mardi 17 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Gnons de gnons

Les valeurs sportives se perdent. Samedi, une bagarre générale entre les équipes de Levallois et Gravelines, à quelques secondes de la fin, contraint le corps arbitral à interrompre la partie. Un beau duel entre deux grands gaillards, avec les poings puis en forme d'étranglement. Conséquence les collègues entrent dans la danse, sans compter les entraîneurs et les supporters.

"Toujours aussi bourrins ces rugbymen" me souffle un ami qui n'a jamais compris les finesses de ce sport "viril mais correct". Perdu ! Pour une fois cette "générale" se déroule sur un parquet... de basket. Et pas dans une division inférieure. Levallois et Gravelines sont en ProA, le top de la discipline.

Sans doute blessés dans leur honneur, les fameux rugbymen relèvent le défi. Samedi sur la pelouse d'Agen, en Pro D2, les horions volent bas. Regrettons simplement que les bases ne soient plus aussi bien appliquées. Giraud, le local, tente de retenir Chabal, le Lyonnais alors qu'il n'a pas le ballon. 'Caveman' n'apprécie pas, se retourne et décoche un crochet bien appuyé.

Le stade s'enthousiasme, le spectacle va commencer ! Panem et circences (du pain et des jeux) restent d'actualité. Mais Chabal oublie de doser sa force. Giraud tombe raide KO. Sur le terrain, tout le monde est tellement interloqué que seul l'arbitre intervient. Un seul gnon. Point final. Les supporters grondent.

Pourquoi payer sa place si c'est pour être privé de bagarre ? À ce compte, autant aller voir un match de basket. Au moins on est au chaud ! Je le répète : les valeurs sportives se perdent. 

lundi 16 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES - Boules et sapin, questions existentielles

Les mathématiques, souvent honnies par les élèves, servent pourtant à tout, partout. La preuve avec les recherches de Gordon Hunter, un expert de l'université Kingston à Londres. Il vient d'élaborer la méthode infaillible pour choisir... son sapin de Noël. A la base, une grande chaîne de jardinerie britannique lance un concours pour permettre à ses clients de choisir facilement le sapin de Noël adéquat. Gordon duplique une méthode scientifique utilisée pour résoudre les problèmes complexes. En quatre questions, le client ne peut pas se tromper. La première est toute simple : « Préférez-vous un arbre naturel ? » Si vous répondez non, cap sur le rayon des arbres artificiels. En répondant oui, il vous reste trois étapes à franchir autour de choix clés comme l'odeur, le style et la taille. Gordon Hunter baptise sa formule mathématique « l'arbre décisionnel de Noël ». Il est certes moins joli et poétique qu'un Nordmann bien touffu ou un Epicéa à la bonne odeur de résine, mais dans la petite sphère des mathématiciens, il a son charme.


Maintenant la question qui me turlupine c'est boules ou pas boules ? Les guirlandes, d'accord, mais les boules... Et au sommet, une étoile ou un personnage ? Et puis où le placer ce sapin ? Près de la cheminée il ferait son effet, mais gare à l'incendie. Sans compter la perte précoce d'aiguilles en raison de la chaleur... Finalement je vais procéder comme l'an dernier : laisser toutes les décos dans un carton au fond du garage. 

BD - Zarkass, la planète aux calembours


Dans la vague d'adaptation des romans de Stefan Wul aux éditions Ankama, une série détonne. Si Niourk, La peur géante et Oms en série sont fidèles aux romans de SF de l'écrivain français, Piège sur Zarkass prend beaucoup plus de liberté. La faute à Yann, le scénariste, incorrigible plaisantin qui retrouve au passage un peu de son esprit « Hauts de pages » repris dans une belle réédition chez Dargaud. 
Sur la planète Zarkass, les colons humains (humaines exactement puisque dans ce futur imaginaire la gent féminine a enfin le pouvoir absolu) tentent de mettre la main sur un vaisseau extraterrestre abandonné en pleine jungle. Ce sera la mission de Marcel et Louis, accortes aventurières aux prénoms masculins mais aux formes délicieusement féminines sous le pinceau élégant de Didier Cassegrain. Il y a l'intrigue. Et tous les à-côtés imaginés par Yann. Prenez le temps de savourer les jeux de mots et clins d'œil placés par le scénariste. Vous y trouverez (en vrac) des allusions au rédacteur en chef de Spirou, aux paroles de la Marseillaise, à Lewis Trondheim et même au Major Jones, personnage de la série XIII dont Yann a imaginé par ailleurs l'enfance. Jubilatoire !  

« Piège sur Zarkass » (tome 2), Ankama, 13,90 €

dimanche 15 décembre 2013

BD - Le retour du requin par Schultheiss


Plus de 20 ans après, Matthias Schultheiss reprend sa série phare en France : « Le rêve du requin ». Ce thriller hyper violent se déroulant en Afrique était emblématique de la BD adulte de la fin des années 80. Exit les bons sentiments, place à l'action. Même si au final le héros parvenait à s'en tirer en compagnie de sa belle. On les retrouve sur un bateau voguant sur l'océan Indien vers un avenir meilleur. Lambert et Sarah ne sont pourtant qu'au début de leurs nouvelles péripéties. Tragiques. Un cyclone se place en travers de leur chemin. La belle histoire d'amour est engloutie par une vague géante... 
Résultat Lambert se retrouve de nouveau seul sur une épave, redevenu bête pour survivre. Là, Schultheiss se déchaîne de nouveau dans des planches, désormais en couleurs directes mais tout aussi extrêmes. Notamment quand le héros se bat au corps à corps avec un requin, un grand bleu qui ne voit dans l'humain qu'un peu de chair fraîche alors que c'est la mort qu'il croise. Lambert, increvable et fou, mord à pleines dents ses proies comme le poisson dont il a volé la force. Un album à ne pas mettre entre toutes les mains, violence oblige.

« Le rêve du requin » (cycle 2, tome 1), Glénat, 13,90 €


samedi 14 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES - Pyjama vert pour Dany Laferrière


Dany Laferrière vient d'être élu à l'Académie française. Écrivain québécois d'origine haïtienne, il a été désigné dès le premier tour de scrutin. Drôle de personnage que les académiciens vont accueillir là. Il connaît le succès dès son premier roman, déjà en partie autobiographique, intitulé "Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer". De l'autofiction avant la lettre, mais avec un côté sexe et exotisme qui conquiert un large public, féminin essentiellement... 
Il poursuit dans la même veine avec "Le goût des jeunes filles". Dans "Je suis un écrivain japonais" il se penche sur son statut de créateur. Sur son universalité aussi. S'il écrit en français, il est d'origine caribéenne, vit au Canada et dans ce roman se passionne pour la culture japonaise. Son dernier livre paru chez Grasset en septembre dernier, "Journal d'un écrivain en pyjama", n'est pas tant un roman qu'un véritable manuel du parfait apprenti écrivain. En près de 200 fiches, quasi pratiques, il aborde tous les sujets, de l'idée de départ du roman, à la finalisation du texte en passant par les relations avec l'éditeur et même la presse. Souvent drôle, toujours instructive, on découvre une radiographie exhaustive d'un métier qu'il prétend manuel. En préambule, il explique qu'il n'écrit pas à son bureau mais dans son "lit, le dos appuyé contre deux oreillers". Des notes prises "en pyjama jaune à rayures bleues".
Il me tarde de voir l'entrée solennelle de Dany Laferrière à l'Académie française. En espérant qu'il troque le classique uniforme pour un pyjama vert aux parements dorés.

BD - Justicière de cape et d'épée en rose écarlate

Maud, la belle héroïne masquée de la Rose écarlate, remporte un succès grandissant. Patricia Lyfoung, la scénariste et dessinatrice de cette série sentimentale de cape et d'épée fortement teintée de manga, déborde d'idées. Elle a donc décidé de confier des « Missions » à une dessinatrice pour satisfaire l'impatience des fans. Jenny (Pink Diary et Mathilde) a su couler son trait dans le style de la créatrice de la série. 
Les Missions seront en deux parties. Le premier tome du « Spectre de la Bastille » inaugure la série. Maud, justicière qui prend aux riches pour redistribuer aux pauvres, est fiancée avec Guilhem. Ils viennent de rentrer de Turquie et Guilhem est contacté par une ancienne amie d'enfance, la rousse et généreuse Adèle. Crise de jalousie de Maud qui suit les deux amis. Bien lui en prend puisqu'elle sauve sa jeune rivale des griffes de mystérieux fantômes blancs sévissant depuis quelques semaines dans les bas-fonds de Paris. Destinée aux adolescents amoureux de romance et d'action, cette série, tout en restant une opération commerciale évidente, se laisse lire avec plaisir.

« La rose écarlate - Missions » (tome 1), Delcourt, 10,95 €

vendredi 13 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES - Toujours plus faux

Pour beaucoup c'est l'imposture du siècle. Renvoyés à leurs études les Laurent Baffie et autres Jean-Yves Lafesse, petits braquets du rire français.
Lors de l'hommage mondial à Nelson Mandela, un inconnu s'est fait passer pour le traducteur en langage sourd et malentendant des discours prononcés à la tribune. A deux mètres d'Obama, il a gesticulé à qui mieux mieux. Mouvements des mains et des bras censés traduire l'hommage de l'homme le plus puissant de la planète. En fait, des gestes dénués de toute signification. Un bras d'honneur mondial, en langage codé !
Cet exemple planétaire prouve qu'à l'heure des grandes oreilles de la NSA, des milliers de caméras de vidéo surveillance et des fichiers secrets toujours plus précis sur notre vie privée, un petit plaisantin parvient à tromper tout le monde. Et devant des millions de téléspectateurs...
La recrudescence de ces impostures est flagrante. Hier par exemple, je tombe, complètement éberlué, sur les photos du premier Noël du petit Prince George. Affublé de fausses cornes de renne, il découvre ses jouets dans les bras de sa mère, avec son oncle Harry déguisé en père Noël et son arrière-grand-mère, The Queen, une coupe de champagne rosé à la main. Impossible de faire plus kitsch. Comme pour l'interprète, plus c'est gros et plus c'est crédible. En fait cette série de photos d'Alison Jackson est une commande pour une boisson gazeuse anglaise. Il ne s'agit pas de champagne rosé, mais de jus de fruit pétillant. Et pas la moindre famille royale en scène, mais des sosies.
Chronique "De choses et d'autres" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Lanfeust en fuite


Rien ne va plus pour Lanfeust. Dans la cité de Troy, le jeune héros qui a le pouvoir de faire fondre l'acier, est surnommé « Lanfeust le criminel ». Durant ces 48 pages dessinées par Tarquin, il lutte pour devenir aux yeux de tous « Lanfeust l'innocent ». Possédé par une entité noire, Lylth l'éternelle, venue de la portes des étoiles, Lanfeust a tué le sage Nicolède. En fuite, il cherche l'unique témoin de son envoutement, un certain Riplëh. Il devra faire appel à son ami le Magohamoth, animal marin gigantesque à l'origine de toute la magie de Troy. Des péripéties multiples en compagnie de son fidèle Hébus, le troll, et de ses quatre épouses car Arleston, le scénariste, depuis qu'il est millionnaire (pas moins de sept albums ces deux derniers mois) ne se refuse plus rien ! Au détour de sa fuite, le beau héros débarque dans un village en bord de mer, dirigé par Priep Hournoupöv, pêcheur. C'est en savourant ce jeu de mot tiré par les cheveux que l'on se dit une fois de plus qu'un Astérix écrit par Arleston ça aurait vraiment une saveur particulière.

« Lanfeust Odyssey » (tome 5), Soleil, 13,95 €


jeudi 12 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Sourires de Grands



Comment attirer les regards vers soi quand on est Premier ministre d'un petit pays de moins de 6 millions d'habitants, perdu au milieu d'une centaine de chefs d'Etat à la cérémonie mondiale d'hommage à Nelson Mandela ?

Helle Thorning Schmidt, à la tête du gouvernement du Danemark, a gagné. D'abord, trouver une bonne place, pas trop loin de Barack Obama. Ensuite, proposer de prendre une photo avec lui. Pas un de ces clichés officiels compassés. Non, une "selfie" réalisée avec son smartphone tenu à bout de bras.
La scène, immortalisée par un photographe de l'AFP, a fait le tour du monde. On y voit la blonde Helle, tout sourire, serrée à sa gauche par un Obama toujours aussi séducteur et à droite par David Cameron, premier ministre anglais jamais dernier sur les bons coups. Celle qui ne sourit pas, c'est Michelle Obama. Peut-être saisie d'émotion par la cérémonie ? A moins qu'elle ne fulmine intérieurement contre cette "blondinette" un peu trop collante...

Pendant ce temps, Hollande et Sarkozy, côte à côte, semblent s'ennuyer ferme.

DE CHOSES ET D'AUTRES - Mars, la rouge

Les scientifiques sont aujourd'hui formels : il y a eu de l'eau sur Mars. Terminé le temps des suppositions : des analyses transmises par la sonde Curiosity ce lundi ont non seulement mis en évidence la présence d'eau douce, mais carrément de tout un lac entouré de montagnes enneigées. Attention, il faut cependant mettre en perspective ces informations. Les traces d'eau, et peut-être de vie microbienne, ont été retrouvées dans des roches. L'eau s'est évaporée depuis pas mal de temps. Pour John Grotzinger, professeur de géologie à l'Institut de technologie de Californie, « Ce sont des roches relativement jeunes dans l'histoire martienne ». Soit entre 3,5 et 3,6 milliards d'années. Ils sont comme ça les scientifiques, leur échelle de temps se mesure en milliards d'années. Ils s'enthousiasment pour des choses qui n'existent plus depuis si longtemps qu'il n'y a qu'eux pour en percevoir la réalité. Pour le commun des mortels, une année paraît souvent bien longue. Alors quelques milliards...


Non, la vraie découverte sur Mars qui passionnera les foules n'est pas encore faite. Un squelette fossilisé par exemple. Ou des vestiges d'une civilisation défunte, genre sabre laser, casque de guerrier voire soucoupe volante. L'eau c'est bien beau mais trop commun. En fait, à bien y réfléchir, pour mériter l'ouverture de tous les journaux du monde, il faudrait au moins la découverte d'une bouteille de vin vieille de quelques millions d'années. Là on en reparlera. Surtout si c'est du rouge qui tache, comme la planète du même nom.