jeudi 15 novembre 2012

BD - L'épilogue de la Balade au bout du monde de Makyo


Lancée en 1981 dans la toute nouvelle revue « Gomme ! » des éditions Glénat, la série « Balade au bout du monde » voit enfin son épilogue, après quatre cycles et autant de dessinateurs. Un gros album de 64 pages, écrit par Makyo et illustré par Pelet (remplaçant de Vicomte), Hérenguel, Faure et Laval NG. Une dernière aventure pour Arthis, Aline et Joachim. Un trio de nouveau en opposition pour un enfant, Azhen, fils d'Aline. Enlevé par Joachim, le nourrisson oblige le couple de retourner dans le petit royaume oublié. Le lecteur ne boudera pas son plaisir. 
Il retrouve dans ces planches toute la magie du premier cycle, celui dessiné par Vicomte. Une nouvelle fois se posera la question de la divulgation au grand public de l'existence de cette société oubliée au milieu des marais. Autre débat : la science doit-elle aider cette communauté de plus en plus fragile et amoindrie ? Une dernière réflexion de Makyo sur sa création, sorte de résumé érudit et point final d'une belle aventure.
« Balade au bout du monde » (Epilogue), Glénat, 14,95 €

BD - Une princesse très seule victime de "Sortilèges"



Blanche, jeune fille fragile et romantique, voit son destin basculer le jour où son père meurt. Blanche est la fille du roi. La couronne devrait revenir à son frère aîné, mais le monarque sur son lit de mort a préféré confier les rênes de son pays à la frêle jeune fille. Elle va donc devoir devenir dure et autoritaire. Blanche abandonne Gaspard, son amant et prend les armes pour défendre le royaume.
C'est le fil rouge de ce récit écrit par Jean Dufaux et mis en images par Munuera. Intrigues de cour et sortilèges vont compliquer le devoir de la belle héroïne. Très poétique, cette BD prouve tout le talent de Munuera, bien plus à l'aise dans ce monde fantastique que dans la reprise de Spirou, avouons-le.
« Sortilèges » (tome 1), 14,99 €


mardi 13 novembre 2012

Billet - Danse avec le ballon

Gros match samedi soir à la télévision. Je ne parle pas de la prestation du XV de France mais de la confrontation des téléspectateurs de TF1 et France 2 par Twitter interposé. Depuis la reprise de « Danse avec les stars », la Une cartonne en audience et en réactions à chaud sur le réseau social. Problème ce week-end, les danseurs se retrouvent face au match France Australie. Direct, suspense et émotion : les trois ingrédients du succès sont réunis.
Départ en fanfare sur la Deux. Nyanga, le retour du « banni », pleure à chaudes larmes durant la Marseillaise. « Les larmes de Nyanga. Ah, on a pas eu celles d'Evra ou de Francky, hein. » relève sardoniquement Quentin Vinet. Question lacrymogène, TF1 n'est pas en reste. Gérard Vivès, un des candidats, s'y colle. Pas convaincant pour  Jesson : « Je suis peut-être cruel mais les larmes de crocodiles de Gérard Vivès ne me touchent absolument pas. »
Grâce à Twitter, on peut zapper au bon moment. Quand tout le monde fait une réflexion sur les seins de Shy'm (membre du jury), l'audience doit monter en flèche... « Fofaaaaanaaa ! » hurlent des dizaines de twittos. Un essai ? Oui, et un beau. La veste de Chris Marques est le sujet de plaisanterie numéro 1 sur TF1, alors que sur France 2, pour une fois, le retour de Michalak ne fait pas rire.
Et quand tout se brouille à  force de passer d'un canal à l'autre, un tweet de Jéromeuh résume le malaise : « Lorie s'est trompée de chaîne, elle devrait jouer au rugby sur la 2 ». Pas gentil, mais pas faux. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Genèse de la Résistance par Derrien et Plumail


Jamais une période de l'Histoire de France n'aura à ce point divisé le pays. L'occupation allemande, le gouvernement de Vichy : rares étaient ceux qui s'y sont opposés d'entrée. Il a fallu le travail de sape des premiers résistants pour que la majorité de la population prenne fait et cause contre les nazis et leurs valets tricolores. Le troisième épisode de « Résistances », série écrite par Jean-Christophe Derrien et dessinée par Claude Plumail, raconte comment une simple femme, par ses écrits, éveille les consciences. Sonia, jeune Juive, a pris le pseudonyme de Marianne. Elle écrit dans un journal clandestin pour dénoncer les exactions de l'occupant et réveiller la fibre patriotique française. Un rôle obscur, peu glorieux, mais qui a permis à certains de franchir le pas. Ensuite s'est posée la question de la lutte armée. Marianne est très réticente. Mais cela semble une évolution obligatoire. L'autre problème des Résistants, à cette époque, ce sont les dénonciateurs. Et les traîtres, ces hommes et femmes obligés de parler après des heures de torture. Une série édifiante, romancée mais empreinte d'une grande exactitude historique.
« Résistances » (tome 3), Le Lombard, 14,45 €

Billet - Nicolas Sarkozy, "reviens je t'en prie, viens nous sauver la vie"

Sur internet, il faut savoir nager à contre-courant. C'est souvent la meilleure façon de se faire remarquer. Une conférence de presse de François Hollande ? Pas assez glamour. Le duel Copé/Fillon pour la présidence de l'UMP ? Trop joué d'avance. Non, rien ne remplace la nostalgie, même si elle ne date que de six mois.

Josh Stanley, adolescent et apprenti chanteur, cartonne sur YouTube avec une composition toute simple, véritable ode à... Nicolas Sarkozy. De la chanson « à texte » que certains humoristes ne renieraient pas. Mais Josh l'affirme : c'est du premier degré.

En un mois, plus d'un million de vues pour cette ballade sans nuance : « Nicolas Sarkozy, reviens je t'en prie, viens nous sauver la vie. » Carrément ! Six mois après l'élection de François Hollande, Josh a peur pour sa vie. Il y va fort le petit jeune. Mais pourquoi cette crainte ? Il faut peut-être chercher du côté de la nationalité de Josh. Un peu Français, mais surtout Monégasque !

Son premier passage télé, c'est sur la chaîne locale Canal Monaco qu'il le fait. Il vient de remporter le concours Idées Jeunes 2012. Ce succès tout neuf permet à ce passionné de karting, de patinage et de musique, titulaire d'un « brevet de pizzaïolo » rêvant de célébrité, d'enregistrer un premier single. Il finit par s'imposer avec sa chanson « sarkonostalgique » dont les dernières rimes ne manqueront pas d'affoler Copé ou Fillon : « Nico c’est à toi. On ne baissera pas les bras. On te soutiendra ! »

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" à paraître ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

lundi 12 novembre 2012

Roman - Déchets américains dans un polar de Brigitte Aubert

Quand Brigitte Aubert décrit l'Amérique, ce n'est pas gai. Flic alcoolo, rappeur drogué, bourgeois racistes, tueur pédophile : les USA ressemblent à une décharge.

Cloîtrée. Cela fait 19 ans que Susan est prisonnière d'un homme fou. Enlevée alors qu'elle avait 5 ans, elle est aujourd'hui une jeune femme. Une mère aussi. Son tortionnaire, qui se fait appeler Daddy, à force de la violer l'a mise enceinte. Une petite Amy est née. Elle aussi n'a jamais quitté cette cave sombre, la tanière du psychopathe. Elle va avoir 5 ans. Susan se doute qu'elle sera la suivante au tableau de chasse de Daddy. Il lui reste peu de temps pour tenter de la sauver. Amy en cavale, Daddy va exploser. Une violence extrême présente tout au long de ce thriller de Brigitte Aubert.
Comme tout bon thriller qui se respecte, l'enquête est menée par un flic malmené par sa hiérarchie. Deux exactement. Vince Limonta n'est plus policier. Renvoyé après une nouvelle bavure. Vince a longtemps côtoyé les bas-fonds de New York dans le cadre de son boulot. Pour résister, il plonge dans la boisson. Un jour, au cours d'un braquage, « l'intrépide lieutenant Limonta avait appuyé sur la détente. L'ivrogne Vince Limonta avait raté son coup. La balle était partie un poil de travers et avait fait sauter la tête d'une maman qui revenait de l'école avec son gamin. » Depuis Vince est jardinier de l'église de la petite ville d'Ennatown, la ville des serpents d'eau en langue iroquoise.

Gentil Black Dog
L'autre flic c'est Wayne Moore. Un Indien, quasiment le dernier de la région. Il fait partie de la patrouille équestre et surveille l'immense parc en lisière de la ville. C'est dans ce parc que la petite Amy va trouver refuge. Seule au début, elle va être aidée du personnage central du roman : Black Dog. Ce clochard de deux mètres, noir et simple d'esprit, survit dans un campement au milieu de la forêt. Il va prendre la fillette sous son aile car l'action se déroule fin décembre et la neige tombe drue. Amy, perdue dans ce monde réel qu'elle ne connaît que par l'intermédiaire des livres pour enfants donnés par Daddy ses jours calmes, oublie la mission confiée par sa maman : prévenir la police.
Mais dans la forêt, les « méchants » sont aussi présents. Trois braconniers tombent sur la planque de Black Dog. Ils découvrent Amy. Sont persuadés qu'il s'agit d'un enlèvement. Ils vont attaquer le colosse. Pas de chance, il avait une pioche en main. « Black Dog leva la pioche et l'abattit à la volée sur le crâne de Bud. Bud resta debout quelques secondes, l'air ahuri, la pointe tranchante de la pioche enfoncée dans le crâne, du sang giclant partout sur son visage. Il essayait de parler, sans succès. Du sang coulait de sa bouche. » La situation se complique pour le SDF. Il prend la fuite, la fillette dans les bras.

Mais qui est Daddy ?
La suite du roman raconte cette chasse à l'homme. On découvre un peu mieux la personnalité de Vince, son copain le rappeur Snake T. et Moore. Un trio de circonstance face aux notables de la ville. Car tout est fait pour préserver la tranquillité d'Ennatown. Certes elle héberge en son sein un malade mental, psychopathe et pédophile, mais il parvient parfaitement à se fondre dans la masse. Le lecteur commence à se demander qui est Daddy. Vince enquête, rouvre les vieux dossiers, même s'il n'est plus flic et que les brumes de l'alcool lui compliquent la tâche.
Le final se déroule au cours de la veillée de Noël, en présence des bons Samaritains du Comité de charité interconfessionnel. Citoyens au-dessus de tous soupçons... C'est là que la plume de Brigitte Aubert est la plus acérée. Elle décrit ces bourgeois hypocrites, aux apparences trompeuses. Black Dog n'en devient que plus sympathique. Quant à Daddy, il faut attendre les dernières pages pour découvrir sa véritable identité. Un dénouement totalement inattendu donnant encore plus de force à ce polar noir et pessimiste.

« La ville des serpents d'eau », Brigitte Aubert, Seuil, 19,50 € (disponible également au format poche aux éditions Points)

dimanche 11 novembre 2012

Billet - Sam et Bob vont en boîte


Sam en France, Bob en Belgique ont un point commun. Ils vont faire la fête en boîte de nuit, mais ne boivent pas une goutte d'alcool. Sam et Bob sont les sobriquets donnés par la Prévention routière au conducteur volontaire chargé de raccompagner à bon port les camarades alcoolisés. En Belgique, voilà des années que toute sortie d'un groupe d'amis débute par l'interrogation « Bon, qui fait Bob ce soir ? » Le volontaire (ou désigné d'office) s'engage à ne pas boire d'alcool. Retour sans risque assuré pour les autres. Et s'il croise une patrouille de gendarmes, son alcoolémie négative lui fera gagner un porte-clé Bob « qui brille dans la nuit »... 

La France vient de copier le concept et lancer le personnage de Sam, le capitaine de soirée. Il dispose d'une application pour smartphone et d'une page Facebook intitulée « Vie de Sam », un peu sur le principe de « Vie de merde ». Chaque Sam peut y raconter ses anecdotes les plus originales. Hadrien par exemple, désigné pour reconduire un pote, s'est doublement dévoué puisqu'en plus de l'ami, il s'est chargé de la jolie fille draguée durant la soirée. Le pote s'est endormi, Hadrien, sobre, a assuré... L'histoire recueillant le plus de « j'aime » sera illustrée et publiée sur Facebook. En jeu également chaque semaine une soirée VIP avec limousine et chauffeur. Le Sam sobre et sérieux pourra pour une fois se lâcher complètement. Mais attention, aucune précision dans le règlement du jeu ne prévoit le nettoyage de la moquette.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue samedi 10 novembre en dernière page de l'Indépendant. 

BD - Lettres du front dans "Paroles de Poilus"


En ce 11 novembre, ayons une pensée pour les soldats morts durant cet effroyable carnage que fut la guerre de 14/18. Les éditions Soleil, sous la direction de Jean Wacquet et des textes de Jean-Pierre Guéno, publient un second recueil de « Paroles de Poilus ». 14 histoires courtes dessinées par des pointures de la BD, de Jarbinet à Thierry Robin en passant par Servain ou Béatrice Tillier. Ces histoires, de 3 à 8 pages, racontent la déchirure du tissu familial. Certains Poilus étaient pères de famille. De jeunes pères n'ayant quasi pas connu leur enfant. 
A travers des lettres on revit ces drames. Comment Françoise Dolto a correspondu avec son oncle, mort au combat, pourquoi Jean Zay, futur ministre, s'est engagé... Il y a aussi ces récits d'anonymes, d'orphelins, de gueules cassées. Toute l'horreur de la guerre est condensée dans ces pages, parfois classiques, souvent très fortes comme celles de Marc-Renier à mille lieues de son style habituel, mais aux effets radicaux. Un ouvrage du Souvenir essentiel car il n'y a plus grand monde de vivant pour raconter la boucherie.
« Paroles de poilus » (tome 2), Soleil, 19,99 €


samedi 10 novembre 2012

BD - Un best-seller de Maxime Chattam illustré


Pas facile de se faire un nom dans la littérature de genre. Surtout si l'on est Français. Maxime Chattam est pourtant devenu en quelques années le meilleur vendeur de thriller de l'Hexagone. Il s'est fait un nom avec les titres de la Trilogie du Mal. Les faits se déroulent aux USA, à Portland, et c'est sans doute une des raisons de son succès. Ce best-seller est aujourd'hui adapté en bande dessinée par Michel Montheillet, illustrateur « officiel » de Chattam chez Albin Michel. Un serial killer sévit dans la paisible ville de Portland. Il s'attaque à de jeunes femmes. Il les torture, leur coupe les mains, les défigure et jette les corps dans une rivière ou un lac. L'enquête est confiée au jeune inspecteur Joshua Bolin. Alors qu'une tempête paralyse la ville, le flic, à l'intuition, va tenter de sauver une jeune étudiante, prochaine victime du Bourreau de Portland. Dessin hyper réaliste, montrant toute l'horreur du tueur, décors sans faille : on est happé par l'histoire. L'intrigue fonctionne toujours aussi bien. Une adaptation qui comblera les nombreux fans de Chattam.
« La trilogie du mal » (tome 1), Jungle Thrillers, 11,95 €

vendredi 9 novembre 2012

Billet - Bilboquet Magazine, l'humour, le vrai


Enfoncé Charlie Hebdo, ridiculisés les Canteloup, Gerra et autres amuseurs radiophoniques, dépassé le Groland. L'humour, le vrai, est à découvrir sur le site « Bilboquet Magazine ».

Ses concepteurs acquièrent une certaine notoriété grâce à un article, totalement inventé mais plus vrai que nature, sur une association de « personnes démunies » furieuses contre les Enfoirés. Truffé de témoignages, le reportage  semble donner, pour la première fois, la parole à ces pauvres désireux de « récupérer leur dignité musicale. » En résumé : « Aujourd’hui on n’a plus le droit ni d’avoir faim, ni d’avoir froid, mais surtout de laisser chanter Maurane et Catherine Lara ». Halte aux « chanteurs carrément has been », les Enfoirés doivent s'ouvrir à des interprètes plus talentueux comme « Radiohead, Arcade Fire, ou Lady Gaga. »
Beaucoup tombent dans le panneau. Des internautes laissent des commentaires scandalisés : « Ils feraient mieux de faire profil bas... » « Trop facile de dénigrer », certains journaux reprennent l'information au premier degré. Pourtant, les autres articles de Bilboquet Magazine sont sans équivoque. « Le prix Goncourt décerné au manuel utilisateur de l’iPad 3 », son auteur, Li Xiao Xiao est « un stagiaire chinois âgé d’à peine 37 ans, en poste chez Apple depuis 4 ans. » Encore plus farfelu, « Un Français champion du monde du lancer de boulette de papier dans une corbeille de bureau » avec un jet de « 64 mètres, sans bouger de sa chaise ».
Vous voulez rigoler ? Lisez le Bilboquet ! 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant