël adéquat. Gordon duplique une méthode scientifique utilisée pour résoudre les problèmes complexes. En quatre questions, le client ne peut pas se tromper. La première est toute simple : « Préférez-vous un arbre naturel ? » Si vous répondez non, cap sur le rayon des arbres artificiels. En répondant oui, il vous reste trois étapes à franchir autour de choix clés comme l'odeur, le style et la taille. Gordon Hunter baptise sa formule mathématique « l'arbre décisionnel de Noël ». Il est certes moins joli et poétique qu'un Nordmann bien touffu ou un Epicéa à la bonne odeur de résine, mais dans la petite sphère des mathématiciens, il a son charme.


Maintenant la question qui me turlupine c'est boules ou pas boules ? Les guirlandes, d'accord, mais les boules... Et au sommet, une étoile ou un personnage ? Et puis où le placer ce sapin ? Près de la cheminée il ferait son effet, mais gare à l'incendie. Sans compter la perte précoce d'aiguilles en raison de la chaleur... Finalement je vais procéder comme l'an dernier : laisser toutes les décos dans un carton au fond du garage. 

BD - Zarkass, la planète aux calembours


Dans la vague d'adaptation des romans de Stefan Wul aux éditions Ankama, une série détonne. Si Niourk, La peur géante et Oms en série sont fidèles aux romans de SF de l'écrivain français, Piège sur Zarkass prend beaucoup plus de liberté. La faute à Yann, le scénariste, incorrigible plaisantin qui retrouve au passage un peu de son esprit « Hauts de pages » repris dans une belle réédition chez Dargaud. 
Sur la planète Zarkass, les colons humains (humaines exactement puisque dans ce futur imaginaire la gent féminine a enfin le pouvoir absolu) tentent de mettre la main sur un vaisseau extraterrestre abandonné en pleine jungle. Ce sera la mission de Marcel et Louis, accortes aventurières aux prénoms masculins mais aux formes délicieusement féminines sous le pinceau élégant de Didier Cassegrain. Il y a l'intrigue. Et tous les à-côtés imaginés par Yann. Prenez le temps de savourer les jeux de mots et clins d'œil placés par le scénariste. Vous y trouverez (en vrac) des allusions au rédacteur en chef de Spirou, aux paroles de la Marseillaise, à Lewis Trondheim et même au Major Jones, personnage de la série XIII dont Yann a imaginé par ailleurs l'enfance. Jubilatoire !  

« Piège sur Zarkass » (tome 2), Ankama, 13,90 €

dimanche 15 décembre 2013

BD - Le retour du requin par Schultheiss


Plus de 20 ans après, Matthias Schultheiss reprend sa série phare en France : « Le rêve du requin ». Ce thriller hyper violent se déroulant en Afrique était emblématique de la BD adulte de la fin des années 80. Exit les bons sentiments, place à l'action. Même si au final le héros parvenait à s'en tirer en compagnie de sa belle. On les retrouve sur un bateau voguant sur l'océan Indien vers un avenir meilleur. Lambert et Sarah ne sont pourtant qu'au début de leurs nouvelles péripéties. Tragiques. Un cyclone se place en travers de leur chemin. La belle histoire d'amour est engloutie par une vague géante... 
Résultat Lambert se retrouve de nouveau seul sur une épave, redevenu bête pour survivre. Là, Schultheiss se déchaîne de nouveau dans des planches, désormais en couleurs directes mais tout aussi extrêmes. Notamment quand le héros se bat au corps à corps avec un requin, un grand bleu qui ne voit dans l'humain qu'un peu de chair fraîche alors que c'est la mort qu'il croise. Lambert, increvable et fou, mord à pleines dents ses proies comme le poisson dont il a volé la force. Un album à ne pas mettre entre toutes les mains, violence oblige.

« Le rêve du requin » (cycle 2, tome 1), Glénat, 13,90 €